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L'Héritage perdu est la Science divine et le Monde terrestre merveilleux animé par l'Esprit divin absolu.
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Seitenzahl: 469
Veröffentlichungsjahr: 2019
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L'Héritage perdu. 3 tomes Bod Éditions
Mat Tarot Roman Bod Éditions
Le temple de l'âme Éditions Dangles
La symbolique des maladies Éditions Dangles
Livres disponibles en librairies, chez les sites marchands internet, chez BoD : www.bod.fr librairie.
Introduction
Livre I Le manuscrit de Jacques Bartel
Livre II Les prophéties de Jésus de Nazareth
Livre III Après la croix
Livre IV L'écrit de Matthieu
Livre V L'écrit de Jean
Livre VI Qui sommes-nous ?
Livre VII Les Merveilles de l'Héritage
Introduction
Livre I : Le manuscrit de Jacques Bartel
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Livre II : Les prophéties de Jésus de Nazareth
Présentation
Chapitre 1 : Le baptême du messager
Chapitre 2 : La traversée du désert
Chapitre 3 : Les prophéties sur le rocher
Chapitre 4 : L'enseignement
Chapitre 5 : Magdala
Chapitre 6 : Le Monde de l'Esprit
Chapitre 7 : Compréhension
Chapitre 8 : A l'image de...
Chapitre 9 : Prospérité
Chapitre 10 : Les Signes de Dieu
Chapitre 11 : Qui êtes-vous ?
Chapitre 12 : La mort mystérieuse de l'ego
Chapitre 13 : Les fils et les filles bien-aimés
Chapitre 14 : Capharnaüm
Chapitre 15 : Apprendre à voir
Chapitre 16 : Pardonner
Chapitre 17 : La suprématie du couple
Chapitre 18 : La Vie par l’Éternel
Chapitre 19 : Tout quitter
Chapitre 20 : Les Règles du Jeu
Chapitre 21 : Servir Dieu
Chapitre 22 : Par quelle autorité ?
Chapitre 23 : Quand le cœur parle...
Chapitre 24 : Invitation aux Noces
Chapitre 25 : Rendez à Dieu ce qui est à Lui
Chapitre 26 : Les réincarnations
Chapitre 27 : Critiques des hypocrites
Chapitre 28 : Critiques des mondains
Chapitre 29 : La bataille intérieure
Chapitre 30 : Noé
Chapitre 31 : Comparaison
Chapitre 32 : Chez Joseph d'Arimathie
Chapitre 33 : Judas de Carioth
Chapitre 34 : Le dîner de la Pâque
Chapitre 35 : L'arrestation de Jésus
Chapitre 36 : Le procès
Chapitre 37 : La croix
Chapitre 38 : La passion de revivre
Chapitre 39 : Les préparatifs du grand voyage
Livre III : Après la croix
Chapitre 1 : La fuite de Jérusalem
Chapitre 2 : Emmaüs
Chapitre 3 : Les noces de Cana
Chapitre 4 : Le chant de Jean
Chapitre 5 : L'histoire de Nicodème
Chapitre 6 : Le puits
Chapitre 7 : Les champs de blé
Chapitre 8 : Confidences
Livre IV : L'écrit de Matthieu
Livre V : L'écrit de Jean
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Livre VI : Qui sommes-nous ?
Livre VII : Les Merveilles de l'Héritage
PREMIÈRE PARTIE
L'initiation active
I. Introduction
II. Le Chemin de vie
III. Le rôle des épreuves
IIII. Le Passage
DEUXIÈME PARTIE
L'Initiation réceptive
V. L'âme sœur
VI. Les Signes de la Volonté divine
VII. Le Monde divin
L'Éternel nous parle à travers le silence des événements, par les paroles des prophètes et des sages, par des Paroles révélées, et par de nombreuses impressions inconscientes. Il a mille manières pour nous enseigner, mais les hommes ont beaucoup de mal pour comprendre.
Heureux celui qui comprendra !
L'être humain qui ne se connaît pas lui même et qui ne cherche pas à connaître l'Éternel, le Dieu vivant est venu sur la terre en vain. Sa vie est inutile et il reviendra sur cette terre pour une nouvelle incarnation, pour une nouvelle chance de compréhension.
L'être humain qui a appris à se connaître et qui connaît l'Éternel, le Dieu vivant n'est pas venu sur la terre en vain. Sa vie a été profitable et il ne reviendra pas sur cette terre. Il est ainsi libéré, délivré et sauvé.
Il rejoindra l'Éternel pour vivre auprès de Lui éternellement.
Cherchez Dieu l'Esprit pour qu'Il vous révèle le Secret de son Monde merveilleux.
Que tous les hommes déshérités de Dieu le Père redeviennent de riches héritiers !
Le manuscrit de Jacques Bartel
Roman
Jeudi, 7 juin 2011, le téléphone sonne :
- Bonjour Monsieur, je suis Samuel Obryan, notaire à Lyon, je cherche à joindre Monsieur Albert Bartel, suis-je bien à la bonne adresse ?
Je confirme, et demande le sujet de son appel :
- Je suis chargé de régler l’héritage de votre oncle Jacques Bartel, décédé le 2 avril de cette année, à l’âge de 92 ans à Charmey, près de Fribourg en Suisse. Je vous invite avec les autres héritiers à venir à mon étude pour les formalités d’usage. Je vous propose le rendez-vous du mardi 3 juillet à 10 heures, est-ce que la date de la réunion vous convient ?
Je confirme en demandant timidement si l’héritage est intéressant, et le notaire répond alors qu’il est important. Il m’enverra la confirmation du rendez-vous par écrit.
Je ne pouvais pas soupçonner que ce coup de téléphone allait transformer radicalement le cours de ma vie.
Celle-ci était programmée un peu comme du papier à musique. Je m’efforçais de combattre la routine qui s’installait insidieusement par quelques occupations artistiques.
Voilà que mon oncle, à l’heure posthume, resurgit pour nous léguer un héritage. Il était le frère aîné de mon père, né en 1919, le 7 avril, aux environs de Pâque. Il était parti en Suisse en 1938 pour échapper à la guerre qui se préparait alors en France. Mon grand-père paternel Georges avait des amis en Suisse, pays qu’il connaissait mieux que la France. Il allait tous les week-ends parcourir les sommets alpins. Il avait notamment un vieil ami le docteur Norbert Gloss qui pratiquait la médecine dans le petit village de Charmey. C’est ainsi que mon oncle Jacques, à l’âge de 19 ans fut confié à la famille Gloss. Il y fit ses études et obtint son doctorat en médecine. Mon grand père aimait profondément la Suisse, ses montagnes en général et en particulier sa neutralité militaire. Il ne supportait pas la musique militaire et encore moins les bains de sang, il avait été traumatisé par la guerre 14-18. Ainsi l’aîné de ses enfants était à l’abri, classé déserteur tout de même par les forces armées de l’époque. Mon père, l’a aussi échappé belle, il était trop jeune pour être enrôlé de force.
Mon oncle est ainsi devenu l’assistant, et par la suite l’associé du Dr Gloss.
