Prisonnière - Tome 3 - Marion Fénice - E-Book

Prisonnière - Tome 3 E-Book

Marion Fenice

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Beschreibung

Benjamin doit faire face à la perte d'Ambre, la femme qu'il devait bientôt épouser, retrouvée complètement inconsciente...

La roue a tourné, pas dans le sens désiré. Comment faire face à la perte de l’amour de sa vie ? Comment expliquer à une enfant qu’elle ne reverra plus sa maman ? Comment réussir en tant que père quand tout s’écroule ? Benjamin devra relever la tête pour ses proches, faire face à Opale qui grandit et s’affirmera de plus en plus… Quand la vérité éclate, la vengeance plane. Terrible et libératrice…
Qui sera le plus fort, les liens du sang ou les liens du cœur…

Prisonnière est réservé à un public averti.

Quelle est la terrible vérité qui se cache derrière ce drame ? Comment Benjamin se vengera-t-il tout en restant un bon père pour Opale ? Dévorez la suite de cette saga de dark romance captivante dans ce troisième tome plus sombre que jamais !

EXTRAIT

Je coupe le contact de ma voiture devant la maison de mon meilleur ami et me regarde dans le rétroviseur. J’ai une gueule à faire peur, mes yeux sont rouges et gonflés, des cernes se dessinent en dessus. Je me pince les joues, comme font les femmes, pour reprendre un peu de couleur avant d’aller affronter notre famille, je ne veux pas faire peur à ma petite. Paul m’attend déjà devant la porte ouverte. Pas besoin d’ouvrir la bouche, il me connait par cœur, un regard lui a suffi à comprendre que c’est grave. Il me prend dans ses bras en me soufflant que ça va aller et qu’Opale s’est endormie. J’entre dans la maison, tout le monde est au salon, l’inquiétude se lit dans leurs yeux. Même ma belle-sœur est là.
— Benjamin, qu’est-ce qui se passe ? Où est Ambre ? me demande Rubis
— Tu as pu venir, lui répondis-je pour éviter d’avoir à leur annoncer trop rapidement.
—Dès que Marie m’a appelé, j’ai pris le premier vol, je suis arrivé il y a tout juste dix minutes. Mais dit nous…

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 1

Je l'ai lu en seulement quelque heures, ne pouvant pas m'arrêter. J'avais lu très peu de Dark, je crois que ça se compte sur les doigt d'une main d'ailleurs. Mais l'histoire est bien écrite, se déroule de sorte qu'à la fin d'un chapitre on ne puisse pas se dire "pouf je finirai demain", non, non on est obligé de poursuivre. - Anais-32, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marion Fenice est une maman comblée de trois enfants, proche de la trentaine. Native du Nord de la France, elle a quitté sa région natale il y a plus de dix ans. Elle a toujours rêvé de travailler dans le monde de l’édition, le destin en a décidé autrement : elle est devenue commerçante indépendante. Grande lectrice depuis petite, elle ne passe pas une journée sans lire, quel que soit le style, c’est essentiel pour elle de plonger dans un livre et se laisser porter par l’histoire. Elle a commencé à écrire des poèmes très jeune, une façon pour elle de faire face à ses émotions, de s'en libérer. Son imagination ne s’arrête jamais : de la romance au fantastique en passant par le dark et la Bit-Lit, elle aime laisser partir toutes ses idées sur le papier.

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Prisonnière

Tome 3 :Vengée

 

 

Marion Fenice

 

Dark Romance

Editions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Marion F

 

 

« On ne peut retarder l’échéance que marque le destin »

                  Samuel Ferdinand-Lop

 

Chapitre 1

Slimane : Le vide

Benjamin

 

Je raccroche et range mon téléphone dans la poche arrière de mon pantalon. Marie se charge de prévenir ma belle-mère, ma belle-sœur…tout le monde en fait de ce qui vient d’arriver. Ils m’attendront tous chez mes amis. Bien que je sois resté très vague dans mes explications, Marie à immédiatement compris que je ne plaisantais pas et que quelque chose de grave venait de se produire. Mais je suis incapable de mettre des mots sur l’état d’Ambre. Je m’approche de son lit et lui prends la main. Aucune réaction… Le médecin m’a expliqué après ma crise de nerfs que l’état végétatif d’Ambre ne la ferait plus jamais réagir. Le choc qu’elle a subi à la tête a été d’une incroyable violence, si…non c’est pas possible, je ne peux pas croire qu’elle ne m’est rien dit. On se dit tout !

