Le bateau Cool - Jean-Yves Réguer - E-Book

Le bateau Cool E-Book

Jean-Yves Réguer

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Beschreibung

Le bateau Cool est un assemblage de suggestions, idées et recommandations pour les plaisanciers et tous ceux qui pratiquent la mer, afin que ces derniers ne se compliquent pas la vie, ni celle des autres, quand ils naviguent. Ainsi, cet ouvrage répond à plusieurs questions que l’on se pose avant d’embarquer.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Jean-Yves Réguer a été pilotin dans la Marine marchande et matelot dans la Royale. Plaisancier depuis toujours et assureur de bateaux pendant longtemps, il a expérimenté les joies et les dangers de la navigation. Ses écrits sont le partage de son vécu.

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Jean-Yves Réguer

Le Bateau cool

© Lys Bleu Éditions – Jean-Yves Réguer

ISBN : 979-10-377-8007-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

J’étais en pleine préparation de la Route du Rhum quand Jean-Yves Réguer m’a demandé d’écrire une préface pour son livre. Je lui ai répondu : « Pour une fois que c’est à moi qu’on s’intéresse ! À moi, Françoise Escoffier, dite Fafaz… »

Le plus souvent quand on m’appelle, c’est pour joindre Bob, mon mari, ou Servane Escoffier qui au fond d’elle-même aurait sûrement aimé prendre le départ comme les cousins et les copains, mais qui est passée à autre chose… Autre chose, si on peut dire : un mari et deux enfants. Le mari, c’est Louis Burton avec qui elle a été plusieurs fois en compétition. Vous imaginez par quels moments elle est passée quand elle a appris que le mât de son bateau s’est cassé au large de l’Espagne quelques jours après le départ de cette Route du Rhum 2022…

Quand nous étions Bob et moi en activité dans notre entreprise de sorties en mer à la voile, c’était à moi que revenait de gérer l’intendance, les approvisionnements et le commercial. Il fallait surtout que je sois là pour les équipages qui avaient souvent besoin d’une « maman »…

En fin de compte, je me demande si ce n’est pas plus sympa d’être en mer que de rester à terre. On s’inquiète pour eux quand survient le pépin ou le gros temps, on se fait du souci, même quand tout va bien. Et on doit rassurer chacune et chacun, car à quoi bon rajouter de l’angoisse ? Au cours du Vendée Globe de 2020-2021 où il a pris la 3e place, Louis Burton nous a épuisés avec ses hauts et ses bas, et ses remontées extraordinaires.

Quand nous affrétons un bateau pour transporter des passagers pour assister au départ d’une course au large ou pour un tour des îles du Ponant, je ne suis pas tranquille non plus. Je ne suis rassérénée que lorsque tout le monde est revenu à bon port. Pourquoi dit-on « bon » port ? Parce qu’il fait bon vivre dans les ports. Que ce soit dans les bistrots, sur les quais ou sur les pontons, on y est bien. C’est la mer qui est trop souvent mauvaise. Les ports sont-ils si bons ? Il s’y produit plus d’accidents qu’en mer… La mer est-elle si mauvaise ? Elle n’est certes pas facile, mais je la trouve quand même bien clémente envers ceux qui la défient ou ceux qui la salissent. La mer réserve des surprises, bonnes et moins bonnes. La mer raconte des histoires, belles et tragiques. C’est de tout ça qu’il est question dans « Le Bateau cool ».

Françoise Escoffier

Avant-propos

Il n’y a pas d’endroit, je crois, où l’on puisse se trouver autant de bonheur que le bord de la mer. En pleine mer, peut-être… Maintenant, on sait bien que le malheur nous y guette. Sans aller jusqu’aux drames qui ne sont pas si rares, il y a aussi les virées – et quelquefois les vies – gâchées parce qu’on a manqué de vigilance ou de préparation. Sur un bateau, il faut penser sans cesse à la sécurité et la rappeler, la rabâcher, jusqu’au ridicule.