En voilà une affaire, je l’avais complètement oublié ces dernières années, pourtant nous nous étions rencontrés plusieurs fois dans son pays d’adoption, dans ma jeunesse, à l’occasion des vacances. Ma famille n’en parlait pas beaucoup, par habitude historique sans doute car c’était un sujet délicat. Ces dernières années, je n’avais plus aucune nouvelle de lui. Je me souviens que c’était un colosse, fort physiquement, ressemblant fortement à mon grand-père. Son visage buriné par le soleil de la montagne contrastait avec son allure générale. Il dégageait même une grande douceur, avec ses petits yeux très souriants. Son costume était toujours impeccable, de couleur foncée, ne laissant envisager aucune fantaisie. Le sérieux suisse devait certainement être contagieux. Sa maison située à l’extérieur du village était comme lui, colossale, cossue, une maison de maître, entourée d’un grand jardin. C’est ici qu’il a vécu et travaillé toute sa vie. Il recevait les patients à n’importe quelle heure de la journée et de la nuit et il était très aimé de la population locale tant il était dévoué à la cause de la souffrance humaine.
L’intérieur de sa maison était pour nous assez mystérieux, il y avait des livres partout, des montagnes de livres. Mon père, je le sais aujourd’hui, n’était pas très proche de lui, il disait que son frère était un peu bizarre, trop silencieux à son goût. Il venait rarement en Alsace nous visiter, à cause de ses occupations sans doute. Il était marié avec une charmante suissesse, mais son mariage n’a pas duré, et personne n'en connaissait la raison. J'avais appris qu'il vivait avec une compagne physicienne. Je savais que derrière son apparence d’homme ordinaire, il a été un homme tout à fait extraordinaire. Je retenais de lui, son talent de pianiste, il aimait avant tout Mozart. Il jouait souvent, sur son grand piano noir à queue trônant au milieu de son salon. Il n’écoutait que des chants grégoriens.
Ainsi, j’allais hériter de cet oncle méconnu et j'ignorais si je devais me réjouir de cette nouvelle quelque peu surprenante. Le temps a passé plus lentement que d’habitude et ma routine était nettement brisée. Les pensées de cet héritage ne me laissaient plus dormir tranquille. La date du rendez-vous approchait lentement, trop lentement. Un mois, c’est très long lorsqu’on vit consciemment chaque heure et les divertissements étaient sans effets sur mon impatience.
Mardi 3 juillet. Il est neuf heures du matin. Mon frère et moi attendons notre sœur dans ce café lyonnais de la Place Carnot, proche du notaire. La serveuse en costume noir trois pièces, nous sert du café noir serré à souhait. Il y avait déjà beaucoup de monde et beaucoup trop de bruit. La voilà qui arrive et du premier coup d’œil, je vois qu’elle a beaucoup changé. Les aléas de la vie nous ont séparé et je constate avec plaisir qu’elle est devenue une belle femme, vive et vivante à tel point que je peine à la reconnaître.
- Ah vous voilà ! s’exclame-t-elle. Je vous cherche depuis une demi-heure, il y a plusieurs cafés près de cette place Carnot. Alors, mes frères que pensez-vous de cet héritage inespéré ? Comme d’habitude notre frère aîné prend la parole pour dire qu’il n’en pensait rien et qu’il espère comme nous une bonne surprise. J’ajoute que je me réjouis de cette heure, rien qu’à cause du souvenir que j’ai de son piano. S'il me revenait, je serai volontiers preneur. Le café se remplit de plus en plus et un brouhaha crescendo devenait insupportable.
Notre cousin, fils unique de la sœur de notre oncle a aussi été convoqué. Lui par contre n’a pas changé, ses vingt kilos en trop sont toujours là et avec son visage bouffi, il donne l’impression d’être de plus en plus perdu dans un monde qu’il ne comprend pas. Il y a donc quatre héritiers, ce qui laissait envisager un quart pour chacun. Personne ne pouvait évaluer la fortune de notre oncle défunt et nous ne pouvions pas imaginer notre part d’héritage.
L’heure arrive enfin, et nous nous dirigeons vers l'étude du notaire. Au premier étage, la porte vitrée de la salle d’attente s’ouvre et un jeune homme très décontracté nous invite à nous asseoir autour d’une table ovale, en verre de couleur vert clair. Ce jeune homme en jeans délavé, polo cassis foncé, cheveux mi longs, assez mal rasé est donc le notaire et je m’imagine facilement le parcours qu’il a dû faire pour être à cette place. En tout cas, je suis ravi de côtoyer ce personnage très atypique. Il a l’air bon, d’une bonté spontanée et mon impression se confirme dès qu’il a prit la parole. Il s’assure d’abord de nos identités respectives et enchaîne avec un ton quelque peu désintéressé, voire nonchalant :
- Voici le testament de votre oncle Jacques Bartel. Je l’ai rencontré plusieurs fois pour mettre sa succession au point, non sans difficultés. La Suisse, vous le savez est un pays à part au niveau de la législation. Une année fût nécessaire pour boucler ce dossier et aujourd’hui nous pouvons signer la succession. En Suisse, il n’y pas de règles générales pour la succession, ni d’accords particuliers avec la loi française. Je tiens à préciser ce point car les héritages se font en fonction de la volonté du défunt. Son testament l’atteste. A cela s’ajoute évidemment, les droits de succession qui sont calculés en fonction du degré de parenté et il va sans dire qu’ils sont élevés dans votre cas puisque vous êtes neveux et nièce. Mais heureusement pour vous, les droits ont été soldés. Vous n’êtes donc à ce titre redevable d’aucune somme d’argent.
L’atmosphère de la grande salle de l’étude notariale se détend sensiblement et je constate que nous reprenons une respiration normale. Nous étions bien tendus à l’idée de débourser des frais de succession pour accepter cet héritage inattendu. Le cousin, quand à lui faisait semblant de s’être trompé d’adresse et se demandait certainement ce qu’il fait ici. Je sentis que le suspens montait d’un cran, et nous étions tous les quatre, suspendus aux paroles très professionnelles du notaire. De sa voix profonde et bien articulée mais sans aucun caractère solennel, il commença par l’héritage de notre sœur. Il lui annonça que l’oncle Jacques lui lègue un chalet dans une célèbre station de ski de la Suisse valaisanne. Elle est ravie et sa joie est difficilement contenue. Mon cousin hérite d’un appartement au bord du lac Léman, et mon frère, de la maison de maître cossue de Charmey. Les voilà enrichis de biens précieux et leurs faces réjouies traduisaient leur joie. Je pense à ce moment là au piano à queue qu’hérite mon frère, lui qui ne joue de cet instrument. Les yeux verts du notaire se fixent alors étrangement sur moi. Nous restons là, quelques instants, plongés dans la profondeur de nos regards.
