Iris Solemnis - Julie-Anne de Sée - E-Book

Iris Solemnis E-Book

Julie-Anne de Sée

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Beschreibung

Iris est une dominatrice raffinée : trouvera-t-elle satisfaction auprès de ses soumis ?

Dominatrice affirmée, Iris exerce ses sévices et sa perversité bienveillante avec raffinement et élégance.
Toujours curieuse d'expériences inédites, elle tentera d'élargir de nouveaux champs du possible. Elle ira à la rencontre d'un autre postulant qui a su un temps capter son attention, alors que J., la jolie néophyte, viendra s'offrir à elle. Résistera-t-elle à ces tentations ? Y trouvera-t-elle toutes les satisfactions qu'elle en avait escomptées ?
Ces errements la ramèneront à son seul soumis véritable : son O, l'homme aimé, qui lui a fait don de tout son être. Elle tentera de le percer à jour, en l'entraînant toujours plus loin, pour scruter en son âme les désirs inavoués qu'elle pressent. Elle l'accompagnera dans la quête de lui-même, au risque de le perdre. Parviendra-t-elle à le mettre face à ses fantasmes et à lui révéler qui il est vraiment ?
La relation qu'entretiennent Iris et ses soumis montre ce que peut être la domination féminine, ses pratiques, cette complicité de tous les instants, le respect, l'empathie et l'amour qui la guident et la fondent.

Découvrez ce roman érotique : jeux, séduction et bondage seront au rendez-vous !

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Julie-Anne de Sée

IRIS SOLEMNIS

OPUS 2 EN O MAJEUR

Roman

ISBN : 979-10-388-0043-4

Collection : ALCÔVE

ISSN : 2678-2553

Dépôt légal : novembre 2020

© couverture Vera Mar pour Ex Æquo

© 2020 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

88370 Plombières Les Bains

La vie met parfois sur notre chemin des êtres rares,

avec lesquels, enfin, l’âme fusionne.

Elle devient plus ample, plus lumineuse.

Elle ressemble alors à un roman

Préface

« Une histoire de domination et de soumission se tisse avant tout dans les liens d’une relation humaine authentique. »

C’est ce qu’écrit Julie-Anne de Sée dans cette œuvre au goût charnel et envoûtant.

Et c’est ce que vous lirez le long des pages de cette Iris flamboyante et Ô combien Femme.

Vous converserez avec son fouet, et selon vos affinités, votre bras aura envie de le prendre, ou bien votre corps en tremblera de plaisir.

Tout comme O. Son amant, son soumis, son amour.

Sans oublier Arthur, celui qui s’imagine que… ni la mystérieuse J., follement amoureuse de… et un quatrième qui s’invite à la fin, à la fête des sens et offrira un tournant, qui peut-être…

Vous vibrerez au son des peaux cinglées, caressées, embrassées, adorées.

Vous serez le trou de la serrure ; vous regarderez avec gourmandise et convoitise ce qui se passe derrière la porte. Vous aurez le souffle coupé, la respiration hachée, vous vous lécherez vos lèvres, vos dents les mordilleront. Vous comprendrez alors la vénération que suscite cette Iris à la main sûre et au cœur d’or. Et, selon qui vous êtes, vous aurez envie d’être à sa place ou à celle de ceux qui baisent ses pieds.

La soumission et la domination sont les maîtres de ces lignes aux mots enflammés, à l’imparfait du subjonctif qui subjugue, à la perfection de la langue, au savoir-écrire.

Je ne peux que vous souhaiter d’avoir chaud.

Belle lecture à vous.

Jeanne Malysa

Avertissement

Cette histoire et ses personnages n’existent que dans l’imagination de l’autrice.

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite, fruit d’un hasard qui, comme chacun sait, est souvent facétieux.

PRÉLUDE :L’après-midi d’un Faune

Il aurait adoré qu’Iris fût plus intrusive. Il aurait aimé des questions qu’elle s’abstenait d’amener, comme pour déjà le frustrer. Elle retenait les propos qui eussent entraîné des confidences, des aveux qu’elle ne voulait pas encore entendre. Il osait donc parfois prendre les devants. L’initiative de quelque galanterie qui, déposée ailleurs, aurait pu sembler déplacée. Ainsi, il lâchait des petites phrases, espérant sans doute la provoquer afin qu’elle s’offusquât, que cela provoquât son ire de Dominatrice. Au détour d’un échange où il était question d’un sujet sérieux dont ils discutaient un jour, il écrivit :

« Je suis bavard, mais j’aime être nu. À genoux, entre les cuisses de mon interlocutrice. La qualité de la discussion peut ainsi en être intensifiée. ».

