Insomnies - Céline S. Henry - E-Book

Insomnies E-Book

Céline S. Henry

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Beschreibung

« J’ai enfin commencé à écrire un soir d’insomnie. Depuis le temps que j’en rêvais. Sur la surface hideuse j’ai osé poser la pointe divine. Elle était glaciale, comme à son habitude. Puis dans un mouvement sec, elle a tranché. Merci, mon séjour fut charmant. On entendait tomber la neige… » Il en résulte ce recueil, débutant par la prise de la plume et se terminant par une révolution. Entre les deux : l’émotion. Brute. Toutes les émotions. Mais quelle que soit la direction empruntée, une chose fondamentale reste inchangée : on y plonge fiévreusement et tout entier, jusqu’au bout et même au-delà ; s’abandonnant avec fureur et intensité pour en explorer les recoins les plus secrets, quitte à se perdre au cours du voyage dans les fractales d’un paysage sensoriel bâti de poésie.

À PROPOS DE L'AUTEURE

Céline S. Henry est née à Istanbul en Turquie en 1990, d’un père turc et d’une mère française. Elle grandit en France puis s’installe en Suisse pour suivre ses études d’ingénieur, qu’elle complète ensuite avec un doctorat en neurosciences. Elle découvre l’écriture en 2014 et autopublie son premier recueil de poésie, Foreigner, sous le nom de Selin Anil. Elle reprend la plume en 2019 pour donner naissance à Insomnies.

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Céline S. Henry

INSOMNIES

 

 

À mes parents

 

Le monde secret lové entre le jour et la nuit regorge de tant de vie ! Un monde à part, pas tout à fait dans l’éveil ni vraiment dans le sommeil ; un monde débordant de trésors, refuge d’une beauté sensible dérobée ; un monde où bourgeonnent avec délice des univers entiers ; un monde où naissent, fleurissent et flétrissent des personnages hauts en couleur, des émotions chamarrées, où se développent des histoires fulgurantes et cristallisent des images flamboyantes de clarté. Des images inédites, exacerbées par la fatigue lancinante, apparaissant comme grossies sous une loupe déformante qui semble rendre saillantes des caractéristiques jusque-là jamais révélées. Soudain l’image s’impose, plus équivoque que le galimatias d’émotions informe dont elle jaillit. Soudain l’image semble être la source même de tout, à elle seule plus limpide que tout autre forme de ressenti et d’expression. Elle se dresse comme une évidence et n’exige qu’à être (d)écrite par la plume esclave de l’auteur.

L’auteur, docile servant, apprend alors à se laisser guider au cours des insomnies. Les filtres se lèvent, la logique faillit, les barrières chavirent et la porte des possibles s’ouvre. La conscience enfin baisse la garde et laisse ainsi le loisir à l’image autonome de cristalliser des états intérieurs jusqu’alors inexplicables et inexpliqués, comme séquestrés. De la même manière que la plus infime particule primaire déclenche la cristallisation d’un fluide métastable : une fois que l’image a décidé que son temps est venu, les éléments se mettent en place à une vitesse foudroyante, dans une évidence éblouissante.

Alors l’auteur s’empare de la plume. Exilé au creux de ces heures tues qui n’existent que pour les rares âmes sachant les accueillir, il offre son corps dans cet état tiers à la délivrance des images dans le tangible. En les couchant non seulement il leur donne naissance, mais également les pérennise ; si bien que, dès le moment même de leur genèse, elles s’inscrivent dans le domaine sécurisé interdit à l’oubli. Alors après, seulement après, après l’enfantement le sommeil est possible. L’esprit est soulagé de cet état obsédant auquel il était assujetti ; il est libéré, rincé sans avoir pour autant pris le risque d’égarer l’essence de la substance qui l’accablait : la boue qui le souillait ou le nectar qui le colorait, et qui maintenant teinte harmonieusement une paisible page de cahier. Alors pour une nuit au moins, l’esprit à nouveau serein et léger enfin peut en un souffle se dissiper dans le sommeil.

 

À présent, je souhaiterais partager avec vous, lecteurs, un voyage. Je vous invite à un itinéraire à travers mes images : des instants d’amusement ou d’effondrement, des rebondissements et des plongeons le long des pérégrinations de la vie ; des suspensions, des fêlures et des fragments de beauté qui garantissent que l’émerveillement jamais ne s’épuisera. Je vous invite, chers lecteurs, à un voyage dans le brut de l’émotion.

 

À Tania

 

J’ai commencé à écrire un soir d’insomnie. Il était tard et j’avais des choses à dire. Et personne pour les écouter. Alors je me suis emparée de ce vieux stylo, celui au fuselage rouge scintillant estampillé du nom de cet institut psychiatrique bourré d’incompétents. Un peu comme un cadeau sournois, rappelant à chaque liste de course, chaque post-it destiné à la porte du frigo la douleur nourrie de honte tassée sous l’oubli ; comme un souvenir de parc d’attractions ou d’hôtel de luxe qui crierait : « N’oublie pas notre histoire passée ! » Merci, mon séjour fut charmant.

Et pourtant ce stylo, j’aurais pu m’en séparer, depuis le temps. Des stylos, distribués à tout va par les compagnies d’assurances, banques et autres activités tertiaires, il y en a à la volée. Certes, ils manquent de panache, pleurent tous leur sempiternelle encre bleue ou noire de leur tube en plastique bon marché marqué lui aussi de leur parenté. N’oublie pas l’histoire qui fut la nôtre ! Ils sont là, nombreux, dans un coin ou l’autre de l’appartement, vestiges de rendez-vous passés, tant qu’ils ont encore un filet de bave à cracher ou une dernière larme à verser – et parfois même longtemps après, pour des raisons mystérieuses que je ne m’aventurerai pas à tenter d’expliquer, au risque de m’éparpiller. Mais celui-ci, ce stylo bleu au fuselage rutilant n’appartenait simplement pas à la même race. Il était aussi unique dans la population de stylos de ces compagnies d’assurances qu’un pinceau l’aurait été au milieu des crayons. Tout d’abord, il avait ceci de spécial qu’il était en métal, assurant ainsi au bout de l’index une surprenante fraîcheur d’une constance exemplaire. Mais sa particularité résidait véritablement en sa veine. Une veine chargée d’un sang noble qu’il savait distiller avec la parcimonie de ceux qui dévoilent un trésor, avec une grâce et une mesure, résultat d’un mariage étrange entre une fierté à peine cachée et une réticence des plus jalouses. Sa pointe effilée assurait un frottement exagéré sur le papier, qui, semblait-il aux doigts gouvernant ladite torture, marquait un franc sillon, profond mais si étroit qu’il s’apparentait plutôt à une entaille. Et de cette lame acérée l’encre précieuse ainsi déposée avec avarice conférait à l’écriture la plus médiocre une élégance quasi-divine. Cela ne laissait aucune place au doute, il s’agissait d’un stylo d’exception. Merci, mon séjour fut charmant.