Frissons Nocturnes - Tome 2 - Bleue - E-Book

Frissons Nocturnes - Tome 2 E-Book

Bleue

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Beschreibung

Une offre inattendue et une nouvelle rencontre vont bouleverser la vie de Marine...

Marine est dévastée. Après deux ans de relation, de partages intimes et de découvertes mutuelles, Adam lui a annoncé sans crier gare qu'il désirait tout arrêter. La jeune amoureuse des mots tombe des nues et sombre dans une profonde dépression. Quelques mois plus tard, une occasion inespérée se présente à elle : on lui propose de prêter sa voix pour des livres audio érotiques ! Lors d'une séance de lecture, elle partage le micro avec un acteur professionnel, qui la trouble profondément... Qui est-il ? Pourquoi la fait-il tant chavirer ? Pourrait-il l'aider à reprendre goût à la vie ?

Dans cette suite des Frissons Nocturnes, suivez la reconstruction de Marine, découvrez des textes érotiques mais aussi poétiques, visitez des lieux inédits de Namur, de Bruxelles et de Paris et frissonnez de plaisir dans les moments sensuels...
 
EXTRAIT

Marine était dans le Thalys, en route vers la capitale française. C’était devenu habituel à présent : elle sautait dans le train à Bruxelles–Midi tôt le matin et arrivait à Paris vers 10 h. Elle prenait un métro et pénétrait dans les studios de VOA moins d’une heure plus tard. Sa voix charmante avait plu à la Musardine et elle était régulièrement appelée à enregistrer l’un ou l’autre texte ou extrait de texte qui était ensuite mis sur Audible. Ça avait commencé par des petits bouts d’histoires pour lancer le projet, juste de la pub. Mais à présent, c’était des nouvelles extraites de la série des Osez 20 histoires de…, de sexe à l’hôtel, d’infidélité, de punitions sexuelles… Il y avait un tas de petits recueils dans la collection et si tous devaient être enregistrés, même si ce n’était qu’à raison de deux ou trois par bouquin, ses aller-retour à Paris n’étaient pas près de s’arrêter.
Ce jour-là, l’exercice serait un peu différent. On la faisait lire avec un comédien, un vrai. On lui avait dit que cela ajouterait une dimension sexuelle et même si elle était un peu anxieuse, elle se faisait confiance. Le truc, c’était qu’elle se retrouverait face à un professionnel et qu’elle n’avait certainement pas son niveau…

CE QU'EN DIT LA CRITIQUE

À propos du tome 1 :
"C’est un récit très érotique avec un langage parfois cru mais qui ne m’a pas dérangé. L’écriture de l’auteure est très belle, simple et fluide. " - Infinity Books

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bleue est une artiste qui s’exprime en chansons depuis longtemps et qui n’a pris la plume que très récemment. Elle a un amour immodéré pour les mots, et elle considère que, lorsqu’ils sont lus à haute voix, cela leur donne une profondeur supplémentaire.

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FÉVRIER

Chapitre 1

On était en février. Elle portait, au-dessus de son chandail noir et de sa robe de la même couleur, une veste en daim un peu cintrée. Sur ses cheveux couleur châtaigne, son éternel couvre-chef noir. Aux jambes, des collants fantaisie. Aux pieds, des chaussures plates vert pétrole. Un grand fourre-tout, une écharpe et des gants de la même couleur. Elle se dirigea en courant presque vers le bâtiment de Radio-Sonik et s’y engouffra rapidement : il faisait froid et elle était en retard.

L’ascenseur tardait à arriver. Cette fois, elle ne prendrait pas l’escalier : tant pis s’il était 22 heures juste quand elle franchirait la porte du studio au troisième étage. Agathe serait sans doute en train de désannoncer ses Frissons noctambules. Marine, Bleue pour les auditeurs, savait pertinemment où se trouvaient les feuilles avec les textes qu’elle aurait à lire durant « son » émission, une heure de chuchotements et de jeux de lèvres (c’était le cas de le dire).

