Le Côté de Guermantes - Marcel Proust - E-Book

Le Côté de Guermantes E-Book

Marcel Proust

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Beschreibung

Le Côté de Guermantes est le troisième tome d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust publié entre 1921 et 1922 chez Gallimard. Dans son édition originelle, le roman est divisé en deux tomes dont la deuxième partie, Le côté de Guermantes I, est suivie de Le Côté de Guermantes II.  

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Le Côté de Guermantes

Marcel Proust

Publication: 1922Catégorie(s): Fiction, Roman
A Propos Proust:

Proust was born in Auteuil (the southern sector of Paris's then-rustic 16th arrondissement) at the home of his great-uncle, two months after the Treaty of Frankfurt formally ended the Franco-Prussian War. His birth took place during the violence that surrounded the suppression of the Paris Commune, and his childhood corresponds with the consolidation of the French Third Republic. Much of Remembrance of Things Past concerns the vast changes, most particularly the decline of the aristocracy and the rise of the middle classes, that occurred in France during the Third Republic and the fin de siècle. Proust's father, Achille Adrien Proust, was a famous doctor and epidemiologist, responsible for studying and attempting to remedy the causes and movements of cholera through Europe and Asia; he was the author of many articles and books on medicine and hygiene. Proust's mother, Jeanne Clémence Weil, was the daughter of a rich and cultured Jewish family. Her father was a banker. She was highly literate and well-read. Her letters demonstrate a well-developed sense of humour, and her command of English was sufficient for her to provide the necessary impetus to her son's later attempts to translate John Ruskin. By the age of nine, Proust had had his first serious asthma attack, and thereafter he was considered by himself, his family and his friends as a sickly child. Proust spent long holidays in the village of Illiers. This village, combined with aspects of the time he spent at his great-uncle's house in Auteuil became the model for the fictional town of Combray, where some of the most important scenes of Remembrance of Things Past take place. (Illiers was renamed Illiers-Combray on the occasion of the Proust centenary celebrations). Despite his poor health, Proust served a year (1889–90) as an enlisted man in the French army, stationed at Coligny Caserne in Orléans, an experience that provided a lengthy episode in The Guermantes Way, volume three of his novel. As a young man Proust was a dilettante and a successful social climber, whose aspirations as a writer were hampered by his lack of application to work. His reputation from this period, as a snob and an aesthete, contributed to his later troubles with getting Swann's Way, the first volume of his huge novel, published in 1913. Proust was quite close to his mother, despite her wishes that he apply himself to some sort of useful work. In order to appease his father, who insisted that he pursue a career, Proust obtained a volunteer position at the Bibliothèque Mazarine in the summer of 1896. After exerting considerable effort, he obtained a sick leave which was to extend for several years until he was considered to have resigned. He never worked at his job, and he did not move from his parents' apartment until after both were dead (Tadié). Proust, who was homosexual, was one of the first European writers to treat homosexuality at length. His life and family circle changed considerably between 1900 and 1905. In February 1903, Proust's brother Robert married and left the family apartment. His father died in September of the same year. Finally, and most crushingly, Proust's beloved mother died in September 1905. In addition to the grief that attended his mother's death, Proust's life changed due to a very large inheritance he received (in today's terms, a principal of about $6 million, with a monthly income of about $15,000). Despite this windfall, his health throughout this period continued to deteriorate. Proust spent the last three years of his life largely confined to his cork-lined bedroom, sleeping during the day and working at night to complete his novel. He died in 1922 and is buried in the Père Lachaise Cemetery in Paris. 

Partie 1

à l’auteur

du Voyage de Shakespeare

du Partage de l’enfant

de l’Astre noir

de Fantômes et vivants

du Monde des images

de tant de chefs-d’œuvre

à l’incomparable ami

en témoignage

de reconnaissance et d’admiration

M.P.