Plus tard il lui avoua :

— Je suis assez exhibitionniste. S’il vous venait à l’idée de faire de moi un homme à votre botte, je suis tout prêt à mettre cette tendance en pratique. Cela nous permettrait de vérifier dans « la vraie vie » si cela peut fonctionner pour vous inspirer certains sévices.

Ou bien il se plaignait, geignait, faisait mine de gémir, exhalait des soupirs à faire flancher Ulysse afin, du moins l’espérait-il, de la pousser dans ses ultimes retranchements :

— Vous êtes décidément experte en frustration !

Plus tard, il faisait l’âne pour avoir du son en toute hypocrisie quand elle le menaçait d’une punition de la plus extrême sévérité pour avoir outrepassé certaines limites :

— Vraiment ? Je serai puni ? Quelle horreur !

À moins qu’il ne tentât en la faisant rire de susciter sa pitié pour la retenir encore, tandis qu’il était dans un train qui l’emportait vers une lointaine province, le distançant d’elle malgré tout :

— Ce soir, je serai solitaire et malheureux dans ma chambre d’hôtel, si éloigné de vous.

Depuis presque un mois qu’ils bavardaient des heures durant sur une messagerie instantanée, une complicité d’esprit vite ambiguë s’était installée. Il la savait dominatrice, ce qui l’avait attiré. Elle avait vite compris qu’il orientait souvent son discours laissant entendre qu’il se prenait à rêver des châtiments qu’elle pourrait lui infliger. Si un jour… ? Il quêtait, semblait se raviser, sans qu’elle y crût, puis, faisait brusquement marche arrière en invoquant une « amitié sémantique » — pour le coup, elle était en effet lourde de sens ! — pour qualifier le lien qui se nouait peu à peu. Sans qu’ils ne se soient jamais rencontrés. Assez tôt, il en avait exprimé le désir. Elle avait délibérément reporté à un hypothétique « bientôt », jouant sur cette spoliation qu’elle imposait de fait, mais aussi toute première affirmation tacite de l’ascendant qu’elle savait exercer déjà sur lui.

Comment cet inconnu avait-il su capter l’attention d’Iris au point d’entretenir quotidiennement des conversations auxquelles elle prenait un certain plaisir ? Elle guettait le petit jingle à l’unique note annonciateur de la connexion établie, mais sans rien lui en laisser percevoir. Elle attendait qu’il prît l’initiative du premier échange. Elle avait parfois cru deviner au détour d’une phrase à l’allure anodine des froissements, des déchirures peut-être, des fêlures, des égarements, des cicatrices vives encore dans les replis d’une âme en quête d’un ailleurs ou du moins, d’un retour à une condition ardemment espérée. La curiosité, en premier lieu, l’avait poussée à le découvrir plus avant. Ce n’était pas très difficile à l’heure des réseaux sociaux sur lesquels il se dévoilait avec une apparente et déconcertante impudeur, une provocation délibérée teintée d’un humour qui la faisait parfois sourire. Elle avait alors eu la surprise de constater que l’homme non seulement était avenant, mais encore qu’il paraissait avoir la tête assez bien faite.

Elle était sans cesse sollicitée par de nombreux mâles en quête d’une Maîtresse. Les messages qu’elle recevait étaient tous d’une affligeante indigence, tant dans leur fond que leur forme. Les rédacteurs jugeaient (trop) souvent bon d’accompagner leur texte de photos montrant crûment ce qu’ils devaient s’imaginer être une présentation tout à leur avantage. Un ramassis de selfies plus ou moins pornos, plus risibles et attristants que tentants. Sur des clichés parfois flous ou tremblés, des messieurs d’âges divers avaient pris la pose, collier et chaîne au cou, à quatre pattes, la queue emprisonnée dans une cage de chasteté ou bien prise en gros plan, érigée et affichant cinquante nuances de rose, du plus clair au plus sombre. Elle aurait pu se constituer le bêtisier des masos, le codex des vits en rut, l’inventaire des paraphilies souhaitées, le menu des sévices attendus, le répertoire des tortures désirées, la liste des courses du soumis au supermarché des potentielles dominas. Un air du catalogue version hard et masculine :

 « Madamina, il catalogo è questo, (…) osservate, leggete con me{1}. » Ainsi, certains énonçaient sans ambages une énumération commençant souvent par : « J’aime être… » selon les cas : « fouetté, humilié, giflé, brûlé (avec cigarette précisait l’impétrant) griffé, étouffé, traité en esclave. » Ou, variante : « J’aime que l’on… » : « me marche dessus, m’écrase les couilles/le visage du talon/de la semelle, me perce aux aiguilles… Tout en étant à vos pieds, Maîtresse vénérée »… Elle souriait, c’était parfois naïf et touchant quand une offre graveleuse de mauvais aloi ne primait pas. Comment et pourquoi ces inconnus jetaient-ils ces bouteilles à la toile à l’adresse d’une tout aussi inconnue, en imaginant que le zoom sur leur bite susciterait son intérêt ?

