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Théodore Méry était un brillant inspecteur à la Préfecture de Police de Paris avant la grande guerre. Amputé en 1917, il est affecté aux archives à son retour. En 1919, l'affaire Landru secoue la France. Nombre de disparitions de femmes, encore inexpliquées, refont surface. Sont-elles toutes le fait de celui que la presse surnomme déjà le Barbe Bleue de Gambais ? Le commissaire Vandamme n'a d'autre choix que de rappeler l'inspecteur au service.
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Veröffentlichungsjahr: 2023
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Du même auteur
Aux Éditions EX ÆQUO
La Confrérie de l’échelle (2021) L’ Écu à la mèche longue (2022)
Pour Isabelle, mon Petit Amour lectrice assidue et relectrice attentive des fruits de mon imagination
À Clément, Élodie, Loïc, mes inconditionnels
Si les femmes que j'ai connues ont quelque chose à me reprocher, elles n'ont qu’à déposer plainte !
Henri Désiré Landru
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Épilogue
22 mai 1981
L’accueil que fit Christian Bonnet au nouveau ministre de l’Intérieur, Gaston Defferre, fut des plus protocolaires. L’accent méridional du futur locataire de cet immeuble de la place Beauvau n’avait pas réussi à dérider l’ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing qui ne digérait toujours pas l’arrivée des socialistes, et surtout des communistes, au pouvoir.
— Entrons, voulez-vous ? J’ai un dernier dossier à vous transmettre en main propre, et surtout en toute discrétion. Mais pour cela, il nous faut descendre dans une des caves.
Christian Bonnet précéda son successeur dans les escaliers exigus qui menaient au sous-sol. Ils n’étaient que tous les deux. Arrivés devant ce qui ressemblait à la porte d’une cellule, il introduisit une grosse clé et ouvrit. Gaston Defferre entra et s’écria.
— Mais qu’est-ce que c’est que cette … chose ?
14 avril 1919
Enfin ! Une dernière petite couture pour achever mon œuvre, un point final au labeur de toute une existence.
L’homme se recula pour admirer sa création tout en se parlant. Il était pratiquement son seul confident.
Quand je pense qu’ils m’appellent l’empailleur ! Ces imbéciles ne comprennent pas, ne veulent pas croire que la taxidermie est un art, l’unique science qui promet la vie éternelle. Combien de trophées de chasse ont ainsi fini cloués aux murs, à décorer les salons ! Combien de compagnons à poils et à plumes ont continué à accompagner leur maitre, bien après leur mort ! Bien faits et régulièrement entretenus, ils peuvent perdurer des centaines d’années.
Que connaissent-ils du décollage de la peau, de son nettoyage puis son tannage, de la reconstruction du squelette, de l’application de la paille, de l’enfilage de la peau, de l’agencement des détails ? Savent-ils la méticulosité extrême que toutes ces opérations nécessitent ?
Il s’assit enfin dans le vieux fauteuil qui l’accompagnait depuis tant d’années et prit le Petit Journal du matin dans les mains. Il lut la une en détail, plusieurs fois.
UN NOUVEAU BARBE BLEUE
LE MYSTÈRE DE LA VILLA DE GAMBAIS
L’ingénieur Laudru 1 , l’homme aux cent noms, soupçonné d’avoir assassiné plusieurs femmes.
1 Le Petit Journal avait d’abord nommé l’assassin Nandru, puis Laudru avant de rectifier les jours suivants.
20 avril 1919
Théodore Méry, inspecteur à la préfecture de police, commença sa journée comme toutes les journées depuis son retour du front en 1917. Il soupira devant le tas de dossiers qu’il aurait encore à classer, tel Sisyphe condamné à pousser sa pierre éternellement. La sale guerre lui avait arraché un bras. Brillant inspecteur avant le conflit, il avait été affecté aux archives dès sa sortie de l’hôpital militaire, eu égard à ses états de service. L’action de terrain lui manquait et il supportait de moins en moins ces tâches répétitives et sans intérêt, l’absence de fenêtre au sous-sol de la préfecture, jusqu’à l’odeur du papier.
