La naissance du phénix - Marion Fenice - E-Book

La naissance du phénix E-Book

Marion Fenice

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Beschreibung

Une jeune femme va voir sa vie se consumer de malheur en malheur...

Qu’est-on prêt à faire par amour ? Alana le découvrira rapidement. Elle n’est qu’une jeune femme quand sa vie va complètement basculer. Ce qui devait être des moments de joies, de bonheur à l’état pur deviendront cauchemars. Une descente aux enfers, une valse de très près avec la mort qui l’abandonnera. De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas. De la vie à la mort aussi… Seule La naissance du phénix permet de se relever…
Alana saura-t-elle se laisser consumer pour revenir plus forte et déterminée que jamais ?

Alana parviendra-t-elle à renaitre avec force après les épreuves qu'elle traverse ? Laissez-vous emporter par cette sombre romance au suspense dévorant !

EXTRAIT

Je ne réponds pas de suite, je lui laisse le temps de rentrer l’aiguille dans ma peau et souffle doucement pour me calmer.
— Je ne sais pas. Je suis stressée en ce moment, c’est peut-être ça…
— Mmh…
Ouais super, il a l’air super convaincu, c’est rassurant. Je ne dis plus rien jusqu’à ce qu’il finisse de remplir ses flacons et me pose un petit pansement. Il me propose une madeleine que je refuse, j’ai tellement peur que je ne serais pas capable de la manger. Je récupère ce que l’infirmière me remet comme papier à l’accueil et rentre chez moi. Je n’ai personne à qui me confier pour essayer de me détendre. J’ai bien des amies à l’école, mais une fois que je ressors de l’établissement soit je suis avec Erwan soit je rentre pour préparer le repas, faire le linge et l’attendre. Je sais qu’il travaille, mais je lui envoie quand même un sms pour le prévenir que j’ai fait une analyse sanguine et que je dois attendre les résultats en fin d’après-midi. J’essaie de ne pas garder les yeux sur l’horloge et me plonge dans mes révisions, mais clairement, l’envie n’y est pas. Je regarde mon portable, dix-sept heures… je renfile mon manteau et ressors pour retourner chez mon médecin. Je ne suis pas croyante, mais je prie quand même pour ne pas avoir de surprise. J’entre dans le cabinet et m’installe en salle d’attente. Une mère et son enfant sont avant moi. Je suis un peu déçue, j’aurais aimé passer rapidement !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marion Fenice est une maman comblée de trois enfants, proche de la trentaine. Native du Nord de la France, elle a quitté sa région natale il y a plus de dix ans. Elle a toujours rêvé de travailler dans le monde de l’édition, le destin en a décidé autrement : elle est devenue commerçante indépendante. Grande lectrice depuis petite, elle ne passe pas une journée sans lire, quelque soit le style, c’est essentiel pour elle de plonger dans un livre et se laisser porter par l’histoire. Elle a commencé à écrire des poèmes très jeune, une façon pour elle de faire face à ses émotions, de s'en libérer. Son imagination ne s’arrête jamais : de la romance au fantastique en passant par le dark et la Bit-Lit, elle aime laisser partir toutes ces idées sur le papier.

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La naissance

Du Phénix

 

Marion Fenice

Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Marion Fénice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Phénix : mythologie, Oiseau fabuleux, censé renaître de ses cendres.

 

À toutes celles et ceux qui pensent ne jamais s’en sortir. Nous avons tous un phénix qui sommeille en nous…

 

Prologue

 

Dès le premier regard, j’ai craqué pour lui…

Je n’avais que douze ans, mais l’âge n’était que physique pour moi. Mentalement, j’étais beaucoup plus mature, les aléas de la vie m’ont, malheureusement, poussée à ne pas pouvoir vivre tranquillement cette période entre l’enfance et l’adolescence, j’ai été directement envoyée dans la cour des grands.

Dans l’année de mes neuf ans, j’ai perdu la personne qui comptait le plus à mes yeux, la femme de ma vie… ma maman. Un adieu après une longue période de doute, de peur qui laissait planer l’inévitable.

Ma vie a basculé ce jour d’hiver, plus totalement une enfant, pas totalement une adolescente. J’étais entre deux périodes cruciales de la vie.