Jusqu’à ce qu’Arthur Faune apparût au milieu de tout ce fatras. Elle avait été plutôt agréablement surprise de la qualité de la rédaction qui tranchait avec les autres pitoyables missives. Pas de photo en guise de devanture, mais après qu’elle eut répondu une première fois, des échanges vrais l’avaient amenée à poursuivre, instaurant un dialogue qui devint rapidement régulier. Elle s’était prise au jeu de ces messages rapides, qui ne laissaient aucune place à l’absence de spontanéité et les entraînaient parfois tard dans la nuit. Elle attendait le moment où Arthur se connectait. Le pseudo, lui aussi, l’avait amusée. L’allusion à Rimbaud était transparente, tout comme celle au demi-dieu romain. Elle sut le mettre en confiance, ce fut réciproque. Au fil des jours, il dévoila son intime, sa personnalité en des confessions, qui, venues d’un autre, auraient été incongrues, mais qu’elle reçut avec bienveillance, respect et attention. Elle ne lui cela pas non plus, à mots égrenés avec douceur, qu’elle avait un soumis qu’elle aimait passionnément, mais avec lequel elle avait momentanément pris quelques distances.

Arthur avait exprimé son besoin de soumission, quasi viscéral, chevillé au corps et à l’âme. Il se définissait comme un « docile », préférant ce vocable qui lui correspondait davantage à celui de « soumis ». En revanche, il ne l’avait pas vraiment ni franchement sollicitée pour qu’elle devînt celle qui le dominerait. Physiquement du moins, car c’était bien plus subtil. Pudeur ? Retenue ? Peur de se tromper ? Lorsqu’il était en déplacement et se trouvait contraint à la solitude, il regagnait rapidement sa chambre d’hôtel, entamait le dialogue, se livrant à elle, déposant à ses pieds symboliquement les trop-pleins de son esprit qui se tourmentait et qu’elle tentait d’apaiser. Il ne taisait rien de ses désirs enfouis, de ses fantasmes fous d’enfermement. Elle lui fit détailler ce qu’elle appelait son fantasme, ce qu’il démentit.

Il avait par le passé véritablement vécu de telles expériences et il aspirait à les réitérer, car il en éprouvait cruellement le manque. Elle crut entrevoir, dans la façon dont il l’exprima, une plaie peut-être vive encore et qui pourrait bien se remettre à saigner. Elle le laissa donc poursuivre, sans poser d’inutiles questions. Il était alors très jeune, expliqua-t-il et avait eu brutalement peur de lui-même, des dépassements dangereux de limites souhaitées et imposées. Dans le même temps, il avait été heureux, car il avait été traité par une femme comme l’esclave qu’il était resté, en sommeil, et qui désirait ardemment l’être à nouveau. Il précisa qu’il n’avait jamais livré à quiconque l’aveu de cette épreuve, pas plus que son aspiration présente. Elle seule dorénavant en était détentrice.

Iris se sentit flattée de savoir qu’il l’avait choisie pour s’épancher, confiant déjà en elle. Elle fut frappée par la violence du ressenti de manque qu’il éprouvait, à en avoir mal, elle le devinait. En manque de soumission comme on peut l’être d’une drogue dure, d’esclavage, d’abnégation, sans savoir encore aux pieds de qui déposer ce fardeau trop lourd dont il éprouvait à présent la nécessité de se délester. Il rêvait de claustration, de cave sombre, de réclusion. Il le ressentait comme la privation d’un temps de vie, et dans le scénario qu’il élaborait lorsque son esprit s’enfiévrait, seule celle qui en détiendrait la clé, celle qui continuait à vivre en dehors de lui, viendrait l’en extraire, selon son bon vouloir. Surprise d’une telle appétence, elle lui fit remarquer que la liberté pleine et entière devait, à ses yeux, circuler entre un docile et celle qu’il aimait appeler sa « propriétaire ».