Elle s’était mise en route avec les pieds de plomb : cela faisait un peu plus de deux mois qu’un nouveau sonorisateur avait pris place derrière la console. Il faisait bien son job, ça, c’était incontestable, mais ce n’était pas… Adam…

Adam… Ce prénom résonnait si tendrement dans son esprit.

Elle entra dans le studio minuscule, s’installa face au micro en déposant sur la table les cinq feuillets sur lesquels figuraient les textes choisis par la programmation. Tout son enthousiasme avait disparu. Il y a un peu plus de deux ans, elle attendait le mercredi soir avec fébrilité. Qu’elle se pomponnait. Qu’elle mettait un soin tout particulier à choisir ses tenues, à se coiffer, se maquiller. Mis à part ce parfum de rose dont elle déposait quelques gouttes au creux de ses poignets et sous ses oreilles, dans le petit creux où il aimait tellement l’embrasser, que restait-il ?

Leur histoire feutrée s’était terminée brutalement. Elle en souffrait toujours… Et dire que quand tout avait commencé, elle avait eu des craintes en raison de leur différence d’âge. Non, elle ne s’imaginait pas que si elle se retrouvait seule, c’était simplement pour cette raison. Il avait, à présent un poste à temps plein dans une radio nationale et… il y avait rencontré quelqu’une qui lui avait tourné la tête. Marine n’avait fait que la croiser, mais elle avait vite remarqué les regards amoureux que cette demoiselle lançait à Adam et celui-ci, bien que sa relation avec Marine semble stable, avait mis de plus en plus de distances entre eux. Un beau jour, il lui avait carrément annoncé qu’il ne travaillerait plus pour Radio-Sonik, qu’il avait été engagé à Bruxelles et qu’il y resterait. Il n’avait pas abordé vraiment ce qu’il se passait avec Nadège, mais quand Marine l’avait aperçue, un soir, après un concert, elle avait compris.

Nadège était brune, elle avait des yeux noisette. Elle était plus grande que Marine, plus jeune et plus fine aussi : une liane… alors que Marine était plutôt une « belle plante », avec des formes aux bons endroits.

La jeune femme n’était pas dupe. Adam, secret comme à son habitude, n’avait pas parlé de Nadège dans un premier temps, mais il était devenu plus froid, plus silencieux, aussi. Il donnait l’impression d’être mal à l’aise chaque fois que Marine et lui étaient ensemble. Il finit par lui avouer que Nadège et lui avaient déjà passé des moments à deux, soulignant le fait que c’était « en tout bien tout honneur » et son amie comprit qu’il était inutile d’essayer de le retenir : il trouvait visiblement davantage de plaisir à être avec la jeune fille qu’avec elle…

Marine ne lui fit pas de scène : elle était consciente que c’était inutile. Elle connaissait trop bien Adam et savait que quand il avait décidé quelque chose, il s’y tenait. Ils se séparèrent donc. Le jeune homme semblait tout de même bouleversé par leur rupture. C’est pour cette raison qu’il remit sa démission à la radio où ils travaillaient tous les deux. Croiser Marine chaque semaine et sonoriser sa jolie voix, ce serait vraiment difficile, autant pour l’un que pour l’autre…

Les choses avaient beau s’être déroulées sans heurts, sans scènes et sans cris, la rupture avait été douloureuse pour chacun. Peut-être aurait-ce été plus simple s’ils s’étaient vraiment déchirés. Au moins, les derniers souvenirs qu’ils partageaient auraient été mauvais et faire son deuil se serait avéré plus simple. Mais ici, tout était compliqué : pas de disputes, pas de coups en douce, pas de tromperie. Adam, très calme et très sûr de lui, l’avait quittée sans grand tapage. Il n’était pas fâché, non. Il était simplement « plus » intéressé par cette Nadège qui levait vers lui des yeux énamourés. Marine n’aurait jamais fait ce genre de chose, même si elle aimait profondément le jeune homme. Elle trouvait cela indécent. Et comme il était tellement discret, elle s’était dit qu’il n’aurait pas aimé les manifestations trop intéressées. Elle s’était toujours abstenue de le regarder béatement quand ils étaient en public. La retenue, toujours la retenue. Il était presque certain qu’il ne s’en était jamais vraiment rendu compte. Au moment où ils s’étaient séparés, elle s’était mordu les doigts de ne pas avoir été plus démonstrative. Et puis elle s’était résignée. De toute manière, Nadège avait pratiquement la moitié de son âge. Même si Marine et Adam s’entendaient bien, le couple n’était pas appelé à durer toujours. L’homme aurait sans doute envie d’avoir des enfants. Quant à elle, oui, elle s’était imaginé être leur mère, mais… Leur situation était compliquée.

