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Holy est une jeune adolescente de 13 ans. Un soir, alors qu'elle se retrouve seule chez elle, son monde bascule soudainement. Les objets s'évanouissent, les murs se déforment et des silhouettes inquiétantes surgissent. De l'autre côté du miroir, un univers mystérieux l'attend. Que lui arrive-t-il? Une seule certitude demeure: ce n'est pas un jeu. Celui qui se perd de l'autre côté n'a aucune chance de revenir.
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Seitenzahl: 140
Veröffentlichungsjahr: 2025
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« Quoique vous rêviez, sachez que ce n’est qu’un rêve. Pourtant, puisqu’il existe une infinité d’univers parallèles, tout ce dont vous rêvez doit être réel quelque part dans le multivers. Et si c’est réel, peu importe où, alors ce n’est plus un rêve. »
Franco Santoro
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Epilogue
Minuit vient de sonner à la vieille pendule poussiéreuse qui orne l'entrée austère de la grande maison. Holy y habite. A ses yeux, elle ressemble davantage à un vaste labyrinthe plutôt qu'à un foyer où on se sent bien. Il faut dire qu'Holy est toute petite. "Pas plus haute que trois pommes" disent les adultes de son entourage. Mais Holy s'en moque éperdument. Elle se sent grande. D'ailleurs, elle vient d'avoir 13 ans. Au diable les réflexions des autres. Elle s'en fiche. Ils sont méchants, voilà tout. Et elle n'a que faire de tous ces bavardages inutiles. Elle vit bien toute seule. Les amis, elle les compte à peine sur les doigts de la main. Il y a Annie, bien sûr, sa " meilleure amie", qui, à la première occasion, lui casse du sucre sur le dos. Elles se confient parfois des sensations, des sentiments profonds mais quand elle y réfléchit, Holy ne se dévoile que rarement. Peut-être ne lui faitelle pas suffisamment confiance ou n'a-t-elle pas vraiment envie de partager ses problèmes avec elle. Holy contemple la pendule. Le balancier oscille lourdement de gauche à droite et la maison s'emplit d'un bruit étrange. Même certaines vitres se mettent à trembler. Elle entend la vitrine de la salle à manger qui vibre, faisant tinter les bibelots en porcelaine de chine préférés de sa mère. Déjà minuit! Pourquoi ne rentrent-ils pas? Il doit se passer quelque chose. Les parents sont sortis depuis trop longtemps déjà, pense-t-elle. Elle n'est pas vraiment inquiète mais ils n'ont guère l’habitude de rentrer si tard.
La sonnerie du téléphone la surprend tellement qu'elle fait un bond en arrière de telle sorte que son coude heurte le guéridon situé à gauche de l'horloge. Il bascule dans un fracas épouvantable. Holy hésite quelques secondes. Faut-il le ramasser? Et puis tant pis, maman sera sûrement en colère. Elle se rue sur le téléphone qui se trouve dans la cuisine, non loin de l'entrée principale. C'est déjà la quatrième sonnerie et la maison parait grincer d'agacement sous ces hurlements stridents.
— Allo, qui est à l'appareil ?
— C'est nous, chérie. Tout va bien.
Un petit sourire au coin des lèvres, Holy s'empresse de répondre.
— Pas de problème pour moi non plus.
Ses parents vont bien. Tant mieux. Un souci de moins à gérer dans sa tête d’adolescente.
— On ne rentrera pas ce soir. Les Maurins nous invitent à rester. La soirée devrait se prolonger tard dans la nuit. Nous dormirons sur place.
— Tu n'auras pas peur toute seule? Fermes bien toutes les portes surtout.
— A demain, ne t'inquiète pas.
Avec un sursaut d'affection, elle ajouta.
— Je vous aime tous les deux.
— Nous aussi, chérie.
Sa mère raccroche presque aussitôt. Lentement Holy remet le combiné en place. Elle tend l'oreille. Il n'y a que le silence. Les coups retentissants de l'horloge se sont tus.
Holy ne perçoit plus que le tic-tac incessant. Elle va jusqu'à la fenêtre comme pour s'assurer que rien d'anormal ne se passe dehors. Les arbres oscillent doucement. Leurs branches grises ressemblent à des bras désarticulés dans la nuit noire. On dirait qu'ils tentent d'attraper quelque chose entre leurs griffes. Soudain, elle frissonne. Il ne fait pourtant pas froid dans la pièce. C'est sans doute la mieux chauffée de la maison. Elle sent un courant d'air lui frôler la joue, puis entend un petit bruit qui semble venir de l'étage. Et puis plus rien. Sans doute le plancher qui craque. Il n'y a pas de quoi s'affoler. Elle décide d'aller vérifier les portes et les fenêtres de la demeure. Il y en a plus d'une vingtaine, si ses souvenirs sont bons. Après un tour d'inspection rapide mais méticuleux, elle pousse un soupir, comme si elle voulait se persuader que tout va bien.
