La 4-D est arrivée - Guy Adrian - E-Book

La 4-D est arrivée E-Book

Guy Adrian

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Beschreibung

Jean Meunier, ex-industriel de la chimie, à présent ruiné s'est réfugié dans un paisible village des Dombes. Le couple survit dans une usine désaffectée au bord d'un étang. Las de vivoter, ils veulent s'inspirer d'une série de télé pour gagner beaucoup d'argent. Chimiste surdoué, Jean élabore la 4-D,drogue nouvelle plus efficace que la cocaïne en particulier pour le "Chemsex". Bien sûr, les trafiquants locaux veulent s'emparer de cette 4-D ; s'en suit une guerre acharnée à coups d'explosifs, de poisons et d'armes lourdes. L'enquête mènera la gendarme Aurélie et Julien, un jeune journaliste spécialisé dans les trafics de drogues en Amérique du Sud.

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DU MÊME AUTEUR

L’organisation Wong, 2016, Publishroom Factory

Marilyn et l’ange turfiste, 2017, Le Texte Vivant

460 morts et des mouches, 2018, Le Texte Vivant

Nous sommes partout, 2019, Publishroom Factory

Les Vénus de Guinée, 2019, Les Fabricantes

Bienvenue à Gagaland, 2020, Les Fabricantes

L’écolo anonyme, 2022, Les Fabricantes

« Il faut craindre une vie mauvaise davantage que la mort. »

– Bertolt Brecht

AVERTISSEMENT

Ce texte est une fiction, toute ressemblance avec des personnes ou des organismes existants ou ayant existé relèverait de la pure coïncidence. Les données concernant des produits illicites, drogues naturelles ou de synthèse sont extraites, sans modifications de la principale encyclopédie en ligne, version française. Les opinions exprimées par les personnages ne sont nullement le reflet de celles de l’auteur.

Sommaire

« LA 4-D EST ARRIVÉE ! » PROLOGUE (SEPTEMBRE 2021).

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

CHAPITRE IX

CHAPITRE X

CHAPITRE XI

CHAPITRE XII

CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIV

CHAPITRE XV

CHAPITRE XVI

CHAPITRE XVII

CHAPITRE XVIII

CHAPITRE XIX

CHAPITRE XX

CHAPITRE XXI

CHAPITRE XXII

CHAPITRE XXIII

CHAPITRE XXIV

CHAPITRE XXV

CHAPITRE XXVI

CHAPITRE XXVII

CHAPITRE XXVIII

CHAPITRE XXIX

CHAPITRE XXX

CHAPITRE XXXI

ÉPILOGUE

ANNEXE

« LA 4-D EST ARRIVÉE ! » PROLOGUE (SEPTEMBRE 2021).

Qui est ce vieillard cramponné au volant d’un coupé sport de grand luxe, en pleine nuit sur une route de campagne, noyée de pluie ?

C’est moi, Jean Meunier, 78 ans, ancien industriel de la chimie, auparavant personnalité éminente de la région du Douaisis dans le Nord, respecté et aimé de tous ses anciens collaborateurs et voisins. Après mes déboires financiers, je suis devenu un paria, quasiment SDF, poursuivi par les créanciers, et pour finir, hébergé gracieusement par une amie de jeunesse. Justement, c’est elle, Marie-Paule qui me suit dans le vieux combiné « Transit » blanc. Ce brave camion m’a servi de domicile quand j’ai fui la région du nord où j’avais vécu, travaillé et fait vivre ma société « ANICHEM » pendant trente-cinq années, ce qui n’est pas rien ! À ce moment, ne pouvant m’offrir l’hôtel que deux jours par semaine je vivais dans ce véhicule sommairement aménagé, allant de campings en parkings de supermarchés.

