L'étourdi ou les contre-temps - Molière . - E-Book

L'étourdi ou les contre-temps E-Book

Moliere

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Beschreibung

Comédie: Par son étourderie ou sa maladresse, Lélie fait échouer onze machinations successives que son serviteur Mascarille, fourbum imperator, a imaginées pour lui assurer la possession de Célie, une jeune esclave que le vieux Trufaldin garde chez lui sans savoir que c'est sa propre fille.

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L'étourdi ou les contre-temps

L'étourdi ou les contre-tempsActeursActe IScène IScène IIScène IIIScène IVScène VScène VIScène VIIScène VIIIScène IXActe IIScène I. 2Scène II. 2Scène III. 2Scène IV. 2Scène V. 2Scène VI. 2Scène VII. 2Scène VIII. 2Scène IX. 2Scène X. 2Scène XI. 2Acte IIIScène I. 3Scène II. 3Scène III. 3Scène IV. 3Scène V. 3Scène VI. 3Scène VII. 3Scène VIII. 3Scène IX. 3Acte IVScène I. 4Scène II. 4Scène III. 4Scène IV. 4Scène V. 4Scène VI. 4Scène VII. 4Acte VScène I. 5Scène II. 5Scène III. 5Scène IV. 5Scène V. 5Scène VI. 5Scène VII. 5Scène VIII. 5Scène IX. 5Scène X. 5Scène XI. 5Page de copyright

L'étourdi ou les contre-temps

 Molière

Acteurs

Lélie, fils de Pandolfe.

Célie, esclave de Trufaldin.

Mascarille, valet de Lélie.

Hippolyte, fille d’Anselme.

Anselme, vieillard.

Trufaldin, vieillard.

Pandolfe, vieillard.

Léandre, fils de famille.

Andrès, cru égyptien.

Ergaste, valet.

Un courrier.

Deux troupes de masques.

La scène est à Messine.

Acte I

Lélie

Hé bien ! Léandre, hé bien ! il faudra contester :

Nous verrons de nous deux qui pourra l’emporter,

Qui dans nos soins communs pour ce jeune miracle,

Aux vœux de son rival portera plus d’obstacle.

Préparez vos efforts, et vous défendez bien,

Sûr que de mon côté je n’épargnerai rien.

Scène I

Lélie

Hé bien ! Léandre, hé bien ! il faudra contester :

Nous verrons de nous deux qui pourra l’emporter,

Qui dans nos soins communs pour ce jeune miracle,

Aux vœux de son rival portera plus d’obstacle.

Préparez vos efforts, et vous défendez bien,

Sûr que de mon côté je n’épargnerai rien.

Scène II

Lélie, Mascarille

Lélie

Ah ! Mascarille.

Mascarille

Quoi ?

Lélie

Voici bien des affaires ;

J’ai dans ma passion toutes choses contraires :

Léandre aime Célie, et par un trait fatal,

Malgré mon changement, est toujours mon rival.

Mascarille

Léandre aime Célie !

Lélie

Il l’adore, te dis-je.

Mascarille

Tant pis.

Lélie

Hé ! oui, tant pis, c’est là ce qui m’afflige.

Toutefois aurais tort de me désespérer ;

Puisque j’ai ton secours, je puis me rassurer :

Je sais que ton esprit, en intrigues fertile,

N’a jamais rien trouvé qui lui fût difficile,

Qu’on te peut appeler le roi des serviteurs,

Et qu’en toute la terre…

Mascarille

Hé ! trêve de douceurs.

Quand nous faisons besoin, nous autres misérables,

Nous sommes les chéris et les incomparables ;

Et dans un autre temps, dès le moindre courroux,

Nous sommes les coquins, qu’il faut rouer de coups.

Lélie

Ma foi, tu me fais tort avec cette invective.

Mais enfin discourons un peu de ma captive ;

Dis si les plus cruels et plus durs sentiments

Ont rien d’impénétrable à des traits si charmants :

Pour moi, dans ses discours, comme dans son visage,

Je vois pour sa naissance un noble témoignage,

Et je crois que le Ciel dedans un rang si bas

Cache son origine, et ne l’en tire pas.

Mascarille

Vous êtes romanesque avecque vos chimères.

Mais que fera Pandolfe en toutes ces affaires ?

C’est, Monsieur, votre père, au moins à ce qu’il dit ;

Vous savez que sa bile assez souvent s’aigrit,

Qu’il peste contre vous d’une belle manière,

Quand vos déportements lui blessent la visière.

