La Fille De Mes Rêves - A. C. Meyer - E-Book

La Fille De Mes Rêves E-Book

A. C. Meyer

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Beschreibung

L`amour peut-il guérir deux âmes blessées ? Clara avait une vie de rêve. Mariée à un homme merveilleux, elle a eu la chance d`avoir une famille parfaite lorsqu`elle a eu son premier enfant. Ce qui semblait être son conte de fées personnel se transforme en cauchemar lorsque sa famille est mortellement détruite. Dévastée par la douleur, elle doit se battre pour rassembler les morceaux de son cœur et aller de l`avant, soutenue par Leo, un jeune avocat qui éveille des sentiments qu`elle n`est pas prête à affronter. Lorsque Clara disparaît de sa vie, le cœur de Leo se durcit, devenant un homme froid et distant de toute forme de sentiments, se promettant de ne plus jamais tomber amoureux. Jusqu`à ce qu`elle réapparaisse, éveillant des sentiments encore plus intenses que la dernière fois.

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La fille de mes rêves

A. C. Meyer

La fille de mes rêves

Copyright © 2019 par A. C. Meyer

Couverture par Luizyana Poletto

Traducteur : Elodie Demogue

Tous droits réservés et protégés par la convention de Berne.

Sans l’autorisation écrite préalable de l’auteur, aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise, quel que soit le moyen utilisé : électronique, mécanique, photographique, enregistrement ou autre, à l’exception de l’utilisation de brèves citations dans les critiques de livres. Polices utilisées avec l’autorisation de Microsoft.

La violation du droit d’auteur est établie par l’article L335-2 du code de la propriété intellectuelle et sanctionnée par l’article L335-2 du code de la propriété intellectuelle.

Le présent document est une œuvre de fiction. Les noms, lieux, personnages et incidents sont le fruit de l’imagination de l’auteure et sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des événements ou des établissements est purement fortuite.

« Tu seras heureux, mais d’abord, la vie va t’apprendre à être fort. »

LADY GAGA

A tous ceux qui souffre d’un cœur brisé. Prenez les choses étape par étape et la vie vous confiera la tâche de guérir votre douleur. Vous êtes plus fort que vous ne le pensez.

Contenu

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EPILOGUE

PLAYLIST

SPECIAL THANKS

ABOUT THE AUTHOR

1

«  Le premier amour laisse des traces pour la vie »

Nicholas Sparks

Ça m’étonne toujours de penser à quel point la route de la vie peut être étonnante et vous conduire sur des chemins que vous n’auriez jamais imaginés. Un jour, vous vous réveillez et tout ce que vous considériez acquis est perdu, vous vous retrouvez face à des changements que vous n’auriez jamais imaginé, qui provoquent des désordres semblables à ceux des catastrophes naturelles ? Vous vous retrouvez au centre d’une tempête de sable en plein désert, emportez par un vent soudain qui fait d’une simple promenade en bateau un véritable supplice ou inondez par un pluie torrentielle qui dévale la pente, remplissant les rues et répandant le chaos.

Comme la mort.

Je me souviens d’une époque où tout était si différent. Si simple… si innocent. Un temps sans douleur ni peur. Des années de vie parfaite, presque un conte de fées. J’aurais dû savoir que la perfection n’existe pas et qu’à un moment donné, la vie vient chercher son dû pour le bonheur qu’elle nous a permis de connaître. Rien n’est gratuit, tout se paye.

En fermant les yeux, je laisse échapper un soupir et je sens flotter autour de moi, le parfum des fleurs qui m’entouraient dans le passé. Je suis comme transportée hors du temps, transportée à une époque où je vivais dans l’espoir et l’attente d’un avenir prometteur et heureux.

Ce que j’ignorais à l’époque, c’est que la vie donne, mais que la vie reprend aussi. Elle peut tout reprendre et même le bonheur. Vivre m’a appris que pour être heureuse, il faut parcourir notre chemin en étant toujours prête à accepter les changements que le destin nous réserve.

Le premier jour du printemps est mon préféré de toute l’année. C’est étonnant de voir comment les journées, précédemment froides et nuageuses, se transforment peu à peu en de belles matinées ensoleillées au cours desquelles les rayons dorés du soleil caressent notre peau, réchauffent notre corps et nous enveloppent d’un délicieux parfum de fleurs. Je me souviens : c’était peu de temps avant mon anniversaire. Dix-sept ans. J’avais du mal à croire que ce jour était enfin arrivé. Je me souvenais encore de mes douze ans quand je pensais qu’à dix-sept ans, je serais déjà une femme expérimentée. Quelle idiote j’étais.

Toujours devant le miroir, j’observais mon reflet avec attention. Mes cheveux longs et raides étaient détachés et tombaient librement dans mon dos. Bientôt, lorsque les vacances d’été arriveraient, ils s’éclairciraient à cause du temps passé, exposés au soleil. Je portais une robe vert clair, un cadeau de ma grand-mère Ruth, une belle robe, avec des manches courtes, un décolleté carré et selon elle, d’une longueur suffisante pour que je puisse la porter à mon âge. Elle était assez près du corps mais pas trop, suffisamment toutefois pour que je m’aperçoive que je n’étais plus la petite fille que j’étais. Mais à quel moment mes seins étaient-ils devenus plus gros ?

En mettant mes mains autour de ma taille, je me tournais d’un côté à l’autre, en me regardant dans le miroir. Je portais des sandales à talons, de la même couleur que la robe, qui faisaient paraître mes jambes incroyablement longues. Jusqu’à présent, j’avais vécu dans un environnement surprotégé et j’avais eu une éducation rigoureuse. Mon père, un homme assez vieux jeu, il faut bien le dire, ne me permettait ni maquillage ni vêtements provocants, même légèrement, ce qui justifiait ma surprise de me voir, pour la première fois, comme une femme, en me regardant ce jour là dans le miroir. Enfin, selon papa, maintenant à presque dix-sept ans, j’étais assez grande pour porter un maquillage léger. Cette pensée m’a fait sourire en tenant le rouge à lèvres rose que j’avais acheté spécialement pour l’occasion.

