Le cœur a ses raisons - Tome 2 - Karolyne Caire - E-Book

Le cœur a ses raisons - Tome 2 E-Book

Karolyne Caire

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Beschreibung

Liv prendra-t-elle le risque d'écouter son coeur pour s'en sortir plus forte ou de se protéger contre vents et marées de ses sentiments ?

Après le pari incroyable de Noah : celui de faire tomber les barrières de Liv et approcher son âme brisée. Olivia a fait vibrer son coeur en se laissant porter par ses sentiments. Amour et tourments seront au coeur des vies de nos amoureux, faisant tout vaciller. Mais c'était sans compter sur la persévérance de Chad pour gagner le coeur de Liv. Le passé et le présent se mêlent encore une fois. Mais lequel sortira gagnant ? Liv prendra-t-elle le risque d'écouter son coeur pour s'en sortir plus forte ou de se protéger contre vents et marées de ses sentiments ? 

Découvrez le deuxième tome d'une romance young adult à la fois poignante et drôle !

EXTRAIT

Je suis rassurée sur ce que fait Noah, pour l’instant il n’est pas impliqué dans quelque chose de dangereux, mais je sais que plus le temps va passer, plus il sera impliqué dans le gang. Je ne sais toujours pas pourquoi il les a rejoints, et j’ai vraiment peur de la suite. Outre ça, les rapports avec Chad se sont beaucoup améliorés. La semaine passée loin de lui nous a permis de nous rapprocher, peut-être pas comme avant. Rien ne redeviendra jamais plus comme avant, mais je retrouve mon ami, celui qu’il était avant tout cette merde. Il protège Noah pour moi, alors que je sais très bien ce que ça lui coûte de le faire. Il a toujours des sentiments pour moi, mais il reste à bonne distance, car il a compris que s’il veut rester dans ma vie il n’aura pas le choix sur son comportement, à la prochaine incartade, je le vire et mon frère fera pire. Concernant Noah, même si je me force à l’oublier, chose dont je suis incapable de faire pour l’instant, je ne veux pas qu’il lui arrive quelque chose, je tiens trop à lui. Il mérite d’être heureux après tout ce qu’il a vécu.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Au final, voilà une romance pleine d’amour et d’amitié que je ne suis pas prête d’oublier. D’ailleurs, un Tome 3 est en préparation !! Je vous recommande vivement ce roman ainsi que le Tome 1. - EmiVeronik, Voyageons avec les livres

Cette merveilleuse suite a fait bondir mon cœur, m'a fait pleurer en même temps que les personnages et m'a fait aimer chacun comme ils s'aiment ! Je recommande avec un coup de cœur cette série ! - Urga, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Karoline Caire - J’ai 27 ans. J’habite Marseille, j’y suis née aussi. Je suis en couple depuis bientôt 13 ans. Nous sommes pacsés depuis presque deux ans. J’ai un diplôme de travailleur social, mais malheureusement je ne travaille pas dans ce domaine. Je suis secrétaire médicale dans un hôpital, je gère les admissions et les interventions des patients. Je suis quelqu’un de très passionnée (par beaucoup de choses d’ailleurs). Une dévoreuse de livres depuis toute petite. J’aime aussi cuisiner, et je passe mon temps libre à regarder des centaines de séries TV ou alors à lire. Je partage cette passion avec ma maman, qui est mon premier fan, et qui me relit depuis que je me suis mise à l’écriture. J’ai deux amies avec qui je partage ma passion de l’écriture. C’est de l’entraide et ça me booste à continuer. Je suis une personne très nerveuse et soucieuse du bien-être de mes proches. Je suis très proche de ma famille et espère avoir la mienne très bientôt.

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Le cœur a ses raisons

Tome 2

Risquer D’aimer

 

 

 

 

 

 

 

Karolyne C.

 

ROmance

Art en Mots

Illustration : © Tinkerbell Design

 

 

 

 

CHAPITRE 1

 

— LACHE-MOI ESPECE DE MALADE !

Se débattre. Il n’y a plus que ça à faire, je dois me défendre. Je me rappelle sans cesse qu’il n’est pas dans son état normal. Il a bu, il sent l’alcool et la cigarette à des kilomètres.

