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RÉSUMÉ : "La Farce de Maître Pathelin" est une pièce de théâtre emblématique de la fin du Moyen Âge, incarnant l'art de la farce à travers une satire sociale mordante. L'histoire tourne autour de Maître Pathelin, un avocat rusé mais sans le sou, qui tente de tromper un drapier pour obtenir du tissu sans payer. Utilisant son éloquence et son esprit, Pathelin parvient à déjouer le drapier, mais la situation se complique lorsque ce dernier se retrouve impliqué dans une affaire judiciaire. La pièce explore les thèmes de la ruse, de la justice et de la tromperie, tout en offrant une critique sociale acerbe des classes sociales et des professions de l'époque. Le personnage de Pathelin est à la fois comique et tragique, représentant l'ingéniosité des classes inférieures face aux injustices sociales. La pièce est un exemple parfait de la richesse du théâtre médiéval français, combinant humour, critique sociale et une structure narrative complexe. Elle illustre également l'importance de la parole et de la manipulation dans les relations humaines, un thème universel qui résonne encore aujourd'hui. Grâce à son style vif et son dialogue percutant, "La Farce de Maître Pathelin" demeure une oeuvre intemporelle, captivant les lecteurs et les spectateurs par sa capacité à mêler divertissement et réflexion. __________________________________________ BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR : L'identité exacte des auteurs de "La Farce de Maître Pathelin" reste incertaine, bien que les noms d'Alexis Guillaume et François Villon soient souvent associés à cette oeuvre. François Villon, poète français du XVe siècle, est célèbre pour ses écrits empreints de réalisme et de satire. Il est connu pour son "Testament" et ses "Ballades", qui capturent la vie quotidienne et les préoccupations de son époque avec une profondeur inégalée. Villon a mené une vie tumultueuse, marquée par des démêlés avec la justice, ce qui a sans doute influencé son regard critique sur la société. Alexis Guillaume, quant à lui, est une figure moins définie dans l'histoire littéraire. Bien que son nom soit souvent mentionné, peu d'informations concrètes subsistent à son sujet, ce qui laisse une part de mystère autour de sa contribution exacte à l'oeuvre. Le contexte historique de la pièce reflète une période de transition sociale et culturelle en France, où la littérature servait à la fois de divertissement et de critique sociale.
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Seitenzahl: 54
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Maître Pierre PATELIN.
GUILLEMETTE, sa femme.
GUILLAUME, marchand-drapier.
Thibaut AGNELET, berger.
Le Juge.
(Le théâtre représente deux maisons en regard sur une place, la maison de Patelin, et la boutique du drapier. La scène est tantôt à l’étalage du drapier, tantôt chez Patelin, dont la maison s’ouvre au regard du spectateur.)
Scène Ire
Scène II
Scène III
Scène IV
Scène V
Scène VI
Scène VII
Scène VIII
Scène IX
Scène X
PATELIN, GUILLEMETTE
PATELIN
Par tous les saints, ma Guillemette,
Pour quelque peine que je mette
Tant à fourber qu’à rêvasser,
Nous ne pouvons rien amasser ;
Et si peux vivre, c’est grâce
A ma langue, dont j’avocasse.
GUILLEMETTE
Par Notre-Dame ! j’y pensais,
Et voyez donc le beau succès !
Il fait bruit, cet avocassage ;
Mais on ne vous tient pas si sage
De quatre parts comme autrefois ;
J’ai vu que chacun faisait choix
De vous pour gagner sa querelle ;
Maintenant, chacun vous appelle
L’avocat sous l’orme, et partout.
PATELIN
Je ne le dirai pas du tout
Pour me vanter : au territoire
Qui limite notre auditoire,
Hors le maire, je n’ai pas vent
Qu’on me passe comme savant.
GUILLEMETTE
Aussi bien il lit le grimoire,
Monsieur le maire, et se fait gloire
De chicane apprise longtemps.
PATELIN
Me direz-vous, en peu d’instants,
Cause dont on ne fût le maître,
Pourvu que l’on voulût s’y mettre ?
Et pourtant, je n’appris jamais
Que bien peu sous les docteurs ; mais
Je m’oserai vanter qu’au livre
Avec le prêtre je peux suivre,
Et comme lui je peux chanter ;
On croirait que j’ai dû rester
Sous le maître autant qu’en Espagne
A la guerre fut Charlemagne.
GUILLEMETTE
Où cela mène-t-il, enfin,
Si ce n’est à mourir de faim ?
J’aime mieux un soulier solide.
Voyez comme d’un train rapide
Nos robes s’en vont nous quittant,
Non sans faire piteuse mine
Sur nos épaules, et passant
A l’état de simple étamine.
Et ma foi, je ne peux savoir
Comment nous en pourrions avoir
De neuves, par votre science.
PATELIN
Taisez-vous, par ma conscience.
Mon sens, s’il le faut éprouver,
Saura bien où vous retrouver
Robes et chaperons encore ;
Et s’il plaît à Dieu que j’honore,
De ce pas nous échapperons,
Sur nos bêtes remonterons,
Et nous ferons à la bonne heure
Rire la fortune meilleure.
Dieu fait belle œuvre en peu de temps :
S’il faut travailler les clients
Cherchez mon pareil, je vous prie.
GUILLEMETTE
Oui, il s’agit de tromperie,
On vous connaît maître passé.
PATELIN
Non pardieu, si je suis rusé,
C’est en droite avocasserie.
GUILLEMETTE
Oh ! oui vraiment, en tromperie,
C’est dit. M’est avis cependant,
Que fort peu clerc et peu savant,
Par le sens naturel vous êtes
Tenu l’une des sages têtes
Que nous ayons en ce lieu-ci.
PATELIN
Qu’on me trouve, ailleurs, comme ici,
Mon maître, je vous en défie.
GUILLEMETTE
Oui, s’il s’agit de tromperie,
Vous aurez le prix en cet art.
PATELIN
Bon pour ces vêtus de brocard,
Avocats, dit-on : je le nie,
Laissons-là cette menterie.
À la foire allons-nous couler.
GUILLEMETTE
À la foire !
PATELIN
J’y veux aller,
Par saint Jean ! La belle marchande,
Vous déplaît-il que je marchande
De bon drap, ou tout autre objet ?
D’en enrichir notre ménage
Où le temps a fait grand dommage
Ne peut-on avoir le projet ?
Il n’est ici robe qui vaille.
GUILLEMETTE
Mais vous n’avez ni sou ni maille,
Que ferez-vous ?
PATELIN
Vous ne savez,
Ni moi. Si pourtant vous n’avez
Du drap pour deux en abondance,
Dénoncez-moi pour impudence ;
Criez tout haut, et hardiment,
Dites que votre mari ment.
Quelle couleur est la plus belle,
D’un gris-vert ? d’un drap de Bruxelle,
Ou d’autre ? Il me le faut savoir.
GUILLEMETTE
Celui que vous pourrez avoir.
Un emprunteur ne choisit mie.
PATELIN (Il compte sur ses doigts.)
Pour vous deux aunes et demie,
Et pour moi trois… quatre, mettons,
Ça fait en somme…
GUILLEMETTE
Nous comptons
Tout à notre aise, sans rabattre :
Mais prenez trois aunes ou quatre,
Qui diable vous les prêtera ?
PATELIN
Et que vous fait qui ce sera ?
Eh bien ! ma foi, qu’on me les prête,
De mon côté moi je m’apprête
À rendre au jour du jugement,
Et vous entendez bien comment,
J’entends point du tout.
GUILLEMETTE
Laissez faire.
Avant ce temps, quelque compère,
Quelque sot en sera couvert.
PATELIN
Je prendrai du gris ou du vert.
Pour faire un pourpoint, Guillemette,
Je veux trois quartiers de brunette,
Ou l’aune.
GUILLEMETTE
Me protège Dieu,
N’oubliez pas de boire un peu,
Si Martin garant vous patrone.
PATELIN
Gardez tout.
GUILLEMETTE
Vous la donnez bonne.
Et quel sera ce beau marchand
Qu’ainsi vous irez accrochant ?
Plût donc à Dieu qu’il n’y vît goutte !
(Patelin laisse Guillemette qui rentre chez elle, et, traversant la scène, s’approche de la boutique du drapier qui est de l’autre côté.)
PATELIN, puis le drapier.
PATELIN
Ce doit être ici ; point de doute :
A l’enseigne on peut se fier :
Guillaume Josseaume, drapier.
C’est cela, par sainte Marie,
Il se mêle de draperie.
(Élevant la voix.)
Dieu soit avec vous !
GUILLAUME, paraissant.
En gaieté
Vous maintienne sa volonté.
PATELIN
Que Dieu m’en soit témoin, j’arrive,
Et de vous voir ma joie est vive.
J’en avais grande volonté.
Comment se porte la santé ?
Toujours sain et gaillard, Guillaume ?
GUILLAUME
Oui, pardieu.
PATELIN
Donnez cette paume,
Comment vous va ?
(Il lui prend la main.)
GUILLAUME
Bien, mon ami ;
S’il faut vous servir, je vous jure
Qu’on n’en fera point à demi.
PATELIN
C’est de quoi très bien je m’assure !
GUILLAUME
Et vous ?
PATELIN
Par saint Pierre, vraiment
Cela va très gaillardement,
Et je suis à votre service.
Ainsi vous faites votre office ?
GUILLAUME
Oui, mais marchands, vous pensez bien,
Ne sont pas sans souci de rien.
Tout ne va toujours à leur guise.
PATELIN
Comment se porte marchandise ?
Donne-t-elle de quoi manger,
Et boire, et de quoi se loger ?
GUILLAUME
Hum !… En avant ! on suit la chance !
PATELIN
Mon Dieu ! quel homme de science
Fut votre père, et quel regret
En mon cœur survit en secret !
Qu’enfin Dieu veuille avoir son âme,
Le digne homme ! Par Notre-Dame,
Il m’est avis bien clairement
Que je le vois en ce moment.
C’était un marchand bon et sage,
Vous lui ressemblez de visage,
Si bien qu’on dirait son portrait :
Oh ! mais c’est frappant, trait pour trait.
Si jamais à sa créature
Dieu voulut remettre l’injure,
A braves gens s’il fit merci,
Qu’il ait pardon pour celui-ci ;
De l’éternel salut qu’il fasse