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HIBIYA PARK Après quatre années aux stups, Pauline nous embarque dans une aventure tout à fait improbable où la cyber sécurité et les hackeurs sont omniprésents. Des rues de Bath à un roof top de Lisbonne, de la plage de Copacabana à Hibiya Park qu'elle ne visitera pas, l'ex jeune et belle lieutenant de police va parcourir le monde. Flic un jour, flic toujours. Sa réussite insolente dans sa nouvelle vie lui fera-t-elle oublier d'où elle vient?
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Seitenzahl: 305
Veröffentlichungsjahr: 2023
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CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
Enervée, j’ai quand même jeté un coup d’œil sur la porte pour m’assurer qu’elle était bien fermée, ensuite, je me suis lâchée :
- Tu fais chier Bertrand, vraiment. Tu n’es jamais content. Les vingt-trois tonnes et demie de drogue, tu les as, la tête du réseau tu l’as eue – un des cinq réseaux majeurs opérant en France quand même -, pareil pour toute la chaîne logistique intermédiaire. Sauf erreur, c’est le meilleur résultat depuis deux ou trois ans à mettre à l’actif de ton groupe. Peut-être même plus !
- C’est toi qui exagères me répond-il. Bien sûr que c’est un très beau résultat, que dis-je, un excellent résultat et je t’en remercie encore mais le dommage collatéral, tu aurais pu t’en passer, tu aurais dû.
- Mais il n’a rien de collatéral ce dommage ! Ce type était un infect voyou sans foi ni loi qui depuis des années a importé plus de quatre-vingt tonnes de came en France et j’en oublie sans doute. Il n’a pas obtempéré et menaçait notre équipe et j’ai été obligée de le neutraliser. C’est tout. C’est pourtant simple à comprendre.
- Je peux même te dire qu’il était aussi pourri avec les siens qu’avec nous, j’ajoute sans respirer, car un des sous-fifres que l’on a arrêtés dans cette opération m’a avoué qu’il leur faisait très peur. Lors de l’un des derniers transbordements en mer, un des quatre jeunes qui chargeaient les ballots est tombé à l’eau. Il faisait nuit. Il est parti sans même faire mine de le chercher. Trop maladroit a-t-il dit aux autres. Un ballot de perdu en plus ! La police espagnole a retrouvé le corps sur une plage quinze jours après. Dix-sept ans il avait.
Bertrand vérifia en me regardant que j’avais bien fini avec ma longue tirade. Il prit une feuille venant manifestement du labo et mit ses lunettes.
- Une balle dans la cuisse gauche et deux autres dans la poitrine. Tu es sûre que les deux dernières étaient nécessaires pour le neutraliser ?
- Cela fait combien d’années que tu n’as pas été sur le terrain Bertrand ? Cinq ans, dix ans ? Les mecs sont devenus des fous furieux, rien ne les arrête. Ils n’ont plus de limites. Eux aussi ont des objectifs à tenir. Si on faiblit, ce sont eux qui nous tapent. Sans ce « dommage collatéral » comme tu dis, aujourd’hui, tu serais en train de lire devant mon cercueil combien la République a perdu avec ma tragique disparition « en service ».
- Tu expliqueras ce qui s’est passé en détail à l’inspection Générale des Services, ils t’auditionneront demain matin. Je te conseille de ne pas leur déballer tes arguments moraux. La République ne te paie pas pour faire justice mais pour arrêter des malfaiteurs.
- S’ils m’emmerdent vraiment, tu auras ma carte et mon arme sur ton bureau le lendemain. Tu sais, pour 3000 euros net par mois et trop souvent 60 ou 70 heures par semaine, ça va bien.
Bertrand ferma les yeux et fit « non » de la tête comme pour mieux résister à ma provocation.
Je l’adore en fait mon commandant. Depuis presque quatre ans, il m’a tout appris de cette police « underground » qui s’occupe des réseaux de stupéfiants. Il m’a parfaitement bien formée, il m’a souvent protégée, il m’a toujours conseillée et surtout il n’a pas hésité à me donner de larges responsabilités. J’étais pourtant la plus jeune de ses lieutenants mais j’aime à penser qu’il n’a pas fait cela parce que je suis une femme. Uniquement parce que je suis la meilleure.
Alors, un peu lâchement je l’avoue, je me défoule sur lui car je sais qu’au fond il me comprend. Il ne me tiendra pas rigueur de mes paroles un peu fortes et il me pardonnera comme toujours. Il sait que j’ai raison et probablement que quinze ans plus tôt, il pensait la même chose.
C’est mon Papa chéri du boulot. Celui vers qui je « vide mon sac », devant qui je me mets à nu, sans retenue.
- Bon, maintenant, calme toi enchaine-t-il, revois vite ton équipe pour être certaine que vous direz tous la même chose aux « bœuf-carottes »
Je lui fais une bise de loin que je souffle vers lui et sors du bureau.