— Réveille toi mon cœur, dit moi que ce n’est qu’un mauvais rêve, une blague de merde, mais, réveille toi !

Ses yeux ne s’ouvrent pas avec ce regard malicieux comme je m’y attendais, elle ne bouge même pas un doigt…tout ce que j’espère part en fumée !

— Merde Ambre ! Tu ne peux pas nous faire ça, t’as pas le droit ! T’as pensé à moi, à Opale ? Je vais lui dire quoi ? Elle n’a que cinq ans, tu ne peux pas la laisser ! Putain on en a eu des difficultés, mais on est resté ensemble ! m’écriais-je. Tu ne peux pas me quitter, pas comme ça, je murmure en laissant les larmes couler le long des mes joues.

Je ne sais pas combien d’heures s’écoulent pendant que je reste au chevet de ma future femme. Notre mariage ne sera même pas prononcé… les larmes ne cessent de rouler sur mes joues. Je ne pensais pas que c’était possible d’avoir aussi mal qu’à cet instant.

— Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça mon cœur ?

—Le destin nous réserve toujours des surprises monsieur Diat, pas toujours de belles malheureusement…

Je me tourne pour regarder qui est entré ici et me parle. Le docteur qui m’a expliqué tout à l’heure ce qu’a Ambre se tient derrière moi, je ne l’ai même pas entendue arriver.

— Vous devriez rentrer chez vous. Vous ne pourrez rien faire de plus ici et vous avez besoin de repos et de vos proches… Rentrez chez vous, je vous appellerais s’il y a le moindre changement.

Je sais qu’il a raison, mais j’ai énormément de mal à me résoudre à la laisser ici…seule. Mais en même temps, mes proches ont le droit de savoir ce qu’il se passe et ma fille…merde comment je vais expliquer ça à Opale ? J’embrasse une dernière fois Ambre en lui murmurant de se battre avant de partir.

Je coupe le contact de ma voiture devant la maison de mon meilleur ami et me regarde dans le rétroviseur. J’ai une gueule à faire peur, mes yeux sont rouges et gonflés, des cernes se dessinent en dessus. Je me pince les joues, comme font les femmes, pour reprendre un peu de couleur avant d’aller affronter notre famille, je ne veux pas faire peur à ma petite. Paul m’attend déjà devant la porte ouverte. Pas besoin d’ouvrir la bouche, il me connait par cœur, un regard lui a suffi à comprendre que c’est grave. Il me prend dans ses bras en me soufflant que ça va aller et qu’Opale s’est endormie. J’entre dans la maison, tout le monde est au salon, l’inquiétude se lit dans leurs yeux. Même ma belle-sœur est là.

— Benjamin, qu’est-ce qui se passe ? Où est Ambre ? me demande Rubis

— Tu as pu venir, lui répondis-je pour éviter d’avoir à leur annoncer trop rapidement.

—Dès que Marie m’a appelé, j’ai pris le premier vol, je suis arrivé il y a tout juste dix minutes. Mais dit nous…

Je ne peux pas retarder ce moment plus longtemps, eux aussi ont le droit de savoir. Mais le dire implique que je suis également obligé de l’accepter.

— Ambre… Elle m’a dit qu’elle avait rendez-vous chez le coiffeur en partant. J’ai été courir et en rentrant mon téléphone a sonné. J’étais sous la douche, j’ai pas répondu. J’ai écouté le message sur mon répondeur, c’était l’hôpital, il fallait que j’y aille.

— Dis-moi que ma fille va bien…s’il te plaît Benjamin, dit moi qu’elle n’a rien de grave !

Je regarde Michelle dans les yeux avant de regarder le sol. Les larmes qu’elle tente de retenir me foudroient le cœur, je ne vais jamais pouvoir leur annoncer.

— Benjamin, me dit doucement Marie en mettant sa main dans mon dos. On doit savoir ce qui se passe, on est là pour toi, pour vous…mais ne nous cache rien.

J’inspire un grand coup autant pour prendre du courage que pour essayer de chasser la boule dans ma gorge.

—Ambre a été retrouvée inconsciente dans la salle de sport. En arrivant à l’hôpital, le médecin qui s’occupe d’elle m’a dit qu’elle… Que…

Je ne peux pas, c’est trop dur !

— Elle n’est pas…c’est pas possible !

— Physiquement non. Psychologiquement… merde c’est pas à nous que ça aurait du arriver ça !

Je me lève d’un bond, ne supportant plus d’être assis avec tous leurs regards braqués sur moi.

