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"Guillaume le Conquérant – Quand la conquête efface la paix et la trêve de Dieu" se déploie en cinq actes, chacun dévoilant un moment crucial de la vie de Guillaume le Conquérant. Dans ce XI siècle vibrant d’un renouveau religieux puissant, Guillaume évolue d’un fervent défenseur de la paix de Dieu à un conquérant déterminé à s’emparer de la couronne anglaise. Cette transformation dramatique reflète les tensions et les aspirations de son époque, offrant au spectateur une plongée captivante dans l’histoire et la psychologie de l’un des plus grands leaders médiévaux.
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Seitenzahl: 143
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Bernard Paul Joseph Guillois
Guillaume le Conquérant
Quand la conquête efface la paix
et la trêve de Dieu
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Bernard Paul Joseph Guillois
ISBN : 979-10-422-5497-1
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En 2027, la Normandie célébrera le millénaire de la naissance de Guillaume le Conquérant. Il serait né, en effet, à Falaise, à la fin de l’année 1027, voire au début de 1028. En 1035, à la mort de son père, Robert le Magnifique, il accéda au pouvoir dans des conditions difficiles, alors qu’il avait à peine huit ans. Il exerça le pouvoir sur le duché de Normandie durant cinquante-deux ans et sur le royaume d’Angleterre pendant vingt ans. Sous son règne, la Normandie et l’Angleterre ont connu une mutation profonde, comme l’attestent les majestueuses cathédrales et les impressionnantes forteresses qui se dressent fièrement encore aujourd’hui. Nous avons la chance de disposer de nombreuses chroniques rédigées en latin qui rapportent les exploits accomplis par ce septième duc de Normandie, devenu roi d’Angleterre, par la victoire d’Hastings en 1066. C’est après sa mort qu’il fut surnommé « le Conquérant » : on préférait de son vivant le qualifier de « Victorieux » (victor, victoriosus) ou « d’Invincible » (invictus). En 1070, un moine, Guillaume de Jumièges, publia un ouvrage racontant les « Exploits des ducs de Normandie », dont le dernier livre était consacré au début du règne de Guillaume, de 1027 à 1066. Vers 1075, un chanoine de Lisieux, qui était aussi le chapelain du duc, rédigea une biographie de Guillaume le Conquérant, qui est en réalité une justification de la conquête de l’Angleterre. Dans son livre intitulé « Les Exploits de Guillaume, duc de Normandie et roi d’Angleterre », Guillaume de Poitiers présente ce septième duc comme un homme d’exception, choisi par la Providence divine, pour devenir roi d’Angleterre. Selon ses dires, Guillaume, héritier légitime du roi Édouard, réunit en sa personne toutes les qualités (fortitudo « force », justitia « sens de la justice », pietas « bienveillance envers ses sujets », prudentia « prévoyance »), dont doivent faire preuve les rois dans l’exercice de leur fonction. Grâce à ces textes et aux chartes rédigées au nom du duc ou du roi, nous connaissons parfaitement les faits et gestes de ce prince qui domina la vie politique durant la seconde moitié du XIe siècle. En revanche, nous ignorons presque tout de sa vie privée. Un petit texte, écrit pas un moine de Saint-Étienne de Caen peu de temps après la mort du roi, fournit quelques informations sur l’homme en disant que, s’exprimant d’une voix rauque, il savait se faire comprendre ; qu’il était doté d’une robuste carrure et d’une taille élevée et qu’il faisait preuve de sobriété tant dans la boisson que dans la nourriture. Selon Orderic Vital, un moine de Saint-Évroult, qui avait une douzaine d’années à la mort du roi, que Guillaume savait écouter ses conseillers sans rien dire avant de prendre une décision, mais qu’il pouvait se mettre dans des colères incontrôlées, si on contestait sa décision. Dans la nouvelle biographie consacrée au Conquérant, David Bates reprend la phrase du grand historien anglais David C. Douglas : « Guillaume reste finalement une sorte d’énigme, tantôt admirable, tantôt détestable, tantôt dominateur, tantôt singulier. »1