La jeune femme avait donc pris place sur la chaise face au sonorisateur. C’était plus fort qu’elle : elle cherchait à retrouver dans les traits et l’allure de l’homme ceux d’Adam. Il ne lui ressemblait absolument pas : celui-ci avait des cheveux très foncés et des yeux marron. Il devait être un peu moins grand et peut-être un peu plus fort. La seule chose qui aurait pu être commune, c’était leur calme.

Les feuillets étaient posés devant elle. Au programme, trois lectures, comme d’habitude. Elle avait pris connaissance de leur contenu le samedi précédent. L’une concernait une histoire de soumission. À force, elle se sentait plus à l’aise dans ce genre d’histoire. Une autre parlait d’échangisme. Pareil : elle était, avec le temps, devenue moins pointilleuse sur les choix du programmateur. Quant à celle qu’elle avait sélectionnée, elle ne parlait ni de plaisir buccal ni d’initiation. Elle aurait été trop troublée de se replonger dans les sujets qu’elle choisissait pour plaire à Adam.

Le sonorisateur avait mis le générique en route. Quelque chose d’assez suave : absolument pas du jazz et encore moins du sax. Elle mit son imagination sur pause et se concentra sur le ton qu’elle allait prendre pour lire le premier texte. Sa voix s’éleva dès la fin de la musique.

— Chers auditeurs des Coquineries Littéraires, aujourd’hui, je commencerai par une histoire qui n’a rien de tendre. Il s’agit de domination… Il m’est arrivé de m’entretenir avec un soumis, mais cela ne ressemblait en rien à ce que je vais vous lire.

Derrière sa console, l’homme qui mettait l’émission en ondes lui fit un petit sourire. Il devait se rendre compte du fait qu’elle luttait contre son envie de pleurer.

Elle se lança. Elle commença par donner le titre de la nouvelle : il s’agissait de « Leçon de traîtrise à destination de maîtres par trop négligents1 ». Ensuite, elle présenta le contexte de l’extrait qu’elle allait lire : il s’agissait d’une histoire assez glauque parlant d’un cadeau d’anniversaire. Les mots étaient tout aussi crus que la situation. Un maître « joue » avec une soumise. Au début du récit, l’homme entre dans un parking souterrain. Il doit aller uriner. Il gare sa voiture, en sort et se dirige vers les toilettes pour hommes. Alors qu’il a ouvert la porte d’une des toilettes, il voit une femme tout à fait recroquevillée sur elle-même. Il s’interroge sur la raison de sa présence, l’observe et la fait se relever…

« Nue, entièrement nue, les pieds nus sur le sol. M’étais-je trompé de toilette ? Non. Un véritable urinoir pour hommes en était témoin — brillant comme un sou neuf… »

Suivait la description de la créature : cela partait des pieds pour remonter jusqu’aux seins en passant par les cuisses, les fesses et les lèvres inférieures. Cela parlait aussi du fin duvet sur les avant-bras, du ventre et des hanches. La conclusion très courte était que l’homme la prenait pour un « spécimen rare ».

