La maison du Lis - Delly - E-Book

La maison du Lis E-Book

Delly

0,0
0,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Un feu superbe crépitait dans la grande cheminée ; une lampe de cuivre projetait sa gaie lumière sur le petit comptoir garni de balances étincelantes, de grosses mottes d’un appétissant beurre jaune, de bocaux de pruneaux et de friandises diverses. Le long des murs s’alignaient les tiroirs et, au-dessus, les planches supportant des pains de sucre, des boîtes de conserves... toutes choses vendues par l’épicière avec bien d’autres encore, recelées par ces profonds tiroirs où les ménagères du quartier trouvaient les objets les plus divers.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



 

Delly

La maison du Lis

 

1922

 

© 2021 Librorium Editions

ISBN : 9782383830818

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I

 

La petite boutique de Marie-Françoise Le Bail présentait un aspect vraiment attirant, en cette soirée de novembre, glaciale et embrumée.

Un feu superbe crépitait dans la grande cheminée ; une lampe de cuivre projetait sa gaie lumière sur le petit comptoir garni de balances étincelantes, de grosses mottes d’un appétissant beurre jaune, de bocaux de pruneaux et de friandises diverses. Le long des murs s’alignaient les tiroirs et, au-dessus, les planches supportant des pains de sucre, des boîtes de conserves... toutes choses vendues par l’épicière avec bien d’autres encore, recelées par ces profonds tiroirs où les ménagères du quartier trouvaient les objets les plus divers.

Marie-Françoise avait l’air accueillant comme son petit magasin. Une coiffe bien blanche cachait ses cheveux et encadrait son honnête et doux visage ; un irréprochable tablier bleu protégeait sa robe, qui avait conservé la forme de celles des aïeules... Cette petite femme à l’allure paisible avait, de l’avis de tous, le cœur sur la main. Son seul défaut était le désir trop vif de connaître toutes les nouvelles de sa petite ville.

En ce moment, elle avait abandonné son tricot et écoutait, sans en perdre une syllabe, l’histoire sensationnelle contée par une voisine. Celle-ci, venue acheter pour cinq sous de fil, s’était commodément installée devant le feu et débitait son récit d’une voix monotone,

À l’autre extrémité du comptoir, une jeune fille qui cousait, à l’arrivée de la narratrice, s’était interrompue et l’écoutait avec un intérêt ardent. C’était une petite personne trapue, au large visage rougeaud, riant et ouvert, la coiffe du pays ne couvrait pas sa chevelure d’un châtain clair, bien arrangée à la dernière mode, et, au-dessus de la large bavette de son tablier bleu, apparaissait la garniture un peu compliquée de son corsage.

– Est-ce bien vrai, mère Pernick, ce que vous racontez là ? dit-elle tout à coup en se penchant un peu vers la voisine.

– Comment ! si c’est vrai ! Je le tiens du cousin de la bru du sacristain de Sauvecloche... Est-ce peu crédule, ces jeunesses ! Ta tante ne m’a pas fait cette question-là ; elle sait bien que Louise Pernick ne ment point !

– Sans mentir, on peut se tromper ! dit sentencieusement Marie-Françoise. Mais, dis donc, Mélanie, est-ce que tout ça te regarde ? Travaille donc, paresseuse et curieuse !

Mélanie secoua la tête avec un peu d’impatience et se remit mollement au travail, la mère Pernick se leva en annonçant qu’elle allait partir, car son homme rentrerait sans tarder, et dame, s’il ne trouvait pas la soupe prête !...

Un profond soupir acheva la phrase, laissant prévoir de terribles conséquences.

Elle glissa son petit paquet de fil dans une des vastes poches de son tablier, en répétant qu’elle allait partir, et, tout en caressant le gros chat noir étendu sur le comptoir, elle entama aussitôt un second récit non moins émouvant que le précédent.

Au passage le plus pathétique, la porte s’ouvrit. Une bouffée d’humidité froide pénétra dans la boutique en même temps qu’un homme et une petite fille.