 

Je me bataille encore plus, mais rien n’y fait, il tire sur mon leggings sans arriver à le déchirer pour autant. Il me regarde et je ferme les yeux. Sa main me tient le menton, il pose ses lèvres sur ma bouche, force le passage de sa langue. Après tout ce que j’ai vécu, je ne mérite pas d’endurer un truc comme ça.

 

Je fais tout pour m’évader et ne pas penser au fait que le meilleur ami de mon frère essaie de se frayer un chemin dans ma culotte. Je sens ses doigts descendre le long de mon ventre. Il me chuchote à l’oreille qu’il a juste envie de moi. Je le pousse encore, me débats, mais je n’y arrive pas. Il est trop lourd et trop fort. Sa main poursuit son avancée, il touche mes fesses et l’intérieur de mes cuisses. Au moment où il se dirige vers mon sous-vêtement, je perçois une libération. Le poids est parti, les paupières toujours fermées, je ne sens plus son corps sur le mien, ses mains sur ma peau. J’ai été brûlée par son passage.

 

Je n’ouvre pas les yeux de suite, mais, encore perdue dans mon horreur, je me relève et vais me prostré derrière le canapé. L’endroit que je préférais, étant enfant, quand mon père criait sur Zach. Je me cachais entre le divan et le mur. C’est là que je me trouve, recroquevillée sur moi-même, accroupie par terre, les bras autour de mes genoux me balançant d’avant en arrière, pleurant encore et encore. Tout va bien Liv ! Ce n’est rien, tu as eu peur. C’est juste un cauchemar, je vais me réveiller, dites-moi que ce n’est jamais arrivé. Toujours dans mon inconscience, je perçois des bruits autour de moi, beaucoup de sons, des cris, des objets qui se cassent, et un hurlement, celui de mon amie.

— Zach arrête, tu vas le tuer ! hurle-t-elle.

— Va voir Liv et sors-la.

Je sens une main se poser sur mon épaule, je sursaute et me retourne vers le mur. Je m’y colle en plaçant ma paume dessus. Je n’ai jamais été fan des contacts physiques depuis l’accident, mais là, j’ai l’impression qu’on brûle ma peau avec un tisonnier.

— Liv, n’aie pas peur, c’est moi, Harper.

Je peux survivre à sa main sur mon épaule et l’autre sur mon bras, je peux le faire, ce n’est pas grave, tout va bien. Plus de bruits dans la maison, le calme est revenu. Plus d’objets qui se cassent, plus de cris, plus de pleurs. Il n’y a que moi et ma peur, Harper. Harper est là, elle me secoue doucement l’épaule. Je ne me retourne pas, je me blottis contre le mur, la tête posée sur mon bras et les larmes qui dévalent la pente de mes joues, je suis silencieuse, la maison est vide. J’entends des pas et je sursaute, je me colle au mur. Loin des gens derrière moi, loin de lui. Liv bordel ! Reprends-toi ! Ce n’était que Chad. Il n’a pas réussi. Je suis plus forte que ça. Mais là, maintenant, je ne me sens pas capable d’être ce que l’on attend de moi. Il a ruiné le reste de confiance en moi. Il m’a touchée, vu mes cicatrices, personne ne les a jamais vues à part Zach. Mon frère.

— Zach... dis-je dans un murmure.

— Je suis là, Liv, regarde-moi.

Il pose sa main dans mon cou, je frissonne, je me retourne en un instant et lui saute dans les bras. Je me blottis contre lui. Il n’y a que là que ma sécurité est à son maximum. Il me serre à son tour. Nous sommes à côté du canapé. Zach me colle contre lui, il me berce, je suis même assise sur ses jambes. Je me fous de savoir dans l’état que je suis. Mon frère est là, avec moi et que je suis enfin en sécurité. Les sanglots se tarissent et ma peur avec. Il me rassure, me dit que c’est fini, et m’embrasse le front.

— Bébé va appeler Noah, je pense qu’elle a besoin de lui, dit Zach à Harper.

— NON ! Non, pas Noah, pas Noah.

