L'emballage ce bel inconnu - Michel Fontaine - E-Book

L'emballage ce bel inconnu E-Book

Michel Fontaine

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Biodégradable - Connecté - Conservation - Consigne - Digital - Développement Durable - Écoconception - E-Commerce - Economie Circulaire - Gaspillage - Prévention - Performance Economique - Recyclage - Santé humaine - Sécurité produit - Seniors - Suremballages - Vrac - ... autant de sujets pour lesquels chacun se pose des questions à propos des emballages. La plupart des citoyens consommateurs ignorent tout des emballages qui les entourent. En fait ils ne les voient plus tant les emballages sont cachés au service des produits qu'ils contiennent. Quand le citoyen trie les emballages devenus vides, il n'imagine pas un seul instant le pourquoi et le comment de leur parcours. Cet ouvrage est donc résolument PÉDAGOGIQUE. Il doit permettre à chaque lecteur de trouver des réponses claires à ses questions, de regarder d'un œil nouveau et non partisan ce compagnon méconnu de sa vie de tous les jours. Ce bel inconnu.

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Seitenzahl: 206

Veröffentlichungsjahr: 2016

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« Tout ce qui est simple est faux, tout ce qui ne l’est pas est inutilisable » - Paul Valery

En couverture : amphore en terre cuite fabriquée au 2ème siècle après JC dans l’ile d’Ischia (Italie) servant à emballer de l’huile d’olive et du vin.

SOMMAIRE

QUESTIONS « A LA CARTE »

INTRODUCTION

UNE JOURNEE PARMI D’AUTRES

DES EMBALLAGES POUR QUOI FAIRE ?

QUELQUES CHIFFRES SUR LES EMBALLAGES

LES FONCTIONNALITES DES EMBALLAGES

La Fonctionnalité CONSERVATION

La Fonctionnalité LOGISTIQUE

La Fonctionnalité UTILISATION des PRODUITS

La Fonctionnalité INFORMATION

La Fonctionnalité EXPRESSION de la MARQUE

La Fonctionnalité PERFORMANCE ECONOMIQUE

L’EMBALLAGE et les CONSOMMATEURS

L’EMBALLAGE et les SENIORS

L’EMBALLAGE ET LES FANTASMES

L’EMBALLAGE fait VENDRE le PRODUIT :

IL FAUT SUPPRIMER les SUREMBALLAGES !

LE VRAC SUPPRIME 100% des EMBALLAGES !

IL FAUT REVENIR à la CONSIGNE !

VIVE Les EMBALLAGES BIODEGRADABLES !

L’EMBALLAGE et la SANTE

L’EMBALLAGE et la SECURITE PRODUIT

L’EMBALLAGE et le RESPECT de L’ENVIRONNEMENT

L’EMBALLAGE et la PREVENTION

L’EMBALLAGE et l’ECOCONCEPTION

L’EMBALLAGE et les DECHETS SAUVAGES

L’EMBALLAGE et le RECYCLAGE

L’EMBALLAGE et l’ECONOMIE CIRCULAIRE

Les METIERS de L’EMBALLAGE

L’EMBALLAGE et le LUXE

L’EMBALLAGE CONNECTE

L’EMBALLAGE et les MATERIAUX de DEMAIN

L’EMBALLAGE et le e-COMMERCE

L’EMBALLAGE et le NOMADISME

L’EMBALLAGE et le GASPILLAGE

L’EMBALLAGE « MARQUEUR » D’UNE EPOQUE

CONCLUSION

GLOSSAIRE

QUESTIONS « A LA CARTE »

A comme A QUOI CA SERT

B comme BIODEGRADABLE

C comme CHIFFRES

C comme CONNECTE

C comme CONSIGNE

C comme CONSOMMATEURS

C comme CONSERVATION

D comme DECHETS SAUVAGES

E comme ECOCONCEPTION

E comme E–COMMERCE

E comme ECONOMIE CIRCULAIRE

E comme respect de l’ENVIRONNEMENT

F comme FANTASMES

F comme FONCTIONNALITES

G comme GASPILLAGE

I comme INFORMATION

L comme LOGISTIQUE

L comme LUXE

M comme expression de la MARQUE

M comme MATERIAUX de demain

M comme MARQUEUR de son époque

M comme METIERS

N comme NOMADISME

P comme PERFORMANCE économique

P comme PREVENTION

R comme RECYCLAGE

S comme SANTE humaine

S comme SECURITE produit

S comme SENIORS

S comme SURREMBALAGES

U comme UTILISATION du produit

V comme fait VENDRE

V comme VRAC

INTRODUCTION

Pourquoi diable écrire sur l’emballage ?