Elle se dirige vers l'escalier qui conduit à l'étage. Il est grand temps de se coucher sinon la journée du lendemain risque d'être plutôt difficile. Les marches glissent sous chacun de ses pas. Elles semblent tellement lisses. Il est vrai que sa mère les nettoie scrupuleusement. Avant d'arriver au premier étage, elle passe devant le grand miroir baroque orné de sculptures grossières représentant des anges ou je ne sais quoi y ressemblant. C'est alors que le même courant d'air glacial lui souffle sur la joue, puis lui enveloppe la nuque. Machinalement, Holy se retourne. Elle a bien cru voir une ombre à peine perceptible se profiler devant la glace poussiéreuse. Son regard va de droite à gauche, sans percevoir quoi que ce soit. Elle se retourne à nouveau.
Tout est calme. On entend le feuillage des arbres qui s'agite au dehors, le tic-tac de l'horloge mais rien d'inhabituel. Rien n'est venu déranger le calme de la nuit. Et pourtant…
Elle a cette étrange sensation que quelqu'un la surveille. Son regard se porte à nouveau sur le miroir. Elle plisse légèrement les yeux mais n'y perçoit que son image. Il faudra que maman pense à l'épousseter un de ces quatre! pense-t-elle. Elle hausse les épaules, soupire et continue son ascension jusqu'à sa chambre. Celle-ci se trouve au fond du couloir. On ne peut la manquer. C'est la seule porte colorée de la maison. Le couloir est sombre et dénudé mais le jaune vif de la porte enflamme l'endroit comme une torche vive et lui redonne vie. Elle a tellement insisté pour qu'on lui peigne sa chambre et qu'on la personnalise. Elle ne supportait plus ces grands murs fades où même la lumière du jour n'osait plus se refléter. Bien sûr, ce fut l'occasion de mesquineries à son égard. "Tu as vu, elle fait des caprices de bourgeoise." "Faut dire qu'elle est jeune" disaient les autres. Holy s'était bouchée les oreilles, les avait ignorés d'autant que maintenant, elle avait son univers à elle. Dès à présent, Holy ouvre la porte, tourne l'interrupteur et la lumière jaillit. La luminosité provient de trois ou quatre petites lampes, disposées çà et là au beau milieu des livres, des poupées de collection et d'objets en tout genre.
Holy fait partie de ces jeunes conservatrices qui ne jettent rien, au grand désarroi de ses parents. Elle respire à fond. Elle aime l'odeur qui se dégage de cette pièce. Il y fait bon rêver, il y fait bon dormir. Holy apprécie sa quiétude. Elle ferme doucement la porte derrière elle, après avoir pris soin d'éteindre les lumières du rez-de-chaussée et de l'escalier. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Elle n'entend plus le vent, elle n'entend plus l'horloge. Elle ne perçoit que le silence, pesant, envahissant, presque insupportable ...
Voilà qu'elle s'allonge et s'endort presque aussitôt, d'un sommeil lourd qui lui donne la sensation que son corps s'enfonce au creux du matelas. Elle frissonne comme si la fièvre l'enveloppait. A peine a-t-elle eu le temps de savourer cet instant qu'un bruit assourdissant se fait entendre dans la maison et la réveille en sursaut. Machinalement, elle jette un coup d'oeil à son réveil. Il est 1h30 du matin. Elle n'a guère eu de sommeil. Mais qu'est ce qui a pu provoquer un pareil vacarme?
Holy allume la lampe de chevet et manque de la faire basculer par son geste maladroit.
Elle repousse les couvertures d'un geste lent et, somnolente, elle se lève pour aller ouvrir la porte. Sa main est déjà sur la poignée quand elle entend à nouveau un grand bruit provenant sans doute du rez-de-chaussée. Sa main tourne la poignée à droite puis à gauche, sans succès. Celle-ci résiste. La porte ne s'ouvre pas.
Holy s'imagine tout d'abord que le bois a pu gonfler avec 1 'humidité. Même si la peinture est neuve, les boiseries ne sont plus en très bon état. Mais la maison est très bien chauffée et on ne ressent que très rarement de l’humidité sauf quand il pleut pendant des semaines. Pourquoi cette porte reste-t-elle bloquée, alors? Holy se sent gagnée par l'angoisse.