— Oh Benji, t’es pas tout seul ! me dit Paul en m’attrapant par les épaules. T’as mal, je le sais, je le vois. Mais on doit savoir nous aussi, on ne peut pas rester comme ça à attendre que tu morfles en la fermant !

Il est un dur là, j’ai même envie de lui foutre mon poing sur la gueule, mais il n’a pas tort. Je ne peux pas ne penser qu’à moi, je dois leur annoncer. Ambre est une sœur, une fille, une amie…et une maman. Opale…heureusement qu’elle dort, je ne peux pas.

Je me rassois avant de reprendre.

— Ambre est psychologiquement morte… son cerveau ne répond plus, c’est ce qu’ils appellent une mort cérébrale, elle est dans un état végétatif. C’est les machines qui le tiennent en vie.

J’ai lâché ça d’un coup. Les pleurs, les cris, tout fuse autour de moi, mais mes yeux restent ancrés au sol, je ne peux pas les regarder. Si je le fais, je vais craquer et c’est clairement pas ce que je veux, pas ici, pas maintenant. C’est la voix de ma belle-sœur qui me ramène au présent.

— Mais elle ne peut pas…elle… Pas dans son état !

— Tu es au courant ?

— Elle m’a appelé la semaine dernière…

Tous nous écoutent, ne sachant de quoi nous parlons. C’est encore plus dur de leur annoncer ça maintenant.

— S’ils la maintiennent en vie pour ça.

— Quoi ? Mais c’est pas possible !! crie Rubis.

—Les médecins…ils la garde…

La voix de Marie s’étouffe sous les larmes qui coulent sur ses joues.

— Ils ne la débrancheront pas pour le moment.

La mère d’Ambre pleure toutes les larmes de son corps en sortant prendre l’air. Je n’ose imaginer le poids de sa douleur. Je perds ma femme, elle perd sa fille.

— Pourquoi vous criez ?

Nous nous retournons tous en direction du couloir. Opale se tient debout, apparemment aucun de nous ne l’a entendue arriver. Son petit visage d’ange est encore tout endormi. Marie me regarde pour faire non de la tête avant que je ne réponde à ma fille.

— Viens là ma chérie, lui dis-je en tapant ma cuisse.

La petite s’avance pour monter sur mes genoux et se blottir dans mes bras. Je caresse son dos en plongeant mon nez dans ses cheveux. Que vais-je pouvoir lui dire ?

— Pourquoi vous criez papa, vous vous disputez ? Tonton Paul a fait des bêtises ?

Je souris à sa remarque innocente. Paul est le roi de la gaffe et ça, Opale l’a très bien compris. Je ne peux pas lui dire, je ne peux pas briser le cœur de ma fille.

— Non, tonton n’a pas fait de bêtises, pas à ma connaissance. Nous crions parce que nous venons d’apprendre une chose ma princesse.

Elle relève sa petite tête pour me regarder. Ses yeux s’ancrent dans les miens, j’y vois toute l’innocence de son âge.

— Tu vas devoir être une grande fille sage.

Elle bondit de mes genoux pour se dresser devant moi.

— Je suis toujours sage moi papa !

Je lui fais signe que oui avant qu’elle ne me sourit de toutes ses dents.

— Elle est où maman ? demande-t-elle en regardant dans la pièce.

Je vois Marie du coin de l’œil partir en courant en direction de la cuisine, surement pour cacher ses larmes. Paul est devenu blanc comme un linge, Rubis baisse la tête et serre ses poings sur ses cuisses.

— Maman est à l’hôpital ma puce.

— Pourquoi ? Elle a quoi maman ?

— Maman avait besoin de repos ma grenouille, mais pour le moment il est déjà tard pour discuter. Viens, avec mamie, je vais te recoucher.

Je ne l’avais pas entendue rentrer, j’admire son courage et sa force. Je ne savais pas quoi répondre à Opale, ma belle-mère vient de me sauver sur ce coup-là. Ma fille me fait un énorme bisou sur la joue avant de suivre sa grand-mère dans le couloir pour retourner ce coucher.

— Tu veux rester là cette nuit ? me demande Paul.

— Non, je vais rentrer. J’ai besoin d’être seul, et il va falloir que je prépare des affaires pour Ambre…il est hors de question qu’elle reste dans cette chemise de nuit d’hôpital, et puis il faut que je m’occupe de Zeus, que je range la maison sinon ça va barder, que je prépare des affaires propres aussi pour Opale que je…

— Stop ! Calme-toi mon pote. Déjà il est hors de question que tu reprennes le volant dans l’état de nerfs dans lequel tu es, je te ramène et c’est non négociable.