Cela fait trois jours avec l’épilogue de cette longue traque que je n’ai pas fait mon jogging matinal et malgré l’heure avancée, je quitte notre quartier général pour aller chez moi me changer.
Courir pour évacuer la pression. Courir pour garder l’énergie de continuer. Courir pour ne pas perdre de l’élan.
... ...
C’est mon premier entretien avec ce service de l’Inspection Générale de la Police et il est probable que cela risque d’être le dernier s’ils viennent me chercher.
- Madame Pauline Loisot, vingt-sept ans, lieutenant de police faisant fonction de capitaine sur cette affaire, c’est bien ça ? demanda le plus gradé des deux sans attendre vraiment de réponse
Oui, Loisot, à moi aussi cela m’a fait bizarre comme nom, et ça, depuis toute petite.
J’imagine assez bien il y a quelques générations un père un peu illettré venant déclarer sa progéniture – comment tu t’appelles ? – Emile – ton nom – on m’appelle l’oiseau – comment ça s’écrit – je ne sais pas –
Peut-être même qu’il était poète cet ancêtre ? Qui sait ?
Etant adolescente, je voulais changer ce nom. Pas dans sa prononciation mais dans son écriture. Car cela fait rêver un oiseau non ! Quand c’est bien écrit cela va de soi ! C’était pour moi le symbole de la liberté ultime. S’élever au-dessus des autres. Aller ou bon te semble. Ignorer les frontières et les interdits. Le rêve impossible d’Icare.
Maintenant que la loi permet le changement de patronyme, je n’en ai plus envie. J’ai muri. C’est bien finalement d’avoir un nom original différent des autres.
- Décidemment, vous êtes précoce car vous étiez future diplômée ingénieur à vingt-deux ans avant d’intégrer la police. Précoce et très motivée vu vos notes à l’école de police et vos états de service depuis.
Je les regarde sans rien dire pendant que le commandant en charge de l’enquête épluche mon CV. Bertrand a absolument voulu que le délégué syndical des officiers soit présent, Berthier, un vieux capitaine à la bedaine éloquente. Ce dernier m’a prodigué un seul conseil avant d’entrer dans la salle, en dire le moins possible. Ce qui n’est pas toujours ce que je fais de mieux.
Au-delà de mon CV, savent-ils seulement pourquoi j’étais si motivée cinq ans auparavant ?
Savent-ils pourquoi j’ai quitté mon école d’ingénieur un an avant le diplôme ?
Savent-ils pourquoi j’ai accepté ce boulot de merde au lieu de continuer dans la voie qui m’était tracée ?
Savent-ils que la drogue a tué mon petit frère alors même qu’il était encore mineur ?
Savent-ils que mes parents ne s’en sont jamais vraiment remis ?
Savent-ils que ce cancer social continue inlassablement de faire des ravages parmi les lycéens ?
- Alors lieutenant, dites-nous s’il vous plait pourquoi vous avez fait feu à trois reprises sur cet individu ?
Je raconte longuement en détail l’opération – le mouchard mis dans un ballot au Maroc sur le port de départ – l’entrepôt identifié par ce mouchard dans le port d’arrivée – la souricière établie autour du bâtiment – l’arrivée des malfaiteurs dans la nuit et l’échange de coups de feu.
- Il était un peu plus de minuit, avec un peu de lune. J’ai crié « police » vers celui qui paraissait être le chef. Comme il n’a pas obtempéré, j’ai visé les jambes pour l’immobiliser. Il s’est alors tourné vers moi en tombant et quand j’ai vu briller son arme dans le noir, j’ai tiré une deuxième fois.
- Vous avez bien noté que lui n’a pas fait usage de son arme oppose mon interlocuteur
- Vous savez Commandant, cela s’est passé si vite. Moins d’une seconde. C’était lui ou moi. De la légitime défense. Enfin, c’est comme cela que je l’ai vécu sur le moment.
- Pourquoi un troisième coup de feu ?
- Dans mon souvenir, j’ai tiré deux fois comme je vous l’ai dit. J’ai probablement gardé le doigt un poil trop longtemps sur la gâchette lors du deuxième tir ce qui fait que cela a « doublé ». Les impacts sur le corps doivent être très proches. C’est facile à vérifier.
Tous les faits que je raconte sont vrais. C’est ma vérité.
J’ai peut-être tiré en même temps que je criais « police ».
Ou même un peu avant.
Qu’est-ce que ça change au fond ? Le voyou s’est bel et bien retourné pour m’en mettre une. Et je l’ai eu avant.
- Mais on revient toujours au fait que ce « mis en cause » n’a pas tiré insiste le Commandant
- Auriez-vous préféré que je triche et tire une cartouche avec son arme après sa mort ?
Les deux inspecteurs se regardent sans me répondre et Berthier me met une main sur le bras probablement pour me faire signe de me calmer et de ne plus parler.
