La Poésie contemporaine à l'école - Patrick Joquel - E-Book

La Poésie contemporaine à l'école E-Book

Patrick Joquel

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Beschreibung

Donner l'envie aux élèves, mais aussi aux enseignants, de découvrir la poésie contemporaine ensemble.

Conscient des difficultés que rencontrent les enseignants face à la pratique de la poésie en classe, Patrick Joquel a voulu, dans cet ouvrage, non seulement donner des pistes pour exploiter la poésie contemporaine, mais surtout, donner l'envie de découvrir avec les élèves ce genre littéraire. En s'appuyant sur les poèmes de la collections Pays d'Enfance, il défriche l'approche de la poésie, propose des pistes de réflexion et de création qui suscitent l'envie de faire de la poésie à l'école.

Découvrez un ouvrage qui, en s'appuyant sur les poèmes de la collections Pays d'Enfance, défriche l'approche de la poésie, propose des pistes de réflexion et de création qui suscitent l'envie de faire de la poésie à l'école.

EXTRAIT

On donnera le livre aux enfants un lundi matin par exemple. Comme ça. Sans rien dire d’autre que :
« Voilà. Je vous prête ce livre aujourd’hui. Nous allons passer trois à quatre semaines avec lui. Je vous demande de le lire d’ici lundi prochain. Vous pouvez le lire tout seul. Vous pouvez le lire ensemble. Vous pouvez demander à quelqu’un de vous le lire. L’essentiel est que vous l’ayez lu ! Lundi prochain à cette heure-ci, nous en parlerons tous ensemble. »
Bien sûr pendant cette semaine-là, et sans doute bien avant d’ailleurs, l’enseignant aura lu le livre et se sera interrogé sur « Que vais-je bien pouvoir en faire ? » et il aura noté sur son cahier quelques idées.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Patrick Joquel est né à Cannes en 1959. Instituteur et poète, il habite Mouans-Sartoux (06). Il participe volontiers à des lectures de poésies pour petits et grands. Il anime des ateliers d'écriture et de découverte poétique dans différents lieux, tels que les établissements scolaires (de la maternelle au collège) et les bibliothèques. Il intervient régulièrement dans des stages de formation continue pour les enseignants afin aborder le « métier » d'écrivain, la création poétique ou la littérature jeunesse en général.

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Couverture

Remerciements

L’éditeur remercie les auteurs et les illustrateurs pour leur

Titre

Quoi c’est quoi

Quoi c’est quoi
– Une pomme de terre est…
– Un légume
– Non
– Une frite
– Non
– Presque rien
– Non, la pomme de terre
est une marchandise
– Une voiture est…
– Une marchandise
– Une maison est…
– Une marchandise
– Un médicament est…
– Une marchandise
– C’est parfait !
Et un joueur de foot
qu’est-ce que c’est ?
– Une marchandise !
– Ceux qui n’ont pas
levé le doigt
répondez-moi :
un livre de poèmes
qu’est-ce ?
Philippe de Boissy
Ça saute aux yeux
Éditions du Jasmin, 2006