« L’objet de sa présence ? Elle leva la tête de manière ostentatoire, et les yeux à l’identique. Cet épais collier de cuir ne m’était pas inconnu. Son seul artifice, où pendait une plaque métallique à la gravure équivoque. Sur une face, son NS, son numéro de soumise, numéro de série. Sur l’autre face, le nom de son propriétaire. »

La lecture continuait : Mat avait les yeux écarquillés. Il est vrai que pareilles considérations étaient plutôt culottées et l’homme, même s’il restait silencieux, ne pouvait dissimuler son étonnement et son dégoût quant à ce qu’il entendait. Le programmateur de l’émission devait être tordu pour faire lire ce genre de chose à Marine. Mais celle-ci ne s’interrompait pas. Son visage exprimait la répulsion également, mais sa voix restait posée et parlait sans états d’âme.

« Des fesses rondes comme tracées au compas. De petits seins presque plats, deux petits boutons qui lui donnaient une allure de jeune fille, malgré son âge mature. Des fesses marquées de traces horizontales violacées que je tapais pour en vérifier la fraîcheur. Elle couina quand je posai ma claque sur les traces du fouet. « Baisse les yeux » lui dis-je, le mot était sorti avant d’atteindre ma conscience. L’une des traces perlait de petites gouttes de sang microscopiques. J’en gardais l’arôme métallique sur la paume de la main. »

Cela continua avec la description de l’insertion d’un des doigts de l’homme dans l’intimité de la soumise : comment il se rend compte qu’elle est excitée et ce qu’il découvre ensuite.

« Sur son dos cambré, une inscription résolvait un mystère. Un message au feutre noir, tracé au gré de son dos musculeux : BON ANNIVERSAIRE, LORD, UTILISEZ-MOI À VOTRE GUISE. »

Et puis, l’envie d’uriner reprenait l’homme, mais le jet se faisant attendre, il la brutalise pour s’exciter lui-même et lui flanque la tête dans la cuvette. C’est par le fait d’être excité par les outrages qu’il lui fait subir qu’il parvient enfin à se vider la vessie sur le visage, la chevelure, la gorge et les seins de la femme.

Suivent une fellation puis une claque monumentale sur la joue de cette dernière qui reprend des couleurs instantanément. Celle-ci se termine par un anulingus doublé d’une sodomie.

« Bien que n’ayant aucun moyen d’observer l’expression de son visage, je savais qu’elle le faisait sans dégoût, nul ne peut faire autant de bien en ressentant le moindre soupçon de répugnance. »

Mat était prostré : la nouvelle n’était pas terminée, mais Marine conclut cette lecture en expliquant de cet homme qu’il aurait tué une autre soumise portant une plaque d’identification pratiquement similaire à celle de cette femme avec qui il avait « joué » dans les toilettes. Une seule chose différait, le chiffre derrière le hashtag : #1 pour la morte, #2 pour celle qui l’a piégé puisque le récit émanait de l’homme qui avait été enfermé pour meurtre…

Mat lança la première musique d’interlude.

— C’est dur, cette histoire…

— Vous trouvez ?

— Oui… Je n’aimerais pas une relation pareille. Vous vous imaginez, cette pauvre fille nue, dans les toilettes, la figure dans la cuvette et cet homme qui lui… Oh, non, ça ne me plait absolument pas.

— C’est… pervers…

— Oui, c’est exactement ça. Comment peut-on accepter une telle situation et en redemander ? Je ne comprends pas.

— Il faut être dans le trip, comme on dit. Mais tous les dominants ne sont pas pareils, vous savez…

— Vous en… connaissez ?

— Pas vraiment. Par contre, je connais un soumis totalement adorable.

— Ah ? Vraiment ?

— Pas « vraiment »… Virtuellement, plutôt.

— Pourquoi le trouvez-vous si adorable ?

— Je pense qu’il était vraiment à la recherche d’une maîtresse. Il est entré en contact avec moi par le site de l’émission. J’ai reçu un message disant qu’il aurait aimé que je le tienne en laisse, que je lui fasse lécher mes pieds, ce genre de chose.

— Vous trouvez cela… adorable ?

— Non. Ce que j’ai aimé, c’est qu’il ait été là quand Adam et moi… Vous êtes au courant, n’est-ce pas ?