Après avoir soigneusement peint mes lèvres, je les ai pressées l’une contre l’autre pour étaler le rouge à lèvres. Enfin prête, je m’étais regardée une fois de plus dans le miroir, et j’avais eu l’impression qu’un nouveau monde s’ouvrait à moi. Je me sentais belle, comme je ne l’avais jamais été auparavant.

Satisfaite de mon apparence, j’avais finalement quitté la chambre et je m’étais dirigée vers les escaliers, d’où montait déjà de la musique. Mes parents organisaient la traditionnelle fête du début du printemps, et une grande partie du voisinage y serait présente. Nous vivions à la campagne, dans une grande maison à deux étages avec un beau jardin, un cadre idéal pour les fêtes qu’ils aimaient donner. Avec précaution, j’avais descendu les escaliers, essayant de contrôler le léger tremblement de mon corps. Je me sentais très anxieuse, et en même temps j’éprouvais un autre sentiment que je ne savais ni nommer ni décrire… comme si ce jour là était un jour vraiment spécial… un de ces jours qui changent une vie.

J’avais ensuite traversé le salon puis suivi le couloir qui me conduisait à la porte de derrière. Je savais qu’ils étaient tous déjà là : Papa, probablement près du barbecue, en train de discuter avec ses amis, Maman, se frayant un chemin de table en table, saluant les femmes, souriant et jouant avec les enfants. J’avais traversé la grande cuisine et trouvé Pipa sur le chemin, notre cuisinière pendant de nombreuses années et une personne très chère à notre famille.

- Ma fille, mais tu es splendide !

Elle m’avait examiné de la tête aux pieds, souriant, prenant ma main et me faisant tournoyer sur moi-même pour mieux me regarder.  

— Merci, pipa, lui avais-je répondu, en passant mes mains sur le bas de ma robe et en m’arrêtant en face d’elle.  

— Tes amis sont déjà arrivés, va vite les rejoindre dehors !  m’avait-elle dit, me poussant doucement vers la porte menant au jardin.

A mon arrivée dans le jardin, j’avais regardé autour de moi et j’avais remarqué plusieurs regards qui me fixaient. Je me rappelle que j’avais souri en me sentant remarquée pour la première fois. J’avais fait quelques pas et commencé à saluer les invités, avant de remarquer Paola de l’autre côté du jardin. Elle m’avait fait un signe de la main et m’avait souri, me faisant un signe de la tête pour que je sache où je la trouverais. Paola, c’était ma meilleure amie et elle était très excitée à propos de cette fête. Son frère, étudiant à l’École navale, avait eu quelques jours de congé et il venait avec un ami passer quelques jours chez eux. Elle parlait de ce garçon depuis trois semaines et elle était sûre de pouvoir le conquérir. J’avais simplement ri en écoutant ses rêveries et en imaginant qu’un garçon de vingt-et-un ans ne serait jamais intéressé par des jeunes femmes comme nous.

J’avais traversé le jardin, m’arrêtant un instant pour embrasser tante Flora, la sœur de ma mère que je n’avais pas vu depuis bien longtemps, puis je m’étais excusée avant de reprendre mon chemin. Cet à cet instant que j’avais ressent d’étranges vibrations dans l’air, une sensation à l’arrière de ma tête comme si quelqu’un m’observait avec insistance.

Et c’était le cas.

Je n’oublierai jamais la première fois que je l’ai vu. Il était très grand. Des cheveux bruns et courts, dans le style militaire. Sa peau était foncée et ses yeux étaient les plus bleus que j’ai jamais vus. Je ne savais pas qui il était, je ne l’avais jamais vu auparavant, mais lorsque nos regards se sont croisés, quelque chose a changé. Quelque chose s’est produit, quelque chose d’inévitable et d’irréversible.

J’étais juste au milieu du jardin de la maison de mes parents, regardant le plus bel homme que j’avais jamais vu, sentant mes jambes trembler et mon cœur palpiter de plus en plus fort et de plus en plus vite. C’est là, à cet instant, le premier jour du printemps, alors que je passais du statut de jeune fille à celui de femme, qu’au premier regard, je suis tombée follement et éperdument amoureuse du bel homme aux yeux bleus qui allait faire basculer le cours de ma vie.

2

« Je ne cherchais personne jusqu’à ce que tu arrives, me faisant vivre les meilleurs moments de ma vie. »

Jennifer Lopez

Quand mes yeux ont croisé les siens pour la première fois, c’est comme si j’avais perdu mon cœur. Je prenais la place de ces jeunes filles de romans que j’adorais, mais lisais en cachette parce que mon père pensait que ce genre de littérature n’était pas fait pour être lu par quelqu’un de si jeune. Cet homme magnifique avait juste à me fixer pour que je sois sûre qu’il était l’homme que j’avais attendu toute ma vie, même si je l’ignorais.

Mon cœur s’était accéléré, mes mains étaient devenues moites et mon souffle s’était ralenti. Je me tenais là, au beau milieu du jardin, ne sachant pas ce que je devais faire pendant qu’il m’observait. Puis, il m’avait souri, j’avais senti mon visage rougir et mon corps se réchauffer. Je n’avais jamais eu de petit copain et je n’avais jamais flirté non plus, alors j’ignorais quel comportement adopter. Je me souviens, j’avais même regardé partout autour de moi pour voir si son sourire m’était vraiment destiné.

Quand mon regard s’était de nouveau posé sur lui, il m’avait souri davantage et son expression était enjouée. Il avait alors fait un geste avec sa tête, un bonjour silencieux, et je m’étais senti rougir encore plus. Je lui avais souri en retour, un peu bêtement peut-être, mais avant que je puisse lui répondre quelque chose, une paire de mains s’était posé sur mes épaules.

— Ah ! Enfin, tu es venue dans le jardin. Je pensais que tu ne quitterais jamais la maison. Breno est arrivé, me dit Paola en rejetant ses longs cheveux bruns sur ses épaules et en souriant dans la même direction que celle dans laquelle je regardais depuis quelques minutes.

— Hum, avais-je marmonné, me demandant qui était Breno.