L’homme, grand et fort, les cheveux presque blancs, la physionomie honnête et sympathique, avait la tenue d’un domestique de grande maison.

Il serrait dans une de ses larges mains celle de l’enfant qui se pressait contre lui, craintive et transie.

– Pardon, mesdames... Pourriez-vous m’indiquer la rue de la Fontaine-Percée ? demanda-t-il d’une voix singulièrement douce, avec un fort accent alsacien.

– Mais vous y êtes, monsieur ! s’empressa de répondre la mère Pernick, coupant la parole à Marie-Françoise.

– Et sauriez-vous où demeure le docteur Monil ?

– C’est bien dans cette rue, mais plus haut. Suivez tout droit, traversez la place de l’Église, puis vous retomberez dans la rue de la Fontaine-Percée. C’est là que demeure le docteur, dans une grande maison grise où il y a un peu de lierre. C’est à côté d’une autre qui a l’air d’une prison, la maison du colonel du Vernek... même que c’est du drôle de monde, tout à fait mystérieux, quoi !

La loquace voisine s’arrêta pour souffler, et l’étranger en profita pour dire précipitamment :

– Merci bien, madame.

Il salua et, faisant passer l’enfant devant lui, il sortit de la boutique.

La mère Pernick se laissa retomber sur la chaise précédemment quittée et se frotta les mains avec jubilation.

– Ah ! ah ! voilà du nouveau, Marie-Françoise ! Qui ça peut-il être, ces gens qui arrivent chez le docteur ?

– Je n’en sais rien... à moins que... Mais oui, la bonne de Mme Monil t’a bien dit, Mélanie, que la nièce du docteur allait venir habiter chez eux ?

– Oui, tante ; mais on ne l’attendait que la semaine prochaine... Il paraît que Mme Monil fait la mine à propos de ça. Dame ! ce ne sera, pas tout rose pour la petite ! Elle a pourtant l’air bien gentil, cette enfant. Et quels beaux yeux, si doux ! Vous n’avez pas remarqué, ma tante ?

– Non, je regardais surtout l’homme. Ce doit être un domestique chargé de l’accompagner. Une bien bonne figure !... Alors, ce serait la propre nièce du docteur, la fille de Mlle Claire-Marie, une si jolie demoiselle tellement avenante envers tous ! Je lui ai parlé souvent, autrefois... Puis elle est partie pour Paris, chez une tante ; elle s’est mariée là avec un Allemand qui l’a emmenée dans son pays.

– Et son frère n’a pas été content, de sorte qu’ils se sont à peu près brouillés. C’est pourquoi la jeune dame n’est jamais revenue ici, compléta Mélanie. Mais elle est morte, il y a déjà plusieurs années, m’a dit la Mariette de chez Mme Monil... Et après, le père de la petite, et enfin la grand-mère, il y a quelques mois... Enfin, il paraît que la pauvre n’a plus que cette maison-là où aller.

– Comme vous dites, ça ne sera pas toujours gai ! fit observer la mère Pernick en branlant la tête. Une dame intelligente, Mme Monil, mais raide !... dame, on ne peut pas lui ôter ça ! Pourtant, ses enfants font leurs quatre volontés... C’est drôle, tout de même !

Et Louise Pernick se mit à tenter de débrouiller cette énigme, sans plus songer à son homme qui devait être maintenant au logis, en train de tempêter devant un fourneau froid et des casseroles vides.

 

Le brouillard glacé avait rendu extrêmement glissant le pavé inégal, et l’étranger avançait avec quelque peine, en retenant énergiquement la petite créature qui cheminait à ses côtés. De temps à autre, il ramenait avec soin, sur la bouche de l’enfant, les pans du grand châle dont elle était enveloppée.

– Serons-nous bientôt arrivés, Klaus ? demanda une petite voix douce où l’on retrouvait aussi, plus atténué, l’accent alsacien.