Malgré moi, je devenais la seule femme de la maison, s’occuper des repas quand j’étais seule, du linge tout en gérant l’entrée au collège… Tant de nouveautés auxquelles je devais faire face tout en gardant la tête haute et le cœur en miettes.

Quand il est apparu devant moi, cette première fois, mon cœur a repris vie, je le sentais se recoller, se remouler, puis battre à nouveau fort, très fort…trop fort.

La question était comment faire comprendre à un jeune homme de dix-neuf ans ce qu’il provoquait en moi pauvre jeune fille qui n’avait de femme que le mental.

Après des mois de sorties banales : cinéma, fast-food, parc… le moment que j’attendais est arrivé.

Moi, Alana je recevais mon premier baiser. Les papillons dans le ventre, le cœur qui est à deux doigts de rompre, les mains qui tremblent… les livres que j’aimais lire ne mentaient pas. Un moment magique, parfait…

J’ai passé des mois sur un petit nuage, on se retrouvait à la fin de mes cours pour passer quelques heures ensemble, les mercredis après-midi et les week-ends également, il était mon monde, tout tournait autour de lui. Mon père l’avait plutôt bien accepté. Erwan avait réussi à me redonner ce sourire et cette joie de vivre que je n’avais plus, il était doux et attentionné avec moi, serviable et poli avec papa. La différence d’âge ne le dérangeait pas, du moins il ne me l’a jamais dit ouvertement ni même fait comprendre. Une chance en soit, mais quoi que mon père aurait pu dire ou penser, je n’aurais pas quitté Erwan, il était mon tout, ma raison de respirer, mon envie de revivre pleinement.

La différence d’âge a commencé à se faire ressentir au bout de trois mois, je n’aspirais rien de plus que des baisers et des câlins, lui espérait plus.

Que devais-je faire ?

Attendre encore au risque de le perdre ou céder pour le garder près de moi ?

J’ai quand même pris quelques jours pour y réfléchir, ce n’était pas beaucoup de temps pour ce genre de réflexion, certes mais de toute façon, je connaissais déjà ma décision. Le week-end suivant, je vivais ma première fois. Je n’en garde pas des aussi bons souvenirs que ce que je lisais contrairement au premier baiser. Cette douleur que j’ai ressentie, cette peur de ne pas être à la hauteur de ne pas lui plaire me revient encore en mémoire. Erwan m’assurait que c’était parfait, je doutais quand même de sa parole. Ne disait-il pas cela pour ne pas me vexer ? Après tout, il avait déjà eu d’autres expériences avant moi, comment j’aurais pu être à la hauteur de ses anciennes conquêtes ? Chaque fois que je lui disais mes craintes la dessus, il me rassurait en me soutenant que j’étais parfaite, que c’était moi qu’il aimait et personne d’autre.

Nous étions inséparables, je voyais de moins en moins mes amis, ma famille. Mon temps libre, je ne le passais qu’avec lui, le reste m’importait peu. La séparation chaque soir été invivable, mon cœur se serrait, les larmes me montaient aux yeux en le regardant partir. Sans lui, je n’étais pas entière, il emportait la moitié de moi en partant chez lui. J’ai pris mon courage à deux mains après avoir discuté avec lui, puisque nous étions d’accord que la séparation n’était pas pour nous, j’allais demander à mon père s’il pouvait venir vivre avec nous. J’ai eu la peur au ventre de devoir affronter papa pour lui parler de cette envie. Même si je savais qu’il ne me disait jamais non quand je lui demandais quelque chose, ce n’était pas évident. On ne parlait pas d’argent de poche que je réclamais ni d’une autorisation pour sortir et rentrer plus tard que le couvre-feu. Là il s’agissait d’avoir une autre personne avec nous, sous notre toit. De partager ma chambre, mon intimité avec un homme… À ma grande surprise, papa a accepté en ne posant qu’une seule condition, qu’Erwan vienne travailler avec lui. À son âge, il devait avoir une situation professionnelle et lui-même étant bien placé dans sa société, il l’aiderait à se faire embaucher. Quand j’ai annoncé cela à Erwan, il était aussi fou de joie que moi ! Le soir même, ses affaires étaient dans ma chambre et nous prenions notre premier repas à trois. La semaine suivante, il signait un contrat et partait travailler. La séparation était supportable, j’étais à l’école, lui au travail. Même si en rentrant à l’appartement j’étais seule, je savais que le soir il rentrerait. Je prenais plaisir à préparer à manger pour tout le monde après mes devoirs, à faire le ménage, m’occuper du linge… Je devenais une femme, sa femme.

