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« Il ne se noyait pas, quelque chose semblait le tirer au fond de l’eau. Il disparut finalement après plusieurs secondes de lutte. Son ami qui conduisait hurla et sauta à l’eau. Je le voyais prendre sa respiration et, les pieds en l’air, se jeter à sa recherche... »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Enzo Gallice écrit non seulement pour divertir mais aussi pour amener les lecteurs à une certaine prise de conscience. L'écriture, pour lui, est la forme d'expression la plus pragmatique.
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Veröffentlichungsjahr: 2022
Enzo Gallice
La nécrose
Roman
© Lys Bleu Éditions – Enzo Gallice
ISBN : 979-10-377-5215-4
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Préface
Les préfaces ne sont pas toujours lues et c’est bien dommage. Alors, par respect envers ceux qui prendront le temps de le faire, je ne vous prendrai que quelques minutes.
Ce court roman se trouve être en partie un hommage à une femme qui m’est si particulière. Sans doute celle qui m’a transmis cette passion pour l’art, par le biais de ses gênes : ma défunte grand-mère.
Son histoire m’aura en partie inspiré ce roman.
La plupart des choses racontées ici sont tirées de faits réels, que j’ai moi-même vécus. Libre à vous de les interpréter.
Je me suis aussi efforcé de créer un personnage à la psychologie déroutante et envahissante mais aussi, par sa nature, sincère, tranchante et corrosive.
Ici, le personnage principal ne me représente pas directement. Il ne vit pas le décès de sa grand-mère, comme moi, mais de sa mère. Il faut voir ce roman comme un dernier souffle. Comme une libération de conscience. C’est aussi un moyen pour moi de lui donner cette dernière parole que je n’ai pas pu prononcer.
On me reprochera sûrement la banalité dans ce propos, mais profitez tant qu’il est encore temps. Que ce soit aussi bien de vos proches, que de vous-même. Profitez de ce que vous avez, même si vous vous sentez malade et faible, au fond du gouffre que vous avez en partie créé. Alors par pitié pour votre esprit et votre motivation, ne sous-estimez plus ce que vous avez. Levez-vous chaque matin en vous disant que ce pourrait être pire. Même si ce conseil semble insuffisant, il a le mérite de remettre de l’espoir là où la lumière commençait à se noircir. Voyez ceci comme un simple souffle sur les braises.
Un jour, la faucheuse passe, sans qu’on s’en rende réellement compte, on vieillit, puis on se meurt. C’est bon de se savoir vivant chaque matin, alors que, finalement, ce n’est que la confirmation de l’avancement de notre jour dernier.
Je marchais sur le sentier de la côte rocheuse. L’esprit vagabond, je repensais à ce douloureux entretien avec ma mère. Je la voyais encore allongée dans ce lit à gigoter pour me demander à boire. J’essayais de ne plus y penser. Je faisais valser ma tête de gauche à droite pour évacuer la mauvaise pensée. Je me reconcentrais sur le concret. Elle n’était plus éternelle. Elle souffrait. Il ne servait à rien de pleurer cet être pour lequel j’avais tant donné. Pour lequel, elle aussi avait tant donné. Je devais partir la tête haute avec elle. Elle m’avait enseigné le respect. Je ne manquais jamais à la règle. Elle m’enseigna aussi ce qu’était l’amour. Mais je n’en avais jamais eu l’occasion. De ce qu’elle me racontait, c’est ce que l’on ressent autrement qu’avec le cerveau. C’est une chose au-delà de tout mot et de toute pensée. C’est quelque chose pour lequel on œuvre mais qui pourtant nous dépasse. On a la tête prise dans une sorte de spirale et notre poitrine palpite. Je croyais ma mère. Sauf quand elle me disait qu’un jour, moi aussi j’y aurais droit. Je trouvais que la vie n’était pas si facile. Qu’on était loin de tout ce que pouvait me raconter ma mère. Que ce soit au sujet de l’amour ou de sa maladie. La vie brûlait, je le pensais. Elle arrachait et torturait. C’était d’ailleurs ce qui était en train de se passer.
Cependant, je ne suppliais plus la vie d’arrêter. Elle suivait son cours. Elle ne demandait pas, jamais. Rien ne sert de supplier le ciel en moment de crise. C’est un réflexe humain que j’avais constaté. On espère, prie, pleure, échoue, puis meurt. J’ai arrêté de croire au ciel le jour où mon père est décédé. On pense inimaginable le jour où son sang s’arrêtera de couler. Que son cœur s’arrêtera de battre. Que sa peau se périra, ainsi que sa chair. Ce qui me faisait sûrement le plus peur c’était qu’ils ne deviennent plus qu’un souvenir. Que cet amour, que je pensais avoir eu, s’arrête. Puis qu’à mon tour mon cœur s’arrête de battre.
J’espérais moi aussi partir d’ici en ayant essayé l’amour. Je m’imaginais assis à cette petite table ronde au restaurant. La nappe blanche sans aucun pli qui s’étale parfaitement. Les quatre pieds en métal froid. Je l’imaginais danser sur la scène ouverte. M’inviter d’un geste de la main. Ses yeux bleus perçants et son front luisant. J’imaginais l’odeur de sa chair se mêler à cette odeur de violette qu’elle transportait. Elle tournoyait dans le grand espace et je la regardais. Elle agitait ses bras, sans un bruit. Je voyais ses cheveux noirs s’envoler. Sa jupe épouser parfaitement sa mince taille.
Je me vois lui tenir la main, puis la lâcher. Laisser la mienne en suspens. La perdre de vue.
Essayant de la retrouver. Marchant en vain dans la grande pièce. Je bousculais discrètement en espérant la retrouver. Je me trompais. Elle n’était plus là. Moi aussi d’ailleurs.
Je bousculais la tête de gauche à droite. Je vivais. Je rêvais.
Je marchais encore, à demi vivant. Sur le sentier de cette côte. L’âme toujours vagabonde. J’évitais les fleurs posées sur le chemin de terre instinctivement. J’en oubliais même de cligner des yeux.
Je m’arrêtai un instant au bord de la grande étendue d’eau. Les bras posés sur la barrière séparante.