Et si demain… E-Book

Michel Piquemal

• Herausgeber: Editions Le Muscadier
• Kategorie: Gesellschafts- und Liebesromane
• Sprache: Französisch
• Veröffentlichungsjahr: 2016

Seitenzahl: 67

Beschreibung

Michel Piquemal refait le monde avec des « si » et imagine de quoi pourrait être fait demain.

Et si demain… les États étaient remplacés par un gouvernement de multinationales ? si l’on pouvait effacer les mauvais souvenirs ? s’il existait un moyen technique et imparable pour séduire ? si l’on remettait à l’honneur les jeux du cirque ? si l’on pouvait savoir ce que pensent les animaux ?…

Onze nouvelles de science-fiction corrosives pour imaginer à quoi pourrait ressembler notre monde demain.

À moins que ce ne soit déjà la réalité…

Un recueil captivant qui nous livre un constat implacable et froid du potentiel futur de notre société.

EXTRAIT

Après quelques rapides félicitations sur le succès de ses études, il passa à l’offensive :
— Dis-moi David, c’est sérieux avec cette fille ? Ça fait combien de temps que vous vous voyez ?
David réfléchit. Il eut un petit sourire en comptant délicieusement les mois dans sa tête :
— Un an… oui, presque un an !
— Et vous avez l’intention de…
David coupa court :
— Oui, Papa, dans six mois je serai interne à l’hôpital, je gagnerai ma vie et Anya aura enfin obtenu sa carte de travail. On pourra alors s’installer…
— Bien mon fils, je suis heureux pour vous deux. Mais es-tu sûr qu’Anya soit faite pour toi ? Tu connais son génotype ?

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

« Un recueil d'histoires piquantes pour nous faire réfléchir, réagir... et continuer à croire et à lutter pour un autre monde possible ! » – Nouveautés jeunesse

« Ce livre est composé de onze nouvelles loufoques et qui pourtant ont une part de vérité et qui change complètement notre vision du monde actuel. » – Mille et une frasques

A PROPOS DE L’AUTEUR

Après des études de lettres modernes, Michel Piquemal a été instituteur dans une école primaire. Il a écrit près de 200 livres pour la jeunesse (albums, romans, etc.) chez Milan, Nathan, Rue du monde, Albin Michel jeunesse, Syros, Gallimard jeunesse, etc. Parmi ceux-ci, citons : Nul en pub (Rue du Monde), qui évoque les rapports entre la publicité et les enfants ; La grève (éditions de l’Édune), qui raconte le quotidien d’un enfant lorsque son père est en grève ; Le manège de Petit Pierre (Albin Michel jeunesse) ; La voix d’or de l’Afrique (Albin Michel jeunesse), qui retrace la vie de Salif Keita ; et, récemment, La robe rouge de Nonna (Albin Michel jeunesse), un album sur le fascisme italien. « Écrire pour la jeunesse », dit-il, « c’est écrire pour la vie, pour l’optimisme. »

Leseprobe

Et si demain…

Michel Piquemal

DANS LA MÊME COLLECTION

Une frontière

(

PATRICE FAVARO

)

DU MÊME AUTEUR CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Les orphelins d’Amérique

(2013)

© Le muscadier, 2015

48 rue Sarrette – 75685 Paris cedex 14

www.muscadier.fr

[email protected]

Nous remercions le groupe France Mutuelle de nous avoir autorisés à publier certaines de ces nouvelles précédemment parues dans la revue France Mutuelle Magazine

Directeur de collection: Éric Denniel

Couverture & maquette: Espelette

Photographie de couverture: © Eric Isselee

ISBN: 9791090685512

ET SI DEMAIN…ON DECOUVRAIT CHEZ CERTAINSDES GÈNES NÉANDERTALIENS?

100 % SAPIENS

Dans la deuxième décennie du vingt et unième siècle, une découverte scientifique apparemment anodine vint apporter de graves interrogations dans les familles. On était désormais certain que l’homme de Néandertal s’était bien croisé avec l’Homo Sapiens dans plusieurs régions du monde, produisant une descendance mêlée! Certains d’entre nous avaient donc du Néandertal dans leurs gènes!

* **

Lorsque David vit son père entrer dans sa chambre et s’asseoir sur le coin de son lit, il comprit sans peine de quoi il s’agissait: Anya! son père venait pour Anya!

Il avait vu juste.

Après quelques rapides félicitations sur le succès de ses études, il passa à l’offensive:

— Dis-moi David, c’est sérieux avec cette fille? Ça fait combien de temps que vous vous voyez?

David réfléchit. Il eut un petit sourire en comptant délicieusement les mois dans sa tête:

— Un an… oui, presque un an!

— Et vous avez l’intention de…

David coupa court:

— Oui, Papa, dans six mois je serai interne à l’hôpital, je gagnerai ma vie et Anya aura enfin obtenu sa carte de travail. On pourra alors s’installer…

— Bien mon fils, je suis heureux pour vous deux. Mais es-tu sûr qu’Anya soit faite pour toi? Tu connais son génotype?

— Elle ne l’a pas fait.

— Mais pourquoi? Tout le monde le fait de nos jours!

— On ne veut pas savoir. C’est ridicule ces histoires d’origine! On s’aime. On veut vivre ensemble, avoir des enfants. Ça suffit!