Mes mots ne se coordonnent pas, je ne veux pas qu’il vienne. Il ne doit pas me voir comme ça. Il va penser que je suis faible ou que j’ai couché avec Chad. Il va m’en vouloir, il va penser que je l’ai trompé. Mon dieu, il va me détester.

— Liv, tu ne veux pas que j’appelle Noah ? me demande Harper.

— Non ! non pas Noah, je... Il ne peut pas... Non pas Noah.

Je n’arrive pas à dire autre chose, je ne veux pas qu’il me voit dans cet état, en pleurs et en proie à une panique qui ne me quitte pas. Je sens que je tremble, du moins je m’en doute parce qu’Harper me dépose une couverture sur le corps. Zach me prend dans ses bras, se soulève et me porte. Il monte les escaliers et se dirige vers ma chambre, me dépose sur mon lit et rabat la couette sur moi. Il s’assoit à côté de moi et caresse ma joue. Je suis emmitouflée dans ma couette, les genoux ramenés vers mon torse, je me protège comme je peux, je sens encore ses mains sur moi...

— Il.... Il est où ? dis-je en reniflant.

— Je lui ai cassé la gueule et je l’ai foutu à la rue, ne t’inquiète pas pour ça !

— Zach... ne lui en veux pas… Il ne savait pas… je…

— Chut... Tu n’as rien à dire Liv. Repose-toi, on est à côté d’accord. Tu as faim ?

Je fais non de la tête et me retourne pour plonger dans mes coussins. Le sommeil m’emporte très rapidement et Zach se lève. Il quitte ma chambre en éteignant la lumière et ferme la porte. Je me tourne plusieurs fois dans mon lit, je suis sale, je me sens brûlée, heureusement qu’il n’a pas eu le temps d’aller plus loin. Je hurle, je m’entends crier. La porte s’ouvre dans un fracas et je vois Zach et Harper débouler dans ma chambre.

— Liv ? Ça va ?

— Non non NON !

— Calme-toi, Liv, c’est fini, me dit Harper.

Je pleure, je suis assise dans mon lit, je tremble. La sueur perle sur mon front et Harper prend mes mains. Je ne la regarde même pas, je baisse les yeux sur nos dextres.

— Il a tout détruit.

— Non, ma puce, ne dis pas ça.

J’entends Zach qui s’éloigne et ferme la porte derrière lui.

— Je peux venir à côté de toi ?

J’acquiesce de la tête. Elle s’allonge à côté de moi et me prend la main. Je continue sur ma lancée.

— Il a détruit le peu de confiance qu’il me restait. Il a volé des moments précieux que je gardai pour quelqu’un de spécial.

— Noah ?

— Oui. Mais je n’arrive pas à lui en vouloir pour tout ça. J’aurais dû faire attention aux signes, j’aurais dû lui dire que je ne ressentais pas pareil.

— Tu devrais lui en parler Liv.

Je ne réponds pas à mon amie, elle ne peut pas comprendre. Merde ! Noah !

— Mon Dieu ! Noah, qu’est-ce qu’il va penser de moi ? Mon téléphone, où il est ?

— Tiens, dit-elle en le sortant de sa poche, tu as reçu plusieurs messages et un appel de Noah, tu devrais lui parler non ?

— Non, je ne peux pas.

— Liv, il ne t’a pas touché au moins ?

— Vous êtes arrivés avant qu’il n’aille vraiment trop loin, mais ce n’est pas ça le plus important.

— Ne t’inquiète pas, il ne t’arrivera rien.

— Jamais je n’aurai pensé qu’il puisse agir comme ça.

— L’enfoiré, tu aurais vu le visage de Zach. Il a viré noir, ils se sont battus dans le salon et ton frère l’a mené dehors. Il lui a hurlé dessus comme un fou, Chad a pris la fuite apparemment.

Je baisse les yeux vers mon téléphone, et me demande où peut-il bien être. J’en veux à Chad, bien sûr, mais il n’était pas dans son état normal. Ça ne pardonne pas tout, mais cela explique beaucoup de choses.

— Il est encore dehors ? Il ne lâchera pas l’affaire, tu le sais ?

— Zach ne va pas te quitter d’un œil, sinon c’est moi qui reste avec toi.

Je regarde mon téléphone, j’y vois plusieurs messages et des appels. Tous de Noah.

