Le Jardinier d’amour - Rabîndranâth Tagore - E-Book

Le Jardinier d’amour E-Book

Rabindranath Tagore

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Beschreibung

Poète, le soir approche ; tes cheveux grisonnent. Entends-tu pendant tes rêveries solitaires le message de l’au-delà ?
C’est le soir, dit le poète, j’écoute : quelqu’un peut appeler du village, malgré l’heure tardive.
Je veille : Deux amoureux se cherchent. Leur cœur les guidera-t-il sûrement ? — Les cœurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie d’amour qui rompe le silence et qui parle pour eux.
Qui tissera la trame de leurs chants passionnés si je reste assis sur la plage de la vie à contempler la mort et l’au-delà ?
Extrait.

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Le Jardinier d’amour

Suivi de La Jeune Lune

Rabîndranâth Tagore

Traduction parHenriette Mirabaud-Thorens

Table des matières

I. Le Jardinier d’amour

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Chapitre 42

Chapitre 43

Chapitre 44

Chapitre 45

Chapitre 46

Chapitre 47

Chapitre 48

Chapitre 49

Chapitre 50

Chapitre 51

Chapitre 52

Chapitre 53

Chapitre 54

Chapitre 55

Chapitre 56

Chapitre 57

Chapitre 58

Chapitre 59

Chapitre 60

Chapitre 61

Chapitre 62

Chapitre 63

Chapitre 64

Chapitre 65

Chapitre 66

Chapitre 67

Chapitre 68

Chapitre 69

Chapitre 70

Chapitre 71

Chapitre 72

Chapitre 73

Chapitre 74

Chapitre 75

Chapitre 76

Chapitre 77

Chapitre 78

Chapitre 79

Chapitre 80

Chapitre 81

Chapitre 82

Chapitre 83

Chapitre 84

Chapitre 85

II. La Jeune Lune

1. L’origine

2. La source

3. Les caprices de bébé

4. L’invisible cortège

5. La voleuse de sommeil

6. Le monde de bébé

7. Quand et pourquoi

8. Diffamation

9. Le juge

10. Joujoux

11. L’astronome

12. Nuages et vagues

13. La fleur de champa

14. Le pays des fées

15. Le pays de l’exil

16. Le foyer

17. Jour de pluie

18. Les bateaux de papier

19. Le marin

20. L’autre rive

21. L’école des fleurs

22. Le marchand

23. Sympathie

24. Vocation

25. Supérieur

26. Le petit grand homme

27. Midi

28. Le métier d’auteur

29. Le méchant facteur

30. Le héros

31. La fin

32. Le rappel

33. Les premiers jasmins

34. Le banyan

35. Bénédiction

36. Le don

37. Mon chant

38. L’ange-enfant

39. Le dernier contrat

40. Sur le rivage

Couverture

Copyright © 2019 Philaubooks, pour ce livre numérique, à l’exclusion du contenu appartenant au domaine public ou placé sous licence libre.

ISBN : 979-10-372-0090-7

Partie I

Le Jardinier d’amour

Traduction par Henriette Mirabaud-Thorens

1

LE SERVITEUR

Oh ! Reine aie pitié de ton serviteur.

LA REINE

L’assemblée est terminée et tous mes serviteurs sont partis. Pourquoi viens-tu à cette heure tardive ?

LE SERVITEUR

Mon heure vient quand celle des autres est passée. Dis-moi quel travail reste à faire pour le dernier de tes serviteurs.

LA REINE

Qu’espères-tu puisqu’il est trop tard ?

LE SERVITEUR

Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.

LA REINE

Quelle est cette folie ?

LE SERVITEUR

Je renoncerai à tout autre travail, je jetterai dans la poussière mes lances et mes épées. Ne m’envoie pas dans des cours lointaines. Ne me demande plus de nouvelles conquêtes : Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.

LA REINE

Quel sera ton service ?

LE SERVITEUR

Celui de tes loisirs. Je garderai fraîche l’herbe du sentier où tu marches au matin et où, à chacun de tes pas, les fleurs avides de mourir, bénissent le pied qui les foule.

Je te balancerai parmi les branches du septaparna tandis que la lune, tôt levée dans le soir, s’efforcera à travers les feuillées de baiser ta robe.

Je remplirai d’huile odorante la lampe qui brûle près de ton lit et, de merveilleux décors de santal et de pâte de safran, je décorerai ton tabouret.

LA REINE

Qu’auras-tu pour ta récompense ?

LE SERVITEUR

La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons pareils à de tendres boutons de lotus, et de passer autour de tes bras des chaînes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pétales de l’Ashoka et d’y cueillir, dans un baiser, le grain de poussière qui par mégarde pourrait s’y être égaré.

LA REINE

Mon serviteur, tes prières sont exaucées. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.

2

Poète, le soir approche ; tes cheveux grisonnent.

Entends-tu pendant tes rêveries solitaires le message de l’au-delà ?

C’est le soir, dit le poète, j’écoute : quelqu’un peut appeler du village, malgré l’heure tardive.

Je veille : Deux amoureux se cherchent. Leur cœur les guidera-t-il sûrement ? — Les cœurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie d’amour qui rompe le silence et qui parle pour eux.

Qui tissera la trame de leurs chants passionnés si je reste assis sur la plage de la vie à contempler la mort et l’au-delà ?

La première étoile du soir disparaît.

L’éclat d’un bûcher funéraire meurt lentement auprès de la rivière silencieuse.

De la cour de la maison déserte, et à la lumière d’une lune pâlie, on entend les chacals hurler en chœur.

