Jérôme Bonheur - YLANG - E-Book

Jérôme Bonheur E-Book

YLANG

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Beschreibung

Et si la fin du monde était pour bientôt? Que feriez-vous? Certains l’ont prédite, d’autres y ont cru.
Jérôme Bonheur croit lui, en cette prédiction. Aussi, décide-t-il de créer une grande association, l’ASRAFM, pour soutenir le moral de ses adhérents et leur faire vivre les plus beaux moments de leur vie, moments qu’ils n’auraient sans doute pas connus sinon, avant de traverser le miroir.
Et si vous y adhériez, vous aussi, vous pourriez profiter, de la préparation d’une expédition en terra quasi-incognita, puis de l’élan des membres de L’ASFRAM, lors d’un périple exceptionnel à la découverte de ce superbe territoire.
En définitive ce canular devient bénéfique pour notre héros, puisque, papillon sortant de sa chrysalide, cet homme terne et effacé, se découvre l’âme d’un «leader» et trouve finalement réussite et bonheur, comme l’y préparait son patronyme.


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Ylang

JERÔME BONHEUR

Conte humour

Hommage au poète auteur du « Bateau Ivre » ...

CHAPÎTRE1

Jérôme Bonheur sauta dans l’autobus.

Ouf ! Il avait bien failli le rater. Comment aurait-ce pu être possible ? Son réveil avait-il sonné une minute plus tard ? Impensable ! Ses préparatifs quotidiens étaient tellement minutés et minutieux, qu’il n’y avait pas la moindre place pour un aléa fâcheux.

À moins que le bus ne soit passé en avance ? C’était un nouveau chauffeur, et, Jérôme n’aimait pas le changement. Il n’osa tout de même pas lui demander si ce changement serait définitif. Quoiqu’il en soit, Jérôme en fut très perturbé. Ce genre d’incidents, le déstabilisait.

Il y vit instantanément un mauvais signe du destin.

Sa superstition démesurée, n’avait d’égale que la méticulosité et la précision de son emploi du temps.

En arrivant au bureau, il eut la désagréable sensation que son taille-crayon et son gobelet à stylos, avaient été déplacés. En tous cas, leur position avait changé, il en était sûr. Il continua d’y trouver un mauvais présage, ce qui acheva de le mettre de mauvaise humeur.

Il travaillait, lui aussi, aux ETABLISSEMENTS GIREAUDON, de renommée nationale, qui comme on le sait, employait moultes comptables et employés de l’ombre. Principale production, à vrai dire, de l’établissement.

Il vivait à l’aise dans un environnement où beaucoup lui ressemblaient, et, avaient de la vie une vision étroite identique à la sienne. Dont était au nombre, Emile Dupré, qu’il ne connaissait pas personnellement, sauf à l’avoir croisé quelquefois, peut-être dans le Hall d’entrée ? Ils ne travaillaient pas au même étage, mais se ressemblaient singulièrement.

Une impression de malaise l’accompagna tout au long de la journée.

Il resta à l’affût du moindre signe qui aurait pu renforcer ses soupçons, comme s’il eut inconsciemment souhaité qu’un petit malheur se produisît pour renforcer ses craintes, ou au contraire exorciser son tourment.

- Inquiétudes inexorablement liées à la condition de l’homme et qui l’empoisonnent tout au long de sa vie. D’aucuns, diront que la religion est née de cette envahissante frayeur irraisonnée, insoutenable et inexplicable.-

Mais rien, rien nevint.

Pourtant ses parents, plus aventureux, avaient tous deux quitté la campagne pour tenter, hardiment, leur chance à Paris, où ils s’étaient rencontrés, et avaient prospéré.

Son père , un enfant trouvé un jour au bord du chemin par la brave vieille bonne du curé, Zéphyrine, qui l’avait ramassé, emmailloté et déposé, sur le banc public de la place de l’église, l’avait bercé en lui chantant:

« Tout doux, mon petit bonhomme, tu verras, je te trouverai une brave maman qui t’aimera fort et dont tu seras le petit bonheur. »

Et quand était passée Félicite la jolie fille du meunier qui avait décroché un brillant parti, le pharmacien un peu bigle et un peu âgé, nommé audacieusement Eucalyptus, par des parents, fiers de leur profession, et qui attendait impatiemment à son tour de pouvoir perpétuer la tradition en ayant une ribambelle de petits Hamamelis, Ortosiphon, Kilinkiba, Potentille, Garcinia, Busserole, Shotaké, Sisymbre, pour lui courir dans les jambes. Mais qui hélas, ne voyait toujours rien venir, - Pas le moindre signe de grossesse chez Félicite, au grand dam du meunier qui craignait la répudiation, d’autant qu’ Eucalyptus s’emportait souvent à ce sujet et reprochait à Félicie sa stérilité- en tant que pharmacien, il ne pouvait lui-même être mis en cause... Elle sut, avec certitude, à qui il fallait le donner.