 

De Noah :

« Bébé je suis rentré, tu me manques déjà ».

« Bébé tu fais quoi ? ».

« Tu t’es déjà endormie ? Avec tout ce que tu as bouffé aujourd’hui lol ».

« Bébé je m’inquiète, réponds au téléphone... ».

 

Je lâche mon téléphone et prends mon visage dans mes mains, j’essuie mes larmes et décide de ne pas répondre. Je ne sais pas quoi lui dire en fait, je perds mes mots. J’ai peur de sa réaction et encore plus de ce qu’il pourrait faire. Je sais qu’il tient à moi et qu’il craint de ce qu’il peut m’arriver. Zach en a déjà fait beaucoup et j’ai déjà assez peur comme ça. Je vais prendre mes distances avec Noah, c’est le mieux, en tout cas pour l’instant. Je ne veux surtout pas que Chad s’en prenne à lui, ni que Noah fasse n’importe quoi pour me protéger. Je préfère souffrir sans lui, que le voir endurer ça pour moi.

Je lève la tête et regarde Harper, le visage sérieux, ce qui est très rare. Elle serre ma main dans la sienne et me sourit faiblement.

— Il veut seulement de tes nouvelles.

— Je ne peux pas lui répondre, je ne sais pas quoi lui dire.

— Bon, on verra ça demain. Tu veux manger quelque chose ?

— Non merci, je vais rester là et essayer de dormir.

— Il est encore tôt. Viens avec nous au salon.

— Non, je ne me sens pas bien, je vais juste aller prendre une douche.

— OK, bon si tu nous cherches on est en bas. Et ne t’inquiète pas, on reste là, crie si tu as besoin.

J’essaie de sourire, mais rien ne vient, je n’arrive pas à me forcer, aucune envie de rire dans ces moments-là. Après qu’Harper ait quitté ma chambre, je me redresse et sors de mon lit. Je prends un gros pyjama dans ma commode et me dirige vers la salle de bain.

Les odeurs de savon et de parfum m’enivrent et je ferme les yeux pour essayer de me détendre. Je tousse un peu et cours vomir aux toilettes. Je sens encore SON odeur, mélangé à l’alcool et à la cigarette, je régurgite une nouvelle fois. Après avoir calmé mon estomac, je retourne dans la salle de bain et me déshabille. Je jette la robe en boule dans un coin avec mon soutien-gorge et ma culotte. Je les regarde, là par terre, les affaires que j’avais choisies pour plaire à Noah. Je vais les balancer.

 

Sous la douche, je fais couler l’eau, très chaude. Je la laisse envahir mon corps et fais en sorte qu’elle me brûle la peau, essayant d’effacer les images de Chad couché sur moi avec ses mains posées sur mon corps. Un corps que j’ai gardé éloigné des hommes, que j’ai protégé depuis l’accident.

Je prends le savon et un gant, et je commence à frotter. Je gratte chaque parcelle de ma peau comme pour effacer toutes traces de cette histoire, je me sens salie et souillée. Je n’aurais jamais pu penser à ça, pas venant de lui. Je sens encore sa bouche dans mon cou, ses mains sur mon ventre et mes fesses.

Pourquoi a-t-il fait ça ? Je le connais depuis des années, il doit bien y avoir une raison. Je sais que je vais devoir lui en parler, comprendre ce qui lui est passé par la tête. Je refuse de croire que Chad soit violent. Pourtant, ce soir… La violence dont il a fait preuve pour essayer d’arracher mon leggings et cette cruauté, dans sa voix, quand il parlait de ce qu’il allait me faire.

Mes larmes recommencent à couler et je finis assise dans la douche, avec l’eau qui coule sur mon corps. Je pose la tête sur mes genoux et pleure, je laisse la chaleur me laver de tout ça. Je reste, un nombre incalculable de minutes sous cette douche, jusqu’à ce que l’eau en devienne glacée. Je me relève et coupe le robinet. Je sors et commence à me sécher. Je frotte fort, trop fort, jusqu’à en avoir la peau rouge. Je repose la serviette et prends mon pyjama, je ne m’habillerai plus jamais comme une fille, c’est fini. Je regarde mes cicatrices et en ai encore la nausée. Je m’habille rapidement et sors de la pièce, en laissant les vêtements dans la salle de bain.