– Oui, Mademoiselle Suzel... Tenez, nous sommes sur la place... Voici sans doute l’église, ajouta-t-il en désignant, à sa gauche, une masse à peu près indistincte dans la nuit et le brouillard.

L’enfant fit pieusement un signe de croix, et ils traversèrent la place pour gagner l’autre tronçon de la rue de la Fontaine-Percée. Là, Klaus s’arrêta un instant, indécis. À gauche, il ne distinguait qu’un mur de clôture ; à droite s’élevaient des bâtiments peu distincts sous leur manteau de brouillard...

Cependant, en s’approchant, l’étranger put constater qu’il était arrivé au but. La première maison avait bien, en effet, une allure de prison avec son rez-de-chaussée très haut, percé de fenêtres garnies d’énormes grilles bombées, et sa porte aux traverses de fer à laquelle conduisait un majestueux perron à balustrade de pierre.

À la suite de cette demeure se dressait une maison de même hauteur, un peu plus étroite et percée de larges ouvertures sans barreaux. Klaus put discerner quelques cordons de lierre serpentant le long de la façade. Deux fenêtres du rez-de-chaussée, deux autres du premier étage laissaient échapper un filet de lumière par les interstices de leurs volets clos.

– C’est là, Klaus ?... Oh ! j’ai peur ! dit la petite fille en voyant son compagnon porter la main à la sonnette.

– Allons, du courage, ma chère petite demoiselle ! vous avez promis à votre grand-mère d’être brave, partout et toujours.

La sonnette résonna longtemps à l’intérieur... La porte s’ouvrit à demi, laissant apparaître une jeune tête avenante, portant une gracieuse coiffe de mousseline.

– Le docteur Monil, s’il vous plaît ?

– Oui, c’est ici... Vous voulez le voir, ou bien si c’est pour un malade ?

– Je voudrais le voir... Dites-lui que c’est Klaus Delker qui lui amène Mlle Alstreim.

– Bon, je vais le lui dire... Entrez toujours, dit-elle en ouvrant la porte toute grande.

Ils la suivirent dans un vestibule bien éclairé, garni d’une table de chêne sculpté et de quelques plantes vertes. Klaus et la petite fille s’assirent sur une banquette, pendant que la servante allait frapper à une porte. Une voix brève ayant répondu « Entrez ! », elle tourna le bouton, poussa un battant capitonné et avança la tête en prononçant quelques paroles.

Une exclamation de surprise retentit. Un homme de haute taille et de forte corpulence, écartant la servante, surgit dans le vestibule, en face du domestique et de l’enfant.

– Comment, vous voilà !... Mais nous ne vous attendions que la semaine prochaine !

Klaus, qui s’était levé et découvert, posa un regard surpris sur la physionomie sincèrement stupéfaite de son interlocuteur.

– Mais Monsieur le docteur m’a lui-même indiqué ce jour...

– Non, non, le mercredi de la semaine prochaine... le mercredi 17...

– Pardon, Monsieur le docteur, je n’ai vraiment pas confondu...

Et glissant la main dans une poche intérieure, il en sortit une lettre qu’il tendit au docteur. Celui-ci la déplia vivement et s’exclama :

– C’est pourtant vrai !... Quelle étourderie !... Enfin, peu importe ! Que l’enfant arrive huit jours plus tôt ou plus tard, elle n’en sera pas moins bien accueillie... Où est-elle, cette petite ?

Suzel s’était un peu cachée derrière Klaus, en voyant apparaître le docteur. À cette question, elle s’avança pourtant résolument et apparut en pleine lumière, si petite, si touchante dans ses vêtements noirs, qu’une émotion véritable parut sur le visage coloré et bienveillant de son oncle.

Il se pencha vers elle et, l’attirant à lui, l’embrassa avec affection.

– Ma pauvre petite fille ! Je suis vraiment heureux de te connaître, car j’aimais beaucoup ta mère... Et toi, es-tu contente de voir ton oncle ?

