Le Livre de la Liberté chrétienne - Martin Luther - E-Book

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Martin Luther

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Beschreibung

Martin Luther, pionnier de la réforme, est l’auteur des textes fondateurs de la crise religieuse du XVIe siècle, schisme qui verra la naissance des premières Églises protestantes en Europe. Ses ouvrages sont d’une portée idéologique inestimable touchant à la fois le domaine religieux et politique. Ils constituent une critique virulente des pratiques de l’Église catholique, en particulier la vente des indulgences, contraire selon lui aux enseignements bibliques. Ses positions novatrices, révolutionnaires, contre le pape Léon X, le conduisirent à son excommunication. Pourtant, ses idées réformatrices se répandirent très vite en Europe où elles rencontrèrent de plus en plus de partisans, notamment grâce à l’essor de l’imprimerie. Ainsi Luther, en faisant preuve d’une volonté indomptable et en s’opposant au pape, a soutenu la liberté chrétienne et avec elle la liberté d’un monde nouveau.
 
Le Livre de la Liberté chrétienne est suivi du texte Les 95 thèses, et d’un article de François-Auguste Mignet sur Luther à la Diète de Worms qui illustre bien la détermination infaillible de ce grand homme.

EXTRAITS : « Voilà comment le chrétien est un homme libre et maître de toutes choses ; et c’est par la foi seule qu’il parvient à cette gloire. Qui pense arriver par ses oeuvres à cette liberté et à cette puissance perd d’un seul coup et sa foi et ses oeuvres. Il en est de lui comme du chien de la fable, qui, portant une proie dans sa gueule, se laisse tromper par l’ombre même de cette proie que l’onde lui reflète, lâche ce qu’il tient, et voit s’évanouir en même temps la réalité qu’il possède et l’image qui l’a séduit. »
« Que la vie chrétienne est donc belle et glorieuse ! Qui peut en comprendre la beauté et la richesse ! elle possède toutes choses et ne souffre jamais d’indigence ; elle est plus forte que le péché, la mort et l’enfer ; mais en même temps elle est tout entière au service des autres, pleine de bonté et de sollicitude. »
« Il faut enseigner aux chrétiens que celui qui voyant son prochain dans l’indigence, le délaisse pour acheter des indulgences, ne s’achète pas l’indulgence du Pape mais l’indignation de Dieu. »

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Le Livre de la Liberté chrétienne

suivi de Les 95 thèses

Martin Luther

Alicia Editions

Table des matières

LA LIBERTÉ CHRÉTIENNE

LES 95 THÈSES

LUTHER À LA DIÈTE DE WORMS

LA LIBERTÉ CHRÉTIENNE

Les hommes qui n’ont aucune expérience de la foi chrétienne et qui n’en ont jamais senti la puissance, en font une chose bien extérieure. Ils la rangent au nombre des vertus ordinaires. Comment en parler convenablement, comment comprendre même ceux qui en ont parlé, si dans l’étreinte de l’épreuve et des tribulations, on n’a pas éprouvé ce qu’elle vaut ? Quiconque, au contraire, en a goûté la vertu, ne saurait se lasser d’en parler, d’en écrire, d’y penser sans cesse. Elle est cette source d’eau vive dont parle Jésus-Christ, qui jaillit jusqu’à la vie éternelle.

Je connais trop bien la pauvreté de ma foi pour m’en glorifier jamais ; néanmoins, aux prises avec des tentations aussi grandes que variées, j’espère avoir puisé assez aux sources vivantes pour pouvoir en parler, non avec plus d’élégance, mais d’une manière plus solide peut-être que ne l’ont fait jusqu’ici tant de discoureurs superficiels qui n’ont pas même compris les choses dont ils dissertent. Afin d’en faciliter l’accès aux hommes d’un esprit simple, auxquels seuls je m’adresse ici, je poserai tout d’abord les deux propositions suivantes touchant la liberté et la servitude spirituelle :

Le chrétien est un homme libre, maître de toutes choses ; il n’est soumis à personne.