C’est alors que l’historien peut céder la place au poète, pour entrevoir une vérité qui lui échappe. Tous les grands poètes, de Ronsard à Hugo, ont qualifié le poète de « prophète » ou de « voyant », car, par intuition, il accède à ce que l’homme rationnel ne peut connaître. C’est ainsi que Bernard Guillois a osé prendre la plume pour tenter de nous faire découvrir la face cachée de ce grand homme qui naquit il y a un millénaire. Mais le « poète » s’est entouré de toutes les garanties scientifiques et a lu tout ce que les historiens ont publié sur le monde et les hommes de cette époque pour donner plus de force et d’authenticité à ses intuitions. Et la lecture de cette pièce de théâtre sur Guillaume le Conquérant montre que ces personnages que furent Guillaume, Mathilde, Lanfranc, Robert s’expriment, sans rien trahir de ce que nous savons d’eux et de cette grande Normandie du XIe siècle. Cette fiction poétique comble un vide immense : elle confère une incarnation vivante à des hommes, qui ont vécu une vie authentique, loin des abstractions que nous laissent les historiens, mais sans les contredire.
Pierre Bouet,
Université de Caen Normandie
L’orthographe des noms des personnages varie selon les auteurs. Nous avons choisi de suivre celle de l’édition française de 2018 du livre de David Bates, intitulé William the Conqueror, publié en 2016. C’est pourquoi la mère de Guillaume le Conquérant s’appelle Arlette, prénom couramment utilisé actuellement, alors que d’autres auteurs l’appellent Herlève ou Herleue. De même, le nom du demi-frère de Guillaume le Conquérant s’écrit Odon, évêque de Bayeux mais Eude de Conteville pour d’autres. Enfin Ralph de Gaël cité par Michel de Boüard s’appelle Raoul de Wader chez Paul Zumthor mais Raoul pour David Bates.
Certains personnages ont des surnoms. C’est bien sûr le cas de Guillaume, duc de Normandie puis roi d’Angleterre, appelé Guillaume le Conquérant, sachant que « Le surnom de Conquérant ne fut donné à Guillaume que longtemps après sa mort : il apparaît pour la première fois dans une charte latine, vers 1125 sous la forme de Willelmus Expugnator » selon Paul Zumthor. La dénomination usuelle de Guillaume le Bâtard ne paraît plus opportune aujourd’hui aux yeux des historiens au vu du contexte du XIe siècle (cf. l’annexe intitulée Personnages évoqués dans le texte). Autre surnom habituel, celui de Robert, le fils aîné de Guillaume, appelé Robert Courteheuse (voire Robert Courte-cuisse).
Enfin, pour éviter une certaine lourdeur dans le texte, nous avons appelé simplement « Guillaume » le duc de Normandie et roi d’Angleterre.
Les phrases en italique et entre guillemets sont tirées de la bibliographie.
Enfin, les mots avec un astérisque sont expliqués dans l’annexe Notes.
Guillaume est le fils bâtard de Robert le Magnifique, duc de Normandie descendant de Rollon, chef viking qui a reçu la Normandie au traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911. En janvier 1035, avant de partir en pèlerinage pour la Terre-Sainte, Robert le Magnifique fait reconnaître son fils Guillaume comme son héritier. À sa mort sur le chemin du retour, Guillaume n’a que 7-8 ans et dans les années suivantes plusieurs descendants de Richard Ier et de son fils Richard II (les aïeux de Guillaume appelés les Richardides) chercheront à usurper le duché de Normandie.
Édouard le Confesseur, qui a vécu 30 ans à la cour des ducs de Normandie avant de pouvoir récupérer la couronne d’Angleterre, se serait engagé à désigner Guillaume comme son héritier. Mais, le lendemain de sa mort, en janvier 1066, Harold, le comte de Wessex, s’empare de la couronne d’Angleterre. Guillaume débarque alors en Angleterre et bat les troupes d’Harold à la bataille d’Hastings. Il est couronné roi d’Angleterre le 25 décembre 1066.