Par cette nuit d’encre, je roule très prudemment sur la route D90 qui va de Nozieux dans l’Ain où nous résidons, vers l’Autoroute A42, avant sa jonction avec la A40 qui mène à Genève en Suisse. C’est là qu’est immatriculée cette Bentley Continental G. T. dont je dois absolument me débarrasser avec son passager, celui qui est dans le coffre, bien mort et emballé dans quelques mètres de plastique et avec lui une vingtaine de bâtons accélérateurs de feux pour barbecue, plus quelques kilos de poudre d’aluminium. Dans le Transit, Marie-Paule transporte cinquante litres d’essence et autant de fuel pour assurer la mise à feu. Pour ce genre d’activité criminelle, je suis novice, mais étant grand amateur de romans policiers, j’apprends vite. J’ai lu il y a peu un « polar » écrit, comme souvent, par un commissaire en exercice. D’ailleurs, on se demande si ces fonctionnaires ne feraient pas mieux de courir après les criminels plutôt que de raconter par écrit de vieilles enquêtes au contribuable-lecteur. Ce bouquin décrivait précisément le « Barbecue marseillais »1. Selon l’auteur, cette spécialité non culinaire consiste à faire brûler avec de l’essence le cadavre de son ennemi, à grand feu, dans le coffre d’une voiture (volée de préférence). À cette température, il ne reste plus du patient que des débris raccourcis sans l’ADN nécessaire pour l’identifier. L’auteur spécialiste affirme qu’il est bon avant la mise à feu, de faire sauter au burin les dents du mort pour éviter une identification via les dossiers de travaux dentaires. Rappelez-vous que c’est ainsi que l’on a identifié les restes d’Adolf Hitler en mai 1945, lorsqu’il avait été brûlé après son suicide dans le jardin de la Chancellerie. Moi je n’ai pas envie de me livrer à cette répugnante besogne sur la mâchoire du cadavre logé dans le coffre appelé « l’Écorcheur » ou « le Turc », homme de main et tueur au service de feu « Samir le Suisse ». Ce dernier était un trafiquant de drogue et mafieux arabo-suisse, propriétaire de cette magnifique Bentley qui va devenir bientôt un tas de ferraille calciné. Le feu d’essence dopé aux accélérateurs et surtout à l’aluminium va faire monter la température à deux mille degrés. Là, l’émail des dents et toute trace d’ADN disparaîtront grâce à la vaporisation totale des restes du Turc avec feu d’artifice aluminisé. Ça sera blanc et lumineux !

Nous sommes en lisière de champs labourés, au milieu de nulle part. Je repère dans les phares un tertre assez grand et je m’arrête. Marie-Paule se range à côté, descend du Transit et me demande :

« On est où là ?

– À trois kilomètres de l’autoroute et dix de Pont-d’Ain, il n’y a aucun village avant.

– Mais sur l’autoroute ils vont voir le feu et donner l’alerte…

– L’entrée la plus proche est à huit kilomètres. Le temps que les pompiers se mettent en route et qu’ils arrivent ici, il se passera au moins trente minutes. D’ici là, il ne restera rien. Allez, descendons les bidons, après tu avanceras vers les arbres à cent mètres là-bas. »

Dans le coffre ouvert de la Bentley, je déverse d’abord un flot de fuel puis d’essence et j’inonde les places avant. L’odeur est très forte. Le masque noir que je portais lors de la Covid m’empêche de respirer, je le baisse un peu. Je transpire, c’est dur pour un vieux de mon âge de trimballer ces bidons de vingt litres. Marie-Paule m’aide comme elle peut. Voilà c’est fait. J’ai préparé une mèche imprégnée de poudre noire longue de deux mètres. Briquet en main, j’attends que mon amie démarre et roule jusqu’au bosquet. Voilà, j’allume la mèche et je cours le plus vite que me le permettent mes vieilles jambes. Dans mon dos j’entends un « Vlouf » et à présent on y voit comme en plein jour. Marie-Paule s’est abritée dernière le fourgon. Je la prends par les épaules pour la rassurer, à présent les flammes orangées montent à dix mètres de haut, puis l’aluminium entre en action. Le coffre se soulève sur une explosion sourde et une lumière blanche intense apparait.

Inutile de rester là pour se faire repérer par des riverains ou les secours qui vont finir par arriver. Il est quatre heures du matin, en roulant prudemment, dans une heure nous serons rentrés, juste à temps pour nous occuper de « Samir le chef », puis finir cette nuit agitée par une boisson revigorante et du repos. En effet, à nos âges, respectivement 78 et 76 ans il nous faut nous ménager. J’ai pris le volant du Transit, la route est toujours déserte. Nous sommes vêtus de noir, chapeaux sur la tête, masques sur le visage, discrétion totale, mais Marie-Paule s’inquiète :

« Et si on croise quelqu’un qui va relever notre numéro d’immatriculation ?

– Je roule avec un jeu de fausses plaques que m’avait fourni un copain casseur de Douai. Donc aucun risque, et je te signale que notre fourgon ressemble aux milliers d’autres utilisés par les marchands forains qui font les marchés tous les jours, partout. Justement, c’est souvent très tôt le matin qu’ils se mettent en route, nous sommes incognito, ce qui n’était pas du tout le cas avec la Bentley.

– Quel dommage, elle était très belle, j’ai apprécié le confort des sièges en cuir, soupire Marie-Paule, surtout celui du passager… »

Je lui réponds en rigolant :

« Il pouvait être bien moelleux, car hier soir en nettoyant pour effacer nos traces dans cette voiture, j’ai trouvé collée sous l’assise du siège une sacoche contenant deux cent mille francs suisses. C’est un joli magot qui va nous aider pour la suite…

– Parce qu’il y a une suite à ces horreurs ?

