Le bestiaire - Slemnia Bendaoud - E-Book

Le bestiaire E-Book

Slemnia Bendaoud

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Beschreibung

Le chacal aura donc, pour toujours et à jamais, décidé d’abandonner la consommation de toutes les cucurbitacées. Il aura juré par tous les noms, de tous les saints de la contrée, de ne plus jamais refaire le simple essai. L’origine de l’incident relève de cet accident de parcours qui aurait pu lui coûter sa propre vie. Le supplice était très fort, la souffrance immense, le mal terrible, l’indigestion atroce et la lutte féroce. La cause ? Une grosse cucurbitacée de citrouille prise pour une pastèque géante !


À PROPOS DE L'AUTEUR 

Chroniqueur de presse, traducteur et auteur, Slemnia Bendaoud est une plume très critique dont l’intérêt est chevillé à la cause nationale. Ses écrits palpent les soubresauts des feux souterrains de la société.

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Slemnia Bendaoud

Le bestiaire

Contes

© Lys Bleu Éditions – Slemnia Bendaoud

ISBN : 979-10-422-1138-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Depuis un certain temps, j’ai fait remarquer à mon ami Slemnia Bendaoud de lier les contes sur les attitudes animalières dans le livre, pour permettre aux lecteurs de les prendre réunis, attendu que certains d’entre eux avaient paru dans la presse locale et nationale durant diverses périodes.

Après les avoir étudiés plutôt ensemble, mon ressenti est allé aux caractéristiques narratives que ma mémoire reflète pour évoquer leur histoire… J’ai alors décidé de publier le livre avec la participation suivante : bien qu’il contienne des impressions, je pense qu’il aide les lecteurs à ressentir un certain plaisir psychologique, lorsqu’ils traitent de ces récits, dans le sillage de leur langage facile et simple en harmonie avec la nature de ce type de paternité…

À l’origine, c’est une coexistence directe d’un certain nombre d’animaux et de volatiles dans son milieu naturel ; ce qui a permis à l’auteur, qui est également fils du village de noter leur comportement, durant son enfance, pour se saisir des faits mémorisés, dès lors qu’il quitta la période d’innocence. Aujourd’hui même, il revient sur ses pas, après une longue expérience dans le monde rural, pour enregistrer avec minutie les éléments en rapport avec cette histoire.

Peut-être que les chers lecteurs trouveront en lisant ces contes combinés du plaisir et de la tranquillité psychologique, attendu qu’il leur a longtemps manqué dans la réalité de leur milieu naturel.

Par cette lecture, il leur semblait qu’elle les faisait revenir à la nature qu’ils ont oubliée pour qu’ils découvrent quelques comportements animaliers dans chaque conte. Ils ressentent des réponses dans des situations qui leur réalisent ce désir de vie.

La paternité dans le comportement animalier, vivant les attitudes naturelles, qu’elle soit au sein de la forêt, de la montagne, de la mer, dans le désert, dans le fleuve et autres champs, peut être considérée comme ce qu’il y a de plus naturel dans le monde de la littérature.

Depuis la nuit des temps, ça a toujours fonctionné ainsi pour tous les peuples de la planète, en raison de la présence de l’animal comme compagnon utile de l’homme. Tout comme nul besoin d’occulter ces histoires autrefois racontées par nos mères et grand-mères aux enfants pour leur procurer la tranquillité et le sommeil ; probablement que chacun d’eux se remémore ces histoires-là en lisant ce recueil du livre « Le bestiaire ».

Ensuite, il existe de nombreux programmes d’enseignement dans les diffluents programmes ; cela dépend du conte dans ses différents objectifs dans l’évaluation des comportements chez les enfants. Il leur a fallu inculquer des valeurs nobles et éloigner d’eux tout ce qui n’est pas désiré. Le conte dans le sillage de la littérature symbolique, avec ses riches caractéristiques expressives et linguistiques connues. Les lecteurs sont presque convaincus de la généralisation de cette littérature chez l’ensemble des peuples qui seront d’accord sur des considérations communes qui comptent dans la vie des gens.

À telle enseigne qu’ils ont qualifié le lion de roi, le renard d’hypocrite, le loup de trompeur, le chien de compagnon sympathique et l’âne de stupide… selon ces spécificités et autres considérations, les lecteurs à travers leurs nombreuses tendances dans la vie, selon leur âge, ainsi que le milieu social et culturel, trouveront ce qu’ils désirent comme textes amusants à lire.

Peut-être que Slemnia Bendaoud, en s’engageant dans cette expérience de l’édition sur le comportement animalier a réalisé de nombreuses choses contenues dans mes remarques et observations !