Après la mort de Robert le Magnifique, Arlette, sa compagne et donc la mère de Guillaume, se remarie avec Herluin de Conteville, dont elle a deux fils, Robert, comte de Mortain, et Odon, évêque de Bayeux. L’un comme l’autre participent à la conquête de l’Angleterre. Odon, évêque de Bayeux, devenu également comte de Kent, est étroitement associé à l’exercice du pouvoir royal en Angleterre. C’est lui qui fait broder la fameuse Tapisserie* de Bayeux.
En 1051, Guillaume épouse Mathilde, la fille de Baudouin V, comte de Flandre. Ensemble, ils ont quatre fils dont l’aîné s’appelle Robert Courteheuse et cinq filles. Lanfranc, abbé de Saint-Étienne de Caen puis archevêque de Cantorbéry, sera un soutien majeur de Guillaume.
À l’âge de 25-26 ans, Robert Courteheuse, pressé de régner, réclame à son père le duché de Normandie, lequel refuse. Philippe Ier, roi de France, exploitant les tensions familiales, amène Guillaume à assiéger le château où se trouve son fils Robert Courteheuse. Père et fils s’affrontent les armes à la main. Une réconciliation a lieu. Robert Courteheuse part ensuite en Italie du Sud pour ne rentrer en Normandie qu’après la mort de son père.
En 1081, Odon sans prévenir Guillaume décide de partir en Italie pour défendre le pape Grégoire VII contre l’empereur du Saint-Empire germanique Henri IV. Mais Guillaume s’oppose à ce projet et fait emprisonner son demi-frère.
Le XIe siècle se caractérise par un renouveau de l’Église. L’abbaye bénédictine de Cluny va y jouer un rôle majeur, apportant un soutien considérable à la papauté. Celle-ci n’aura de cesse de lutter contre la mainmise du pouvoir laïc sur les nominations des évêques et des papes.
Sur le plan politique, le XIe siècle voit la fin des invasions scandinaves. Guillaume le Conquérant puis ses deux fils vont régner en Angleterre sans discontinuité de 1066 à 1135. L’Empire byzantin perd le contrôle de l’Italie méridionale et les Sarrasins quittent la Sicile en 1091.
Enfin, sur le plan architectural, c’est au XIe siècle que fleurit l’art roman, dont les abbayes de Caen, La Trinité et Saint-Étienne, et l’abbaye de Jumièges sont quelques exemples parmi beaucoup d’autres.
Dans les annexes 1 à 4 sont présentés la généalogie simplifiée des ducs de Normandie, des repères chronologiques, les personnages évoqués dans le texte et une description plus détaillée de la situation géopolitique et religieuse du temps de Guillaume.
Principaux personnages de la pièce
GUILLAUME LE CONQUÉRANT, duc de Normandie, roi d’Angleterre.
ARLETTE, mère de Guillaume.
MATHILDE DE FLANDRE, épouse de Guillaume, duchesse de Normandie, reine d’Angleterre.
ROBERT COURTEHEUSE, fils aîné de Guillaume, comte du Maine.
ODON, demi-frère de Guillaume, évêque de Bayeux, comte de Kent.
ROBERT, demi-frère de Guillaume, comte de Mortain.
LANFRANC de Pavie, prieur du Bec, puis abbé de Saint-Étienne de Caen, et enfin archevêque de Cantorbéry.
MAUGER, oncle de Guillaume, archevêque de Rouen.
GUILLAUME DE POITIERS, chapelain ducal, historiographe de Guillaume.
GOLES, bouffon de Guillaume.
Personnages apparaissant dans l’acte I
GRIMOULT DU PLESSIS, seigneur du bocage.
GUI, comte de Brionne, cousin germain de Guillaume.