J’adorais Paola. C’était mon amie, en fait, ma seule amie, mais souvent elle me faisait sentir que j’étais idiote. Oui, c’est vrai que je n’étais pas expérimenté, et depuis qu’elle avait embrassé un garçon du lycée, elle pensait qu’elle était plus intelligente et qu’elle profitait davantage de la vie que moi, et quelques fois, encore plus, quand il s’agissait de garçons, elle était condescendante et je n’aimais pas ça du tout.

Elle avait secoué sa main comme pour rejeter mes excuses.

— Viens, allons-y, a-t-elle dit, impatiemment en me tirant par la main.

On avait traversé le jardin et elle se dirigeait vers le garçon avec qui j’avais échangé des regards. Il parlait avec d’autres personnes que je ne connaissais pas, à part Patrick, le frère de Paola.

— Breno, je ne peux pas croire que tu sois là, avait-elle lancé.

Un petit sourire était apparu sur ses lèvres alors qu’elle passait ses mains autour du cou du garçon. En la voyant l’enlacer, j’avais ressenti un mélange de déception et de tristesse, en découvrant qu’elle portait un intérêt tout particulier à la personne qui m’avait rendu confuse.

Il l’avait regardé et lui avait souri, sans dire un mot. Ses yeux s’étaient posés sur moi et brillaient d’une façon différente.

— Tu ne me présentes pas à ton amie ? avait-il demandé.

Sa voix était rauque et je me souviens qu’elle m’avait donné des frissons.

Sans le lâcher, Paola avait regardé dans ma direction et m’avait fait une grimace, comme si elle avait voulu me donner une sorte d’avertissement.

— Hum, voici Clarita.

Elle avait utilisé le surnom qu’elle savait que je détestais, qui me faisait me sentir encore une petite fille.

Breno avait réussi à se dégager d’elle doucement et il s’était approché de moi, ses yeux accrochaient les miens et j’avais senti mes jambes trembler encore plus fort.

— Clarita ? avait-il demandé, en haussant ses sourcils.

— Euh… hum… Clara, avais-je bredouillé, sentant mes joues chauffer.

Il avait souri et pris ma main.

— Oh, mais c’est un très joli prénom. Clara, avait-il murmuré comme s’il voulait ressentir mon prénom sur ses lèvres.

Ensuite, il avait embrassé ma main.

— Tu veux danser avec moi ? Sa question m’avait étonné et je ne savais pas du tout comment agir. Je ne m’attendais pas à ce qu’il me demande de danser avec lui. J’étais restée là, à le regarder, me demandant ce que je devais lui répondre.

— Je jure que je ne mords pas, avait-il ajouté doucement tout en se rapprochant de moi.

— À moins que tu ne me le demandes, avait-il ajouté en rigolant.

J’avais senti mon visage devenir plus brûlant encore et avant que je ne puisse trouver les mots et former une phrase, toujours en tenant ma main, il m’avait entraîné vers le belvédère transformé en piste de danse pour l’occasion. Le groupe engagé par mes parents pour la fête commençait à jouer Kiss Me, des, Sixpence None the Richer au moment de notre arrivée sur la piste de danse. Breno avait souri en entendant cette musique romantique et sans lâcher ma main une seconde, il m’avait attiré à lui entourant ma taille de son bras libre. Son corps était chaud, ferme et il sentait la menthe. Quand il avait commencé à bouger sur le rythme doux de la musique, j’avais senti mon corps se relâcher contre le sien. Il avait appuyé son menton sur mon front et il avait continué à m’enlacer. Je sentais sa chaleur et un étrange sentiment de protection m’avait envahi, j’étais protégée entre ses bras, comme si rien ni personne ne pouvait m’attendre.

— Clara… avait-il murmuré en se reculant juste assez pour me regarder. J’avais levé mon regard vers lui, et il avait souri. Wow… tu es la plus belle fille que j’ai jamais vue. Tu ressembles à un ange, tu le sais ?

Le ton de sa voix était si bas que si je ne l’avais pas regardé, je n’aurais pas été capable de comprendre ce qu’il avait dit.

— Merci, avais-je murmuré en détournant le regard, me sentant rougir.  

— Quel âge as-tu ? avait-il demandé tout en continuant à danser. Il avait une magnifique posture, sûrement grâce à son entraînement militaire.

— Seize ans. J’aurais dix-sept ans dans quelques semaines, lui avais-je répondu, et il avait souri.

Une de ses mains avait touché mon visage et son index caressait ma joue.

— Quand tu auras dix-huit ans, on se mariera, avait-il ajouté et mes yeux s’étaient ouverts de stupéfaction.

On se connaissait à peine et il était déjà prêt à parler de mariage ? Qu’est-ce qui se passe ?

— Je ne vais pas donner la chance à un autre type de te voler à moi, avait-il dit en rigolant. Après ton diplôme, on aura notre premier bébé. Je suis sûr que ce sera un petit garçon.

— Tu es fou. Les mots s’étaient échappés de ma bouche avant que je puisse les retenir, puis j’avais ri.

— Non, je ne suis pas fou. Je suis fou de toi depuis que je t’ai vu t’avancer dans le jardin. Mais je vais attendre, Clara. Tu en vaux la peine, avait-il dit en me faisant un clin d’œil.

— Désolé, Breno, avais-je chuchoté bizarrement. Je ne suis pas comme les filles avec qui tu as l’habitude de sortir…

— Je sais. Je sais que tu es une fille spéciale… ses bras me tenaient plus fermement, et il m’avait embrassé sur le front. Je suis désolé. Je suis trop pressant, avait-il soupiré, mais je veux avoir une chance de mieux te connaître, Clara… écoute, je passe plus de temps à la base qu’à la maison. Je ne suis pas le genre de mec qui sort, c’est plutôt le contraire. Tu es jeune, peut-être que tu n’es même jamais sorti avec quelqu’un. Je veux juste qu’on se donne une chance de mieux se connaître. Qu’est-ce que tu penses de ça ?

Il avait relevé mon menton pour que je puisse le regarder dans les yeux.

— S’il te plaît, Clara. Laisse-moi te connaître, avait-il murmuré.

— Paola s’intéresse à toi.