– Oui ! Déjà, faire disparaître Samir le chef du gang. Son corps est stocké dans l’entrepôt. J’ai réussi à le faire rentrer dans un fût de plastique à ouverture totale de deux cents litres, comme ceux où je stockais mes échantillons. J’y ai mis aussi de la ferraille et cinquante kilos de chaux vive. J’ai scellé le fût, il est prêt à plonger dans l’étang du Boulard, là où le chemin va jusqu’au bord. L’endroit n’est plus utilisé par la pisciculture, je n’aurai qu’à rouler le fût jusqu’au bord et plouf ! Je vais faire ça en arrivant.

– Tu auras besoin de moi ?

– Non, j’utiliserai le porte-fût mobile qui est justement adapté aux fûts de deux cents litres. C’est un format standard : Samir, même s’il était grassouillet est bien rentré dedans ; en revanche, le Turc dit “l’Écorcheur” était trop grand, il aurait fallu deux fûts et le découper d’abord en deux…

– Beurk ! C’est dégoutant…

– Pas de sensiblerie ! Cet après-midi il faudra aussi nettoyer le bureau et l’entrepôt au Karcher, on ne va pas pleurer l’eau de Javel ! Quand on est novice dans le crime, on se doit d’être simple et efficace. Pour l’instant, on est bon, même s’il a fallu employer les grands moyens. Il n’y a que dans les films qu’on voit le criminel dissoudre le corps dans une baignoire avec deux misérables bouteilles d’acide sulfurique ou autre. En vrai, deux cents litres seraient nécessaires, et après, on fait quoi de cette cochonnerie ? Restons sérieux, moi je suis un professionnel, même retraité !

– Ah oui, je sais que je peux te faire confiance pour ce qui relève de la chimie ! »

Une fois arrivé à bon port, je me gare au niveau du quai des livraisons de l’ancienne usine, je fais rouler le gros fût de plastique à l’arrière du fourgon et je le cale, une fois la porte fermée je démarre en direction de l’étang. Marie-Paule bien fatiguée est partie se coucher.

À présent, je suis assis sur la digue restée humide des pluies de la nuit, les pieds sur l’herbe, au bord de l’étang du Boulard. Aucun reflet sous l’eau ne signale la présence du fût bleu qui a dévalé la pente et s’est enfoncé rapidement. Le jour se lève, le silence est total… à ce moment j’entends un « floc » et des rides concentriques se forment sur l’eau brune, c’est sûrement un poisson venu gober un insecte près du bord. À deux cents mètres de là je vois les bâtiments de l’ancienne usine qu’on appelle la « Verrerie ». C’est un ensemble de constructions de la fin du XIXe siècle entouré de murs à moitié écroulés, le long de la D25 qui après un kilomètre rejoint Nozieux petit village de cinq cents habitants à quinze kilomètres de Villars-les-Dombes.

Le carillon de l’Angélus vient de sonner au clocher du village. Sept heures. Je n’ai pas sommeil. Comme je suis enveloppé dans ma vieille parka noire bien étanche, je ne sens pas l’humidité pernicieuse, venue aussi bien de la brume légère qui flotte sur l’étang que du contact de la pierre froide. Vu mon âge avancé je me dois d’être prudent sur le plan Santé, car je ne cotise à aucune mutuelle. Je vis avec le minimum vieillesse insaisissable par le fisc et les huissiers vautours. Moi, Jean Meunier, ingénieur, docteur en chimie, ex-chef d’entreprise, je suis devenu depuis cinq ans un « économiquement faible », terme poli pour éviter de dire « Indigent » ou « Sans-dents », comme nous appelait le nième crétin membre de la tribu des Présidents-Énarques, qui s’est succédé à la tête de notre pays pour l’enfoncer dans le chômage de masse, les dettes et le sous-développement.

La vie reprend sur l’étang. De la roselière en face émerge une troupe de poules d’eau. De temps en temps, elles plongent leurs têtes dans l’eau profonde, croupions en l’air pour attraper des bestioles, puis rejoignent le groupe en cancanant. Ce paysage paisible composé d’eau, de roseaux, de saules et de grands peupliers m’a, petit à petit, après des dizaines d’heures d’observations conduit à une forme de zénitude qui a calmé mon mal-être, cette quasi-dépression liée aux événements désastreux vécue avant mon arrivée. Heureusement, j’ai évité la plongée dans l’usage de ces produits psychoactifs que j’ai bien connus, puisque ma société fabriquait intermédiaires et génériques pour les labos pharmaceutiques. Tricycliques, accélérateurs de la Sérotonine et tous ces anxiolytiques que vous connaissez sous les noms de « Xanax », « Temesta », « Lexomil », etc. Nous Français sommes leaders mondiaux de la consommation de ces substances abrutissantes et addictives, au total quatre milliards de comprimés et gélules par an ! Vous me direz que c’est utilisé surtout par des femmes plus ou moins névrosées. C’est un peu vrai, car je vois bien lorsque je vais à la pharmacie pour obtenir mon antihypertenseur habituel, que je suis précédé de dames assez âgées. Elles entassent les boîtes de somnifères et d’antidépresseurs dans les cabas en papier, utilisés à la place des sacs en plastique d’antan. Leurs bonhommes, eux, se soignent plutôt avec leur remontant favori : vin ou bière puis pastis après onze heures. Ça picole bien dans cette région de la Dombes, avec toujours au moins un bistrot par village.

