Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses - Pierre Louÿs - E-Book

Histoire du roi Gonzalve et des douze princesses E-Book

Pierre Louys

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Beschreibung

Dans le palais royal, douze charmantes princesses vont être initiées aux plaisirs de la chair...

POUR UN PUBLIC AVERTI. Le roi Gonzalve a douze filles chastes qu'il tient à initier aux choses de l'amour, y compris aux plaisirs saphiques, même si elles « savent tout sans avoir rien appris ».
Imprimé et diffusé sous le manteau à la mort de Pierre Louÿs, le scandaleux roman demeure cependant inachevé, se terminant à l'apparition de Tertia, la troisième des filles.

Dans ce court récit érotique, l'incorrigible Pierre Louÿs s'attaque aux contes de fées qu'il parodie à sa façon.

EXTRAIT

II était une fois un roi et une reine qui eurent douze filles en dix ans.
Quand l’aînée eut dix-huit ans et la plus jeune sept et demi, le saint confesseur des douze princesses demanda une audience au roi, une audience particulière. Il l’obtint un soir, toutes portes fermées.
— Sire, lui dit-il, je ne saurais, même à vous, révéler un secret du confessionnal ; mais il m’est revenu par ouï-dire que le Malin tente Leurs Altesses...
— En vain, monsieur l’abbé ?
— En vain. Cependant, afin d’échapper à la tentation, elles se livrent toutes à certaines pratiques... parfois solitaires... parfois non...
— Qu’entendez-vous par là ? Recevraient-elles...
— Personne ! mais ces pratiques, dont Votre Majesté ne peut concevoir les détails, se perpètrent en commun. Bref, Leurs Altesses, nuit et jour, ne songent qu’aux désirs de la chair et aux moyens furtifs de les apaiser.
— Je vous remercie, monsieur l’Abbé, dit le roi. Cette question ne concerne que mon autorité. Allez trouver la reine. Dites-lui que son récent projet de passer quelques mois dans un monastère ne me déplaît pas. Je l’approuve dès ce soir. Conduisez la vous même à cent lieues d’ici, et restez auprès d’elle ; soyez le confesseur de Sa Majesté. Cette charge de premier rang est la grâce que j’accorde à vos bons offices.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierre Louÿs (1870-1925), né à Gand et mort à Paris, est un poète et romancier français, également illustre sous les noms de plume Chrysis, Peter Lewys et Pibrac. Il fonde en 1891 la revue littéraire La Conque, où sont publiées les œuvres d'auteurs parnassiens et symbolistes, parmi lesquels Mallarmé, Moréas, Verlaine ou encore Leconte de Lisle. Outre Aphrodite, La Femme et le pantin ou encore Les Aventures du Roi Pausole, Pierre Louÿs a rédigé de nombreux romans érotiques, peu à peu révélés à titre posthume.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

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1

II était une fois un roi et une reine qui eurent douze filles en dix ans.

Quand l’aînée eut dix-huit ans et la plus jeune sept et demi, le saint confesseur des douze princesses demanda une audience au roi, une audience particulière. Il l’obtint un soir, toutes portes fermées.

— Sire, lui dit-il, je ne saurais, même à vous, révéler un secret du confessionnal ; mais il m’est revenu par ouï-dire que le Malin tente Leurs Altesses…

— En vain, monsieur l’abbé ?

— En vain. Cependant, afin d’échapper à la tentation, elles se livrent toutes à certaines pratiques… parfois solitaires… parfois non…

— Qu’entendez-vous par là ? Recevraient-elles…

— Personne ! mais ces pratiques, dont Votre Majesté ne peut concevoir les détails, se perpètrent en commun. Bref, Leurs Altesses, nuit et jour, ne songent qu’aux désirs de la chair et aux moyens furtifs de les apaiser.

— Je vous remercie, monsieur l’Abbé, dit le roi. Cette question ne concerne que mon autorité. Allez trouver la reine. Dites-lui que son récent projet de passer quelques mois dans un monastère ne me déplaît pas. Je l’approuve dès ce soir. Conduisez la vous-même à cent lieues d’ici, et restez auprès d’elle ; soyez le confesseur de Sa Majesté. Cette charge de premier rang est la grâce que j’accorde à vos bons offices.

***

Dès que la reine et le prélat eurent quitté le palais, le roi Gonzalve fit appeler une demoiselle de la Cour, et, toutes portes fermées pour la seconde fois, il lui permit de s’agenouiller familièrement entre ses jambes.

— Le jour où je t’ai nommée fille damoiselle de Leurs Altesses, que t’ai-je dit, Chloris ? Tu rougis ?

— Que vous me faisiez la grâce de bander pour moi,Seigneur, encore que j’en fusse indigne.

— Ensuite ?

— Que je semblais moins indigne d’inspirer un désir, quand je me mis nue de la tête aux pieds.

— Ensuite ?

— Que mes façons de baiser étaient assez chaudes pour me faire pardonner la perte et absence de mon pucelage.

— Ensuite ?

— Que je n’étais pas moins pardonnable de savoir ouvrir mes fesses, prêter ma langue ou ma bouche ; que l’on me soupçonnait d’être gousse, mais que vous me trouviez, Sire, assez tendre putain pour devenir fille d’honneur…

— De mes filles.

— Dès le lendemain, j’ai pu vous dire que toutes les douze étaient pucelles…

— Mais que tu n’avais rien à leur apprendre.