Il revint à lui lentement, cherchant à lire la suite du testament. Mes yeux découvrent alors une petite icône accrochée au mur derrière le notaire, juste au dessus de sa tête, icône que je n’avais pas remarqué jusqu’ici. Je fis un effort de vision et je distingue nettement un pélican avec ses trois petits, un pélican d'or. Il me parut très étrange de découvrir cette représentation accrochée au mur d’un cabinet de notaire, et sans réfléchir je demande à M. Samuel Obryan s’il connaissait le sens de l’icône au-dessus de lui. Il me regarde encore plus fixement et dit :
- C'est un cadeau de votre oncle Jacques. Le pélican est un symbole réservé aux initiés. C'est l'image ancestrale ou la représentation du Père l’Éternel qui donne sa chair et son sang à ses petits. Son regard devint encore plus profond et il articula en pesant ses mots :
- Monsieur Albert Bartel, votre oncle Jacques vous lègue son Château d’Osigny, situé dans le centre de la France. Je dois aussi vous remettre l’enveloppe que voici. Elle a été cachetée par mes soins en présence de votre oncle, il y a plus d’un an. Je peux ainsi vous assurer la confidentialité de son contenu. Le notaire a changé de voix, visiblement en peine de contenir son émotion. Lui seul apparemment en connaissait le poids.
Je suis stupéfié ! En même temps, je suis persuadé que ce notaire savait des choses que j’ignore et je me suis promis de le revoir dans d’autres circonstances pour le questionner. Je suis resté ébahi quelques instants à l’idée de devenir châtelain, idée qui n’a jamais correspondu à mon souhait. Avec mon épouse, nous vivons dans une sorte de ferme à l’écart de la civilisation. Quelle surprise pour nous ! Hériter un château, quel cadeau incroyable !
Sur cette pensée, le notaire nous invita à signer les documents officiels. Ensuite, il nous expliqua les différentes modalités des actes notariés mais ma pensée était déjà lointaine, très proche de l’icône du pélican qui me rappelle à présent un fait très précis. Le pélican est un symbole que je connaissais bien. Un Cercle ésotérique m'avait décerné un prix littéraire, assez confidentiel, le prix Philosophies et Traditions, le Pélican d’Or en 1999. C’était la même image, je ne l’avais vu nulle part ailleurs et je trouvais la coïncidence très étrange. La relation entre les deux me paraissait évidente et mes pensées restèrent fixées sur ce hasard incroyable. Le notaire, après son exposé trop long à mon goût, nous donna congés en nous assurant qu’ils nous enverra les documents dans quelques semaines, le temps de les officialiser.
Les félicitations croisées ne durèrent pas longtemps et nous nous retrouvâmes rapidement au café de la place Carnot. Aucun de nous ne trouvait quelque chose d’intéressant à dire tant nous étions dans l’étonnement. Au café, le calme semblait être revenu, et la serveuse nous servit du café et quelques gâteaux. Nous sortîmes lentement de notre étonnement et nous parlâmes des projets liés aux différents héritages. Nous étions tous les quatre très heureux d’avoir eu un tel oncle que nous n’avons malheureusement pas assez connu. Mais c’était son choix.
Il semblait que l’histoire de l’oncle Jacques ne faisait que commencer. Il a dû choisir personnellement ce notaire, le choix est tellement atypique qu’il est impossible qu’il soit dû au hasard. Ces étranges coïncidences devaient venir d’une volonté que j’ignore.
Cet oncle inconnu est entré dans ma vie comme un éclair.
Je me souvins de l’enveloppe cachetée que m’avait remise le notaire, je l’avais mise dans mon sac. C’était une grande enveloppe blanche, assez lourde, et j’avais senti entre mes doigts qu’elle contenait autre chose que du papier. Des clés, peut-être, enfin forcément ! Les clés du Château.
Quelques heures plus tard, je retrouvais enfin mon épouse, mon âme sœur, de laquelle je ne me sépare qu’exceptionnellement. Nous avions hâte d'ouvrir l’enveloppe de mon oncle pour en découvrir les secrets. Sous l’impulsion de mes doigts elle s’ouvre rapidement et j’y trouve un feuillet de vieux papier jauni par l’usure du temps, écrit à la plume large, d’une encre bleue foncée. Il y avait aussi un jeu de clé, une grande en acier, une moyenne en fer forgé et une petite de couleur dorée. Nous remarquons au passage la valeur symbolique des couleurs de clés et nos yeux curieux découvrent l’écriture souple et précise de l’oncle Jacques.
« Bienvenue au Cercle des maîtres inconnus et invisibles. »
Mon cher neveu Albert,
Il y a très exactement 55 ans, j’ai proposé à ton père ton premier prénom Albert parce qu’il forme un anagramme avec notre nom de famille : Albert Bartel, mêmes lettres, mêmes énergies, la boucle qui se referme sur elle-même, symbole de l’unité à retrouver. De deux au départ, ils deviendront un. J’ai aussi proposé de te donner mon prénom Jacques comme deuxième prénom caché, pensant que tu pourrais un jour prendre ma succession. Voilà l’explication de ton prénom que tu cherches depuis si longtemps.
Toutes mes félicitations, je t’ai proposé à mes confrères pour que tu me succèdes au sein de notre « Confrérie ». C’est un Cercle fermé, secret, altruiste et désintéressé . Sa vocation principale est de surveiller l’évolution de notre monde occidental pour préparer l’après-chaos vers lequel il tend inexorablement. Comme tu as pu le constater, notre monde va très mal, de plus en plus mal. Nous, les maîtres invisibles agissons dans l’anonymat là où il nous semble urgent d’agir. Évidemment, nous ne pouvons pas sauver le monde de son destin, puisque son destin au final est bon, mais nous agissons en accord avec la Volonté de l’Esprit supérieur et nous œuvrons comme Lui de manière providentielle, invisible et inconnue.
Nous t’observons depuis plus d’une vingtaine d’années, nous avons eu le temps de vérifier ta bonne volonté. Mon ami Gabriel, qui est aussi ton ami, nous a rendu compte de ton évolution et de tes œuvres. Tu l’as rencontré pratiquement chaque mois pour qu’il t’explique un peu la réalité et le fonctionnement du Monde d’en Haut. Ton intérêt pour les mystères de la vie nous a séduit. Nous avons attendu que tu comprennes, que tu intègres, il y a environ sept ans, l’immense intérêt de détruire ton ego qui était largement démesuré. Maintenant, il nous semble que tu te montres suffisamment humble et digne de prendre ma succession. Tu n’as d’ailleurs aucune obligation d’accepter ta nomination, mais si tu l’acceptes mes confrères seront très heureux de t’accueillir.
Tu trouveras ci-joints trois clés pour entrer chez toi, au Château d’Osigny. Je te l’offre non pas pour réveiller ton orgueil, mais tout simplement parce que c’est un endroit magique où il fait bon vivre. Je n’ai pas trouvé d’autre endroit en France qui soit plus agréable que celui-ci. Je te l’offre car il y a une ancienne chapelle consacrée et il est indispensable qu’elle soit entre les mains d’un gardien qui en soit digne. Le domaine est resté dans le même état qu’il était lorsque j’en ai fait l’acquisition. Je sais que tu aimes les choses authentiques, plutôt anciennes et je sais aussi que les lettres de noblesse te laissent indifférent ainsi que les considérations matérielles dérisoires.