Oui bien sûr j’ai été idiote. J’aurai dû tirer une balle avec son arme et ainsi mes deux interlocuteurs auraient pu faire un beau rapport de « légitime défense » bien limpide, bien propre, bien facile. Mais tricher devant mon équipe, je n’aurais pas supporté.
D’une certaine façon, je continue d’être idiote avec ma provocation car je les oblige à réfléchir, à peser le pour et le contre, à choisir, à juger.
- Autre chose à déclarer Lieutenant Loisot ?
- Rien d’autre Commandant
- Bien, merci pour votre témoignage. Nous voyons le reste de votre équipe aujourd’hui et votre patron aura notre rapport sous trois jours. Vous pouvez disposer. Bravo encore pour votre dernière prise.
Bertrand dit que je suis parfois une emmerdeuse mais que souvent mon intuition est bonne. Et là, je n’ai pas aimé le compliment final du commandant. Cela sonnait comme une sucrerie que l’on donne à un enfant avant de le gronder. Cela sonnait vraiment faux.
... ... .
Bertrand n’a pas le sourire, c’est le moins que l’on puisse dire. Il feuillette un rapport de trois ou quatre pages. Sans doute celui des « bœuf-carottes »
- Assied toi Pauline. Je ne sais vraiment pas par où commencer.
- Commence par la fin cela ira plus vite.
- « Dix jours de mise à pied pour manquement aux règles d’interpellation d’un individu potentiellement dangereux ». La sanction démarre dès que je t’en informe.
- Et?
- Je ne t’en ai pas encore parlé officiellement
Là, Bertrand sourit, content de son trait d’humour. Je retrouve mon chef que j’aime et respecte. Toutefois je ne vois pas bien ce qu’il peut faire sur ce coup-là. C’est complètement injuste à mes yeux et sans doute aux siens aussi.
Mon intuition était bonne – j’imagine assez bien le topo : Cette « petite » est trop sure d’elle. Il faut qu’elle apprenne à courber l’échine. Il faut lui rappeler les rudes devoirs d’un fonctionnaire de police. Peut-être même que le fait que je sois une femme a joué ?
- A ton avis, où est ce que j’ai merdé ? demandais-je
- Tu n’as pas merdé comme tu dis. Leur sanction - même inappropriée et injuste - est très faible, symbolique. S’il n’y a pas légitime défense, tu peux rapidement te retrouver au tribunal. Ils ont seulement voulu rappeler qu’il y a des règles et qu’il faut s’y conformer même quand elles nous empêchent de travailler exactement comme on le souhaiterait. Le message est surement que la prochaine fois, il faudra que tu « arranges » la vérité « administrative ».
- Je vais aller voir le divisionnaire lui dis-je et lui dire que si on accepte cela, cela veut dire que l’on capitule, que l’on court le marathon avec un sac à dos plein de pierres. Pour les équipes, le message sera contreproductif.
Nous nous regardons un moment sans parler. Pour une fois, je n’ai pas envie qu’il affronte ma colère. Je sens qu’il est malheureux et désabusé comme moi. Je décide de me taire.
Et je n’irai pas voir le Divisionnaire.
Bertrand regarde sa montre – 11 h30 – Il plie les feuillets du rapport qu’il remet soigneusement dans l’enveloppe du courrier interne puis il repose le tout sur la pile du courrier entrant. Il se lève.
- Allez viens, j’ai faim. On va se faire une bonne bouffe. Cela te changera des sandwichs mangés pendant toutes ces planques. La République te doit bien cela. Je suis sûr que tu connais une adresse sympa
... ... ...
Nous sommes à deux pas du bureau dans un petit estaminet baptisé étrangement « la Crêperie du Lot ». Jérôme le gérant est un jeune chef dont le plat « signature », est un foie gras poêlé délicieusement posé sur une crêpe incorporant des fines brisures de châtaignes.
Je ne suis pas spécialement attirée par l’alcool mais là, le verre de Pouilly Fumé en apéro me fait du bien. Bertrand, lui est en mode « Nounours », essayant de me faire oublier l’épisode des « bœuf-carottes ».
A la réflexion, je suis à peu près certaine qu’il a pesé de son poids – et il en a beaucoup dans l’écosystème des stups - pour que ma sanction soit « symbolique ». Injuste mais symbolique. Quand même inscrite dans mon dossier.
- Cet épisode malheureux ne tombe pas si mal finalement car je me pose depuis un certain temps des questions sur la suite dis-je
- Tu veux dire ton avancement, capitaine puis commandant ?
- Non Bertrand, autre chose, ailleurs.
Il y a subitement un grand silence. Je le regarde bien en face et je sens que je vais lui faire de la peine. Je me lance néanmoins.