Le pépiement matinal des oiseaux semblait insipide à Françoise. Chaque parole des « bonnes » la faisait sursauter ; incommodée par tous leurs pas, elle s’interrogeait sur eux ; c’est que nous avions déménagé. Certes les domestiques ne remuaient pas moins, dans le « sixième » de notre ancienne demeure ; mais elle les connaissait ; elle avait fait de leurs allées et venues des choses amicales. Maintenant elle portait au silence même une attention douloureuse. Et comme notre nouveau quartier paraissait aussi calme que le boulevard sur lequel nous avions donné jusque-là était bruyant, la chanson (distincte de loin, quand elle est faible, comme un motif d’orchestre) d’un homme qui passait, faisait venir des larmes aux yeux de Françoise en exil. Aussi, si je m’étais moqué d’elle qui, navrée d’avoir eu à quitter un immeuble où l’on était « si bien estimé, de partout » et où elle avait fait ses malles en pleurant, selon les rites de Combray, et en déclarant supérieure à toutes les maisons possibles celle qui avait été la nôtre, en revanche, moi qui assimilais aussi difficilement les nouvelles choses que j’abandonnais aisément les anciennes, je me rapprochai de notre vieille servante quand je vis que l’installation dans une maison où elle n’avait pas reçu du concierge qui ne nous connaissait pas encore les marques de considération nécessaires à sa bonne nutrition morale, l’avait plongée dans un état voisin du dépérissement. Elle seule pouvait me comprendre ; ce n’était certes pas son jeune valet de pied qui l’eût fait ; pour lui qui était aussi peu de Combray que possible, emménager, habiter un autre quartier, c’était comme prendre des vacances où la nouveauté des choses donnait le même repos que si l’on eût voyagé ; il se croyait à la campagne ; et un rhume de cerveau lui apporta, comme un « coup d’air » pris dans un wagon où la glace ferme mal, l’impression délicieuse qu’il avait vu du pays ; à chaque éternuement, il se réjouissait d’avoir trouvé une si chic place, ayant toujours désiré des maîtres qui voyageraient beaucoup. Aussi, sans songer à lui, j’allai droit à Françoise ; comme j’avais ri de ses larmes à un départ qui m’avait laissé indifférent, elle se montra glaciale à l’égard de ma tristesse, parce qu’elle la partageait. Avec la « sensibilité » prétendue des nerveux grandit leur égoïsme ; ils ne peuvent supporter de la part des autres l’exhibition des malaises auxquels ils prêtent chez eux-mêmes de plus en plus d’attention. Françoise, qui ne laissait pas passer le plus léger de ceux qu’elle éprouvait, si je souffrais détournait la tête pour que je n’eusse pas le plaisir de voir ma souffrance plainte, même remarquée. Elle fit de même dès que je voulus lui parler de notre nouvelle maison. Du reste, ayant dû au bout de deux jours aller chercher des vêtements oubliés dans celle que nous venions de quitter, tandis que j’avais encore, à la suite de l’emménagement, de la « température » et que, pareil à un boa qui vient d’avaler un bœuf, je me sentais péniblement bossué par un long bahut que ma vue avait à « digérer », Françoise, avec l’infidélité des femmes, revint en disant qu’elle avait cru étouffer sur notre ancien boulevard, que pour s’y rendre elle s’était trouvée toute « déroutée », que jamais elle n’avait vu des escaliers si mal commodes, qu’elle ne retournerait pas habiter là-bas « pour un empire » et lui donnât-on des millions – hypothèse gratuite – que tout (c’est-à-dire ce qui concernait la cuisine et les couloirs) était beaucoup mieux « agencé » dans notre nouvelle maison. Or, il est temps de dire que celle-ci – et nous étions venus y habiter parce que ma grand’mère ne se portant pas très bien, raison que nous nous étions gardés de lui donner, avait besoin d’un air plus pur – était un appartement qui dépendait de l’hôtel de Guermantes.

À l’âge où les Noms, nous offrant l’image de l’inconnaissable que nous avons versé en eux, dans le même moment où ils désignent aussi pour nous un lieu réel, nous forcent par là à identifier l’un à l’autre au point que nous partons chercher dans une cité une âme qu’elle ne peut contenir mais que nous n’avons plus le pouvoir d’expulser de son nom, ce n’est pas seulement aux villes et aux fleuves qu’ils donnent une individualité, comme le font les peintures allégoriques, ce n’est pas seulement l’univers physique qu’ils diaprent de différences, qu’ils peuplent de merveilleux, c’est aussi l’univers social : alors chaque château, chaque hôtel ou palais fameux a sa dame, ou sa fée, comme les forêts leurs génies et leurs divinités les eaux. Parfois, cachée au fond de son nom, la fée se transforme au gré de la vie de notre imagination qui la nourrit ; c’est ainsi que l’atmosphère où Mme de Guermantes existait en moi, après n’avoir été pendant des années que le reflet d’un verre de lanterne magique et d’un vitrail d’église, commençait à éteindre ses couleurs, quand des rêves tout autres l’imprégnèrent de l’écumeuse humidité des torrents.

