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Poète, le soir approche ; tes cheveux grisonnent. Entends-tu pendant tes rêveries solitaires le message de l’au-delà ?
C’est le soir, dit le poète, j’écoute : quelqu’un peut appeler du village, malgré l’heure tardive.
Je veille : Deux amoureux se cherchent. Leur cœur les guidera-t-il sûrement ? — Les cœurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie d’amour qui rompe le silence et qui parle pour eux.
Qui tissera la trame de leurs chants passionnés si je reste assis sur la plage de la vie à contempler la mort et l’au-delà ?
Extrait.
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I. Le Jardinier d’amour
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81
Chapitre 82
Chapitre 83
Chapitre 84
Chapitre 85
II. La Jeune Lune
1. L’origine
2. La source
3. Les caprices de bébé
4. L’invisible cortège
5. La voleuse de sommeil
6. Le monde de bébé
7. Quand et pourquoi
8. Diffamation
9. Le juge
10. Joujoux
11. L’astronome
12. Nuages et vagues
13. La fleur de champa
14. Le pays des fées
15. Le pays de l’exil
16. Le foyer
17. Jour de pluie
18. Les bateaux de papier
19. Le marin
20. L’autre rive
21. L’école des fleurs
22. Le marchand
23. Sympathie
24. Vocation
25. Supérieur
26. Le petit grand homme
27. Midi
28. Le métier d’auteur
29. Le méchant facteur
30. Le héros
31. La fin
32. Le rappel
33. Les premiers jasmins
34. Le banyan
35. Bénédiction
36. Le don
37. Mon chant
38. L’ange-enfant
39. Le dernier contrat
40. Sur le rivage
Couverture
Copyright © 2019 Philaubooks, pour ce livre numérique, à l’exclusion du contenu appartenant au domaine public ou placé sous licence libre.
ISBN : 979-10-372-0090-7
LE SERVITEUR
Oh ! Reine aie pitié de ton serviteur.
LA REINE
L’assemblée est terminée et tous mes serviteurs sont partis. Pourquoi viens-tu à cette heure tardive ?
LE SERVITEUR
Mon heure vient quand celle des autres est passée. Dis-moi quel travail reste à faire pour le dernier de tes serviteurs.
LA REINE
Qu’espères-tu puisqu’il est trop tard ?
LE SERVITEUR
Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.
LA REINE
Quelle est cette folie ?
LE SERVITEUR
Je renoncerai à tout autre travail, je jetterai dans la poussière mes lances et mes épées. Ne m’envoie pas dans des cours lointaines. Ne me demande plus de nouvelles conquêtes : Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.
LA REINE
Quel sera ton service ?
LE SERVITEUR
Celui de tes loisirs. Je garderai fraîche l’herbe du sentier où tu marches au matin et où, à chacun de tes pas, les fleurs avides de mourir, bénissent le pied qui les foule.
Je te balancerai parmi les branches du septaparna tandis que la lune, tôt levée dans le soir, s’efforcera à travers les feuillées de baiser ta robe.
Je remplirai d’huile odorante la lampe qui brûle près de ton lit et, de merveilleux décors de santal et de pâte de safran, je décorerai ton tabouret.
LA REINE
Qu’auras-tu pour ta récompense ?
LE SERVITEUR
La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons pareils à de tendres boutons de lotus, et de passer autour de tes bras des chaînes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des pétales de l’Ashoka et d’y cueillir, dans un baiser, le grain de poussière qui par mégarde pourrait s’y être égaré.
LA REINE
Mon serviteur, tes prières sont exaucées. Tu seras le jardinier de mon jardin de fleurs.
Poète, le soir approche ; tes cheveux grisonnent.
Entends-tu pendant tes rêveries solitaires le message de l’au-delà ?
C’est le soir, dit le poète, j’écoute : quelqu’un peut appeler du village, malgré l’heure tardive.
Je veille : Deux amoureux se cherchent. Leur cœur les guidera-t-il sûrement ? — Les cœurs errants de deux jeunes amants se rencontreront-ils ; leurs yeux ardents, mendient une harmonie d’amour qui rompe le silence et qui parle pour eux.
Qui tissera la trame de leurs chants passionnés si je reste assis sur la plage de la vie à contempler la mort et l’au-delà ?
La première étoile du soir disparaît.
L’éclat d’un bûcher funéraire meurt lentement auprès de la rivière silencieuse.
De la cour de la maison déserte, et à la lumière d’une lune pâlie, on entend les chacals hurler en chœur.
Si quelque voyageur, errant loin de sa demeure, vient ici contempler la nuit et écouter, tête penchée, le chant des ténèbres, qui sera là pour lui chuchoter les secrets de la vie, si, fermant ma porte, je m’affranchis de toute obligation mortelle ?
Qu’importe que mes cheveux grisonnent.
Je suis toujours aussi jeune ou aussi vieux que le plus jeune et le plus vieux du village.
Les uns ont un sourire simple et doux, d’autres l’œil brillant de malice.
Ceux-ci ont des pleurs qui sourdent à la lumière du jour, ceux-là des larmes qui se cachent dans les ténèbres.