Il te plaira certainement de rejoindre notre Confrérie cachée où rien n’est montré de manière visible. Nous n’avons pas besoin d’être reconnu car avoir pignon sur rue représente à nos yeux un handicap et un danger. Notre « Cercle » est ainsi sans structure, sans cadre légal, sans statuts ni règlement. Il fonctionne de manière anonyme et tout va très bien. D’ailleurs, tu n’en connaîtras que quelques membres, dont le jeune notaire Samuel Obryan et ton ami encore inconnu, le Dr Peter Gloss. Ils t’aideront à ton œuvre.
En ce qui concerne les clés, la grande est pour le portail, la moyenne pour l’entrée de la bâtisse et la petite pour entrer dans la chapelle. Le code du système d’alarme est annexé à cette lettre. Je souhaite que tu ailles y habiter avec ton épouse Lucile, et que tu prennes quelques années sabbatiques pour travailler à un manuscrit qui nous tient à cœur. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de le faire éditer moi-même.
Par l’intermédiaire du notaire, tu recevras une somme d’argent pour que tu puisses t'occuper du manuscrit sans te soucier des finances. Ton métier te permettras facilement de déménager. Tu vois, je te connais bien, je t’ai choisi, toi mon neveu pour réaliser mon souhait en accord avec les membres de notre Cercle. Je connais toute ton histoire, je sais qui tu es, ce que tu penses, j’ai de tes nouvelles depuis longtemps. Mais il te faut encore progresser pour aller encore beaucoup plus loin ou plus haut, au plus profond de ton âme. Il faut absolument que tu rencontres le petit-fils de mon maître le Dr Gloss, lui qui m’a tellement aidé durant les premières années lors de mon arrivée en Suisse. Son fils Hans a été un vrai frère pour moi, et ensemble nous avons été initié à la Science de l’Esprit. Lui aussi te connaissait bien, il savait tout de toi et il a un fils Peter, du même âge que toi. Il t’attend avec impatience pour que tu œuvres avec lui. Il habite à la sortie du village de Charmey, dernière maison à droite direction le col. Vos épouses s’accorderont très bien. Tu trouveras son numéro de téléphone ci-joint.
Peter est membre de notre Confrérie et il est chargé de te présenter à quelques membres. Il sera ton seul et unique contact, et nous sommes persuadés que votre amitié sera décuplée par la noblesse de votre mission. Je conviens que tout cela paraît bien mystérieux, voire très sectaire mais tu n’as rien à craindre, notre Confrérie est fondamentalement bonne, orientée vers des œuvres de bienfaisance, des œuvres d’intérêts supérieurs. C’est pourquoi nous respectons le principe fondamental de l’arcane, principe du secret. Nous penser qu'il est indispensable de rester inconnus et invisibles, d’une part pour nous protéger des regards malveillants et d’autre part pour conserver la force du secret, car tout secret dévoilé perd sa puissance. Nous avons compris depuis fort longtemps la manière dont la Providence opère ainsi que les règles du Jeu invisible du grand Maître, l’Éternel. Nous essayons de faire comme Lui, en agissant incognito. Les membres de la Confrérie sont tous des gens d’âge mûr, ce sont tous des initiés aux mystères de la vie qui opèrent de manière désintéressée. Ils sont tous des maîtres invisibles qui célèbrent le Maître absolu, l’Esprit supérieur.
Nous savons que tu seras des nôtres. Tu peux te réjouir, tu ne seras plus seul à œuvrer pour une cause digne de tes aspirations les plus profondes.
Par mesure de précaution, le manuscrit confidentiel dont tu dois t’occuper se trouve dans un endroit secret. Tu es le seul à pouvoir le découvrir.
Le pélican est notre signe de ralliement, c'est le symbole de l’Amour paternel, de L’Amour infini du Père l’Éternel. Autrefois, il était l’image du père parce que le pélican nourrit ses petits de sa chair et de son sang. Il est devenu au fil du temps un symbole christique et Angélus Silesius a écrit à ce propos : « Éveille-toi, chrétien mort, vois, notre pélican t’arrose de son sang et de l’eau de son cœur. Si tu les reçois bien…tu seras à l’instant vivant et bien portant ».
Il est pour nous l’image la mieux adaptée de la raison d’être de notre Confrérie. Nous donnons de notre sang, de notre eau précieuse, de notre connaissance et de nos moyens pour sauver ceux qui sont en train de périr à cause de leur ignorance.
Ainsi, l’Esprit supérieur est pour nous, ce que nous sommes pour les déshérités de la connaissance.
La boucle est bouclée.
Notre seul but est d’élever les hommes vers Lui, et de faire connaître sa Volonté, la Parole perdue.
Je t’ai rencontré vers les années 2000, à la soirée de remise de ton prix littéraire, avec mes amis alchimistes, nous t’avons félicité mais je suis resté en retrait dans l’anonymat, incognito. Je t’ai aimé à distance, et mon amour pour toi n’en était que plus pur. J’ai veillé sur toi, et à présent, je passe, je m’en vais accomplir mes œuvres sous d’autres cieux, selon le Vouloir de notre bon Dieu.
Je suis persuadé que nous nous retrouverons un jour, un jour de l’éternité, sous forme de deux petits esprits libres et éternels.
Adieu.
A Dieu.
Ton oncle Jacques.
Nous restâmes assis longtemps à regarder la lettre posthume, à la relire plusieurs fois, pétrifiés par la surprise. Nous connaissions un peu les sociétés secrètes par l’intermédiaire de notre ami Gabriel, mais leurs règles trop strictes ne pouvaient nous convenir. Gabriel disait d'ailleurs que ce n’était pas pour nous. Et puis, nous ne recherchons pas de travail supplémentaire, nos activités professionnelles nous conviennent très bien. Nous avons beaucoup de temps libre pour nous laisser vivre car nous avons compris que le temps est le vrai trésor des hommes.
L’idée de déménager dans le centre de la France ne nous était pas étrangère, nous en avions souvent parlé, un peu comme un projet lointain, remis d’année en année. Les années ont passé, sans nous soucier de l’avenir. Puisque nous sommes les heureux propriétaires d’un domaine que nous n’avons pas choisi, nous décidons d’aller à Osigny le lendemain matin de très bonne heure. Évidemment, nous avons très mal dormis, les pensées se bousculaient dans un ordre chaotique. Nous étions fatigués, en même temps excités à l’idée d’aller chez nous dans un endroit et une région inconnus. La destination est à quelques heures de Lyon par l’autoroute du sud.
Osigny se rapproche très vite, petit hameau de quelques fermes, au milieu de champs destinés à la pâture des vaches blanches et grasses. Nous avons les clés et le code d’accès de l’alarme. Nous avons appris par le notaire que le domaine se compose d’un petit château, d'une grange, d’un grand parc clos en bord de rivière, avec des arbres centenaires et le plus important à nos yeux, d’une petite chapelle datée de 1750. Nous passons devant les quelques fermes typiques de la région, et au bout d'une impasse, nous nous retrouvons devant un grand portail. Une impasse ! Symbole fort qui peut être interprété de deux manières, la première est qu’elle peut être un cul de sac suite à une erreur, une voie sans issue de laquelle il faut vite sortir en faisant demi-tour, la deuxième, est l’arrivée définitive, le centre du labyrinthe, le centre de la vie. J’opte spontanément pour la seconde interprétation. Je sens bien que c’est ici notre chez-nous, que nous sommes arrivés au bon port. Du portail, nous ne voyons pas la bâtisse cachée par les grands arbres. Tout à coup, j’entends une voix s’élever derrière nous :
- Deux secondes vous deux, vous cherchez quelque chose ?
