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Quelques poèmes de ce recueil ont vu le jour il y a plus de trente ans, tandis que d’autres ont été écrits au début de l’année 2023. Alors que l’un de ses enfants était frappé par une maladie incurable affectant sa vision, l’auteure eut à cœur de le rejoindre en lui adressant ce recueil. Comment considérer l’immensité de la création, à portée de nous, encore à conquérir ? Et soudain le kaléidoscope des formes inouïes et des couleurs en éventail… celles des fleurs et des arbres, des rivières, des montagnes et des nuages ainsi que l’immense variété des pierres et des roches, se mit à tourner, plus vite que les aiguilles du cadran, redessinant nos paysages familiers. En filigrane, pour celui qui est privé du regard… pourra-t-il déchiffrer à quoi rêvent les oiseaux ? Et deviner depuis quand les parfums ont-ils enchanté le monde ? "L’infini dans l’œil éphémère" est un hommage poignant à la beauté cachée du monde et à la résilience de l’âme humaine.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Isaline Bourgenot
Dutru écrit depuis plus de trente ans. À ce jour, elle a écrit deux biographies, un essai, un roman, une vingtaine de nouvelles, des poèmes et plus de soixante-dix critiques d’art. Ce fut la lecture du recueil "Les Fleurs du mal" qui fut son premier choc littéraire. Elle conçut alors un spectacle poétique, "Baudelaire, mon semblable, mon frère", comme une réponse à cet éblouissement. Écrire, pour rejoindre cet Éden perdu dont nous avons une invincible nostalgie… voilà le projet de ce recueil ainsi que le désir d’élévation, afin de ne pas désespérer.
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2025
Isaline Bourgenot Dutru
L’infini dans l’œil éphémère
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Isaline Bourgenot Dutru
ISBN :979-10-422-5547-3
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À Julie
Elle est retrouvée.
Quoi ? L’éternité.
Illuminations, Arthur Rimbaud
En étirant le ruban du temps
Une idée folle !
Voler les aiguilles du cadran
et les planter dans l’épaisseur du jour.
Relire la fresque des cycles primitifs.
Être conduit hors des âges,
près de cette secrète histoire des origines.
Aller et retour en boucle
où le plus lointain passé surgit dans l’instant
comme le moment présent réchauffe les temps anciens.
Magnifique, l’oiseau posté à ma fenêtre !
Derrière mon morceau de vitre, c’est moi qui suis encagée.
Je ne peux rien dire des oscillations du monde.
L’œil de l’oiseau luisant comme un gros grain de cassis
semble apercevoir l’au-delà.
Oiseau messager des drames anciens ayant accompli sa migration.
Oiseau prophète déchiffrant le moutonnement des nuages.
Oiseau sentinelle saisissant dans le vol des colonies,
les notes des partitions à venir.
L’oiseau a frémi,
s’est ébroué
et son bec a fouillé une de ses ailes
dans un mouvement de toupie,
puis il a délivré une plume d’un beau noir coruscant
en la posant sur le rebord de la fenêtre.
Une plume ?
Écrire comme on fouillerait un champ de ruines,
écrire pour oublier qu’on se tient au bord d’un précipice,
et puis lâcher l’oiseau du regard.
Il reviendra
peut-être.
L’oiseau a tracé des signes inconnus
sur la toile bleue de la voûte.
Qui saura les dévoiler ?
Énigmes, comme un éblouissement.
Elles ont précipité l’injonction d’écrire.
Bleu, bleu, bleu !
Tout a commencé par le bleu.
Et tout est né d’une séparation.
Le bleu a engendré deux sœurs aux abymes insondables
l’eau et l’atmosphère,
mer et voûte,
et comme des frères,
les poissons et les oiseaux sont nés le même jour.
Écailles ou plumes ?
Nageoires ou ailes ?
Ces deux hôtes primitifs parcourent tous les courants aléatoires.
L’oiseau, au contraire du poisson,
m’apprend qu’il envisage sa survie
au moins à deux.
Tiges, roseaux, brindilles,
c’est ensemble qu’un couple tisse son aventure
dans l’attente d’une éclosion.
Et pour les merles, leurs œufs seront bleus.
Dans son élan vital, l’oiseau
conquérant les gratte-ciel naturels
en y arrimant son nid,
m’apparaît comme le premier architecte du monde.
À l’assaut des espaces infinis,
en planant au-dessus de l’éther,
l’oiseau est devenu le pionnier de l’âge d’or.
Mais après l’Éden perdu ?
Noé est entré dans l’arche
et une question a surgi :
« Qui a fermé la porte » ?
Écouter le bruit des gouttes.
Régulier, il est le premier rythme d’un battement cardiaque
qui fait tenir le monde.
L’eau a sa propre pulsation qui enfante la création.
Sortir du ventre, a pensé Noé.
Puis il a regardé le corbeau.
La fenêtre unique de l’arche s’est entrouverte
et l’oiseau a laissé une trace de goudron dans l’azur.
On ne l’a plus revu jusqu’au grand peuplement du monde.
Noire.
Couleur jaillie la première, dans un désert tout neuf.
Le corbeau ne s’est pas retourné.
En désertant la compagnie des habitants de l’arche
il est devenu le premier explorateur
du Nouveau Monde.
L’attente a épuisé Noé.
L’envol définitif du corbeau a laissé Noé incertain,
l’espoir d’un monde sec a été différé.
L’oiseau est aussi noir que sa solitude est solaire.
L’urgence est de trouver une couleur nouvelle
face à la terre dénudée que Noé va devoir affronter.
Comme un lutteur.
Au fond de l’arche,
la colombe, comme une fleur ébouriffée.
Elle s’envolera demain.
Partir,
revenir,
puis repartir
pour déposer la promesse de la vie aux pieds de Noé.
S’enfuir maintenant
comme un ange pressé de rejoindre sa cité.
La colombe s’est défroissée
tel un voile de mariée agité par le vent.
Ses ailes se fondent maintenant dans la masse albugineuse des nuages.
Le tulle nacré semble une immense coquetterie de lingerie.
La colombe est une promesse délicieuse.
Après le noir, après le blanc, la transmutation des couleurs,
comme un sublime principe alchimique.
L’arc des folles lumières
a maintenant inondé de joie une humanité nouvelle.
Nouvelle ?
Et pourtant, dans cet univers tout neuf,
les hommes n’éviteront pas
la misère.
Quelle sera la place des délaissés ?
Il semble que seuls les oiseaux pourront peupler leur solitude.
Le corbeau n’a-t-il point de femelle
pour que l’on nomme de façon têtue
le corbeau ?
La colombe n’a-t-elle point de mâle
pour que l’on désigne toujours
la colombe ?
C’est au féminin
que la bannière d’une branche d’olivier est revenue.
À l’image du corbeau,
les misérables voient leur isolement
immuable.
Pas de retour, pas de promesse, pas de liens.
Jamais le cœur en paix.
Ce sont eux,
femmes et hommes abandonnés,
qui pourtant ramassent les grains de riz à la sortie des mariages,
comme un trésor,
pour les offrir aux oiseaux.
Certains à couronnes
d’autres enrubannés pleins d’exubérance
sont privés de la grâce du mouvement.
Ainsi le coq et le paon.