Le mensonge de groupe - Georges Palante - E-Book

Le mensonge de groupe E-Book

Georges Palante

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  • Herausgeber: EHS
  • Kategorie: Bildung
  • Sprache: Französisch
Beschreibung

Aristote a défini l’homme un animal politique ; on pourrait avec autant de vérité le définir un animal menteur. Le mensonge semble l’atmosphère naturelle de la vie sociale. L’être social ment à autrui et se ment à lui-même. Il ment par égoïsme individuel et par égoïsme collectif ; il ment comme unité et comme groupe. Le mensonge que nous voulons étudier ici est le mensonge de groupe. Nous entendons par là un mensonge commun à tout un groupe social (caste, secte, classe, etc.), un mensonge concerté en vue d’un intérêt collectif et érigé en dogme obligatoire pour les membres du groupe.
Pour ne point paraître disserter dans le vide, nous énumérerons quelques exemples de mensonges collectifs...

Ce livre traite du mensonge et de l'impunité de groupe.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Georges Palante (1862-1925) est un philosophe et sociologue français, influencé par Nietzsche et critique du grégarisme. Défenseur d’un individualisme aristocratique, il s’oppose au holisme de Durkheim et aux dérives autoritaires du socialisme. Professeur de philosophie, il publie de nombreux essais, dont "Combat pour l’individu" (1904). Atteint d’acromégalie, il se suicide en 1925. Sa pensée a influencé des intellectuels comme Louis Guilloux et Michel Onfray, qui a contribué à sa redécouverte.

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Seitenzahl: 37

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Le mensonge de groupe

Le mensonge de groupe

suivi de

L’impunité de groupe

Le mensonge de groupe

Aristote a défini l’homme un animal politique ; on pourrait avec autant de vérité le définir un animal menteur. Le mensonge semble l’atmosphère naturelle de la vie sociale. L’être social ment à autrui et se ment à lui-même. Il ment par égoïsme individuel et par égoïsme collectif ; il ment comme unité et comme groupe. Le mensonge que nous voulons étudier ici est le mensonge de groupe. Nous entendons par là un mensonge commun à tout un groupe social (caste, secte, classe, etc.), un mensonge concerté en vue d’un intérêt collectif et érigé en dogme obligatoire pour les membres du groupe.

Pour ne point paraître disserter dans le vide, nous énumérerons quelques exemples de mensonges collectifs.

L’un d’eux est le mensonge optimiste, si bien décrit par Schopenhauer. Toute société a besoin, dans l’intérêt de sa conservation, d’entretenir chez ses membres une certaine dose d’optimisme très propre à les inciter à agir et à déployer le maximum d’effort utile. Il importe que le jeune homme débutant dans la vie soit persuadé que ce monde lui offre la promesse d’un bonheur qui n’échappe qu’aux maladroits et aux faibles. Comme le jeune homme ne se range jamais dans cette catégorie, il s’élancera vers l’action avec la présomptueuse confiance dont la société aime à le voir animé. « La difficulté de se pénétrer de la vérité sur le monde, dit Schopenhauer, est encore augmentée par cette hypocrisie du monde dont je viens de parler et rien ne serait utile comme de la dévoiler de bonne heure à la jeunesse… La parade sociale et les magnificences dont elle s’entoure sont pour la plupart de pures apparences, comme des décors de théâtre, et l’essence de la chose manque… Ainsi des vaisseaux pavoisés, des coups de canon, des illuminations, des timbales et des trompettes, des cris d’allégresse, etc., tout cela est l’enseigne, l’indication, l’hiéroglyphe de la joie ; mais le plus souvent la joie n’y est pas ; elle seule s’est excusée de venir à la fête. » — Schopenhauer appelle philistin l’homme qui se laisse duper par ces apparences et qui prend au sérieux la parade sociale. « Je voudrais définir les philistins en disant que ce sont des gens constamment occupés et le plus sérieusement du monde d’une réalité qui n’en est pas une. » Ajoutons que le philistin est très attaché aux illusions dont on l’a nourri. S’il rencontre quelque philosophe ou quelque romancier qui, par une vision plus aiguë de la réalité, met à jour la faiblesse de son plat optimisme, il s’en écarte avec horreur, semblable à ce philosophe écossais dont parle Taine et qui recula épouvanté, quand il vit que sa famille elle-même allait disparaître dans le gouffre du nihilisme de David Hume.

Un autre mensonge collectif également étudié par Schopenhauer est le respect qu’on affiche pour les décisions de l’opinion publique, à tel point que celui qui ne partage pas cette vénération est regardé comme un esprit mal fait. La raison en est claire. Le groupe social a intérêt à ce que ses membres ne jugent point les choses par eux-mêmes, mais s’en rapportent au tribunal de l’opinion, qui ne peut manquer de juger d’après les conventions admises. C’est ce qui fait que tant de gens placent, comme le dit Schopenhauer, « leur bonheur et l’intérêt de leur vie entière dans la tête d’autrui. » On se rappelle qu’Ibsen en a également fait justice dans sa pièce Un ennemi du peuple, de ce culte fétichiste de la « majorité compacte ».

Voici un autre mensonge de groupe qui joue également un rôle important dans la tactique sociale.

La société n’a aucun intérêt à permettre aux individualités supérieures par leur intelligence et leur pénétration de se faire une place prépondérante qui découragerait la médiocrité. Elle a intérêt au contraire à favoriser la médiocrité que le manque d’esprit critique rend inoffensive et qui ne court pas le risque de diminuer le prestige des conventions établies. « La soi-disant bonne société, dit Schopenhauer, apprécie les mérites de toute espèce, sauf les mérites intellectuels. Ceux-ci y sont même de la contrebande. Elle impose le devoir de témoigner une patience sans bornes pour toute sottise, pour toute folie, pour toute absurdité. Les mérites personnels au contraire sont tenus de mendier leur pardon et de se cacher : car la supériorité intellectuelle, sans aucun concours de la volonté, blesse par sa seule existence. »