Elle leva vers lui ses yeux gris, de grands yeux veloutés et singulièrement expressifs. Pendant quelques secondes, elle parut scruter cette physionomie loyale et bonne...

Puis elle dit d’un petit ton grave :

– J’avais un peu peur, mon oncle ; mais, maintenant, je crois que je suis très contente.

– À la bonne heure ! Tu as l’air d’une gentille enfant. Mais elle ne ressemble pas à ma sœur ! ajouta-t-il d’un ton de regret en se tournant vers Klaus.

– Non, Monsieur le docteur, c’est tout son père. M. Maurice avait des yeux tout pareils...

Un épouvantable vacarme l’interrompit. Un meuble semblait avoir été renversé au premier étage et des cris stridents retentissaient, mêlés à une galopade effrénée. Des portes claquèrent violemment ; quelqu’un dégringola l’escalier avec une prestesse inouïe et un assourdissant tapage.

– Constant ! cria le docteur avec irritation.

Le personnage qui faisait cette bruyante apparition s’approcha, et Suzel vit un vigoureux adolescent dont le large visage aux superbes couleurs dénotait une santé florissante. Son épaisse chevelure brune retombait sur son front en mèches désordonnées ; mais, au sommet de la tête, elle se hérissait drôlement, comme si une main vengeresse s’était attaquée à elle. D’ailleurs, les vêtements tiraillés et froissés de l’arrivant dénonçaient indubitablement une lutte quelconque – incident qui ne paraissait, du reste, avoir troublé en aucune façon ce gros garçon à la mine insouciante et éveillée.

– Qu’est-ce que tu as fait là-haut ? demanda le docteur en lui saisissant le bras pour l’attirer à lui. Tu t’es encore battu ?

– Bien sûr, papa ! dit-il avec un calme imperturbable. Édouard s’est moqué de ma version grecque... C’est vrai qu’elle était assez mal tournée, comme d’habitude ; mais tu sais, papa, comme il a une vilaine manière de se moquer. Les autres, au collège, ça ne me fait rien, mais lui, Édouard, prend un air dédaigneux qui me met hors de moi... Donc, je me suis fâché, je lui ai tapé dessus ; il m’a répondu, j’ai renversé la table avec l’encrier...

– L’encrier aussi, mauvais garnement ! s’écria le docteur en le secouant vigoureusement.

– Mais oui, papa, puisqu’il était sur la table ! Édouard m’a pris alors par les cheveux, je lui ai donné un croc-en-jambe, il s’est aplati... et je me suis sauvé. Voilà !

Et Constant redressa la tête, d’un air de complète satisfaction.

Son père le lâcha en haussant impatiemment les épaules.

– Quels enfants bien élevés ! Je vois qu’il faudra, avant même l’année prochaine, mettre mon projet à exécution en t’envoyant interne à Nantes... En attendant, dis bonjour à ta cousine.

Il le poussait vers Suzel qui regardait, avec un étonnement un peu craintif, ce grand garçon robuste et batailleur. Elle lui tendit cependant la première sa petite main frêle qu’il serra gauchement en disant :

– Ah ! c’est vous la petite Allemande !

– Mais non, je ne suis pas allemande ! Je suis alsacienne et française ! s’écria Suzel avec une vivacité qui empourpra un peu son pâle visage.

– Certes, ma petite !... C’est toi, Constant, qui dis une sottise, répliqua le docteur en frappant sur l’épaule de son fils. Le grand-père de Suzel avait opté en 1871 pour la nationalité allemande ; mais il était, paraît-il, demeuré bien français de cœur, et son fils l’était plus encore, puisqu’il avait formé le projet de vendre son... sa maison de commerce pour rentrer en France. La mort seule l’en a empêché... Mais nous restons debout, et cette petite est certainement fatiguée.

– Je crois que oui, Monsieur le docteur, car nous sommes venus à pied. J’ai eu la sottise de m’attarder pour réclamer une malle introuvable et, quand nous sommes sortis de la gare, les omnibus étaient partis.