Monsieur Mohamed Chachouaa

Inspecteur de l’enseignement à la retraite

Le bestiaire

Depuis le Moyen-âge, le Bestiaire, en littérature, a trait aux fables ainsi qu’aux moralités des animaux. Dans cet exercice de la savante plume, l’honneur revient en premier à Jean Giono qui a produit un bestiaire inédit, s’intitulant : le bestiaire, tout simplement.

Le bestiaire est un ouvrage qui décrit les qualités animalières, plus connues en arabe littéraire sous le nom عالم الحيوانات)) dans ce que l’homme de par son comportement traduit en réalité.

Il en fait d’ailleurs ses propres qualités humaines tirées essentiellement de celles animalières. En effet, la ruse, l’esquive, l’escapade, l’attaque, l’offensive déguisée ou franche sont désormais ses nouveaux comportements qu’il garde jalousement. Avec en prime une propension à les développer autant que de besoin.

Ces qualités animalières sont donc au fur et à mesure apprises et surtout reprises dès son jeune âge par le paysan pour se roder à les épouser ou à se les approprier. Et très rapidement en faire sa chasse gardée. Jusqu’à faire éclipser l’animal qui les en produit. Cependant, l’être humain n’a fait que singer l’animal dans ce qu’il est connu chez ce dernier comme un jeu où il excelle et se révèle tout naturellement.

Ces qualités animalières lui permettent de vivre selon une méthode guidée notamment par l’instinct grégaire propre au genre de bestiaire qui constitue son vivier. Cet instinct diffère cependant d’un animal à un autre dans sa manière de chasser ses proies, de travailler, de se comporter et de vivre avec les humains, en plus de sa faculté d’obéir à son maître.

Bien souvent c’est en fonction de leur instinct très prononcé qu’ils sont classés en différentes catégories, dont nous retenons les animaux domestiques et ceux considérés comme sauvages. C’est-à-dire les plus ou moins dociles et les très dangereux. Il existe une classification très détaillée au sein même de la catégorie des animaux très dangereux jusqu’à s’attaquer à l’être humain.

Ils sont catalogués en fonction de leur instinct bestial qui influe sur les pratiques de l’animal pour effectuer des actions en rapport avec le besoin du moment ; raison pour laquelle ces qualités diffèrent complètement d’un animal à un autre, selon le degré d’adaptation et de nocivité à la société où ils évoluent ensemble.

Ces animaux-là sont malheureusement dépourvus de raisonnement pour ne se référer qu’à leur instinct bestiaire en dernier lieu, chose qui les pousse à agir en fonction d’un désir devenu à la longue répétitif et vital pour la survie de l’animal. Le monde animalier dans sa globalité, diversité et grande variété est ainsi répertorié en fonction de son comportement et ses agissements, lesquels sont catalogués chez l’être humain.

En milieu rural, l’être humain vit au contact permanent des animaux de la ferme, et de ceux qui n’habitent pas dans la ferme, sinon y logent par effraction. Il est celui qui connaît au mieux leurs comportements et leur agissement, sans même les consulter, pour se faire.

Très théâtral puisque connaissant déjà leur réaction bien avant sa manifestation, la ferme des animaux pour paraphraser Geoges Orwel, est un champ expérimental de nombreux aspects de la vie quotidienne des animaux pour pouvoir les agencer en ensemble et les cataloguer comme tels.

Leur communication avec le monde animal obéit à des codes, puisque dépourvue de paroles, pour arriver à vivre en communion avec leur monde à eux. Il délimite leur propre territoire et permet d’entrer en relation avec le reste des animaux.

En dehors de cet aspect de la vie en groupe, la crainte de l’offensive d’autrui sur sa propre personne toujours très forte dans ce monde dominé par la loi de la jungle où les coups bas sont du reste largement permis et non sanctionnés.

Dans leur manière de faire l’amour ou même de chasser un intrus, codée et sue de tous, ils s’y conforment presque tous, dans l’optique de se protéger contre un quelconque imprévu, de nature à impacter le groupe et à terme le détruire.

Mais pourquoi l’être humain singe-t-il l’animal dans son côté négatif ou, à vrai dire, dans son instinct bestial ? Et que signifie ce comportement animalier rapporté à l’homme ? Différentes questions auxquelles cet ouvrage tente de répondre.

Le corps animalier est démuni de tout cerveau humain, organe qui fait office de chef d’orchestre pour tous les membres et organes du corps humain à savoir penser, percevoir, planifier et comprendre un langage donné. Bien au contraire, il agit selon l’instinct bestial comme seul élément de jugeote.