Le sonorisateur eut un petit sourire un peu triste et il fit signe à Marine que la musique était pratiquement terminée et qu’elle allait devoir passer à la suite. Un récit d’échangisme. C’était assez cru, très descriptif. Il n’y avait pas vraiment de quoi être choqué sauf si c’était la première fois qu’on écoutait l’émission. Les habitués aimaient ce genre de littérature pas trop soft. Elle se fiait à son instinct. Et de toute manière, ce n’était pas elle qui avait choisi ce texte-là. L’homme derrière sa console souriait de temps en temps : il avait l’air d’apprécier. La lectrice se demandait où « on avait été le chercher ». Ce n’était pas donné à tout le monde de gérer une émission pareille. Elle eut une bouffée de nostalgie : elle se souvenait d’Adam, de leur trouble la première fois qu’il avait été en face d’elle, à l’écouter « minauder des cochonneries », comme il disait. Combien ils avaient été heureux et leur collaboration agréable !

Elle commença sa lecture en citant l’auteur : « Découvrez le texte de Peter Cedoree2.

Stéphanie m’embrassa, mais je ne pouvais détourner les yeux de ma femme se glissant contre un inconnu et plongeant immédiatement la main vers son entrejambe. Elle caressait déjà le sexe d’Antoine, prête à l’extraire de son pantalon quand il suspendit son geste et l’embrassa à son tour. Leurs lèvres se rejoignaient dans un baiser plein d’excitation, mais elle ne s’arrêta pas pour autant, peut-être pour ne pas perdre courage et défit la braguette du beau brun.

Elle était belle. Je savais que ma femme était belle et désirable, mais la voir ainsi m’emplissait de fierté, de désir de tout son être et d’amour.

— Tu préfères attendre un peu et les regarder ?

Je ne pouvais prononcer un son, et dut acquiescer de la tête pour lui répondre, elle me sourit.

— Je comprends. Même si je suis un peu jalouse, ta femme est très belle.

Je sais, pensais-je. Je savais, et je sais encore que ma femme est magnifique. Quant à être jaloux, un sentiment étrange d’amour pour elle et de jalousie profonde m’enserrait le cœur alors que sa main plongeait dans la braguette désormais ouverte d’Antoine. Elle en extirpa un sexe à demi bandé, qui n’était sans doute pas beaucoup plus long que le mien, mais bien plus large, et sa main s’enroulait autour déjà alors que leurs lèvres ne se séparaient pas. Elle jeta un coup d’œil vers moi et lâcha un instant le sexe de cet autre que moi.

Alors que Stéphanie glissait à genoux et s’activait sur ma braguette, je voyais Audrey se laisser aller contre Antoine, la main de celui-ci se glisser dans son décolleté et les yeux de biche de ma déesse de femme se fermer derrière le masque.

Stéphanie sortit mon sexe au même moment qu’Audrey abaissait sa robe sur son ventre pour offrir ses seins aux caresses d’Antoine. Ces seins qu’elle trouvait trop petits, qu’elle pensait trop abimés par nos garçons, ces seins qui étaient parfaits pour moi, car c’étaient les siens. Ces seins-là étaient dressés par l’excitation, elle brûlait de désir, et cela se voyait. C’est à peine si je sentais la bouche de Stéphanie autour de mon sexe, il y avait pourtant longtemps que je ne m’étais pas senti aussi dur.

Audrey se pelotonna contre Antoine, s’adossant à lui sous son bras pour confier sa poitrine à ses deux mains tandis que la sienne allait et venait sur son membre. Il se leva un instant pour abaisser son pantalon et j’eus peur un instant qu’elle ne le prenne dans sa bouche, mais elle sembla se raviser.

Ma gorge était sèche.

Ils revinrent dans leur position si ce n’est qu’Audrey s’allongea à demi sur la banquette, un pied sur les coussins, la jambe repliée pour se laisser aller plus avant contre mon rival qu’elle enserrait dans ses doigts de gestes langoureux. »

La lecture se termina et le deuxième interlude lancé immédiatement après. Marine en profita pour boire une gorgée d’eau. Elle réfléchit à la manière dont elle allait présenter la dernière. Celle-ci était quelque chose de différent, avec de beaux mots comme aimait la jeune femme. C’était un texte qui racontait une véritable histoire mêlant rêve, poésie et sexe et c’était écrit par une toute jeune auteure. Il y avait des images douces et une profondeur dans l’écriture. La personne ayant écrit cela avait un vocabulaire riche pouvant servir la complexité des sensations et des situations imaginaires ainsi que les tourments du corps.

