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En quittant son village natal pour embrasser les promesses de la ville, Amoin nourrit l’espoir d’un avenir lumineux. Mais ses illusions s’effritent face à une réalité implacable : trahie par ceux qui devaient l’aimer, exploitée par ceux censés la protéger, elle se retrouve seule, broyée par le tumulte d’un quotidien impitoyable et l’exigence d’études sans répit. C’est dans cette fragilité que surgit Alain, étudiant au charme enveloppant, mais dont les intentions se révèlent bien plus sombres qu’il n’y paraît. Derrière les apparences et les promesses, un piège insidieux se referme. Amoin saura-t-elle échapper à l’engrenage et reconquérir sa liberté ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné de théâtre depuis la classe de 6 , Konan Raoul Kouassi est un lecteur assidu et un comédien engagé. Actif dans plusieurs clubs de lecture et de théâtre qu’il a parfois dirigés, il puise dans son expérience personnelle pour livrer un message fort : appeler parents et éducateurs à écouter et soutenir une jeunesse en quête de repères.
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Seitenzahl: 91
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Konan Raoul Kouassi
L’irresponsabilité du responsable
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Konan Raoul Kouassi
ISBN : 979-10-422-7807-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’irresponsabilité du responsable est une pièce théâtrale basée sur un réalisme qui relate des situations opposées au rêve de la petite Amoin, après sa réussite au BEPC. Les contemporaines de cette dernière sont courantes dans notre société ; surtout des élèves issus de certains parents ignorants de la vie d’un élève livré à lui-même. Tel que Kolabou, qui, dans cette pièce, se croyait toujours dans l’antiquité. Il refuse de comprendre que le temps est modernisé, sous prétexte qu’à leur époque tout ce privilège qu’Amoin a aujourd’hui n’était pas nécessaire.
En effet, Amoin est une jeune fille née de parents cultivateurs de cacao. Elle est dotée d’une intelligence qui ne la laisse pas inaperçue partout où elle fait acte de présence. Son choix de ville, pour la suite de ses études, va se porter sur Abidjan. La ville aux « mille mondes ». L’insouciance des parents d’Amoin va la pousser dans les bras d’Alain, le jeune homme riche et convoité par presque toutes les filles de son école. Amoin sera épinglée par le filet de la désorientation, du suivisme, du désespoir et l’échec à tous les niveaux.
C’est justement pour épargner la jeunesse de ce filet qui ne cesse de s’étendre dans notre société que le Dramaturge ivoirien Konan Raoul Kouassi écrit cette pièce théâtrale pour attirer l’attention de tout parent sur les bienfaits d’un bon encadrement de son enfant.
L’auteur, à travers cette pièce théâtrale, tente de situer les responsabilités entre les parents d’élève, les tuteurs/trices, le système éducatif et l’élève lui-même dans le processus de réussite d’un enfant et l’impact que la responsabilité non assumée peut causer.
Amoin qui a quitté le village après son Brevet d’Étude de Premier Cycle (BEPC) dans l’espoir de réaliser ses rêves en ville s’est vue abandonnée par ses propres parents. Sa tutrice qui pouvait l’épauler va empirer la situation par son caractère invivable.
Les dépenses liées à ses études vont la plonger dans le désespoir. À la recherche d’une solution, Amoin va se tourner vers Alain, le jeune riche convoité par toutes les filles de son école. Ce dernier lui donnera de faux espoirs. Après l’avoir engrossée, il prend le vol pour les États-Unis d’Amérique en l’abandonnant.
Konan Raoul Kouassi exprime sa profonde gratitude à monsieur Melèdje Memel, enseignant de lettres modernes françaises, pour ses premières relectures.
Kolabou : père d’Amoin
Amoin : la fille de Kolabou :
Aya Bah : mère d’Amoin
Allou : le bègue
Messou : cousin de Kolabou :
Kablan : tuteur d’Amoin
Marlaine : la femme de Kablan
Secrétaire : agent de l’école
Zoé : meilleure amie d’Amoin
Le prof de français
Le prof d’anglais
Le prof de Math
George : élève
Bernard : élève
Zéphirine : élève
Séraphin : élève
Alain : l’enfant du riche
L’intendante
Denpouri : élève
Kpatikpa : ami de Kolabou
Anouathé : villageois
Gnian : rivale d’Amoin
Elisabeth : élève
Roger : élève
Dagobertine : élève
Oncle d’Alain
Kolabou est un père exigeant et impulsif qui ne digère pas facilement les affaires. Il a toujours raison, peu importe le sujet. Il reste fidèle à son époque et son vécu.
