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Après avoir été brutalement démis de ses fonctions par le ministre des Armées, le Général Dumas choisit de préserver les apparences en affichant un style de vie luxueux, mystifiant ainsi son entourage. Mais au lendemain de la cérémonie marquant ses 40 ans de service militaire, la réalité se fait plus sombre. Un jugement inattendu vient cependant bouleverser cet équilibre fragile, lui offrant une occasion inespérée de renouer avec la grandeur, cette fois sous un jour nouveau et plus lucide. Aura-t-il la force de saisir cette chance pour réinventer sa destinée, ou se laissera-t-il piéger par les ombres de son passé ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jacques Banyankindagiye, chercheur, écrivain, chef de troupe, acteur et comédien, envisage le théâtre comme un guide fondamental pour les jeunes en quête d’identité au sein d’une société en perpétuelle transformation. Il y voit également un moyen d’apporter aux adultes, souvent tiraillés entre droits et devoirs, une précieuse clarté, tout en préservant la sagesse culturelle héritée de nos ancêtres.
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Seitenzahl: 35
Veröffentlichungsjahr: 2025
Jacques Banyankindagiye
Le jugement des farceurs
Théâtre
© Lys Bleu Éditions – Jacques Banyankindagiye
ISBN : 979-10-422-5259-5
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À mes parents :
Régine Nsekerabandya, ma mère
Gabriel Ntirumveko, mon père
Qui m’ont légué
leur gentillesse
leur générosité
envers tout le monde.
Le jugement des farceurs est une pièce qui s’inscrit, de façon très assumée, dans une tradition théâtrale multiséculaire, à la fois populaire et littéraire : celle de la farce. On y retrouvera tous les ingrédients qui font la saveur de ce genre comique à l’exceptionnelle longévité : escroqueries, manipulations, mensonges, querelles de ménage, adultères – et même tentative de coups de bâton ! Tout cela dans un salon où s’agite un quatuor de personnages rapidement silhouettés, dont l’onomastique est aussi signifiante que ludique : les femmes ont le nom de Rose et de Soleil, et le cabaretier celui de Salis, comme le célèbre Rodolphe qui fonda le Chat Noir à la fin du XIXe siècle à Paris. Les quatre scènes qui forment la pièce obéissent au schématisme propre au genre ; la vivacité des échanges et le dynamisme des affrontements entre les personnages tiennent à l’enchaînement rapide des séquences et à l’épure de la fable.
Car la farce est le genre de la brutalité entre les êtres, dans leur course à la vie, ou à la survie. C’est le combat sans merci entre le principe de réalité – qu’incarne, dès la première scène, l’économe Mme Rose, l’épouse du Général dégradé et ruiné – et le principe de plaisir, auquel ce dernier s’accroche obstinément, prétendant pouvoir « célébrer la vie sans rien dépenser ». Il est vrai que, dans le genre de la farce, on voudrait pouvoir boire du champagne à gogo et consommer des femmes – ou des hommes, car dans ce monde patriarcal, Mme Rose cède volontiers, elle aussi, aux plaisirs de l’adultère –, sans avoir à en payer le prix, qu’il soit financier ou moral. Pourtant, la farce ne dure qu’un temps : comme dans le carnaval médiéval européen, dont elle est issue, il s’agit de revenir à l’ordre, en d’autres termes de finir par accepter de réprimer ses pulsions.
Mais un Général, fut-il dégradé, est-il capable d’un retour à l’ordre ? Depuis le génial Ubu roi de Jarry, version farcesque des tragédies shakespeariennes qui campait l’amoralisme radical d’un général d’armée, nombre de dramaturges de la farce au XXe siècle ont mis en scène des chefs militaires corrompus, mus par leur seule quête de jouissance – et inspirés, hélas, d’hommes politiques bien réels. De ce point de vue, Jacques Banyankindagiye s’inscrit aussi dans une filiation moderne, celle du réinvestissement politique du genre, qui va de l’Arturo Ui de Brecht à Baabou Roi de Soyinka, en passant par Léviathan Coccyx de Magnin, La Chute de Srbljanovic ou Têtes farçues de Durif. Dans Le jugement des farceurs, ce n’est pas seulement le Général qui est « dégradé », mais toute la question du politique, fût-elle présentée à travers le prisme du couple et du voisinage. Dans ce petit monde, le vivre-ensemble, profondément marqué par le sceau de la brutalité, fait signe du côté de l’histoire de l’Afrique contemporaine.