— À présent, un dernier texte qui parle de…

La voix de Marine s’était interrompue. Elle se plongeait déjà tout entière dans l’histoire d’une jeune fille éprise d’une statue.

— Mais écoutons plutôt le fantasme de cette demoiselle et comment il se réalise… Cela commence au Musée d’Orsay au cinquième étage… devant l’Âge d’airain…

« Elle avait commencé par reconnaître ces fesses pommelées, ces cuisses musclées, ce ventre. Elle n’osait regarder ce sexe un peu trop petit à son goût qui ne ressemblait pas à celui de l’homme qu’elle connaissait. Elle s’était « prise d’amour » pour la plastique magnifique de cette statue. Apparemment, le modèle de la sculpture, c’était un soldat, un Auguste (elle sourit en lisant la description et les conditions dans lesquelles l’œuvre avait vu le jour) dont les « attributs » avaient été ôtés. Non, il ne s’agissait visiblement pas de ses attributs sexuels. On parlait là de son uniforme, de ses chaussures. Il était donc nu, comme un ver. Au départ, il portait une lance. L’arme avait été retirée, mais le mouvement du bras qui la portait conservé : il y avait juste plus d’ampleur dans le geste. Elle admirait la musculature à peine saillante et harmonieuse. »

Cela continua au Jardin du Musée Rodin. Notre héroïne décide de s’y rendre afin d’être plus à l’aise pour admirer l’Âge d’airain. Elle s’imaginait qu’il serait mis en évidence, mais ce n’est pas le cas : il est simplement sur un petit socle. Un banc lui fait face. La demoiselle s’y assied et telle l’histoire du « spectre à la rose », s’endort. L’heure de fermeture approche : les derniers visiteurs sont priés de quitter le jardin et le musée, mais la jeune fille ne s’en rend pas compte. Elle s’est assoupie sur le banc face à son Âge d’airain.

La voix de Marine se faisait plus douce, à présent, pratiquement comme celle d’une adolescente…

« Derrière le banc, il y avait une azalée rose. Et c’est tout naturellement que plongée dans ses pensées, elle se laissa aller contre l’arbre en fermant les yeux. Les fleurs sentaient bon. De ce parfum d’été chaud, un peu prégnant. Elle était enivrée par les fragrances. La tête lui tournait.

Elle ne se rendit pas compte de l’arrivée du gardien qui était chargé d’avertir les derniers visiteurs que le moment de quitter les lieux était arrivé.

Dans un premier temps, celui-ci lui toucha le bras. Elle ne réagit pas.

Il avait peur de sa réaction le découvrant. Il s’assit donc à côté d’elle silencieusement.

Il était attendri de découvrir cette jeune femme qui, le nez en l’air humait les effluves d’azalées.

Il était attendri aussi de constater que sa poitrine se soulevait et qu’un petit sourire léger s’esquissait comme un vent frais sur ses lèvres.

— Prends-moi, mon bel amant…

Dans un souffle c’est ce qu’il avait cru entendre, mais n’était-ce que le fruit de son imagination ? Pourquoi une inconnue lui murmurait-elle cette invitation ?

Avec d’infinies précautions, il commença de lui caresser le menton, juste pour que son sourire continue d’exister. Elle soupirait d’aise. Il passait un doigt lentement sous son visage, de gauche à droite et de droite à gauche. Le sourire s’élargit un peu, le corps se détendit, la tête se rejeta en arrière, offrant tout loisir à l’homme de s’occuper de la gorge de la jeune femme. Cette poitrine qui bougeait de manière plus manifeste était une véritable invitation aux baisers. Avec toujours autant de douceur, il déposa ses lèvres à la naissance des seins de l’inconnue. Cela provoqua un petit frisson.