Comparé à beaucoup d’autres sujets qui font régulièrement l’actualité, l’emballage est au fond une préoccupation qui n’intéresse pas ou peu nos concitoyens. Ou qui les concerne « à la marge », de temps en temps. A l’instar des trains, quand un emballage a un problème.

L’emballage, les emballages devrais-je dire en fait tant ils sont divers et variés, l’emballage souffre d’un manque de connaissance et de compréhension d’à peu près tout le monde : le grand public, c'est-à-dire les citoyensconsommateurs, une grande partie du business, le monde de l’éducation, les pouvoirs publics (qui parfois pourtant le réglementent), les médias aussi.

Une jeune ingénieure me raconta un jour un an après son embauche dans mon équipe de conception et d’innovation d’emballages « j’utilisais depuis des années un rouge à lèvres, je n’avais jamais imaginé la technicité et la somme d’innovations présentes dans la conception de l’emballage de ce produit, c’est juste incroyable ».

Dernièrement fin 2015, un des grands patrons d’un groupe du CAC 40 vint soutenir ses « troupes » lors d’une réunion de travail entre parties prenantes de l’emballage internes et externes à son entreprise.

Sa conclusion fut sans appel « Je suis venu avec vous aujourd’hui parce que je m’étais dit – l’emballage, c’est simple, je vais les aider, et peut-être même les impressionner ! - Après cette réunion, je dois avouer que l’emballage est un domaine infiniment plus complexe que je n’avais pensé, pas simple du tout. Merci de m’avoir ouvert les yeux ».

Nous vivons chaque jour avec de multiples produits qui ont des emballages, mais ces derniers font tellement partie de notre vie que nous ne les voyons plus vraiment.

Un peu comme une partie de notre corps que nous ignorons complètement tant qu’elle fonctionne correctement. Vous savez que vous avez un foie uniquement lorsque vous y avez mal ! Pas avant !

Quand nous rencontrons et que nous nous servons des emballages, nous n’imaginons pas la somme de fonctionnalités qu’ils assument.

Les créateurs d’emballages, les fabricants, les distributeurs, tous les membres « amont » de la chaine de valeur de l’emballage ont probablement pensé au fil du temps que c’est tellement évident que l’emballage est nécessaire et utile qu’il n’y a même pas besoin d’en parler.

C’est une grossière erreur.

Le « microcosme de l’emballage » dont je fais partie est parfois trop loin des préoccupations et des connaissances du consommateur de base. L’emballage a accompagné depuis 50 ans l’évolution de nos modes de vie et de notre consommation mais il souffre d’un manque récurrent d’informations pertinentes et complètes.

Les seuls dans le grand public qui parlent constamment de l’emballage sont ceux qui le critiquent.

Je dois avouer que j’éprouve une certaine lassitude et même de l’exaspération à force de lire et d’entendre que l’emballage est inutile, mauvais pour la planète et bien d’autres qualificatifs négatifs.

Je respecte totalement que certains puissent remettre en cause la société de consommation dans laquelle nous vivons. Qu’ils remettent en cause les institutions, la démocratie,… Et pourtant, le modèle actuel des pays développés fait tellement rêver l’immense majorité des habitants des pays pauvres que nous vivons des mouvements de migration sans précédents….