 

En réintégrant ma chambre, je vois que la télévision est allumée, Harper a déposé deux sandwichs sur le lit avec un verre de lait ainsi qu’une petite assiette. Dedans y sont déposés deux médicaments et un petit mot accompagne le plateau.

 

« Ce sont des médicaments qui te permettront de dormir, mange un peu avec. Je t’ai mis la télé pour t’endormir. On est à côté si tu as besoin. On t’aime — Harper & Zach ».

 

Ils ont toujours la bonne attention, celle de ne pas me déranger et de me laisser gérer cette histoire à mon rythme. Je sais très bien que Zach ne s’arrêtera pas là. Il va tout faire pour détruire Chad, quitte à mêler Noah ou à se foutre dans la merde. Je ne le laisserai pas faire, je sais qu’avec Harper nous arriverons à le dissuader d’aller aussi loin. Je ne supporterai pas de perdre mon frère, je parlerai à Chad, je ferai tout pour comprendre ce qu’il lui est passé par la tête, peut être que l’alcool l’a aveuglé.

 

Je souris à peine et commence à manger mes sandwichs. Une fois fini, je repose le plateau sur mon bureau et m’enfonce dans mon lit. Je regarde mon téléphone, encore un message.

 

De Noah 

« Olivia, bordel répond, je vais me pointer chez toi. Je m’inquiète ! »

 

NON ! Il ne faut pas qu’il vienne. Hors de question.

 

De moi :

« Je vais bien, je me suis endormie. Ne viens pas. »

 

Je sais que ce message paraît froid, et qu’il va se poser des questions, mais là, je suis incapable d’y répondre. Je ne peux pas rétorquer autre chose, je ne veux pas le voir. Je ne supporterai pas son regard de tristesse, qu’il essaie de me prendre dans ses bras. Surtout pas.

Je pose mon téléphone sur la table de nuit, prends les médicaments et pose ma tête sur les oreillers. Je vois les images passées devant moi, sûrement ce qui doit être un film drôle à la télé. Je ne rigole même pas. J’ai l’impression qu’il m’a enlevé toute ma joie. Il a osé me réduire à néant. J’irai mieux, je dois me battre et oublier cette histoire. Un jour, j’arriverai à passer outre, il faut que je lui parle, un jour sûrement.

Je continue de regarder la télé jusque tard dans la nuit, et je suis réveillée en sueurs par des cauchemars. Mon réveil indique trois heures du matin. Je passe dans la salle de bain pour me rafraîchir le visage et descends à la cuisine boire un verre d’eau. En passant devant le salon, je vois que tout a été rangé. Les objets cassés sont jetés dans la poubelle, le vase de maman aussi. Le canapé a changé de place et les fauteuils sont disposés de manière différente. Je sais que Zach a fait exprès, pour que je puisse à nouveau entrer dans cette pièce sans avoir envie de vomir.

Je continue ma route, vérifie que la porte d’entrée est bien fermée. La cuisine est, elle aussi, bien rangée. La coupelle de fruit est à sa place et tout semble en ordre. Je me sers donc à boire et remonte dans ma chambre. J’éteins la télévision et me recouche. Je tourne encore et encore pendant au moins une heure avant de trouver le sommeil.

 

Au réveil, je suis mal, j’ai des courbatures. J’ai très mal dormi. Je me suis réveillée toutes les heures, en sueur, à cause de ces cauchemars. Évidemment ce ne sont plus les mêmes qu’avant, maintenant ils sont remplis de Chad, de ses mains et de son odeur. J’ai rêvé qu’il avait atteint son but, qu’il avait réussi à m’avoir, entière... Mon cœur bat la chamade.

 

Je me lève difficilement, sors de ma chambre et descends à la cuisine. J’y retrouve Harper et Zach en train de parler, ils se tournent pour me regarder. Je fais un semblant de sourire.

— Ça va sœurette ?

— Hum.

— Tu as réussi à dormir ? me demande Harper.

— Non pas trop.

Je prends une tasse dans le placard et y verse du lait, je mets le tout dans le four à micro-ondes et regarde ma tasse tourner dans l’appareil. Je sens les regards posés sur moi, je sens leur culpabilité et leur envie de m’aider.