Puis vint cet été, deux ans après que je filais le parfait amour, où ma vie a doucement changé. Des vacances en camping, loin de lui, de mon repère. J’étais tiraillée entre la joie de passer du temps au soleil, à m’amuser et ne plus avoir ses bras protecteurs, son amour pour moi, ses intentions. Je le savais triste de me laisser partir à plusieurs centaines de kilomètres, j’avais même demandé à papa s’il pouvait venir avec nous, mais pour une fois il m’a dit non. Ces vacances étaient un moment entre lui, moi, sa nouvelle compagne et sa fille. Prétextant que je devais aussi profiter de ces quinze jours de mon côté, que je retrouverais Erwan en revenant.

Papa devait nous rejoindre quelques jours après notre arrivée au camping, ses dates de vacances posées au travail ne correspondant pas avec nos dates de location. La veille de son arrivée, le portable de sa compagne, avec qui j’étais, a sonné. Il ne viendrait pas nous rejoindre, notre voisine du dessous avait eu un incendie dans son appartement, il fallait qu’il gère la paperasse avec les assurances et trouver une solution.

Je n’avais pas écouté le reste de la conversation, je ne pensais qu’à Erwan. Où était-il ? Où allait-il aller ? Je ne pouvais pas attendre le prochain appel de papa pour lui demander, sa compagne n’était pas au courant de ma relation. Je rongeais mon frein, impatiente de voir ce séjour à la mer se terminer. À notre retour, Camille ma belle-mère m’a emmenée directement chez elle, mon père nous y attendant déjà. C’est donc ici que j’allais devoir vivre ? J’ai demandé à papa de passer le reste des vacances chez ma tante, sa sœur. Elle était au courant de ma relation et je savais d’avance qu’elle n’aurait pas d’objection à accueillir Erwan chez elle le temps de mon séjour. Comme toujours il a accepté, je me suis dépêchée de préparer des affaires pour qu’il m’emmène. Dès le lendemain matin, je demandais l’autorisation de ma tante pour faire venir Erwan. J’ai eu de la chance qu’elle comprenne aussi bien la situation. Ça faisait deux années que nous vivions ensemble Erwan et moi, que nous n’étions séparés que la journée, je ne pouvais pas rester loin de lui, nous devions trouver une solution. Mais avant tout, nous allions passer un mois et demi ensemble, ça nous laissait le temps de voir venir les choses…

La veille de la rentrée scolaire, je devais retourner chez ma belle-mère. J’étais dans ma dernière année au collège, l’année suivante je pourrais aller au lycée, j’avais déjà choisi d’ailleurs. J’irais dans celui à côté de chez Erwan. En attendant, nous n’avions pas trouvé de solution pour vivre de nouveau sous le même toit, je devais me contenter des week-ends pour le moment et des instants que nous réussissions à voler par-ci par-là.

M’étant éloignée de mon collège, je devais partir plus tôt le matin si je voulais être à l’heure pour mes premiers cours, nous profitions également qu’il n’ait pas encore embauché pour nous voir, même cinq petites minutes c’était toujours ça de pris pour nous faire patienter jusqu’au week-end. Mon père m’avait offert un téléphone portable pour que je puisse discuter avec mon compagnon et en cas de soucis, j’avais les moyens de prévenir. C’est grâce à cela que chaque soir, avant de m’endormir, je lui souhaitais bonne nuit et lui rappelais notre rendez-vous à la sortie du métro à sept heures quarante-cinq.

Ça a duré deux mois… Deux mois que je partais tôt le matin, que je rentrais plus tard que les années précédentes. Deux mois que je vivais essentiellement dans une chambre qui ne me correspondait pas. Enfin une chambre, cela n’en avait que le mot. C’était bien une chambre oui, mais seuls un lit et une table de camping étaient pour moi. Le reste de la pièce était encombrée de cartons pleins que je n’avais pas le droit de toucher ni déplacer. C’était l’époque d’Harry Potter, j’aimais énormément ces livres et je faisais rire mes copines en disant que ma chambre était comme celle d’Harry, un cagibi où j’avais à peine la place de me tourner. Elles pensaient que je plaisantais, après tout je faisais toujours des blagues, jamais je n’ai osé leur avouer que j’étais sérieuse.