HAIMON LE DENTU, seigneur de Creully.
NÉEL DE SAINT-SAUVEUR, dit « Tête de Faucon », vicomte du Cotentin.
RAOUL TAISSON, dit « le Blaireau », seigneur du Cinglais.
RENOUF, vicomte du Bessin.
Personnages apparaissant dans l’acte II
DEUX COMPAGNONS DE MAUGER.
LA FOULE (des barons, des évêques, des abbés, des prêtres, des soldats, des paysans).
NICOLAS, abbé de Saint-Ouen de Rouen, cousin germain de Guillaume.
Personnages apparaissant dans l’acte III
GEOFFROY, évêque de Coutances.
GUILLAUME FILS OSBERN, ami d’enfance de Guillaume, comte de Hereford.
HUGUES D’AVRANCHES, comte de Chester.
HUGUES DE MONTFORT.
L’ÉVÊQUE DU MANS.
ROBERT, comte d’Eu.
ROGER DE BEAUMONT.
ROGER DE MONTGOMMERY, lointain cousin de Guillaume, vicomte d’Hiémois, comte de Shrewsbury et d’Arundel.
TAILLEFER ET LES JONGLEURS.
TOSTIG, frère d’Harold, comte de Northumbrie.
UN GARDE.
Personnages apparaissant dans l’acte IV
GUI, évêque d’Amiens, chapelain de Mathilde.
LE FILS ANGLAIS.
LA MÈRE ANGLAISE.
Personnages apparaissant dans l’acte V
DES CHEVALIERS NORMANDS.
DEUX GARDES.
GUILLAUME LE ROUX, troisième fils de Guillaume.
HENRI, quatrième fils de Guillaume.
GUILLAUME BONNE-ÂME, archevêque de Rouen.
LE PREMIER AMI.
LE DEUXIÈME AMI.
LE TROISIÈME AMI.
LE TAVERNIER.
Scène I
GUILLAUME DE POITIERS : Oyez, oyez, bonnes gens !Nous sommes en Normandie, en l’an de grâce 1046 apr. J.-C. Le jeune duc Guillaume est dans sa vingtième année. C’est un descendant de Rollon, ce Viking qui a reçu le duché de Normandie à Saint-Clair-sur-Epte en 911 de Charles le Simple, roi de France. Voilà onze ans que le père de Guillaume, Robert le Magnifique, est mort.
On appelle les Richardides les enfants légitimes et illégitimes de Richard Ier et de Richard II, les aïeux de Guillaume. Beaucoup lui contestent le titre de duc et complotent contre lui. Le plus virulent des ennemis de Guillaume est Gui, comte de Brionne, cousin germain de Guillaume, soutenu par Mauger, archevêque de Rouen et oncle de Guillaume. Le tuteur et le précepteur de Guillaume ont été assassinés et la vie du jeune duc est de plus en plus menacée. Tandis que Guillaume chasse aux alentours de Valognes, plusieurs de ses barons ourdissent un complot contre lui. Renouf, vicomte du Bessin, Gui, comte de Brionne, Raoul Taisson, dit « le Blaireau », seigneur de Cinglais, Grimoult du Plessis, Haimon le Dentu, seigneur de Creully et Néel de Saint-Sauveur, dit « Tête de Faucon », vicomte du Cotentin, expriment leur colère contre Guillaume et s’emportent.