— Les filles du roi savent tout sans avoir rien appris.

— Et pourquoi le Roi qui a tant appris ne sait-il pas tout ?

— Pour que j’aie le plaisir de lui dire le reste.

Après un instant de silence, le roi lui fit signe d’approcher et de parler à l’oreille ; ce qu’elle fit, toujours agenouillée, dans ses bras.

— Elles sont à point. Laquelle voulez-vous pour cette nuit ?

— Comment devines-tu que je n’en veux qu’une ?

— Cœur d’amoureuse devine tout ce qu’on ne lui dit pas.

— Même celle des douze que je vais nommer ?

— Oui ; et que votre choix m’est assez connu pour que j’ose vous le souffler tout bas.

— Si c’était toi ?

— Non, Sire, vous êtes trop bon et plus que je ne suis sotte. Puis-je tenter de lire dans vos yeux celle que vous choisiriez vous-même ? »

Les douze princesses portaient de simples noms : Prima, 18 ans ; Secunda, 17 ; Tertia, 16 ; Quarta et Quinta, jumelles, 15 ; Sexta, 14 ; Septima, 13 ; Octava, 12 ; Nona, 11 ; Decima, 10 ; Puella, 9 ; Parvula, 7 1/2.

— Pas si tôt, répondit le roi. Quelle est la pire des douze ?

— Toutes.

— Diable !

— Elles ont pris pour maxime morale : « Branlez-vous les unes les autres » et ne jouent à aucun jeu qui ne se termine ainsi.

— Lesquelles sont femmes ?

— Les six premières ; mais la septième est une des plus enragées ; et les cinq petites sont les plus obscènes.

— S’il en est ainsi, je te prends au mot, ou, pour le mieux dire, à la motte, Chloris. Compte les poils par où je te tiens. C’est ma façon de tirer au sort.

Chloris surprise en compta sept.

— Sept poils désignent Septima, dit le roi.

— C’est plus de poils qu’elle n’en a ! fit Chloris en riant. Mais elle est enragée, ne viens-je pas de vous le dire ? et ce serait dommage que de la dépuceler par devant.

— Cela signifie que… ?

— Que les trouvant pucelles et si chaudes, vos filles, je leur ai donné à toutes le désir, l’instinct, le goût de…

— N’achève pas. Mon intelligence est considérable. J’ai compris.

— Septima ne mit pas plus de temps à comprendre ma pensée. Elle est à point, comme ses sœurs.

— Va la chercher. Amène-la telle qu’elle est. Ne dis rien aux autres. Préviens la petite quand tu seras seule avec elle et soyez dans ma chambre aussitôt après.

2

Chloris, prit Septima telle qu’elle était : toute nue. Et, si peu de temps quelle se trouva seule avec la petite princesse, elle sut parler et se faire comprendre. Septima ne s’étonnait de rien ; elle entra nue, fit une révérence et dit :

— Bonsoir, papa. Je peux coucher avec toi ?

— Si tu es sage.

— Non. Je ne serai pas sage du tout. Mais çà fait rien.

— Si tu ne dois pas être sage, Chloris va rester. C’est plus prudent.

— Oh ! oui ! c’est plus prudent ! répéta Septima, non sans cligner de l’œil vers sa fille d’honneur.

Celle-ci toujours debout dans sa longue robe légère, vint dire à l’oreille du roi que Septirna était prévenue, qu’elle savait que toute franchise lui était accordée pour la nuit, et qu’elle répondrait sans détours à un interrogatoire.

— Septima, dit le roi, qu’est-ce que tu sais le mieux ?

— La morale.

— Ah ? et quelle distance y a-t-il entre le vice et la vertu ?

— La même qu’entre le con et le cul : un petit doigt.

— Cela commence bien. Combien as-tu de vertus et de vices ?

— J’ai deux vertus, mes deux trous. Et deux vices, mes deux trous aussi. Faut-il dire pourquoi ?

— Oui. Je crois que tu sais trop de morale, tu parles obscurément comme la philosophie.

Sans la moindre timidité, Septima se coucha en travers du lit et, tout au bord, leva les jambes.

— Ma première vertu, c’est mon pucelage, quand je le montre. Est-ce vrai ? Regarde. Et ma seconde vertu est un peu plus bas. C’est encore un pucelage ; j’en ai partout.

— Mais alors où sont tes vices ?

— Les mêmes trous quand je me branle avec deux doigts dans le cul ; mais je n’aime pas les miens, j’aime mieux ceux de mes sœurs, et surtout… j’aime mieux ceux de Chloris.

— Quels sont tes devoirs envers Chloris, puisque tu sais tant de morale ?

— Mes devoirs envers Chloris ? Je ne pourrai pas les dire tous sans les remplir en même temps mais je ne les remplis bien que si elle est toute nue.

Avec l’assentiment du roi, la jeune fille d’honneur laissa tomber sa robe, sa chemise et le reste de ses vêtements.

— Sire, dit-elle, je ne lui ai pas appris à dire ce que vous allez entendre, mais Son Altesse n’est pas en peine d’inventer sept devoirs si je les lui demande. Quel est le premier ?

— Lui dire qu’elle est belle, et que je l’aime de tout mon cœur, de tout mon con, de tout mon cul.

— Le second ?

— Lui baiser la bouche et ne pas lui faire de reproches si sa langue sent le foutre de mes sœurs aînées.

— Le troisième ?