La dame de carreau - gilles Pitoiset - E-Book

La dame de carreau E-Book

Gilles Pitoiset

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Beschreibung

Murielle Simon est une jolie femme d'une quarantaine d'années qui collectionne les amants d'un soir. Malheureusement, ceux-ci sont retrouvés avec un carreau d'arbalète planté en pleine poitrine. Cela se passe en Bourgogne et l'affaire enflamme la région. Madame la commissaire Anita Rubence, dite la Golmotte, à bien du mal à démêler cette sale histoire.

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Seitenzahl: 113

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Ähnliche


Toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une coïncidence.

Sommaire

Chapitre I

Chapitre II

Chapitre III

Chapitre IV

Chapitre V

Chapitre VI

Chapitre VII

Chapitre VIII

Chapitre IX

Chapitre X

Chapitre XI

Chapitre XII

Chapitre XIII

Chapitre XIV

Chapitre XV

Chapitre XVI

Chapitre XVII

Chapitre XVIII

Chapitre XIX

Chapitre XX

I

Paul Jacquart était ce qu’on appelle un bel homme. La quarantaine, plutôt bien bâti, il enseignait le sport dans un collège. Pour autant, son sport préféré, c’était les femmes. Toujours célibataire, il collectionnait les aventures. Il aimait changer de partenaire, et pour satisfaire ses désirs, sortait beaucoup le soir, écumant toutes les boîtes de nuit de la région. Il était réputé pour être un bon coup, et les femmes en manque de relation faisaient légion. Dernièrement, il avait levé une belle brune à la “Salsa“, un de ses terrains de chasse favoris du centre-ville. Il l’avait invitée à passer la nuit chez lui, comme à son habitude, et elle n’avait pas refusé. La nuit avait été agréable et le tempérament de la belle brune lui avait plu. Il l’avait classée dans son top cinq. Remettre ça avec elle était envisageable, malgré la règle stricte qu’il s’était imposée de ne pas s’attacher. Seules, les femmes de son top cinq avaient le privilège d’une deuxième, voire d’une troisième partie de jambes en l’air.

Quelle n’avait pas été sa surprise, lorsque, deux semaines après l’avoir épinglée à son tableau de chasse, il avait trouvé un petit mot d’elle dans sa boîte aux lettres, l’invitant à la retrouver le soir même, dans la chambre 14 du Messire hôtel, au 10 de la rue Fleutelot. L’invitation ne manquait pas d’audace, et la pensée de renouveler ses exploits avec ce joli corps l’excita.

C’est ainsi qu’il se retrouva devant la porte de ladite chambre à 21 heures. Il frappa et n’entendant aucune réponse, imagina la belle brune nue étendue sur le lit, complètement offerte. Il entra dans la chambre légèrement éclairée par une lampe de chevet et referma derrière lui. Le lit était défait et une lumière filtrait sous la porte qu’il devina être celle de la salle de bain. Il entendit un bruit d’eau qui coulait.

- T’es là ? lança-t-il en tapotant le bois de la porte qu’il ne put ouvrir.

Une voix un peu mécanique se fit entendre l’invitant à se mettre à l’aise. « J’arrive », finit-il pas comprendre. Excité par cette mise en scène un peu inattendue, il se déshabilla complètement et prit une pose tout à son avantage sur le lit. Après quelques minutes d’impatience, il se leva et retourna à la porte de la salle de bain. Avant même qu’il n’attrape la poignée, la porte s’ouvrit brusquement et un jet agressif, sortit tout droit d’un pulvérisateur, lui brûla les yeux. Il recula d’un pas en portant ses deux mains au visage, alors qu’une masse, telle une locomotive, le poussa violemment sur le lit où il s’écroula, écrasé par le poids de son agresseur. Sans avoir le temps de se reprendre, l’homme l’immobilisa en s’agenouillant sur son thorax, lui bloquant la respiration, et il le roua de coups au visage en éructant des insanités qu’il ne comprit pas tout de suite.

- Alors ! Connard ! Tu l’as sautée, hein ? Fumier ! Tu lui as fait quoi enfoiré ? Tu lui as bouffé les seins, c’est ça hein ? Saloperie ! Et tu croyais t’en sortir peinard ?

Les coups pleuvaient et malgré sa morphologie d’athlète, la rage de son adversaire avait pris le dessus et semblait décupler ses forces. Il se sentit partir dans le cirage alors qu’un goût de sang lui remplissait la bouche. Son nez partait en javelle alors qu’il perdait connaissance.

II

La cliente était une femme d’une quarantaine d’années assez jolie. Elle avait pris rendez-vous la veille en téléphonant bien après les heures d’ouverture, et c’est lui-même qui avait décroché l’appareil, sa secrétaire ayant oubliée d’enclencher le répondeur en partant. Il avait pour habitude de rester tard le soir et d’arriver très tôt le matin avant ses employés, si toutefois on pouvait parler d’habitude. Il avait repris cette entreprise de chauffage deux ans auparavant, pensant pouvoir la sortir du marasme dans laquelle elle était plongée. Cela lui demandait beaucoup d’énergie, mais il en avait à revendre.