Et si j'étais prisonnière! pense-t-elle.
Elle secoue la tête comme pour chasser cette pensée stupide. Elle essaye une nouvelle fois sans plus de succès. De l'autre côté, elle perçoit le vacarme. On dirait que la maison est pleine de monde, comme si quelqu'un donnait une fête.
Elle voit les flashs de lumières sous la porte. Des ombres se forment et s'évanouissent, laissant penser que quelques invités égarés déambulent dans le couloir. Holy n'a pas vraiment peur car il lui en faut davantage pour être terrifiée. C'est plutôt qu'elle ne sait pas quoi penser. Sans trop savoir pourquoi, elle va jusqu'à la fenêtre. Il fait nuit noire à présent. Les arbres ont cessé de bouger. On dirait qu'une force maléfique les a figés pour l'éternité. Elle écarquille les yeux pour mieux voir. Il lui semble bien que quelqu'un marche en bas. Elle ouvre la fenêtre sans peine et se penche pour mieux voir.
— Holy, tout va bien?
C'est Madame Darbie, la voisine. Qu'est-ce qu'elle peut bien me vouloir à cette heure-ci, se demande la jeune fille.
— Oui, pourquoi? Je dormais ... Il est tard vous savez.
— C'est quoi tout ce vacarme chez toi? On dirait un concert. Tes parents sont là? Et pourquoi tout est allumé dans la maison. Qu'est-ce qu'il y a comme bruit!
— Arrêtez, Madame Darbie ! Tout va bien. Mes parents sont là. Ne vous inquiétez pas. Après un moment d'hésitation, elle ajoute:
— Ils donnent une petite fête ... Vous savez ce que c'est!
La femme baisse légèrement la tête comme pour acquiescer. Elle ne semble pas convaincue.
— Bonsoir Madame Darbie.
— C'est ça. Bonne nuit petite, bonne nuit.
Prestement, Holy referme la fenêtre. Pourquoi a-t-elle menti ainsi à la voisine? Quelle force intérieure la pousse à protéger ce qu'elle ne s'explique pas encore?
Petite, petite, Madame Darbie s'y met aussi. J'ai treize ans. Tout le monde a tendance à l'oublier.
Holy enfile un sweat et un pantalon de jogging, des chaussettes et saisit au passage la batte de baseball que son père lui a offert en cadeau.
Ça peut toujours servir, pense-telle.
Elle appuie de toutes ses forces sur la poignée de la porte et manque d'être déséquilibrée quand celle-ci s'ouvre subitement, sans aucune résistance. Elle actionne l'interrupteur et la lumière lui brûle les yeux.
Instinctivement, elle met un bras devant son visage pour se protéger. C'est alors qu'elle ose jeter un coup d'oeil au couloir. Rien. Enfin rien de bien extraordinaire. Le vacarme s'est tu. Le silence est revenu dans la maison. Holy se décide à risquer un regard par-dessus la balustrade pour s'assurer qu'elle a bien rêvé. Elle s'approche et se recule aussitôt, tremblant de tous ses membres. En bas, dans le vestibule, il n'y a plus rien. Plus loin, la cuisine s'est comme volatilisée. Les murs, les cloisons, même les marches ont disparu. Rien ne subsiste plus qu'un grand vide sombre, infini, sans fond. Holy reste plaquée contre le mur du couloir, incapable de faire le moindre geste. La pièce se met à tourner, l'escalier ou du moins ce qu'il en reste ondule en une succession de vagues. Les cloisons murmurent, les lustres tintent, les plafonds s'écartent et l'horloge fait retentir son gong menaçant. Holy, affolée, rebrousse chemin et s'empresse de refermer la porte derrière elle. Elle donne un tour de clé. Sa respiration s'accélère. Des gouttes de sueur froide se forment sur son front. Elle les sent qui ruissellent le long de ses tempes et de ses joues. Elle donnerait n'importe quoi pour que ses parents soient là. Holy ne parvient pas à trouver une explication à tous ces phénomènes. Le sang bat violemment dans ses tempes.
Elle s'empare de la première peluche qui lui tombe sous la main et la serre désespérément contre elle. Elle la jette au loin presque aussitôt.
Inutile, pense-t-elle. Je suis ridicule. Je n'aime pas les peluches, je n'ai jamais aimé çà.
Son réveil indique 2 heures maintenant. Que va-t-elle bien pouvoir faire? Si seulement elle était en mesure de joindre Annie. Sa camarade trouverait sûrement un truc sympa à lui dire pour la rassurer. Impossible d'accéder au téléphone. L'autre poste se trouve dans la chambre de ses parents au deuxième étage et il n'y a plus d'escalier pour y accéder. Les autres postes sont tous dans les pièces du bas et là encore, il semblerait qu'elles aient disparues elles aussi.