Nous sommes interpellés par un monsieur âgé, bourru, bottes vertes de chasseur, bleu de travail de fermier et casquette brune. Il s’approche de nous.
- Bonjour Monsieur, nous sommes Albert et Lucile Bartel, les nouveaux propriétaires. Vous êtes certainement Monsieur Robert le gardien, le notaire de Lyon nous a parlé de vous.
- Bonjour Monsieur, bonjour Madame, excusez ma rudesse, je surveille le château. Il y a beaucoup de monde qui s’y intéresse en ce moment. Plusieurs personnes voudraient bien l’acquérir mais je dis à tous qu’il n’est pas à vendre. Ils ont dû apprendre le décès de Monsieur Jacques. En tous cas je suis heureux de vous voir, j’ai des informations à votre sujet car Monsieur Jacques m’a beaucoup parlé de vous. Nous discutions souvent lorsqu’il venait ici, surtout pendant la belle saison. Il m’a parlé de vous comme si vous étiez son fils. Mais je ne vous ai jamais rencontré. Je vous attendais, je savais que vous viendriez un jour. Je suis chargé de garder le château en attendant votre arrivée. Et cela fait 50 ans que je le surveille.
- Et bien, en voilà un bel accueil ! Vous devez tout connaître, est-ce que vous voulez nous servir de guide ?
Il prit un gros trousseau de clés et sans hésiter, il ouvre la serrure du grand portail gris foncé. Nous pénétrons dans le parc et nous apercevons sur le coté gauche une grande grange en briques et la demeure qui se dresse majestueusement au centre. Nous passons devant la chapelle attenante à la grange, nous reviendrons à elle, nous viendrons la visiter sans le gardien. Nous savons attendre pour déguster la cerise sur un gâteau. Le château est imposant, en bon état, assez simple globalement dans son architecture sans être austère.
Le gardien nous indique les détails du fonctionnement de cette demeure et s’excuse d’aller s’occuper de son bétail.
Mon oncle Jacques nous a offert une perle rare, une demeure ancienne, avec des matériaux anciens, de très bonne facture, qui signent la noblesse et la grandeur passées. Nous sommes véritablement séduits. C’est décidé, nous allons rapidement organiser notre déménagement et venir habiter ici.
Après la découverte de toutes les pièces de la demeure et après avoir cherché l’endroit où le manuscrit de l’oncle Jacques pouvait être caché, le soir venu, nous entrons dans la chapelle. A la lumière de quelques bougies, nous découvrons l’intérieur tel que mon oncle l’avait décoré. Murs blancs, boiseries sur la moitié inférieure, à gauche un grand vitrail et l’autel en pierre blanche. Au dessus de l’autel nous distinguons le portrait du Père l’Éternel, semblable à la fresque de Raphaël, le peintre virtuose de la cité du Vatican.
Bougie à la main, Lucile s’approche du tabernacle au fond à gauche et s’exclame : Albert, viens vite, regarde ! C’est incroyable, le pélican d’or ! Il était là en grand, 50 sur 50 cm, en bois sculpté en haut relief, doré à la feuille. C’est exactement le même que celui de la médaille du prix littéraire et de l’icône de l’étude du notaire de Lyon. Quelle étrange coïncidence, les signes se suivent et confirment une orchestration bien mystérieuse. J’ouvre lentement la petite porte du tabernacle, le pélican d’or pivote sur lui-même avec un grincement aigu et un gros paquet de feuilles usées se révèle à nos yeux. Je compte trois paquets de feuilles classées dans l’ordre. L’écriture ample et large de mon oncle sur les couvertures est facilement reconnaissable, Les prophéties de Jésus de Nazareth, Après la croix, l'écrit de Matthieu et l'écrit de Jean.
Nous étions stupéfaits ! Des prophéties ? Pouvait-il y avoir une suite après la crucifixion de Jésus ? Ces questions nous interrogèrent sérieusement.
Ainsi, l’oncle Jacques avait tout préparé pour nous, depuis des années, sans nous avertir, d’autant plus qu’il savait comment nous joindre.
Quoi qu’il en soit, il devait avoir de bonnes raisons, des raisons inconnues pour agir de la sorte. Je prends la liasse de feuilles pour en découvrir le contenu. Les trois paquets de feuilles sont écrits en allemand, mon oncle m’a donc légué un travail plutôt colossal, ces écrits devaient certainement être le résultat de ses activités au sein de la Confrérie secrète suisse. Peu importe l’ampleur de la traduction, j’ai le temps et voilà l’occasion d’aller voir Peter Gloss qui pourra m’aider à traduire le texte en français. Il devait forcement être au courant de l’existence de ce manuscrit. De plus, l’allemand n’est pas ma langue préférée mais la perspective d’une traduction française était assez réjouissante.
Début septembre. Nous sommes installés à Osigny. Le déménagement s’est déroulé sans encombres et nous avons passé quelques jours à savourer la fin de l’été. Je pense souvent à Peter Gloss, il pourrait m’expliquer ces événements singuliers. Il va sans dire que j’ai regardé de près les trois feuillets en ma possession. Il doit y avoir au moins cinq cent pages et leur traduction me parait être une très grande tâche. Alors j’ai gardé le premier cahier, le moins épais, j’en ai fait des copies et les deux autres ont été mis en sûreté.
Mi-septembre, je décroche enfin le téléphone. Sonneries à l’autre bout du fil et une voie de femme répond par son nom, en français, Dieu merci, je m’attendais à entendre un allemand suisse incompréhensible :
- Bonjour Madame, je suis Albert Bartel et je souhaiterai parler à Peter Gloss, est-ce possible ? J’entends le son d’un piano, une mélodie inconnue, un silence et une voie d’homme qui dit :
- Ah, c’est enfin vous, Albert, ça fait tellement longtemps que j’attends votre appel, j’ai hâte de vous voir, nous avons tellement de choses à nous dire et à faire, vous venez quand ? Vous n’êtes pas très loin de chez nous, à quelques heures seulement. Je sais que vous êtes assez disponibles et je vous propose de passer le week-end chez nous. L’accord est conclu et nous partons samedi matin très tôt direction la Suisse.
Nous trouvons facilement la maison des Gloss, à quelques pas de la maison de maître que l’oncle Jacques a donné en héritage à mon frère. La sonnette retentis et une jeune et belle femme nous accueille en nous embrassant :
- Je suis Maria dit-elle, entrez je vous prie. Peter nous accueille chaleureusement, visiblement très ému de nous voir.