I

La trouille de la citrouille

Afin d’éviter sa brouille avec la trouille de la citrouille, le chacal aura beaucoup usé de sa débrouille. Il aura surtout misé sur son indéniable ruse, fait appel à son précieux sens du flair pour tirer tout cela bien au clair.

Il aura donc pour toujours et à jamais, en intimité et en toute souveraineté, décidé d’abandonner la consommation de toutes les cucurbitacées. Il aura juré par tous les noms, de tous les Saints de la contrée, de ne plus jamais refaire le simple essai, tant l’expérience autrefois tentée l’aura vraiment marquée.

L’origine de l’incident relève de cet accident de parcours qui aurait pu lui coûter un jour, plutôt au cours d’une fatale nuit, sa propre vie.

Le supplice était très fort, la souffrance immense, le mal terrible, l’indigestion atroce, la lutte féroce, l’indisposition bien incommodante. La cause ? Une grosse cucurbitacée de citrouille prise pour une pastèque géante !

Et comme le chacal avait le ventre taraudé, durant cette nuit de disette, par cette faim de loup, il ne pouvait dès lors faire l’impasse ou encore une fois louper cette autre occasion de faire le plein. S’empiffrant à satiété de cette immense courge au goût non sucré et aux dimensions bien démesurées.

Ravi de cette aubaine de se retrouver en cette nuit silencieuse tout seul face à ce « légume-fruit » qui l’impressionnait par son volume et son design, il en aura abusé et beaucoup consommé jusqu’à ce que sa santé en pâtissât, juste quelques heures seulement plus tard.

Et au moment de la remontée en série de ses nausées, suivies de ce défilé ininterrompu de filets de salive continus, le malheureux chacal s’est couché sur son dos à même le sol, se trémoussant et s’agitant dans tous les sens et directions, afin de dégager l’excédent de l’aliment ingurgité un moment auparavant.

Mais rien n’y fit. À chaque mouvement, il se tordait de douleurs, suant abondamment. Il criait sa douleur, demandant supplice à l’univers. Personne ne lui prêtera secours malgré ses cris alarmants. Il pleurait sa misère, jurant de ne plus refaire le coup.

Il y passera ainsi toute la nuit et toute la matinée du lendemain. Il était à la recherche d’une astuce afin d’évacuer le trop-plein et de réaliser rapidement une purge, mais ne parvint cependant pas à trouver la bonne solution.

Il lui fallut longtemps patienter, trop longtemps supporter encore son mal qui durait dans le temps, et surtout abondamment ruser cette fois-ci, chose qui ne pouvait lui échapper.

Et alors qu’il était en panne d’idées, vidé de toute substance et de sa légendaire intelligence, livré poings et pieds liés à son mal qui le rongeait et dérangeait énormément, une lueur d’espoir effleura son esprit, lui traversant en coup de vent par-devers la tête.

Et si je mangeais encore, se disait-il ? Mais de l’herbe cette fois-ci ! Ça pourrait faire l’effet d’une purge, non ?! Tout petit déjà, je voyais la vache brouter uniquement de l’herbe et tout le temps elle avait cette continue diarrhée ! Il se pourrait que ça soit aussi mon cas, si jamais je vais essayer !

À la manière d’un vrai broutard bien glouton, le chacal se mit alors à raser de son museau et voraces canines tout un pan de la prairie, remplissant au passage sa panse à ne plus lui envoyer encore le moindre aliment.

Et, de nouveau, ce sont les ballottements, les frottements, les flottements, les picotements qui envahirent aussitôt son corps, réveillant illico presto les douleurs de la veille et celles encore plus féroces du petit matin.

Il ne pouvait donc plus marcher, ni même à son aise bien respirer. Il agonisait, sentant sa mort prochaine. Les yeux mi-clos, il souffrait seul dans son enclos. Il réfléchissait à son sort, craignant un quelconque paysan en balade alentour.

Alors qu’il venait d’épuiser toutes ses solutions, il lui vient à l’idée d’aller boire un coup, manière à lui de se désaltérer. Et, les pattes avant en avant, il se redresse très difficilement. S’époussetant laborieusement le postérieur avec sa longue queue.

S’étirant à la manière d’une bête de somme libérée de son fardeau ou d’un cheval de son éreintant trot, il use de toute sa force pour aller cahin-caha droit à la rivière.

Là, lapant les premières gouttes d’eau fraîche, il commença par retrouver ses esprits. En buvant davantage, il sentait son ventre bien lourd. Il se coucha de nouveau au bord de la rivière, incapable de réaliser le moindre mouvement.