– En effet, cela fait une bonne course, de la gare à ici, par ce temps surtout. Sans ce malentendu, ma voiture aurait été là... Je vais te présenter à ta tante, Suzel... Delker, entrez là, vous trouverez Mariette, la servante, qui vous donnera quelque chose de chaud en attendant le dîner.

Il prit par la main la petite fille qui jetait un regard un peu angoissé vers le vieux serviteur. Celui-ci lui fit un signe d’encouragement, et elle suivit docilement son oncle qui se dirigeait vers l’escalier.

Au premier étage, ils entrèrent dans une grande chambre, tendue de cretonne aux tons clairs. Sous la lueur d’une lampe, une femme encore jeune travaillait, près d’une petite fille paresseusement étendue dans une berceuse... À l’entrée du docteur et de sa nièce, toutes deux levèrent simultanément la tête, et deux paires d’yeux, au regard froid et surpris, se tournèrent vers Suzel.

– Émilie, voici notre nièce Suzel, dit le docteur, d’un ton joyeux et dégagé qui semblait quelque peu forcé. Je m’étais trompé de date dans ma lettre à Klaus Delker, c’est pourquoi elle nous arrive huit jours plus tôt... ce qui ne l’empêche pas d’être la bienvenue, n’est-ce pas ?

Suzel était maintenant tout près de Mme Monil. Elle voyait distinctement son visage aux traits réguliers, à l’expression froide, presque dure ; sa chevelure blonde, artistement ondulée ; sa taille mince, bien prise dans un élégant corsage clair.

– Mais certainement, dit, sans empressement, la femme du docteur en se penchant pour mettre un baiser assez sec sur le front de l’enfant. Puisque la chose était décidée... C’est égal, tu devrais faire attention, Pierre, tu as vraiment d’impardonnables étourderies... Et à quoi penses-tu de l’amener ici ? Elle est toute mouillée ! s’écria-t-elle d’un ton d’horreur.

Elle se leva avec vivacité et prit le bras de l’enfant comme pour l’entraîner au dehors.

Devant l’extrême mécontentement exprimé par sa physionomie, le docteur fit une légère grimace.

– C’est vrai, ma chère, j’avais oublié... Mais, comme elle est restée quelque temps dans le vestibule, je crois qu’elle n’a pas dû trop salir... Laisse-la au moins faire connaissance avec Laure.

Il se tournait vers la berceuse où la petite fille était demeurée étendue, son regard curieux fixé sur la petite étrangère. Aux derniers mots de son père, elle se leva indolemment et vint tendre la main à Suzel en la dévisageant avec aplomb... Les longs cils blonds de Suzel se baissèrent, voilant la tristesse de ses grands yeux. L’orpheline, affamée de sympathie, n’avait pu en découvrir sur la froide physionomie de cette enfant de son âge.

– Voilà une compagne toute trouvée, Laurette, dit gaiement le docteur. Allons, tu vas lui montrer sa chambre pour commencer à faire connaissance.

– Pas du tout, cela me regarde ! dit péremptoirement Mme Monil. Laure a à travailler.

– Elle ferait bien, alors, de ne pas adopter la berceuse, fit paisiblement observer le docteur. Ce n’est pas un siège propice au travail, et je crois qu’elle regarde plutôt le plafond que ses livres... Tu mets cette enfant dans la chambre d’amis, Émilie ?

– À quoi penses-tu, Pierre ?... Et quand il nous arriverait quelqu’un ?...

– On ferait coucher, pendant ce temps, Suzel dans la chambre de Laure.

– Oh ! tu arranges cela très vite, toi ! dit-elle avec un dédaigneux mouvement d’épaules. Tu ne songes même pas que cette chambre serait salie, en désordre, et qu’il deviendrait impossible de l’offrir à nos amis... Je mettrai Suzel au second, près de Mariette.

– Dans une mansarde, Émilie !