D’ailleurs, elle-même était farouchement libre et indépendante. Il lui avoua alors combien elle le faisait rêver, et que, justement, il ne pourrait s’attacher qu’à une femme très affranchie et surtout, très libre. Peu importait qu’il y eût déjà un autre soumis à ses pieds, cela ne le rendrait que plus heureux. Cette pensée, ajoutait-il, le faisait frissonner, lui picotait agréablement l’échine. Il ajouta le plus naturellement du monde qu’il lui écrivait en étant couché, nu sur son lit. Ce faisant, il se caressait. Si un autre avait formulé cette déclaration, elle aurait pu en être agacée, mais elle la reçut, attentive et amicale, prête à susciter par les mots choisis qu’elle lui destinait de quoi le mener doucement, mais sûrement à une jouissance aussi libératrice que lénifiante. Elle veillait toutefois à exacerber l’attente des réponses qu’elle lui apportait. Elle savait déjà combien la frustration, l’attente, sans savoir si le dialogue avait tourné court, si elle était contrariée, lui étaient un plaisir qui le comblait. Ce qu’il confirma sans le savoir, car pour lui, les deux plus grands bonheurs du docile étaient l’attente et… la frustration. Attendre derrière une porte d’entrée le retour de sa « propriétaire » lui procurait une sensation de libération, une forme de méditation au cours de laquelle toute pensée parasite s’envolait au profit de la seule image de celle qui franchirait le seuil en fond d’écran de son esprit. Le temps s’abolissait, l’âme s’apaisait, seule comptait cette espérance, quelle qu’en soit la durée devenue superflue. Pour que cet abandon soit total, il lui importait d’être nu. Désencombré de toute entrave vestimentaire pour mieux jouir du double sentiment de la reddition de soi à l’autre et celui d’avoir été délaissé tout en sachant que l’on sera « repris ».

Iris souriait en accueillant ses lignes parce qu’elle l’avait amené à ces épanchements très intimes, à nulle autre jamais dévoilés, avait-il encore précisé, si tant est qu’il ne mentît pas. Elle pressentait toutefois toute l’emprise qu’elle pourrait exercer sur lui. Elle savait aussi qu’Arthur pourrait à son tour la pousser dans certains de ses retranchements, voire l’amener à dépasser des limitations qu’elle conservait encore, ensevelies en elle. Elle soufflait alors délibérément le chaud et le froid, lui laissant entendre que l’un comme l’autre pourrait voir ses espoirs s’éteindre lors d’une rencontre qu’à présent ils souhaitaient tous deux. Elle tenta de la repousser encore, se faisant ainsi violence à elle-même, puisqu’elle souhaitait maintenant voir, — dévorée de curiosité — sentir, ressentir en étant à l’écoute, toute son intuition et ses sens en alerte, cet homme qui avait réussi à l’émouvoir, à remuer en elle des émotions, des désirs, fussent-ils les plus sombres. Aussi, quand il lui proposa une date très proche, elle ne résista pas davantage. Il lui laissa le choix du lieu, de l’horaire, docilité obligeait. Il viendrait à elle, plein d’espoirs dans son désir de déposer sa dévotion à ses pieds. Elle commençait à songer qu’elle pourrait peut-être bien accueillir ce don qu’il lui ferait de lui-même. Elle avait envie à présent de cette responsabilité nouvelle. Si leurs yeux savaient se parler, au-delà de tous les mots qu’ils prononceraient. Le regard, avec tout l’implicite dont il peut être porteur, et dans celui de l’autre renvoyé en miroir, était une voie ouverte à la lecture tacite de l’autre, de ses émotions. Elle ignorait encore que déjà, il l’avait « choisie » parce qu’il avait l’intuition qu’elle était tout simplement celle qu’il avait si longtemps attendue. Et que ce choix, plus tard, allait révéler un ego boursouflé qu’elle n’apprécierait pas, mais qu’elle n’avait pas décelé…

Le matin même de leur rendez-vous, Arthur lui redit sa hâte, qu’Iris tenta à nouveau de tempérer. Elle lui rappela qu’il pourrait tout aussi bien réaliser qu’elle ne correspondait pas à ce qu’il espérait, tout comme elle se réservait la possibilité de le repousser. Il balaya l’argument en lui suggérant qu’ils pourraient avancer l’heure prévue de leur rencontre et ainsi, prendre le temps de déjeuner ensemble, bavarder plus longuement. Ils avaient tant à se dire. Avait-il su deviner qu’elle attendait cette proposition ? Qu’elle voulait maintenant le voir, le toucher ? Elle s’abstint de poser la question et répondit que l’idée lui semblait excellente. Qu’il l’appelle afin de fixer leur nouveau rendez-vous. S’ils avaient échangé quelques textos, jamais encore ils ne s’étaient parlé. Quelques minutes plus tard, son téléphone sonna. Elle décrocha, un sourire aux lèvres qu’il dut percevoir dans le simple « Bonjour Arthur » qu’elle lui adressa. Il y eut un très court silence, puis :

— Votre voix est douce…

Dans ces quelques mots, elle distingua comme un apaisement, une confirmation. Elle proposa ce petit restaurant italien, de l’autre côté de sa rue. Il acquiesça, réitérant sa hâte et le plaisir qu’il aurait à la rencontrer enfin. Elle avait encore au visage un sourire lorsqu’elle raccrocha, puis, elle se précipita dans sa salle de bain. Elle n’aurait pas trop de temps pour laver ses longs cheveux, se maquiller et s’habiller pour le rejoindre. Elle opta pour un simple jean gris, un chemisier blanc au décolleté flatteur, des sandales à talons hauts et un voile de son parfum. Un Guerlain un peu lourd. Un dernier coup d’œil au miroir, elle attrapa son sac et sortit, refermant la porte de son appartement où elle songea qu’elle pourrait peut-être le faire entrer, plus tard. Ou bientôt ? Ou pas.

