Le Misanthrope - Molière - E-Book

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Moliere

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Beschreibung

"Le Misanthrope" est une comédie de Molière qui se nomme également l’Atrabilaire amoureux. Elle date de 1666, se déroule en cinq actes et en vers.

Le personnage principal se nomme Alceste, Le Misanthrope. Alceste est le plus loyal et le plus droit des hommes ; malheureusement il lui manque une vertu, l’indulgence pour la conduite des autres. Dans son rigorisme, il pousse la franchise jusqu’à la brutalité. Un compliment banal, de pure politesse, en voilà assez pour le faire crier au mensonge, à l’hypocrisie, et il ne voit partout « qu’imposture, intérêt, trahison, fourberie ».
Alceste déteste l’humanité car il trouve les hommes hypocrites, peureux et pleins de compromissions. Pourtant, il aime passionnément une femme à la langue fourchue et très coquette ; elle porte le nom de Célimène...

"Le Misanthrope" reste une comédie, mais une comédie grinçante, qui fait tomber les masques et constitue une peinture sur le vif de la nature humaine. C'est sans doute pour cela que les plus grands metteurs en scène ont voulu s'attaquer à cette pièce et les plus grands comédiens se mesurer à ses rôles.
 

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table des matières

LE MISANTHROPE

Introduction

Acte I

Acte II

Acte III

Acte IV

Acte V

LE MISANTHROPE

Molière

Introduction

Comédie

Représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre du Palais-Royal le 4e du mois de juin 1666 par la Troupe du Roi.

Personnages

ALCESTE : amant de Célimène.

PHILINTE : ami d’Alceste.

ORONTE : amant de Célimène.

CÉLIMÈNE : amante d’Alceste.

ÉLIANTE : cousine de Célimène.

ARSINOÉ : amie de Célimène.

ACASTE : marquis.

CLITANDRE : marquis.

BASQUE : valet de Célimène.

Un garde de la maréchaussée de France.

DU BOIS : valet d’Alceste.

La scène est à Paris.

Acte I

Scène I

PHILINTE, ALCESTE

PHILINTE

Qu’est-ce donc ? Qu’avez-vous ?

ALCESTE

Laissez-moi, je vous prie.

PHILINTE

Mais encor dites-moi quelle bizarrerie…

ALCESTE

Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher.

PHILINTE

Mais on entend les gens, au moins, sans se fâcher.

ALCESTE

Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.

PHILINTE

Dans vos brusques chagrins je ne puis vous comprendre,

Et quoique amis enfin, je suis tout des premiers…

ALCESTE

Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers.

J’ai fait jusques ici profession de l’être ;

Mais après ce qu’en vous je viens de voir paroître,

Je vous déclare net que je ne le suis plus,

Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.

PHILINTE

Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre compte ?

ALCESTE

Allez, vous devriez mourir de pure honte ;

Une telle action ne sauroit s’excuser,

Et tout homme d’honneur s’en doit scandaliser.

Je vous vois accabler un homme de caresses,

Et témoigner pour lui les dernières tendresses ;

De protestations, d’offres et de serments,

Vous chargez la fureur de vos embrassements ;

Et quand je vous demande après quel est cet homme,

À peine pouvez-vous dire comme il se nomme ;

Votre chaleur pour lui tombe en vous séparant,

Et vous me le traitez, à moi, d’indifférent.

Morbleu ! c’est une chose indigne ; lâche, infâme,

De s’abaisser ainsi jusqu’à trahir son âme ;

Et si, par un malheur, j’en avois fait autant,

Je m’irois, de regret, pendre tout à l’instant.

PHILINTE

Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable,

Et je vous supplierai d’avoir pour agréable

Que je me fasse un peu grâce sur votre arrêt,

Et ne me pende pas pour cela, s’il vous plaît.

ALCESTE

Que la plaisanterie est de mauvaise grâce !

PHILINTE

Mais, sérieusement, que voulez-vous qu’on fasse ?

ALCESTE

Je veux qu’on soit sincère, et qu’en homme d’honneur,

On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

PHILINTE

Lorsqu’un homme vous vient embrasser avec joie,

Il faut bien le payer de la même monnoie,

Répondre, comme on peut, à ses empressements,

Et rendre offre pour offre, et serments pour serments.

ALCESTE

Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode

Qu’affectent la plupart de vos gens à la mode ;

Et je ne hais rien tant que les contorsions

De tous ces grands faiseurs de protestations,

Ces affables donneurs d’embrassades frivoles,

Ces obligeants diseurs d’inutiles paroles,

Qui de civilités avec tous font combat,

Et traitent du même air l’honnête homme et le fat.