Tous ils ont besoin de moi, je n’ai pas le temps de méditer sur la vie à venir.
Je suis de l’âge de tous ; qu’importe si mes cheveux grisonnent ?
Au matin, je jetai mon filet dans la mer.
J’arrachai du sombre abîme d’étranges merveilles : les unes brillaient comme un sourire, d’autres scintillaient comme des larmes et d’autres étaient rougissantes comme les joues d’une jeune épousée.
Quand, chargé de mon précieux fardeau, je revins à la maison, ma bien-aimée était assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pétales d’une fleur.
J’hésitai un instant, puis je plaçai à ses pieds tout ce que j’avais arraché à la mer et je restai là silencieux.
Elle y jeta un regard et dit : Quelles sont ces choses étranges ? À quoi peuvent-elles servir ?
De honte, je baissai la tête et je pensai : Je n’ai pas lutté pour obtenir ceci ; rien de tout cela n’a été acheté sur le marché ; ce ne sont pas des présents faits pour elle.
Alors, durant toute la nuit, je jetai ces trésors dans la rue.
Au matin, des voyageurs vinrent ; ils les ramassèrent et les emportèrent dans des pays lointains.
Hélas ! Pourquoi ont-ils bâti ma maison au bord de la route qui mène à la cité ?
Ils amarrent leurs bateaux tout chargés, près de mes arbres.
Ils vont et viennent et errent à leur guise.
Je m’assieds et je les surveille ; mes heures se consument.
Je ne puis les chasser. Et ainsi passent mes jours.
Nuit et jour leurs pas résonnent à ma porte.
En vain je leur crie : « Je ne vous connais pas. »
Je touche les uns, je sens l’odeur des autres ; j’ai ceux-ci dans le sang de mes veines et ceux-là hantent mes rêves.
Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Que ceux qui le voudront, viennent dans ma maison. Oui, qu’ils viennent. »
Au matin, la cloche sonne dans le temple.
Ils viennent avec des paniers dans leurs mains.
Leurs pieds sont rougis. La première lueur de l’aube éclaire leur visage.
Les chasser je ne puis ; je les appelle et je leur dis : « Venez dans mon jardin pour y cueillir des fleurs. Venez. »
À midi le gong résonne à la grille du palais.
Je ne sais pourquoi ils quittent leur travail et s’attardent près de ma haie.
Les fleurs dans leurs cheveux sont pâles et fanées ; les notes de leurs flûtes sont languissantes.
Les chasser, je ne puis ; je les appelle et je leur dit : « L’ombre est fraîche sous mes arbres. Venez, amis. »
La nuit les grillons chantent dans les bois.
Qui vient lentement vers ma porte, y frapper doucement ?
Je vois vaguement le visage… Aucun mot n’est prononcé.
Le silence du ciel est partout alentour.
Chasser mon hôte silencieux, je ne le puis ;
Je regarde son visage dans la nuit et des heures de rêve passent.
Je ne puis trouver le repos.
J’ai soif d’infini.
Mon âme languissante aspire aux inconnus lointains.
Grand Au-Delà, Ô le poignant appel de ta flûte !
J’oublie, j’oublie toujours que je n’ai pas d’ailes pour voler, que je suis éternellement attaché à la terre.
Mon âme est ardente et le sommeil me fuit ; je suis un étranger dans un pays étrange !
Tu murmures à mon oreille un espoir impossible.
Mon cœur connaît ta voix comme si c’était la sienne.
Grand Inconnu, Ô le poignant appel de ta flûte !
J’oublie, j’oublie toujours que je ne sais pas le chemin, que je n’ai pas le cheval ailé.
Je ne puis trouver la quiétude ; je suis étranger à mon propre cœur.
Dans la brume ensoleillée des heures langoureuses, quelle immense vision de Toi apparaît sur le bleu du ciel !
Grand Inconnaissable, Ô le poignant appel de ta flûte !
J’oublie, j’oublie toujours que partout les grilles sont fermées dans la maison où je demeure solitaire !
L’oiseau apprivoisé était dans une cage ; l’oiseau sauvage était dans la forêt.
Le sort les fit se rencontrer. L’oiseau sauvage crie : Oh ! mon amour, volons vers le bois.
L’oiseau apprivoisé murmure : Viens ici, vivons ensemble dans la cage.
Parmi ces barreaux, où y aurait-il place pour étendre mes ailes ? dit le libre oiseau. Hélas ! s’écrie le prisonnier, je ne saurais où me poser dans le ciel.
Mon bien-aimé, viens chanter les chants des forêts. — Reste près de moi. Je t’enseignerai une musique savante.
L’oiseau des forêts réplique : Non, non ! Les chants jamais ne se peuvent enseigner.
L’oiseau en cage dit : Hélas ! Je ne sais pas les chants des forêts.
Ils ont soif d’amour, mais jamais ils ne peuvent voler aile à aile.
À travers les barreaux de la cage ils se regardent, et vain est leur désir de se connaître.
Ils battent des ailes et chantent : Viens plus près mon amour !
Le libre ailé s’écrie : Je ne puis, je crains les portes fermées de ta cage.
Hélas ! dit le captif, mes ailes sont impuissantes et mortes.