Je sais que ça ne sert à rien d’insister, même si j’ai terriblement envie d’être seul, je n’en aurais pas l’occasion avec lui. Il attrape les clés de ma voiture pour me rejoindre. Le trajet se passe en silence, ni l’un ni l’autre n’ouvre la bouche pour essayer d’amorcer voire même de détendre l’atmosphère. Enfin, est-ce vraiment possible de détendre ne serait-ce qu’un peu ce qui se passe ? En arrivant devant ma porte, Paul sort de la voiture et attend que j’ouvre. Zeus nous saute dessus, au moins quelqu’un d’heureux… Je me dirige d’un pas mécanique vers la cuisine pour me sortir une bière du frigo et en profite pour en tendre une à mon pote.

— Désolé, je n’ai rien d’autre en alcool. Tu sais à quel point Ambre n’aime pas ça…

— T’inquiètes c’est parfait.

Nous buvons sans parler jusqu’à ce que je me dirige vers la chambre de ma fille pour lui préparer un petit sac que je donne à Paul. Vient ensuite le tour de ma chambre pour préparer un sac pour Ambre. Je sors des vêtements de l’armoire, les mets sur le lit, en range d’autres que j’aime moins… ça me prend un petit moment et pendant ce temps Paul attend dans l’embrasure de la porte. J’hésite entre deux pulls avant de demander conseil.

— Lequel à ton avis ? demandais-je en brandissant les deux devant moi.

J’entends Paul souffler et baisser la tête avant de s’approcher de moi et me prendre les deux pulls des mains qu’il pose sur le lit avec le reste des affaires.

— Ben, Ambre ne pourra pas t’engueuler d’avoir choisi un pull plutôt qu’un autre. Elle est…

Je ne le laisse pas finir sa phrase et le pousse violemment.

— Tu peux me repousser autant que tu veux, c’est un fait Benji ! Y’a pas de retour en arrière possible, il faut que tu t’y fasses, même si ça fait mal !

Je crie de rage ! Non, il ment ! Ma femme est une battante, elle va se réveiller et nous reprendrons notre vie où nous l’avions laissée. J’essaie de sortir de la chambre, mais il me bloque le passage, qu’il me laisse sortir putain, je vais peter un plomb là !

— Tu ne sortiras pas de là pour aller te défouler et refouler ta peine ! me crie-t-il. T’as mal, mais moi aussi j’ai mal putain ! Ambre est comme une sœur pour moi, mais je ne me voile pas la face, j’accepte la douleur venir.

Il me repousse vers le centre de la pièce avant de continuer.

— Tu peux jouer les durs devant les autres, mais pas devant moi ! lâche cette putain de boule qui te consume !

Il me pousse tellement que j’en tombe sur mon lit, incapable de me débattre, je n’en ai pas l’envie ni la force.

— Ambre est psychologiquement morte, tu l’as dit toi-même. Tu ne peux pas continuer de faire semblant que c’est faux pour te protéger, arrête d’être égoïste et de penser à toi, tu vas devoir affronter ça avant d’aider Opale à l’affronter à son tour. Fais-le pour elles…

Ce sont les mots de trop, je craque. Je hurle, je tape dans le lit, je pleure… Ma femme, avant qu’elle ne le devienne officiellement m’abandonne maintenant, j’ai mal bordel ! Je pensais ne pas pouvoir avoir plus mal que les années précédentes, quand j’ai compris que je l’aimais, quand je l’ai aidée à traverser le procès…mais la douleur que j’ai ressentie n’est rien comparé à ce que je ressens maintenant. Sans aucune honte, je pleure dans les bras de mon ami de toujours qui tente de m’apaiser. Les minutes peut-être même des heures s’écoulent avant que mes larmes ne se tarissent. J’explique à Paul ce que le médecin m’a annoncé avant qu’il s’assure que j’aille bien ou du moins que je ne ferais pas de connerie avant de prendre congé ;

Demain je dois aller voir les médecins et Ambre et trouver une excuse à Opale pour ne pas l’emmener de suite. Je ne suis pas près de lui annoncer l’irréparable.