J’ai en tête l’image (toujours la même) de l’arrivée des premiers sauveteurs lors des catastrophes naturelles régulières qui sont relayées par les télévisions en continu, tremblements de terre, tsunamis, inondations,…. Les premiers secours apportent systématiquement des palettes d’eau en bouteilles, de l’eau en bouteille qui sera distribuable à chaque rescapé, immédiatement consommable sans risque pour la santé, sans perte, utile.

Il y a donc un immense travail de PEDAGOGIE à réaliser sur l’emballage et ce défi est l’objet de ce livre.

Lorsque l’on demande au citoyen de gérer des emballages vides usagés, ce dernier ne sait pas probablement pas ce que l’emballage a fait avant, il n’en comprend pas la provenance, ni le pourquoi.

Mon ambition est donc de réaliser une photo « panoramique » à 360° de ce vaste domaine qui va du pot de yaourt jusqu’à la palette en passant par les bouteilles de vin et les fûts métalliques.

Sans éluder aucun sujet, même ceux « qui fâchent ».

Ce n’est pas une approche technique détaillée du monde vaste et complexe de l’emballage. Un concepteur d’emballages n’y trouvera pas de réponse précise à un problème donné. Pas de courbes, de graphiques, de logigrammes. Ce n’est pas l’objectif.

Simplement des explications j’espère claires sur le pourquoi et le comment.

Des réponses aussi simples et compréhensibles que possible aux multiples questions que peut et doit se poser chaque citoyen-consommateur.

L’emballage est un monde varié, atomisé dans de multiples métiers organisés autour de produits de tous types. L’emballage est au service des produits qu’il conserve, transporte et pour lesquels il assure une grande partie de l’information ….

L’emballage est en fait la plupart du temps dissimulé derrière les produits qu’il sert. Indissociable d’eux.

La seule fois où l’emballage devient vraiment uni et visible est lorsqu’il se retrouve dans nos déchets ménagers ce qui, on en conviendra facilement, n’est pas son meilleur profil !

Enfin, j’espère pouvoir démontrer simplement que l’emballage des produits n’est pas un problème mais une solution !

Une solution pour l’hygiène, la santé, la sécurité des consommateurs. Une solution contre le gaspillage….

Une solution pour nous aider à mieux vivre au quotidien.

Tombé depuis 1976 (40 ans tout juste !!) dans la « marmite » de l’emballage, j’en suis devenu petit à petit un « expert ». J’y ai consacré une grande partie de ma vie professionnelle chez L’OREAL et depuis 6 ans je préside le CNE, Conseil National de l’Emballage.

Un très bon ami l’an passé a souhaité me motiver pour écrire ce livre en me disant : « Allez, lance-toi, tu es un véritable grand témoin de ce métier ! »

A la réflexion, je ne sais pas si le terme « grand témoin » est aussi gratifiant que cela car il souligne en premier lieu les longues années passées sur ce sujet et en conséquence ….l’âge qui va avec !!

J’espère toutefois que ma vision complète et non partisane de l’emballage permettra à chaque lecteur d’y voir un peu plus clair et de regarder d’un oeil nouveau ce compagnon méconnu de notre vie de tous les jours.

Ce bel inconnu.

UNE JOURNEE PARMI D’AUTRES

Fin du travail pour ce livre sur l’Emballage.

Je décide de consacrer une journée entière pour relire une énième fois l’ensemble des chapitres et modifier sur la forme ce qui doit l’être. Une journée de calme où pour une fois je suis seul dans la maison.

La sonnerie du réveil me rappelle à l’ordre.

Lever et lavage des mains (1)

Encore un peu engourdi et rêveur, je prépare mon petit déjeuner.

Des céréales (2), un yaourt (3), du pain grillé (4) et 2 compotes de fruits (5 et 6).

Je glisse une capsule dans la machine (7). Le café vient à mon secours pour me réveiller complètement.

Direction la salle de bains pour les ablutions matinales après un passage par les toilettes (8)

Le shampoing pour les cheveux (9), le savon (10) et un peu de déodorant (11) avant de m’habiller

Me voici fin prêt devant l’ordinateur. Un coup d’oeil par la fenêtre. Le soleil est vraiment très discret en ce début de journée d’avril. Pas de regrets donc.