- Tu sais pourquoi je me suis engagé dans ce métier – tu es le seul. Maintenant j’en ai fait le tour. C’était bien, c’était génial. J’ai apporté ma pierre à cette lutte nécessaire contre la drogue. A mon petit niveau. J’ai fait du mieux possible. Cela a apaisé mon besoin de vengeance initial – encore que ce mot ne soit pas forcément le bon. J’ai aussi eu la chance d’avoir un grand patron. Toi. D’apprendre énormément. Je ne te remercierai jamais assez.
- Quid de ma vie en dehors du boulot, j’ajoute ? Rien. Encéphalogramme plat. Pas d’amis en dehors du boulot. Vacances chez les parents la plupart du temps avec des nuits de 12h pour récupérer. Ma dernière galipette date de l’été dernier. Super. Et je n’ai pas eu le temps de dénicher l’oiseau rare qui va me donner des petits ! L’oiseau qui va me faire des petits « Loisot ».
- L’oiseau et Loisot, tu l’as celle-ci ? je demande après un silence, un rien provocatrice
Bertrand se fend d’un large sourire. Il a compris. La blague, mais la suite aussi.
- Ce n’est pas à un divorcé comme toi que je vais apprendre que notre vie de policier est incompatible avec une vie « normale » surtout dans notre spécialité j’ajoute
- Tu veux faire quoi alors ?
- Figure-toi que j’e n’en sais rien. A l’instant où je te parle, je n’ai aucune idée
Je m’arrête de parler. J’ai tout déballé en vrac et c’est vrai, je ne sais pas. J’ai déjà tourné la page et ouvert un nouveau chapitre. Avec pour l’instant une page complètement vierge.
- Tu pourrais compléter ton diplôme d’ingénieur ? hasarde Bertrand
- J’en ai appris plus en quatre ans de police sur les nouvelles technologies liées au net et aux télécommunications qu’une seule année d’étude supplémentaire ne m’apporterait. Je crois même que je pourrais être prof dis-je en souriant.
Jérôme amène à ce moment nos crêpes, une crêpe maison au foie gras pour Bertrand et une au roquefort pour moi. Nous faisons une pause dans nos échanges en échangeant des banalités sur ce que nous dégustons.
- Tu sais que nous sommes la seule table de la salle que le Chef soit venu servir « en personne » remarque Bertrand
- Flic un jour, flic toujours hein !
- Je te dis ça, je ne dis rien réplique Bertrand à qui rien n’échappe
- Oui, je sais, il me fait une cour discrète. Il est plutôt mignon hein. Très gentil aussi. Et drôle. La dernière fois que je suis venue, c’était en fin de service. Il est venu me tenir compagnie pendant que je dévorais ma crêpe. On était en pleine opération et j’étais trop crevée pour penser à autre chose qu’à dormir. Maintenant que je suis un peu plus libre, je vais peut-être revenir à la fin de son service...
Bertrand, son assiette vidée me regarde terminer la mienne. Il enchaine :
- Ta remarque « flic un jour, flic toujours » me fait penser qu’il y a beaucoup d’opportunités dans le privé, dans la sécurité et dans l’investigation d’une manière générale et ça, tu sais bien faire. Très bien même. Je peux te faire une lettre de recommandation d’enfer si tu le souhaites.
- Oui peut-être, tu as raison. Merci à l’avance pour ton aide Bertrand. J’ai dix jours de mise à pied pour y réfléchir non ? dis-je avec le petit zest de provocation qui va bien.
Dès que je dépasse les portes d’entrée, j’ai la nette impression d’entrer dans une cathédrale. Une cathédrale moderne très claire avec du marbre par terre, des murs blanc cassé brillants et quelques posters de parfums et d’actrices célèbres sur les murs. Le plafond au-dessus de la partie centrale va jusqu’au toit c’est-à-dire sept ou huit étages plus haut.
Habituée aux locaux minimalistes plus ou moins bien entretenus de la police, aux entrepôts de marchandises et aux palettes de produits, cela fait un choc. Un choc plutôt agréable.
En fait, je n’avais même pas imaginé que c’était possible une telle entrée ! Le fond du hall donne sur une espèce de jardin d’une dizaine de mètres de profondeur agrémenté de quelques arbres. J’ai envie d’aller voir de plus près mais à cette heure tardive, je suis seule et l’employée derrière le comptoir de réception me regarde fixement en attendant que je me présente.
- Pauline Loisot pour Monsieur Kressman s’il vous plait
J’ai sorti ma carte d’identité mais la réceptionniste a déjà son téléphone en mains. J’ai l’impression qu’elle me regarde d’un air un peu critique, mon habillement n’étant probablement pas tout à fait conforme aux standards du lieu.
Bertrand m’avait vivement conseillée d’aller à ce rendez-vous en tailleur bleu marine, en « femme d’affaire » !
Mais je n’ai pas ce genre d’habits dans ma garde-robe ! J’ai opté pour un jeans noir, un chemisier blanc très BCBG, nouveaux tous les deux, et une courte veste en cuir noir que j’avais achetée quatre ans auparavant avec ma première paie. Mes basquets, neuves aussi et selon mes références actuelles « super classe » sont également bien loin des chaussures à talons noires recommandées que je n’ai jamais possédées ni portées. Je suis également super bien coiffée et légèrement maquillée.