 

Chapitre 2

Kendji : Les yeux de la mama

Benjamin

 

Une semaine…une putain de longue semaine vient de passer. Des journées complètes passées avec Ambre, à la regarder, lui parler, espérer un signe. Pendant ses examens aujourd’hui, les médecins m’ont proposé de rester pour voir, j’ai accepté de suite, mais j’en ai été encore plus bouleversé. Encore maintenant, je n’arrive pas à m’en remettre. En sortant de l’hôpital, j’ai récupéré ma fille chez mes amis, la police étant passée hier à la salle de sport, je n’avais plus d’excuses pour ne pas la reprendre avec moi. Ils ont conclu à un accident, une machine apparemment mal fixée qui serait tombée sur Ambre… merde c’est quelque chose que je contrôle toujours mes machines, je ne comprends pas qu’un accident comme celui-ci a pu se produire encore moins sur elle.

— Tu manges pas papa ?

Je regarde Opale et son assiette quasiment terminée alors que la mienne est encore intacte.

— Je n’ai pas très faim ma chérie, mais mange toi, ne t’inquiète pas. Tu en veux d’autres ?

— Non j’aimerais voir maman. Elle me manque…

Des larmes remplissent ses yeux et me serrent le cœur. Je ne lui ai pas encore annoncé, je ne sais pas comment faire. Je lui mens depuis une semaine en lui disant que sa maman était très fatiguée et qu’elle avait besoin de beaucoup de repos, que nous devions la laisser et que nous irons la voir plus tard.

— Papa ? On peut aller voir maman ? S’il te plaît.

Je lui souris et me lève pour débarrasser mon assiette.

— Papa ! Tu m’as pas répondu !

Je pensais vraiment m’en tirer comme ça ? C’est le caractère de sa mère, têtue comme une mule !

— Je te l’ai déjà dit ma chérie, maman est fatiguée elle a besoin de se reposer.

— Elle arrête pas de se reposer, me répond-elle les larmes aux yeux. Je veux voir ma maman…

— Ne pleure pas mon cœur, viens.

Elle ne se fait pas prier pour se blottir dans mes bras. Je sens ses larmes couler le long de mon cou où elle a enfoui son nez. Les mots de Paul me reviennent en tête, je ne dois pas être égoïste.

— Écoute ma chérie, ce soir il est déjà tard et nous n’avons plus le droit de rendre visite à maman. Mais demain nous irons la voir ensemble. C’est d’accord ?

Elle me fait un petit oui de la tête avant de se recaler comme elle l’était.

Dans quel merdier je me suis fourré ? Elle va s’en rendre compte que sa mère ne se réveille pas, et puis toutes ces machines qui la maintiennent en vie ? Il faut absolument que j’appelle Rubis. Depuis l’accident, elle n’est pas repartie et est un véritable pilier avec son aide.

— Tu vas te brosser les dents ? J’arrive dans dix petites minutes pour te lire ton histoire d’accord ?

Quand j’entends l’eau couler, je prends mon portable pour appeler ma belle-sœur. Elle répond dès la deuxième sonnerie.

— Benjamin ? Y’a un problème ? C’est Ambre ?

— Salut Rubis, y’a un souci oui, mais c’est pas ta sœur… Opale ne supporte plus de ne pas voir sa mère, j’ai craqué et lui ai promis de l’emmener demain.

— Et où est le problème ?

— Rubis ! Elle va bien voir que sa mère ne se réveille pas et les machines ne passent pas inaperçues. Sans parler de…tu sais !

— Attends, tu es en train de me dire que tu ne lui as toujours rien dit ?

Aïe, j’avais zappé ce détail. J’ai promis à mes proches de parler avec Opale pour la préparer à la perte de sa maman…sauf que je n’ai pas eu le cran de le faire.

— Benjamin ! Tu ne peux pas ne rien lui dire ! Elle a le droit de savoir ! Elle doit le savoir pour se préparer !

— Je sais…mais je n’y arrive pas.

— Tu veux que je vienne ?

— Non…merci. T’as raison je dois lui dire. Je suis son père, c’est à moi de le faire. Je te laisse, elle m’attend pour son histoire du soir.

— Si t’as besoin de parler ou n’importe quoi d’autre, t’hésites pas OK ?

Je raccroche et laisse mon téléphone sur la table pour aller dans la chambre de ma fille. Malgré notre déménagement, elle a tenu à garder la même chambre qu’elle avait. Des licornes et un immense château ornent les murs et la chambre est remplie de jouets et de peluches. Elle est calée au centre de son lit, son livre de chevet dans les mains à m’attendre. Je lui prends doucement des mains.