Un soir comme un autre, Camille a demandé à me parler. Elle souhaitait savoir pourquoi je partais si tôt le matin, pourquoi je revenais si tard le soir. J’ai eu beau lui expliquer que j’étais loin de mon école, que je ne voulais pas être en retard, elle ne voulait pas le comprendre. Les mots de trop m’ont rendue folle, pour la première fois de ma vie je me rebellais… J’ai terminé de passer mes nerfs en allant m’enfermer dans ma « chambre » jusqu’au retour de mon père. En entendant la porte d’entrée s’ouvrir, j’ai voulu me précipiter le rejoindre, lui parler, lui expliquer… elle ne m’en a pas laissé le temps. La conversation me restera toujours en tête. J’étais la méchante, celle qui ne voulait pas écouter, celle qui n’en faisait qu’à sa tête, celle qui ne voulait pas faire d’effort pour que nous soyons une famille… Jamais elle n’a dit ce qu’elle m’avait dit avant ! Je n’avais qu’une mère, même si celle-ci n’était plus physiquement avec nous, personne ne prendrait sa place et ça, Camille ne l’a pas accepté.

Sa phrase m’a fait l’effet d’un coup de masse.

« C’est ta fille ou moi ? »

Je savais au fond de moi ce qu’il choisirait…

 

Chapitre 1

 

Je déteste cette saison et encore plus cette période de l’année. Tous ces gens heureux, pressés de faire un gros repas de Noël en famille… Ça fait quatre années que je ne veux plus entendre parler de cette fête, depuis que maman est partie juste avant… Je secoue la tête pour me sortir ces idées de l’esprit et me rince la bouche. Depuis mon réveil je me sens barbouillée et là mon petit déjeuner vient de ressortir par où il est entré. Je relève la tête pour me regarder dans le miroir.

— Et bien ma vieille, c’est pas fameux la gueule de zombie avec la gastro, dis-je à mon reflet.

Je ressors de la salle de bain pour aller m’affaler dans le canapé devant la télévision. Ne rien me demander aujourd’hui, je ne suis pas en état de faire quoi que ce soit. Heureusement que ce sont les vacances parce que je n’aurais pas pu aller en cours et je n’ai aucune envie d’appeler mon père pour qu’il vienne me faire un billet d’absence.

Quand Camille lui a demandé, imposé même de choisir entre elle et moi, je savais que je ne serais pas son choix. Dès le lendemain, j’emménageais chez Erwan, papa ayant dit à Camille que j’irais chez ma tante. Il ne fallait surtout pas avouer que la petite Alana de quatorze ans allait vivre auprès de son amoureux, quelle honte ! J’étais blessée qu’il l’ait choisie elle plutôt que moi, mais, paradoxalement, j’étais contente. Je pouvais reprendre la vie que je voulais sans contrainte. Enfin si une seule, continuer d’aller à l’école, mais pour moi c’était une évidence, c’est hors de question que je passe mes journées à ne rien faire. J’avais mon brevet des collèges à la fin de l’année scolaire, je ferais tout pour le réussir.

— T’as une tête toi…

— Ouais, depuis ce matin je suis pas bien.

— T’en veux ?

Erwan me tend sa tasse de café, rien que l’odeur me donne de nouvelles envies de vomir !

— Non… je vais encore dégueuler. Éloigne ça de moi !

Il se marre en se calant dans le canapé pour regarder une série idiote avec moi.

— Ton père t’a appelée ? me demande Erwan au bout d’un certain moment.

— Non pourquoi ?

— Hier, au boulot, il m’a dit qu’il allait t’appeler pour te prévenir que tu feras le repas de Noël avec eux…

Oh non, pitié. Tout, mais pas ça ! Les voir tous réunis, le sourire aux lèvres, joyeux… très peu pour moi. Je n’ai pas du tout envie de faire bonne figure devant cette famille qui n’a rien à voir avec moi, encore moins en me sentant la mauvaise graine de chez eux.

— Tu crois qu’y a moyen que j’esquive ?

— C’est mort, tu peux oublier direct. Il viendra te chercher.

