L’étoile du roi Boris - Delly - E-Book

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Delly

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Beschreibung

Extrait
| I
Par les fenêtres largement ouvertes, le soleil de juin entrait dans la salle d’étude, grande pièce aux tentures claires, aux meubles faits d’un bois jaune pâle, veiné de rose ; il glissait sur les livres et les cahiers couvrant la table de travail et venait éclairer la blonde chevelure bouclée et le beau visage du jeune roi d’Esthénie, appliqué à la solution d’un difficile problème de mathématiques.
Un calme absolu s’étendait aux alentours. Pendant ses séjours au château de Volaïna, le roi Boris – l’élève le plus studieux de son royaume, disaient les courtisans – venait toujours travailler dans ce pavillon placé à la lisière du parc, près de la forêt qu’il aimait passionnément. Ce jeune souverain de seize ans était déjà remarquablement instruit et montrait un précoce sérieux, qui ne nuisait aucunement, d’ailleurs, à la gaieté de son âge dans l’intimité de sa famille et avec ses compagnons de jeu.
Dans la pièce voisine, le gouverneur de Sa Majesté, le général Doubrekto, se plongeait dans la lecture d’un récent traité de tactique militaire. Tout à l’étude d’une palpitante question stratégique, il en oubliait son royal pupille, dont le temps de récréation avait sonné depuis quelques instants.
Mais le jeune souverain venait de résoudre victorieusement le problème donné, et, levant les yeux sur le cartel pendu en face de lui, il s’avisait qu’il était temps d’aller changer de vêtements pour la promenade à cheval projetée avec ses amis.
Il ferma ses cahiers et se leva vivement. Le soleil, mauvais courtisan, vint le frapper au visage, l’obligeant à baisser les yeux, ces grands yeux noirs si beaux et si fiers, mais si doux aussi lorsqu’il le voulait, qui avaient pris le cœur de ses sujets et faisaient dire à un vieux soldat complimenté par lui sur une action d’état : « Pour un regard de mon petit roi, j’en ferai bien encore à la douzaine ! »...|

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Veröffentlichungsjahr: 2020

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SOMMMAIRE

L’étoile du roi Boris

I

II

L'ÉTOILE DU ROI BORIS

DELLY

L'ÉTOILE DU ROI BORIS

roman

Raanan Editeur

Livre 662 | édition 1

L’étoile du roi Boris

I

Par les fenêtres largement ouvertes, le soleil de juin entrait dans la salle d’étude, grande pièce aux tentures claires, aux meubles faits d’un bois jaune pâle, veiné de rose ; il glissait sur les livres et les cahiers couvrant la table de travail et venait éclairer la blonde chevelure bouclée et le beau visage du jeune roi d’Esthénie, appliqué à la solution d’un difficile problème de mathématiques.

Un calme absolu s’étendait aux alentours. Pendant ses séjours au château de Volaïna, le roi Boris – l’élève le plus studieux de son royaume, disaient les courtisans – venait toujours travailler dans ce pavillon placé à la lisière du parc, près de la forêt qu’il aimait passionnément. Ce jeune souverain de seize ans était déjà remarquablement instruit et montrait un précoce sérieux, qui ne nuisait aucunement, d’ailleurs, à la gaieté de son âge dans l’intimité de sa famille et avec ses compagnons de jeu.

Dans la pièce voisine, le gouverneur de Sa Majesté, le général Doubrekto, se plongeait dans la lecture d’un récent traité de tactique militaire. Tout à l’étude d’une palpitante question stratégique, il en oubliait son royal pupille, dont le temps de récréation avait sonné depuis quelques instants.

Mais le jeune souverain venait de résoudre victorieusement le problème donné, et, levant les yeux sur le cartel pendu en face de lui, il s’avisait qu’il était temps d’aller changer de vêtements pour la promenade à cheval projetée avec ses amis.

Il ferma ses cahiers et se leva vivement. Le soleil, mauvais courtisan, vint le frapper au visage, l’obligeant à baisser les yeux, ces grands yeux noirs si beaux et si fiers, mais si doux aussi lorsqu’il le voulait, qui avaient pris le cœur de ses sujets et faisaient dire à un vieux soldat complimenté par lui sur une action d’état : « Pour un regard de mon petit roi, j’en ferai bien encore à la douzaine ! »

Il s’avança dans la galerie de bois, enguirlandée de roses, qui surplombait un chemin bordant la forêt, très peu fréquenté en dehors des gardes forestiers et des bûcherons. Un bruit de voix arrivait aux oreilles du roi : organe cassé, chevrotant et timbre enfantin, d’une harmonieuse douceur.

Boris se pencha un peu... À l’orée d’un sentier se tenait une vieille femme courbée, lamentable, vêtue de haillons. À terre, près d’elle, avait glissé un sac lourdement rempli, à en juger par l’apparence. En face de la pauvresse venait de s’arrêter une petite fille d’une dizaine d’années, vêtue d’un sarrau bien blanc. Son délicieux visage au teint rosé, encadré de superbes boucles brunes, exprimait une ardente compassion, sa voix tremblait d’émotion en demandant :

– Alors, pauvre femme, vous n’avez plus rien, rien du tout pour nourrir vos petits enfants ?

– Rien, absolument, ma petite demoiselle ! Une bonne âme, pas bien riche elle-même, m’a remis un papier me donnant droit à aller chercher à la ville un sac de pommes de terre. J’en viens... mais c’est trop lourd pour moi, je ne peux pas continuer !... Et pourtant, mes petits m’attendent, ils ont faim... Je vais essayer encore...

Elle se penchait, tentait de soulever le sac... Les petites mains de l’enfant essayèrent de l’aider. Mais leurs forces réunies n’étaient pas suffisantes encore...