- Caria, le rendez-vous de 19h30 pour Jean Charles est arrivé
L’employée écoute son interlocutrice et repose son regard sur moi, me gratifiant finalement d’un mince sourire, mon allure globale n’étant quand même pas celle d’une « moins que rien » – ce qui pouvait arriver avouons-le certains jours dans mon précédent métier.
- On va venir vous chercher dans quelques minutes. Vous pouvez vous asseoir si vous le souhaitez.
Ma curiosité naturelle agissant comme un aimant, je monte trois marches vers le fond de verdure qui se révèle être un petit jardin, japonais si je me réfère à ce que j’ai pu voir dans des revues chez le coiffeur.
Une dizaine d’ilots gazonnés plantés de petits arbres - bonzaïs je pense -, des pierres - certaines un peu moussues -, trois arbres tourmentés artistiquement coupés et un peu plus grands vers le fond, une espèce de grosse poterie grise et beige à l’utilité indéfinissable sur la droite, des petits graviers blancs et gris clair qui réunissent tout ce monde avec une horizontale parfaite, ratissés avec un soin méticuleux.
Un ensemble absolument superbe, un délice pour les yeux qui donne envie d’aller voir « en vrai » les originaux du Japon.
J’admire sans me lasser la régularité incroyable des dessins dans les graviers et je repense à l’origine de ma présence chez Grassi, cinq ou sixième société mondiale pour la création et la vente de parfums de luxe.
Après trois semaines de recherches infructueuses, Bertrand m’a organisé cette rencontre avec le Directeur Général de la société.
- Une enquête délicate tout à fait dans tes cordes » a-t-il dit.
Laconique le patron.
Il ne m’a rien dévoilé de plus à part ses recommandations insistantes sur mon apparence vestimentaire qu’il jugeait sans doute prudemment peu adaptée à l’univers luxueux ambiant. C’est vrai que là, c’est un monde nouveau pour moi.
- Madame Loisot ?
Perdue dans mes pensées, je n’ai pas vu arriver une femme à lunettes et chignon sans âge, sans doute Clara, l’assistante. Elle m’entraîne vers l’ascenseur avec un sourire avenant dans le sillage d’un parfum assez fort que je ne connais pas. Nous montons sans parler.
Après le hall étonnant, je découvre avec autant de surprise le palier du huitième et dernier étage. De grandes baies donnent sur les toits des immeubles environnants. Le soleil couchant amène des couleurs dorées sur le bois blond qui recouvre les murs et les cloisons. La moquette est épaisse et confortable. Je continue d’être impressionnée par cet univers si loin de ce que j’ai connu jusqu’alors.
Mon accompagnatrice ne m’a toujours pas dit un mot. Nous passons dans ce que j’imagine être son bureau et elle m’indique de rentrer dans une pièce attenante.
Jean Charles Kressman – c’est marqué sur sa porte -est debout derrière son bureau au téléphone
- Bienvenue, assoyez-vous m’indique-t-il avant de terminer rapidement son coup de fil
La cinquantaine plutôt « chic anglais » avec son gilet écossais sur une belle chemise bleu ciel sans cravate mais avec foulard. Mince et pas très grand. Les cheveux courts poivre et sel. Le visage un peu mou avec des yeux qui pétillent. Il me dévisage avec attention avant de se remettre dans son fauteuil.
- Alors c’est vous la petite protégée de Bertrand ?
Je suis plutôt habituée aux entrées en matière avec des voyous ou des avocats et là, je ne sais pas trop quoi répondre, si tant est qu’il y ait eu une question. J’apprécie moyennement le qualificatif de « petite » mais bon. C’est peut-être un futur client et dans sa bouche, cela n’a pas l’air dégradant !
- Bonjour Monsieur Kressman...
- Alors, appelez-moi Jean Charles comme tout le monde me coupe-t-il
- Bien, d’accord Jean Charles, heu, Bertrand m’a demandé de venir vous voir mais je ne sais pas quel est le problème ...
Putain ! Ce n’est pas facile de parler avec quelqu’un de « normal » qui te sourit avec bienveillance. Avec mes interlocuteurs des stups, c’était plus simple, plus direct. Plus binaire. Finalement, c’est lui qui prend les choses en mains
- Alors oui...
Je dois préciser en préalable que Bertrand est un de mes voisins d’immeuble dans le XVIIème. Un amour de voisin que j’ai appris à bien connaitre depuis trois ans et demi que je suis revenu sur Paris – j’étais en poste avant au Japon dans une autre filiale du groupe P&O - vous connaissez bien sûr P&O. Je dirigeais la marque japonaise « Kumura » qui fait des soins pour la peau, soins révolutionnaires vendus dans les circuits pharmacies – une très belle marque -...