Ah, un frôlement derrière moi, c’est Mimine la chatte grise qui règne en maîtresse sur le domaine de la « Verrerie ». La vraie patronne des lieux qui est mon amie l’a certainement sortie avant de se coucher. Six heures, c’est le début de la nuit pour Madame Marie-Paule Guesquière, qui, au décès de son mari Bernard il y a dix ans, a hérité de l’usine désaffectée et du vaste domaine.

La chatte vient se frotter le long de ma jambe gauche et je lui gratte la tête entre les oreilles. Sachant qu’elle n’aura de moi rien de plus, elle part en exploration sur le bord de l’étang où elle va éviter de taquiner les ragondins armés de griffes et de longues dents, ils sont bien trop gros pour elle.

À présent, je me souviens de ma précédente séance de méditation matinale au bord de l’étang. C’était au début du mois de mars, par un temps frais comme aujourd’hui, il y a six mois, une journée calme s’annonçait, c’était un mercredi, car Marie-Paule, lorsqu’elle réunissait chez elle les anciens élèves de son lycée, choisissait toujours ce jour-là… Rien n’aurait dû troubler cette petite fête, ni notre vie très calme de retraités. Mais c’est arrivé, très brutalement. Quand on fait des choix hasardeux, ça ne se passe jamais comme prévu…

En route, assez traîné !

1« Cap Canaille », C. Gavat, Fayard 2020.

CHAPITRE I JEAN MEUNIER. MARS 2021.

Après une heure de rêverie matinale au bord de l’étang, je reprends le chemin du domaine, je vais pouvoir me réchauffer dans mon logis. Il s’agit du local situé à l’entrée de l’ancienne verrerie. Son occupant à l’époque, surveillait le domaine et gérait les mouvements quotidiens de la centaine d’ouvriers qui y étaient employés. Six jours par semaine et dix heures par jour ces gens devaient souffler le verre, le tailler, le polir et l’expédier à travers la France.

C’était il y a une centaine d’années et ces productions ont cessé dans les années 1930 lors de la grande crise industrielle. Petits profits et beaucoup de main-d’œuvre, l’activité n’était plus rentable. L’affaire fut rachetée par un groupe franco-libanais spécialisé dans les objets de décoration moyen-orientaux : lustres, lampadaires et vases en faux cristal, à l’imitation de Daum et Baccarat. L’entreprise qui périclitait à nouveau fut reprise par Bernard Guesquière, l’ingénieur qui en 1985 venait d’épouser Marie-Paule. Celle-ci avait été ma copine durant la dernière année de mes études d’ingénieur-chimiste vingt ans auparavant. Parti au service militaire, puis travaillant dans le Nord, j’avais perdu le contact avec elle jusqu’en 2004 lorsque son message arriva sur ma boîte mail professionnelle pour me rappeler mon passé. Elle enseignait les Lettres dans un lycée de Bourg-en-Bresse. Après une rencontre à Paris et passé le choc de la vision de nos physiques de quasi-sexagénaires, nous prîmes l’habitude d’échanger, façon « Copain d’Avant », souvenirs et anecdotes. Cinq années plus tard, Marie-Paule allait perdre Bernard, son mari décédé sur le bord d’une route de l’Ain lors d’une balade à vélo solitaire en ville : infarctus, alors qu’il était en bonne santé, quoique sûrement stressé. Bernard s’était lancé avec quelques collaborateurs dans la cristallerie de luxe imitée de Gallé et des créateurs du design moderne. Il fallait beaucoup de travaux de Recherche et Développement, du matériel et des produits très coûteux, les comptes étaient dans le rouge. Marie-Paule, seule héritière de la « Verrerie de Nozieux » ferma les ateliers dont les bâtiments vétustes se transformèrent en friches industrielles. Elle ne garda que l’ensemble de bureaux qui entre ses mains devinrent une résidence agréable avec vue sur la campagne et les étangs. Une partie de l’ancien site était resté en bon état, surtout l’entrepôt avec sa chambre forte souterraine. Là, Bernard gardait ses modèles, les cristaux taillés, les pigments précieux et des touries d’acides destinées au polissage.