— Vous n’auriez rien pu faire, alors stop avec vos regards de chien battu. Je réglerai cette histoire avec Chad quand ça ira mieux. Je suis sûre qu’il a une explication.

— Tu veux parler à Chad ? me demande Zach.

— Oui, je compte bien lui parler. Je sais très bien qu’il n’a pas voulu faire ça. Je le connais trop bien.

— Moi aussi je le connais Liv. Chad est mon meilleur ami, mais je ne comprends pas. C’est parce que tu as décliné ses avances ?

— Peut-être bien. Quoi qu’il en soit, arrêtez de faire la gueule, je vais bien.

Zach se lève et me touche l’épaule, je sursaute et m’éloigne de lui. Je vois sa peine, celle dans ses yeux. Je ne suis pas prête à recevoir leur peine et leur pitié. Je me recule et vois mon frère s’asseoir aux côtés de sa copine. Elle lui prend la main et le regarde avec amour.

Je me tourne vers le plan de travail et sors mon lait du four, j’y verse du chocolat en poudre et prends place à côté de mon amie. Ils sont allés acheter des viennoiseries, donc je me jette sur un pain au chocolat et un croissant. La faim fait rage dans mon ventre et la bouffe est ma meilleure amie.

Je les vois, tous les deux, ils me regardent avec un sourire et reprennent leur petit déjeuner. J’écoute leur discussion en comprenant qu’ils organisent leur journée. Mon dimanche va être simple, je vais m’enfermer dans ma chambre et écouter la musique ou regarder la télé. Je ne veux voir personne.

 

CHAPITRE 2

 

Trois jours... Ça fait trois jours que je suis cloîtrée dans ma chambre. Je ne sors que pour manger et prendre ma douche. Je refuse de parler, et en particulier à Noah. Il m’a envoyé des messages dimanche, toute la journée. Quand je lui ai dit de ne pas venir manger le midi, il a voulu débarquer quand même. J’ai réussi à l’en dissuader. Lundi aussi, il s’est même pointé à la maison le soir, en suppliant mon frère pour me voir. Je le voyais du haut des escaliers. Je savais qu’il s’inquiétait pour moi et surtout du fait que je ne réponde pas. J’avais interdit à Zach de le laisser passer, il était hors de question qu’il me voit, sinon j’allais devoir tout lui dire et je ne voulais pas de son visage plein de tristesse.

 

Je ne me sentais pas encore capable de subir son regard, ses bras, sa compassion. Déjà qu’il est difficile pour moi, d’avoir tous ces contacts physiques. Depuis samedi, c’est encore plus dur.

Je me rappelle encore après l’accident, les regards compatissants des infirmières, des médecins et même de ma tante. Ces regards pleins de tristesse, de pitié. Oh, la pauvre petite, elle est orpheline. J’ai appris à détester ce type de regard et il est hors de question que je vois ça dans les yeux du garçon que j’aime, alors je prends mes distances. Je sais qu’il ne doit pas comprendre, qu’il doit se poser des questions et que je ne lui réponde pas n’arrange rien. Je vais peut-être retourner en cours, je suis obligé. Les examens de fin de semestre vont bientôt arriver et j’ai raté déjà beaucoup de cours. Je sais que Noah m’a apporté les notes, j’ai bien pris soin de les travailler. Je suis peut-être enfermée dans ma chambre, mais j’ai encore la tête sur les épaules, je ne peux pas me permettre de prendre du retard.

Alors voilà, mes journées depuis trois jours ; je suis dans mon lit, mes cours autour de moi, je bosse, je lis, j’écoute de la musique et regarde des bêtises à la télé. Harper vient me voir tous les soirs, elle me raconte la fac, elle me parle de Noah, il lui pose des tonnes de questions, elle lui dit que je suis malade et que je fais que dormir, ça peut le tenir pendant quelques jours, mais il va falloir que je lui parle.

Zach ne travaille pas cette semaine, il veut rester à la maison pour me surveiller. C’est en grande partie pour ça que je ne sors pas, j’ai peur de marcher seule, de tomber sur lui et de ne pas pouvoir résister. Et si je lui donnais ce qu’il veut ? Il arrêterait son cirque et ne s’en prendrait pas à Noah. Je vais devoir en parler à Harper.