Elle arriva la première. Elle en fut satisfaite, ainsi, ce serait elle qui aurait tout le loisir de le voir venir. Elle put choisir la petite table en terrasse qui leur permettrait une relative intimité, sans être gênés par les conversations des autres convives qui n’entendraient pas la leur. Il faisait chaud en ce beau jour estival. À cette heure méridienne, de nombreux passants allaient et venaient en tous sens. Toutefois, quand il apparut parmi tous ces gens, elle le reconnut au premier coup d’œil. Lui aussi. Sans aucune hésitation, il s’avança vers elle, un large sourire aux lèvres, cherchant de ses prunelles bleu délavé à capter immédiatement son regard. Elle répondit à son sourire, se leva pour mieux apprécier ce tout premier échange au-delà des mots et le saluer en l’embrassant. Furtivement, elle le huma, en éprouva un léger frisson, prometteur d’un « peut-être ». Tout en se morigénant, car sa petite voix intérieure lui souffla en une fraction de seconde qu’elle pourrait ne pas l’attirer, qu’il pourrait être déçu de cette re-connaissance, qu’il ne serait pas séduit par la femme comme il avait pu l’être par leurs si nombreux échanges épistolaires, qu’il…

— Vous êtes sublime…

La petite voix intérieure se tut, vaincue par K.O, et se retira discrètement sur la pointe des pieds. Leur déjeuner fut gai, ils rirent souvent. Parfois, le ton devenait plus grave, comme en sourdine, voix baissées : ils se livraient peu à peu l’un à l’autre en aveux feutrés, se racontant des bribes de ce qu’avait été leur vie d’avant. D’avant aujourd’hui. Elle était dans l’attention aiguë de cet inconnu qui commençait à ne plus l’être face à elle, scrutant son regard, les ombres qui parfois y passaient, ses gestes, ses sourires, tout ce qu’il disait et ce que son corps exprimait en ce langage non-verbal si révélateur. Ce qu’elle recevait alors de lui paraissait clair et limpide. Il s’offrait déjà, en une mise à nu non pas impudique, mais délibérée : rien de lui ne devrait rester occulté, il voulait qu’elle sût tout de lui. Du moins, ce qu’il avait envie de lui dévoiler de lui. Comme il était bavard ! Elle s’en réjouit, et ni l’un ni l’autre ne réalisa que les heures filaient sans qu’ils songeassent un seul instant à s’en préoccuper. Ce ne fut que fort tard dans l’après-midi qu’ils se séparèrent, restés seuls à présent sur cette terrasse accueillante sans que personne ne pensât à les déloger, cocon devenu écrin de leur tête-à-tête. La promesse de se revoir resta informulée tant elle était évidente.

À peine s’était-il éloigné d’Iris que sa petite voix se remit à lui susurrer des questions : comment Arthur le gentil Faune pourrait-il, après seulement ces quelques heures passées avec, déposer entre tes mains une requête en soumission ? Crois-tu qu’il va venir te manger dans la main, déposer les armes à tes genoux pour quêter sa pitance ? Te prier de le mettre à mal pour que tu sois sa Reine ? La Domina qui détiendrait sur lui tous pouvoirs, la clé de ses fantasmes, et pourquoi pas, de son cœur tant qu’on y était ? Et tu crois que tu pourrais cesser de songer à O, même tenu à l’écart ? Son O, qui lui manquait tant. Les notes de musique annonciatrices de l’arrivée d’un message sur son téléphone firent immédiatement fermer le caquet de la rabat-joie intérieure : Arthur la remerciait de ce « merveilleux après-midi auprès d’elle ». L’été débutait, et à Paris, il pouvait être une fête, surtout si une intéressante intrigue pleine d’espoirs de nouveaux plaisirs faisait son apparition.