Quel avantage a-t-on qu’un homme vous caresse,

Vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse,

Et vous fasse de vous un éloge éclatant,

Lorsque au premier faquin il court en faire autant ?

Non, non, il n’est point d’âme un peu bien située

Qui veuille d’une estime ainsi prostituée ;

Et la plus glorieuse a des régals peu chers,

Dès qu’on voit qu’on nous mêle avec tout l’univers :

Sur quelque préférence une estime se fonde,

Et c’est n’estimer rien qu’estimer tout le monde.

Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps,

Morbleu ! vous n’êtes pas pour être de mes gens ;

Je refuse d’un cœur la vaste complaisance

Qui ne fait de mérite aucune différence ;

Je veux qu’on me distingue ; et pour le trancher net,

L’ami du genre humain n’est point du tout mon fait.

PHILINTE

Mais quand on est du monde, il faut bien que l’on rende

Quelques dehors civils que l’usage demande.

ALCESTE

Non, vous dis-je, on devroit châtier, sans pitié,

Ce commerce honteux de semblants d’amitié.

Je veux que l’on soit homme, et qu’en toute rencontre

Le fond de notre cœur dans nos discours se montre,

Que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments

Ne se masquent jamais sous de vains compliments.

PHILINTE

Il est bien des endroits où la pleine franchise

Deviendroit ridicule et seroit peu permise ;

Et parfois, n’en déplaise à votre austère honneur,

Il est bon de cacher ce qu’on a dans le cœur.

Seroit-il à propos et de la bienséance

De dire à mille gens tout ce que d’eux on pense ?

Et quand on a quelqu’un qu’on hait ou qui déplaît,

Lui doit-on déclarer la chose comme elle est ?

ALCESTE

Oui.

PHILINTE

Quoi ? vous iriez dire à la vieille Émilie

Qu’à son âge il sied mal de faire la jolie,

Et que le blanc qu’elle a scandalise chacun ?

ALCESTE

Sans doute.

PHILINTE

À Dorilas, qu’il est trop importun,

Et qu’il n’est, à la cour, oreille qu’il ne lasse

À conter sa bravoure et l’éclat de sa race ?

ALCESTE

Fort bien.

PHILINTE

Vous vous moquez.

ALCESTE

Je ne me moque point,

Et je vais n’épargner personne sur ce point.

Mes yeux sont trop blessés, et la cour et la ville

Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile :

J’entre en une humeur noire, et un chagrin profond,

Quand je vois vivre entre eux les hommes comme ils font ;

Je ne trouve partout que lâche flatterie,

Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ;

Je n’y puis plus tenir, j’enrage, et mon dessein

Est de rompre en visière à tout le genre humain.

PHILINTE

Ce chagrin philosophe est un peu trop sauvage,

Je ris des noirs accès où je vous envisage,

Et crois voir en nous deux, sous mêmes soins nourris,

Ces deux frères que peint l’École des maris,

Dont…

ALCESTE

Mon Dieu ! laissons là vos comparaisons fades.

PHILINTE

Non : tout de bon, quittez toutes ces incartades.

Le monde par vos soins ne se changera pas ;

Et puisque la franchise a pour vous tant d’appas,

Je vous dirai tout franc que cette maladie,

Partout où vous allez, donne la comédie,

Et qu’un si grand courroux contre les mœurs du temps

Vous tourne en ridicule auprès de bien des gens.

ALCESTE

Tant mieux, morbleu ! tant mieux, c’est ce que je demande,

Ce m’est un fort bon signe, et ma joie en est grande :

Tous les hommes me sont à tel point odieux,

Que je serois fâché d’être sage à leurs yeux.

PHILINTE

Vous voulez un grand mal à la nature humaine !

ALCESTE

Oui, j’ai conçu pour elle une effroyable haine.

PHILINTE

Tous les pauvres mortels, sans nulle exception,

Seront enveloppés dans cette aversion ?

Encore en est-il bien, dans le siècle où nous sommes…

ALCESTE

Non : elle est générale, et je hais tous les hommes :

Les uns, parce qu’ils sont méchants et malfaisants,

Et les autres, pour être aux méchants complaisants,

Et n’avoir pas pour eux ces haines vigoureuses

Que doit donner le vice aux âmes vertueuses.

De cette complaisance on voit l’injuste excès