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Depuis quelques années, au sein de l'éducation nationale, émerge un courant, appelé "pédagogie positive". Il s'inspire de ce qui se pratique dans d’autres pays, anglosaxons et scandinaves en particulier. Cette pédagogie se développe et se structure dans le but de dépoussiérer le système d'éducation à la française de plus en plus décrié. Ce renouveau, qui promet des jours meilleurs, veut réconcilier d’une part les élèves avec l’étude et d’autre part réconcilier les enseignants avec les élèves eux-mêmes. Pour cela est privilégiée une façon bien différente de voir les choses. Il est demandé aux enseignants et aux parents d'abandonner la critique à outrance telle qu'elle est pratiquée dans l'enseignement comme dans l'éducation depuis toujours dans notre pays. Il leur est recommandé de la remplacer par un jugement intégrant un certain nombre de facteurs tels que la bonne volonté, la justesse du raisonnement, les efforts effectués et les progrès réalisés. En agissant ainsi la motivation de l'élève est sans cesse entretenue. Il ne se sent plus catalogué mais au contraire comprend que son statut est évolutif et dépend de ses efforts pour progresser. Les paroles d’encouragement constituent le moteur de la pédagogie. Le jugement définitif et destructeur « Nul ! » si souvent utilisé disparaît comme la panoplie des appréciations négatives. Une appréciation ne doit jamais contenir de jugement trop absolu, définitif et destructeur. L'élève, mis en confiance, se sent enfin reconnu et valorisé. Il est donc normal qu'encouragé, il se pique au jeu d'apprendre.
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Seitenzahl: 88
Veröffentlichungsjahr: 2015
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Préambule
I La pédagogie positive quézaco
?
1 état des lieux
2 il est interdit de se tromper
3 propositions pour un changement
4 en pratique
5 ressources
6 avant d’aller plus loin
II Mettre en place la pédagogie positive
1 caractéristiques générales
2 cas des élèves réfractaires à l’école
3 mettre en place la pédagogie positive
III Outils pédagogiques à utiliser
1 l’attitude
2 l’empathie
3 le mimétisme
4 l’encouragement
IV Il est permis de se tromper !
Préambule
La connaissance n’est plus depuis la fin du 19ème siècle réservée à une élite sociale issue de la noblesse et de la bourgeoisie. A cette époque, l'enseignement primaire public est devenu gratuit et obligatoire par les lois du 16 juin 1881 et 28 mars 1882 (lois Jules Ferry). Dans ce cadre les instituteurs et les professeurs ont accompli un travail remarquable, bien aidés il est vrai par un contexte national rigoureux et une éducation stricte dans le cadre familial.
Ce fut le cas jusqu’au milieu du 20ème siècle c'est-à-dire peu après la fin de la seconde guerre mondiale. A cette époque est advenue une période d’explosion industrielle, financière et sociale sans précédent appelée les trente glorieuses. La société évoluant alors et, avec elle, les mœurs, l’éducation stricte à la française en subit le contrecoup. L’autorité parentale s’estompa peu à peu tout comme le respect du maître qui jusque-là régnait dans sa classe en monarque puissant. La façon d’enseigner changea de facto, sans règle générale officielle. Chaque enseignant fit ce qu’il pouvait. Au début avec bonheur et réussite. Peu à peu les choses se compliquèrent. Les enseignants, en nombre insuffisant alors que le baby-boom d’après-guerre était à son apogée, furent recrutés à la hâte, souvent sans formation et à diplôme minimum, cela jusque dans les années 1975. Ainsi, alors que j’étais tout jeune diplômé de sciences physiques, sans CAPES et sans aucune expérience, l’on me proposa pour débuter un poste d’enseignant dans un lycée renommé. Ce poste comprenait un mi-temps de sciences physiques en 2nde et 1ère et un mitemps en mathématiques en classe de Terminale C (l’actuelle Ter S) ! La pédagogie à la française se transformait en une didactique de type système-D où chacun se débrouillait comme il pouvait.