Le surlendemain, un vendredi, ils s’étaient de nouveau donné rendez-vous, sous le prétexte de se retrouver dans cette librairie où un auteur que tous deux appréciaient signerait ses ouvrages. Elle s’y rendit peu avant l’heure qu’ils s’étaient fixée, ravie d’y voir sur place quelques amis. Tout en bavardant avec les uns et les autres, elle était aux aguets, jetant de rapides coups d’œil sur l’entrée du magasin. Toutefois, elle ne le vit pas entrer, ce ne fut qu’en se retournant subitement qu’elle s’aperçut qu’il était là, quelque peu en retrait, sans doute pour n’avoir pas souhaité l’interrompre ou bien pouvoir l’observer à la dérobée. Elle délaissa son interlocuteur en s’excusant pour se diriger vers lui, souriante. Se frayant un chemin parmi les personnes qui les séparaient encore, elle ne quitta passes yeux, il la regardait venir à lui. Lorsqu’elle le rejoignit, ils s’embrassèrent, et dans ce rapide échange tactile, elle perçut l’émotion qui le faisait légèrement trembler. Elle en éprouva une douce bouffée de plaisir, délicieux petit péché d’orgueil en constatant combien déjà il était troublé, l’imagination volant peut-être vers les sévices qu’il espérait d’elle, ou bien simplement par la femme qu’il trouvait séduisante ? Tandis qu’ils commencèrent à deviser, ils furent interrompus par un ami qui sollicita Iris, voulant connaître son avis sur le livre présenté ce soir. Elle se força à répondre, aussi brièvement que possible sans être discourtoise, l’importun heureusement écarté par une serveuse qui présentait un plateau d’amuse-bouche. S’approchant alors d’Arthur, elle lui saisit le bras pour lui souffler à l’oreille :

— Sauvez-moi la vie ! Offrez-moi d’aller boire un verre ailleurs, il fait vraiment trop chaud ici…

Il sourit à son tour, fit un léger mouvement de tête interrogateur en désignant du menton l’homme avec lequel elle venait de parler. Elle baissa les paupières en signe d’acquiescement. Lorsque l’indésirable se rapprocha d’eux, Arthur déclara à voix assez haute :

— Décidément, on étouffe ici. Iris, puis-je vous enlever pour aller boire ailleurs un Perrier bien frais ?

Se retenant de pouffer devant la mine subitement déconfite de leur vis-à-vis, elle répondit avec le plus grand sérieux que l’idée était brillante et qu’elle acceptait avec grand plaisir. Lorsqu’ils furent sur le trottoir, hors de la vue de ceux qui étaient restés à l’intérieur, ils éclatèrent de rire.

— Merci Arthur, je n’en pouvais plus de supporter davantage ce garçon, charmant au demeurant, mais dont la conversation m’ennuie au plus haut point !

— Content de vous avoir été utile, Madame… répliqua-t-il, mi-sérieux, mi-amusé. Et maintenant, si nous allions vraiment prendre un verre ensemble ?

— C’est exactement ce que j’attendais que vous me proposiez ! lui répondit-elle sur le même ton.

Avisant une terrasse bondée où une seule petite table libre semblait n’attendre qu’eux, ils s’y installèrent. La banquette de rotin attira Iris, et tandis qu’Arthur allait s’asseoir sur la chaise qui lui faisait face, elle le pria de venir plutôt à côté d’elle. Tout en sirotant leur boisson, ils devisèrent encore longuement, et leurs regards ne se quittèrent plus. Il lui avoua qu’il s’était attablé dans l’après-midi dans ce même café, très en avance sur l’horaire prévu de l’événement, afin de la voir passer sans qu’elle s’en doutât pour se rendre au magasin où il l’avait retrouvée plus tard, amplifiant le plaisir de l’attente.

Il leur sembla à tous deux que l’intimité qui les rapprochait se faisait plus dense. Ils abordèrent des sujets qui désormais n’appartenaient qu’à eux seuls. Quoiqu’il pût advenir dans un futur proche ou lointain, ils savaient tous deux qu’au-delà des désirs que l’un pouvait éprouver, une agréable amitié avait déjà vu le jour, était chose acquise. Ils s’aperçurent avec joie que des intérêts communs les reliaient, en particulier la littérature, l’amour des livres, d’auteurs parfois passés de mode, mais qui faisaient leur miel. Il sous-entendit, sans qu’elle en fût surprise le moins du monde, qu’il tentait lui aussi d’écrire. Non dans l’espoir d’une hypothétique publication, mais pour lui-même, pour parfois anéantir un sentiment de solitude et d’abandon qui lui pesait. Il évoqua encore son passé de docile, soumis à cette femme aimée, son souhait de pouvoir vivre de nouveau, avec une autre qu’il aimerait d’amour, cet état qui lui était un bonheur, une joie de vivre qu’il appelait de tous ses vœux. Le temps passa trop vite, vint le moment de se séparer. Iris lui proposa alors une contrainte. Elle avait décelé en parcourant quelques textes rapidement qu’il avait jetés sur le net, tout comme dans leurs échanges sur le même média, une plume assez intéressante dont le produit ne demandait qu’à être travaillé pour pleinement s’exprimer.

— Il me serait agréable que vous vous mettiez sérieusement à écrire. Vous avez sans doute déjà des idées derrière la tête. Je vous ferai œuvrer, je serai intransigeante tant que je ne serai pas satisfaite de ce que vous aurez créé. Vous avez le week-end pour tracer les premières lignes, vous m’enverrez votre copie par mail. Ensuite, je vous fixerai un rendez-vous… de travail.