Instantanément, Zephyrine, le lui tendit en lui disant:

« Voilà, je t’ai trouvé un petit bonheur, Félicie. C’est le Bon Dieu qui l’a mis sur ton chemin, prends-en bien soin et aime-le fort, il te donnera beaucoup de bonheur »

Félicie, les larmes aux yeux, emmena le petit bonheur, serré dans ses bras, et son mari l’apothicaire, plus brave qu’il n’en avait l’air, fut instantanément conquis par le nouvel arrivant. Quoiqu’il refusât, tout de même, de l’honorer du digne prénom, d’une plante apothicaire aux vertus curatives.

Le gamin fut officiellement adopté, et tout bonnement prénommé Valère, mais ils tinrent en plus à lui conserver son nom de Bonheur.

- Nom qu’il faudrait peut-être donner à tous les orphelins, bâtards et enfants trouvés pour tenter d’influencer leur destinée ?....-

La vie fut belle, le bonheur en effet régna dans la maisonnée, pendant une dizaine d’années.Mais comme si l’homme sur terre, devait acheter son droit au bonheur, à un prix souvent plus élevé que la quantité de bonheur qu’il reçoit, le couple de pharmaciens périt quasiment ensemble d’un mauvais virus.

Sans doute, quelque microbe vengeur, s’était-il échappé d’un vaccin frelaté et les avait contaminés. ?....

Valère, c’était le prénom qu’on avait donné à l’enfant trouvé, -rapproché tout de même des plantes médicinales, - se retrouva soudain orphelin, une Madame Pétronille, se présenta comme sa grande-tante, seule famille qui lui restait, l’entraîna chez le notaire qu’ elle convainquit de sa parenté avec feu le pharmacien avec des arguments inattaquables, devint tutrice légale, s’empara du compte en banque et disparut aussitôt, car elle n’aimait rien tant que de voguer avec de beaux matelots, sous tous les deux, sur tous les océans.

Ne sachant que faire de ce neveu encombrant, elle s’ingénia à le placer dans un pensionnat de la plus basse espèce, pour ne pas trop se déposséder de l’héritage de son « petit-neveu ».

Et le petit bourgeois orphelin bien-éduqué et timide, qui ne sortait que le dimanche pour accompagner ses parents à la messe, n’ayant personne pour le défendre devint instantanément le souffre-douleur de tout le collège, fréquenté en majorité, par tous les voyous vaguant des champs, élèves en C.A.P. de délinquance.

Son certificat obtenu, il fut placé en apprentissage, comme tourneur sur bois où il continua d’être importuné par ses valeureux camarades.

Aussi, le jour de ses 21 ans, il fit son baluchon, ramassa ses maigres économies et salua la compagnie.

En sortant, pour quitter définitivement, son atelier, Il emplit ses poumons d’oxygène. L’air avait un goût de liberté et de printemps, qu’il n’avait jamais connu avant, et, qui lui gonfla, délicieusement, les poumons. Un parfum de café torréfié, l’usine était à côté, lui emplit les narines mêlé d’odeur d’herbe fraîchement coupée dans le champs voisin, et d’un soupçon d’exhalaison de lilas, amené là, par la brise.

Il se dirigea directement vers la gare, et monta dans le premier train pour Paris.

À peine arrivé, il s’installa dans le petit hôtel, bien nommé, « EN FACE DE LA GARE » et partit se restaurer.

Au coin de la rue, il entrevit à travers les vitres d’une auberge, des nappes à carreaux blancs et rouges, une chaude ambiance des boiserie qui l’invitèrent à rentrer, et surtout alors, le large sourire d’une jeune normande affable et bien en chair, au décolleté bombé, qui achevèrent de lui faire trouver l’endroit exquis.

En une journée, il s’était trouvé réconcilié avec la vie.

Visiblement, son entrée avait été remarquée également, car il fut servi avec un soin suprême et de jolies oeillades.

Vers la fin du repas, la demoiselle du service, un brin audacieuse se hasarda à engager la conversation:

« Moi, c’est Roselyne. Alors, vous êtes tout seul à Paris, la ville vous plaît ? Vous avez déjà trouvé du travail ? »

« En, fait, j’arrive, et pour tout vous dire, à part la gare et l’hôtel, je n’ai vu que votre « Petite Chaumière Normande », et je vous avouerai que ça me suffit largement, c’est parfait comme horizon.

« Oh ! Vous trouvez. ? Avec mes parents, on vient d’ouvrir ce petit restaurant. »

« Votre joli sourire va vite amener des clients !... »

Elle rougit et fit semblant de ne pas entendre le compliment, lui porta l’addition, avec le digestif du terroir, offert par la maison, et lui demanda d’un air détaché le nom de son hôtel , car elle allait faire le tour de ses connaissances, (aussi maigres que celles du jeune homme), pour lui trouver du travail.