Si quelque voyageur, errant loin de sa demeure, vient ici contempler la nuit et écouter, tête penchée, le chant des ténèbres, qui sera là pour lui chuchoter les secrets de la vie, si, fermant ma porte, je m’affranchis de toute obligation mortelle ?

Qu’importe que mes cheveux grisonnent.

Je suis toujours aussi jeune ou aussi vieux que le plus jeune et le plus vieux du village.

Les uns ont un sourire simple et doux, d’autres l’œil brillant de malice.

Ceux-ci ont des pleurs qui sourdent à la lumière du jour, ceux-là des larmes qui se cachent dans les ténèbres.

Tous ils ont besoin de moi, je n’ai pas le temps de méditer sur la vie à venir.

Je suis de l’âge de tous ; qu’importe si mes cheveux grisonnent ?

3

Au matin, je jetai mon filet dans la mer.

J’arrachai du sombre abîme d’étranges merveilles : les unes brillaient comme un sourire, d’autres scintillaient comme des larmes et d’autres étaient rougissantes comme les joues d’une jeune épousée.

Quand, chargé de mon précieux fardeau, je revins à la maison, ma bien-aimée était assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pétales d’une fleur.

J’hésitai un instant, puis je plaçai à ses pieds tout ce que j’avais arraché à la mer et je restai là silencieux.

Elle y jeta un regard et dit : Quelles sont ces choses étranges ? À quoi peuvent-elles servir ?

De honte, je baissai la tête et je pensai : Je n’ai pas lutté pour obtenir ceci ; rien de tout cela n’a été acheté sur le marché ; ce ne sont pas des présents faits pour elle.

Alors, durant toute la nuit, je jetai ces trésors dans la rue.

Au matin, des voyageurs vinrent ; ils les ramassèrent et les emportèrent dans des pays lointains.

4

Hélas ! Pourquoi ont-ils bâti ma maison au bord de la route qui mène à la cité ?

Ils amarrent leurs bateaux tout chargés, près de mes arbres.

Ils vont et viennent et errent à leur guise.

Je m’assieds et je les surveille ; mes heures se consument.

Je ne puis les chasser. Et ainsi passent mes jours.

Nuit et jour leurs pas résonnent à ma porte.

En vain je leur crie : « Je ne vous connais pas. »

Je touche les uns, je sens l’odeur des autres ; j’ai ceux-ci dans le sang de mes veines et ceux-là hantent mes rêves.

Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Que ceux qui le voudront, viennent dans ma maison. Oui, qu’ils viennent. »

Au matin, la cloche sonne dans le temple.

Ils viennent avec des paniers dans leurs mains.

Leurs pieds sont rougis. La première lueur de l’aube éclaire leur visage.

Les chasser je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Venez dans mon jardin pour y cueillir des fleurs. Venez. »

À midi le gong résonne à la grille du palais.

Je ne sais pourquoi ils quittent leur travail et s’attardent près de ma haie.

Les fleurs dans leurs cheveux sont pâles et fanées ; les notes de leurs flûtes sont languissantes.

Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dit : « L’ombre est fraîche sous mes arbres. Venez, amis. »

La nuit les grillons chantent dans les bois.

Qui vient lentement vers ma porte, y frapper doucement ?

Je vois vaguement le visage… Aucun mot n’est prononcé.

Le silence du ciel est partout alentour.

Chasser mon hôte silencieux, je ne le puis ;

Je regarde son visage dans la nuit et des heures de rêve passent.

5

Je ne puis trouver le repos.

J’ai soif d’infini.

Mon âme languissante aspire aux inconnus lointains.

Grand Au-Delà, Ô le poignant appel de ta flûte !

J’oublie, j’oublie toujours que je n’ai pas d’ailes pour voler, que je suis éternellement attaché à la terre.

Mon âme est ardente et le sommeil me fuit ; je suis un étranger dans un pays étrange !

Tu murmures à mon oreille un espoir impossible.

Mon cœur connaît ta voix comme si c’était la sienne.

Grand Inconnu, Ô le poignant appel de ta flûte !

J’oublie, j’oublie toujours que je ne sais pas le chemin, que je n’ai pas le cheval ailé.

Je ne puis trouver la quiétude ; je suis étranger à mon propre cœur.

Dans la brume ensoleillée des heures langoureuses, quelle immense vision de Toi apparaît sur le bleu du ciel !

Grand Inconnaissable, Ô le poignant appel de ta flûte !

J’oublie, j’oublie toujours que partout les grilles sont fermées dans la maison où je demeure solitaire !

6

L’oiseau apprivoisé était dans une cage ; l’oiseau sauvage était dans la forêt.

Le sort les fit se rencontrer. L’oiseau sauvage crie : Oh ! mon amour, volons vers le bois.

L’oiseau apprivoisé murmure : Viens ici, vivons ensemble dans la cage.

Parmi ces barreaux, où y aurait-il place pour étendre mes ailes ? dit le libre oiseau. Hélas ! s’écrie le prisonnier, je ne saurais où me poser dans le ciel.

Mon bien-aimé, viens chanter les chants des forêts. — Reste près de moi. Je t’enseignerai une musique savante.

L’oiseau des forêts réplique : Non, non ! Les chants jamais ne se peuvent enseigner.

L’oiseau en cage dit : Hélas ! Je ne sais pas les chants des forêts.

Ils ont soif d’amour, mais jamais ils ne peuvent voler aile à aile.

À travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est leur désir de se connaître.

Ils battent des ailes et chantent : Viens plus près mon amour !

Le libre ailé s’écrie : Je ne puis, je crains les portes fermées de ta cage.

Hélas ! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes.