La Femme et le pantin - Pierre Louÿs - E-Book

La Femme et le pantin E-Book

Pierre Louys

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Beschreibung

Une romance sulfureuse dans la torpeur de l'Andalousie...

POUR UN PUBLIC AVERTI. En Andalousie, au carnaval de Séville, le jeune français André Stévénol rencontre une belle fille, Concha Perez, dont il s'entiche rapidement et obtient un rendez-vous. Entre-temps, André rend visite à un de ses amis, Don Mateo, qui le met en garde et lui raconte sa propre aventure malheureuse avec la perfide Concha. Cependant, l'appel du désir sera plus fort et le jeune homme va tenter le diable...
La femme fatale du roman inspirera un grand nombre de cinéastes : Jacques de Baroncelli en 1928, Joseph von Sternberg – avec Marlène Dietrich – en 1935, Julien Duvivier avec Brigitte Bardot en 1959, Luis Buñuel en 1977 avec Carole Bouquet et Fernando Rey.

Publié en 1898, ce roman érotique est devenu un classique du genre et le chef-d'œuvre de Pierre Louÿs.

EXTRAIT

À la fin, contraint de demeurer et cependant incapable de se taire plus longtemps, il fit preuve d’une jeunesse peut-être un peu récente en tenant à son hôte ce discours imprévu :
— Don Mateo, vous avez toujours été pour moi un homme d’excellent conseil. Voulez-vous me permettre de vous confier un secret et de vous demander un avis ?
— Tout à votre disposition, dit à l’espagnole Mateo en se levant de table pour passer au fumoir.
— Eh bien... voici... c’est une question... balbutia André. Vraiment à tout autre qu’à vous je ne la poserais pas... Connaissez-vous une Sévillane qui s’appelle doña Concepcion Garcia ?
Mateo bondit :
« Concepcion Garcia ! Concepcion Garcia ! Mais laquelle ? Expliquez-vous ! il y a vingt mille Concepcion Garcia en Espagne ! C’est un nom aussi commun que chez vous Jeanne Duval ou Marie Lambert. Pour l’amour de Dieu, dites-moi son nom de jeune fille. Est-ce P... Perez, dites-moi ? Est-ce Perez ? Concha Perez ? Mais parlez donc ! »
André, complètement bouleversé par cette émotion soudaine, eut un instant le pressentiment qu’il valait mieux ne pas dire la vérité ; mais il parla plus vite qu’il ne l’eût voulu, et, vivement, répondit :
« Oui. »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Pierre Louÿs (1870-1925), né à Gand et mort à Paris, est un poète et romancier français, également illustre sous les noms de plume Chrysis, Peter Lewys et Pibrac. Il fonde en 1891 la revue littéraire La Conque, où sont publiées les œuvres d'auteurs parnassiens et symbolistes, parmi lesquels Mallarmé, Moréas, Verlaine ou encore Leconte de Lisle. Outre Aphrodite, La Femme et le pantin ou encore Les Aventures du Roi Pausole, Pierre Louÿs a rédigé de nombreux romans érotiques, peu à peu révélés à titre posthume.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.

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À André Lebey,Son amiP. L.

« Siempre me va V. diciendoQue se muere V. por mi :Muérase V. y lo veremosY despues diré que si. 

IComment un mot écrit sur une coquille d’œuf tint lieu de deux billets tour à tour

Le carnaval d’Espagne ne se termine pas, comme le nôtre, à huit heures du matin le mercredi des Cendres. Sur la gaieté merveilleuse de Séville, le memento quia pulvis es ne répand que pour quatre jours son odeur de sépulture : et le premier dimanche de carême, tout le carnaval ressuscite.

C’est le Domingo de Piñatas, le dimanche des Marmites, la Grande Fête. Toute la ville populaire a changé de costume et l’on voit courir par les rues des loques rouges, bleues, vertes, jaunes ou roses qui ont été des moustiquaires, des rideaux ou des jupons de femmes et qui flottent au soleil sur les petits corps bruns d’une marmaille hurlante et multicolore. Les enfants se groupent de toutes parts en bataillons tumultueux qui brandissent une chiffe au bout d’un bâton et conquièrent à grands cris les ruelles sous l’incognito d’un loup de toile, d’où la joie des yeux s’échappe par deux trous : « ¡Anda! ¡Hombre! que no me conoce! » crient-ils, et la foule des grandes personnes s’écarte devant cette terrible invasion masquée.