— Hmm… Tu es délicieux, mon bel amant… Ne t’arrête pas…

Encouragé, l’homme se concentra alors sur les cuisses de la belle endormie… Elles étaient à peine écartées. Il était certain qu’il lui serait impossible d’y fourrer la main. Par contre, deux doigts avaient la place et le loisir de s’introduire entre les jolies jambes et de remonter…

Le souffle de la jeune femme s’accélérait. Il y avait même des petits gémissements qui s’échappaient de ses lèvres.

Les doigts de l’homme continuaient leur trajet. Ils étaient à présent à la lisière du sous-vêtement. Tout ceci l’excitait énormément. Il se demandait jusque quand le « petit jeu » allait durer, si l’inconnue, se rendant compte de son aplomb à lui, n’allait pas lui flanquer une bonne claque ou hurler quand elle reprendrait conscience…

Mais pour le moment, les choses étaient simplement très douces, même si quiconque approchant aurait pu trouver la situation complètement déplacée.

Elle haletait, à présent, les cuisses ouvertes, tandis que les doigts de l’homme, ceux de sa main droite mis à part le pouce, s’insinuaient près de son sexe. Ils écartaient les lèvres humides et s’introduisirent dans l’antre trempé de l’inconnue.

— Hmmm, tes doigts en moi, c’est divin… Ne t’arrête pas, mon bel amant.

De sa main droite, maintenant, il taraudait son vagin. L’excitation montait en lui aussi. De sa main gauche, il soutenait le dos de la belle endormie. Il se sentait durcir, de plus en plus. Il ne disait rien. Il retenait ses grognements et ses soupirs. Et pourtant, combien il aurait voulu pouvoir se lâcher un peu ! Le plaisir n’allait plus tarder à arriver, ni pour elle ni pour lui…

Afin d’en finir, avec délicatesse et doigté, il atteignit le point G de la jeune femme et commença à le masser. Celle-ci poussa un petit cri, se raccrochant à lui, complètement chavirée…

— Oui… oui… Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii…

Son éjaculation à lui fut simultanée. Comme il n’avait pas pris soin de retirer son pantalon et son boxer, il s’y répandit abondamment…

— Comme tu es bonne, furent les seuls mots qu’il prononça. Il était tellement éberlué de la force de leur orgasme qu’il ne put rien dire d’autre.

Ils étaient à bout de souffle l’un comme l’autre. Elle, toujours perdue dans ses rêves pour son bel « Âge d’airain » et lui, les doigts et le sous-vêtement trempés… »

Marine s’arrêta…

L’homme en face d’elle lui fit un signe de la tête : elle semblait mieux, à présent, comme si on lui avait permis de respirer à pleins poumons. Oui, c’était écrit par une femme et c’était sans doute pour cela que Marine, face à lui, semblait avoir repris le contrôle de ses émotions. Le langage des lignes qu’elle avait choisi de lire était très précis. Une perle, que ce texte. Il eut l’air de ne durer que deux ou trois minutes alors qu’il était bien plus long.

Sitôt terminé, le sonorisateur mit le générique de fin en route et muta le micro de Marine. Il voulait lui faire part de ses impressions.

— C’était joli, cette dernière lecture.

— Vous avez aimé ?

— Pas mal, oui.

— J’espère que cela aurait eu le même effet sur les auditeurs !

— Il suffira d’aller jeter un coup d’œil sur le blog de l’émission…

C’était vrai. C’était d’ailleurs de cette manière que les choses avaient commencé entre Arthur et elle un peu plus de deux ans auparavant. Une aventure virtuelle intense qui s’était arrêtée assez rapidement, d’ailleurs, au moment où… Adam et elle… Cela avait sonné le glas de la relation de Marine avec cet Arthur. Et puis il y avait eu ce Jean aussi, d’abord des échanges sur Twitter, ensuite un moment chaud sur Messenger et pour terminer, une rencontre réelle éminemment troublante avec cet homme au début de janvier, moins de trois semaines avant leur première nuit à Adam et elle…

Adam… Il allait lui falloir du temps pour effacer ces moments qu’ils avaient passés ensemble. Elle en était certaine. Elle était partagée entre le fait de ne garder que le bon, cultiver les souvenirs agréables et celui de tout oublier en bloc pour tenter lentement d’effacer les plaies et atténuer les cicatrices.