L’heure de sa mort approchait. Mais il tentait de toutes ses forces d’y résister. Soudain, son ventre se dilatait. Il s’était aussitôt relevé sur ses pattes. Et en un jet d’eau spectaculaire, fort et puissant, son ventre se vidait. Il se vidangeait. Le malheureux chacal respirait enfin. À pleins poumons, cette fois-ci.

Ses yeux embués, de joie et de malaise, brillaient de nouveau. Il venait d’être enfin délivré de son calvaire. Aux prix de durs sacrifices et de souffrances terribles et atroces.

Il revint alors au bord de la rivière, y prit une bonne douche, saliva de sa fourchue langue, ses longues moustaches et en sortit en superbe forme.

Levant une oreille bien haut vers le ciel, il se rappela quelque chose. Il revint vite sur ces lieux mêmes de sa récente cure. Il devait prêter serment. Non point de ne point boire de cette eau bénie. Mais de ne jamais goutter à nouveau à cette bien drôle pastèque obtenue sans la moindre patraque !

Ainsi, les paysans cultivant cette « courge de la difficile purge » firent tous les soirs l’économie de la garde au loup. Ils en furent dispensés pour le restant de leur vie. Depuis, ils coulent des jours de tout repos.

Dans leur sillage, ce sont également ceux qui s’étaient spécialisés dans la culture du melon et de la pastèque qui bénéficièrent plus tard de la même mesure !

C’est dire que toutes les cucurbitacées font désormais vraiment peur aux chacals de la contrée.

Depuis, santé oblige ou avant tout, le chacal craint ces gros volumes ou calibres de fruits traînant par terre. Il s’est depuis tourné vers le raisin comme dessert, connaissant parfaitement son excellent goût comme le remède indiqué à l’excès de sa consommation.

Le chacal n’est pas un animal qui a des nouilles au derrière. Il a plutôt la frousse de la mousse ! La trouille de la citrouille !

II

Le figuier et le rossignol

Généreux, l’arbre donne chaque année, la saison venue, ses succulents fruits, en dehors de l’ombre qu’il fournit et sa grande utilité pour la nature et l’humanité. Certains arbres encore, comme l’olivier, le palmier ou le figuier, très rustiques, sont tous centenaires.

Ils défient le temps, la nature, les saisons, leurs nombreuses catastrophes et surtout ces actes bien nuisibles à l’environnement dont est l’auteur l’homme justement !

Le figuier est donc l’un des rares arbres fruitiers rustiques qui peut, à la faveur d’une greffe couplée, donner au fermier deux types de fruits au printemps et dès l’entame de l’été, lui ouvrant ce droit de disposer à la fois du fruit très précoce et de celui dit de saison.

C’est dire que le figuier est un arbre fruitier très fécond, mais aussi celui qui supporte le plus les rigueurs de ce climat très rude, difficile et bien sec et ces terres bien pauvres ou perchées en haut-relief.

L’arbre est donc connu à travers son apport à l’équilibre écologique, à la lutte contre l’érosion du sol, contre la sécheresse, contre l’attaque de la couche d’ozone, contre la pollution de l’environnement, en plus de sa fonction économique stratégique et considérable.

Source d’oxygène, il est également un vecteur potentiel dans le changement climatique de la contrée au travers de sa participation active à la constitution des nuages et de leur rapide reconversion en souvent de très bénéfiques précipitations.

L’arbre est donc doté de toutes ces nombreuses fonctions, toutes très utiles tant à la nature qu’à l’être humain. Sans la moindre distinction de race, de lieu, de couleur de la peau, de statut de l’individu ou autres…

Mieux encore, bien souvent, il sert également de lieu de repos tout indiqué ou bien prisé, disposant, en plus, du gîte et du couvert, pour ce beau et très léger rossignol qui aura appris à y occuper souvent un endroit privilégié sur l’une de ses plus hautes branches laquelle lui permet cependant et en toute quiétude de disposer à l’horizon de cette vue d’ensemble splendide et de ce panorama bien exceptionnel.

Ainsi se rencontrent l’un et l’autre pour vivre ensemble, les deux unis ou bien réunis, l’espace d’un moment, d’une nuit, de toute une saison parfois, humant le même air, sous la même chaleur, dans la même atmosphère, près des prés, non loin des oueds et à l’intérieur même de ces grands jardins de l’Eden de nos vastes campagnes et immenses zones rurales.

De leur proximité est donc ainsi née cette complicité active dans la vie. Cette amitié durable, incontournable et incomparable dont la légende raconte les moments forts de leur union et utilité à la vie de l’être humain.