Il semblait que je n’avais pas de filtre près de lui. Je savais que mon amie aller me détester pour avoir dit ça. Mais je ressentais quelque chose de très intense pour lui et je ne voulais pas la blesser en lui volant l’opportunité d’être avec le garçon qui l’intéressait.

— Je te promets que je vais aller la voir et lui dire que je ne suis pas intéressé. Je ne peux pas l’expliquer, Clara, mais tu m’as vraiment séduit.

J’avais regardé au loin, ne sachant quoi dire. Il m’avait embrouillé, lui aussi. Tout ce que j’avais fait c’était le regarder une seule fois et je m’étais perdue dans un tourbillon de sentiment.

— Je suis en vacances jusqu’à la fin du mois. Est-ce que je peux demander la permission à tes parents de sortir avec toi pour qu’on se connaisse mieux ? avait-il demandé.

Je l’avais regardé curieusement, ne sachant pas quoi penser de cette attitude. Un garçon comme lui, agissant avec tant de chevalerie et qui voulait demander à mes parents la permission de sortir avec moi c’était quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas.

— Tu devrais, avais-je murmuré en souriant, sentant au plus fond de moi que c’était la bonne réponse.

3

« L’homme véritable n’est pas celui qui conquiert plusieurs femmes, mais celui qui conquiert la même plusieurs fois.»

Auteur inconnu

Seulement vingt jours s’étaient écoulés. Et ces jours inoubliables ont changé ma vie. Pendant cette période, Breno était venu me voir tous les tours. Il avait amené des fleurs pour ma mère et avait parlé à mon père. Nous avions passés des heures à parler sous le porche de la maison, ses doigts entrelacés aux miens. Quelquefois, il m’emmenait voir un film, puis nous allions diner. Ces vingt jours ont été les plus merveilleux de ma vie. J’étais follement amoureuse de lui et quand nous étions tous les deux, je rêvais d’une vie à ses côtés.

C’était mon anniversaire et aussi le dernier jour que nous allions passer tous les deux avant qu’il ne soit obligé de retourner à l’École navale. À vingt-et-un ans, Breno allait être diplômé avec les honneurs avant d’être envoyé dans une base du pays. Même si j’étais heureuse, mon cœur se serrait, effrayé par ce qui allait se passer à partir de ce moment-là. Après l’obtention de son diplôme, il pourrait être transféré sur une base militaire loin de chez lui, ce qui pouvait signifier la fin d’une relation qui venait à peine de commencer.

Je n’avais pas voulu de fête. J’avais préféré un dîner avec ma famille, Breno et mes amis proches, bien sûr. Il s’était tenu à côté de moi tout au long de la soirée, nous avons parlé avec les invités. Pendant le dîner, il s’était assis en face de moi et il n’avait pas arrêté de me regarder en souriant. Juste avant le dessert, il s’était levé, il avait frappé doucement son verre de vin avec la fourchette pour attirer l’attention de tous les invités, il avait fait un signe de la tête et avait commencé à parler.

— Bien, aujourd’hui est un jour très spécial, parce que c’est l’anniversaire de Clara. Je dois dire que je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme elle : douce, gentille et attentionnée. Une fille très spéciale.

Il m’avait regardé dans les yeux avant de poursuivre.

— Demain, je retourne à l’École navale, mais avant de partir, j’aimerais faire un vœu. J’ai parlé aux parents de Clara et ils sont d’accord, mais j’ai besoin qu’elle me donne le cadeau que désire le plus au monde.

Tout le monde avait rigolé. Mon estomac se tordait sous l’effet de la nervosité.

— Clara, je suis tombé amoureux de toi depuis que nos regards se sont croisés. Je ne croyais pas au coup de foudre, mais c’est exactement ce qui s’est passé. Veux-tu être ma petite amie ?

J’avais porté ma main à ma bouche, tellement j’étais surprise. Mes yeux s’était remplis de larmes, un sentiment de bonheur avait explosé en moi. Comme lui, j’étais tombée follement amoureuse de lui au premier regard. J’avais simplement hoché la tête, en guise d’accord, car j’étais incapable de parler. Il avait contourné la table, s’était agenouillé derrière ma chaise et avait sorti quelque chose de sa poche.

— Ce médaillon est un cadeau, pour que tu ne m’oublies pas pendant mon absence.

Il avait sorti un vieux collier en argent de sa poche, avait ouvert le petit médaillon, et dévoilé à l’intérieur de celui-ci une photo de nous.

— Je pars demain, mais je reviendrais te voir, avait-il chuchoté en passant le collier autour de mon cou, embrassant le sommet de ma tête puis mes lèvres.

C’était un baiser chaste, presque un effleurement, qui m’avait coupé le souffle. Puis il s’était reculé et nous nous étions souris.

— Mesdames et messieurs, ma petite copine, avait-il annoncé en rigolant et en faisant des gestes dans ma direction.

Tout le monde à table avait applaudi, mais une personne parmi eux m’avait regardé avec un regard plein de colère. Paola savait que Breno essayait de mieux me connaître. Elle m’en avait même parlé, en me disant que je devrais faire attention, qu’il était un homme d’expérience et que moi, je n’étais qu’une jeune fille idiote. Mais elle n’avait montré aucun mécontentement. Quand nous en avions discuté toutes les deux, je lui avais demandé si elle était contrariée par cette situation mais elle avait rapidement nié. Elle m’avait dit qu’elle était heureuse pour moi et que de toute façon, elle n’était déjà plus intéressée par lui. Mais à la fête, après la demande de Breno, elle l’avait regardé avec colère, et quand elle avait réalisé que j’étais en train de la regarder, elle avait changé d’expression et elle s’était mise à sourire.

Est-ce que j’imagine des choses ? m’étais-je demandé, stupéfaite par la transformation de son expression.

La nuit était tombée, sans qu’aucun drame n’éclate, et après que tout le monde soit partie, Breno et moi, nous nous étions assis sous le porche arrière. Il avait passé un bras autour de mes épaules et sa chaleur m’avait enveloppé.

— Tu as apprécié la fête ? m’avait-il demandé.

— J’ai adoré, avais-je réponde en posant ma main sur le médaillon.

