Le Cube - Jean-Pierre Vançon - E-Book

Le Cube E-Book

Jean-Pierre Vançon

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Beschreibung

Un homme séquestré dans un cube de béton tente d'occuper son esprit par la philosophie...

La formule E = m c 2 est universellement connue. Il y a un siècle, Albert Einstein imaginait la théorie de la relativité, qui allait révolutionner la Science. Tout est relatif, dit-on. Mais faut-il donc se contenter de relativité, alors que nous avons soif d’absolu ?
Quelle est la force initiale, l’envie première qui a inspiré la construction de l’univers, la course vers la vie et vers l’émergence de la conscience ? Quelle est l’énergie qui a tout déclenché ? Vers quel absolu ou quel néant nous dirigeons-nous ? Nous ne le savons pas. Pourrions-nous le pressentir ?
Ce livre nous fait découvrir les réflexions désespérées d’un homme enfermé dans un réduit de béton sans fenêtre, un prisonnier qui comprend peu à peu qu’il va mourir sans savoir pourquoi. Pour lui, connaître l’absolu est primordial. Sa seule arme est la solitude. Son ennemi demeure le temps…
Dans la maison qu'il s'apprête à acheter, un homme découvre au sous-sol le texte griffonné par le prisonnier au cours de sa captivité. Intrigué, il tente de savoir si l'auteur de ces réflexions a été assassiné et pourquoi ?

Le Cube est une réflexion sur l’univers et la vie, enchâssée dans une sordide histoire de meurtre. C’est un essai glissé dans un roman policier.

EXTRAIT

Dans un coin du séjour, il y avait des feuilles de papier éparpillées.
— La maison a été squattée un moment par des sans-logis… Vous voyez le résultat… Ces gens-là ne respectent rien…
J’ai ramassé une des feuilles. Un mot avait attiré mon regard. D’une main maladroite qui traduisait sa nervosité, l’homme avait écrit « Enfin ! ». Un seul mot, comme un appel. Un cri de soulagement au milieu du vide de la nuit. Comme si l’auteur de ces lignes s’adressait à moi : « Enfin, tu m’as remarqué ! Enfin, je ne suis plus seul ! Enfin, tu t’intéresses à ces papiers abandonnés sur le sol ! Enfin, tu lis mon appel ! Enfin ! »
— Nous montons à l’étage ? Vous verrez : les chambres sont grandes… Et, de là-haut, la vue sur la ville est superbe.
Je l’ai suivi dans un escalier étroit dont les marches craquaient. J’avais gardé à la main la feuille de papier. Je ne sais pas pourquoi. Un geste machinal. Comme si l’auteur de ces lignes m’avait murmuré à l’oreille : « ne m’abandonne pas ! »

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Au final ce petit livre m’a offert un moment de lecture et de méditation agréables et a sensiblement enrichi ma réflexion. - Blog Passion Bouquins.com

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire de l'Est de la France, Jean-Pierre Vançon a été initié aux merveilles de la littérature française par ses professeurs du Lycée Victor Hugo de Besançon. Très vite, il s'est également intéressé au cosmos et à l'évolution de la vie sur terre. Sa carrière d’ingénieur hydrogéologue et de concepteur de modèles mathématiques a été consacrée aux grands aquifères d'Alsace et de Lorraine, mais également aux eaux souterraines d'Amérique Latine, du Pérou au Mexique, en passant par l’Équateur.
Il a déjà publié six romans : Laure et les loups (Edilivre, mai 2009), Les 3 vies de María (Edilivre, juillet 2009), Cinq (éditions Rebelyne, 2011), Clandestine ! (éditions Néreïah, 2012), Le Cube (version papier : Auxilivre, 2012) et Inexorable Requiem (Auxilivre, 2013). Il a été nommé Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres en 2012.

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Titre

Jean-Pierre Vançon

Le cube

Les Éditions des Tourments

Sommaire

Dédicace

Enfin !

La fable du savant et du cafetier

La fable de la souris et du fil de fer

La fable de l’homme et du vent

La fable du granite et de la petite magicienne

La fable des trois frères

Cosinus et Tournesol

Les petites briques

La fin de l’histoire

Épilogue

Du même auteur

Laure et les loups (Edilivre)

Les trois vies de María (Edilivre)

Cinq, une pentafable (Rebelyne)

Clandestine ! (Nereïah)

Inexorable Requiem (Auxilivre)

Credits

Dédicace

A Claire, ma fille chérie.

