La Mosquée verte - Pierre Loti - E-Book

La Mosquée verte E-Book

Pierre Loti

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Beschreibung

Extrait : "Les Imans de La Mosquée verte, assis à l'ombre matinale, commençaient le rêve du jour. Les premières heures du soleil nouveau venaient de les réunir dans leur lieu familier, au bord de la sainte terrasse, sous des platanes centenaires."

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I

Brousse, 29 mai 1894.

Les Imans de la Mosquée Verte, assis à l’ombre matinale, commençaient le rêve du jour. Les premières heures du soleil nouveau venaient de les réunir dans leur lieu familier, au bord de la sainte terrasse, sous des platanes centenaires. La mosquée, derrière eux, élevait sa façade de marbre. Et, à leurs pieds, devant leurs yeux contemplateurs, la ville de Brousse, toute noyée de verdure, dévalait doucement dans l’abîme lointain des plaines.

Ils rêvaient à l’ombre, les Imans de la Mosquée Verte. Les feuilles neuves des platanes étendaient un dôme très frais au-dessus de leurs turbans immobiles. Peu de bruits troublaient leurs flottantes pensées : des chants d’oiseaux, des musiques d’eaux vives, et, entendues de loin, des voix gaies de petits enfants ; la ville d’en dessous, à demi cachée dans les arbres, leur envoyait à peine le murmure de sa vie tranquille, assourdie sous tant de feuillages.

La terrasse où les Imans rêvaient était, devant la mosquée, comme un péristyle déjà religieux ; elle formait sanctuaire au dehors. Elle s’entourait d’un mur bas tapissé de fleurettes de mai, et on y accédait par un portail ouvert à tous venants. En plus de ces platanes vénérables, sous lesquels les Imans s’abritaient, on y trouvait aussi un grand cyprès sombre et un kiosque blanc, aux arceaux légers, d’où jaillissait une fontaine…

 

Quand, avec mon compagnon de voyage, je pénétrai pour la première fois dans ce lieu de continuelle paix, nous n’étions à Brousse que depuis la veille au soir, amenés par l’ambassadeur de France.

La maison où notre ambassadeur nous avait offert l’hospitalité charmante était située à mi-hauteur de montagne, en dehors de la ville, presque dans les champs, entre Brousse et le village de Tchékirgué. – Une maison orientale toute neuve, presque inachevée, ayant encore ses plafonds et ses portes de bois blanc ; en bas, un vestibule pavé de faïence ; en haut, nos chambres regardant des lointains infinis – et un grand salon aux murs blanchis de chaux fraîche, sur lesquels on avait cloué à la hâte de longues broderies de soie et d’or en forme de portes de mosquée.

Arrivés en voiture, très tard, pendant une nuit sans lune, nous n’avions rien pu deviner hier de la vieille ville délicieuse. Et, ce matin, nos fenêtres ouvertes au clair soleil, nous nous étions d’abord émerveillés de voir tout apparaître ; l’impression nous était venue de plonger aux temps anciens de l’Islam, d’assister à un printemps d’autrefois, dans un éden de tranquillité et de verdure. Puis nous étions sortis dans la lumineuse campagne, et, pressés de connaître cette Mosquée Verte, nous avions loué une quelconque de ces petites carrioles turques, qui stationnent aux carrefours des chemins, sous les grands arbres. D’une forme bizarre de nacelle, peinturlurée de toutes sortes de dessins et de fleurs, elle était mal suspendue, basse avec une toiture courbe ornée de cuivres brillants et de broderies de perles ; le cocher portait veste rouge soutachée d’or ; le cheval blanc, bariolé de henneh, avait des colliers, des pendeloques et des clochettes : tout un Orient archaïque, naïf, un peu enfantin encore, s’ébattant dans la joie des nuances vives.