Ainsi elle put le joindre dès le lendemain, soir et matin pour le moindre prétexte.

Et lui, avait pris pension pour ses repas à la « Petite Chaumière, » où on lui fit volontiers crédit.

L’affaire était dans lesac.

En un tour de main, il fut fiancé, et fit partie de la famille.

Le couple était charmant.

Le cercle des habitués s’agrandit, attiré par l’amabilité ambiante. Il donnait un coup de main à Roselyne débordée, et au père de celle-ci, déjà un peu fatigué, qui songeait à bientôt se retirer.

Le temps du bonheur était revenu, et on pouvait à nouveau dire de Valère qu’il portait bien sonnom.

Il épousa Roselyne au printemps dans un guinguette des bord de Marne où la fête fût si gaie quelle inspira le peintre célèbre qui avait la chance d’y être, aussi, ce jour-là...

La nouvelle MME Bonheur, nageait dans le bonheur.

Bientôt naquit Jérôme.

C’était toujours le bonheur.

Le couple vivait dans l’aisance, Pétronille, à la veille de son décès, n’ayant pas d’héritier personnel, fit chercher son neveu par le notaire et lui rendit le peu d’avoirs qu’il lui restait.

Ce petit capital leur permit l’achat d’une maisonnette. L’auberge aussi, fut vendue, pour assurer une retraite tranquille à ses propriétaires, qui s’installèrent à deux pas, et Valère travailla chez un menuisier qui faisait des répliques d’anciens, qu’il vendait trèsbien.

Valère, très habile de ses mains, devint rapidement, son associé.

Mais, sous la mélodie du bonheur, quelques imperceptibles dissonances évoquaient des bruits de bottes qui s’approchaient à grande enjambées.

S’appeler Bonheur, ne pouvait plus suffire à conjurer le sort funeste qui s ‘abattait sur l’Europe.

Valère Bonheur, fut un excellent soldat, sain de corps et d’esprit, vaillant, courageux, patriote jusqu’au bout des ongles, pétri d’idéaux nationalistes, inculqués dès l’école primaire, aux futurs savoureux ingrédients qui deviendraient compote de chair à canon allemande. Tandis que le canon français, déversait ses obus, lui, abondamment sur les rangs des féroces ennemis jurés de notre patrie bien-aimée.

Dans les églises du Bon Dieu de chez nous on priait avec dévotion, pour que notre Père Tout Puissant les éliminât comme des cafards et nous accordât une éclatante victoire, puisque, seule, notre cause était juste et bonne et de ce fait, méritait du ciel une protection supplémentaire.

Il est vrai alors que nous n’avions pas tiré les premiers !-

Mais Dieu finissait par s’y perdre un peu à la longue, dans tous ces bourdonnements qui l’assourdissaient et l’assoupissaient plus qu’autre chose car nos ennemis, également persuadés de leur bon droit, et de la justesse de leur cause, priaient aussi, dans leurs églises avec autant de ferveur et de force, pour obtenir la même faveur et les mêmes protections.

Ce qui Lui occasionnait comme à chaque guerre un grand acouphène migraineux dans les oreilles et que sans doute, il finissait par sedire:

« Que le meilleur gagne. Demain, de toutes façons, ils se raccommoderont, et se taperont sur l’épaule, enfin ceux, qui restent. Et tant pis pour les sacrifiés, je ne les ai jamais envoyés trucider leurs voisins. En répondront devant moi, plutôt, les pantouflards qui donnent des ordres comme si je n’existais pas, gradés et gratins des hauts gradins. Qui, signeront, sans honte, un armistice où ils décréteront maintenant à la nation qu’ils dirigent à leur gré, que les peuples détestés hier, comme frères de Satan, sont redevenus des amis, justes et bons comme nous-mêmes !.

Ces enfantillages, sont lassants à la longue, je n’ai plus même besoin pour les corriger de leur envoyer la peste ou le choléra. Il savent si bien se punir tout seuls. »

- Valeureux soldats tombés pour la France, débordants de médailles et encore honorés fidèlement, à présent, au moins, une fois par an par une population pacifiée, qui adore ces jours de congé de milieu de semaine, qui leur occasionne des aqueducs de repos et ne pensent pas une seconde à tous ces ancêtres sacrifiés inutilement.

Comme des centaines de milliers de femmes en France et ailleurs Roselyne, fut donc, veuve avant l’heure.

Le valeureux Valère reçut une médaille d’honneur, de reconnaissance de la nation, à titre posthume.

Mais, le bonheur, lui, s’en était allé, et pour longtemps...