Il s’était alors assis dans le fauteuil, en face de moi, et en prenant les mains, il avait dit :

— Clara, je m’en vais demain, mais je reviens pour Noël. Jusque-là on s’écrira des lettres, et dès que je le peux, je t’appellerais.

Il avait caressé ma joue avec son doigt, avant d’ajouter : Tu promets que tu ne vas pas m’oublier ?

— Oh, Breno. Comment pourrais-je t’oublier si tu manques déjà à mon cœur ?

Il avait sourit, satisfait de ma réponse et m’avait embrassé.

Les jours s’étaient passés rapidement et lentement à la fois. J’avais hâte que Noël arrive et que Breno rentre à la maison. C’était incroyable qu’en si peu de temps il soit devenu si important pour moi. Comme nous nous l’étions promis, nous échangions par lettres chaque semaine et il m’appelait presque tous les jours. Cette semaine, je venais de recevoir sa lettre et je soupirais encore en la tenant dans les mains, espérant qu’elle s’envolerait comme la queue d’une comète et qu’il me reviendrait enfin.

Mon amour,

Dans une semaine, après que tu ais reçu cette lettre, nous nous retrouverons. J’ai du mal à le croire. Tu me manques tellement que ça fait presque mal.

Je serais en vacances à la maison pour trente jours et j’espère que l’on pourra passer tout ce temps ensemble. Quand nous serons tous les deux, je t’emmènerai pique-niquer près de la rivière. Je veux avoir la chance de voir tes cheveux clairs briller à nouveau au soleil.

J’adore la dernière photo que tu m’as envoyée. Tu es magnifique et je ne peux plus attendre pour te prendre dans mes bras et sentir ton parfum autour de moi.

Je sais que nous n’avons passé que peu de temps ensemble, mais tu as une place spéciale dans mon cœur. Une place dont je ne connaissais même pas l’existence.

Je t’aime, ma belle fleur.

Ton Breno.

— Qu’est-ce que tu caches, Clarita ? avait dit Paola en s’approchant derrière moi, me faisant peur.

— Oh, rien, lui avais-je répondu en cachant la lettre de Breno.

— C’est quoi ce bout de papier ? avait-elle demandé, me prenant le papier des mains. Bien, bien, une petite lettre d’amour. Tu es si puérile, Clarita.

— Paola, s’il te plaît, rends-moi ma lettre, lui avais-je demandé en colère et elle avait rigolé, le regard farouche.

— Quelles bêtises ! Je veux voir dans quelques mois, quand il en aura marre de sa petite chérie et qu’il voudra aller de l’avant dans la relation, si tu vas te laisser avoir par ses mots doux.

— Notre relation n’est pas comme ça Paola ! avais-je protesté, croisant mes bras sur ma poitrine. Mon amie essayait délibérément de m’énerver en faisant ce genre de commentaire désobligeant sur ma relation avec Breno comme elle l’avait déjà fait.

— C’est un homme, Clarita, avait-elle ajouté en rigolant et en me regardant de haut, et tu es juste une petite fille naïve.

— Donne-moi cette lettre, Paola, lui avais-je demandé une nouvelle fois, essayant de garder mon calme. Elle avait regardé le papier, puis moi et elle s’était mise à rire. J’avais essayé de lui arracher ma lettre des mains, mais elle n’avait pas voulu la lâcher et l’inévitable s’était produit : la lettre s’était déchirée.

— Oups ! avait-elle murmuré sans une once de regret.

Le bout de papier dans ses mains était tombé au sol alors que l’autre moitié était restée dans ma main.

— Ce papier est aussi fragile et jetable que toi, Clarita.

— Pourquoi es-tu aussi méchante avec moi, Paola ? lui avais-je demandé, incapable de croire que cette personne que je considérais comme ma meilleure amie me traitait de cette façon.  

— Méchante ? avait-elle répété, ne posant sa main gauche sur sa hanche et en levant un sourcil. Non, bébé. J’essaie juste de te protéger d’une déception inévitable.

Elle avait remarqué ma tristesse et elle avait ri.

— Il va te briser le cœur et marcher sur les morceaux. Tu ne pourras pas dire que je ne t’avais pas prévenu, avait-elle lancé avant de partir, me laissant seule.

Je m’étais penchée pour récupérer le bout de papier de la lettre qui était au sol et j’avais lu les derniers mots :

« Tu as une place spéciale dans mon cœur. »

J’avais séché mes larmes et, avec le papier dans les mains, je m’étais apaisée, en pensant que Breno, lui aussi, avait conquis une place spéciale dans le mien. Et je ne laisserais rien ni personne gâcher notre bonheur.

C’était bientôt Noël. Toutes les maisons du voisinage étaient décorées pour les fêtes de fin d’année, créant un festival de lumière et de sons à travers toute la ville. Je regardais par la vitre de la voiture le ciel étoilé et je ne pouvais réprimer un sourire.

— Un sou pour tes pensées, avait blagué Breno et je lui avais souri.

— Oh, elles ne valent pas autant, lui avais-je dit en soupirant et en reposant mon regard sur le ciel. J’étais si heureuse de passer cette nuit magnifique avec Breno et d’aller avec lui à la fête du club naval.

Il avait tendu son bras vers moi, conduisant d’une seule main, et entrelaçant ses doigts avec les miens. Je sentais une chaleur envahir tout mon corps et j’étais sûre que mes joues étaient écarlates. J’adorais être avec Breno, et au fond de moi, je savais que je l’aimais et qu’il était l’homme de ma vie. A cet instant, je me souviens très bien, il avait ramené ma main vers lui, l’avait embrassé affectueusement, l’avait reposé ensuite sur mes genoux avant de reporter son attention sur la route. Il était magnifique dans son uniforme de gala, ses cheveux plus courts que la dernière fois que l’on s’était vu et pas l’ombre d’une barbe sur son visage.

C’était le soir du gala du club naval et je portais une jolie robe longue, un cadeau de ma mère, une robe turquoise. Le corsage serré et les broderies à la taille s’ouvraient sur une longue jupe en crêpe de mousseline. J’avais décidé de laisser mes cheveux longs détachés, ils tombaient en vagues parfaites le long de mon dos. J’avais l’impression d’être Cendrillon en route pour le bal, accompagnée par le prince charmant et Breno m’avait dit qu’il avait la même sensation que moi, c’était un moment comme magique pour nous deux.