Sur un bateau petit ou grand, le commandant, l’équipage et les passagers doivent aussi savoir où et comment se tenir. Sur un bateau de plaisance, les passagers sont amenés à se comporter en équipiers, le plus souvent avec joie et quelquefois avec courage. Il arrive qu’ils soient maladroits en voulant trop en faire et que le chef de bord réagisse avec mauvaise humeur et même avec agressivité surtout quand il n’est pas sûr de lui. Il y a beaucoup de choses écrites sur la navigation. Le règlement pour prévenir les abordages en mer est le plus connu. En principe, les navigateurs l’ont appris, mais ne le savent pas par cœur… Il y a aussi le règlement sur la pêche, les textes relatifs à la sécurité, les gestes à apprendre pour les soins de premier secours. Il y a plein de choses qu’il faut savoir et qui sont donc écrites : les marées qui n’attendent personne, les courants avec lesquels il faut composer surtout quand on navigue à la voile, la météo devant laquelle tous les marins doivent s’incliner, les cartes qu’il faut savoir lire qu’elles soient sur papier ou sur écran. Il y a aussi des règles non écrites, des coutumes, des usages en un mot des connaissances qui se transmettent un peu comme la tradition orale.

Sur un bateau, les passagers et le commandant aussi se montrent vite adorables ou insupportables. Entre les deux quelquefois, mais pas souvent. Sur un bateau, on apprend à connaître les gens plus vite qu’à terre. Les qualités et les défauts des femmes et des hommes sont amplifiés, accentués, exacerbés. Le bateau est un révélateur éloquent. Si vous me permettez l’expression, la mer est une terre de contrastes.

Les uns veulent se rendre utiles alors qu’ils feraient mieux de ne rien faire. Les autres pourraient se rendre utiles, mais ne savent quoi faire ou ont délibérément choisi de ne rien faire.

Les uns veulent montrer non seulement qu’ils savent, mais qu’ils sont savants. Ce sont souvent ceux qui sont allés à l’école de voile l’année du bac ou celles qui ont fréquenté un moniteur qui leur a fait croire qu’elles avaient le sens marin. C’est agaçant, exaspérant quelquefois…

Il y a aussi ceux qui savent où se mettre pour ne pas gêner, ceux qui tiennent bon quand on leur demande de saisir une amarre, ceux qui savent descendre un pare-battage quand il faut et à la bonne hauteur. Il y a des équipiers qui sont à la hauteur… On les reconnaît vite. C’est un vrai bonheur de les avoir à bord et de les inviter à nouveau pour s’en faire des amis.

Dans ce livre, il est donc question de savoir-vivre en bateau. Savoir-vivre au sens le plus large : savoir se comporter pour éviter les tracas, les angoisses et les accidents. Le contraire de savoir-vivre est littéralement : ne pas savoir survivre…

Ce livre n’est pas un manuel. Les manuels, on les trouve à l’école. Pour la navigation, le matelotage, le calcul des marées et tout le reste, c’est bien d’être passé par l’école ou d’avoir suivi l’enseignement des marins chevronnés. Les autodidactes de la mer n’inspirent pas confiance… Ce livre n’est pas non plus un bréviaire, car il est incomplet. Il faudrait avoir lu toute la littérature maritime pour prétendre qu’il pourrait combler des lacunes. Ce livre est, si l’on veut, c’est ainsi que je l’ai voulu, un recueil de réflexions et de suggestions… On réfléchit beaucoup en mer et l’on réfléchit encore à terre quand on débarque. Dire que tous les marins sont des penseurs, ce serait essayer de me faire passer pour un penseur. Quand même… Tous les marins pensent, tous les marins ont des pensées.

J’ai une pensée affectueuse pour ceux qui sont en mer en espérant que le beau temps leur laisse le temps de lire et surtout de contempler.

J’ai une pensée affectueuse aussi pour ceux qui m’ont aidé à écrire ces propos. Il y en a beaucoup qui m’ont aidé sans le savoir. J’espère que nos routes terrestres ou maritimes se croiseront encore.

Titre 1

Savoir-vivre en bateau : connaissances, prévenance, bienséance et bienveillance

Chapitre 1

De quelques usages ou règles non écrites

Savoir naviguer et manœuvrer, connaître le règlement pour prévenir les abordages en mer, s’informer de la météo, des courants et des marées, c’est ce que l’on attend de l’équipage d’un bateau, et en premier lieu de celui qui le commande. Mais il n’y a pas que cela. Pour que la sortie en mer ou la croisière soit un plaisir, il faut aussi savoir vivre sur un bateau, savoir se tenir près des autres bateaux et avec les personnes que l’on côtoie. Tant il reste vrai que quand il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir, considérons le savoir-vivre maritime comme le comportement que les usagers du bateau doivent avoir pour ne pas gêner les autres ou les gêner le moins possible.

