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Alors que l'intrépide Holy passe ses vacances au Cambodge, elle fait la connaissance de Tola, un adolescent qui y vit. Alors que le crépuscule descend sur la cité d'Angkor, ils rencontrent un vieux mage qui les conduit dans les couloirs du temps. Une aventure incroyable commence alors... A lire dès 8 ans
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Seitenzahl: 106
Veröffentlichungsjahr: 2025
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A Tan Lai, mon ami cambodgien,
« Au commencement des temps, les mots et la magie étaient une seule et même chose »
Sigmund Freud
La cité perdue
La terrasse des éléphants
Belladone
Mandragore
Le pouvoir des Dieux
Voyage dans le temps
La clé
Le grand singe blanc
Le grand Chaman
Le Seigneur des Mouches
Les pouvoirs du crapaud
L’élu
Descente aux enfers
Le Grand Conseil
Epilogue
— Holy ! Viens ! Suis-moi s’il te plait ! s’écrie Tola.
Le jeune garçon dégringole la pente vertigineuse sans se soucier du flot de visiteurs qui monte à contre-sens et gravit péniblement la colline de Backheng. Il ne pense qu’à une seule chose : rejoindre sa mère qui l’attend aux abords du temple.
Holy le suit péniblement. Elle est d’ordinaire très intrépide mais n’a guère l‘habitude d’escalader les temples de pierre. Elle est arrivée à Siem Reap, au Cambodge, il y a déjà une semaine. Ses parents voulaient visiter la cité d’Angkor. C’est le rêve de sa mère depuis très longtemps.
Depuis peu, Holy s’est fait un ami. Elle ne peut pas le voir autant qu’elle le souhaiterait car la cité d’Angkor est un site protégé. On ne peut y entrer que si on est accompagné d’un cambodgien. Aujourd’hui, il se trouve que ses parents ont souhaité venir arpenter les lieux. Holy est ravie. Elle retrouve Tola. Il habite dans un petit village, non loin de la colline. Il vient souvent par ici. Chaque jour, il tente de trouver du travail. Il est prêt à rendre n’importe quel service pour obtenir, en échange, quelques dollars des touristes.
En levant les yeux, Holy aperçoit les éléphants et leur cornac qui redescendent la colline par le petit chemin. C’est sans doute le dernier tour de la journée. Ils viennent de déposer leurs derniers clients au pied des marches du temple afin que ceux-ci puissent admirer le coucher de soleil sur le temple d’Angkor Vat.
Holy peut distinguer dans le lointain les cinq tours du temple bouddhiste dont le sommet commence à rougeoyer sous le soleil couchant.
Holy regarde quelques secondes son ami Tola qui continue sa course. Holy court derrière et lorsqu’elle veut regarder à nouveau le paysage, le temple montagne a disparu subitement derrière les arbres. C’est comme si la forêt l’engloutissait, pareille à un monstre affamé.
Holy décide de se concentrer davantage. Si elle se tord le pied, elle peut dire adieu à l’aventure. Elle prend toutes les précautions nécessaires pour ne pas poser le pied entre les pierres. Tola lui a expliqué que des serpents venimeux s’y cachent très souvent.
Tola court devant elle. Impossible de le rattraper. On dirait qu’il vole au-dessus des pierres. Il vit au milieu des temples depuis qu’il sait marcher. Son père lui a appris le courage et la persévérance. Il lui a aussi appris à parler le français. Holy le remercie intérieurement. Sans cela, elle n’aurait jamais pu établir le contact. Tola parle le Khmer. Sa langue est réellement trop difficile. Holy comprend quelques mots mais c’est tout.
— Attends-moi, s’il te plait ! Tu vas trop vite ! lance-t-elle à l’intention de son ami.
Tola fait mine de ralentir. Il se retourne et la regarde, un petit sourire au coin des lèvres.
— Tu vas y arriver ! On y est presque !
Comme lui, de jeunes bonzes dévalent la pente avec une grande agilité.
Incroyable ! pense Holy.
Les moines portent de simples tongs usées. Même avec de bonnes chaussures aux pieds, Holy s’en sort moins bien qu’eux.
Tu n’es vraiment pas douée, ma grande ! se dit-elle.
Les bonzes viennent de déposer leurs offrandes au sommet de la tour centrale. Ils ont fait brûler quelques bâtons d’encens et s’en retournent à la pagode car il ne va pas tarder à faire nuit.
— Mman ! Je suis là. Mais où est passé Sihapon ?