Aux fenêtres, aux miradores, se pressent d’innombrables têtes brunes. Toutes les jeunes filles de la contrée sont venues ce jour-là dans Séville, et elles penchent sous la lumière leurs têtes chargées de cheveux pesants. Les papelillos tombent comme la neige. L’ombre des éventails teinte de bleu pâle les petites joues poudrerizées. Des cris, des appels, des rires bourdonnent ou glapissent dans les rues étroites. Quelques milliers d’habitants font, ce jour de carnaval, plus de bruit que Paris tout entier.

Or, le 23 février 1896, dimanche de Piñatas, André Stévenol voyait approcher la fin du carnaval de Séville avec un léger sentiment de dépit, car cette semaine essentiellement amoureuse ne lui avait procuré aucune aventure nouvelle. Quelques séjours en Espagne lui avaient appris cependant avec quelle promptitude et quelle franchise de cœur les nœuds se forment et se dénouent sur cette terre encore primitive, et il s’attristait que le hasard et l’occasion lui eussent été défavorables.

Tout au plus, une jeune fille avec laquelle il avait engagé une longue bataille de serpentins entre la rue et la fenêtre, était-elle descendue en courant, après lui avoir fait signe, pour lui remettre un petit bouquet rouge, avec un « Muchísima’ grasia’, cavayero », jargonné à l’andalouse. Mais elle était remontée si vite, et d’ailleurs, vue de plus près, elle l’avait tellement désillusionné, qu’André s’était borné à mettre le bouquet à sa boutonnière sans mettre la femme dans sa mémoire. Et la journée lui en parut plus vide encore.

Quatre heures sonnèrent à vingt horloges. Il quitta las Sierpes, passa entre la Giralda et l’antique Alcazar, et par la calle Rodrigo il gagna les Delicias, Champs-Élysées d’arbres ombreux le long de l’immense Guadalquivir peuplé de vaisseaux.

C’était là que se déroulait le carnaval élégant.

À Séville, la classe aisée n’est pas toujours assez riche pour faire trois repas par jour ; mais elle aimerait mieux jeûner que se priver du luxe extérieur qui pour elle consiste uniquement en la possession d’un landau et de deux chevaux irréprochables. Cette petite ville de province compte quinze cents voitures de maître, de forme démodée souvent, mais rajeunies par la beauté des bêtes, et d’ailleurs occupées par des figures de si noble race, qu’on ne songe point à se moquer du cadre.

André Stévenol parvint à grand-peine à se frayer un chemin dans la foule qui bordait des deux côtés la vaste avenue poussiéreuse. Le cri des enfants vendeurs dominait tout : « ¡Huevo’! Huevo’! » C’était la bataille des œufs.

« ¡Huevo’ ! ¿Quien quiere huevo’?! A do’ perra’ gorda’ la docena! »

Dans des corbeilles d’osier jaunes, s’entassaient des centaines de coquilles d’œufs, vidées, puis remplies de papelillos et recollées par une bande fragile. Cela se lançait à tour de bras, comme des balles de lycéens, au hasard des visages qui passaient dans les lentes voitures ; et, debout sur les banquettes bleues, les caballeros et les señoras ripostaient sur la foule compacte en s’abritant comme ils pouvaient sous de petits éventails plissés.

Dès le début, André fit emplir ses poches de ces projectiles inoffensifs, et se battit avec entrain.

C’était un réel combat, car les œufs, sans jamais blesser, frappaient toutefois avec force avant d’éclater en neige de couleur, et André se surprit à lancer les siens d’un bras un peu plus vif qu’il n’était nécessaire. Une fois même, il brisa en deux un éventail d’écaille fragile. Mais aussi qu’il était déplacé de paraître à une telle mêlée avec un éventail de bal ! Il continua sans s’émouvoir.

Les voitures passaient, voitures de femmes, voitures d’amants, de familles, d’enfants ou d’amis. André regardait cette multitude heureuse défiler dans un bruissement de rires sous le premier soleil de printemps. À plusieurs reprises il avait arrêté ses yeux sur d’autres yeux, admirables. Les jeunes filles de Séville ne baissent pas les paupières et elles acceptent l’hommage des regards qu’elles retiennent longtemps. Comme le jeu durait déjà depuis une heure, André pensa qu’il pouvait se retirer, et d’une main hésitante il tournait dans sa poche le dernier œuf qui lui restât, quand il vit reparaître soudain la jeune femme dont il avait brisé l’éventail.

Elle était merveilleuse.

Privée de l’abri qui avait quelque temps protégé son délicat visage rieur, livrée de toutes parts aux attaques qui lui venaient de la foule et des voitures voisines, elle avait pris son parti de la lutte, et, debout, haletante, décoiffée, rouge de chaleur et de gaieté franche, elle ripostait !