Le chrétien est un serviteur plein d’obéissance, il se soumet à tous.

Ces deux propositions contradictoires de liberté et d’assujettissement sont de saint Paul lui-même, qui s’exprime en ces termes : « Bien que je sois libre à l’égard de tous, je me suis assujetti à tous1. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer. »

— L’amour, en effet, ne cherche qu’à servir et à se soumettre à l’objet aimé. C’est ainsi que Jésus-Christ, bien qu’étant Seigneur et maître de toutes les créatures est né d’une femme et s’est placé sous la loi, ensemble libre et esclave, en forme de Dieu et en forme de serviteur. Rappelons-nous ici la double nature de l’homme : Par son âme il est spirituel ; il est l’homme intérieur, la créature nouvelle. Par son corps il est charnel ; ils est l’homme extérieur, la créature ancienne.

« Si l’homme extérieur se détruit, dit saint Paul2 l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ».

C’est à cause de cette double nature que l’Écriture parle contradictoirement de lui, comme si deux hommes divers se combattaient dans la même personne. « La chair a des désirs contraires à ceux de l’esprit, et l’esprit en a de contraires à ceux de la chair 3»

Parlons d’abord de l’homme intérieur ; voyons de quelle manière le chrétien devient spirituel, juste et libre. Il est évident que les choses extérieures ne sauraient créer en lui la justice et la liberté, pas plus qu’elles n’ont la puissance de le rendre injuste ou esclave. Que gagne l’âme, en effet, à ce que le corps soit libre et dispos, à ce qu’il mange et qu’il boive, à ce qu’il assouvisse tous ses désirs ? Les impies, qui jouissent de ces choses, ne sont-ils pas les esclaves de toutes leurs passions ? Que perd-elle, au contraire, à ce que le corps soit esclave, à ce qu’il souffre de la soif ou de la faim, à ce qu’il endure toutes les privations ? Les justes ne souffrent-ils pas toutes ces misères ? Et pourtant, dans leur conscience, ils se sentent les plus libres des hommes. Ni la liberté, ni la servitude de l’âme ne dépendent donc de ces choses sensibles.

Se revêtir d’habits sacrés, à la façon des prêtres, vivre dans les temples, se mêler aux saintes cérémonies, prier, jeûner, s’abstenir de certains mets : toutes ces oeuvres en un mot dont le corps est capable n’ont aucune vertu, puisque les méchants les accomplissent et que les hypocrites les imitent. Il faut autre chose pour rendre une âme libre et sainte.

Qu’importe, par contre, que vous soyez revêtus d’habits profanes, qu’on vous voie en des lieux non consacrés, que vous mangiez et buviez, que vos lèvres ne prononcent point de prières, que vous laissez toutes ces oeuvres que font si bien les hypocrites ? Ce n’est pas de cela que souffre l’âme.

Je dirai plus encore : l’étude, la méditation ; toutes les spéculations de l’esprit, n’ont pas plus de vertu. L’âme ne trouve sa vie, sa liberté et sa justice, que dans la sainte Parole de Dieu, dans l’Évangile de Christ.

« Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi ne mourra point. » — «  Si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres4 » — « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu5. »

Tenons donc pour certain que l’âme peut se passer de toutes ces choses, excepté de la Parole de Dieu, sans laquelle tout est inutile. Avec cette Parole vous êtes riche, et rien ne vous manque ; car elle est la vie, la vérité, la lumière, la paix, la justice, le salut, la gloire et la félicité sans mesure. Voilà pourquoi David, dans ses Psaumes (et particulièrement dans le 119e), invoque la Parole de Dieu et soupire après elle avec tant d’ardeur.