Lire des livres de poésie à l’école

C’est possible. Et même indispensable !
Lorsque je dis cela à des enseignants lors de stages de formation autour de la littérature à l’école, beaucoup me répondent : « Mais comment ? On ne sait pas. »
Cette collection et ce livre qui l’accompagne ont pour ambition de débroussailler un peu ce territoire étrange, souvent déroutant et parfois même inquiétant qu’est celui de la poésie et de sa présence dans nos classes.
La poésie déroute parce que malgré toutes les études dont elle fait l’objet, elle reste insaisissable. Qui peut dire ce qu’est vraimentla poésie ? Qui peut dire ce qui fait que tel ou tel texte est vraiment un poème ou pas ?
Cet objet littéraire qu’est le poème, tous les enseignants s’accordent à penser qu’il est important de l’accueillir en classe. On ne sait pas toujours pourquoi ni comment, mais souvent, quand on met les enfants en présence d’un poème, on sent bien qu’il se passe quelque chose. Un frémissement parfois. Une émotion. Un rire. Parfois il ne se passe rien du tout ; ce qui n’est pas plus grave que lorsqu’un enfant ou nous-mêmes, disons en regardant un tableau dans un musée : « bof ».
Alors comment passer de la simple compilation d’une dizaine de poèmes annuels dans le cahierPoésie et chansons à une lecture suivie d’un livre de poésie ou, soyons fous, de plusieurs livres ?
La première chose dont il faut bien avoir conscience est toute simple. En classe nous savons lire un album. Nous savons lire un conte. Nous savons lire un roman. Nous savons lire un documentaire. Nous savons lire tout cela et « l’exploiter pédagogiquement » comme on dit. Et nous ne saurions pas lire un livre de poèmes ? Fariboles ! Bien sûr que nous le savons. Seulement nous n’osons pas. Nous n’osons pas parce que :
– personne ne nous en a vraiment parlé jusqu’à aujourd’hui.
– rares sont les éditeurs pédagogiques qui prennent le risque de proposer un recueil de poèmes et son appareillage pédagogique tout prêt (fiches à photocopier, etc.).
 Nous n’osons pas parce que nous ne connaissons pas le monde de l’édition poétique contemporaine et quand bien même les trois listes proposées par l’Éducation nationale1 nous défrichent cet aspect-là, combien sommes-nous à les utiliser ?
Bref, le premier point est celui-ci : si nous osons, nous saurons le faire !
Qu’est-ce qui nous empêche de réinvestir les sentiers pédagogiques que nous empruntons lorsque nous plongeons les élèves quelques semaines dans le territoire d’un album ou dans celui d’un roman ?
Toutes ces voies-là ne sont certes pas forcément utilisables. En effet, d’un album à l’autre, d’un roman à l’autre, d’un roman à un album, d’un album à une bande dessinée, nos démarches évoluent, s’adaptent.
Commençons par observer nos propres pratiques de lecture suivie, ce qui constituera une base de travail. Ensuite penchons-nous un peu plus sur les questions que soulèvent les poèmes.
Une lecture suivie de livres de poésie, ce n’est pas plus compliqué que la lecture d’autres livres. La classe va y rester quelques semaines (en fonction du livre). On a besoin de temps.
Les poèmes peuvent se lire autrement que page à page. Même inclus dans une suite interactive, chaque poème reste indépendant. Le lecteur a le droit de lire dans le désordre. Le lecteur a le droit de sauter un poème. Il a le droit de rebondir de l’un à l’autre parce que brusquement : « Tiens ce poème-là me rappelle tel autre. » Le lecteur a le droit de poser le recueil et d’en saisir un autre parce que la thématique d’un poème, un mot, une image résonnent avec tel autre poème de tel autre recueil…
Entrer dans un livre de poèmes, c’est d’abord et avant tout entrer dans un territoire de liberté totale ! Et c’est un peu à cause de cela que lire de la poésie à l’école, ça nous inquiète… Parce que la liberté dans une classe, c’est bien un des aspects de la pédagogie dont la gestion demeure mystérieuse, et dont on parle rarement dans la formation. Comme quoi tout se tient…
Oser entrer dans un livre de poèmes avec sa classe, c’est parier sur la liberté ! C’est prendre un risque. Et quel risque ! Celui de l’Homme et de l’Art.
Mais, d’un autre côté, la liberté pédagogique n’est-elle pas plus valorisante, passionnante, que la lecture suivie d’une œuvre, fiche à fiche (photocopiées), et avec interdiction de lire le chapitre suivant avant autorisation ?
« On devait lire les pages et la maîtresse nous donnait des feuilles avec des questions » me disait un enfant de CE2 dans un festival du livre. Et on voudrait qu’en plus, il acquière le goût de lire !
Oser entrer dans un livre de poèmes avec sa classe, c’est parier sur l’intelligence de lecture de nos élèves, sur leur pétillance intellectuelle et émotionnelle.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que le poème, aussi simple soit-il, comme toute œuvre d’art, s’adresse à tout être humain et à chacun dans toute son humanité. On pourrait dire que devant l’œuvre, l’enseignant et l’élève sont à égalité d’être. Ce qui nous différencie, c’est l’âge, l’expérience, le statut professionnel (social). C’est tout.
Bon, tout ceci est bien joli, mais à la question « Comment fait-on ? », je n’ai pas encore bien répondu. Voilà ! Attachez vos ceintures ! On ose entrer dans le livre !
