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Finement ouvragé sous un vernissage, L’Atelier du soir expose une élégante poésie versifiée de forme classique ou néo-classique, singulière et piquante collection de tableaux variés où ballades épiques et chansons galantes jouxtent contes fantastiques et fantaisies charmantes…
Tour à tour lyrique, intimiste, secrète ou enjouée, cette galerie haute en couleur fait la part belle aux paradis perdus de l’Ancien Temps, de Fin Amor en Renaissance – pour qu’Amour triomphe !
Le recueil riche de cinquante-cinq poèmes est rehaussé de dix-sept illustrations originales en couleur par Valérie Dupont Roussel, artiste-peintre.
À PROPOS DE L'AUTEUR
François-Alexandre Garavel voit le jour en 1964 à Lyon dans une famille attentionnée. Malgré un goût précoce pour les livres et les trésors qu’ils recèlent, il tarde toutefois à se poser en héritier de Louise Labé et de l’Ecole lyonnaise de poésie de la Renaissance, sa vie empruntant alors d’autres chemins, études puis carrière d’ingénieur aéronautique dans la bonne ville de Toulouse – la belle Cité Mondine.
Dans l’Occitanie des troubadours, son premier recueil de poésie Revivenza ! paraît en 2012 sous le nom de plume d’Alexandre d’Estrély. En l’an 2020 il quitte les cieux de l’aéronautique pour voler de ses propres ailes vers ses premières amours littéraires et poétiques. 2022 voit ainsi la naissance de son second recueil de poésie, L’Atelier du soir.
Il mûrit également des projets d’écriture de contes et nouvelles et de littérature enfantine.
S’il se plaît volontiers à ressusciter les ombres et les charmes parfois mystérieux d’une poésie défunte mais intemporelle, son propos – essentiellement quête de beauté et d’intériorité - n’en demeure-t-il pas éternellement contemporain ?
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Seitenzahl: 39
Veröffentlichungsjahr: 2022
Parfois le fleuve se souvient
Je tiens en mon buffet, telle une ancienne idole,
Un flacon fastueux, chef-d’œuvre d’un souffleur,
Dont le nectar puissant qui parfois me console
Et l’hôte – plus encore – exhaussent la valeur.
L’âme d’un vieux poète habite cette fiole
Depuis tant de printemps que son trop tendre cœur
Dedans l’étroit exil longuement se désole,
Et teinte de regrets la divine liqueur.
Aussi toutes les fois où je viens à l’ouvrir
En premier lieu c’est lui que je m’en vais servir,
Dans un mélodieux tintement de cristal ;
Rêvant auprès du feu qui comme lui soupire,
Dans les vapeurs ambrées nous trinquons sans mot dire :
Lui aux femmes aimées, et moi à l’Idéal !
De temps immémoriaux, sorcières et magiciens exercent leurs sortilèges à laWalpurgisnacht, païenne nuit d’avril…
Les sorcières au vieux manoir
S’apprêtent, – Vénus au miroir,
Avant que surviennent les diables.
Ils festoieront ici ce soir,
D’un œuf gâté, d’un crapaud noir,
De maints autres mets délectables
Obséquieusement servis
Par cinquante esclaves soumis ;
Et pour désaltérer leurs bouches,
Entre les chandeliers vernis
Les calices seront emplis
Du sang d’un enfant mort en couches.
– Voici qu’on sonne au grand portail !
Un laquais, maigre épouvantail
À la face blême s’empresse.
En carrosse et riche attirail
Paraît bientôt par le vantail
Toute une orgueilleuse noblesse :
Insolite société
De fiers démons en majesté,
Stryges de haute compagnie ;
Gentes succubes en beauté,
Satyres pleins d’urbanité,
Chers cousins de Transylvanie.
Puis tout ce parterre plaisant
S’égaille partout à présent,
Égayant l’antique demeure.
Sous les lustres à l’œil luisant
Tout un chacun va devisant
Ainsi qu’il convient à cette heure.
Ce ne seront au grand sabbat
Que fards, toilettes d’apparat,
Assauts d’exquise courtoisie ;
La fête au faste délicat
Rayonne d’un piquant éclat
Teinté d’étrange fantaisie.
Quelques spectres évanescents,
Raclant des violons grinçants,
Déclarent une valse ouverte ;
Des goules aux doigts caressants
Joignent les centaures puissants
Pour honorer la danse offerte.
Plus loin, sous un plafond fané,
Un long vampire raffiné
Livre le récit de ses frasques.
– Or une fois minuit sonné
Par un carillon suranné,
Lentement s’affaissent les masques.
La nuit – ô acerbe douceur ! –
Les enveloppe de langueur,
Comme par l’emprise d’un charme.
Du poignard des peines de cœur
Renaît l’incurable douleur,
– Voilà qu’ils versent une larme ;
Qui pour un faune dédaigneux,
Qui pour une nymphe aux grands yeux,
Ils chanteront jusqu’à l’aurore
L’amour, ce songe douloureux
Qui sans répit pousse ses feux ;
– L’amour qui les consume encore !
Quel ange à la brune
Ouvrant son volet
Dresse sous la lune
Un long chevalet ?
Le voilà qui pose
Sur le fond du ciel
Des aplats de rose
Ou couleur de miel ;
Nimbant de son geste
Au reflux du jour
La voûte céleste
D’encres et d’amour.
Là-haut se reflète
En longs camaïeux
La chaude palette
Du maître des cieux.
De son génie naissent
Ces lavis si beaux
Sans que ne paraissent
Peintre ni pinceaux !
Ô mystère insigne
Du mouvant tableau
Que l’artiste signe
D’un astre nouveau ;
Sur la vaste toile
Perlant en secret
Une pâle étoile
Tremblante paraît,
Où se parachève
Pleinement enfin
Le glorieux rêve
Du bon séraphin.
Puis tout vient se teindre
De bistre et de noir ;
Bientôt va s’éteindre
L’atelier du soir.
D’après Anacréon.
Un matin Cupidon, maraudant au verger,
Voletant et rêvant s’en vint là déranger
En son noble labeur l’abeille jardinière ;
Ce qu’elle lui peignit de cuisante manière.
Voici, le doigt bouffi, le chérubin en pleurs
Vers Vénus accouru : – Ô mère je me meurs !
Un méchant monstre ailé plein de fiel et de rage
M’a percé de sa flèche au mépris de mon âge ;
Fais-moi tôt ton adieu, pardonne tous mes torts
Car ce soir je serai dans le séjour des morts.
Vénus hors de son bain juste à demi se dresse,
Fronce un peu le sourcil, non sans une caresse :
– Pour une mouche à miel je te vois bien pâmé ;
D’un petit aiguillon te voilà consumé !
Que dire des mortels que tes traits ont pour cible ?
Penses-tu que l’Amour leur soit chose insensible ?
Sais-tu combien les cœurs s’échauffent chaque fois
Où, pour te divertir, tu vides ton carquois ?
L’été s’enfuit, languide et nu,
Devant les brumes de septembre ;
Que ferons-nous le temps venu
Dans les rudesses de novembre ?
Reclus en l’hiver advenu,
Ma mie garderons-nous la chambre
Tandis que maint arbre chenu
Aux vents furieux se démembre ?