A Stéphane et Emmanuel, mes deux garçons.

Merci à Rudolf, à Geneviève et à Didier, pour leur relecture attentive et leurs précieux conseils. Un grand merci également à Dominique et à l’équipe d’Auxilivre pour leur aide efficace.

Ce récit est une pure fiction. Quant à la fameuse formule E = m c 2 d’Albert Einstein, elle n’est qu’une approximation mathématique, valable uniquement à notre échelle. Mais l’équation E = Absolu représente peut-être la seule réalité…

Ce livre nous fait découvrir les réflexions désespérées d’un homme enfermé dans un réduit de béton sans fenêtre, un prisonnier qui comprend peu à peu qu’il va mourir sans savoir pourquoi. Pour lui, connaître l’absolu est primordial. Sa seule arme est la solitude. Son ennemi demeure le temps…

« Le cube » est une réflexion sur l’univers et la vie, enchâssée dans une sordide histoire de meurtre. C’est un essai glissé dans un roman.

Cette histoire extraordinaire a commencé un beau jour du mois de mai. J’avais pris rendez-vous avec un agent immobilier que l’on m’avait recommandé. Difficile de dénicher un logement parfait dans une ville que l’on ne connaît pas. J’avais déjà visité plusieurs appartements, mais aucun ne me satisfaisait vraiment. Un grand cinq pièces vieillot du centre-ville, où tout était à refaire. Un dernier étage avec terrasse et vue imprenable sur la citadelle, mais dont le prix était inabordable. Un duplex alambiqué dans une arrière-cour triste à mourir, où le soleil ne parvenait jamais. Un logement dans un vieil immeuble situé en bordure d’un boulevard bruyant. Rien de bien folichon. L’agent immobilier commençait à perdre espoir. Après un instant de silence, il m’a dit d’un ton hésitant :

— J’ai peut-être encore quelque chose…

— Quel genre ?

— Une maison…

Une maison plutôt qu’un appartement ? Il fallait avoir les moyens financiers… J’ai esquissé une grimace et j’ai demandé :

— Ce sera cher ?

— Un prix raisonnable…

— Bon… Montrez-moi.

Il m’a emmené à travers un dédale de petites rues tranquilles, quelque part en banlieue. Il a tourné à droite, à gauche, puis de nouveau à droite. J’étais complètement perdu. C’était un quartier de petits pavillons de l’entre-deux-guerres ou des années cinquante. Il y avait même peut-être quelques constructions de la Belle Epoque. Un faubourg de petits bourgeois de l’ancien temps. Un coin vieillot et sans histoire. Enfin, sans histoire, c’est ce que je croyais…

Il s’est arrêté devant une maison aux volets fermés. Seul l’un d’entre eux, au premier étage, était entrouvert. Le jardinet, encombré de ronces et de broussaille, était à l’abandon depuis longtemps. L’agent immobilier a murmuré, comme s’il me demandait de l’excuser :

— Les héritiers ont mis un temps fou à se décider à vendre. Ils vivent tous loin d’ici…

Il a dû pousser de toutes ses forces pour entrouvrir le portillon d’entrée, qui a cédé avec un grincement de ferraille rouillée. Il m’a précédé pour gravir les marches du perron et il a dit :

— N’ayez pas peur. C’est le foutoir, là dedans…

A l’intérieur, c’était effectivement une sacrée pagaille. Des vitres cassées, un meuble renversé, de la vaisselle éparpillée, une porte de placard arrachée, un tas de gravas dans un coin. Tout était à refaire de fond en comble : les fenêtres, les peintures, tout… Et, en premier lieu, il fallait évacuer toutes ces vieilleries. Un sacré travail… Tout en ouvrant les volets, le bonhomme me débitait son baratin habituel :

— Les pièces sont très lumineuses… Leur disposition est fonctionnelle… C’est une maison sympathique…

Il en faisait trop. Je ne l’écoutais plus. Pour rendre son discours plus réaliste, il a ajouté :

— Bien sûr, il y a quelques travaux à faire…

Dans un coin du séjour, il y avait des feuilles de papier éparpillées.