- Bienvenue Albert et Lucile, quel bonheur de vous rencontrer ! As-tu trouvé le manuscrit de ton oncle ? demanda-t-il d’emblée.
- Il est chez moi ! J'ai apporté un exemplaire du premier feuillet et les originaux sont conservés dans un endroit sûr. Et pourquoi tant de mystère autour d’un vieux carnet de notes ?
- Je t’expliquerai au moment venu, pour l’instant savourons notre rencontre. Il y a longtemps que j’attends ce moment. Mon père et ton oncle étaient des vrais amis. Ils m’ont souvent parlé de toi et j’ai une idée assez précise de ta personne. Je suis heureux de te voir, vraiment tu sais, tu es tel que je l’imaginais et l’imagination juste est assez rare.
D’après la belle manière qu’ils nous reçoivent, nous étions loin d'être des inconnus, nous avions l’impression qu’ils nous connaissaient depuis toujours. Nous parlons un peu de ce qui nous arrive, du déménagement, et après un déjeuner de fête, Peter m’invite à une promenade sur les hauteurs de Charmey. Lucile et Maria se sont rencontrées comme deux sœurs complices et Maria lui fait découvrir la maison.
Peter m’emmène en ballade et dit :
- Ton oncle m’a offert son piano, il est dans mon salon, il tenait absolument à m'en faire cadeau car je joue de cet instrument depuis bien longtemps. La musique est une de mes grandes passions, une très grande joie.
Nous ne nous sommes jamais rencontrés parce que ton oncle et mon père voulaient que notre rencontre ait lieu lorsque nous serions assez évolués pour comprendre le projet auquel ils nous ont destiné. Tu as appris l’existence de la Confrérie à laquelle ils appartenaient tous les deux et comme mon père est décédé il y a 5 ans, j’ai été nommé à prendre sa succession. La succession de ton oncle a aussi été préparée, et celui qu’il a désigné, eh bien c’est toi. L’entrée dans notre Cercle est très confidentielle, elle ne se fait que sur proposition. Nous étudions la personne pendant au moins dix ans pour connaître la valeur de son cœur. Les nouveaux membres sont choisis à la loupe, très longtemps à l’avance et nous ne connaissons jamais les autres membres de la Confrérie. Le plus âgé, le plus sage en principe, est l’organisateur des réunions. Tout est confidentiel. C’est très plaisant d’appartenir à ce genre de Cercle, on y est libre, libre de faire un vrai travail en profondeur sans aucun risque de conflits et sans risque d’abus de pouvoir puisque nous travaillons d’une manière invisible et inconnue pour une Cause supérieure à nous.
- Pour une Cause supérieure, qu’est-ce que cela veut dire ?
- Oui, pour la Cause universelle, celle de correspondre à la Volonté de l’Esprit supérieur ?
- Tu veux dire pour la cause de Dieu ?
- Si tu veux encore l’appeler ainsi, oui c’est pour Lui.
- Pourquoi encore, Peter ?
- Nous sommes en 2011, le monde a changé et il change vite, les mentalités également, et il est désuet aujourd’hui de parler encore de Dieu. Nos contemporains sont écœurés de tout ce que les hommes ont fait en son Nom : guerres, inquisitions, tricheries, conspirations et excès de pouvoir. Le temps du changement est arrivé pour l’humanité, le temps de changer de niveau de conscience et nous avons comme but de participer à ce changement. Tu verras, nous sommes des milliers de membres inconnus et invisibles. Nous existons dans tous les pays de ce monde et nous œuvrons tous dans le même sens. Notre force est dans la faiblesse de chacun des membres, elle est dans l’anonymat, seul garant d’intégrité. C’est pour cela que ce Cercle inconnu existe depuis longtemps. Il pourra ainsi, passer les ans sans s’épuiser, il pourra durer parce qu’il n’existe nulle part. Tu en connaîtras le fonctionnement dans peu de temps, je suis chargé de t’en dire quelques généralités en accord avec les membres de notre région.
- Tout cela me semble bien mystérieux mais je comprends bien ce que tu dis, Peter et je me suis souvent demandé comment trouver la bonne manière d’aider nos contemporains à sortir de leur aveuglement. Je me suis trop souvent heurté à leur ignorance fanatique. Le changement ne peut se faire qu’à l’intérieur de l’âme et pour ce travail personnel, il y a peu d’indications. Les sciences humaines ne mènent pas l’homme à la connaissance de ce mystère qui nous dépasse et elles sont inutiles pour connaître la Volonté de l’Éternel.
- Tu as raison Albert, mais les termes que tu utilises encore sont démodés et obsolètes aujourd’hui. Évidemment, il est juste de parler de Dieu, de l’Éternel, du Royaume du Ciel, mais ces mots restent à l’extérieur, ils sont théoriques, poussiéreux et surtout chargés de drames. Ton dernier manuscrit, le petit conte initiatique sur l’origine du tarot a été beaucoup apprécié par notre Cercle. Ton écriture est brutale, rapide, sans fioritures, ce qui te permet d’aller à l’essentiel.
- Comment sais-tu cela, Peter, à part quelques amis proches, personne ne connaît l’existence de ce manuscrit ?
- Excuses-moi, Albert, tu as offert un exemplaire à ton ami Gabriel, il nous a mis au courant et nous avons pu lire ton conte initiatique. Il a d’ailleurs servi à confirmer ta nomination à la succession de ton oncle dans notre Cercle inconnu. Gabriel était un ami de longue date de ton oncle défunt, il est souvent venu ici à Charmey, où je l’ai aussi rencontré. Avec son air de professeur Tournesol, il ne passe pas facilement inaperçu, c’est un homme de valeur et de grande connaissance comme tu le sais. Il m’a souvent aidé dans mes travaux pour notre Confrérie. Tu le reverras bientôt et il pourra t’en parler.
Nous avons parcouru le long chemin vers le haut du village en direction de la Berra, sommet que mon épouse et moi connaissons bien, nous y sommes venus plusieurs fois les années passées. Comme mon grand-père, j’aime l’ambiance de la montagne sauvage, le silence de la haute montagne désertique, son air pur et froid. Je me rappelle aussi que nous ne sommes pas loin de la Chartreuse de la Valsainte, monastère où vivent les Chartreux, les ermites reclus.
Peter dit alors que nous allons prendre un petit raccourci par Cerniat pour rendre visite à un de ses patients qui l’attend pour des soins quotidiens.
- C’est bizarre, Peter que tu travailles aujourd’hui, un samedi après-midi et que tu m’emmènes avec toi.
- Ne t’inquiètes pas nous n’allons pas nous attarder, j’ai juste un soin à faire à un de mes amis.
A la sortie de Cerniat, à flanc de montagne, nous longeons un grand mur et arrivé à l’extrémité, Peter sort une clé de sa poche pour l’enfoncer dans une porte dérobée.
- Mais nous sommes chez les Chartreux ! Dis-je très étonné, c’est un monastère clos et ils ne tolèrent aucune visite !
