Le message de l'autre monde - Nathalie Antien - E-Book

Le message de l'autre monde E-Book

Nathalie Antien

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Beschreibung

Une jeune adolescente aventurière et intrépide se met à braver les dangers, défiant l'inconnu. Elle est alors confrontée à des situations improbables où les livres renferment des secrets et libèrent des personnages singuliers. Le jour où elle trouve le collier Africain et le mystérieux médaillon, tout se bouscule... A lire dès 8 ans

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Seitenzahl: 107

Veröffentlichungsjahr: 2025

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A ma famille,

« Je n’ai rien contre l’éternité mais pour ma part, je crains de m’y ennuyer à mourir. »

Pascal Garnier

Un jour, c’était une nuit

Assise debout sur mon lit

Je lisais un livre fermé

A la lueur d’une chandelle éteinte.

Soudain, j’entends un bruit.

Je monte à la cave

Je descends au grenier,

Et par le trou de la serrure bouchée,

J’aperçois un Noir tout blanc,

Qui déterrait les morts,

Pour les manger vivants.

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

HOLY DARWIN

Chapitre 3

Chapitre 4

Céleste

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 1

— Sympa ton histoire ! reconnait Sandra tout en se balançant dans le vieux rocking-chair. Tu en as d’autres des comme çà ?

Holy hausse les épaules en guise de réponse. A vrai dire, elle n’a guère envie de parler ni de s’amuser aujourd’hui. Le temps est maussade et il ne se passe vraiment rien d’amusant. Pour un mercredi raté, on peut dire que s’en est un !

Bien sûr c’est sans compter sur cette histoire à dormir debout qu’elle vient de découvrir en relisant les vieux carnets de sa grand-mère. Mamie Céleste adorait les histoires étranges tant et si bien qu’elle les gribouillait partout, sur des bouts de papier, dans de petits carnets minuscules qu’elle enfouissait ensuite au fond de ses poches. Elle ne semblait jamais vouloir s’en séparer, comme s’ils faisaient partie d’elle-même. Une mamie vraiment énigmatique en somme. A présent, elle avait quitté ce monde, emportant avec elle tous ses trésors.

— Elle a toujours voulu devenir écrivain !

Du même coup, Holy sursaute. Elle vient d’exprimer tout-haut ses pensées et Sandra la considère avec étonnement. Sa camarade continue de se balancer doucement tout en sirotant un verre de limonade.

— C’est faux ! Elle voulait être coiffeuse ! Et puis, elle est finalement devenue couturière.

La mère d’Holy vient de faire irruption sur la terrasse. Elle porte un jean et un pull blanc en coton. Ses cheveux bruns sont relevés et lui dégagent parfaitement la nuque. Elle parait tellement jeune. Sandra soupire profondément. Sa mère est morte quand elle avait cinq ans. Elle vit chez la dernière personne qui lui reste de sa famille : son grand-père paternel. C’est un vieux bonhomme grincheux qui n’a jamais de temps pour elle. C’est à peine s’il voit qu’elle existe. Heureusement, elle a de bons amis, notamment Holy, avec qui elle passe beaucoup de temps.

— Maman ! C’est pas qu’on ne veuille pas de toi, mais tu vois, on discute entre filles là ! Ce ne sont pas des trucs d’adulte !

— Ok ! J’ai compris ! Je suis de trop ici ! De toute façon, j’allais partir. Ton père doit arriver par le train de 14h30. Je veux y être en avance. On a toujours de la peine à trouve une place à cette heure.

— Quoi ? Papa rentre déjà ? s’étonne Holy.

— Cache ta joie, surtout ! Mais ne t’en fais pas. On a quelques courses à faire. On ne rentrera sûrement pas de bonne heure. Alors profitez-en les filles ! Mais pas d’imprudence surtout ! Je compte sur toi Holy !

Elle lance un bref clin d’œil à sa fille puis disparaît derrière la baie vitrée. Les deux amies se regardent sans rien dire. Une brise légère s’est levée et vient chatouiller le menton d’Holy.

— Rentrons à l’intérieur ! Ce sera plus sympa. propose-t-elle à son amie.

A peine dans le salon, elles entendent la porte d’entrée qui claque.

— C’est maman ! Elle vient de partir. A nous la belle vie ! déclare Holy avec malice.

Sandra s’écroule mollement sur le canapé et attrape la télécommande. Avant même qu’Holy ait pu dire quoi que ce soit, elle se met à zapper sur les chaines. Ses doigts se crispent sur les touches. Elle ressemble à un automate ridicule. Holy sourit. On se demande quel est l’objet télécommandé dans l’histoire.

— C’est une mauvaise idée ! On va trouver quelque chose de mieux ! annonce Holy en lui arrachant la télécommande des mains. Je crois que je viens d’avoir une super idée.