Elle paraissait vingt-deux ans. Elle devait en avoir dix-huit. Qu’elle fût andalouse, cela n’était pas douteux. Elle avait ce type, admirable entre tous, qui est né du mélange des Arabes avec les Vandales, des Sémites avec les Germains, et qui rassemble exceptionnellement dans une petite vallée d’Europe toutes les perfections opposées des deux races.

Son corps souple et long était expressif tout entier. On sentait que, même en lui voilant le visage, on pouvait deviner sa pensée et qu’elle souriait avec les jambes comme elle parlait avec le torse. Seules les femmes que les longs hivers du Nord n’immobilisent pas près du feu, ont cette grâce et cette liberté. – Ses cheveux n’étaient que châtain foncé ; mais à distance, ils brillaient presque noirs en recouvrant la nuque de leur conque épaisse. Ses joues, d’une extrême douceur de contour, semblaient poudrées de cette fleur délicate qui embrume la peau des créoles. Le mince bord de ses paupières était naturellement sombre.

André, poussé par la foule jusqu’au marchepied de sa voiture, la considéra longuement. Il sourit, en se sentant ému, et de rapides battements de cœur lui apprirent que cette femme était de celles qui joueraient un rôle dans sa vie.

Sans perdre de temps, car à tout moment le flot des voitures un instant arrêtées pouvait repartir, il recula comme il put. Il prit dans sa poche le dernier de ses œufs, écrivit au crayon sur la coquille blanche les six lettres du mot Quiero, et choisissant un instant où les yeux de l’inconnue s’attachèrent aux siens, il lui jeta l’œuf doucement, de bas en haut, comme une rose.

La jeune femme le reçut dans la main.

Quiero est un verbe étonnant qui veut tout dire. C’est vouloir, désirer, aimer, c’est quérir et c’est chérir. Tour à tour et selon le ton qu’on lui donne, il exprime la passion la plus impérative ou le caprice le plus léger. C’est un ordre ou une prière, une déclaration ou une condescendance. Parfois, ce n’est qu’une ironie.

Le regard par lequel André l’accompagna signifiait simplement : « J’aimerais vous aimer. »

Comme si elle eût deviné que cette coquille portait un message, la jeune femme la glissa dans un petit sac de peau qui pendait à l’avant de sa voiture. Sans doute elle allait se retourner ; mais le courant du défilé l’emporta rapidement vers la droite, et, d’autres voitures survenant, André la perdit de vue avant d’avoir pu réussir à fendre la foule à sa suite.

Il s’écarta du trottoir, se dégagea comme il put, courut dans une contre-allée… mais la multitude qui couvrait l’avenue ne lui permit pas d’agir assez vite, et quand il parvint à monter sur un banc d’où il domina la bataille, la jeune tête qu’il cherchait avait disparu.

Attristé, il revint lentement par les rues ; pour lui, tout le carnaval se recouvrit soudain d’une ombre.

Il s’en voulait à lui-même de la fatalité maussade qui venait de trancher son aventure. Peut-être, s’il eût été plus déterminé, eût-il pu trouver une voie entre les roues et le premier rang de la foule… Et maintenant, où retrouver cette femme ? Était-il sûr qu’elle habitât Séville ? Si par malheur il n’en était rien, où la chercher, dans Cordoue, dans Jérez, ou dans Malaga ? C’était l’impossible.

Et peu à peu, par une illusion déplorable, l’image devint plus charmante en lui. Certains détails des traits n’eussent mérité qu’une attention curieuse : ils devinrent dans sa mémoire les motifs principaux de sa tendresse navrée. Il avait remarqué, ainsi, qu’au lieu de laisser pendre toutes lisses les deux mèches des petits cheveux sur les tempes, elle les gonflait au fer en deux coques arrondies. Ce n’était pas une mode très originale, et bien des Sévillanes prenaient le même soin ; mais sans doute la nature de leurs cheveux ne se prêtait pas aussi bien à la perfection de ces boucles en boule, car André ne se souvenait pas d’en avoir vu qui, même de loin, pussent se comparer à celles-là.

En outre, les coins des lèvres étaient d’une mobilité extrême. Ils changeaient à chaque instant et de forme et d’expression, tantôt presque retroussés, ronds ou minces, pâles ou sombres, animés d’une flamme variable. Oh ! on pouvait blâmer tout le reste, soutenir que le nez n’était pas grec et que le menton n’était pas romain ; mais ne pas rougir de plaisir devant ces deux petits coins de bouche, cela eût passé la permission.