— Avec joie Madame, mais… Si je vous décevais ? C’est une perspective pessimiste, attristante pour moi, car vous pourriez vous-même être gênée de devoir me révéler une simple vérité qui me ferait prendre la mesure de mon inconsistance dans ce domaine…

— Laissez-moi seule en décider, et mettez-vous au clavier ! Allons, il est temps de partir…

Il rassembla ses affaires, et alors qu’il allait se lever, elle posa une main sur son bras, le retenant un instant, pour lui dire au revoir. Il se pencha pour l’embrasser comme il l’avait fait plus tôt pour la saluer, dans la librairie. Ce fut elle qui attira sa bouche vers la sienne, pour y déposer un baiser léger et tendre. Au contact de ces lèvres chaudes, qui lui rendirent son embrassade, elle éprouva cet émoi qu’elle connaissait bien lui saisir le ventre, annonciateur d’une évidente communion de sensations et de bien d’autres plaisirs à explorer. Il fut surpris, ému, troublé. Elle lui murmura alors doucement qu’il lui appartenait désormais de lui adresser — ou pas — sa requête s’il désirait s’offrir à elle.

Leurs chemins divergeaient, ils se séparèrent. Iris lutta contre l’envie de se retourner, ce qu’il dut faire, car elle eut la nette sensation de son regard qui la suivait. En s’engouffrant dans le métro, elle revivait cette dernière conversation. En domina affirmée, elle savait maintenant qu’elle avaitle désir de soumettre cet homme, de le plier, le frustrer, le contraindre. Elle l’entraînerait dans ce temps et cet ailleurs sacralisés où il viendrait s’agenouiller devant elle, chasserait toute pensée pourse livrer, nu de corps et d’esprit. Elle ne doutait plus qu’Arthur déposerait en offrande tout ce qui le retenait au monde profane pour entrer dans le sien, lâcher prise et devenir son docile, totalement à sa Maîtresse, dans cette absolue liberté d’être qu’elle exigerait pour lui. Tout en ayant bien conscience de la responsabilité qu’elle endosserait dès lors, prête à l’accueillir dans le plus grand secret pour l’éveiller à la lumière sombre de ses désirs avoués. Cependant, il ne lui avait pas caché ce qu’il avait vécu, tant aimé avec cette autre en un temps plus lointain de sa jeunesse.

La seule chose qu’Iris redoutait se situait là, et seulement là : jamais elle ne jouerait un bis repetita placent quand bien même ce sont, selon cet aphorisme, les choses répétées qui plaisent. Non qu’elle souhaitât qu’il se défît de ses souvenirs, mais simplement qu’il les reléguât à leur place de passé, sans plus de rappels dans un le présent. Parce que le temps d’horloge disparaîtrait quand il viendrait se donner à elle, qui disposerait de lui comme elle l’entendrait, sans référence aux pratiques d’une autre. Iris saurait le surprendre, le mettre à mal pour leur jouissance commune, sans laisser à Arthur le loisir de songer à un avant révolu, l’entraînant en l’espace d’une rencontre dans les jouissances de l’esprit et de la chair réunis. Iris faillit dépasser sa station, perdue dans ses pensées. Elle sourit en sautant du métro et réalisa qu’elle était dans l’attente du revoir, alors même qu’elle ignorait encore si Arthur rédigerait sa demande de soumission. Après tout, il pouvait tout aussi bien changer d’avis, ne plus avoir le désir d’emprunter avec elle ce sentier sinueux et escarpé qui débouchait sur des merveilles quand on en atteignait à deux le sommet.

Deux jours plus tard, elle reçut par la poste un courrier manuscrit d’Arthur :

« Madame,

Très modestement, je viens déposer cette requête à vos pieds. Je souhaite plus que tout être dressé par vos soins afin de devenir votre soumis très obéissant. Je n’ignore pas que votre O est déjà très présent dans votre vie. Je n’imagine aucunement prendre sa place, mais, comme lui, vous rendre heureuse par mon abnégation, à côté de la sienne. Je promets de ne faire à l’avenir aucun état de mes désirs, si ce n’est celui de vous convenir en tous points. Vous seule, Madame, déciderez de faire de moi ce que bon vous semblera. Je serai alors infiniment heureux de subir vos exigences, vos punitions quand elles vous sembleront nécessaires, et de suivre les protocoles qui vous conviendront. Vous serez ma Reine.

Je n’aspire, Madame, qu’à être votre docile, votre soumis, votre esclave.  

Très humblement et très respectueusement.

Arthur »

Décidément, quand bien même le propos était emphatique et redondant, Iris songea en souriant que ce garçon avait certainement du potentiel.