— Fait chier, j’ai pas envie d’y aller et encore moins si t’es pas là.

Il me sourit doucement en haussant les épaules. Il n’a jamais rien dit sur le fait que mon père cache son existence, je ne sais même pas s’il le prend mal et je n’ose pas lui poser la question. Peut-être sa réponse qui me fait peur…

— T’as appelé le docteur ? me demande-t-il pour changer de sujet.

— Pourquoi ?

— T’es malade…

— Pff tu parles. Pour entendre que c’est la gastro et qu’il me refile son smecta, non merci. Ça va passer, dès demain ça ira mieux.

Il ne m’a pas répondu, replongé dans l’émission il ne me calculé plus. Je le regarde en pensant que j’ai une chance pas possible d’être là. Qui peut se vanter à quatorze ans de vivre sous le même toit que son petit copain, sans ses parents, loin des règles de vie. On mange à l’heure qu’on veut, on se couche à l’heure qu’on veut et si Erwan pouvait lire dans mes pensées, il ajouterait très crument « on baise quand on veut : ». Sur ce point, il est insatiable. Si moi je peux m’en passer plusieurs jours de suite, lui ce n’est pas son cas ! Tous les jours, matin, midi et soir… ce serait du non-stop si j’écoutais ses pulsions ! Bon déjà pour aujourd’hui, il peut oublier toutes tentatives de câlins, je ne suis pas en état ! C’est en fin de matinée, quand Erwan est parti en cuisine pour se préparer un déjeuner que mon portable a sonné affichant le nom de « papa ».

— Allô ?

— C’est papa, comment ça va ?

J’ai le choix, lui dire que ça va et on passe à autre chose ou lui dire que j’ai choppé une gastro et on passe quand même à autre chose. Parce que clairement, je sais qu’il n’en a rien à faire que je sois malade, je ne suis pas à l’article de la mort.

— Ça va et toi ?

— Oui. Erwan t’a dit pour Noël ?

— Oui ce matin… d’ailleurs je suis obligée de venir ?

— Tu ne vas pas commencer Alana ?

— Non, mais c’est que j’ai pas super envie de rester des heures à table…

J’allais quand même pas lui dire que je ne supporte pas sa nouvelle famille trop parfaite ? Même si c’est quand même tentant !

— Je viendrais te chercher juste avant qu’on commence l’apéritif.

— Mais, je pourrai rentrer dormir ici ?

Je croise tout pour qu’il me dise oui, je ne supporterais pas de dormir dans mon cagibi !

— Je te ramènerais après le repas.

Nous coupons rapidement la communication. Pas que je n’aime pas mon père, mais nous n’avons plus rien à nous dire depuis le décès de maman. Je sais qu’il en a souffert, mais lui, semble avoir tourné la page, moi toujours pas même si grâce à Erwan, je ressors la tête de l’eau…

Nous passons le reste de la journée à glander dans le canapé. Enfin c’est Erwan qui reste dans le canapé, moi je jongle entre la position allongée et celle accroupie devant les toilettes à vomir le peu que j’ai dans le ventre.

Le lendemain, je me sens fatiguée, mais affamée. Je vais beaucoup mieux ! J’évite quand même de manger trop lourd, mais rien ne repart.

— Je t’avais dit que ça irait mieux. La gastro, ça dure une journée !

— Hum…

— Qu’est-ce qui a ?

— Rien…

Clairement, il a quelque chose. Je le connais, d’habitude il me répond avec une phrase complète, là j’ai droit à un mot seulement. Je vais à côté de lui, devant la fenêtre, pour le prendre dans mes bras et lui demander ce qui le travail. Un long silence me répond avant qu’il n’ouvre la bouche.

— À Noël, je vais être tout seul. Sympa…

— Je sais, je suis désolée…j’ai demandé à mon père si j’étais obligée d’y aller, apparemment j’ai pas le choix. Mais je rentre juste après manger, j’ai pas envie de rester avec eux.

— T’as pas dû être si convaincante que ça pour qu’il te dise que tu dois y aller.

Sa remarque me fait mal. Il doute de ma sincérité ? Pourtant je veux vraiment rester avec lui !

— Tu sais que j’aime plus cette fête depuis ma mère, ne crois pas que je suis contente d’y aller.

— Ben ouais, t’aurais encore ta mère t’en aurais rien à foutre de moi !