Sihapon est le frère de Tola. Holy sourit. Elle ne sait pas ce que c’est d’avoir un frère, ou même une sœur. Elle est fille unique. Par moment, c’est plutôt agréable mais parfois, elle se sent seule et quelque chose lui manque.
— Sûrement avec ta sœur, répond sa mère.
La mère de Tola est une femme d’une quarantaine d’années, les cheveux d’un noir de jet, le visage buriné par le soleil impitoyable. On dirait que sa peau est brûlée par endroit. Holy l’observe et ne peut s’empêcher de l’admirer. Certes, sa jeunesse s’est vite envolée mais il émane de cette femme une force extraordinaire.
Tola lui a raconté que la vie ne lui avait pas fait de cadeau. Son mari est mort il y a trois ans de la fièvre hémorragique comme ils l’appellent ici. Elle s’est retrouvée seule avec ses cinq enfants. Tola est l’aîné. Il vient d’avoir 14 ans. C’est un garçon aux cheveux d’ébène, de taille plutôt moyenne et mince. Il porte presque toujours un pantalon beige auquel il fait un revers pour éviter qu’il ne prenne trop la poussière. Sa chemise est de la même couleur même si elle est décolorée par le soleil. Sa plus jeune sœur a trois ans. Sa mère travaille toute la journée dans les rizières et vend des tissus ou des paniers sur les lieux touristiques.
— Je ne les ai pas vus là-haut pourtant ! Je vais aller voir un peu plus loin, dit le jeune garçon à sa mère.
— Je viens avec toi ! annonce Holy.
— Il va bientôt faire nuit ! Tu devrais rentrer ! rétorque Tola.
— Tu crois ? réplique Holy en faisant un clin d’œil à son ami.
Holy a d’autres projets dans la tête. Elle n’a pas envie de rentrer déjà. D’ailleurs, ses parents ont l’habitude de ses escapades. Ce n’est pas la première fois qu’elle disparait…
— Je viens ! ajoute-t-elle fermement.
— Alors d’accord. Mais dépêchons-nous. Il fait déjà très sombre.
Holy a appris qu’au Cambodge, surtout dans les provinces rurales, les jeunes enfants prennent l’habitude de vendre toute sorte d’objets comme des flûtes en bois, des petites sculptures sans grande valeur ou encore des cartes postales. Ils finissent toujours par tomber sur un touriste sympa…Et là, ils ne le lâchent plus jusqu’à ce que l’autre s’épuise. Les enfants ont de la ressource.
— Tola ! s’écrie sa mère. Vas-y avec Sohana ! Je ne peux pas la garder avec moi pour le moment.
Holy regarde Tola en souriant. Il fait aussi office de papa quand sa mère travaille.
Le jeune garçon s’accroupit pour que sa petite sœur puisse monter sur son dos. Holy se dit que c’est le moyen de transport idéal pour la petite fille de trois ans. Sohana s’agrippe au cou de son grand frère tandis que Tola lui tient ses jambes afin qu’elle ne bascule pas.
Holy observe Tola. Certes, il est petit mais la jeune fille n’a pas beaucoup grandi elle non plus depuis ses 13 ans. On lui dit toujours qu’elle est haute comme trois pommes, à son plus grand désespoir.
Holy se rend compte à quel point le jeune garçon s’inquiète pour sa mère lorsqu’il se retourne, comme pour vérifier qu’elle n’a pas disparu tout d’un coup. La silhouette frêle continue de s’agiter pour attirer les regards et réussir à vendre ses babioles.
Quand je serai plus grand, j’irai à l’école. pense Tola . Je gagnerai de l’argent.
Le jeune garçon s’adresse alors à Holy.
— J’achèterai une vraie maison à ma mère plus tard ! s’exclame-t-il avec fierté.
Holy l’observe. Les larmes lui viennent et voilent sa vision.
— J’en ai assez qu’elle travaille comme ça !
Il y a de la colère dans sa voix. Holy se sent presque honteuse. Ses parents ont une maison, une très belle demeure d’ailleurs. Elle a une chambre pour elle toute seule alors que Tola dort avec ses frères et sœurs. Elle se dit qu’elle pourrait accueillir des dizaines de familles comme celle de Tola dans cette maison.
Le jeune garçon marche déjà à vive allure, en dépit de sa charge. Holy lui emboîte le pas.
— Pas question de trainer ! Il va faire nuit ! déclare-t-il.
Dans la forêt, une fois la nuit venue, il n’existe aucun éclairage pour se repérer.