Pendant des années notre correspondance, surtout téléphonique, s’était poursuivie régulièrement. Marie-Paule évoquait son lycée et ses problèmes d’enseignante, moi ma vie de chef d’entreprise se débattant dans les difficultés. Je lui parlais aussi de la maladie de ma femme Hélène atteinte d’une succession de cancers : sein, colon puis poumon. Une vie rythmée par les innombrables séances de chimio et radiothérapies avec des rémissions, sources d’espoir et des rechutes. Au décès d’Hélène, j’ai arrêté mes activités professionnelles, quitté la région Nord et après une longue errance je suis arrivé il y a cinq ans déjà à Nozieux.

À présent, je me mets au volant de la vieille Golf de Marie-Paule pour me rendre au supermarché de Villars. Je vais en profiter pour m’offrir un café croissant en lisant le journal local. Je pars seul, car Madame ne se lèvera que vers onze heures, et encore, à condition qu’elle n’ait pas avalé un deuxième comprimé, destiné à calmer ses angoisses nocturnes. Elle dit craindre la mort, surtout si celle-ci survenait pendant son sommeil, donc elle veille en lisant ou en écoutant France Culture jusqu’au moment où elle finit par s’assoupir avec lumière allumée et radio en bruit de fond. Heureusement, ces nuits perturbées n’entament pas sa bonne humeur habituelle. Nous nous entendons bien au quotidien, nous aimons les plats traditionnels bien mijotés tels que daubes et blanquettes. Je suis souvent aux fourneaux, étant chimiste, c’est une facette de mon métier où je m’applique avec rigueur tout en gardant le matériel et les lieux propres, bien rangés. Avec Marie-Paule c’est plutôt le côté touche-à-tout et expérimentations qui ressort façon « Boomer » et leur slogan « Interdit d’interdire » sorti droit de mai 68.

Nous sommes complémentaires : elle s’occupe de l’intérieur, moi je fais le gros du ménage, l’entretien du jardin, des haies et des massifs taillés, je tonds ce qui ressemble un peu à une pelouse. Justement j’ai fait cette corvée et j’ai disposé sous les arbres en bordure les tables et chaises de jardin en vue de la fiesta de ce soir : vers dix-huit heures, Marie-Paule va accueillir ses invités, tous anciens élèves, principalement ceux qui faisaient partie dans son lycée du groupe théâtral. Chaque année, ils montaient une pièce qui était jouée à la salle municipale, leur répertoire allant de Labiche à Brecht. Tous ces acteurs d’un jour sont restés fidèles à leur prof un peu spéciale, autoritaire souvent, mais pleine d’humour. Lors de précédentes réunions, j’ai pu constater que tous ces jeunes semblaient bien dans leurs peaux, plutôt extravertis et moins abrutis que la plupart des « générations Z ».

Ce soir nous allons nourrir et abreuver ce petit monde, une cinquantaine d’invités. J’ai sur moi une longue liste de boissons et bricoles apéritives, mais je dois faire attention, car notre budget est serré : neuf cents euros mensuels pour moi et mille cinq cents pour Marie-Paule. Une fois payé impôt foncier, électricité, eau, téléphone et Internet, il ne reste plus de quoi faire souvent la fête. Nous nous contentons d’escapades au « Parc des Oiseaux » tout proche ou dans les petits restaus de campagne à prix doux. Adieu les tables étoilées du temps où j’étais un industriel bien nanti. Le défunt Bernard lui aussi menait grand train avec son épouse, les voyages surtout, un peu partout sur la planète et de fréquentes virées à Paris avec spectacles, théâtres et concerts. Tout ça c’était avant !

Je me gare sur le parking d’Intermarché et caddie en main je slalome entre les rayons en cherchant les promotions sur des produits susceptibles de plaire aux mômes. Je sais que selon la tradition les garçons amèneront des bouteilles et de la bière, les filles des pizzas, quiches et cake salés. Ça sera sympa, car tous semblent éprouver du plaisir à revoir leur ancienne prof de Lettres et papoter avec elle, en particulier pour évoquer les voyages scolaires qu’elle organisait chaque année en Italie, Allemagne, Autriche et en Grèce, le plus souvent. Ces balades en bus de deux semaines avaient laissé à tous des souvenirs inoubliables.

Moi, évidemment, je suis hors-jeu, mais d’autres parlent aussi de leur quotidien. Au départ, ces jeunes ont été formés à des bacs pros commerce, certains sont devenus vendeurs ou gérants de leurs propres magasins. Beaucoup, toute la journée face à un ordinateur, s’occupent à trier des données ou s’adonnent au télétravail.