Houla, la journée commence mal. Je déteste parler de maman, il le sait et évite, en général, ce sujet. Sauf aujourd’hui.

— N’importe quoi ! C’est pas parce que ma mère n’est plus là que je t’aime !

Ses yeux me lancent des éclairs quand il se tourne vers moi. Je ne détourne pas le regard pour autant, je veux qu’il comprenne que je ne lui mens pas, je l’aime, quelle que soit la situation.

— Crois-moi…

Il ne me répond pas et part dans notre chambre. Je suis blessée, j’ai envie de le rejoindre pour qu’il comprenne que je ne dis pas cela en l’air, mais je m’assois sur le canapé le temps qu’il se calme. Je préfère taire le fait qu’il m’a vexée, remettre de l’huile sur le feu n’est jamais bon je ne veux plus qu’on reparle de ça.

Il lui aura fallu plus d’une heure pour qu’il daigne enfin sortir de la chambre. Je n’ose pas bouger du canapé, ne sachant comment réagir. Je le regarde discrètement aller dans la cuisine pour revenir dans le salon, une bière à la main.

— On va manger chez ma mère tout à l’heure.

— Oh heu…OK. Je ne savais pas qu’on devait y aller…

— Tu vas profiter de ta famille à Noël, donc moi je veux profiter de la mienne. Si tu veux pas venir reste là, je m’en fous.

Je crois qu’il n’est pas calmé. Les larmes me montent aux yeux, je me lève avant qu’il ne s’en aperçoive et vais dans notre chambre à mon tour pour me préparer.

 

La soirée est calme, enfin pour moi. Erwan profite de ses frères et sa mère. Ils rient, chantent, boivent… je n’aime pas l’alcool et refuse chaque verre qu’ils me proposent. Je préfère aller fumer une cigarette dehors, prendre l’air et avoir un peu de calme, mais c’est Erwan qui les a dans sa poche.

— Tu peux me donner les clopes s’il te plait ? je lui demande en me penchant vers lui.

— Pourquoi faire ?

— Je vais aller prendre l’air devant en allant en fumer une…

— T’as qui qui t’attend dehors pour que tu veuilles sortir ?

— Quoi ? Mais personne ! Je suis un peu fatiguée et j’aimerais prendre l’air !

— Tu vas voir un autre mec ?

L’alcool lui monte à la tête c’est pas possible ! Je n’ai personne d’autre et jamais je n’ai laissé supposer que j’aimerais être avec un autre homme ! Je me réinstalle sur ma chaise sans rien dire. Mon beau-frère me tend son paquet pour que je puisse en prendre une que je refuse. Je n’ose pas sortir pour aller la fumer. Il insiste en allumant la sienne dans le salon.

— Tu fumes dedans ?

— Ouais t’inquiètes personne te dira rien.

Je prends une cigarette dans son paquet qu’il tend toujours devant moi en le remerciant. Erwan me regarde rapidement avant de reporter son intention sur sa mère. C’est lui le premier à m’avoir fait goûter à cette drogue. Au début que nous étions ensemble, il ne voulait pas rester seul le temps de s’en griller une, je le suivais. Il m’a proposé de tester, la première fois j’ai refusé, mais quand il m’a fait remarquer qu’effectivement, j’étais trop jeune pour ça, je n’ai pas hésité à lui prendre des mains pour fumer à mon tour. À chaque fois qu’il sortait, j’allais avec lui et lui prenais sa fin de cigarette. Au début je pouvais m’en passer, je n’étais pas accro, maintenant ce n’est plus le cas.

Les heures passent, il est presque minuit quand Erwan décide qu’il est l’heure de rentrer. Enfin ! Je n’en peux plus, je suis fatiguée, j’ai mal à la tête et voyant le taux d’alcoolémie qu’il a, la route à pied va être longue ! Nous arrivons presque une heure plus tard à l’appartement. Première fois que nous mettons autant de temps. Il se retenait à mes épaules, posant tout son poids sur moi ce qui nous a pas mal ralentis. Il part directement dans la chambre pour ce coucher. Je prends le temps de fermer la porte et les volets avant de le rejoindre. Peine perdue, il s’est endormi sans même enlever au moins ses chaussures, en travers de notre lit. Je referme la porte doucement derrière moi pour retourner au salon, je vais dormir dans le canapé.