J’avale les chapitres en prenant régulièrement un peu d’eau minérale gazeuse (12). En plein milieu de la partie sur les « consommateurs », la sonnette m’oblige à un premier break dans mon marathon. Le facteur livre une commande internet (13), un livre pour un de mes petits fils.

Retour au travail. Où en étais-je ? Le charme est un peu brisé. Je décide de profiter de cette coupure pour me dégourdir les jambes et aller chercher de quoi manger.

Je ramène des oeufs (14), du jambon (15) pour ce soir et du pain frais. Je n’ai pas le coeur à cuisiner pour moi seul et aujourd’hui, ce sera un de la « survie »

Retour devant l’ordinateur après cette trop courte pause. Fin des longs chapitres sur le « respect de l’environnement ».

Allez, arrêt déjeuner.

Au menu, des pâtes (16) avec un filet d’huile d’olive (17) et un peu de parmesan râpé (18). Sans oublier la pincée de gros sel

(19) dans l’eau de cuisson sinon les pâtes seront désespérément fades. Deux oeufs au plat avec sel (20) et poivre (21). Et un verre de vin rouge (22) pour faire passer le tout. Un seul car je ne veux pas m’endormir devant la suite des chapitres…

Trois carrés de chocolat (23) en guise de dessert et un déca bien serré cette fois (24)

Retour dans le bureau pour une grande ligne droite agrémentée de quelques verres d’eau pétillante et d’un chewing-gum (25) pour me donner de temps à autre une bouffée d’air mentholé…

Le soir commence à tomber au moment d’aborder les derniers chapitres. Détour par la cuisine pour prendre un comprimé contre le mal de tête (26).

Alerte !!!!! Et si ce mal de tête venait de la lecture du livre ???

Non, je plaisante. C’est bien sûr le confinement dans la maison toute la journée et l’attention continue sur l’écran qui sont les fautifs….

Je décide néanmoins d’arrêter là. Je relirai les quatre derniers chapitres demain matin mais là, je n’en peux plus !

Je m’écroule devant la télé avec un frugal plateau repas : pain, jambon blanc, beurre (27), cornichons au vinaigre (28) et un nouveau verre de vin.

Après un documentaire sur la grande guerre, je décide d’aller me coucher. Lancement du lave-vaisselle après avoir mis le produit ad ’hoc (29)

« Pipi, les mains, les dents (30) » comme je disais à mes enfants ! Un nettoyage rapide du visage avec un peu de lait (31) sur un coton (32),

Un grand verre d’eau plate (33) et un mouchoir en papier sous le traversin (34)

Extinction des lumières.

C’est en essayant de trouver le sommeil que je me suis mis à compter combien d’emballages j’avais pu utiliser dans ma journée ?

Une journée assez représentative de mes habitudes de consommation.

Bien sûr je ne compte qu’une fois les bouteilles d’eau, le vin, le pain et tous les produits plusieurs fois utilisés. Les produits que l’on appelle dans le métier les produits multidoses par opposition à ceux qui ne servent qu’une seule fois.

Je ne peux m’empêcher de sourire en pensant à mon épouse qui touche bien plus de produits que moi dans la cuisine et qui se maquille chaque matin…. Avec un compteur bloqué à 34, je me fais l’effet d’un petit joueur.

Je m’endors en me promettant de rajouter le lendemain ce premier chapitre en guise d’illustration pratique…

Au total, j’ai touché dans la journée 34 emballages différents :

- 7 emballages jetables après une seule utilisation

- 27 emballages multidoses

Une journée parmi d’autres.

Il se consomme chaque année en France près de 100 milliards d’UVC (unités de vente consommateur) de produits de grande consommation c'est-à-dire en moyenne 1500 par an et par habitant ou encore environ 5 par jour, chiffre assez stable en très légère augmentation.

Comme toute moyenne, cela intègre des populations assez différentes, urbaines et rurales, jeunes et âgées.