— La maison a été squattée un moment par des sans-logis… Vous voyez le résultat… Ces gens-là ne respectent rien…

J’ai ramassé une des feuilles. Un mot avait attiré mon regard. D’une main maladroite qui traduisait sa nervosité, l’homme avait écrit « Enfin ! ». Un seul mot, comme un appel. Un cri de soulagement au milieu du vide de la nuit. Comme si l’auteur de ces lignes s’adressait à moi : « Enfin, tu m’as remarqué ! Enfin, je ne suis plus seul ! Enfin, tu t’intéresses à ces papiers abandonnés sur le sol ! Enfin, tu lis mon appel ! Enfin ! »

— Nous montons à l’étage ? Vous verrez : les chambres sont grandes… Et, de là-haut, la vue sur la ville est superbe.

Je l’ai suivi dans un escalier étroit dont les marches craquaient. J’avais gardé à la main la feuille de papier. Je ne sais pas pourquoi. Un geste machinal. Comme si l’auteur de ces lignes m’avait murmuré à l’oreille : « ne m’abandonne pas ! »

J’ai jeté un œil distrait sur les chambres et sur la salle de bains. J’avais la tête ailleurs. La vision de ce message étrange, de ces pages éparpillées sur le sol, m’obsédait.

— Vous voulez visiter le grenier ? Je vous préviens : c’est le bazar…

Nous sommes redescendus. Tandis qu’il refermait les volets l’un après l’autre, j’ai ramassé toutes les feuilles de papier. Pieusement. Comme s’il s’agissait d’une précieuse relique. J’avais beau essayer de me raisonner, c’était comme si une force mystérieuse me poussait à agir. « Enfin ! », me répétait une voix intérieure…

— La cave, c’est le même bordel. Vous voulez voir ?

— Non.

J’avais envie de lui dire que je m’en foutais. La cave, le grenier, le reste, plus rien ne m’importait. Sans vraiment comprendre pourquoi, j’étais obsédé par ce texte mystérieux. A cet instant précis, plus rien d’autre ne comptait.

— Alors, qu’est-ce que vous en dites ?

J’ai acheté la maison. Sans trop réfléchir… Peut-être en partie à cause de ces écrits, même si je ne voulais pas me l’avouer. Avant de laisser une association caritative emporter tout ce qui avait encore une utilité quelconque, avant de faire appel à une entreprise spécialisée pour me débarrasser du reste, j’ai fouillé toutes les pièces, tous les recoins, de la cave au grenier, dans l’espoir de trouver d’autres feuilles manuscrites. Et, alors que je n’y croyais pas vraiment, j’en ai trouvé quelques-unes, au sous-sol, dans ce qui semblait avoir été une buanderie. C’était une pièce étrange. Le soupirail, la seule ouverture vers l’extérieur, avait été muré. Outre l’évier double bac, il y avait une table, une chaise, un matelas posé au sol et une cuvette de WC branlante, dont la présence était surprenante à cet endroit. C’était pareil à la cellule d’une prison, sans fenêtre et sans barreaux… Quelqu’un avait-il donc habité ce réduit insalubre ?

Sur la table, il y avait quelques feuilles de papier et un crayon. C’était la fin du texte. En dessous du dernier paragraphe, l’homme avait écrit « Adieu » en lettres énormes. Un dernier mot griffonné à la hâte. C’était un ultime message, un dernier salut de l’auteur de ce mystérieux manuscrit. Cet adieu voulait-il dire « je vais mourir » ? Etait-ce un cri de désespoir ? Etait-ce un pied de nez chargé d’ironie ? En écrivant ce dernier mot, l’homme masquait-il ses sentiments en riant sous cape ? Me disait-il : « Je vous ai bien eu, avec mon histoire à dormir debout » ?

Mon épouse et moi, nous avions prévu de nous installer dans la maison l’été suivant. Les enfants découvriraient leur nouvelle école à la rentrée. Nous prendrions de nouvelles habitudes de vie. En attendant que ma famille me rejoigne, j’avais pris mes fonctions au sein de l’entreprise qui m’avait embauché, tout en surveillant les travaux de rénovation indispensables avant notre emménagement. Je passais mes soirées seul, à parcourir le manuscrit, à remettre les pages dans l’ordre et à les numéroter. Lire et relire ce texte devenait une l’obsession.

L’auteur de ce mystérieux document n’avait pas cru bon de le subdiviser en chapitres. C’était une suite ininterrompue de plaintes et de réflexions, que je vous livre ici sans rien modifier. Toutefois, je me suis permis de ponctuer cette longue litanie en entourant certaines phrases qui me semblaient particulièrement marquantes et en donnant des titres aux différentes fables qu’utilise l’auteur pour illustrer ses réflexions. Ce sont les seules modifications apportées au texte.