- C’est vrai d’une certaine manière Albert, je vois que tu connais les Chartreux, mais tu sais aussi que ce sont des hommes comme nous et qu’ils ont besoin d'un médecin. Je viens tous les jours ici et pour ne pas les déranger, le prieur m’a donné une clé pour que je puisse aller directement à l’infirmerie où se trouve mon patient et ami, le Père Augustin. Il sait que tu viens avec moi et nous n’en avons pas pour longtemps. Je connais bien cet Ordre, j’ai pris la succession de ton oncle et de mon père pour les soins médicaux depuis une dizaine d’années. Ton oncle est venu ici toutes les semaines pour des consultations pendant 60 ans. Depuis sa disparition, j’assure la relève, ils me connaissent bien et je respecte ces hommes de très grande valeur. Leur vie est extraordinaire, et ici, nous sommes tous fortement influencés par leur vocation de silence. Ils écoutent la Parole éternelle, Celle que le monde profane a perdu et ils en vivent… tu te rends compte Albert, ils en vivent ! Et crois-moi, ce n’est pas une vaine parole.
- Ce que tu dis Peter me touche profondément, je connais la voie cartusienne par les écrits, bien peu nombreux d’ailleurs, j’ai étudié les quelques livres que j’ai d’eux. J’ai quand même l’impression, excuse-moi Peter, de profaner ce lieu si secret et je m’interroge pour savoir si je dois t’accompagner.
- Tout dépend de celui qui profane, mais ne t’inquiètes pas, leur réclusion est totalement respectée, cette porte ne donne accès qu’à l’infirmerie et elle ne fait pas partie de leur clôture. Il est hors de question de les déranger et si je viens ici, c’est bien pour leur rendre service. Ton oncle Jacques s’était lié d’amitié avec un de ces religieux de l’extrême. La voie cartusienne est d'ailleurs aussi une des sources d'inspiration de notre Cercle invisible. Je peux t’en dire même davantage, les deux compères, mon père et ton oncle ont été les instigateurs d’un projet de publication d’un manuscrit qui traduirait une facette de la réalité profonde de ce que vivent les Chartreux en secret ainsi que d’autres êtres évolués. Ils voulaient publier leur sagesse sous forme concrète et accessible pour que cette réalité ne soit pas oubliée des habitants de notre monde actuel.
Et nous sommes ensemble pour continuer leur projet. C’est vrai, Albert, au début je trouvais ce projet complètement fou, irréalisable, un projet de rêveur attardé, mais avec le temps, j’ai adhéré à leur humble prétention.
D’un coup sec, Peter pousse la porte et nous entrons dans une petite salle vide. Au fond à droite, une porte blanche qui donne sur un long couloir, il toque à la première porte, quatre petits coups. Une voix forte nous invite à entrer.
- Bonjour père Augustin, je vous amène les remèdes pour votre douleur, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
- Bonjour Peter, je suis heureux de vous voir, je pensais que vous m’aviez oublié ?
- Vous savez bien qu’il m’est impossible de vous oublier, vous êtes mon seul patient qui remercie le Ciel d’être malade. Mon ami Albert est venu avec moi.
- Ah oui Albert, votre ami, le neveu du Dr Jacques. Bonjour, dit-il, en me fixant droit dans les yeux, vous êtes celui qui ne sait pas bien écrire tellement il est radical. C’est ce que me disait votre oncle, le Dr Jacques, et je lui rétorquais que j’aime surtout ce qui est radical voire absolu car j’ai horreur de ce qui est alambiqué, tiède et fade. Notre prieur était du même style, il allait droit à l’essentiel. Il ne mâchait pas ses mots, certes il se répétait souvent, mais c’était voulu et les formules littéraires pompeuses ne l’intéressaient pas. Ceux qui savent parlent peu, d’une manière précise parce qu’ils pensent peu, c’est normal, avec un mental pur ils se laissent davantage penser qu’ils ne pensent. Alors, les mots ont vraiment du poids, le poids du silence de Celui qui parle à l'intérieur de nous, notre Bon Dieu. Et nous, nous ne pouvons qu’écouter, écouter ce qui se dit en silence. Qu’en pensez-vous Albert ?
- Bonjour père Augustin, vous avez tout à fait raison, la difficulté est de devenir suffisamment humble, simple et pur comme vous les Chartreux. Il est difficile de réduire les pensées pour se laisser inspirer. Notre difficulté est là, pour nous les gens du monde, par manque de connaissance sans doute, par manque de temps sûrement, mais surtout par manque de volonté. La vie moderne est une dévoreuse de temps, la vitesse du monde actuel est tellement rapide, c’est bien dommage car l’essentiel disparaît. La Parole divine est presque perdue et l’excellente habitude de L’écouter n’est plus à l’ordre du jour.
- C’est juste tout cela ! Albert, et que pouvez-vous faire pour remédier à ce problème ?
- Je ne sais pas encore, vous devez certainement avoir quelques idées de ce qu’il faudrait faire ?
- Oui ! Mes petites idées sont de vous suggérer de vous laisser guider par cette Parole fondamentale ! Essayez de participer à l’Action divine, aidez les gens égarés du monde, écrivez des livres, publiez-les, faites connaître la grandeur du Maître l’Éternel qui nous gouverne tous. Transmettez les paroles de Jésus de Nazareth, que voulez-vous donc faire d’autre ? Mais, attention à l’orgueil, mon ami, c’est notre principale source de confusion, il est difficile de le débusquer, mais avec un peu d’entraînement on y arrive assez facilement. Ne restez pas à la surface des choses, allez en profondeur de vous-même, là où tout est beau et pur car on y trouve l’Être, Celui qui nous fait vraiment vivre. Creusez un puits dans votre âme et buvez l'eau vive de la Science sacrée.
Le père Augustin devait bien avoir 100 ans. Assis dans un fauteuil bien trop grand pour lui, il semblait y être à l’aise. Peter avait entre temps refait le pansement de sa jambe et il lui remit la médication homéopathique. Une cloche retenti au loin, à une distance infinie, il se leva péniblement, nous remercia de la visite par un sourire affectueux et nous quitta pour répondre à un appel absolu. C’était l’heure de la prière, l’heure de célébrer l’Esprit suprême avec ses amis ermites.
Sur le chemin du retour, Peter semblait satisfait de notre visite. Je le remercie d’avoir organisé cette rencontre :
- Ce n’est pas tous les jours que je rencontre une personne qui parle différemment, qui parle des choses profondes.
- Tu sais, les choses profondes intéressent peu de gens répondit Peter, c’est très difficile à l’heure actuelle, les gens du monde sont tellement fascinés par la surface des choses, tellement passionnés par les divertissements. Il est difficile pour eux de revenir à l’essentiel, de revenir à la découverte de leur âme, il faut une très grande prise de conscience pour se laisser transformer, et c'est rare.
- Je sais bien que c’est une mission quasi impossible, mais peu importe où va le monde. Je sais que le Créateur l’attend au fond de son ignorance. Il ne s’arrêtera pas pour autant d'œuvrer par Amour et à notre échelle, nous ne pouvons pas nous arrêter d’œuvrer pour Lui.
Quelques kilomètres nous séparent de la maison de Peter, il est plus tard que prévu, et nous accélérons le pas.