La pauvresse, avec un gémissement navrant, laissa retomber sur le sol le fardeau trop pesant.

– Il faudra donc le laisser là !... Et que mangeront mes petits ?... Ô Vierge secourable, ayez pitié de nous ! s’écria la malheureuse en joignant les mains.

Inconsciemment, l’enfant avait fait le même geste...

– Oh ! Si j’avais seulement un peu d’argent ! Mais je n’ai rien... rien du tout ! dit-elle avec désolation.

Son regard, en se levant machinalement, tomba sur la galerie ; il vit le jeune homme accoudé à la balustrade et paraissant écouter et regarder avec attention... Les grandes prunelles d’un bleu sombre, où rayonnaient une douceur ravissante et la plus délicieuse candeur, brillèrent sous l’impulsion d’une idée soudaine...

L’enfant s’avança et tendait son petit tablier d’un mouvement spontané et charmant.

– La charité, s’il vous plaît ! dit-elle d’un ton de prière, qu’accentuait l’expression suppliante, irrésistible de son regard.

Le roi sourit, sa main se glissa vivement dans sa poche et saisit son porte-monnaie. Avec adresse, il se mit à lancer une à une, dans le tablier de l’enfant, toutes les pièces d’or qu’il contenait...

– Oh ! Tout cela !... tout cela ! balbutia la petite fille, étouffée par la joie.

Elle prit les pièces et les mit dans les mains de la vieille femme qui regardait, ébahie...

– Pour moi ?... pour moi ? murmura la pauvresse.

– Oui, pour vous ! Maintenant, vos petits enfants auront du pain, grâce à ce monsieur si bon...

Et, levant de nouveau vers la galerie son regard radieux, elle dit avec un ravissant sourire :

– Merci, oh ! Merci, monsieur ! Que Dieu vous bénisse.

Boris étendit la main, il cueillit une des roses pourpres qui ornaient la galerie et la lança, si adroitement, qu’elle vint se planter dans les boucles brunes de l’enfant.

– Priez pour le roi, petite colombe ! dit-il avec un sourire ému.

L’enfant eut un mouvement de recul, son visage s’empourpra...

– Le roi... Est-ce que vous êtes... ?

– Mais oui, le roi lui-même, très heureux de s’être trouvé là pour venir en aide à une de ses sujettes dans la peine... Eh bien ! Vous voilà tout émotionnée, petite fille ! Vous ferais-je peur, par hasard ?

Il riait gaiement en se penchant entre le feuillage des rosiers.

L’enfant joignit les mains.

– Peur ? Oh ! Non, vous êtes trop bon pour cela !... Et je suis si contente de connaître le roi !

– Vraiment ! Pourquoi donc, enfant ?

– J’avais entendu dire qu’il était si beau, si aimable et si bon !... Et je vois bien maintenant que c’est la vérité !

Les flatteries de toutes sortes n’avaient jamais manqué au jeune souverain, mais aucune ne lui avait causé un plaisir comparable à ce naïf compliment échappé de la bouche sincère de cette enfant au regard lumineux, timidement admiratif.

– Merci, petite fille, dit-il en riant. Et vous, qui êtes-vous ?

– Je m’appelle Héléni, j’habite à la lisière de la forêt, dans une petite maison qu’on appelle la Maison-aux-Lilas.

– Héléni ?... Êtes-vous de race grecque ?

– Oui, mon grand-père est grec, mon oncle Hippias et ma tante Léniô aussi.

– Vous n’avez plus vos parents ?

– Non, je suis orpheline depuis longtemps, car je ne les ai pas connus, dit-elle avec mélancolie.

– Pauvre petite !... Eh bien ! Quand je passerai à cheval du côté de votre maison, je m’arrêterai et vous me présenterez à votre famille. Ma mère est grecque et j’aime beaucoup ses compatriotes.

– Je vais prier Notre-Dame-de-la-Victoire pour Votre Majesté, dit l’enfant avec élan.

– Oui, priez pour moi ! Un roi en a plus besoin que tout autre... Et que demanderez-vous à Notre Dame, petite Héléni ?

Quelques secondes, l’enfant réfléchit, son regard étonnamment profond levé vers le jeune souverain.

– Qu’elle garde le roi tel qu’il est maintenant ! répondit-elle d’un petit ton grave.

– C’est aussi la prière de ma mère, dit le roi avec émotion. Merci, Héléni, et au revoir.

Devant la porte encadrée de lierre se tenait debout, le cigare aux lèvres, un homme de haute taille, au visage fort beau en dépit des rides profondes qui le creusaient, à la chevelure longue, d’un noir intense, semée de fils d’argent.

Comme l’enfant passait près de lui, il abaissa vers elle des yeux sombres, très durs et d’une acuité singulière. Son regard tomba sur la rose qu’Héléni serrait précieusement entre ses petits doigts.

– D’où vient cette fleur ? demanda-t-il d’un ton bref.

Timidement, elle leva les yeux vers lui...

– Grand-père, c’est le roi qui me l’a donnée.

– Le roi !

Stéphanos avait bondi, une effrayante expression de fureur bouleversait son visage. Il saisit brutalement entre ses doigts nerveux le frêle poignet d’Héléni.

– Où l’as-tu vu ?... Que lui as-tu dit ?...

Tremblante de terreur, elle résuma, d’une voix entrecoupée par l’effroi et par la douleur que lui causait la rude pression des doigts de son aïeul, la petite scène qui s’était déroulée dans la galerie du pavillon de Volaïna... Pâle, les dents serrées, les traits durement contractés, Stéphanos l’écoutait...