Arrivés à la fête, tout y était splendide : le salon était entièrement illuminé par des lumières de Noël et les invités portaient leurs plus belles tenues. Breno avait passé la nuit à mes côtés, me présentant à tous comme sa petite amie et je dois l’avouer, mon cœur s’emballait de plus en plus chaque fois qu’il le disait.

Nous avions dîné, parlé, dansé et interagi avec de nombreuses personnes. Paola était là elle-aussi avec son frère, mais depuis l’incident de la lettre, nous ne nous étions plus adressé la parole. Je n’avais pas parlé de cet incident à Breno et quand il m’avait demandé si je voulais qu’elle vienne à la fête avec nous, j’avais trouvé une excuse, trop gênée pour dire la vérité.

Il était presque minuit quand Breno avait remarqué un ami à lui qui venait d’arriver et pendant qu’ils discutaient tous les deux, j’avais profité de l’occasion pour aller aux toilettes me rafraichir un peu. Mais à mon retour dans la salle, Breno n’était plus là où je l’avais quitté et alors que je regardais autour de moi pour le chercher, une fille s’était arrêtée à mes côtés.

— Tu cherches l’homme avec qui tu es venue ? m’avait-elle demandé en souriant.

— Oui, je l’ai laissé parler avec un de ses amis et je suis partie aux toilettes, mais je ne sais pas où il est maintenant, lui avais-je répondu en lui souriant à mon tour.

— Il est sorti sur le balcon, il est probablement en train de parler à quelqu’un, avait-elle dit tout en m’indiquant la direction.

Je l’avais gentiment remercié en me dirigeant vers le balcon, souriant aux personnes que je croisais. Arrivée devant la porte menant au balcon, j’avais pris la poignée pour l’ouvrir doucement et la scène qui se déroulait devant mes yeux m’avait retourné l’estomac : Breno était dos à la porte, le balcon était vide, sa seule compagnie était une femme pendue à son cou. Il était trop grand pour que je puisse voir qui elle était et elle avait dit quelque chose que je ne pouvais entendre mais je sentais mon cœur s’affoler, mes mains trembler et mon souffle se couper. Mais que se passait-il ici ?

Breno tenait sa taille. J’étais sur le point de retourner au salon, cherchant un moyen de rentrer à la maison après la vision d’horreur que je venais de voir, quand il l’avait repoussé : j’apercevais la jupe rouge d’une robe : c’était Paola.

— À quoi tu joues Paola ? avait crié Breno, en s’éloignant. Je te l’ai dit, je ne veux rien avoir à faire avec toi.

— Oh, Breno, je peux te donner beaucoup plus que l’ennuyeuse Clarita.

Elle s’était rapprochée de lui encore une fois et avait essayé de le toucher, mais il tenait ses mains fermement pour la stopper.

- Paola, c’est la dernière fois qu’on parle de ça. Si tu n’arrêtes pas, je serai obligé de parler à tes parents. Clara est ma petite amie et je suis amoureux d’elle. Point barre. Je me fiche de ce que tu as à offrir car je n’en veux pas. Alors arrête de jouer la femme fatale, tu te ridiculises, avait-il explosé en détournant son regard rageur.

Je ne savais pas si j’avais fait du bruit en arrivant mais leur attention à tous les deux s’était dirigée vers moi. Breno avait immédiatement lâché les mains de Paola et il s’avançait vers moi, m’attirant à lui.

— Mon ange, je t’assure qu’il ne s’est rien passé, m’avait-il dit en me prenant dans ses bras, le visage inquiet. Cette folle essaie de me draguer, mais je ne veux rien d’elle, avait-il ajouté.

Ensuite, il s’était éloigné, gardant toujours ma main dans la sienne et me regardant dans les yeux pour essayer de comprendre ce qui se passait dans ma tête. J’avais quitté son regard pour poser le mien sur Paola, qui nous regardait nous éloigner. Elle était en colère et je me sentais stupide de ne pas avoir remarqué plus tôt combien elle était jalouse et perfide. Je reposais les yeux sur Breno et j’essayais d’agir le plus naturellement possible, en lui souriant.

— Tout va bien. On retourne à l’intérieur ? Il y a quelqu’un que je veux te présenter, lui avais-je dit en souriant.

Je n’avais aucune idée d’où me venait cette idée de lui présenter quelqu’un, mais il m’avait souri en hochant la tête, et nous étions rentrés main dans la main, laissant Paola derrière nous, pour rejoindre notre table.

— Tout va vraiment bien ? avait-il demandé.

— Oui… J’avais alors pris une profonde respiration et lui avais raconté l’histoire de la lettre déchirée. Paola était plus perfide que ce que je ne le pensais…

— Oublions tout ça d’accord ? avais-je proposé, voulant m’éloigner de toute cette situation.

— Tu es sûre ? avait-il demandé et j’avais hoché la tête.

— Très bien. Qu’est-ce que tu dirais si on s’en allait ? J’ai promis à tes parents que je te ramènerai tôt à la maison, avait-il dit en entrelaçant ses doigts aux miens, caressant ma main de sa bouche tout en y déposant un tendre baiser.

— Ça me va, oui.

Sur le chemin du retour, Breno avait fait de son mieux pour détendre l’atmosphère, il menait la discussion et me faisait rire, me racontant des histoires drôles de son quotidien à la base. Quand nous étions arrivés dans le jardin de ma maison, il avait coupé le contact de la voiture, il me regardait, une main caressant ma joue et l’autre dégageant une mèche de cheveux de mon visage.

— J’attendais le bon moment pour ça, mais après cette nuit, je réalise qu’il n’y a pas de bon moment. Seulement le moment où notre cœur commande. Et le mien, Clara, me demande de faire ça depuis la première fois que je t’ai vu.

Il avait souri tout en cherchant quelque chose dans sa poche, il en avait sorti une petite boîte. Ma bouche s’était ouverte de surprise et j’étais sûre que mon visage reflétait toute ma perplexité.