— J’espère qu’elle est géniale ton idée ! grogne Sandra.

A contre cœur, elle se lève et rejoint son amie qui grimpe déjà les escaliers quatre à quatre. La maison est une énorme bâtisse. Les pièces y sont toutes plus grandes les unes que les autres. La cuisine pourrait contenir une trentaine de personnes au moins et la salle à manger, un banquet de mariage. L’entrée est spacieuse, agrémentée de l’éternelle pendule et de son tic-tac interminable.

Le guéridon à trois pieds paraît s’ennuyer dans un coin. L’imposant escalier se déroule jusqu’en bas, gracieux et massif tout à la fois. Sandra emboîte les pas de sa camarade et se retrouve à l’étage en un éclair.

— C’est toujours aussi grandiose chez toi ! s’écrie-t-elle.

Holy ne l’écoute pas. Elle a déjà poussé la porte de sa chambre, au fond du couloir.

— Alors, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

— T’inquiète ! J’arrive Holy.

Dans la chambre règne une ambiance feutrée. Holy tire les rideaux et allume les lampes de chevet éparpillées aux quatre coins.

— Chic, on va danser ? demande Sandra.

Les yeux d’Holy lancent des éclairs.

— Tu rigoles ou quoi ? Est-ce que j’ai l’air d’avoir envie de danser ?

Sandra baisse les yeux. Dommage. Elle aime bien danser.

— Alors ? C’est quoi ton idée ?

— On va discuter avec nos ancêtres ! annonce Holy avec fierté.

Sandra écarquille les yeux de stupeur.

— Tu plaisantes ?

— Pas du tout !

— Mais on n’est pas des indiens ! renchérit Sandra.

— Qui te parle d’indien ? On va juste organiser une séance de spiritisme.

Sandra se lève prestement et s’apprête à sortir de la chambre. Les séances de spiritisme, ce n’est pas son truc. Et puis, elle n’a aucune envie de converser avec ses ancêtres. Elle en a un à la maison qui n’est même pas fichu de discuter avec elle dans le monde des vivants. Elle ne va pas aller en dénicher dans le monde des morts par-dessus le marché !

— Je déteste le spiritisme ! Et je n’aime pas discuter avec les ancêtres, proteste-t-elle.

— Arrête ! Tu me fais penser à Annie.

— Annie ?

— Une amie. Elle a déménagé l’an dernier. Son père a été muté. Elle avait toujours peur de tout. Enfin, presque tout. Il faut dire qu’on a été gâté en aventure.

— Je ne suis pas Annie. Seulement, je n’aime pas tout ce qui touche aux histoires de fantômes. Ça me fiche la trouille. Je n’y peux rien. C’est comme ça !

— Ok. On va faire un truc. On laisse les rideaux ouverts et tu es libre de t’en aller si ça devient trop difficile. Marché conclu ?

Sandra esquisse une moue dubitative. Elle se mord la lèvre inférieure avant de répondre.

— T’es grave têtue, toi alors !

Elle éclate de rire et tape vigoureusement dans la main que lui tend son amie.

— Attends-moi là ! Je vais chercher le guéridon de l’entrée. Pour faire ces trucs-là, on dit qu’il faut un guéridon à trois pieds. En attendant, cherche les bougies. Il y en a dans le placard du couloir. Il doit y avoir un chandelier sur la commode dans la chambre de mes parents. Je reviens. J’en ai pour une minute.

Holy disparaît aussitôt et Sandra se retrouve seule dans la chambre. Elle soupire.

Si telle est ma destinée, alors cherchons les bougies ! pense-t-elle.

Une fois dans le couloir, elle ouvre le placard. Une multitude d’objets y sont entassés pêle-mêle.

A croire que sa mère n’est pas la fée du logis ! Bon, trêve de plaisanterie, où peuvent donc se cacher ces fichues bougies ?

La jeune fille fouille les étagères des yeux sans succès. Pas la moindre trace de bougies. Sandra est plutôt grande mais elle a beau se hisser sur la pointe des pieds, elle ne parvient pas à voir ce qui se trouve sur l’étagère supérieure.

— Si tu n’y arrives pas, monte dans une chaise ! Hurle Holy depuis le rez-de-chaussée.

Sandra s’exécute. Une fois juchée sur la chaise, elle n’est guère plus avancée. Il n’y a pas la moindre bougie là-dedans. Au fond du placard, quelque chose attire son regard. On dirait un pendentif. Sandra s’en saisit non sans difficulté car l’objet lui glisse une première fois entre les doigts. C’est un collier de pierres de couleur, orné de plumes et de perles.

On dirait un grigri Africain, pense-t-elle.

Machinalement, elle glisse le collier dans sa poche dans l’intention de le montrer à son amie un peu plus tard. Maintenant, elle peut voir les bougies, posées juste devant. Comment n’a-t-elle pas pu les voir avant ? A croire qu’elles viennent juste d’apparaître subitement.