Il est déjà six heures, on est mercredi et j’hésite toujours à aller en cours demain. J’ai encore reçu des SMS de Noah, il se demande si je vais bien, s’il peut venir me voir, me dit que je lui manque, j’ai tellement envie de le voir, de l’embrasser, qu’il me dise que tout va s’arranger. Je suis perdue dans mes pensées quand je vois Harper passer sa tête à travers la porte.

— Liv ? Je peux entrer ?

— Oui, viens, j’ai besoin de tes conseils, dis-je en me relevant.

— Oh ! Oh ! Oh !, Je suis là, raconte, rigole-t-elle.

Elle saute sur le lit et prend place à côté de moi en souriant comme une gamine.

— Je crois que je vais quitter Noah.

— Non ! Pourquoi ? dit-elle en se mettant sur ses genoux.

— Chad.

— Quoi Chad ? On s’en fout de lui.

— Non, tu sais qu’il va s’en prendre à Noah si je reste avec lui.

— Ne fais pas ça Liv. Tu vas faire quoi ?

— Je vais donner à Chad ce qu’il veut.

— QUOI ? Tu déconnes Liv, arrête !

— Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autres ? Que je prenne le risque que Noah soit touché. Hors de question 

— Et parce que tu crois que ton frère va te laisser faire ? Après avoir vu cet enfoiré sur toi, jamais de la vie.

— Alors je fais quoi ? Je ne peux pas rester avec Noah.

— C’est de la folie Liv, tu fais ce que tu veux, mais ça, c’est de la folie.

— Je sais. Tant que tout ne sera pas réglé, je ne peux pas rester avec lui.

— Et tu vas lui dire quoi ?

— Que j’ai des sentiments pour Chad, un truc pour...

— Je ne comprends pas, putain il va être détruit, tu le verrais à la fac, il est déprimé, il ne rigole même plus.

— ET MOI ! Tu crois que je suis comment ? Tu crois que j’ai envie que Noah se batte ? Tu crois que j’ai envie qu’il me regarde avec pitié. Je voulais qu’il soit le premier.

— Ça peut encore arriver Liv, il ne t’a rien fait.

— Rien fait ? RIEN FAIT ? Je ne peux plus sortir de chez moi, j’ai peur à chaque bruit que j’entends. Je n’arrive pas à rentrer dans le salon et je fais des cauchemars toutes les nuits. Alors non, il n’est pas allé jusqu’au bout, mais je n’arrive plus à me regarder dans un miroir...

— Je suis désolée ma puce, pourquoi tu ne nous en as pas parlé ?

— Je n’y arrive pas, j’ai peur. J’ai peur de ne plus sortir de cette chambre. Il faut que je parle à Noah.

— Tu es sûre que c’est la bonne solution ?

— Je n’ai pas le choix. Il ne mérite pas de rester avec une fille qui ne peut lui donner ce qu’il mérite.

— Tu l’aimes ?

— Je n’ai jamais aimé personne comme je l’aime.

Harper baisse la tête. Je vois très bien qu’elle n’est pas d’accord avec ma décision, je comprends, moi aussi j’ai du mal, mais je ne vois pas d’issues à cette histoire. Quelqu’un doit souffrir et je préfère que ce soit moi. Je tiens trop à Noah, malgré le peu de temps que notre relation a duré. Je dois le laisser être heureux, il trouvera une autre fille. Elle lui donnera tout l’amour que je ne peux pas, la passion et le sexe. Oui j’y avais pensé, je savais que ce serait lui, mais après ça. Après Chad... Je crains de ne pas en avoir la force, pas de suite en tout cas.

— Bon, je vais rentrer, je dois réviser, tu reviens quand ?

— Peut-être demain...

— OK, dit-elle en se levant, appelle-moi si tu as besoin.

— Merci, à demain.

Harper me laisse là, sur mon lit, dans ma petite chambre. Je la regarde fermer la porte et me retrouve seule. Je respire un bon coup et prends mon téléphone, il faut que ça cesse.

