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RÉSUMÉ : "La mort de César" est une tragédie en trois actes écrite par Voltaire, qui plonge le lecteur au coeur de l'Antiquité romaine, une époque marquée par des intrigues politiques et des tensions sociales. L'oeuvre explore les événements entourant l'assassinat de Jules César, une figure emblématique de l'histoire romaine. Voltaire, fidèle à son style incisif, utilise cette tragédie pour interroger les notions de pouvoir, de trahison et de justice. Le récit s'ouvre sur un climat de tension à Rome, où César, bien que triomphant, suscite la méfiance et l'envie de nombreux sénateurs. La pièce met en lumière les motivations complexes des conspirateurs, en particulier Brutus, déchiré entre son amitié pour César et son devoir envers la République. À travers des dialogues puissants et des monologues introspectifs, Voltaire dépeint les dilemmes moraux et politiques qui conduisent à l'inévitable meurtre de César. Cette tragédie est non seulement une oeuvre dramatique captivante mais aussi une réflexion profonde sur le pouvoir et ses conséquences. En revisitant ce moment crucial de l'histoire, Voltaire invite le lecteur à réfléchir sur les parallèles avec son propre temps, offrant ainsi une critique subtile des régimes autoritaires et des ambitions démesurées. L'AUTEUR : Voltaire, de son vrai nom François-Marie Arouet, est né le 21 novembre 1694 à Paris. Philosophe des Lumières, écrivain prolifique et critique acerbe des institutions de son temps, Voltaire est une figure centrale de la pensée française du XVIIIe siècle. Il est connu pour ses écrits variés, allant de la poésie à la philosophie, en passant par le théâtre et les essais. Son esprit satirique et ses idées progressistes lui ont souvent valu des ennuis avec les autorités, notamment des emprisonnements et des exils. Parmi ses oeuvres les plus célèbres figurent "Candide", "Zadig" et "Lettres philosophiques", dans lesquelles il prône la tolérance, la liberté de pensée et la critique de l'obscurantisme religieux. Voltaire a également contribué au développement du théâtre français avec des pièces comme "oedipe" et "Zaïre". Son engagement en faveur des droits de l'homme et sa lutte contre l'injustice sont illustrés par son soutien à des causes célèbres, telles que l'affaire Calas. Voltaire est décédé le 30 mai 1778 à Paris, laissant derrière lui un héritage intellectuel immense qui continue d'influencer la pensée contemporaine.
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Seitenzahl: 44
Veröffentlichungsjahr: 2020
PERSONNAGES
JULES CÉSAR, dictateur.
MARC-ANTOINE, consul.
JUNIUS BRUTUS, préteur.
CASSIUS, sénateur.
CIMBER, sénateur.
DÉCIME, sénateur.
DOLABELLA, sénateur.
CASCA, sénateur.
CINNA, sénateur.
LES ROMAINS.
LICTEURS.
La scène est à Rome, au Capitole.
ACTE I
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
ACTE II
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V
ACTE III
SCÈNE I
SCÈNE II
SCÈNE III
SCÈNE IV
SCÈNE V
SCÈNE VI
SCÈNE VII
SCÈNE VIII
César, Antoine.
ANTOINE.
César, tu vas régner ; voici le jour auguste
Où le peuple romain, pour toi toujours injuste,
Changé par tes vertus, va reconnaître en toi
Son vainqueur, son appui, son vengeur, et son roi.
Antoine, tu le sais, ne connaît point l'envie :
J'ai chéri plus que toi la gloire de ta vie ;
J'ai préparé la chaîne où tu mets les Romains,
Content d'être sous toi le second des humains ;
Plus fier de t'attacher ce nouveau diadème,
Plus grand de te servir que de régner moi-même.
Quoi ! Tu ne me réponds que par de longs soupirs !
Ta grandeur fait ma joie et fait tes déplaisirs !
Roi de Rome et du monde, est-ce à toi de te plaindre
César peut-il gémir, ou César peut-il craindre ?
Qui peut à ta grande âme inspirer la terreur ?
CÉSAR.
L'amitié, cher Antoine : il faut t'ouvrir mon coeur.
Tu sais que je te quitte, et le destin m'ordonne
De porter nos drapeaux aux champs de Babylone.