Scène II
GUI, COMTE DE BRIONNE : Moi, Gui, comte de Brionne, le fils du comte de Boulogne et d’Alice, la fille légitime de Richard II, il faudrait que j’accepte que ce bâtard de Guillaume devienne duc de Normandie ? Jamais ! Sans compter que son grand-père maternel exerçait l’épouvantable métier de tanneur-embaumeur. Ah ! Son père a eu tort de partir en Terre-Sainte. Il faut dire qu’il avait beaucoup de choses à se faire pardonner, le Robert le Magnifique ? Tu parles ! C’est vraisemblablement lui qui a fait assassiner son frère Richard III. Mais bon, maintenant c’est à nous d’agir. Sur qui puis-je compter ? Néel de Saint-Sauveur ? Il dira oui. Il est courageux et n’hésitera pas à combattre les partisans de Guillaume en cas de nécessité. Grimoult du Plessis ? Probablement. Il a très envie de devenir évêque de Bayeux. Haimon le Dentu ? Probablement aussi. Il ne réfléchit pas de trop et fonce tête baissée. Pour Renouf, vicomte du Bessin, je ne sais pas. Récupérer le château de Falaise lui plairait bien. Mais est-ce qu’il osera prendre des risques ? Bon, nous verrons bien tout à l’heure. Quant à Raoul Taisson, il faut se méfier de ce type-là. Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle « le Blaireau ». Du genre à rallier les vainqueurs au dernier moment. Mais de là à risquer sa peau, je ne sais pas. Il faudra le surveiller de près dans l’avenir. Tuer Guillaume, c’est une chose relativement facile, car il est encore un peu naïf.
Mais ensuite, qui pour être duc de Normandie ? Il risque d’y avoir beaucoup de prétendants.
Les deux petits-fils légitimes de Richard Ier, Richard, comte d’Évreux, et Raoul de Gacé. Et pourquoi pas Henri Ier, roi de France ? Ça serait pour lui une bonne occasion d’augmenter considérablement son territoire.
Et puis, est-ce que mes amis, avant de tuer Guillaume, ne vont pas vouloir discuter du partage de ses terres entre nous ? Non, ce ne serait pas raisonnable. On n’a vraiment pas le temps d’en discuter maintenant. Il faut absolument profiter de l’opportunité de cette nuit pour l’envoyer ad patres*. Et nous aurons tout le loisir après pour nous répartir ses terres.
Scène III
RAOUL TAISSON :Est-ce bien raisonnable de vouloir tuer Guillaume ? Même si c’est le petit fils d’un embaumeur, moi Raoul Taissonet ses barons, l’avons reconnu comme duc de Normandie à Fécamp le 13 janvier 1035 avant le départ de Robert le Magnifique pour la Terre-Sainte. Et nous avons prêté serment ! Allons-nous être parjures ? Et puis, quelle sera la réaction de ses partisans ? Que fera son beau-frère Enguerrand II, le comte de Ponthieu ? Bon, je pense qu’on ne risque rien du côté de ses demi-frères, trop jeunes encore. Et puis, si le complot échoue, je vais perdre mes terres, voire ma vie. Que deviendraient ma femme et mes enfants ? Je me demande si je ne suis pas en train de me laisser embarquer dansune opération insensée. Après tout, qu’il soit bâtard ou non, on s’en fout complètement. Et ce n’est pas le seul bâtard en Normandie. Robert, comte de Mortain, était bâtard de Richard Ier, tout comme Geoffroy de Brionne, le comte d’Eu. Et Mauger, l’archevêque de Rouen qui ne cesse de critiquer Guillaume, c’est un bâtard de Richard II. Non, non, le prétexte de bâtardise ne tient pas debout. C’est Gui, à qui le duc Guillaume a donné le comté de Brionne, qui manigance tout cela avec Geoffroy Martel. Je ne sais vraiment pas où cette affaire va nous mener. J’ai un mauvais pressentiment. Le problème, c’est que maintenant, il est un peu tard pour reculer. Les autres ne me le pardonneraient pas. Ils seraient bien capables de m’occire* ce soir si je refuse de marcher dans leur combine. Ah, j’hésite. Quitter le château, là, maintenant, tout de suite ? Non, c’est ridicule. Bon, allons voir les autres et voyons comment l’affaire se présente.
Scène IV
Réunion des conjurés
(Les conjurés sont dans la grande salle du manoir, et Goles se trouve derrière la porte.)
GUI, COMTE DE BRIONNE :