De la tête aux pieds

Quand on arrive à bord, la première chose à montrer, c’est son intention de prendre soin du bateau. Si l’on n’a pas de chaussures convenables, on se déchausse. Aussi, si vous êtes invité, il faut penser à faire l’acquisition de chaussures bateau ou à se laver les pieds. C’est quelquefois agréable de se promener pieds nus sur un pont en teck, mais pas longtemps. À bord d’un bateau, on se fait souvent mal aux doigts, de la main ou du pied. Il va sans dire que les talons hauts sont exclus, proscrits, interdits non seulement sur le bateau, mais sur les pontons. Les talons esquintent le bois, le gelcoat et les pieds des autres…

C’est tout pour l’habillement. Pas la peine de vous déguiser en marin… Les vareuses, tricots rayés et cirés jaunes vintage sont moins utiles que les polaires et les bonnes vestes de quart modernes.

Pour la fin de journée ou la soirée, sachez quand même que montrer un peu de recherche sans faire de concours d’élégance, c’est aussi montrer de la considération pour le chef de bord et les autres invités. De même que si vos voisins de ponton vous invitent à dîner, ils apprécieront que vous n’arriviez pas dans la même tenue que celle que vous avez portée toute la journée.

À votre bon cœur

Les voisins de ponton ou de corps-morts deviennent souvent des amis. Peut-être parce qu’ils vous ont aidé quand vous avez accosté. Ce sont des choses qui se font, des coups de main que tout le monde doit savoir donner de bon cœur. Mais votre bon cœur ne doit jamais au grand jamais vous amener à filer un pourboire à la personne qui vous a aidé, quelle qu’elle soit et quelle qu’ait été sa peine. En revanche, sortir une bouteille, la donner ou la partager à bord, c’est une marque de reconnaissance toujours appréciée…

Quand on arrive ou quand on quitte le port, il convient de ralentir suffisamment pour faire le moins de vagues et de bruit possible. Passer trop vite ou trop près, c’est mépriser. Même observation pour les mouillages. Chacun sait que l’ancre est un ustensile qui ne se jette pas n’importe où, mais que l’on mouille après avoir considéré le fond, bien entendu, mais aussi la surface. Car il faut éviter d’inquiéter les voisins qui redoutent que les bateaux entrent en collision ou emmêlent leurs chaînes à la faveur de la renverse du courant ou du changement de vent.

L’ancre en question ne doit pas dépasser le bord du ponton. Les pontons ne sont pas toujours bien larges. Nous savons bien que les enfants ne doivent pas y courir, mais ce n’est pas une raison pour qu’ils viennent s’emplafonner contre les ancres qui dépassent. Le mieux, au ponton, quel que soit le sens dans lequel est amarré le bateau, est de déposer son ancre, pour que personne ne vienne s’y frotter.

C’est une courtoisie de déposer l’ancre du davier ou, quand on ne peut pas faire autrement, de protéger l’ensemble.

Il est prudent et courtois de déposer l'ancre du davier quand elle surplombe le ponton, ou de la protéger au moyen de la bouée "fer à cheval" par exemple

À couple avec un couple

Quand vous devez vous mettre à couple, demandez l’autorisation au chef du bord même si ce sont les autorités portuaires qui vous ont commandé de vous installer ainsi. Protégez les deux bateaux en installant des pare-battages suffisants et à la bonne hauteur. Quand votre bateau est à couple, si vous devez traverser les bateaux voisins, ne sautez pas. Saisissez les haubans et non pas les chandeliers ou la filière qu’ils soutiennent. Sur un bateau à moteur, saisissez le bastingage ou le garde-corps. Si vous devez traverser le bateau de votre voisin, passez devant le mât ou devant la cabine. En aucun cas, vous ne devez passer devant l’entrée du carré. Vous pourriez d’un regard gêner les occupants et, surtout si vous êtes pudique, vous en trouver vous-même gêné et peut-être même troublé au cas où, en couple, vous assistez aux débats ou aux ébats d’un couple. C’est arrivé…

Vous ou tu ?

Commençons par le commandant, le patron, le pacha, le singe… Pour désigner le seul maître à bord, le vocabulaire, recherché ou familier, est abondant.

Le chef de bord est souvent appelé le « vieux », même s’il n’est pas le plus âgé du bord. Sur terre, selon l’usage, c’est le plus âgé du groupe qui suggère qu’il serait plus simple de se tutoyer. Sur un bateau, c’est le commandant qui décide. Sur un bateau de pêche, tout le monde se tutoie. Sur un bateau de la Royale, on ne tutoie pas son supérieur, la question ne se pose même pas, sauf entre camarades de promotion. Sur un bateau de plaisance, en général on se tutoie vite, mais seulement quand le chef du bord en a décidé ainsi.

On appareille…