Dans mon cas, le calcul détaillé des 27 produits multidoses (eau, vin, sel, poivre, savon, dentifrice,….) montre qu’en moyenne je jette 3 de ces produits par jour ce qui fait un total de 10 (7monodoses + 3multidoses) jetés par jour supérieur à la moyenne mais assez représentatif d’un adulte urbain.

DES EMBALLAGES POUR QUOI FAIRE ?

La première question, question essentielle d’ailleurs, est de se demander pourquoi l’homme utilise des emballages ?

Coluche disait avec humour : « Dites-nous ce dont vous avez besoin et on vous apprendra à vous en passer !!!»

Est-ce que c’est aussi simple que cela pour les emballages ?

A-t-on besoin des emballages ? A QUOI CA SERT ?

Je vais prendre pour répondre à cette question l’exemple de la nourriture (et des boissons) qui représentent dans les pays développés environ 70% du tonnage des emballages dits « ménagers », ceux jetés après usage par chaque citoyen.

L’homme tout au long de l’évolution qu’il a connue au cours des siècles a eu à faire face à deux enjeux fondamentaux pour sa nourriture et donc sa survie: la production et la conservation de ses aliments.

Prenons tout d’abord la conservation. Du chasseur-cueilleur du début qui consommait immédiatement ce qu’il produisait, l’homme est devenu petit à petit « cultivateur » et éleveur.

Ses productions se faisaient alors au gré des récoltes et des abattages quand dans le même temps il visait une consommation la plus régulière possible.

Dit autrement, l’homme a eu besoin de réconcilier une consommation étalée au fil des jours et une production par nature plutôt discontinue.

Dès ce moment et sauf à perdre de la nourriture, il a été amené à stocker ce qu’il ne mangeait pas immédiatement et qui serait irrémédiablement perdu s’il ne faisait rien.

Les emballages étaient nés.

Du besoin de conserver et de protéger la nourriture des intempéries et des prédateurs de tous genres.

Nous récoltons en été quelques dizaines de kilos de framboises et en faisons de la confiture ou de la gelée. Les bocaux et leurs fermetures viennent tout naturellement assurer le « job » et nous permettre une consommation quand nous le désirons, étalée sur l’année.

Des études répétées de la FAO (organisation mondiale des Nations Unies pour la nourriture et l’agriculture) soulignent d’ailleurs combien les pays en voie de développement perdent de la nourriture potentielle pour leurs habitants faute d’avoir pu la mettre correctement à l’abri.

Des chiffres récents parlent de 30% de l’agriculture mondiale qui serait perdue faute d’avoir été conservée.

Nous y reviendrons plus loin mais il apparait déjà évident que l’emballage pour ces pays pourrait jouer le même rôle que dans les pays développés, un rôle important dans le traitement de ces pertes abyssales.

Le deuxième enjeu est lié à la production elle-même.

Les hommes se sont petit à petit spécialisés dans leur travail et dans leur production. Au Moyen Age, plus de 95% de la population travaillait pour se nourrir (mal) et pour nourrir (mieux) les quelques % restant. Il est probable que pour les 95% qui produisaient, ce qu’ils consommaient eux-mêmes avait besoin de peu d’emballages au-delà de la conservation.

Pour les 5% restant qui vivaient en ville ou dans les châteaux, les produits étaient déjà emballés afin d’être transportés.

En 1900, 50% de la population active était encore « agricole ».

En 2015, moins de 5% des actifs dans les pays développés de l’Europe de l’Ouest suffisent pour produire les éléments de base de la nourriture à destination de la totalité de la population Sans compter qu’une partie de cette production part à l’exportation !

Le progrès technologique et l’industrialisation sont passés par là…

Ce qui veut dire que la production des ingrédients de base de la nourriture (faite par moins de 5% de la population) est structurellement déconnectée dans le temps et dans l’espace de la consommation finale (faite par 100%).

Au-delà donc de l’enjeu « conservation », cette discontinuité entre la production et la consommation impose que les denrées soient emballées d’une façon ou d’une autre.

Sauf à vouloir revenir en arrière, ce que personne n’imagine ni ne souhaite, cette double nécessité perdure aujourd’hui.