Il est avec Anselme en parole pour vous

Que de son Hippolyte on vous fera l’époux,

S’imaginant que c’est dans le seul mariage

Qu’il pourra rencontrer de quoi vous faire sage ;

Et s’il vient à savoir que, rebutant son choix,

D’un objet inconnu vous recevez les lois,

Que de ce fol amour la fatale puissance

Vous soustrait au devoir de votre obéissance,

Dieu sait quelle tempête alors éclatera,

Et de quels beaux sermons on vous régalera.

Lélie

Ah ! trêve, je vous prie, à votre rhétorique.

Mascarille

Mais vous, trêve plutôt à votre politique :

Elle n’est pas fort bonne, et vous devriez tâcher…

Lélie

Sais-tu qu’on n’acquiert rien de bon à me fâcher ?

Que chez moi les avis ont de tristes salaires ?

Qu’un valet conseiller y fait mal ses affaires ?

Mascarille

Il se met en courroux ! Tout ce que j’en ai dit

Était rien que pour rire et vous sonder l’esprit :

D’un censeur de plaisirs ai-je fort l’encolure,

Et Mascarille est-il ennemi de nature ?

Vous savez le contraire, et qu’il est très-certain

Qu’on ne peut me taxer que d’être trop humain.

Moquez-vous des sermons d’un vieux barbon de père,

Poussez votre bidet, vous dis-je, et laissez faire.

Ma foi, j’en suis d’avis, que ces penards chagrins

Nous viennent étourdir de leurs contes badins,

Et vertueux par force, espèrent par envie

Ôter aux jeunes gens les plaisirs de la vie !

Vous savez mon talent : je m’offre à vous servir.

Lélie

Ah ! c’est par ces discours que tu peux me ravir.

Au reste, mon amour, quand je l’ai fait paraître,

N’a point été mal vu des yeux qui l’ont fait naître ;

Mais Léandre à l’instant vient de me déclarer

Qu’à me ravir Célie il se va préparer.

C’est pourquoi dépêchons, et cherche dans ta tête

Les moyens les plus prompts d’en faire ma conquête ;

Trouve ruses, détours, fourbes, inventions,

Pour frustrer un rival de ses prétentions.

Mascarille

Laissez-moi quelque temps rêver à cette affaire.

Que pourrais inventer pour ce coup nécessaire ?

Lélie

Hé bien ! le stratagème ?

Mascarille

Ah ! comme vous courez !

Ma cervelle toujours marche à pas mesurés.

J’ai trouvé votre fait : il faut… Non, je m’abuse.

Mais si vous alliez…

Lélie

Où ?

Mascarille

C’est une faible ruse.

J’en songeais une.

Lélie

Et quelle ?

Mascarille

Elle n’irait pas bien.

Mais ne pourriez-vous pas… ?

Lélie

Quoi ?

Mascarille

Vous ne pourriez rien.

Parlez avec Anselme.

Lélie

Et que lui puis-je dire ?

Mascarille

Il est vrai, c’est tomber d’un mal dedans un pire.

Il faut pourtant l’avoir. Allez chez Trufaldin.

Lélie

Que faire ?

Mascarille

Je ne sais.

Lélie

C’en est trop, à la fin ;

Et tu me mets à bout par ces contes frivoles.

Mascarille

Monsieur, si vous aviez en main force pistoles,

Nous n’aurions pas besoin maintenant de rêver

À chercher les biais que nous devons trouver,

Et pourrions, par un prompt achat de cette esclave,

Empêcher qu’un rival vous prévienne et vous brave.

De ces égyptiens qui la mirent ici

Trufaldin, qui la garde, est en quelque souci ;

Et trouvant son argent, qu’ils lui font trop attendre,

Je sais bien qu’il serait très-ravi de la vendre ;

Car enfin en vrai ladre il a toujours vécu :

Il se ferait fesser pour moins d’un quart d’écu,

Et l’argent est le Dieu que sur tout il révère ;

Mais le mal, c’est…

Lélie

Quoi ? c’est ?

Mascarille

Que Monsieur votre père

Est un autre vilain qui ne vous laisse pas,

Comme vous voudriez bien, manier ses ducats ;

Qu’il n’est point de ressort qui pour votre ressource

Pût faire maintenant ouvrir la moindre bourse.

Mais tâchons de parler à Célie un moment.

Pour savoir là-dessus quel est son sentiment.

La fenêtre est ici.

Lélie

Mais Trufaldin pour elle

Fait de nuit et de jour exacte sentinelle :

Prends garde.