— Méry !
Un jeune aspirant venait de faire irruption dans la caverne.
— Méry, le commissaire Vandamme souhaite vous voir, immédiatement.
Théodore n’avait croisé le commissaire qu’une fois. Que pouvait-il bien lui vouloir ?
— Allez, Méry, dépêchez-vous !
Bien sûr ! Quand un commissaire donnait un ordre, il fallait obéir vite, toutes affaires cessantes.
— Je vous suis.
Le commissaire n’était pas seul, un petit homme chétif se tenait à ses côtés.
— Bonjour Méry, j’irais droit au but. J’imagine que les missions qui vous sont affectées vous passionnent peu. Vous avez de la chance, un de vos anciens collègues vous a pistonné hier.
Ancien collègue ? Il n’en avait revu aucun depuis sa réintégration à la préfecture. Qui pouvait encore avoir une pensée pour un demi-manchot coincé, presque emprisonné, dans ces oubliettes ? J’ai bien peur que la chance dont il parle ne soit qu’une déveine de plus.
Théodore ne montra pas son sentiment.
— Bonjour commissaire, bonjour monsieur.
— Je vous présente le juge Bonin, en charge de l’enquête sur Landru, le Barbe Bleue de Gambais comme l’a surnommé le Petit Journal. J’imagine que vous êtes au courant.
— J’ai appris son arrestation dans la presse, comme tout le monde.
— Eh bien, parlons-en ! Depuis que les gazettes l’ont mis à la une, nous recevons des dizaines de signalements de disparitions. J’ai bien peur que nos effectifs soient par trop limités pour mener toutes ces enquêtes.
L’archiviste sentit des frissons lui chatouiller le bas des reins. Se pouvait-il que … ? Le commissaire reprit.
— J’ai ici votre dossier. Vous ne m’avez jamais dit que vous étiez un de nos meilleurs limiers avant-guerre.
Théodore décida de ne pas feinter, après tout, que risquait-il ? Il était pratiquement sûr que le commissaire avait besoin de lui, il devait se montrer vif.
— Je n’ai jamais eu l’occasion de le faire. Quand je suis revenu mutilé du Chemin des Dames, je n’ai eu d’autre choix que d’accepter le poste que j’occupe actuellement. Aucun de mes anciens supérieurs ne s’est manifesté pour me reprendre dans son équipe, à croire que l’intelligence d’un être est dans ses bras.
— Évitez les sarcasmes ! Vous avez sans doute compris que, nécessité faisant loi, la police de la république requiert vos compétences. N’en profitez pas.
C’est le moment que choisit le juge Bonin pour intervenir d’une voix autoritaire qui contrastait avec sa frêle constitution.
— Entrons dans le vif du sujet, s’il vous plait ! Vous règlerez vos différends plus tard.
— Bien, répondit le commissaire. Vous avez raison, le temps nous est compté. La populace réclame justice, satisfaisons à son attente au risque de la voir une fois de plus nous vilipender, bien encouragée en cela par la presse. Le juge Bonin m’a amené un classeur contenant toutes les disparitions signalées cette semaine. Étudiez-les et choisissez-en trois. Vous avez jusqu’à la fin de la matinée. D’ici là, je vous trouverai un adjoint.
— Je ne vous ai pourtant pas encore répondu, dit Théodore. Il va de soi que j’accepte, mais vous devrez pour cela ajuster mon traitement au niveau des autres inspecteurs, les archives de notre belle maison ne sont pas si généreuses.
— Quel toupet ! Pensez-vous que vous avez le choix ?
Le juge qui avait apprécié la répartie de Méry, intervint de nouveau, de peur de se passer de l’excellent détective qu’il pressentait au fond de cet homme blessé.
— Voyons commissaire, tout travail ne mérite-t-il pas salaire ? L’affaire Landru est hors norme, ne privez pas la justice d’un enquêteur qui fera ce qu’il faut pour lui montrer qu’il n’a rien perdu de sa sagacité.