Très beau, coquet, caquet, toujours en superbe forme sauf lorsqu’il pleut, le rossignol, habitant pourtant cet arbre généreux et bien tranquille, se moque par inadvertance ou bien royalement des bienfaits de son hôte.

Et même s’il y érige à l’aide de différentes manchettes de menues branchettes et toute une multitude de tiges, bouts de rameaux et petits roseaux son lieu de repos, il ne se résout jamais à lui payer la moindre location, encore moins lui prêter la toute utile et bienveillante attention.

Il est son ancien locataire qui lui doit ce gros pognon dont il ne pourra probablement jamais s’en acquitter un jour. Si, bien sûr, il serait animé de cette bonne volonté à complètement effacer sa Sale ardoise. Et pourtant, en parfait renégat, il se croit toujours non redevable du moindre sou envers celui dont ses aïeux l’auront connu comme unique protecteur alors qu’il fut tout juste ce jeune arbuste.

Il se contente de tous les matins le réveiller dès l’aube comme s’il l’invitait à se trémousser et à s’étirer sur toute l’étendue de la hauteur étendue de son tronc afin de glaner quelques centimètres de plus et de prendre comme toujours son monde de haut.

Au travers de ses décibels croisés, combinés ou intervertis, réglés au rythme de ses couplets muets, intermittents et transparents, sa voix fuse dans cet univers encore somnolent, malgré les premières lueurs du jour naissant, comme un cri de trompette qui invite solennellement les chiens et leurs maîtres à entrer dans une longue partie de chasse en pleine forêt.

Haut perché et bien juché sur son rameau balançant et ondoyant sous l’effet du vent et non de son poids insignifiant, il faisait la fête, ne faisant qu’à sa tête, qu’il vente ou qu’il fasse plutôt gris ou bien beau, se considérant donc être tout proche de ce ciel, tantôt celui-ci bien bas, tantôt très haut, paré en plus de sa couleur azur.

Il y vivait ainsi tous ses nombreux et très beaux jours, bien heureux, dont il tentait d’user de sa belle voix afin de leur prodiguer le sens du plaisir et de procurer à son monde cette atmosphère qui invitait aux charmes et délices de la vie, chantés à pleins poumons de ce rossignol qui faisait naguère comme à présent la gaieté de la vie au travers de son spectacle envoûtant.

Il se considère être ce porte-voix du bonheur qui dure, cette raison de vivre bien sereine et très pérenne, cette liberté acquise au forceps et reconquise dans la douleur et la grande ferveur de la contrée, cette joie de croire en ce que l’on entreprend au quotidien dans l’espoir d’accrocher le grand succès au bout de l’effort consenti pour, ce véritable symbole de cette existence qui se nourrit chaque jour de l’espérance à accorder au fruit de notre dur labeur, l’expression de la vie dénuée de toutes les défaites devant les nombreuses contraintes et empêchements de tous bords et de tout ordre…

Dans les fins fonds ou même tréfonds et profonds abysses des nombreux secrets de la vie, se côtoient ainsi celui ainsi considéré comme le plus généreux de tous avec celui se prenant tout bonnement tel le plus heureux de tout son monde. Et comme les plantes et les volatiles communiquaient autrefois et jadis entre eux, il leur arrivait parfois, à eux aussi, d’user de la bonne ou belle parole :

— Sir, je trouve que votre prestation du jour est vraiment excellente. Cela prouve que vous l’avez beaucoup travaillée à l’entraînement au travers de ces champs lointains et au bord des séduisants cours d’eau de la région pour réussir un tel chef-d’œuvre, jugé fort impressionnant.
— Non ! Je regrette, chef ! Il ne s’agit que d’une ancienne réplique dont vous avez probablement déjà entendu la version originale. À moins que vous ne trouviez encore le moyen de prolonger votre sommeil bien au-delà de l’aube et ses premiers rayons de soleil.
— Vous voulez me dire que mon réveil est bien tardif. C’est bien ça ?
— Oui, en quelque sorte.
— Eh bien, sachez, petit animal, que ma position statique m’épargne même le sommeil qui gagne tout son monde au crépuscule de la journée. Et que le temps qui lui est imparti est donc versé dans ce dur labeur qui m’impose de puiser l’eau des profondes entrailles du sol lorsque la pluie venait à plutôt manquer durant une période bien déterminée.
— Je ne savais pas, Sir, que votre travail vous exclut tout bonnement de tout repos jusqu’à vous pousser à sacrifier pour ses besoins même votre sommeil.
— Et vous, petit Seigneur des airs, comment retrouvez-vous votre sommeil ?
— Le plus normalement du monde, et sur l’une de vos pendantes branches justement.
—