— Ce soir, c’est une autre histoire que je vais te raconter.

— Oh ? Il est où le livre ?

— Là dedans, je lui dis en désignant ma tête. Et les images ici, continuais-je en tapotant sa tête. Ferme les yeux, les images vont apparaître toutes seules.

Elle me regarde étonnée, mais fait ce que je lui dis.

— Prête ? C’est parti. C’est l’histoire d’un roi et une reine qui vivent dans un grand château avec leur petite princesse. Le roi aime les deux femmes qui partagent sa vie plus que tout au monde et elles lui rendent bien. Ils sont heureux et adorent s’amuser tout le temps. Mais un jour, la reine a un accident. Le roi très inquiet confie la petite princesse à sa nounou pour rester près de sa femme. Il reste toujours près d’elle, mais les sages n’ont pas de bonnes nouvelles à lui annoncer. La reine est très blessée et ne pourra pas se réveiller…

— Même pas avec un baiser du roi comme dans Blanche-Neige ?

— Même avec un baiser du roi ma chérie. La reine est trop fatiguée et le roi doit se résoudre à ne plus la voir ouvrir les yeux. Quand il va rejoindre sa petite princesse, il doit lui annoncer cette terrible nouvelle. Mais il n’oublie pas de lui expliquer à quel point sa mère l’aime de tout son cœur, que jamais elle ne l’abandonnera. Et tu sais comment ? Parce que les gens que nous aimons restent ici pour toujours, finissais-je en désignant son cœur.

— Mais la petite princesse, elle va faire comment sans sa maman la reine ? Elle va être triste.

— Elle sera triste oui, mais c’est la vie qui est comme ça mon ange. Elle gardera dans sa tête et dans son cœur les merveilleux moments passés ensemble.

— Plus jamais elle ne pourra lui faire de calins ? Lui parler ?

— Oh si… Sa maman viendra la retrouver dans ses rêves, et toutes les étoiles qui brillent haut dans le ciel, ce sont toutes les personnes qui nous ont quittés, mais qui veillent encore sur nous.

— Elle est triste ton histoire papa…

— Je sais ma chérie…Mais ce qu’il faut que tu retiennes de cette histoire, c’est que les gens ne partent jamais vraiment.

Pour toutes réponses, elle vient se coller à moi. Je respire ses cheveux, elle a la même odeur que sa mère, la même façon de serrer ses poings, de mettre sa tête dans la base de mon cou. Je refoule les larmes qui me montent aux yeux, ce n’est pas le moment de craquer.

— Je peux faire dodo avec toi papa ?

Je la porte pour la déposer dans mon lit, elle se glisse sous les couvertures et me murmure un « je t’aime » avant que je n’éteigne la lumière en la serrant contre moi.

 

— Papa !!!!! Allez, papa, lève-toi ! On va voir maman ! Papaaa !

Bordel c’est quoi ce délire, j’ai l’impression d’être dans un bateau sous la tempête là ! J’ouvre doucement un œil pour voir une petite boule de nerfs sauter comme si elle était sur un trampoline dans mon lit.

— Opale… recouche-toi…

— Non ! On va manger des céréales et on va voir maman ! Allez papa, debout !!!

Voilà qu’elle me secoue comme un prunier maintenant, cette petite est intenable ! je me tourne pour regarder le réveil sur la table de nuit…8 heures ! C’est pas vrai ! C’est la première fois que je dors si bien depuis… non ! On ne pense pas à ça maintenant, on se concentre sur la petite boule d’énergie qui saute encore en se dandinant. La voir sourire me réchauffe le cœur. Je l’attrape quand elle ne s’y attend pas pour la chatouiller, ses éclats de rire provoquent mon hilarité aussi, que c’est bon de revivre ça.

— Papa arrête…halète-t-elle. Je vais faire pipi ! Papa !!

Je relève les mains pour la libérer. Elle se relève d’un bond pour sortir du lit et sort en courant de la chambre en criant.

— C’était pas vrai, mais j’ai gagné !

La chipie ! Je me rallonge et mes yeux se portent sur le mur à la tête de mon lit. La photo de nous trois le jour de Noël…ce fameux jour où Ambre m’a déclaré son amour, où elle m’a fait le plus beau des cadeaux en plus de son cœur, ma fille.

— Comment on va faire chérie ? Comment je vais pouvoir entendre la petite rire ? Comment je vais y arriver sans toi ?

Une petite voix en bas me fait revenir au présent et repousser toutes mes interrogations loin pour le moment.