Ce que nous venons de voir pour la nourriture est valable pour tous les biens autres que l’homme consomme, les habits, les médicaments, les produits d’hygiène, le bricolage,…

Combien y a-t-il d’usines en France qui produisent encore des vis et des boulons ??? Allez, pour rester optimiste, je dirais quelques-unes. Pour alimenter la consommation de plusieurs millions d’artisans et ouvriers utilisateurs sans compter les très nombreux bricoleurs du dimanche qui s’approvisionnent auprès des distributeurs spécialisés.

Entre les deux, production et consommation, il faut stocker et mettre à disposition pour la vente. Il y a besoin d’emballages.

Dès que la production d’un bien physique (quel qu’il soit) est déconnectée du moment et/ou du lieu de sa consommation, un emballage est indispensable.

Dans notre monde moderne d’ultra spécialisation et d’industrialisation, l’immense majorité des produits répond donc à l’obligation d’être emballée.

Ce n’est pas la tendance mondiale à voir de plus en plus vivre les humains dans des mégalopoles qui inversera les choses.

Même des exemples de consommations dites « alternatives » comme les produits de la ferme ou le « vrac » obéissent à cette logique.

J’ai le souvenir d’avoir été « chercher le lait » quand j’étais enfant à une ferme située dans mon village. J’utilisais un pot en aluminium muni d’une fermeture dans le même métal. Un emballage réutilisable que ma maman lavait après chaque usage. Aller chercher des produits sur leur lieu de production, c’est venir avec des emballages vides qui permettront de ramener chez soi les produits.

La vente en « vrac », à la coupe ou au poids est une façon de distribuer la nourriture aussi vieille que le monde et elle a perduré jusqu’à aujourd’hui dans nos marchés « traditionnels ». Les primeurs et autres fromagers présents chaque semaine dans les villages ou les quartiers de grandes villes sont là pour en témoigner.

Ce circuit de distribution a très fortement diminué en France durant les 50 dernières années avec l’essor du commerce dit « moderne » pour lequel les produits sont très souvent préemballés.

Certaines enseignes qui vendent des denrées « en vrac » mettent aujourd’hui en avant l’absence d’emballages de ce type de distribution. Cela est faux, c’est du « greenwashing » à bon compte car les produits vendus ont des emballages, en amont avant l’arrivée dans le magasin et en aval pour aller chez le consommateur, sans oublier les « stockeurs » intermédiaires dans le magasin. Ces emballages sont bien sûr différents de ceux des produits préemballés mais ils existent.

A noter au passage que je ne donne à ce moment aucun qualificatif supplémentaire à l’emballage.

L’emballage pourra être réutilisable plusieurs fois ou non réutilisable (à usage unique).

Nous verrons par la suite que comme toute activité humaine, l’emballage obéit à des règles « économiques » qui viendront expliquer le choix de telle ou telle solution.

Mais quel qu’il soit, réutilisable ou à usage unique, l’emballage est strictement nécessaire et dire le contraire serait nier l’évidence.

Les emballages ménagers que chaque citoyen consommateur voit chaque jour et dont nous parlons depuis le début représentent environ 40% en poids de tous les emballages.

Les autres emballages, industriels et commerciaux (appelés encore B2B) qui représentent 60% du tonnage total obéissent à la même logique.

Les matières premières et les produits intermédiaires sont fabriqués en peu d’endroits et utilisés par beaucoup sur le territoire.

Il y a la même discontinuité entre la production et la consommation, consommation par les industriels et le commerce cette fois. Et donc la même nécessité d’emballer.

Pour prendre un exemple concret, les usines qui fabriquent les produits de grande consommation, alimentaires ou autres, reçoivent tout ou partie des emballages qu’ils vont utiliser pour conditionner leurs produits.

Ces emballages vides avant conditionnement sont eux-mêmes emballés !

Des flacons en verre sur palettes avec housse plastique et intercalaires en carton, des capsules plastiques dans des sacs en plastique souples eux-mêmes dans des cartons, des rouleaux d’étiquettes imprimées et des étuis pliants imprimés dans des caisses américaines en carton ondulé,….