Sauf les soirs de peine lune…
Le jeune garçon trouve son fardeau un peu lourd mais il ne ralentit pas pour autant. Il pense à sa mère qui l’attend et il est bien décidé à ne pas s’apitoyer sur son sort.
Holy et Tola marchent longtemps à travers la forêt puis s’engagent sur une route de campagne, croisant ici et là des habitants des villages voisins qui rentrent chez eux. Ils sont tassés comme des sardines dans les camions de marchandises que l’on appelle « taxis » par ici.
Aux alentours, la forêt revêt des allures de jungle. Les arbres s’enchevêtrent comme des serpents et ne laisse que peu de place à la lumière déclinante.
Des insectes incroyablement bruyants rappellent à Holy le cri des cigales. Ici, la nature est souveraine.
Holy aperçoit quelques touristes qui quittent la cité d’Angkor, assis à califourchon sur une mobylette conduite par un jeune de Siem Reap qui loue ses services. D’ici, il est impossible de rentrer en ville à pied.
La chaleur est encore à peine supportable. Holy sent ses vêtements lui coller à la peau. Elle a très soif. Après la saison des pluies de mai à octobre, l’atmosphère devient plus sèche mais non moins chaude. Holy a sa petite bouteille d’eau. Son ami a récupéré une bouteille et l’a rempli avec de l’eau des rizières. De toute façon, il n’a pas les moyens de s’offrir de l’eau minérale.
Holy voit bientôt le temple du Bayon se profiler à l’horizon. Tola lui a raconté l’histoire de ce temple. C’est prodigieux.
Des tours sculptées en forme de visages.
Bayon. Les tours aux deux cent cinquante visages. Tola lui a raconté que les visages représentent le grand roi Jayavarman VII, bâtisseur de ce temple. Les visages de pierre émergent de la forêt comme par magie.
En dépit du fait qu’il lui soit familier, le temple suscite chez Tola un intérêt tout particulier. Holy ressent une émotion rare alors que le jeune garçon s’approche des tours visages. Il lui semble que là plus qu’ailleurs, les pierres s’animent.
Les « visages sourire », comme on les surnomme fréquemment, semblent veiller avec quiétude et sollicitude sur les enfants qui gravissent leurs marches.
Holy se souvient de ses aventures incroyables avec Annie et Sandra. Même si elles ont fait des rencontres peu ordinaires au fil de leurs aventures, rien n’est comparable à ce qu’elle vit aujourd’hui.
La cité d’Angkor est tout simplement magique. Les âmes des ancêtres survolent les lieux et les habitent à tel point qu’Holy ressent leurs émotions. A un moment donné, la jeune fille a le sentiment que quelque chose la frôle. Une main la touche comme pour la rassurer. Holy frissonne. Elle regarde son ami Tola qui, à cet instant précis, presse sa petite sœur contre lui comme pour s’assurer qu’elle aussi demeure sous la protection des tours visages. Holy sourit. Le grand roi veille encore sur son peuple.
Tola fait descendre sa petite sœur Sohana quelques instants pour se soulager du poids. La petite fille n’est pas vraiment lourde mais Tola n’est pas du genre costaud non plus. La chaleur est accablante et le jeune garçon doit ménager ses forces. Holy le sait. Une seule chose compte à ses yeux : retrouver son frère.
La cité d’Angkor referme ses griffes mystérieuses sur les trois enfants et les ombres commencent à se mouvoir et les encerclent peu à peu. Les insectes incroyablement bruyants qu’Holy compare à des cigales se sont tus. Un silence pesant et effrayant s’installe et envahit la forêt tropicale. La chaleur est toujours présente, lourde et moite. Holy a la sensation que son t-shirt fait partie de son corps tellement il lui colle à la peau. Tola vient de s’arrêter de marcher.
Quelque chose a bougé…
Les éléphants…
— Les éléphants ! s’écrie Tola.
Tous les sens d’Holy sont en alerte. Quoi ? Des éléphants ? Où ça ? Holy ne comprend rien. Son mai vient de hurler. La nuit est pratiquement tombée. Holy n’est pas habituée à cette lumière et distingue à peine ce qui l’entoure. Tola et sa petite sœur semblent tellement calmes. Pourtant, Holy entend son ami qui hurle.
— Les éléphants !
Holy écarquille les yeux de stupeurs. Des éléphants de toutes les couleurs déambulent devant eux, parés d’habits aux couleurs chatoyantes. Ils marchent comme des dieux. Même les fourmis et les sauterelles font la révérence à leur passage.
C’est impossible ! pense Holy.