De toute cette bande, c’est Marc dit « Marco » qui est le chouchou de Marie-Paule. C’est un grand brun, mince, musclé qui ressemble à Alain Delon jeune, il est un peu frimeur, mais sympathique. Il semble connaître tous les lieux festifs entre Lyon et Genève et se dit « organisateur d’événements ». À voir ses vêtements de marque et les voitures de sport qu’il gare sur notre pelouse mal taillée, la vie semble bonne pour lui. Il appelle assez souvent mon amie, qui en vraie bavarde a dû, j’en suis sûr, lui parler de notre lamentable situation financière. À chacune de ses visites je perçois dans le regard et l’attitude de ce jeune homme un peu de mépris ; il semble se dire : « Pourquoi Marie-Paule s’est-elle mise avec ce semi-clochard au lieu de se trouver un vieux friqué ? » À ce moment, je les laisse papoter et je pars méditer sur la « vanité des choses humaines » au bord de notre étang. Mais souvent, je l’avoue, il m’arrive de cogiter sur des plans du genre : « Comment gagner beaucoup d’argent pour vivre comme avant » ? À chaque expédition à Villars j’achète un ticket de Loto ou d’Euromillions, sans résultats jusqu’ici !

Je poursuis ma balade avec caddie…

CHAPITRE II MARIE-PAULE. MARS 2021.

Un rai de lumière passe à travers le volet devant moi et me chatouille le bout du nez. Il a dû aussi m’agacer le coin de l’œil, car je me suis réveillée en me frottant le côté droit du visage. Il est presque 11 heures… c’est bien ! Je fredonne sur un petit air gai : « Liberté, liberté chérie. » C’est quand même bien la retraite : plus de sonnerie stridente dès l’aube résonnant comme un glas funèbre annonçant une journée de labeur ! Terminées les contrariétés en tous genres, inhérentes au monde du travail, même si pour moi enseigner les Lettres au Lycée Saint-Joseph de Bourg n’était pas une réelle corvée.

Je me suis arrêtée il y a six ans, mais je ne regrette rien, d’autant que beaucoup d’anciens élèves me sont restés fidèles. Avec le temps, ils ont constitué une sorte d’amicale et je suis leur vieille amie ; parfois une conseillère, sauf s’il s’agit d’intervenir dans leurs affaires de couples, car c’est plus risqué. Ce soir, ça sera notre réunion post-vacances d’hiver et certains raconteront leurs séjours en les agrémentant des récits de petites aventures. Marco, mon gentil préféré nous parlera sûrement de Dubaï et de la Californie où il semble avoir ses habitudes à chaque fin d’année.

J’entends une pétarade sur la route qui tourne vers le grand cyprès. C’est donc Jean qui revient de Villars avec les courses et tout ce qu’il faut pour la fiesta de ce soir. Décidément, ma vieille Golf aurait besoin d’une bonne révision. Au ralenti le bruit est infernal ! S’il faut changer tout l’échappement, ça va être encore une facture de mille euros et mon pauvre Jean va se sentir mal, car il n’a pas un sou vaillant en dehors de son minimum vieillesse. Moi ça va, mais lui le manque d’argent le fait vraiment souffrir, il a l’impression de vivre à mes crochets, comme on dit, et d’avoir été mis au rebut.

Non, car pour moi il est devenu un compagnon indispensable et un soutien précieux ; qu’est-ce que j’aurais fait toute seule dans cet immense domaine ? J’aurais été obligé de le revendre pour en tirer à peine de quoi acheter un T3 à Villars dans un de ces immeubles en béton que j’exècre, avant l’étape finale en EHPAD, puisque, comme Jean, j’ai perdu mon conjoint et que je n’ai pas eu d’enfant.

Heureusement, ici j’ai la nature autour de moi et la vue sur tous ces étangs si paisibles. Avec Jean nous partageons les mêmes goûts, en particulier pour les Arts et surtout la peinture. Lui fait de beaux portraits et des scènes de genre, moi je peins surtout ces paysages de la Dombes que je photographie lors de nos promenades. De plus, Jean m’évite la plupart des corvées, en particulier celle du supermarché où je dois m’agglutiner avec des gens sales bourrés de microbes, ce qui est devenu ma hantise depuis l’épidémie de Covid. Il fait aussi très bien la cuisine, des plats légers et équilibrés qui conviennent à un couple de seniors soucieux de leur apparence physique. Avec lui, je me suis remise à la gym, il nous a installé une jolie petite salle de sport avec tapis, barres et haltères. Ainsi, quand nous sommes reçus chez mes anciens collègues du lycée ou par de vieilles copines, j’entends leurs remarques : « Quel beau couple vous faites ! » ou « Tu as de la chance d’avoir trouvé Jean. »