La réponse à la question initiale est donc claire : oui nous avons besoin d’emballages.

Désolé sur ce coup-là Coluche !!!

QUELQUES CHIFFRES SUR LES EMBALLAGES

Avant d’aller plus loin dans l’analyse qualitative détaillée du monde de l’emballage, il est utile je crois de donner quelques chiffres afin de « dimensionner » le sujet. Je ne donnerai pas de chiffres comptables mais des ordres de grandeur. Selon l’adage mis en exergue de ce livre, pour que cela reste simple !

Les emballages consommés en France représentent sur 1 an 12 millions de tonnes – 4,5 millions pour les emballages ménagers et 7,5 millions pour les autres (industriels et commerciaux).

La question immédiate qui vient à l’esprit : est-ce beaucoup ? Est-ce peu ?

Les chiffres officiels des déchets en France (source ADEME, agence nationale pour la maitrise des déchets et de l’énergie) peuvent se résumer ainsi :

- 355 Millions de tonnes de déchets par an au total (sans parler des déchets de l’agriculture et de la sylviculture)

- dont 260 Mt pour les seuls « bâtiment et travaux publics »

- dont 11 Mt pour les déchets dangereux.

- dont 30 millions de tonnes pour les déchets ménagers (inclus les déchèteries) déchets ménagers qui représentent donc 8% du total

- dont 4,5 millions pour les emballages ménagers qui représentent donc 15% des déchets ménagers et un peu plus de 1% du total général des déchets

Rapporté au grand total et en comparaison avec les déchets dangereux par exemple, on pourrait aisément (et trop rapidement peut-être) conclure que les emballages représentent peu.

En tonnage en tous cas, c’est vrai.

D’autant qu’en plus, par définition, les emballages sont des déchets inertes, non dangereux, on le verra par la suite dans les fonctionnalités.

Pourquoi alors les pouvoirs publics et les médias fustigent-ils régulièrement le trop d’emballages ?

Revenons pour comprendre aux déchets générés.

Le citoyen de base ne voit jamais d’autres déchets que ceux qu’il génère tous les jours. C'est-à-dire les déchets ménagers.

Aucun d’entre nous n’imagine ni ne visualise que la France génère 355 millions de tonnes de déchets par an et même un peu plus avec l’agriculture et la sylviculture.

Quand on parle « déchets » à l’immense majorité des citoyens, ils comprennent « mes déchets », ceux qu’ils voient et manipulent tous les jours.

Les déchets visibles sont donc pour le citoyen les déchets ménagers, environ 30 Mt. Ces déchets sont matérialisés par les 2 poubelles du ménage et les déchetteries.

Le tri des emballages recyclables est maintenant bien ancré dans les habitudes du citoyen et celui-ci alimente deux poubelles :

- Une poubelle dite « jaune » pour le recyclage (on peut les trouver çà et là de couleur différente, on est en France tout de même !)

- Une grise pour le reste

Au niveau poids, il n’y a pas photo. La poubelle jaune est toujours légère, même pleine. D’autant que les verres étant traités majoritairement en apport volontaire dans les bennes vertes que chacun connait, le poids collecté dans les poubelles jaunes est plus proche de 5% des ordures que des 15% évoqués plus haut.

Mais au niveau visuel, au niveau volume en fait, c’est une autre histoire !

Tout se passe comme si 50% des déchets ménagers - 1 poubelle sur 2 - étaient dus aux emballages.

D’où le paradoxe vécu par les citoyens, les emballages ménagers vides représentent 1,3% en poids des déchets officiels mais 50% des déchets visibles par lui.

Un peu rapidement sans doute, le citoyen peut penser et croire que la moitié des déchets à traiter dans notre pays sont des emballages vides.

Comme par définition les hommes politiques et les pouvoirs publics sont particulièrement attentifs aux préoccupations des citoyens, les emballages vides se retrouvent souvent en première ligne lorsque l’on parle de déchets.

De plus, ces emballages sont majoritairement très légers. Ils accompagnent le consommateur hors de chez lui et sont