Oui alors, j’ai expliqué à Bertrand, au Bertrand policier j’entends, le souci que j’ai et qui, d’après lui, ne relève pas directement de la police ni de la justice à proprement parler – pour l’instant. Il m’a assuré que vous seriez l’homme de la situation. La femme pardon. Que vous étiez un enquêteur, pardon encore, une enquêtrice, hors pair.
Jean Charles digresse à loisir. Je comprends mieux, vu son parcours récent, le jardin japonisant du hall. Pour l’instant j’enregistre poliment car je ne sais pas encore pourquoi je suis là.
Je souris intérieurement car bien sûr j’ai surfé sur internet pour glaner le maximum d’informations sur P&O, premier groupe français de luxe au monde, plus de cent milliards d’euros de chiffre d’affaires, Grassi étant une des soixante et quelques filiales en charge des parfums de luxe.
- Alors voilà
Mon interlocuteur a manifestement un tic – ou un toc - avec ce « alors » pour débuter ses phrases. Il reprend son souffle avec un sourire de circonstance. Comme s’il avait du mal à sauter un obstacle.
- Mon mari est parti avec mon fils !
Putain de con de Bertrand ! Un homo !
Il aurait pu me dire ! Me prévenir à l’avance.
Bon c’est vrai que dès le premier jour, Bertrand m’avait bien expliqué « Je ne te donnerai jamais un poisson pour manger mais je vais t’apprendre à pêcher », paraphrasant ainsi le philosophe chinois Confucius.
Mais quand même là ! Pour ma première enquête privée...
Jean Charles ayant enfin exposé son problème, je reste quelques secondes en arrêt le temps de comprendre tout ce que sa phrase implique.
D’accord, alors parent 1 et parent 2 se bouffent le nez à propos d’un enfant ! Faudra que je regarde ce que dit la loi.
Comme il ne continue pas, je me décide à prendre les choses en main et je l’interroge pendant dix bonnes minutes. Le policier (pardon la policière !) a repris le dessus.
En résumé, Jean Charles – bientôt 53 ans - a eu un fils grâce aux bons soins d’une mère porteuse en Belgique, fils prénommé Dylan, qui a maintenant huit ans.
Il a rencontré dès son retour du Japon un nouveau compagnon, Philippe. Après quelques mois de vie commune, ils ont décidé de convoler et Philippe a même reconnu – ou adopté ce n’est pas très clair - l’enfant car Philippe et Dylan s’entendent très bien.
Il y a trois mois, Jean Charles a fait pendant plus de deux semaines le tour de l’Amérique latine pour organiser le lancement du premier parfum d’une immense vedette brésilienne du football dont la renommée est mondiale. Plusieurs centaines de millions de followers sur Instagram!
En revenant à Paris, il a trouvé une lettre – que je qualifie immédiatement dans ma tête de lettre de rupture - indiquant que Philippe et Dylan étaient lassés de ses absences répétées et que Philippe avait donc décidé de « faire une pause ». Il a apparemment changé de portable car son ancien numéro ne répond plus d’après Jean Charles.
Après une nouvelle série de questions, j’apprends que Philippe est un compositeur de musique indépendant qui travaille régulièrement pour une dizaine de clients dans la pub et dans les films d’animation et aussi depuis peu pour les nouveaux jeux pour les ados qui font fureur.
- Il gagne plutôt bien sa vie » complète Jean Charles.
- Qu’est-ce que vous attendez exactement de moi demandais-je
- Alors, d’abord savoir s’ils vont bien, s’ils ont besoin de quelque chose, s’ils ...
- Et ? je relance en voyant le silence s’installer sans qu’il n’ait terminé sa dernière phrase
- Alors, je ne sais même pas où ils sont partis, si Philippe m’en veut beaucoup, s’il va revenir ? Alors vous comprenez, je ne sais plus où j’en suis, Dylan est mon fils tout de même !
Jean Charles a prononcé les derniers mots douloureusement, presque en criant, les deux mains emprisonnant son front comme si cette situation l’agressait. Ce qui est probablement le cas d’ailleurs. Je sens qu’il est temps d’arrêter les questions.
- D’accord Jean Charles, je vais regarder votre problème. Donnez-moi votre numéro de téléphone. Si j’ai besoin d’informations complémentaires, je vous le ferai savoir.
Il s’ébroue genre «je sors d’un cauchemar » et me donne une carte de visite. Il jette un coup d’œil discret sur son agenda de la journée sans doute pour se remettre en mémoire mon nom.
- Vous aurez compris Pauline que cette situation ne concerne en rien mes responsabilités chez Grassi. J’ai pris ce rendez-vous ici car j’ai ensuite un rendez-vous à deux pas d’ici mais c’est moi qui vous paierai. Vos honoraires seront les miens.
- Merci. Puis-je avoir également des photos récentes de vos « disparus » ?