C’est vrai que nous représentons un beau couple de vieux… Sauf que nous ne sommes pas un réel duo, nous n’avons pas de relations sexuelles et nous dormons chacun dans notre coin : moi dans l’habitation principale, lui dans la vielle loge du gardien qu’il a retapée à son arrivée il y a déjà presque 6 ans. Ma relation avec Jean a commencé en 1969 et dès le départ, ce fut compliqué. Je l’avais rencontré au mariage de ma cousine Florence. Il était le témoin du marié et je l’avais tout de suite remarqué, genre beau ténébreux avec sa barbe noire. Comme il est d’usage, ces cartons posés sur les tables, désignaient la place de chacun. Subrepticement, j’avais procédé à un échange pour me retrouver à côté de ce jeune homme qui me semblait aussi énigmatique que beau. Au cours du repas, à cause de vin qui coulait à flots, mon esprit tordu m’avait soufflé une idée qui aurait dû rendre mes joues encore plus rouges : dans le feu de la conversation j’avais prétexté, le sachant chimiste que si j’avais en ma possession un poison pouvant entraîner ma mort, je ressentirais ma liberté avec beaucoup plus d’acuité. Affaire conclue, adresse donnée. Produit reçu et aussitôt jeté dans les poubelles de l’immeuble parisien où je résidais avec ma belle-sœur et mon frère. Quand celui-ci apprit où nous nous étions débarrassées, il nous avait forcées à descendre fouiller dans le tas d’immondices, ne ménageant pas ses critiques. Tel un chien de garde furieux il avait surveillé l’opération qui s’avéra longue et nauséabonde pour l’odorat ! Mais j’avais déjà lu la lettre qui accompagnait l’envoi et ressentais une telle allégresse que j’aurais pu, avec délice, tremper mes mains dans la boue et la sanie ! Jean, l’homme à la barbe et aux yeux si clairs souhaitait me revoir ! Il habitait Lille.

Ce fut le début d’une histoire étrange… De longues années plus tard, j’éprouvais encore des difficultés à analyser la relation que nous avions vécue. J’étais folle de lui ! Mais les mots qui, en pareille circonstance viennent spontanément me paraissaient si incongrus qu’ils restaient bloqués en moi. Lors de nos rencontres, Jean semblait plus amical qu’amoureux. Est-ce que nous ne nous étions jamais embrassés ? Aucun souvenir ! Sans doute pas.

Plongée dans mes rêves, je me contentais de brefs moments passés avec Jean dans des restaurants où pour l’imiter je mangeais comme lui des morceaux de viande rouge, qui, en fait, me dégoutaient au point de me faire vomir une fois seule. Même ce qui aurait dû être un avertissement ne m’avait pas affectée un instant : Un jour, une amie de ma cousine Florence à qui j’avais raconté que « je sortais avec Jean » m’avait toisée de haut en lâchant : « Ah bon ? Il n’est plus avec sa copine allemande ? »

Finalement, Jean restant toujours évasif et distant, j’ai mené ma petite enquête. L’année précédente, il avait rencontré une jeune Allemande, Ute. Un simple flirt de vacances, mais à l’automne elle était venue de Hanovre pour s’installer chez lui, s’inscrire en fac et étudier le français. Jean en était-il amoureux ? En tout cas lorsque je l’ai rencontré à ce mariage, il attendait encore Ute. L’automne suivant, l’armée qui appelait Jean sonna le début de la fin de mon aventure qui n’était pas vraiment connu de commencement.

Durant des années je l’ai retrouvé dans mes rêves. Rêves stériles, mais qui longtemps m’avaient maintenue sur un petit nuage. Finalement arriva le miracle du Net : l’affichage de son nom m’apprit qu’il dirigeait près de Douai une entreprise de chimie. Un bref message, un voyage à Paris où nos retrouvailles trente-cinq années plus tard ont eu pour moi un goût de printemps. Nous avons échangé pendant des années jusqu’au moment où ayant tout perdu : sa femme, son affaire et ses biens, il trouva refuge chez-moi. Notre vie est simple et douce, la seule chose qui me manque vraiment c’est l’évasion, les voyages. Pas ceux que je faisais avec Bernard en première classe et hôtels quatre étoiles, mais ceux de ma jeunesse post-soixante-huitarde en Afrique, Togo et Côte d’Ivoire, en Syrie, au Liban et surtout en Grèce où je fus professeur de français. J’en ai gardé le goût de l’apéritif anisé local, l’Ouzo. Jean s’y est mis aussi.

Bon, assez traîné, l’apéro ça sera pour ce soir pendant notre petite réception. Je vais me faire un thé et j’aiderai Jean à ranger les courses. Il me racontera aussi ce qu’il a vu à Villars.

CHAPITRE III JEAN. MARS 2021.

Les conversations commencent à languir. Je note plusieurs tête-à-tête entre filles, qui à ce que je perçois, sont en train de parler de leurs enfants : scolarité, activités et cantine. Entourant Marie-Paule, trois garçons et une fille évoquent un voyage scolaire avec leur prof préférée, il y a environ dix ans. Ils parlent de l’Autriche, des musées, de la ville de Linz et d’un vieux mendiant devant la maison natale d’Hitler. Le vieillard loqueteux était le sosie du Führer. Mon amie affirma que c’était le vrai… Sauf que là, il aurait eu plus de cent vingt ans ! Improbable évidemment, mais très plausible pour Marie-Paule qui croit dur comme fer à la réincarnation, aux extra-terrestres avec OVNIS et à tous les bazars ésotériques sinon complotistes à la mode de notre XXIe siècle mal commencé ! Adieu raison et bon sens ! Ne réfléchissez pas, le numérique et son « Big-Data » s’occuperont de vous, en échange, consommez sans modération !