Mascarille

Dans ce coin demeurons en repos.

Oh bonheur ! la voilà qui paraît à propos.

Scène III

Lélie, Célie, Mascarille

Lélie

Ah ! que le Ciel m’oblige en offrant à ma vue

Les célestes attraits dont vous êtes pourvue !

Et quelque mal cuisant que m’aient causé vos yeux,

Que je prends de plaisir à les voir en ces lieux !

Célie

Mon cœur, qu’avec raison votre discours étonne,

N’entend pas que mes yeux fassent mal à personne ;

Et si dans quelque chose ils vous ont outragé,

Je puis vous assurer que c’est sans mon congé.

Lélie

Ah ! leurs coups sont trop beaux pour me faire une injure ;

Je mets toute ma gloire à chérir ma blessure,

Et…

Mascarille

Vous le prenez là d’un ton un peu trop haut :

Ce style maintenant n’est pas ce qu’il nous faut.

Profitons mieux du temps, et sachons vite d’elle

Ce que…

Trufaldin, dans la maison.

Célie !

Mascarille

Hé bien !

Lélie

Oh ! rencontre cruelle !

Ce malheureux vieillard devait-il nous troubler ?

Mascarille

Allez, retirez-vous, je saurai lui parler.

Scène IV

Trufaldin, Célie, Mascarille, etLélie, retiré dans un coin.

Trufaldin, à Célie.

Que faites-vous dehors ? et quel soin vous talonne,

Vous à qui je défends de parler à personne ?

Célie

Autrefois j’ai connu cet honnête garçon,

Et vous n’avez pas lieu d’en prendre aucun soupçon.

Mascarille

Est-ce là le seigneur Trufaldin ?

Célie

Oui, lui-même.

Mascarille

Monsieur, je suis tout vôtre, et ma joie est extrême

De pouvoir saluer en toute humilité

Un homme dont le nom est partout si vanté.

Trufaldin

Très-humble serviteur.

Mascarille

J’incommode peut-être ;

Mais je l’ai vue ailleurs, où m’ayant fait connaître

Les grands talents qu’elle a pour savoir l’avenir,

Je voulais sur un point un peu l’entretenir.

Trufaldin

Quoi ? te mêlerais-tu d’un peu de diablerie ?

Célie

Non, tout ce que je sais n’est que blanche magie.

Mascarille

Voici donc ce que c’est. Le maître que je sers

Languit pour un objet qui le tient dans ses fers.

Il aurait bien voulu du feu qui le dévore

Pouvoir entretenir la beauté qu’il adore ;

Mais un dragon veillant sur ce rare trésor

N’a pu, quoi qu’il ait fait, le lui permettre encor,

Et ce qui plus le gêne et le rend misérable,

Il vient de découvrir un rival redoutable :

Si bien que pour savoir si ses soins amoureux

Ont sujet d’espérer quelque succès heureux,

Je viens vous consulter, sûr que de votre bouche

Je puis apprendre au vrai le secret qui nous touche.

Célie

Sous quel astre ton maître a-t-il reçu le jour ?

Mascarille

Sous un astre à jamais ne changer son amour.

Célie

Sans me nommer l’objet pour qui son cœur soupire,

La science que j’ai m’en peut assez instruire.

Cette fille a du cœur, et dans l’adversité

Elle sait conserver une noble fierté ;

Elle n’est pas d’humeur à trop faire connaître

Les secrets sentiments qu’en son cœur on fait naître ;

Mais je les sais comme elle, et d’un esprit plus doux

Je vais en peu de mots vous les découvrir tous.

Mascarille

Oh ! merveilleux pouvoir de la vertu magique !

Célie

Si ton maître en ce point de constance se pique,

Et que la vertu seule anime son dessein,

Qu’il n’appréhende pas de soupirer en vain :

Il a lieu d’espérer, et le fort qu’il veut prendre

N’est pas sourd aux traités, et voudra bien se rendre.

Mascarille

C’est beaucoup, mais ce fort dépend d’un gouverneur

Difficile à gagner.

Célie

C’est là tout le malheur.

Mascarille

Au diable le fâcheux qui toujours nous éclaire.

Célie

Je vais vous enseigner ce que vous devez faire.

Lélie, les joignant.

Cessez, ô Trufaldin, de vous inquiéter :

C’est par mon ordre seul qu’il vous vient visiter,

Et je vous l’envoyais, ce serviteur fidèle,

Vous offrir mon service, et vous parler pour elle,