Il y avait d’abord eu ces tâtonnements, ces moments où on se dit « l’autre aimerait-il ceci ou cela ». « Ne vais-je pas le brusquer, le choquer ? ». Marine s’y entendait en propositions alléchantes. Elle s’était posée en initiatrice dès le début : pas pour s’en prendre à la jeunesse d’Adam. Plutôt pour lui faire du bien, l’épanouir. Et c’est ce qui s’était passé. Elle lui avait fait découvrir tantôt des choses douces, tantôt des pratiques plus sexuelles. Tout avait toujours été respectueux. Elle se rappelait avec nostalgie des moments où ils étaient seuls dans son appartement, les soirées plateau télé, les lectures privées qu’elle lui avait faites dans le salon ou la chambre, les jeux que l’homme lui avait proposés notamment avec les rubans bleus, leurs anniversaires respectifs et les cadeaux qu’ils s’étaient offerts. Elle avait posé pour un shooting boudoir. Quant à lui, il avait… osé… lui lire une histoire paraissant faite sur mesure pour eux : une femme plus âgée vit un moment sensuel avec un homme de son âge… Et puis il y avait eu les séjours à Venise, le WE à Paris et cette nuit douce et tendre dans un hôtel bruxellois…

Il n’arrivait pas un jour sans que l’une ou l’autre chose ne lui rappelle un événement se rattachant à leur histoire : la couleur vert écume d’un objet quelconque, quelques notes de sax, des ongles masculins coupés nets, une voix sourde… Elle se retrouvait avec la gorge remplie de sanglots et des larmes au bord des yeux. Mis à part Agathe, dans un premier temps, personne n’aurait pu imaginer combien elle se sentait triste : elle donnait le change, c’était manifeste.

Il fallait qu’elle reprenne pied, qu’elle recommence de vivre sans lui, à présent. Elle ne s’en sentait pas encore capable vraiment, mais si elle s’enfonçait dans la mélancolie, elle n’en sortirait jamais.

1.Leçon de traîtrise à destination de maîtres par trop négligents (texte extrait de Osez 20 histoires de faits divers sexuels) – Jon Blackfox

2.Audrey dans les yeux de Julien (texte paru sur Chuchote-Moi) – Peter Cedoree

Ce qu’il faut savoir de Marine

Marine a fêté ses quarante-deux ans en août. Elle porte ses cheveux châtains mi-longs, a des yeux à la couleur incertaine entre le vert et l’orange et un nez en trompette. Elle est plutôt mince, mais pas menue. Elle est chaleureuse, a des gestes énergiques. Elle enseigne le français dans un collège et anime une émission de radio au cours de laquelle elle lit des textes érotiques le mercredi soir.

Elle habite près d’une jolie ville dans laquelle il y a encore des coins verts. Elle aime le jazz, les musiques un peu déjantées, les concerts. La lecture aussi.

Sa relation avec Adam a duré pratiquement deux ans. Leur rencontre s’est produite durant son émission radio. Le jeune homme assurait un remplacement comme sonorisateur des Coquineries Littéraires.

Elle a complètement craqué pour lui. Pas seulement l’extérieur, son allure, son apparence. Son self-control surtout, sa sensibilité aussi, la douceur et la tendresse qu’il lui manifeste.

Elle a une amie fidèle, Agathe, qui travaille dans la même radio qu’elle et qui présente une émission le mercredi soir également, juste avant les Coquineries Littéraires.

Agathe est sa confidente attitrée depuis que Marine et Adam ont rompu.

Chapitre 2 :Retour au bercail

Taxi jusque chez elle. Son appartement se trouvait un peu à l’écart de la ville et plus aucun bus ne desservait l’endroit à cette heure-là. Il était pratiquement minuit.