Les Mots d’Arthur

Il la gavait de mots. Des mots vains dont il se gargarisait jusqu’à toujours soif. Il se pavanait de mots, roue d’un paon aux plumes décolorées, mots dénués de sens, au sens usé jusqu’à la corde du cliché, mots éculés et racornis, du sens unique emprunté à contre-sens qu’il imaginait sans doute mots magiques. Mots flatterie, flagornerie fourbie à l’encre de son insolence, mots délire, mysticisme de pacotille, mots mégalos. Mots chante faux, sans solfège ni nuances, mots bruts qu’il croyait beaux. Ou bleus, peut-être, dégoulinants d’un miel contrefait au sucre écœurant et fielleux, amers d’être trop, trop de mots. Mots dénaturés, mots phonétiques sans musique des mots, mots fades, étales comme une mer sans vent. Mots volés, mots de séduction au rabais, pauvres, dénudés, mots traîne-savates qu’elle lisait en souriant, touchée de ce qu’il tentait d’exprimer dans ses délires épistolaires, comme on s’émeut sans le lui montrer de l’incessant babillage d’un petit enfant. Ainsi, il racontait à son journal :

« J’ai enfin osé lui écrire pour lui dire que je suis tombé en amour grâce et à cause de Ses mots. C’est par Ses mots que le plaisir coupable de l’excitation par l’échange a surgi, que le lien s’est construit qui m’attache déjà à Elle. Elle est drôle, piquante, frustrante. Elle sait habilement jouer du chaud et du froid. Elle sait aimanter tout en créant une limite, une ligne blanche continue à ne pas dépasser. Un mois durant. Un mois de bonheur pur et simple, à me raconter. Alors que je suis plutôt une bête farouche, je Lui ai vite offert mon intimité. Pas de photo de moi, nu ou en érection. Être nu, c’est aussi se mettre en scène. La véritable intimité, c’est celle de l’âme. Celle où l’on se raconte. Celle où l’on dévoile son jardin secret, que seuls quelques-uns connaissent. Les règles du jeu étaient simples : aucune des questions qu’Elle poserait ne serait taboue. Je répondrai à toutes. Je dirai tout. Jusqu’à Lui livrer toutes mes pensées, tous mes désirs les plus sombres avec mes mots. Savoir que nous étions tous deux respectivement du bon côté du fouet donnait davantage de sel à nos conversations. Elle est celle qui détient le pouvoir, et moi celui qui espère être fouetté par Elle. Toutefois, au début, je n’avais aucun souhait particulier en la matière. J’aimais juste nos échanges, Son humour, Son impertinence. J’avais reçu quelques propositions de dominatrices dans un passé récent. Des dominatrices “en herbe” qui souhaitaient découvrir cet aspect de leur personnalité en m’utilisant comme on le fait d’un rat de laboratoire, un vulgaire cobaye pour apprentie fouetteuse. Jamais je n’avais accepté. Puis, vint l’espoir, alors que je ressentais une complicité naissante. Une amitié, entre Elle, qui je l’espérais à présent serait un jour — que j’imaginais prochain — ma Reine, ma Déesse, et moi, l’esclave qui mourait d’envie de baiser Ses divins pieds. Et j’en avais furieusement le désir.

Déjà je me rêvais à Ses genoux. Peut-être aussi parce qu’Elle fut la première à croire en moi, en ce que j’étais, en ce que je voulais être. Avait-Elle perçu que je n’avais aucune limite ? Je n’étais pas qu’un simple objet à dominer, mais la possibilité d’un champ inconnu encore à défricher. Ses mots, toujours, qui résonnaient en moi. Chacun de Ses mots me rendait de plus en plus fébrile. Ses mots, qui me rendaient fou de bonheur et de désir ! Je L’aimais déjà, comme un fou, au-delà de la folie. Mais Elle ne savait pas encore qu’Elle était ma lumière, ma divine lumière. Après qu’un mois se fut écoulé en échanges quotidiens, nous nous sommes rencontrés. J’eus alors, même si je le savais déjà, la confirmation de Sa beauté. Le temps glissa sur nos mots, encore, tout un après-midi. La douceur de Sa voix, la chaleur de Son regard sur moi, Ses sourires, Ses courbes fines et élancées, tout en Elle m’incitait à me livrer pour m’en remettre totalement à Elle. En cet instant précis, je brûlais ardemment, plus que tout, de pouvoir être à Ses pieds. C’était pour moi une telle évidence. Il me semblait que cette posture était la plus naturelle qui soit. C’est ainsi que l’on adore sa Déesse. Il ne pouvait en être autrement. Je me pris à assumer : le fait d’être plutôt joli garçon, le fait de donner à cette femme le plaisir de me dominer, de m’humilier, de jouir de moi. Assumer est peut-être le mot qu’Iris me permet de prononcer depuis que nous avons entrepris de converser.