Qu’en est-il aujourd’hui en cette première partie du 21ème siècle ? Ce fascicule se veut être à la fois une réflexion et un guide pour une mise en place d’une pédagogie nouvelle tournant résolument le dos à la pédagogie classique, dite magistrale, en usage dans notre pays depuis bien trop longtemps. Nous venons de le voir, cette dernière a fait ses preuves dans le passé mais n’est plus du tout adaptée à un monde en changement constant et accéléré.
Le lecteur enseignant trouvera donc, du moins nous l’espérons, matière à bâtir une méthodologie didactique innovante. A ce sujet nous n’avons pas voulu être directif : cela ne nous parait pas souhaitable. Nous avons préféré nous en tenir à une sorte de référentiel général pédagogique. Charge à chaque enseignant de compléter ce référentiel par des éléments qui lui seront propres, adaptés à sa personnalité et à celle de ses élèves. Si nous donnons évidemment des pistes, n’attendez donc pas de trouver en cet ouvrage un chemin déjà tracé de façon forcément rigide et communautaire.
Pour nous s’il parait bon de fixer les grandes orientations d’une pédagogie générale, chaque enseignant, apportant sa pierre à l’édifice, sera au final architecte d’une méthodologie individualisée.
Louis Fournier
Il est bien connu que chaque pays, on dira plutôt de nos jours chaque société, possède une culture collective qui lui a conféré à travers les temps des caractéristiques dans sa façon de penser, de raisonner et de se comporter. On dit ainsi communément depuis des décennies que les allemands sont rigoureux et obéissants, les américains décontractés et expansifs. Les citoyens français, eux, sont réputés prétentieux, critiques, indisciplinés et renfermés.
Avec le mélange des cultures dû aux facilités accrues des moyens de transport, les choses ont notablement évolué depuis le milieu du 20ème siècle. Il devient peu à peu illusoire de vouloir à tout prix imaginer de notables différences dans les comportements des citoyens de nations appelées de plus en plus à travailler ensemble et à se côtoyer en permanence.
S’il est un domaine où la France n’a cependant pas évolué, ou très peu, c’est celui de l’éducation au sens large et en particulier de l’enseignement. Dans ce dernier secteur nous considérons que la pédagogie est restée la même, ou à peu près, depuis un siècle. Eh oui… en ce 21ème siècle l’enseignement magistral a très peu évolué par rapport aux années 1900.
Quelles en sont les principales caractéristiques ? De façon objective, on peut les détailler ainsi :
-théorique
-basée sur la logique cartésienne
-magistrale
-paternaliste
-ambitieuse
-élitiste
Le premier trait observé est que notre système scolaire est avant tout théorique. C’est en effet une caractéristique de notre volonté affichée depuis toujours que de séparer l’école, sorte de sanctuaire, de la vie extérieure ou professionnelle. Jusqu’à un temps peu éloigné, pour faire court nous situerons la charnière peu avant les années 2000, notre système éducatif a eu l’ambition d’instruire et non pas de préparer nos élèves à entrer dans la vie.
Pour ce qui est du second, de la logique avant toute chose, je ne sais si Descartes avait prévu que son influence serait aussi grande dans le domaine éducatif. Toujours est-il que ses formulations « je pense, donc je suis » et « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » sont les bases d’une méthode devenue une véritable religion dans notre système d’apprentissage.
Jusque dans les années 1980 un cours se déroulait ainsi : le Maître parlait, expliquait, dispensait un savoir à partir de son estrade, dominant ainsi les élèves. Ceux-ci écoutaient tirant profit de ses paroles. Cela évidemment n’empêchait pas certains de dormir au fond de la classe. Cette façon de procéder c’est ce que l’on appelait un cours magistral.
Nombreux sont les enseignants qui préfèrent encore de nos jours faire un cours magistral plutôt que de faire participer les élèves. Ils espèrent en agissant ainsi éviter le chahut et pensent que le calme permet de se concentrer. Cela est vrai mais la quiétude entraine aussi la torpeur sinon l’endormissement chez certains.