Je pars, et vais venger sur le Parthe inhumain
La honte de Crassus et du peuple romain.
L'aigle des légions, que je retiens encore,
Demande à s'envoler vers les mers du Bosphore ;
Et mes braves soldats n'attendent pour signal
Que de revoir mon front ceint du bandeau royal.
Peut-être avec raison César peut entreprendre
D'attaquer un pays qu'a soumis Alexandre ;
Peut-être les Gaulois, Pompée, et les Romains,
Valent bien les Persans subjugués par ses mains :
J'ose au moins le penser ; et ton ami se flatte
Que le vainqueur du Rhin peut l'être de l'Euphrate.
Mais cet espoir m'anime et ne m'aveugle pas ;
Le sort peut se lasser de marcher sur mes pas ;
La plus haute sagesse en est souvent trompée :
Il peut quitter César, ayant trahi Pompée ;
Et, dans les factions comme dans les combats,
Du triomphe à la chute il n'est souvent qu'un pas.
J'ai servi, commandé, vaincu, quarante années ;
Du monde entre mes mains j'ai vu les destinées ;
Et j'ai toujours connu qu'en chaque événement
Le destin des États dépendait d'un moment.
Quoi qu'il puisse arriver, mon coeur n'a rien à craindre,
Je vaincrai sans orgueil, ou mourrai sans me plaindre.
Mais j'exige en partant, de ta tendre amitié,
Qu'Antoine à mes enfants soit pour jamais lié ;
Que Rome par mes mains défendue et conquise,
Que la terre à mes fils, comme à toi, soit soumise ;
Et qu'emportant d'ici le grand titre de roi,
Mon sang et mon ami le prennent après moi.
Je te laisse aujourd'hui ma volonté dernière ;
Antoine, à mes enfants il faut servir de père.
Je ne veux point de toi demander des serments,
De la foi des humains sacrés et vains garants ;
Ta promesse suffit, et je la crois plus pure
Que les autels des dieux entourés du parjure.
ANTOINE.
C'est déjà pour Antoine une assez dure loi
Que tu cherches la guerre et le trépas sans moi,
Et que ton intérêt m'attache à l'Italie
Quand la gloire t'appelle aux bornes de l'Asie ;
Je m'afflige encor plus de voir que ton grand coeur
Doute de sa fortune, et présage un malheur :
Mais je ne comprends point ta bonté qui m'outrage.
César, que me dis-tu de tes fils, de partage ?
Tu n'as de fils qu'Octave, et nulle adoption
N'a d'un autre César appuyé ta maison.
CÉSAR.
Il n'est plus temps, ami, de cacher l'amertume
Dont mon coeur paternel en secret se consume :
Octave n'est mon sang qu'à la faveur des lois ;
Je l'ai nommé César, il est fils de mon choix :
Le destin (dois-je dire ou propice, ou sévère ?)
D'un véritable fils en effet m'a fait père ;
D'un fils que je chéris, mais qui, pour mon malheur,
A ma tendre amitié répond avec horreur.
ANTOINE.
Et quel est cet enfant ? Quel ingrat peut-il être
Si peu digne du sang dont les dieux l'ont fait naître ?
CÉSAR.
Écoute : tu connais ce malheureux Brutus,
Dont Caton cultiva les farouches vertus.
De nos antiques lois ce défenseur austère,
Ce rigide ennemi du pouvoir arbitraire,
Qui toujours contre moi, les armes à la main,
De tous mes ennemis a suivi le destin ;
Qui fut mon prisonnier aux champs de Thessalie ;
A qui j'ai malgré lui sauvé deux fois la vie ;
Né, nourri loin de moi chez mes fiers ennemis...
ANTOINE.
Brutus ! il se pourrait...
CÉSAR.
Ne m'en crois pas ; tiens, lis.
ANTOINE.
Dieux ! La soeur de Caton, la fière Servilie !
CÉSAR.
Par un hymen secret elle me fut unie.
Ce farouche Caton, dans nos premiers débats,
La fit presque à mes yeux passer en d'autres bras :
Mais le jour qui forma ce second hyménée
De son nouvel époux trancha la destinée.
Sous le nom de Brutus mon fils fut élevé.
Pour me haïr, ô ciel ! était-il réservé ?
Mais lis : tu sauras tout par cet écrit funeste.