 

De moi :

« Tu peux venir à la maison, je dois te parler ? »

 

Sans attendre la réponse, arrive.

 

De Noah :

« J’arrive tout de suite mon cœur. »

 

Ça fait mal, les mots font mal. Je n’entendrai plus ces mots. Je le verrai sans pouvoir le toucher, ni l’embrasser. Je ne pourrai plus m’amuser à l’envoyer chier ou le voir me faire les gros yeux quand il ne comprend pas mes phrases. Je ne pourrai plus me confier à lui et écouter ses histoires d’enfances. Je ne verrai plus sa mère et je vais sûrement devoir m’éloigner de ses amis. Finalement, je vais juste redevenir moi, celle que j’étais il y a presque quatre mois. Avant que ma vie ne bascule. Retrouver la bonne vieille fille perdue, sans amie, sans copain et sans vie sociale.

 

Je me lève de mon lit et sort sur le palier, je croise Zach qui sort de la douche.

— Noah va arriver, tu pourras le laisser monter.

— OK, ça va toi ? Tu te décides à refaire surface ?

— On va dire ça.

Zach file dans sa chambre et je retourne dans la mienne. Je range mes cours, regarde autour de moi et ramasse mes affaires par terre. Je n’ai jamais été bordélique, mais alors là, ma chambre ne ressemble à rien. Mon lit n’est pas fait, mes cours sont éparpillés partout. Je prends soin de tout ranger avant qu’il n’arrive. On tape à ma porte.

J’ouvre et tombe nez à nez avec Noah. Je n’ai pas le temps de réagir que je me retrouve dans ses bras, la tête plongée dans son cou. Il me soulève et m’embrasse, par réflexe j’ai posé mes mains dans son cou et je me reprends avant d’aller trop loin et de ne plus pouvoir m’arrêter. Il a dû sentir mon geste, car il me relâche tout de suite et me pose au sol. Il prend mon visage en coupe, me sourit et m’embrasse tendrement. Je profite de ce dernier baiser, car je sais bien qu’après notre discussion tout sera terminé. J’ai le cœur qui se serre, des papillons dans le ventre. Alors je profite de ce chaste baiser, il est tendre et doux, dénué de méchanceté et avec un amour aussi profond que possible. Noah se décale et me regarde, toujours avec un sourire à faire fondre un glacier.

— Tu m’as manqué bébé.

— Noah...

— Dis-moi, tu vas mieux ?

— Pas encore, mais ça ira.

— Tu voulais me parler ?

— Assis-toi s’il te plaît.

Il prend ma main et se dirige vers le lit, il s’assoit et me regarde curieusement. Il essaie de me tirer vers lui entre ses jambes, mais je me détache de sa main, je m’éloigne de lui et me poste devant la fenêtre.

— Bébé dis-moi.

— Je...

— Olivia !

— Noah c’est fini.

— Quoi c’est fini ?

Je me retourne. Il me regarde avec un air d’incompréhension. Je continue sur ma lancée, il faut que je lui dise sinon je ne vais jamais y arriver.

— Nous...

— Comment ça, c’est fini ? dit-il en se levant,pourquoi ?

— Je suis amoureuse de quelqu’un d’autre.

— Pardon ?

— Chad...

— Tu me quittes pour lui ?

— Oui, je suis désolée, je ne voulais pas que ça aille si loin.

— QUOI ? C’est une blague Olivia ? Samedi tout allait très bien et aujourd’hui tu me quittes pour ce connard ?

— Noah, n’en rajoute pas s’il te plaît. Je ne voulais pas te faire espérer, je m’amusais bien.

— Tu t’amusais ? Dites-moi que je rêve, c’est une blague, c’est ça ?

Je le regarde. Il serre les poings, les yeux brillants. Non ne pleure pas mon amour, je suis désolée, je n’ai pas le choix. Je me retiens de pleurer, ma respiration se coupe, j’inspire doucement pour ne pas laisser échapper mes sanglots. C’est juste horrible de le regarder comme ça, je ne dois rien laisser paraître. Il s’approche de moi, tend sa main et je me recule.

— Je suis désolée Noah.

— Non, Olivia, bébé, c’est quoi cette histoire, tu as dit que tu m’aimais.