Jean Charge regarde dans son téléphone et sélectionne une dizaine de photos qu’il me transfère en direct en wifi sur mon propre appareil. Merci Apple.
Je me lève pour marquer la fin de l’entretien. Il a l’air soulagé d’avoir parlé mais en même temps il est sans doute un peu inquiet de s’être autant dévoilé. Il parait moins sûr de lui qu’au début de l’entretien.
- Si vous avez du nouveau, faites le moi savoir – je lui donne à mon tour une carte de visite imprimée l’après-midi même – à très bientôt.
Dès la sortie de l’immeuble, j’appelle Bertrand
- Bonsoir Bertrand, je te dérange ?
- Bonsoir Pauline. Tu ne me déranges pas. Je me doutais que tu me passerais un coup de fil. Intéressant le bonhomme, non ?
- Oui si on veut. Je ne suis pas trop familière avec ce monde. Jusqu’alors, j’ai surtout eu à gérer un surplus de testostérone avec mes interlocuteurs passés ! Il ne s’est pas trop lâché mais j’ai les infos de base pour démarrer. Au fait, tu as une idée des honoraires que je dois pratiquer ?
- Demande à la chambre syndicale des enquêteurs privés, tu te feras une idée toi-même
Ma dernière question était idiote. Le patron m’a aussitôt repris. Y-a pas à dire, il a toujours de bons réflexes.
- Oui bien sûr. Merci encore pour ce rendez-vous. Je te tiens au courant
- Bon vent Pauline, à bientôt.
Pour la sixième fois en deux jours je traverse le « Churchill bridge » dans la très jolie ville de Bath à l’ouest de l’Angleterre.
Philippe, le mari en cavale de Jean Charles vient de récupérer Dylan à son école et ils sont en train de remonter vers leur logement. Comme j’ai appris à le faire, je les suis à bonne distance sans me montrer.
Ils ont l’air de vraiment bien s’entendre. Le jeune parle, raconte probablement sa journée. Et le parent 2 (ou 1 ?) l’écoute la tête un peu penchée, avec bienveillance, l’ayant délesté préalablement d’un gros sac qu’il a mis en travers sur son dos.
Remonter est vraiment le terme car de ce côté de la rivière Avon, la colline est bien pentue. Ils logent tous deux dans une pension de famille située à environ 1km du centre-ville. L’école, elle, est dans une petite rue perpendiculaire à la rue piétonne « Stall street », le poumon commerçant de la ville.
J’ai retrouvé très vite mes réflexes de filature. D’autant que là, je n’ai pas affaire à des gens suspicieux comme ceux que je traquais aux stups. J’aurais pu dès ce matin aborder Philippe pour lui parler mais j’ai quand même voulu vérifier sur la durée leur mode de vie et leurs déplacements. Une habitude de professionnel et avouons-le un certain plaisir de découvrir petit à petit l’intimité d’autrui.
Je vais ensuite redescendre à mon hôtel sur « Brunel square » pour consolider mon rapport et y adjoindre quelques photos.
Il ne m’aura fallu en réalité qu’une seule journée pour localiser Philippe. Après la longue soirée très sympa avec mon créateur de crêpes – il me plait de plus en plus ce Jérôme – je me suis réveillée avec une idée qui, de fait, aura été décisive pour les retrouver. Plutôt que chercher Philippe, j’ai choisi de suivre la piste de Dylan.
Je suis donc allé rendre visite à l’école dont Jean Charles m’avait donné les références, un établissement privé du XVIIème. Dès la fin de matinée j’ai pu rencontrer le « préfet des études » selon leur terminologie. Prétextant une simple démarche administrative concernant Philippe et bien aidé par ma carte tricolore – administrativement toujours policière, je ne suis encore qu’en congés -, j’ai demandé s’il avait des nouvelles du petit Dylan.
Et là, bingo ! Je découvre que Philippe – seul parent connu de l’école-avait expliqué qu’il devait aller vivre pendant deux ans en Angleterre pour son travail. Ayant demandé un conseil sur les écoles franco-anglaises haut de gamme, ce même préfet l’avait orienté vers une école de Bath appartenant au même groupe.
- Je peux vous confirmer qu’ils sont bien partis là-bas à Bath car sa nouvelle école m’a demandé de lui envoyer son dossier me confirme cet obligeant responsable.
Comme aurait immédiatement commenté Bertrand, mon intuition s’était révélée bonne, même géniale. Le soir même, je prenais l’Eurostar.
..... .
Il fait « frisquet » ce matin avec un fort vent d’ouest et la pluie est annoncée. Philippe vient de déposer son fils à l’école et il revient vers le cyber café du centre où il a déjà fait escale les jours précédents. Je le rattrape à un feu rouge.