Holy commence à perdre son sang-froid bien qu'elle ne soit pas totalement désemparée. On dirait que quelqu'un cherche à la pousser à bout.
Elle tend l'oreille. Toujours rien. Le vent a capitulé lui aussi, comme s'il avait trouvé plus fort que lui. Alors, Holy prend son courage à deux mains et ouvre doucement la porte après avoir tourné la clé dans la serrure. Et là, quelle n'est pas sa stupéfaction lorsqu'elle découvre que tout est redevenu comme avant. Les marches, les murs, les plafonds, les pièces de la maison ont repris leurs places initiales, comme si rien n'avait changé. Holy n'en revient pas.
Comment est-ce possible? A-t-elle pu rêver un truc pareil? Le bruit, elle ne l'a tout de même pas inventé. Le vacarme, ça ne se rêve pas. Dépitée, un peu déçue aussi, elle fait demi-tour pour regagner sa chambre. Une ombre se faufile derrière elle mais elle ne la voit pas. Holy est déjà trop endormie. Ses paupières sont lourdes et elle ressent une telle envie de dormir. Sans penser à se déshabiller, elle s'écroule sur son lit, sans même fermer la porte. Trop d'émotions en une même nuit...
Maintenant, Holy en est sûre. Une main douce et soyeuse lui caresse le visage. Elle tente d'ouvrir un oeil et n'y parvient qu'au prix d'efforts surhumains. Elle a tellement sommeil. Cela doit être un rêve. Mais la sensation de douceur persiste, comme si ...
ça y est, elle réussit à ouvrir les deux yeux. Une main se plaque sur sa bouche, pour l'empêcher de hurler sans doute. Crier, oui crier. .. C'est ce qu'elle va faire. Il n'y a rien d'autre qu'elle puisse faire d'ailleurs. Elle distingue deux grands yeux fixes posés sur elle, inanimés et pourtant bien réels. Rien ne bouge dans la maison. Il n'y a que cette chose penchée sur elle. Elle écarquille les yeux. Elle le reconnaît maintenant. C'est...Oui, bien sûr, c'est mon lapin Tony, se dit-elle. Le lapin en peluche d'ordinaire si doux et si craquant, lui apparaît sous un jour terrifiant alors qu'il agrandit ses grands yeux ronds pour l'effrayer davantage.
— Salut, Holy, tu m'as manqué!
Holy est interloquée. Elle ne peut articuler un seul mot. Tous ses muscles se contractent. Il lui semble que sa mâchoire se bloque, que sa langue se glace à l'intérieur de sa bouche. Une deuxième main se pose sur son bras, toute aussi poilue. Elle est parcourue de frissons à présent.
— Alors, Holy, qu'est-ce que tu penses de çà?
Le lapin Tony lui adresse la parole. Holy croit devenir folle. Elle ferme les yeux très fort puis les rouvre brusquement. Ce n'est pas un cauchemar. Le lapin est toujours là, la main pressée sur sa bouche. Son regard s'est assombri. Un sourire narquois se dessine au coin de ses lèvres.
— Holy, réponds moi ! Enfin, Holy!
Holy n'entend plus. La chambre se met à tourner à toute vitesse, pareil à un tourniquet dans un square pour enfants. L'espace d'une seconde, elle croit percevoir le tic-tac accéléré du réveil posé à côté d'elle. Il lui semble alors que ce son si familier d'ordinaire si apaisant lui est devenu insupportable. Ses tympans la font souffrir horriblement. Elle tente de saisir une image, de contrôler ses sens mais en vain. Sa vision se brouille, le lapin s'évanouit dans un brouillard qu'elle ne peut dissiper. Ses yeux se ferment. Holy se sent happée par une main invisible qui l'entraîne au fond d'un gouffre en spirale dont les parois se rétrécissent sur son passage. Elle tombe, et continue de tomber, sans que rien ni personne ne puisse l'en empêcher.
— Holy, réveille-toi. Il est presque 7h30. Il faut te lever. Tu as oublié que c'est un jour d'école?
Holy sursaute mais se sent incapable de réagir avec sa vivacité habituelle. Elle entend sa mère qui lui parle mais son corps est bien trop rigide et engourdi pour qu'elle puisse esquisser le moindre geste. Chacun de ses muscles lui pèsent plus que d'ordinaire, courbatures occasionnées par une nuit des plus agitées.
— Holy, allez ! Debout, mon lapin!