Scène 1
La scène se passe au village. Vers la fin des vacances scolaires.
La rentrée scolaire est prévue dans quelques jours.
C’était lundi, il était sept heures du matin. Kolabou, le père d’Amoin, s’apprêtait à aller au champ. Assis devant la porte, dans sa tenue de champ est en train d’aiguiser sa machette.
KOLABOU,autoritaire : Il appelle sa femme : Aya bah ? …Aya ? Ce n’est pas toi que j’appelle là ?
AYA BAH,sortant de la cuisine avec une louche : Oui, n’dja Kolabou (monsieur Kolabou). Je suis là. J’ai fait quoi encore ?
KOLABOU,la regardant méchamment : Faut pas m’énerver matin-là hein ! Tu vas prendre combien de temps pour répondre quand je t’appelle ?
AYA BAH : Eh, j’ai fait quoi encore ce matin-là ? Aaah ! Tu aimes trop ça. Pardon aujourd’hui là dèh. Si tu m’appelles et que je n’entends pas, je réponds comment ?
KOLABOU,énervé, tente de se lever : Ah bon ! Aya Bah ? C’est à moi que tu parles comme ça ? Tu as recommencé tes trucs là encore non ? On dirait tu as oublié hein ! Continue seulement.
AYA BAH,un peu effrayée : Eeh, Kolabou, yatchi (pardon). Je n’ai pas envie de palabres ce matin. Il faut faire vite, tu vas aller au champ. Je ne sais même pas ce que tu cherches encore ici à l’heure-là même. Habituellement, tu es déjà parti au champ. Tous les vrais garçons sont déjà partis au champ… Mais les garçons toclo1 comme toi sont encore dans le village en train de fatiguer les gens.
KOLABOU : Viens me soulever, tu vas me faire partir, tchrrrr… Envoie-moi mon foutou couché je vais manger pour quitter devant toi.
(Aya rentre dans la cuisine, ressort avec une assiette pleine de morceaux d’ignames bouillies, la dépose devant lui et se retourne. Quelques secondes après, il appelle à nouveau sa femme.)
Ayah bah ? C’est avec ma salive que je vais laver mes mains pour manger ? Où est l’eau ?
AYA BAH,elle ressort de la cuisine en murmurant : Pardon ooh j’arrive. Hum, j’ai cherché mari jusqu’àaaa et c’est ça là que Dieu a eu pour me donner. Eeeh Dieu aussi n’a pas eu pitié de moi dèeh.
KOLABOU :attentif à ce qu’elle disait : Aya bah tu… tu… tu dis quoi ? C’est de moi que tu parles comme ça ?
AYA BAH : Non, non… Je vais parler de toi, je vais dire quoi ? Même si on dit que je n’aime pas la paix.
KOLABOU : Ah d’accord. Tu as intérêt de toutes les façons, où est Amoin ?
AYAH BAH : Je l’ai envoyée à la boutique.
KOLABOU, avec sa bouche pleine : Voilà ! je savais, toujours la même chose. Boutique qui est tout près là là, elle va passer tout son temps à se promener. Ce qui est sûr, moi j’ai fini de parler ooh ; si elle tombe enceinte, elle va quitter ma maison. Tu la vois clé… clé… clé… clé on dirait petit cabri qui cherche à téter sein. Je la regarde seulement.
AYA BAH : Kolabou, pardon, faut manger tu vas partir au champ et puis je vais avoir la paix… aah.
Elle se retourne à la cuisine.
KOLABOU : Donc c’est moi qui fais la guerre ? C’est ça ? Je vais te revenir, attends, je vais finir de manger d’abord. Mais avant que je te frappe, va chercher ma fille, parce que je dois vous parler. (À peine il finit de parler, Amoin arrive avec de l’huile en main.) Eh ! toi là, viens ici. (Effrayée, elle s’approche.) Appelle-moi ta mère là-bas.
