Le Coffret de Santal - Charles Cros - E-Book

Le Coffret de Santal E-Book

Charles Cros

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Beschreibung


Le Coffret de Santal, écrit par Charles Cros, est un livre captivant qui vous plonge dans un univers mystérieux et envoûtant. Publié en 1873, ce recueil de poèmes est considéré comme l'une des œuvres les plus marquantes de la poésie symboliste.

À travers ses vers riches et évocateurs, Charles Cros nous transporte dans un voyage poétique où se mêlent rêve et réalité. Le Coffret de Santal est un véritable trésor littéraire, où chaque poème est une porte ouverte vers un monde insaisissable et fascinant.

L'auteur explore des thèmes universels tels que l'amour, la mort, la nature et la quête de sens. Sa plume délicate et imaginative nous emporte dans des paysages oniriques, où les mots se transforment en images vibrantes et en émotions profondes.

Le Coffret de Santal est un livre qui ne se lit pas, mais se ressent. Chaque poème est une expérience sensorielle, une invitation à la contemplation et à la réflexion. Charles Cros nous offre un langage poétique unique, où les sonorités et les rythmes se marient harmonieusement pour créer une symphonie de mots.

Ce recueil est un véritable chef-d'œuvre de la poésie symboliste, où la beauté des images se mêle à la profondeur des sentiments. Le Coffret de Santal est un livre à savourer lentement, à laisser infuser en soi pour en apprécier toute la richesse et la subtilité.

Si vous êtes à la recherche d'une lecture poétique qui éveillera vos sens et nourrira votre âme, Le Coffret de Santal est le livre qu'il vous faut. Plongez dans l'univers envoûtant de Charles Cros et laissez-vous emporter par la magie de ses mots.

Extrait : "RENDEZ-VOUS - Ma belle amie est morte, Et voilà qu'on la porte, En terre, ce matin, En souliers de satin..."

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Seitenzahl: 64

Veröffentlichungsjahr: 2015

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À NINA

J’offre ce coffret de santal.

Préface
Au plus grand nombre je déplais.
Car je semble tombé des nues,
Rêvant de terres inconnues
D’où j’exile les gens trop laids.
La tête au vent, je contemplais
Le ciel, les bois, les splendeurs nues.
Quelques rimes, me sont venues.
Public, prends-les ou laisse-les.
Je les multiplie et les sème
Pour que, par hasard, ceux que j’aime
Puissent les trouver sous leurs pas.
Quand ceux-là diront que j’existe,
La foule, qui ne comprend pas,
Paiera. C’est l’espoir de l’artiste.
Divinations
Nocturne

À ARSÈNE HOUSSAYE

Bois frissonnants, ciel étoilé,
Mon bien-aimé s’en est allé,
Emportant mon cœur désolé !
Vents, que vos plaintives rumeurs,
Que vos chants, rossignols charmeurs,
Aillent lui dire que je meurs !
Le premier soir qu’il vint ici
Mon âme fut à sa merci.
De fierté je n’eus plus souci.
Mes regards étaient pleins d’aveux.
Il me prit dans ses bras nerveux
Et me baisa près des cheveux.
J’en eus un grand frémissement ;
Et puis, je ne sais plus comment,
Il est devenu mon amant.
Et, bien qu’il me fût inconnu,
Je l’ai pressé sur mon sein nu
Quand dans ma chambre il est venu.
Je lui disais : « Tu m’aimeras
Aussi longtemps que tu pourras ! »
Je ne dormais bien qu’en ses bras.
Mais lui, sentant son cœur éteint,
S’en est allé l’autre matin,
Sans moi, dans un pays lointain.
Puisque je n’ai plus mon ami,
Je mourrai dans l’étang, parmi
Les fleurs, sous le flot endormi.
Au bruit du feuillage et des eaux,
Je dirai ma peine aux oiseaux
Et j’écarterai les roseaux.
Sur le bord arrêtée, au vent
Je dirai son nom, en rêvant
Que là je l’attendis souvent.
Et comme en un linceul doré,
Dans mes cheveux défaits, au gré
Du flot je m’abandonnerai.
Les bonheurs passés verseront
Leur douce lueur sur mon front ;
Et les joncs verts m’enlaceront.
Et mon sein croira, frémissant
Sous l’enlacement caressant,
Subir l’étreinte de l’absent.
Que mon dernier souffle, emporté
Dans les parfums du vent d’été,
Soit un soupir de volupté !
Qu’il vole, papillon charmé
Par l’attrait des roses de mai,
Sur les lèvres du bien-aimé !
Romance

À PHILIPPE BURTY

Le bleu matin
Fait pâlir les étoiles.
Dans l’air lointain
La brume a mis ses voiles.
C’est l’heure où vont,
Au bruit clair des cascades,
Danser en rond,
Sur le pré, les Dryades.
Matin moqueur,
Au-dehors tout est rose.
Mais dans mon cœur
Règne l’ennui morose,
Car j’ai parfois
À son bras, à cette heure,
Couru ce bois.
Seule à présent j’y pleure.
Le jour paraît,
La brume est déchirée,
Et la forêt
Se voit pourpre et dorée.
Mais, pour railler
La peine qui m’oppresse,
J’entends piailler
Les oiseaux en liesse.
Rendez-vous