Quelque chose dans sa voix lui avait tout de suite plu, le timbre peut-être, ou la tranquillité avec laquelle elle s’exprimait. Elle était en panne de chaudière et cette fin de mois d’avril exigeait encore qu’elle fonctionne. Elle n’avait encore jamais fait appel à son entreprise et il lui demanda comment elle avait trouvé son numéro. Un prospectus publicitaire dans ma boîte aux lettres avait-elle répondu. Les questions d’usage étant posées, il nota son nom, son adresse ainsi que son numéro de téléphone et lui proposa de passer le lendemain matin à 10 heures, si cela lui convenait. Elle sembla ravie et elle le remercia avant de raccrocher.

L’image qu’il s’était faite d’elle était bien en dessous de la réalité et il tomba aussitôt sous le charme. Elle le reçu dans la cuisine où était installé l’appareil défectueux et lui proposa un café qu’il accepta volontiers. Il s’installa et sortit quelques outils afin d’effectuer un premier diagnostic pendant qu’elle préparait le café à quelques mètres de lui. Elle répondit à ses questions d’ordre technique tout en cherchant dans les placards. Il l’observa furtivement alors qu’elle était perchée sur la pointe des pieds et s’étirait pour attraper quelque chose sur une étagère. Sa silhouette était attirante et son corps semblait parfait. Bon sang, cette femme lui mettait la tête à l’envers alors qu’il ne la connaissait que depuis cinq minutes ! Cela faisait des années qu’il n’avait pas regardé une femme comme ça, il se sentait même coupable d’avoir des pensées pareilles. Il est vrai que la vie n’avait pas été tendre avec lui, et depuis le drame qui avait bouleversé son existence, il s’était jeté à corps perdu dans le travail. Seule sa fille comptait, il s’était oublié en chemin et là, tout à coup, sans y être préparé, cette femme le bousculait et le ramenait à lui !

Il se concentra à nouveau sur l’appareil et détecta rapidement le problème. Il avait vingt ans d’expérience et connaissait son métier sur le bout des doigts. Elle servit le café et lui proposa le sucrier.

- Je crains bien qu’il faille changer la pompe de circulation, dit-il l’air presque gêné. Il avait la sensation qu’elle lisait tout sur son visage et qu’il lui livrait tout en un seul regard.

- C’est une réparation importante ?

- Oh, je dirais que c’est une opération courante. Il sentit son sang courir dans ses veines et ses joues s’enflammer. Il eut soudain très chaud.

- Et cela va se monter à combien ?

- Je vais vous établir un devis si vous le voulez bien !

- Et vous avez la pièce pour réparer ?

- Oui, il n’y a pas de problème. Comme je vous l’ai dit, cette panne est fréquente alors j’ai toujours ce type de moteur en stock.

- Asseyez-vous je vous en prie, vous serez plus à l’aise pour écrire.

Il s’exécuta alors qu’elle tirait la chaise en face de lui, de l’autre côté de la table. Cette fois, c’est elle qui l’observa pendant qu’il rédigeait le devis. Elle semblait amusée par cet homme, elle le trouvait touchant, oui, c’est ça, touchant !

- Cela ne vous dérange pas si j’allume une cigarette ?

- Non, je vous en prie, vous êtes chez vous.

- C’est un rituel chez moi, je ne peux pas boire un café sans avoir envie de fumer. Vous avez l’air de bien connaître votre travail !

- J’ai commencé très jeune, alors maintenant vous pensez!

- Et vous êtes à votre compte ?

- Oui, je dirige l’entreprise.

- C’est ce que j’ai tout de suite pensé hier soir, après vous m’avoir répondu si tard.

- C’est une bonne déduction ! Tenez, j’ai terminé.

Il fit glisser le devis face à elle sur la table, alors qu’elle expirait quelques volutes de fumée. Elle ne s’intéressa qu’au montant en bas de la feuille et lui dit qu’elle s’attendait à davantage.

- Il faut que je le signe ?

- Si vous voulez que je vous fasse la réparation !

- Mais quand pouvez-vous la faire ?

- En fin d’après-midi si vous êtes disponible.

- Oh, mais c’est merveilleux, je vais m’arranger, ce n’est pas un problème.

Elle prit le stylo et signa en bas de la feuille.

- 18 heures 30, cela vous conviendrait ?

- C’est parfait, je vous sers un autre café ?

- Non, c’est très aimable, à ce rythme je finirais comme une pile électrique.

- Oui je comprends !

Il remit tout en place et rangea sa caisse à outils.

- Vous voulez un acompte ?

- Non, nous réglerons tout cela quand votre chauffage sera réparé.

- Ok ! répondit-elle avec un large sourire.