— Je t’ai dit que je voulais qu’on se marie quand tu aurais dix-huit ans, tu te souviens ? avait-il demandé.

— O-Oui, avais-je bégayé. Mon corps entier tremblait.

— Ce que j’ai dit à Paola, c’est la vérité, ma belle. Je suis follement amoureux de toi. Me ferais-tu l’honneur de porter ma bague de fiançailles ? avait-il demandé en ouvrant la boite qui renfermait une magnifique bague en or avec un saphir en forme de poire, entouré de petits diamants.

— Oh… Breno… avais-je murmuré, des larmes roulant sur mes joues.

Je pouvais difficilement croire qu’il me demandait de l’épouser. C’est comme si je vivais un véritable conte de fées, mon conte de fées. Incapable de parler, j’avais hoché la tête en signe d’acceptation. Il avait alors sorti la bague de son écrin et me l’avait passé au doigt. Elle était parfaite.

— Je… Je ne sais pas quoi dire, avais-je alors chuchoté tout en regardant le bijou à mon doigt.

— Tu es heureuse ? avait-il demandé doucement.

Mon regard s’était levé vers lui et un sourire était apparu sur mes lèvres à travers mes larmes.

— Oui, oh oui, je le suis ! avais-je répondu passant mes bras autour de son cou.

— Je t’aime, Clara. Je te promets que je vais te rendre incroyablement heureuse.

— Je t’aime aussi, Breno.

4

«  Il n’y a rien d’aussi doux dans la vie que de jeunes rêves d’amour. »

Thomas More

Le printemps suivant avait amené avec lui l’odeur des roses, accompagnée de l’un des moments les plus importants de ma vie, que je garderai dans mon cœur jusqu’à la fin : le jour de mon mariage.

Je me regardais dans le miroir et le reflet de moi-même dans une robe de mariée me semblait irréel. Mes yeux verts, qui semblaient encore plus grands avec le maquillage, regardaient attentivement chaque détail. Mes cheveux blonds étaient plaqués, soulignant les douces lignes de mon visage. Mon cou était orné d’un collier, qui mettait en valeur mon décolleté parfait dans la belle robe en satin. Une robe ajustée du buste à la taille, dont la jupe s’ouvrait et tombait à mes pieds comme une robe de princesse de conte de fées. Aux pieds, j’avais une paire de chaussures dans les mêmes tons blancs que la robe. Les seuls bijoux que je portais, en plus du collier, étaient une paire de boucles d’oreilles brillantes, qui s’accordaient parfaitement à ma bague de fiançailles, et le médaillon que Breno m’avait offert comme cadeau d’anniversaire.

En jouant avec le collier autour de mon cou, je me regardais en me rappelant les doux moments passés avec Breno la semaine dernière. Il était si attentionné, si protecteur qu’il m’avait fait me sentir comme la femme la plus spéciale du monde.

Je fermais les yeux me remémorant la conversation avec ma mère la semaine précédente et je souriais légèrement : pour la première fois, elle m’avait parlé de sexe et de méthodes contraceptives. J’étais morte de honte, mais également très curieuse, voulant savoir tout ce qui allait arriver. Maintenant, je me sentais prête et j’étais sûre que Breno et moi serions très heureux ensemble.

Un coup à la porte m’avait tiré de mes pensées, et sans l’ouvrir j’avais demandé :

— Qui est-ce ?

— C’est moi, bébé.

J’avais entendu la voix de Breno de l’autre côté de la porte en bois épais.

— Breno, tu ne devrais pas être là, l’avais-je grondé nerveusement. Grand-mère Ruth dit que ça porte malheur si le marié voit la mariée dans sa robe avant le mariage.

— Ouvre, Clara. Je veux te parler.

— Je ne peux pas ! Je suis déjà habillée.

— Je promets de garder les yeux fermés.

— Breno, non ! Ça porte malheur.

J’avais entendu son rire de l’autre côté de la porte et j’avais senti mon cœur se réchauffer.

— S’il te plaît, ouvre juste un peu. Je veux te toucher. Au moins ta main.

J’avais appuyé mes paumes sur la porte, regardant le bois clair en me demandant ce que je devais faire. J’avais du mal à résister à sa demande, mais en même temps, je ne voulais pas nous porter malheur.

— Juste un petit peu, mon amour. S’il te plaît, avait-il insisté.

J’avais soupiré profondément et j’avais ouvert la porte, juste assez pour laisser passer sa main. Il l’avait tendu dans ma direction et avait pris la mienne, enlaçant nos doigts, la chaleur de sa paume se répandant dans mon corps et calmant mes tremblements que je n’avais même pas remarqué jusque là.

— C’est la dernière fois que je te touche en tant que petit copain, avait-il dit doucement, ses doigts caressant les miens. Quand on se reverra, on franchira le cap le plus important de notre vie.

Il avait marqué une courte pause, avant de reprendre :

— Je voulais juste te dire que je t’aime plus que ce que je ne peux le dire, Clara. Tu es l’ange que Dieu a mis sur ma route. Je suis reconnaissant tous les jours pour la chance que j’ai de t’avoir dans ma vie. Sa voix avait flanché, mais il avait continué. Je promets de faire l’impossible pour te rendre heureuse. Pas juste un peu ou quelques fois, mais aussi heureuse que personne ne l’a jamais été. Mon corps, mon cœur et mon âme t’appartiennent.

— Oh… avais-je murmuré la voix basse et des larmes commençant à se former dans mes yeux.

— Je t’aime, ma fleur.

— Je t’aime aussi, avais-je répondu et sentant une légère pression sur ma main.

Puis Breno avait tiré un peu sur mon bras et déposé un tendre baiser sur mes doigts.

— Je te vois tout à l’heure devant l’autel.

— Je ne peux pas croire qu’on vient de remplir le dernier carton, avais-je dis à Breno tout en m’asseyant sur un des cartons plein de toutes les choses qu’e nous avions accumulé ces derniers mois.

Il m’avait souri et était parti dans la cuisine. J’avais entendu la porte du frigo s’ouvrir et je m’étais imaginé qu’il prenait une bière.