Il en était là de ses pensées quand un « ¡Cuidao! » crié d’une voix rude le fit se garer dans une porte ouverte : une voiture passait au petit trot dans la rue étroite.

Et dans cette voiture, il y avait une jeune femme, qui, en apercevant André, lui jeta très doucement, comme on jette une rose, un œuf qu’elle tenait à la main.

Fort heureusement, l’œuf tomba en roulant et ne se brisa point, car André, complètement stupéfait de cette nouvelle rencontre, n’avait pas fait un geste pour le prendre au vol. La voiture avait déjà tourné le coin de la rue, quand il se baissa pour ramasser l’envoi.

Le mot Quiero se lisait toujours sur la coquille lisse et ronde, et on n’en avait pas écrit d’autre ; mais un paraphe très décidé, qui semblait gravé par la pointe d’une broche, terminait la dernière lettre comme pour répondre par le même mot.

IIOù le lecteur apprend les diminutifs de « Concepcion », prénom espagnol

Cependant, la voiture avait tourné le coin de la rue et l’on n’entendait plus que faiblement le pas des chevaux sonner sur les dalles dans la direction de la Giralda.

André courut à sa poursuite, anxieux de ne pas laisser échapper cette seconde occasion qui pouvait être la dernière ; il arriva juste au moment où les chevaux entraient au pas dans l’ombre d’une maison rose de la plaza del Triunfo.

Les grandes grilles noires s’ouvrirent et se refermèrent sur une rapide silhouette féminine.

Sans doute il eût été plus avisé de préparer ses voies, de prendre des renseignements, de demander le nom, la famille, la situation et le genre de vie avant de se lancer ainsi, tête basse, dans l’inconnu d’une intrigue, où, puisqu’il ne savait rien, il n’était le maître de rien. André, cependant, ne put se résoudre à quitter la place avant d’avoir fait un premier effort, et dès qu’il eut vérifié d’une main rapide la correction de sa coiffure et la hauteur de sa cravate, il sonna délibérément.

Un jeune maître d’hôtel se présenta derrière la grille, mais n’ouvrit pas.

— Que demande Votre Grâce ?

— Faites passer ma carte à la señora.

— À quelle señora ? continua le domestique d’une voix tranquille où le soupçon n’altérait pas trop le respect.

— À celle qui habite cette maison, je pense.

— Mais son nom ?

André, impatienté, ne répondit pas. Le domestique reprit :

— Que Votre Grâce me fasse la faveur de me dire auprès de quelle señora je dois l’introduire.

— Je vous répète que votre maîtresse m’attend.

Le maître d’hôtel, s’inclinant, releva légèrement les mains en signe d’impossibilité ; puis il se retira sans ouvrir et sans même avoir pris la carte.

Alors André, que la colère rendit tout à fait discourtois, sonna une seconde et une troisième fois comme à la porte d’un fournisseur. « Une femme si prompte à répondre à une déclaration de ce genre, se dit-il, ne doit pas s’étonner de l’insistance qu’on met à pénétrer chez elle ; elle était seule aux Delicias, elle doit vivre seule ici, et le bruit que je fais n’est entendu que par elle. » Il ne songea pas que le carnaval espagnol autorise des libertés passagères qui ne sauraient se prolonger dans la vie normale avec les mêmes chances d’accueil.

La porte resta close et la maison pleine de silence comme si elle eût été déserte.

Que faire ? Il se promena quelque temps sur la place, devant les fenêtres et les miradors où il espérait toujours voir apparaître le visage attendu, et, peut-être même, un signe… Mais rien ne parut ; il se résigna au retour.

Toutefois, avant de quitter une porte qui se fermait sur tant de mystères, il avisa non loin de là un marchand de cerrillas assis dans un coin d’ombre, et lui demanda :

— Qui habite cette maison ?

— Je ne sais pas, répondit l’homme.

André lui mit dix réaux dans la main et ajouta :

— Dis-le-moi tout de même.

— Je ne devrais pas le dire. La señora se fournit chez moi, et si elle savait que je parle sur elle, demain ses mozos s’adresseraient ailleurs, chez le Fulano, par exemple, qui vend ses boîtes à moitié vides. Au moins je n’en dirai pas de mal, je ne médirai pas, cabeyro ! Rien que son nom, puisque vous voulez le savoir. C’est la señora doña Concepcion Perez, femme de don Manuel Garcia.

— Son mari n’habite donc pas Séville ?

— Son mari est en Bolibie.

— Où cela ?

— En Bolibie, un pays d’Amérique.

Sans en entendre davantage, André jeta une nouvelle pièce sur les genoux du vendeur, et rentra dans la foule pour gagner son hôtel.