Dieu que cette femme était belle ! Il prit conscience de son désarroi et se noya dans les yeux verts et amusés de la jeune femme. Elle lui offrit un magnifique sourire et, sans le quitter des yeux, écrasa sa cigarette au fond de la tasse à café.

Elle le raccompagna jusqu’à la porte et resta sur le seuil. Après être monté dans son véhicule et avoir parcouru quelques mètres, il regarda dans son rétroviseur et se plut à penser à l’idée de la revoir le soir même.

Il avait le temps de faire encore un ou deux dépannages avant midi. La circulation était fluide et il en profita pour couper par le centre-ville. Concentré sur sa conduite, il écoutait le flash info qui sortait des hauts-parleurs. Le journaliste relatait la découverte d’un deuxième corps dans la région. Il s’agissait d’un homme d’une quarantaine d’années, et que le mode opératoire, peu ordinaire, était identique à celui utilisé pour tuer la victime retrouvée le mois dernier, à savoir, une flèche tirée en pleine poitrine. Cela ne laissait guère de place pour d’autres options que celle du meurtre. La radio reprit son programme musical.

III

Paul Jacquart arrivait à peine à ouvrir les yeux lorsque la scène de son agression refit surface. Il balança spontanément ses poings en avant, décrivant de grands cercles dans le vide. La chambre était silencieuse et l’éclairage du couloir passait légèrement par l’encoignure de la porte restée entrebâillée. L’homme était parti. Il prit conscience de sa nudité et chercha à se lever dans l’espoir d’enfiler son pantalon. La tête lui cognait et tout son corps semblait être passé sous un autobus. Après avoir passé sa chemise avec beaucoup d’efforts, il se glissa tant bien que mal dans la salle de bains. Son reflet dans le miroir n’était pas beau à voir.

- Putain de merde, c’est quoi ce cauchemar ?

Il se passa le visage sous l’eau en gueulant de douleur.

- L’enfoiré ! Putain, c’était qui ce mec ?

Il trouva une serviette et se tamponna délicatement pour se sécher et enlever les traces de sang coagulé.

- Putain de salaud, si je te retrouve !...

Il réalisa qu’il n’avait pas même eut le temps de voir le visage de son agresseur. Il le croiserait dans la rue qu’il serait incapable de le reconnaître.

- Putain ! Ce n’est pas vrai !

Il passa dans la chambre en s’appuyant au chambranle de la porte, enfila son pantalon, mit ses chaussettes et laça ses chaussures. Sa veste était là où il l’avait laissée, sur le dossier de la chaise.

Il ne pouvait sortir dans cet état par l’entrée principale, au risque de devoir se justifier. Hors de question d’aller voir la police. Il chercha une sortie de secours et fila au plus vite. Il trouva sa voiture deux rues plus loin. En plongeant la main dans la poche de sa veste pour y prendre les clés, il en sortit un papier qu’il ne se souvenait pas y avoir déposé. Il le défroissa et lut :

- « Si tu cherches à la revoir, je te butte connard ! »

IV

Elle le reçu à 18 heures 30 précises et plaisanta sur sa ponctualité.

- Vous êtes aussi ponctuel pour vos rendez-vous galants ?

Il fut un peu déstabilisé par sa remarque car il avait pensé à cet instant toute la journée. Il se sentit comme démasqué.

Je plaisantais dit-elle en fermant la porte derrière lui. Il alla droit devant lui et posa ses affaires au sol. Un dernier rayon de soleil s’éclipsait doucement sur le carrelage, assombrissant la cuisine pourtant peinte en jaune. Elle actionna un interrupteur et un éclairage discret inonda le plan de travail.

- Ça va, vous avez tout ce qu’il faut ?

- Oui, oui, ne vous inquiétez pas, ça va marcher !

- Oh ! Je ne suis pas inquiète, je me sais entre de bonnes mains.

Il se détendit et lui sourit.

- Je n’en étais pas sûr ce matin lorsque je vous rédigeais le devis, mais il me restait un moteur « échange standard ». Son prix est inférieur à celui que je vous ai annoncé. La facture en sera donc réduite.

- Ça veut dire quoi “échange standard“ ?

- Que c’est un moteur qui a été refait à partir d’un défectueux, il y a donc moins de matière première. Mais rassurez-vous, il bénéficie des mêmes garanties.

- Waouh ! Vous êtes un chou, ça s’arrose non ?

- Pourquoi pas, répondit-il.

- Un petit porto, ça vous tente ?

- Parfait, vous auriez une cuvette ?

- Pourquoi ? Vous pensez que vous allez être malade ?

- Non, dit-il en riant, c’est juste pour vidanger votre chaudière.

- Ah, bien sûr !

- Il me faut quand même davantage qu’un porto pour être malade !

- Ça tombe bien, la bouteille est pleine !

Ils rirent comme deux bons amis. Elle posa la cuvette sur le plan de travail et sortit de la pièce.