Elle se dirige vers la cuisine puis revient avec sa mère quelques secondes après.
AYA BAH : Eeeh Amoin, « à coumi » (tu vas me tuer) tu as fait quoi encore ? Je t’ai toujours dit d’éviter la bouche de ton papa… ooorrh.
AMOIN : Je n’ai rien fait, maman.
Toutes inquiètes, elles prennent deux tabourets et viennent s’asseoir auprès de Kolabou.
AYA BAH : Nous sommes là, Kolabou. Je t’écoute, il faut m’insulter, je vais quitter devant toi. Je suis habituée maintenant.
KOLABOU,Avec la bouche pleine : Donc je suis devenu fou pour insulter n’importe comment ? Tchrrrr… Eh ! toi là, ferme bien tes jambes là-bas (ordonne-t-il à sa fille), c’est comme ça vous commencez. Tu ne peux pas t’asseoir comme ta mère ?... Saffourlaye ! j’ai oublié que c’est ta maman qui t’a appris à t’asseoir comme ça même. Aya, tu vois, tu vois non ? Toujours quand je te dis de lui apprendre à faire de bonne chose là.
Ne finissant pas sa parole, sa femme réplique.
AYA BAH,commençant à perdre patience : Eeeh, Kolabou, faut dire ce que tu as à dire je vais aller travailler oorrrh. Tu aimes trop ça, ahh. Je dois aller au champ, hein !
KOLABOU : Eeurh, fermez vos bouches. Je vais parler maintenant… (Un silence de 10 secondes s’installe, le père lèche ses doigts, doigt après doigt, puis lave ses mains et les essuie sur son pantalon, avant de racle sa gorge et reprendre la parole). Voilà ! si je vous ai appelé, c’est pour parler de ta fille. (il indexe Amoin)… tu sais au moins qu’elle a eu son PPC (BEPC), même si tu ne connais pas ce qu’on appelle PPC.
AYA BAH : Onh onh dèh, onh onh ! Kolabou, faut pas me sous-estimer comme ça. Même si je ne suis pas allée à l’école, je connais BEPC. Et d’ailleurs même on ne dit pas PPC, mais BEPC. Tu parles beaucoup pour rien, tu ne sais même pas prononcer un simple BEPC.
KOLABOU : OK… OK… OK… Peu importe, PPC oh, BEPC oh c’est même chose… Et puis, comme elle a envie d’aller continuer ses promenades, elle a choisi une école jusqu’à Abidjan. Je ne sais même pas comment elle s’est arrangée pour aller loin comme ça.
AYA BAH : Hum, Abidjan ? Tu connais qui là-bas et puis tu as choisi là-bas ?
AMOIN : Maman c’est parce que j’ai bien travaillé à l’examen qu’on m’a envoyée loin comme ça. Et puis c’est une école professionnelle.
KOLABOU : Quoi sionnaire ?
AMOIN : École professionnelle.
AYA BAH : Dis-moi « propo…proto…prossiotionaire » là, on fait quoi là-bas.
KOLABOU, en se moquant de sa femme : C’est pas forcé de savoir prononcer. Mais en tout cas, faut bien lui demander, j’espère que ce n’est pas leur école où les gens vont pour devenir bandit là hein. Pour venir me contredire ici.
AMOIN : Non, papa, ce n’est pas ça. On va à l’école et on apprend un métier en même temps.
KOLABOU,coupant la parole à Amoin. Il arrange sa chaise et il s’assoit bien, avec toute l’attention : Humm, c’est quel type d’école ça encore ? On va en même temps on apprend métier ? Faut bien parler ton affaire-là, hein. C’est quel type de métier ?
AMOIN : Il y en a plusieurs, mais on m’a orientée en comptabilité.
KOLABOU : Mais oh, si je comprends bien pendant que tu vas à l’école, tu travailles et puis on te paie encore ? Ah ! en tout cas si c’est ça seulement tu as choisi un bon truc. Au moins, tu vas vite travailler pour m’envoyer de l’argent.
AMOIN : Comme je ne suis pas encore arrivée là-bas, je ne connais pas trop ce qu’on y fait au juste. Mais c’est ce que les gens qui nous ont renseignés ont dit.
KOLABOU :