Cependant, la fée dépérit si nous nous approchons de la personne réelle à laquelle correspond son nom, car, cette personne, le nom alors commence à la refléter et elle ne contient rien de la fée ; la fée peut renaître si nous nous éloignons de la personne ; mais si nous restons auprès d’elle, la fée meurt définitivement et avec elle le nom, comme cette famille de Lusignan qui devait s’éteindre le jour où disparaîtrait la fée Mélusine. Alors le Nom, sous les repeints successifs duquel nous pourrions finir par retrouver à l’origine le beau portrait d’une étrangère que nous n’aurons jamais connue, n’est plus que la simple carte photographique d’identité à laquelle nous nous reportons pour savoir si nous connaissons, si nous devons ou non saluer une personne qui passe. Mais qu’une sensation d’une année d’autrefois – comme ces instruments de musique enregistreurs qui gardent le son et le style des différents artistes qui en jouèrent – permette à notre mémoire de nous faire entendre ce nom avec le timbre particulier qu’il avait alors pour notre oreille, et ce nom en apparence non changé, nous sentons la distance qui sépare l’un de l’autre les rêves que signifièrent successivement pour nous ses syllabes identiques. Pour un instant, du ramage réentendu qu’il avait en tel printemps ancien, nous pouvons tirer, comme des petits tubes dont on se sert pour peindre, la nuance juste, oubliée, mystérieuse et fraîche des jours que nous avions cru nous rappeler, quand, comme les mauvais peintres, nous donnions à tout notre passé étendu sur une même toile les tons conventionnels et tous pareils de la mémoire volontaire. Or, au contraire, chacun des moments qui le composèrent employait, pour une création originale, dans une harmonie unique, les couleurs d’alors que nous ne connaissons plus et qui, par exemple, me ravissent encore tout à coup si, grâce à quelque hasard, le nom de Guermantes ayant repris pour un instant après tant d’années le son, si différent de celui d’aujourd’hui, qu’il avait pour moi le jour du mariage de Mlle Percepied, il me rend ce mauve si doux, trop brillant, trop neuf, dont se veloutait la cravate gonflée de la jeune duchesse, et, comme une pervenche incueillissable et refleurie, ses yeux ensoleillés d’un sourire bleu. Et le nom de Guermantes d’alors est aussi comme un de ces petits ballons dans lesquels on a enfermé de l’oxygène ou un autre gaz : quand j’arrive à le crever, à en faire sortir ce qu’il contient, je respire l’air de Combray de cette année-là, de ce jour-là, mêlé d’une odeur d’aubépines agitée par le vent du coin de la place, précurseur de la pluie, qui tour à tour faisait envoler le soleil, le laissait s’étendre sur le tapis de laine rouge de la sacristie et le revêtir d’une carnation brillante, presque rose, de géranium, et de cette douceur, pour ainsi dire wagnérienne, dans l’allégresse, qui conserve tant de noblesse à la festivité. Mais même en dehors des rares minutes comme celles-là, où brusquement nous sentons l’entité originale tressaillir et reprendre sa forme et sa ciselure au sein des syllabes mortes aujourd’hui, si dans le tourbillon vertigineux de la vie courante, où ils n’ont plus qu’un usage entièrement pratique, les noms ont perdu toute couleur comme une toupie prismatique qui tourne trop vite et qui semble grise, en revanche quand, dans la rêverie, nous réfléchissons, nous cherchons, pour revenir sur le passé, à ralentir, à suspendre le mouvement perpétuel où nous sommes entraînés, peu à peu nous revoyons apparaître, juxtaposées, mais entièrement distinctes les unes des autres, les teintes qu’au cours de notre existence nous présenta successivement un même nom.

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