Le paternalisme est la suite du cours magistral : « faites-moi confiance, je suis le maître donc j’ai raison ; pensez comme moi ». L’ennui est que ce n’est pas avec de telles phrases que l’on développera l’esprit critique et l’autonomie…
L’éducation nationale est ambitieuse. L’ambition n’est pas un défaut, c’est même une qualité. Ce qui est gênant c’est que les programmes, très chargés, doivent être enseignés dans leur intégralité afin qu’aucune connaissance ne manque l’année suivante. De nombreux enseignants ne parviennent pourtant pas à les boucler. Par manque de temps. Et encore plus à cause de l’hétérogénéité de leurs classes. Comment enseigner dans un même groupe les subtilités de la grammaire française à des élèves d’origine culturelle différente ? Comment aborder la théorie de la mécanique relativiste quand une partie d’entre eux ne connait pas la différence entre masse et poids ?
ÉGALITÉ DES CHANCES ?
L’enseignement public a vocation de s’adresser à tous, c’est ce que nous appelons l’égalité des chances. Elle est inhérente à notre constitution. Pourtant une contradiction vient immédiatement à l’esprit de tout observateur un tant soit peu réfléchi : tout le système scolaire va à l’encontre de cette vocation.
Par des programmes démesurés, une formation des maîtres insuffisante, une pédagogie dépassée, une hétérogénéité des classes, un manque de réalisme dans son système d’orientation et une façon de noter archaïque qui met au ban les apprenants en difficulté, le but louable est complètement manqué : l’éducation nationale se révèle non pas égalitaire mais élitiste. Pour parvenir à ce constat elle a choisi la facilité. Elle s’est intéressée en priorité aux bons élèves, à ceux dont les parents ont réussi leurs études et leur vie sociale. C’était effectivement plus facile.
En effet il est beaucoup plus difficile de se tourner vers les autres élèves. Ils sont en difficulté soit parce qu’ils sont d’un milieu social défavorisé, soit parce que, peu intéressés par l’étude telle qu’on la leur présente, ils ont pris du retard. Si l’envie leur vient un jour de combler ce retard pour rejoindre le groupe des privilégiés, l’école a mis en place ici ou là des cours dits de rattrapage, de soutien ou de niveau. En réalité cette organisation s’avère bien insuffisante pour la plupart d’entre eux. Principalement pour des raisons d’horaires, d’effectifs ou de formation des intervenants. Les cours sont donnés en général en supplément à des jeunes déjà débordés par un emploi du temps chargé. Peu motivés, avec des demandes et des lacunes très diverses, il leur sera bien difficile de combler le retard accumulé en général depuis plusieurs années.
Chez les décideurs politiques, la plupart très éloignés du milieu de l’éducation, donc des besoins pratiques réels nécessités pour établir l’égalité des chances, deux écoles s’affrontent.
Pour y parvenir, la première façon d’envisager les choses de la part de certains d’entre eux est d’alléger les programmes d’enseignement, de diminuer ou de supprimer les horaires des disciplines littéraires classiques, de rendre facultatives des options moins demandées ou plus coûteuses pour la collectivité nationale. En agissant ainsi les meilleurs élèves ne peuvent plus autant qu’auparavant se distinguer des autres. Dans le meilleur des cas les bons régressent et les moins bons progressent. Les deux groupes se rapprochent effectivement et le nivellement des élèves s’effectue vers le bas.
La seconde école voit les choses différemment. Les élèves faibles sont soutenus, leurs programmes peuvent être transformés ou allégés. Une structure souple est mise en place pour leur permettre de se rapprocher des bons s’ils s’en montrent capables et courageux. Les groupes de niveau et de rattrapage sont constitués d’un très petit nombre d’élèves pris en charge pendant le temps scolaire par des enseignants formés. L’enseignement dispensé dans ces groupes est individualisé. La structure est plus coûteuse que dans le cas précédent. Les plus tenaces des groupes de soutien se montrent capables de s’intégrer aux bons élèves. Ici aussi les deux groupes se rapprochent, le nivellement s’effectuant vers le haut.
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