Je me suis mis un peu à l’écart derrière la rangée de tables de jardin recouvertes de nappes en papier. J’avais disposé des assiettes garnies de chips, charcuteries, pizzas et quiches. Comme j’ai horreur des gobelets en carton qui donnent au vin un goût affreux, j’avais sorti les verres de l’ancienne époque, en cristal taillé, tout à fait adaptés à la dégustation du Bourgogne « Hautes-Côtes de Nuit » apporté par le beau Marco. Pour les autres invités j’ai servi surtout des jus de fruits et des bières, beaucoup, car les jeunes ont redécouvert la « Binouze », et à bonne dose comme c’était d’usage pendant mes années d’étudiant à Lille. Le temps est doux ce soir pour un début mars, il n’a pas plus plu depuis Noël. À quand des étangs asséchés dans ces Dombes dont je suis devenu amoureux ?

Quatre garçons se sont mis sous le grand tilleul, ils sirotent leur cannette, l’un d’eux vapote et le nuage odorant monte se perdre dans le feuillage déjà bien vert. Apparemment, ils parlent bagnoles et performances. Je capte les mots fétiches : Ferrari, Lamborghini, Porsche… Des quatre, le plus assuré semble être le jeune Marco. Il est arrivé en dernier, dans un coupé Bentley Continental G. T. très beau, de couleur noir mat profond. Bien sûr, en se garant devant la pelouse il a fait rugir les six cents chevaux du monstre d’acier immatriculé en Suisse. Les affaires semblent bien marcher pour ce jeune d’à peine 25 ans. Aux questions et remarques flatteuses, il répond en expliquant qu’en ces temps post-Covid le monde de la nuit revit et qu’on fait la fête partout, de Zurich à Saint-Trop. Lui n’est que l’agent de DJs, de rappeurs et autres artistes, son monde est celui des nuits branchées avec musique et alcool. Il ne le dit pas, mais sûrement aussi shit à gogo. Moi je n’ai pas connu ça, à part quelques soirées avec Hélène dans des discothèques rétro, Marie-Paule, elle est bien trop intello pour ce genre de divertissement. L’ayant connue jeune, je me souviens qu’elle était très coincée, alors que sa cousine Florence dont le mariage avait amené notre rencontre était bien libérée, elle avait « essayé » presque tous mes proches copains. C’est vieux tout ça !

Je commence à remballer et à débarrasser assiettes, plats, serviettes en papier et à les mettre dans la poubelle jaune. À presque 22 heures, nos invités veulent rentrer, certains pour vérifier que les baby-sitters ont bien couché les gosses. D’autres se lèveront tôt pour faire la route vers Lyon, de plus en plus longue et encombrée, vu les contraintes imposées à la circulation des voitures au nom de l’écologie militante.

À présent, j’ai tout débarrassé et rangé les tables, nos invités sont partis sauf Marco qui est en discussion avec Marie-Paule, à dix mètres de moi, près de la splendide voiture qui luit sous la lumière des photophores suspendus aux branches des arbres. Je remarque que le noir profond de la carrosserie contraste joliment avec le cuir fauve des sièges. J’ai vu sur l’écran de mon Huaweî préféré que ce modèle Bentley approche les trois cent mille euros. Quand même, pour un gamin c’est beaucoup d’argent ! Je remarque qu’il porte un costume léger Armani sur une chemise blanche en lin et aux pieds de jolies bottines. J’ai gardé l’œil, car au temps de ma splendeur financière, il y a longtemps, j’avais aussi le goût de ces attiferies. Je ne suis pas jaloux, mais de toute façon il est trop tard, car des vêtements de luxe ne feraient que me donner une allure grotesque de « vieux beau » !

Je m’approche d’eux, mon amie me lance : « Tu tombes bien, Marc me parlait d’un de ses problèmes : comme il a beaucoup de clients entre Lyon et la Suisse, il me demande s’il est possible de lui louer un emplacement où stocker du matériel : micros, enceintes et instruments. Je crois qu’il y a de la place dans l’ancien entrepôt, là où le toit a été refait en dernier. Est-ce que tu peux lui faire voir tout ça ? Moi je vais aller prendre un bain pour me délasser, bonne nuit les garçons ! Marc, rappelle-moi bientôt. »

Après les bises, nous partons vers l’entrée du vieux bâtiment au fond du parc. Marco me pose des questions sur