L'île des esclaves - Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux - E-Book

L'île des esclaves E-Book

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux

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Beschreibung

"L'île des esclaves" de Marivaux est une comédie en un acte qui explore les thèmes de l'égalité sociale et du pouvoir à travers une intrigue captivante. L'histoire débute par un naufrage qui conduit deux couples maître-valet sur une île mystérieuse. Iphicrate et son valet Arlequin, ainsi qu'Euphrosine et sa suivante Cléanthis, se retrouvent dans un lieu où les rôles sociaux sont inversés. Sur cette île, gouvernée par d'anciens esclaves, une loi étonnante est en vigueur : les maîtres deviennent esclaves, et les esclaves prennent la place de leurs maîtres. Cette inversion des rôles provoque des situations cocasses et révélatrices. Arlequin et Cléanthis, savourant leur nouvelle liberté, n'hésitent pas à critiquer ouvertement leurs anciens maîtres, mettant en lumière leurs défauts et leurs travers. Trivelin, le gouverneur de l'île, supervise cette expérience sociale. Son but n'est pas de punir les maîtres, mais de les éduquer en leur faisant vivre la condition d'esclave. À travers ce processus, Marivaux invite le spectateur à réfléchir sur la nature du pouvoir et les inégalités sociales. Au fil de la pièce, les personnages évoluent. Les maîtres, confrontés à leur propre arrogance et cruauté, commencent à comprendre la souffrance qu'ils ont infligée. Les valets, quant à eux, réalisent que le pouvoir peut aussi corrompre. Cette prise de conscience mutuelle mène à une réconciliation et à une compréhension nouvelle entre les classes sociales. Marivaux utilise l'humour et l'ironie pour aborder des questions sérieuses sur la société de son époque. La pièce critique subtilement l'arbitraire des hiérarchies sociales et plaide pour plus d'humanité dans les relations entre les individus. "L'île des esclaves" reste une oeuvre pertinente, offrant une réflexion intemporelle sur l'égalité, la justice et la nature humaine. Son message sur la nécessité de l'empathie et de la compréhension mutuelle résonne encore aujourd'hui, faisant de cette pièce un classique du théâtre français.

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Seitenzahl: 44

Veröffentlichungsjahr: 2024

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PERSONNAGES

IPHICRATE, général athénien.

ARLEQUIN, son esclave.

EUPHROSINE, dame athénienne.

CLÉANTHIS, son esclave.

TRIVELIN, magistrat de l'île.

HABITANS DE L’ILE.

La scène est dans l’île des Esclaves.

Modèle:Tl

Sommaire

Scène I

Scène II

Scène III

Scène IV

Scène V

Scène VI

Scène VII

Scène VIII

Scène IX

Scène X

Scène XI

Scène I.

Iphicrate s'avance tristement sur le théâtre avec Arlequin.

IPHICRATE, après avoir soupiré.

Arlequin !

ARLEQUIN, avec une bouteille de vin qu'il a à sa ceinture.

Mon patron !

IPHICRATE

Que deviendrons-nous dans cette île ?

ARLEQUIN

Nous deviendrons maigres, étiques, et puis morts de faim ; voilà mon sentiment et notre histoire.

IPHICRATE

Nous sommes seuls échappés du naufrage ; tous nos camarades ont péri, et j’envie maintenant leur sort.

ARLEQUIN

Hélas ! ils sont noyés dans la mer, et nous avons la même commodité.

IPHICRATE

Dis-moi : quand notre vaisseau s’est brisé contre le rocher, quelques-uns des nôtres ont eu le temps de se jeter dans la chaloupe ; il est vrai que les vagues l’ont enveloppée : je ne sais ce qu’elle est devenue ; mais peut-être auront-ils eu le bonheur d’aborder en quelque endroit de l’île, et je suis d’avis que nous les cherchions.

ARLEQUIN

Cherchons, il n’y a pas de mal à cela ; mais reposons-nous auparavant pour boire un petit coup d’eau-de-vie : j’ai sauvé ma pauvre bouteille, la voilà ; j’en boirai les deux tiers, comme de raison, et puis je vous donnerai le reste.

IPHICRATE

Eh ! ne perdons point de temps ; suis-moi : ne négligeons rien pour nous tirer d’ici. Si je ne me sauve, je suis perdu ; je ne reverrai jamais Athènes, car nous sommes dans l’île des Esclaves.

ARLEQUIN

Oh ! oh ! qu’est-ce que c’est que cette race-là ?

IPHICRATE Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s’établir dans une île, et je crois que c’est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent, ou de les jeter dans l’esclavage.

ARLEQUIN

Eh ! chaque pays a sa coutume ; ils tuent les maîtres, à la bonne heure ; je l’ai entendu dire aussi, mais on dit qu’ils ne font rien aux esclaves comme moi.

IPHICRATE

Cela est vrai.

ARLEQUIN

Eh ! encore vit-on.

IPHICRATE

Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie : Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre ?

ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire.

Ah ! je vous plains de tout mon cœur, cela est juste.

IPHICRATE

Suis-moi donc.

ARLEQUINsiffle.

Hu, hu, hu.

IPHICRATE Comment donc ! que veux-tu dire ?

ARLEQUIN, distrait, chante.

Tala ta lara.

IPHICRATE

Parle donc, as-tu perdu l’esprit ? à quoi penses-tu ?

ARLEQUIN,riant.

Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate, la drôle d’aventure ! je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m’empêcher d’en rire.

IPHICRATE, à part les premiers mots.

(Le coquin abuse de ma situation ; j’ai mal fait de lui dire où nous sommes.) Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos ; marchons de ce côté.

ARLEQUIN

J’ai les jambes si engourdies.

IPHICRATE

Avançons, je t’en prie.

ARLEQUIN

Je t’en prie, je t’en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c’est l’air du pays qui fait cela.

IPHICRATE

Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.

ARLEQUIN, en badinant.

Badin, comme vous tournez cela !

Il chante :

L’embarquement est divin

Quand on vogue, vogue, vogue,

L’embarquement est divin,

Quand on vogue avec Catin.

IPHICRATE, retenant sa colère.

Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin.

ARLEQUIN

Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe.

IPHICRATE

Eh ! ne sais-tu pas que je t’aime ?

ARLEQUIN

Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi, tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ! s’ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s’ils sont en vie, cela se passera, et je m’en goberge.

IPHICRATE, un peu ému.

Mais j’ai besoin d’eux, moi.

ARLEQUIN, indifféremment.

Oh ! cela se peut bien, chacun a ses affaires : que je ne vous dérange pas !

IPHICRATE

Esclave insolent !

ARLEQUIN,riant.

Ah ! ah ! vous parlez la langue d’Athènes ; mauvais jargon que je n’entends plus.

IPHICRATE

Méconnais-tu ton maître, et n’es-tu plus mon esclave ?

ARLEQUIN, se reculant d'un air sérieux.