Avec nos épouses, plus complices que jamais, nous passons la soirée à bavarder, à parler de nos expériences essentielles, de nos convictions.
De bon matin, vers 5 h, je sors silencieusement de la maison et je m’apprête à visiter le village. Une voix s'élève :
- Bonjour Albert, as-tu bien dormis ?
- Quelle surprise…bonjour Peter, oui, oui, très bien, merci, tu es bien matinal ?
Il enchaîne l’air réjoui :
- Chaque matin est comme une nouvelle naissance, une véritable résurrection par laquelle tout semble possible. Chaque jour est un renouvellement, une possibilité pour que mes rêves les plus audacieux se réalisent, alors je me lève le plus tôt possible avec la réjouissance de l’aube nouvelle.
- J’ai pensé longuement à la journée d’hier et à l'impressionnant moine Augustin. Quel âge a-t-il donc ?
- Je crois qu’il a dépassé le siècle, mais son mental est plus vif que jamais. Son corps évidemment est de plus en plus affaibli et ralenti, ce qui ne l’empêche pas de vaquer à ses occupations. Ils sont tous comme lui à la Valsainte, ils sont devenus lents mais très vifs, éveillés, très présents et ils ont l’air heureux, heureux intérieurement. Ils ont tous répondu à un Appel inconnu, et leur vie en est la réponse. C’est très beau, très pur et j’aime particulièrement être en leur compagnie. Si seulement mes patients pouvaient comprendre que pour être en bonne santé, il fallait bien penser. Et pour bien penser, il ne faut pas se faire de soucis pour des futilités, mais il faut se vider de sa suffisance pour trouver l’Être dans sa profondeur.
D’après mon expérience, on est malade de soi-même, de l’ignorance de ce qui nous dépasse, on est malade d'ignorer l’Être en nous. Il va de soi que ceux qui s’occupent de l’Être au fond d’eux-mêmes se portent mille fois mieux. Bref, je crois que seul l’ego peut tomber malade. Ce qui est normal puisque l’ego doit chuter, doit tomber du piédestal sur lequel nous l’avons mis ou plutôt permis qu’il s’y mette. Notre tâche est d’éliminer notre orgueil. C’est simple à comprendre mais difficile à réaliser.
- Bravo Peter ! Je vois que tu es déjà bien éveillé ce matin. Tu as parfaitement raison, et je suis toujours réjoui de rencontrer des personnes comme lui. Ce n’est pas très courant.
- Tant mieux l’ami Albert ! Ainsi tu pourras revenir nous voir souvent ! Tu en verras d’autres, et dans quinze jours si tu veux, je te présente à notre Confrérie, ça tombe bien, nous nous réunissons tous les deux mois, toujours un vendredi soir, et la prochaine réunion a justement lieu dans quinze jours. Ils t’attendent aussi.
Sans me laisser le temps de répondre, il sort son téléphone de la poche, dit quelques mots que je ne comprends pas, en allemand avec un accent suisse très prononcé. Il me sourit et dit qu’il a organisé une réception en mon honneur, dans leur Cercle dans deux semaines.
- Qu’est-ce que t’en dis ?
- Peter, tu es vraiment étonnant ! Il est à peine 5h du matin et tu organises mon introduction dans quinze jours sans avoir la crainte de déranger ton interlocuteur ?
Il répond joyeusement :
- Il y a des intérêts supérieurs à nos petites personnes. Tous les moyens sont bons pour les célébrer, il faut simplement savoir déterminer ce qui est supérieur à nous. Et c’est à chacun de nous de donner sa réponse. Pour ma part, j’ai choisi d’œuvrer, d’accomplir ma mission et je me donne les moyens de la remplir, comme beaucoup de personnes, ici, en Suisse. Oh ! je sais ce que pense le monde de la Suisse, de ses richesses, de ses banques, de ses paradis pour milliardaires, de la vie chère ! Néanmoins il ne faut pas trop regarder ce qui est en surface, les apparences sont parfois trompeuses. Bien sûr, que nous sommes riches, mais au delà des apparences, ces richesses sont redistribuées aux déshérités de la terre.
Aucun autre pays que le nôtre n’a autant de Fondations altruistes, autant d’Organisations privées qui œuvrent dans un but humanitaire, pour des raisons de bienfaisances. Pour aider ceux qui sont dans le besoin, il faut des moyens, des moyens colossaux, c’est pourquoi la Suisse est tellement riche. C’est une terre sainte, tout y est en ordre, en Ordre supérieur, difficilement compréhensible pour les gens des pays mal ordonnés. Ce qui est visible est une petite partie de ce qui est invisible. La Suisse est un iceberg, flottant sur une mer tranquille. Nous, les membres du Cercle des maîtres invisibles, nous ne faisons jamais de politique, bien qu’il y a des politiciens parmi nous, ce n’est vraiment pas ce qui nous intéresse, notre intérêt est autre.
Tu verras de toi-même l’ami, dans quinze jours, je crois savoir que notre Cercle devrait te convenir !
- Ce sera une grande joie pour moi de faire partie de votre organisation invisible, mais je me demande ce que je peux bien vous apporter, car je ne suis pas très riche et qu’il sera difficile pour moi de participer financièrement à une quelconque œuvre humanitaire. Nous vivons assez simplement sans vouloir beaucoup travailler, nous sommes proche de ceux qu'on appelle chez vous des « austeiger », c'est à dire des sortants du système moderne et du modèle classique et en même temps des « einsteiger », des entrants dans le Monde de l'Esprit.
Peter éclate de rire, ce qui me surprend. Se moque-t-il de moi ?
- Nous n’avons aucun problème d’argent, et nous n’avons absolument pas besoin de ta participation. Bien au contraire si tu es dans le besoin, nous t’aiderons. Pour l’instant, je sais que ton oncle t’a remis une somme suffisante pour que tu dormes tranquille encore quelques temps. Ton oncle avait tout préparé à l’avance et il m’avait demandé de l’aider pour ces préparatifs, voilà pourquoi je suis au courant de tout çà, l’ami. Qu’est-ce que tu peux être méfiant ! C’est peut-être utile dans le monde mondain, mais ici tu n’as rien à craindre, ni de moi, ni de personne. Nous avons confiance, à l’image des portes de nos maisons qui ne sont pas fermées à clé et il n’y a aucun vol. C’est une question de mentalité et de respect.
- Voilà qui est clair ! L’argent est une force illimitée à deux facettes, comme une lame aiguisée. Elle peut sauver une vie humaine par le scalpel d’un chirurgien ou bien assassiner un être vivant. L’argent peut être une force supérieure pour sauver de la famine, tout comme elle est la racine du mal, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Il peut être la racine du malheur et en même temps la source de tous les bonheurs. Tout est toujours comme ça, double, comme l’eau qui peut étancher la soif dans le désert et en même temps elle peut être responsable de la noyade. J’aimerai bien vivre comme toi, insouciant, à l’abri des voleurs, des arnaqueurs de tout poil, et c’est vrai, je suis devenu méfiant, j’essaye de me retirer du monde en ne pensant qu’aux affaires supérieures.