Tout d’abord, il faut au minimum un livre pour deux élèves. Un chacun, ce serait merveilleux, mais je connais les budgets… Ceci dit, rien ne nous empêche de rassembler plusieurs classes, des écoles voisines autour des livres que nous voudrions lire ; rien n’empêche, selon les milieux sociaux, de proposer aux familles d’acheter le livre ; l’enfant le gardera peut-être comme un trésor.
On donnera le livre aux enfants un lundi matin par exemple. Comme ça. Sans rien dire d’autre que :
« Voilà. Je vous prête ce livre aujourd’hui. Nous allons passer trois à quatre semaines avec lui. Je vous demande de le lire d’ici lundi prochain. Vous pouvez le lire tout seul. Vous pouvez le lire ensemble. Vous pouvez demander à quelqu’un de vous le lire. L’essentiel est que vous l’ayez lu ! Lundi prochain à cette heure-ci, nous en parlerons tous ensemble. »
Bien sûr pendant cette semaine-là, et sans doute bien avant d’ailleurs, l’enseignant aura lu le livre et se sera interrogé sur « Que vais-je bien pouvoir en faire ? » et il aura noté sur son cahier quelques idées.
Le lundi suivant, chaque livre revient en classe. Les enfants l’ont lu ou pas (après tout chacun est libre de lire ou de ne pas lire ; on ne peut pas travailler à leur place). L’enseignant choisit un élève pour gérer la parole dans la classe, pour la distribuer à ceux qui auront besoin, envie de parler ; de cette manière il peut s’effacer un peu, écouter, observer.
Avant de s’effacer, il dira : « Chacun a lu ce livre, je vous propose d’en parler ensemble. Est-ce que quelqu’un dans la classe a envie de dire quelque chose à propos de ce livre ? »
Et le débat s’installe… Le gestionnaire de la parole la donne tour à tour à chacun et l’enseignant, lui, note au tableau les remarques qui remontent de la classe. Il essaiera de les organiser au fur et à mesure qu’elles arrivent. Son rôle dans cet échange est de préparer la synthèse de tout ce qui sera dit, puisque par le jeu de la distribution de la parole, les remarques arrivent bien souvent dans le désordre et c’est fréquemment qu’un enfant dira « Tout à l’heure Guillaume a dit…. Et je voudrais dire que je suis d’accord, pas d’accord… Je voudrais ajouter que… » En général, le débat commence par :
– J’aime bien ce livre, ce poème.
– Pourquoi ? (question à éviter, en général la réponse est « Parce que euh…. »)
– Il est joli.
Là, on est dans le convenu, dans la réponse attendue et tout le monde fait semblant de travailler. Il faut aller plus loin !
– Qu’est-ce qui fait que tu trouves ce livre, ce poème joli ?
– Qu’est-ce qui te permet de dire que ce poème est joli ?
– Qu’est-ce qu’il y a dans ce poème qui fait que tu dis cela ?
Il faut que le lecteur s’engage ! Si l’un n’y arrive pas, faire rebondir la question au groupe…
De cet échange vont naître quelques cheminements de lecture de la classe. Des propositions sont disponibles dans cet ouvrage pour chaque titre de la collection ainsi que pour une lecture croisée des six premiers livres. Ces propositions forment un tout, et même si on ne travaille que sur l’un des livres, jeter un œil sur les démarches proposées pour les autres enrichira la lecture du livre choisi, parce qu’en poésie tout se tient.
En fin de séance, ce sera le rôle du professeur de synthétiser ce qui aura été dit et d’annoncer les cheminements de lecture que la classe empruntera au fil des jours à venir.
Il appartient à chaque classe d’inventer ses itinéraires de lecture. Avec le livre de poésie on est loin de l’appareil pédagogique tout prêt.
En fait, la lecture suivie en poésie suppose de la lecture silencieuse, de la lecture orale bien sûr et beaucoup d’oralité commune.
Le sens du poème émerge de la confrontation des opinions, des sensations. Lire de la poésie ce n’est pas forcément chercher la couleur du cheval blanc d’Henri IV au chapitre quatre, mais c’est plutôt se positionner face au texte, se positionner intellectuellement :
– Comment c’est fait ?
– Comment ça fonctionne ?
– Qu’est-ce que ça dit ?
et se positionner comme être humain unique :
– Qu’est-ce que ça me fait ?
– Qu’est-ce que ça me dit ?
– Qu’est-ce que ça m’apprend du monde, de la vie, de moi, de notre langue ?
La lecture de chaque poème et donc du livre tournera autour de ces questions-là ! Pour affiner l’observation du poème, on pourra y ajouter les questions :
– Où est-on dans ce poème ?
– On est quand dans ce poème ?
– Qu’est-ce qui se passe dans ce poème ?
Chaque livre, chaque classe invente ses propres cheminements. Cependant, si l’enseignant reste attentif aux chemins qu’empruntent ses élèves pour appréhender le livre, il construit lui aussi, autant en être humain unique au monde qu’en pédagogue responsable de sa classe, ses propres sentiers. De la rencontre entre sa lecture personnelle et celles de ses élèves naîtra la lecture partagée de la classe, le livre fera sens ici et maintenant. La classe voisine, sur le même livre, aura peut-être mis au jour un sens différent… Il y aura entre deux classes des lectures communes, et des points de vue divergents. C’est la richesse de la poésie : elle ne dit pas forcément la même chose à chacun.
En fin de première séance, nous avons une sorte de plan d’exploration inventé par la classe pour se lancer dans la découverte approfondie du livre, ce que j’appelle ici chemins, itinéraires ou sentiers de lecture.