À son réveil vers midi le lendemain, il se plaint de mal de tête.

— En même temps hier tu as pas mal bu…

— Et alors ?

— Alors rien… je te dis juste que c’est pas étonnant que tu aies mal à la tête.

— Vas-y laisse tomber ! En fait, le lit est plus assez bien pour toi ?

— Ah si, mais c’est juste que tu t’es endormi de travers, je pouvais pas venir me coucher.

— C’est vrai que c’est dur de me décaler ! Laisse tomber, t’es bien dans le canapé, restes-y !

Les larmes me montent aux yeux quand il part dans la salle de bain chercher une aspirine. Il lui arrive quoi en ce moment ? Il ne me parle jamais comme ça ! Chacun reste dans son coin, sans s’adresser un mot de toute la journée. Ce n’est que le soir au moment du repas qu’Erwan me rapporte une assiette et s’installe à côté de moi.

— Je suis désolé. J’étais de mauvaise humeur et c’est toi qui as pris.

— Laisse, j’ai pas envie d’en parler… Merci pour l’assiette, lui réponds-je en commençant mon repas.

— C’est pas grand-chose, fallait bien que je commence à me faire pardonner.

Je ne réponds pas et continue mon repas. Pas que je n’ai rien à lui dire, mais je n’ai pas envie de réveiller encore ses foudres. Je préfère me retenir d’ouvrir la bouche.

— Dépêche-toi de manger, j’aimerais continuer à me faire pardonner, mais dans la chambre.

— J’aurais bien aimé regarder le film qui passe ce soir…

Je lui en veux encore de ce qu’il a dit et fait, je ne vais pas céder si facilement !

— On ira dans la chambre après le film ! Je suis désolé, j’aurais pas dû boire autant ni te parler comme ça. Je recommencerai plus…

 

Chapitre 2

 

Je suis assise à table, avec ces gens que je ne considère pas comme des proches et encore moins comme ma famille. Ils rient, se sourient, plaisantent entre eux pendant que je ne rêve que d’une chose…rentrer auprès d’Erwan. Quand papa est venu me chercher tout à l’heure, Erwan lui a appris que j’avais était malade peu de temps avant, que si je ne mangeais rien il ne fallait pas s’en étonner. Je suis une grosse gourmande, mais clairement là, je n’ai pas du tout envie de manger. Je sors discrètement mon téléphone sous la table pour voir si Erwan ne m’aurait pas envoyé un message, il n’est pas là physiquement, mais grâce à cette merveille de la technologie, il peut rester près de moi. Rien… je me décale pour le remettre dans ma poche arrière quand Camille me remarque.

— Alana, nous sommes à table. Merci de ne pas sortir ton téléphone.

Je râle doucement :

 

 

 

 

 

— Je le range, je ne le sors pas, en la regardant froidement.

Va pas falloir qu’elle me cherche de trop elle. Je n’ai pas oublié qu’à cause d’elle, j’ai été obligée de partir loin de mon père. Je vis avec Erwan et j’en suis heureuse, mais je ne pensais pas être séparée de mon père si tôt. Enfin mon père… plutôt cet homme que je ne reconnais pas. Je le regarde manger et plaisanter avec son beau-père, je ne serais pas là, il ne s’en apercevrait même pas. Pas un mot, un regard, un sourire pour moi…

Le repas est bon, mais je grignote, je veux partir vite d’ici. Je ne les supporte plus. Il n’y a que la bûche qui me donne envie, je n’ai jamais résisté au chocolat.

— Je savais bien que le chocolat, ça passerait tout seul, plaisante papa en me regardant.

Je lui souris avant de plonger ma cuillère dans l’assiette et déguster ce délice. Je vois Camille se lever de table pour aller à côté du sapin et nous demander de venir nous installer dans le salon. Je me dépêche de finir mon dessert avant d’aller m’asseoir dans le canapé. Je n’ai même pas fait de cadeaux, après tout, ils s’en fichent de moi, je ne vois pas pourquoi je devrais faire des efforts ! Mais je culpabilise quand même de ne pas avoir pensé à amener un petit quelque chose…

La fille de Camille, Capucine, est remplie de cadeaux entre ses grands-parents, sa mère accompagnée de mon père, sa sœur… quand