Voilà toute l’histoire. Quant à l’homme qui avait écrit ces lignes, ce qu’il racontait était-il réel ? N’était-ce qu’une invention d’un esprit tourmenté ? N’était-ce qu’une farce sinistre ? Aujourd’hui, je me souviens à quel point tout cela me paraissait mystérieux. Je vous laisse en juger par vous-même.

L.V.H.

Enfin !

Il y a quelques jours, je leur ai demandé de quoi écrire. Je n’en pouvais plus de tourner en rond entre ces quatre murs. J’étouffais à force d’attendre. Je n’avais plus d’air pour respirer. Je n’avais plus d’espoir. Je devenais fou.

J’ai renouvelé ma demande le lendemain, en tambourinant à la porte comme un forcené. Alors, j’ai entendu un de ces salopards qui me hurlait : « Ferme-la ! » Ils n’avaient qu’à me bâillonner s’ils ne voulaient pas entendre mes cris de désespoir. Ils n’avaient qu’à me ligoter les poignets s’ils ne voulaient pas entendre mes coups de poings contre la porte. Ils n’avaient qu’à m’assassiner tout de suite, s’ils ne voulaient pas que je continue à les emmerder. C’est vrai : pourquoi attendre ?

Et aujourd’hui, alors que je n’espérais plus rien, alors que, dans ma tête, l’avenir était plus noir que le néant, j’ai constaté qu’ils avaient déposé quelques feuilles de papier et un crayon sur le plateau de mon repas. C’était si merveilleux, si inattendu, que j’ai crié :

— Merci ! Merci beaucoup !

La porte était déjà refermée, à double tour. J’ai cru entendre un ricanement de l’autre côté. Ça leur paraissait si étrange que ça, que je les remercie ? Ça leur paraissait surréaliste que je sois poli avec eux, alors qu’ils étaient mes bourreaux et que je n’étais que leur victime ? C’était tellement important pour moi, ce papier et ce crayon ! J’allais enfin pouvoir écrire !

Écrire…

Je suis enfermé entre ces quatre murs sans fenêtre depuis dix jours, peut-être davantage. Je ne sais plus au juste. Je n’ai aucun repère. Est-on lundi ? Est-on jeudi ? Est-on dimanche ? Est-on le matin ou le soir ? Je me demande même si l’on est en été ou en hiver ! Il n’y a pas la moindre lucarne, pas le moindre interstice dans ce réduit sinistre ! Je ne vois rien de ce qui se passe à l’extérieur de ma prison, ni la lumière du jour, ni la pluie, ni le vent, ni le piaillement des oiseaux, ni le vrombissement des voitures. Rien ! Alors, j’ai perdu la notion du temps. Je ne sais même plus où je suis… Dans ma ville ? Dans mon pays ? Sur un autre continent ? Sur une autre planète ? Dans un autre univers ? Je suis dans un trou noir…

Je suis emprisonné. Devant moi, il y a un mur, une paroi de béton sans la moindre ouverture. Derrière moi, il y a un autre mur. A ma droite, encore un mur. A ma gauche, un mur avec une porte toujours hermétiquement fermée. Quatre murs gris qui délimitent mon espace. Quatre murs qui m’emprisonnent… A mes pieds, un sol en béton. Au-dessus de ma tête, un plafond en béton, où pendouille une ampoule électrique… Quatre murs, un sol et un plafond, cela fait autant de frontières infranchissables. Six limites : à gauche, à droite, devant, derrière, en haut et en bas. Quelle que soit la direction vers laquelle je me tourne, je suis arrêté. Je suis prisonnier à l’intérieur d’un volume à six faces. Une sorte de cube diabolique ! Je suis enfermé dans un cube scellé de toutes parts, d’où je ne peux pas sortir.

Face à mes yeux, je n’ai que quatre murs gris… Rien d’autre… Si, au moins, ils avaient accroché un tableau quelque part… La peinture d’un paysage de Provence par exemple, l’une de ces toiles que l’on achète dans une boutique de souvenirs, aux Baux ou à Ramatuelle. Je pourrais y plonger mon regard, m’évader vers le ciel bleu, humer le parfum des champs de lavande, courir à perdre haleine dans la garrigue gorgée de soleil… Je n’ai même pas droit à l’espoir !