— Mais enfin David! Tu as la chance de faire partie, comme toute notre famille, des dix pour cent de la planète qui ont un génotype 100 % Sapiens. Il n’y a jamais eu, parmi nos ancêtres, de mélange avec les Néandertaliens. Tu en étais fier lorsque tu étais enfant. C’est une responsabilité. Tu n’as pas le droit de prendre le risque de pervertir nos gènes. C’est l’avenir de toute notre descendance qui est en jeu.

— Qui te dit qu’Anya a du « Néan » dans son génotype?

— Tu as raison, je l’ignore. Je sais juste qu’elle vient du Sud… et que c’est au Sud qu’il y a eu le plus de mélanges…

— Mais Papa, ce sont des histoires vieilles de 40 000 ans. Tu ne crois pas qu’il serait temps de tourner la page?

Son père haussa le ton:

— Ne dis pas de bêtises. On ne peut pas tourner les pages écrites par Dieu. C’est inscrit dans nos gènes. Nous avons su préserver notre pureté de Sapiens… tandis que d’autres l’ont souillée. Et s’il y a tant de problèmes sur notre terre, c’est de leur faute. Les « Néan » étaient presque des singes. Des créatures de Dieu se sont accouplées avec eux. Nous payons depuis ce péché originel.

— Papa! Papa! Cela fait des années que tu nous le répètes. C’est devenu chez toi une obsession. Tu fréquentes trop le Temple Sapiens!

— Ne blasphème pas! Ce qui se dit dans le Temple Sapiens est une parole sacrée. Et puis, n’oublie pas que c’est ce même Temple Sapiens qui a payé tes études, justement parce que tu incarnais la pureté sans souillures. Aussi, demande à cette fille de faire les tests, et nous l’accueillerons à bras ouverts dans notre famille.

— Et si elle n’a pas le génotype que tu souhaites?

— Je fais confiance à la Providence. Si Dieu l’a mise sur ton chemin dans le but que vous ayez ensemble des enfants, elle aura ce génotype… Sinon, quelque chose fera obstacle à votre union.

— Mais Papa, on s’aime. Je ne vois pas ce qui pourrait faire obstacle à notre union!

Le père resta sans voix devant la détermination de son fils.

Une sonnerie à la porte d’entrée interrompit leur conversation. David courut ouvrir. C’était Anya.

Contre toute attente, le père du garçon vint aussitôt les rejoindre sur le pas de la porte. David fut contraint de faire les présentations.

— Anya, voici mon père… Papa… Anya!

Elle était ravissante.

Le père arbora le plus charmant des sourires:

— Je me réjouis de faire votre connaissance… et je ne comprends pas pourquoi mon fils vous avait cachée jusqu’alors. Ma femme aussi brûle de vous connaître. J’espère que vous accepterez de venir déjeuner dimanche avec nous. Sans chichis, en toute simplicité!

Anya tourna son visage vers David, mais celui-ci était si étonné par l’opération de charme de son père qu’il restait muet.

— Allez, insista le père, acceptez! Cela nous ferait tellement plaisir.

Elle hocha la tête.

— À dimanche alors, ajouta-t-il en l’embrassant…

Puis il s’éloigna en sifflotant.

* **

Lorsque vint le dimanche, David avait fait la paix avec son père. Cette vilaine histoire de génotype était oubliée. Ils n’en avaient plus reparlé. L’un et l’autre voulaient visiblement que tout se passe bien.

Quant à sa mère, elle avait mis, pour le déjeuner, les petits plats dans les grands. Un vrai repas de fête, un rien solennel, comme lorsqu’on accueille une belle-fille dans la famille.

Anya était sous le charme. Elle ne reconnaissait pas, chez ces hôtes aussi délicieux, le portrait de petits bourgeois réacs que lui en avait fait David. Il avait été bien sévère. Elle avait tremblé toute la semaine à l’idée de ce rendez-vous et n’aurait jamais cru être adoptée avec autant de simplicité.

Après le repas, le père chassa les jeunes gens dans le jardin, le temps qu’il débarrasse avec sa femme et prépare un bon café.

Anya profita de ce moment d’intimité pour gronder David sur la sévérité dont il avait fait preuve:

— Mais ils sont très sympas tes parents! C’est toi qui es un monstre!

David l’embrassa en souriant. Il voyait désormais pour Anya et lui un avenir serein. La petite boule d’angoisse qui l’avait souvent étreint ces derniers jours avait subitement disparu.

Pendant ce temps, dans la cuisine, le père faisait ses dernières recommandations à sa femme:

— Tu as bien compris! Tu t’approches pour l’embrasser… et hop! tu en profites pour lui dérober discrètement un de ses longs cheveux. Nous pourrons ainsi faire son génotype. Prions pour qu’il soit bon! Sinon… mes amis du Temple se débrouilleront pour qu’elle n’obtienne pas le permis de séjour qu’elle attend. Elle retournera d’où elle vient. Nous ne pouvons pas souiller le sang sacré de nos origines sapiens. Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais de gène néandertalien dans notre famille!

ET SI DEMAIN…ON POUVAIT SAVOIR CE QUE PENSENTLES ANIMAUX?

Nos frèresà quatre pattes

Lorsque l’huissier lui fit signe qu’il pouvait pénétrer dans le bureau du Président, Jonathan Baker était tendu. Il vérifia la position de sa cravate, chassa du doigt un cheveu qui n’avait pas sa place sur le revers de sa manche, reboutonna sa veste, puis entra d’un pas timide. Cela faisait des semaines et des semaines qu’il attendait ce rendez-vous, remis à plusieurs reprises. Auparavant, il avait dû convaincre quantité de sous-fifres, sous-secrétaires, secrétaires, responsables de la sécurité scientifique…