Nous voyons dans le livre du prophète Amos que lorsque Dieu veut donner aux hommes un signe éclatant de sa colère, il retire sa Parole. Il la leur laisse, au contraire, quand il veut leur donner une marque de sa grâce. «  Il a envoyé sa parole ; il les a guéris et les a retirés de leurs angoisses6. »

Christ lui-même n’est venu dans le monde que pour apporter cette Parole, et c’est aussi pour cette fin unique qu’a été institué le ministères des apôtres, des évêques et des prêtres !

Si vous demandez : Quelle est donc, entre tant de paroles, cette Parole de Dieu, et comment arrivons-nous jusqu’à elle ? l’apôtre saint Paul nous répond dans son Épître aux Romains : « C’est l’Évangile de Dieu touchant son Fils qui s’est fait chair, qui a souffert, qui est ressuscité et qui est glorifié par la puissance de l’Esprit7. » C’est la justification, la délivrance et le salut de l’âme qui croit à cette prédication. — « Si tu confesses de ta bouche que Jésus est le Seigneur, et si tu crois du coeur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé8. » — « Christ est la fin de la loi pour justifier tous ceux qui croient9. » — « Le juste vivra de sa foi. » Si l’âme ne parvient à la vie et à la justice que par la Parole de Dieu, il est clair qu’elle ne saurait être justifiée que par la foi seule et non par les oeuvres. Si une oeuvre pouvait la rendre juste devant Dieu, à quoi servirait donc sa Parole !

Bien plus : La foi ne souffre pas le concours des oeuvres. Qui présume être justifié en même temps par la foi et par les oeuvres, cloche des deux pieds, comme les adorateurs du Baal. Du jour, au contraire, où tu commences à croire, tu reconnais que tout ce qui est en toi n’est que misère et péché.

« Tous ont péché, dit saint Paul, et sont privés de la gloire de Dieu10. — Il n’est pas un seul juste, pas un qui fasse le bien. Tous les hommes se sont détournés de Dieu et sont tombés dans la vanité. »

Tu comprends alors que Christ t’est nécessaire, que c’est en croyant à celui qui a souffert et qui est ressuscité pour toi, que tu deviens un homme nouveau, que tous tes péchés te sont remis et que c’est par ses seuls mérites que tu es justifié devant Dieu.

Puisque cette foi, qui seule justifie, ne peut naître que dans les profondeurs de l’âme, il est manifeste que les oeuvres extérieures, quelles qu’elles soient, n’ont pas la puissance d’affranchir et de sauver, car elles ne pénètrent pas dans le centre de la vie. Ce n’est point non plus le péché extérieur, l’action visible, qui rend l’âme coupable, l’asservit et la condamne, mais bien l’impiété et l’incrédulité du coeur. Que les chrétiens, renonçant à s’appuyer sur des oeuvres sans efficacité, s’appliquent avant tout à croître dans la foi, et, par elle, dans la connaissance non de leurs mérites, mais de Jésus-Christ, qui a souffert et qui est ressuscité pour eux ! Les Juifs demandent un jour à Notre Seigneur Jésus-Christ : Que ferons-nous pour accomplir les oeuvres de Dieu11 ? Celui-ci leur répond : C’est ici l’oeuvre de Dieu que vous croyiez à celui qu’il a envoyé.

La foi en Christ est un incomparable trésor ; elle porte avec soi la délivrance, elle sauve de tous les maux. « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé, mais celui qui ne croira point, sera condamné12. » Ésaïe en a eu la prophétique intuition quand il s’écriait :

« Dieu enverra sur la terre sa parole qui est un feu consumant, et cette parole remplira la terre de justice13. » En effet, la foi qui est la plénitude et l’accomplissement de la loi, remplit le coeur des croyants d’une telle justice que ceux-ci n’ont plus besoin d’autre chose.

« C’est du coeur que l’on croit, dit saint Paul, pour arriver à la justice14. »

Si c’est la seule foi qui sauve, qui justifie, qui donne une telle abondance de biens, pourquoi, dira-t-on, l’Écriture Sainte nous prescrit-elle un si grand nombre d’oeuvres, de cérémonies et de lois ?