On s’était marié il y a un an déjà et on affrontait notre premier déménagement. Breno avait été promu officier et en raison de son travail, nous devions déménager. Les déménagements peuvent être une constante dans notre vie, m’avait-il prévenu avant qu’on ne se marie. Cela ne me dérangeait pas. Tout ce que je voulais, c’était être avec lui pour toujours.

Breno était revenu dans la pièce, une bière dans une main, une canette de coca dans l’autre, et avait dit, en me donnant la canette de coca et me tendant la main pour m’aider à me relever :

— Allons-nous asseoir sur le porche.

Une grande partie de notre mobilier avait déjà été expédiée et ce qui restait était démonté en attendant que l’équipe de déménagement vienne les récupérer demain. Sous le porche, je m’étais assise du côté du mur qui séparait la maison du jardin et Breno s’était assis à côté de moi. L’endroit était très proche de la ferme de mes parents. J’avais regardé le ciel étoilé et j’avais souri, en pensant que même si ma famille allait me manquer, l’endroit où se trouvait Breno était ma maison.

— Ma fleur, je voulais te parler de quelque chose.

Breno avait prononcé ces mots d’une voix soudainement sérieuse. Son ton m’avait surpris. Il m’avait toujours traité avec tant de délicatesse et d’affection que je n’étais pas habituée à le voir si sérieux.

— À quoi tu penses, mon amour ?  

— Je sais qu’on était d’accord pour commencer à essayer d’avoir un bébé l’année prochaine, avait-il commencé en parlant doucement et en jouant avec la bouteille dans sa main. Mais j’aimerai te demander quelque chose.

Mes yeux s’étaient plissés, essayant de comprendre ce qu’il avait en tête.

— Quoi ? lui avis-je demandé, effrayée.

— Il n’y a rien que je veuille plus que d’avoir un enfant avec toi. Mais ne crois-tu pas que tu devrais reprendre le cours de tes études et aller à l’université ?

J’avais arqué mes sourcils : je ne m’attendais pas à ça. On s’était marié juste après mon bac, et même si j’avais fait des plans pour étudier la pédagogie, j’avais laissé tomber cette idée. Ma mère ne m’avait jamais encouragé à me préparer au monde du travail et après le mariage, je m’étais cantonnée au rôle d’épouse.

— Pourquoi ça ? avais-je demandé. J’étais tout à coup confuse, pleine de doute et d’insécurité. J’avais seulement dix-neuf ans et peu d’expérience de la vie.

— Tu penses qu’il est trop tôt pour avoir un bébé ?

— Ce n’est pas ça… Bon, tu te rappelles de Freitas ? avait-il demandé, faisant référence à l’officier qui travaillait avec lui.

— Oui, je me souviens.

— Il a eu un accident de moto. Très grave, ma fleur.

Breno avait soupiré et après quelques secondes de silence, il avait ajouté :

— Il est décédé.

— Oh, mon Dieu.

Mes yeux se remplissaient de larmes. C’était horrible. Il avait presque le même âge que Breno, il était marié et avait deux enfants.

— Lygia, sa femme, se retrouve dans une mauvaise posture. Il lui a bien laissé une assurance, mais l’argent servira à payer une partie du crédit de la maison. Elle n’a pas d’emploi ni de formation et les enfants sont petits. Il avait soupiré, passant ses doigts dans ses cheveux noirs, avant de terminer : Merde, mon ange, si quelque chose m’arrivait, je veux que tu puisses t’en sortir. Je ne veux pas que tu dépendes des autres.

— Je ne peux même pas penser à te perdre, Breno. Je ne peux pas imaginer ça, avais-je dis, sentant mes mains trembler.

— Je sais, mon amour. Mais c’est mon devoir de prendre soin de toi. De penser à ce qui peut se passer. En plus…

— Quoi ? lui avais-je demandé quand il s’était tu.

— J’ai fait un rêve étrange la nuit dernière. J’étais à l’hôpital et le docteur disait qu’il n’y avait plus rien à faire. Me voir dans cette situation, même si ce n’était qu’un rêve, m’a fait m’inquiéter pour toi. Pour ton avenir. Ce serait trop égoïste de te mettre enceinte et de te garder à la maison rien que pour moi.

— Je n’aime pas te voir penser à des choses comme ça. Tu as une santé de fer, Breno ! avais-je protesté, mais je sentais un étrange frisson me parcourir le long de la colonne vertébrale.

— Je t’aime, Clara. Vraiment beaucoup. Il avait pris ma main et caressé mes doigts avec son pouce. J’ai besoin d’être sûr que tout ira bien pour toi.

— J’avais pensé à étudier la pédagogie… Je pense que j’aimerais enseigner à des enfants, avais-je suggéré et il avait souri en hochant la tête.

— Tu seras une bonne institutrice, avait-il toujours en souriant. La semaine prochaine, après le déménagement, on regardera pour t’inscrire.

Je lui avais souri, toute excitée. C’est drôle la façon qu’avait Breno de me faire découvrir ce que je pouvais faire de moi-même. Je venais d’un monde où le rôle d’une femme est d’être une épouse et une mère, mais il me faisait voir que je pouvais être plus que ça. J’étais excitée devant toutes les opportunités qui s’ouvraient à moi.

— Oui, nous ferons ça ensemble.

J’avais posé ma tête sur son épaule, et il avait passé son bras autour de moi, me rapprochant de lui.

— Tu es excitée par le déménagement ? avait-il demandé en m’embrassant sur le haut du crâne.

— Je sais que certaines choses ici vont me manquer, mais je mourrais si je restais loin de toi.

Il avait rigolé devant mon exagération.

— Je ne te laisserai jamais loin de moi, avait répondu Breno en portant la canette à ses lèvres pour boire une gorgée.

— Je me fiche du déménagement, mon amour. Tant qu’on est ensemble.

— Je serais toujours avec toi, ma fleur. Toujours.

Je me souviens de ce jour là. J’avais posé la main sur le médaillon que Breno m’avait offert à l’époque où nous sortions ensemble. Je souriais en regardant par la fenêtre et je voyais le jardin fleuri dans l’arrière-cour de notre maison.