- Bonjour Monsieur Philippe Palier
Philippe sursaute et me dévisage avec inquiétude. Cadet de Jean Charles de près de quinze ans, il a le crâne complètement rasé et une barbe coupée très courte à la mode. Tout est doux chez lui, son visage, ses yeux, son attitude. Plus grand que Jean Charles, il est un peu « enveloppé » et ça lui va plutôt bien.
- On se connaît ? demande-t-il
- Non, moi je vous connais, mais vous pas encore. Je m’appelle Pauline Loisot.
Le feu tricolore passe au vert mais mon interlocuteur ne bouge pas
- Venez, je vous offre un café. J’ai besoin de vous parler.
Nous finissons par traverser la rue et nous entrons dans un établissement assez original dont l’enseigne indique « Tea time - salon de thé » mais dont le look est plutôt celui d’un pub anglais aux tables, chaises et bar en bois peint de sombre patinés par les ans. Je commande un chocolat chaud et lui un thé et nous nous posons sur une table à l’écart.
Depuis que je l’ai invité à me suivre, Philippe s’est muré dans le silence et il m’observe. Nous buvons l’un et l’autre toujours sans un mot. Sans y avoir réfléchi plus que cela, je décide de jouer franc jeu :
- Je suis enquêtrice privée et je travaille pour le compte de Jean Charles.
Il hoche la tête d’air entendu. Peut-être attendait-il ce moment ?
- Comment m’avez-vous trouvé ?
- C’est important ?
Toujours retourner une question quand on ne veut pas répondre à la question que l’on vous pose
Philippe ne répond pas. Il remet lentement de l’eau chaude dans sa théière. Comme j’ai déjà fini mon chocolat chaud, je fais signe à la femme qui nous a servis que j’en souhaite un autre.
- Vous avez dit à Jean Charles que vous m’avez trouvé ?
- Non, pas encore. Je souhaitais échanger avec vous d’abord
Mon interlocuteur reste à nouveau silencieux. Il se demande sans doute où je veux en venir
- Pourquoi êtes-vous parti Philippe ?
C’est assez drôle car j’ai remarqué au fil des nombreux interrogatoires que j’ai conduits, c’est toujours la même chose. Après plus ou moins de temps et cela peut être long avec les durs de durs, la personne interrogée se lâche, comme un barrage qui se rompt. Souvent pour se justifier, parfois aussi avec des mensonges dans lesquels il faut faire le tri. Parler pour se libérer d’un fardeau.
Philippe m’explique alors : Il a rencontré Jean Charles chez des amis. Ce dernier revenait du Japon. Immédiatement, ça a été le coup de cœur. Il était beau – bof ! – brillant, cultivé, généreux, attentionné et il avait un fils ! Ces derniers mots semblant plus importants que tout le reste.
Est-ce que c’est d’avoir un enfant qu’il a été emballé ou que ce soit un fils et non une fille ? Je décide de ne pas l’interrompre. C’est vrai qu’à mes yeux de femme, avoir un enfant ne me parait pas relever de l’exploit.
Rapidement, ils ont vécu ensemble et Philippe est tombé sous le charme de Dylan qui est un enfant incroyablement équilibré et intéressant malgré des parents non-« conventionnels ». Philippe a pensé qu’après des années d’errements, cette relation était enfin la bonne et c’est ce qui explique le mariage et la reconnaissance de l’enfant.
Pendant le voyage de Jean Charles en Amérique du Sud, Philippe a appris tout à fait par hasard via une relation commune chez Grassi que Jean Charles avait trouvé un jeune brésilien à son goût. Ce garçon a d’ailleurs été photographié plusieurs fois en sa compagnie dans des endroits différents et s’il y avait besoin d’une preuve factuelle, des photos ont été relayées sur les réseaux sociaux.
Parallèlement, Philippe venait de signer un très gros contrat avec la société qui vend le jeu « Fortnite » ce qui le met maintenant largement à l’abri du besoin pour de longues années. D’où la décision de partir loin de Paris. De prendre du champ pour réfléchir.
- Qu’est-ce que vous attendez maintenant après ce break de presque trois mois ? demandais-je
- Honnêtement, je ne sais pas. D’un côté l’infidélité maladive de Jean Charles me devient difficilement supportable, de l’autre, j’ai toujours envie de vieillir avec lui.
- Comment Dylan prend-il la chose ?
- Officiellement, nous sommes en Angleterre pour mon travail. Cela ne change pas grand-chose pour lui car Jean Charles est toujours en voyages ou avec des « obligations » professionnelles le matin tôt et le soir tard. C’est moi qui m’occupe de lui H24, de ses devoirs, de ses jeux. Malgré tout, je sais qu’il lui manque. Nous en parlons de temps à autre.
- Merci pour votre honnêteté Philippe. Je peux avoir votre téléphone et votre email ?
Mon voyage se termine ainsi. Je sens Philippe soulagé à l’idée que les choses ne soient plus dans une impasse. Avec ou sans Jean Charles, l’avenir pour eux va se redessiner bientôt. Enfin, je l’espère.