— C’est bon, j’ai les bougies ! crie-t-elle à l’intention d’Holy.

Sandra descend de la chaise, la boîte de bougies à la main. Elle s’apprête à ouvrir la porte de la chambre des parents d’Holy quand elle sent quelque chose bouger dans sa poche. Instinctivement, elle tâte sa poche de pantalon. Le collier s’y trouve toujours. Pourtant, la sensation que quelque chose remue n’a pas totalement disparu. Il y a comme un léger frémissement au fond de sa poche, comme si un insecte volant y était prisonnier.

Sandra secoue sa poche plusieurs fois et tente d’y enfouir la main. A son plus grand étonnement, la poche est vide. Le collier a disparu.

Je l’ai sans doute perdu en sautant de la chaise tout à l’heure. Pense-t-elle.

Dans la chambre, le chandelier trône au beau milieu de la commode, comme lui avait indiqué Holy. Oubliant l’affaire troublante du collier, elle se saisit du chandelier et ressort de la pièce en prenant soin de refermer la porte derrière elle. Holy l’attend sur le palier avec le guéridon.

— Et bien ! Il t’en a fallu du temps ! Allez ! Suis-moi ! On a déjà assez perdu de temps.

Les deux adolescentes retournent dans la chambre d’Holy. Sandra ne pense même plus au fameux collier. Elle commence à angoisser à propos de la séance qui l’attend.

— Tu es vraiment sûre de vouloir aller jusqu’au bout ? Demande-t-elle inquiète.

Holy ne prend même pas la peine de répondre et installe le chandelier au centre du guéridon. Ensuite, elle prend soin de disposer deux petits tabourets autour. Comme promis, elle laisse les rideaux légèrement entrouverts si bien qu’une lumière douce filtre par l’interstice. Ce geste ne rassure pas sa copine pour autant. D’ailleurs, elle s’emploie depuis quelques minutes à grignoter son pouce gauche et s’apprête à entamer le droit. Holy la prive de ce plaisir en lui intimant de prendre place sur l’un des tabourets. Les lèvres pincées, Sandra s’assoit, docile et anxieuse, maudissant le jour où Holy est devenue son amie.

— Mais pourquoi est-ce que je te fais confiance ? Dis le moi ?

— Parce qu’on est bonnes amies, voilà tout ! rétorque Holy sans autre forme de procès.

— Mouais ! soupire Sandra.

— Que la séance commence ! proclame solennellement Holy.

Les deux filles viennent de fêter leurs quatorze ans. Holy ne fait pas son âge tant elle est de petite taille. Elle n’a guère grandi depuis que sa camarade Annie a déménagé. Les blagues fusent toujours à son égard. Haute comme trois pommes par-ci, minus par-là. Elle finit par s’y habituer mais cela lui déclenche toujours ce petit pincement désagréable au cœur et la rend mélancolique. Sandra n’a pas ce genre de complexe. Elle est grande et élancée. Son visage est bien dessiné, ses yeux sont grands et clairs. Ceux d’Holy sont sombres et malicieux. Son petit nez retroussé lui donne un charme coquin que les garçons semblent apprécier, ajouté à la splendeur de sa longue chevelure. Contrairement à Holy, Sandra a les cheveux blonds, et ça lui va bien.

Holy sait qu’elle n’a rien à envier à sa camarade mais elle aurait tant voulu être dotée de jambes aussi longues que les siennes. Les deux amies sont maintenant assises autour du guéridon et Holy fait signe de poser les mains à plat sur la petite table. Sandra obéit.

L’air est tiède dans la chambre. Il n’y a pas un bruit. Leurs auriculaires se rejoignent. Holy entend les dents de Sandra qui grincent. Celleci se prête au jeu sans grande conviction. Son estomac est noué, cela ne fait aucun doute. Ses yeux bleus pétillent dans la pénombre. La lumière semble soudain difficilement filtrer entre les rideaux entrouverts. Sandra frissonne. Elle sent un courant d’air glacial le long de son dos.

— Ce n’est rien. Il y a souvent des courants d’air dans ma chambre, la rassure Holy.

Le flux glacé se propage et glisse peu à peu jusqu’à ses doigts. Il lui semble que des pics à glace lui martèlent les phalanges. Soudain, l’effet inverse se produit. Le courant devient chaud et une vague de douce chaleur l’envahit. Ses doigts ondulent au gré de cette force invisible et limpide.

— Mes doigts me brûlent, Holy ! C’est très désagréable.

Holy lui répond par un sourire.

— Ils me brûlent vraiment, gémit-elle.

— Je crois que tu es médium ce soir ! ajoute simplement sa camarade.

— Médium ? répète Sandra avec effroi.

— Chut ! Attends !