À J. KECK

Ma belle amie est morte,
Et voilà qu’on la porte
En terre, ce matin,
En souliers de satin.
Elle dort toute blanche,
En robe de dimanche,
Dans son cercueil ouvert
Malgré le vent d’hiver.
Creuse, fossoyeur, creuse
À ma belle amoureuse
Un tombeau bien profond,
Avec ma place au fond.
Avant que la nuit tombe
Ne ferme pas la tombe ;
Car elle m’avait dit
De venir cette nuit.
De venir dans sa chambre :
« Par ces nuits de décembre,
Seule, en mon lit étroit,
Sans toi, j’ai toujours froid. »
Mais, par une aube grise,
Son frère l’a surprise
Nue et sur mes genoux.
Il m’a dit : « Battons-nous.
Que je te tue. Ensuite
Je tuerai la petite. »
C’est moi qui, m’en gardant,
L’ai tué, cependant.
Sa peine fut si forte
Qu’hier elle en est morte.
Mais, comme elle m’a dit,
Elle m’attend au lit.
Au lit que tu sais faire,
Fossoyeur, dans la terre.
Et, dans ce lit étroit,
Seule, elle aurait trop froid.
J’irai coucher près d’elle,
Comme un amant fidèle,
Pendant toute la nuit
Qui jamais ne finit.
Aquarelle

À HENRY CROS

Au bord du chemin, contre un églantier,
Suivant du regard le beau cavalier
Qui vient de partir, Elle se repose,
Fille de seize ans, rose, en robe rose.
Et l’Autre est debout, fringante. En ses yeux
Brillent les éclairs d’un rêve orgueilleux…
Diane mondaine à la fière allure,
Corps souple, front blanc, noire chevelure.
Tandis que sa blonde amie en rêvant
Écoute les sons qu’apporte le vent,
Bruits sourds de galop, sons lointains de trompe,
Diane se dit : « Rosette se trompe.
Quand Il est parti tout pâle d’émoi
Son dernier regard n’était que pour moi. »
L’Orgue

À ANDRÉ GILL

Sous un roi d’Allemagne, ancien,
Est mort Gottlieb le musicien.
On l’a cloué sous les planches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Il est mort pour avoir aimé
La petite Rose-de-Mai.
Les filles ne sont pas franches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Elle s’est mariée, un jour,
Avec un autre, sans amour.
« Repassez les robes blanches ! »
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Quand à l’église ils sont venus,
Gottlieb à l’orgue n’était plus,
Comme les autres dimanches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Car depuis lors, à minuit noir,
Dans la forêt on peut le voir
À l’époque des pervenches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Son orgue a les pins pour tuyaux.
Il fait peur aux petits oiseaux.
Morts-d’amour ont leurs revanches.
Hou ! hou ! hou !
Le vent souffle dans les branches.
Ronde flamande
Si j’étais roi de la forêt,
Je mettrais une couronne
Toute d’or ; en velours bleuet
J’aurais un trône,
En velours bleu, garni d’argent
Comme un livre de prière,
J’aurais un verre en diamant
Rempli de bière,
Rempli de bière ou de vin blanc.
Je dormirais sur des roses.
Dire qu’un roi peut avoir tant
De belles choses.
Dire qu’un roi prend quand il veut
La plus belle fille au monde
Dont les yeux sont du plus beau bleu,
Et la plus blonde,
Avec des tresses comme en a
Jusqu’aux genoux, Marguerite.
Si j’étais roi, c’est celle-là
Que j’aurais vite.
J’irais la prendre à son jardin,
Sur l’eau, dans ma barque noire,
Mât de nacre et voile en satin
Rames d’ivoire.
Satin blanc, nacre et câbles d’or…
Des flûtes, des mandolines
Pour bercer la belle qui dort
Sur des hermines !
Hermine, agrès d’or et d’argent,
Doux concert, barque d’ébène,
Couronne et verre en diamant…
J’en suis en peine.
Je n’ai que mon cœur de garçon.
Marguerite se contente
D’être ma reine en la chanson
Que je lui chante.
Roses et muguets

Ronde

AU COMTE CHARLES DE MONTBLANC

Dans le vallon qu’arrose
L’eau courante, j’allais
Un jour cueillir la rose,
La rose et les muguets.
Mon amoureux qui n’ose
Rien me dire, y passait ;
Moi je cueillais la rose,
La rose et le muguet.
« Oh vilain ! oh morose ! »
Au nez je lui riais,
Tout en cueillant la rose,
La rose et les muguets.
Sur l’herbe je me pose
En jetant mon bouquet,
Mon beau bouquet de rose,
De rose et de muguet.
« Dis-moi donc quelque chose !
Les oiseaux sont plus gais
Gazouillant à la rose,
Becquetant les muguets.
N’aye pas peur qu’on glose.
Le lézard fait le guet
Couché sur une rose,
Caché dans le muguet. »
Mais sur ma bouche close
Son baiser me narguait.
« Tes lèvres sont de rose
Et tes dents de muguet. »
Le méchant ! Il est cause
(Moi qui tant me moquais !)
Que dans l’eau court ma rose
Ma rose et mes muguets.