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Décryptez le Nouveau Roman en moins d’une heure !
Fortement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale, la France des années cinquante est traversée par un vaste sentiment de suspicion qui touche tous les domaines de la société, jusqu'à la littérature. Le Nouveau Roman, qui rompt avec le modèle balzacien, met à mal les notions d'intrigue, de personnage et même de chronologie. Mises en avant par les Éditions de Minuit, les œuvres de ces écrivains assignent au lecteur un nouveau rôle : celui de construire le roman avec l'auteur au fur et à mesure que le récit avance.
Ce livre vous permettra d’en savoir plus sur :
- Le contexte politique et culturel dans lequel le Nouveau Roman s'inscrit
- Ses caractéristiques et spécificités
- Une sélection d'auteurs-phares du mouvement
- Son impact dans l’histoire de la littérature
Le mot de l’éditeur :
« Dans ce numéro de la série "50MINUTES | Mouvements littéraires", Magali Vienne retrace l'histoire du Nouveau Roman, depuis ses débuts dans les années cinquante jusqu'à son impact sur ceux que l'on appelle "les nouveaux nouveaux romanciers". Elle étudie ensuite les principales caractéristiques de ce groupe d'écrivains. Ce numéro propose également un portrait complet des représentants majeurs du Nouveau Roman : Robbe-Grillet, bien sûr, mais aussi Nathalie Sarraute, Claude Simon et Michel Butor. »
Stéphanie Felten
À PROPOS DE LA SÉRIE 50MINUTES | Mouvements littéraires
La série « Mouvements littéraires » de la collection « 50MINUTES » aborde les plus grands mouvements ayant marqué la littérature française, de la Renaissance jusqu'à nos jours. Chaque livre a été conçu à la fois pour les passionnés de littérature et pour les amateurs curieux d’en savoir davantage en peu de temps. Nos auteurs analysent avec précision les principales caractéristiques des plus grands mouvements littéraires et se penchent sur leurs écrivains majeurs.
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Seitenzahl: 35
Veröffentlichungsjahr: 2015
Quand et où ? Le Nouveau Roman se développe entre 1950 et 1974, exclusivement en France, plus particulièrement à Paris.
Contexte ? L’après-guerre et le début des Trente Glorieuses.
Caractéristiques ? Il se caractérise par la disparition du personnage traditionnel, de la notion d’intrigue et du narrateur omniscient. Les nouveaux romanciers cherchent dorénavant à multiplier les points de vue, accordent une nouvelle importance aux lieux et aux objets, et entendent faire davantage participer le lecteur.
Principaux représentants ? Nathalie Sarraute (1900-1999), Samuel Beckett (1906-1989), Claude Simon (1913-2005), Marguerite Duras (1914-1996), Alain Robbe-Grillet (1922-2008) et Michel Butor (1926).
Dans les années cinquante, un groupe d’écrivains français se rassemble sous l’égide de Jérôme Lindon (1925-2001), directeur des Éditions de Minuit. Malgré des caractéristiques et des styles différents, leurs écrits ont en commun une même volonté de créer un « nouveau roman » s’opposant au modèle balzacien qui s’appuie sur une intrigue bien délimitée et des personnages à la psychologie largement détaillée. Cette nouvelle manière d’appréhender le genre romanesque leur permet de traduire la sensation de malaise qui anime la France d’après-guerre.
Ces écrivains ne se sont pas qualifiés eux-mêmes de nouveaux romanciers, c’est le critique Émile Henriot (1889-1961) qui utilise l’expression de « Nouveau Roman » dans une critique de La Jalousie (1957) d’Alain Robbe-Grillet et de Tropismes (1957) de Nathalie Sarraute, publiée dans Le Monde en 1957. Alain Robbe-Grillet se l’approprie ensuite dans son ouvrage Pour un Nouveau Roman (1963), dans lequel il tente de théoriser ce mouvement qui apparaît assez controversé. En effet, certains écrivains, associés par la critique au Nouveau Roman, se défendent d’en faire partie. Par ailleurs, le Nouveau Roman a une durée de vie assez courte puisqu’il se désagrège dès le début des années soixante-dix, laissant doucement place à ce que l’on appelle le « nouveau nouveau roman ».
Né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Nouveau Roman témoigne du sentiment de suspicion qui s’empare de la France à cette époque. La population ne fait plus confiance à la droite, qui a collaboré au régime de Vichy, et la plupart des intellectuels se revendiquent de gauche, se laissant volontiers attirer par le communisme. En outre, la situation politique française reste fragile durant plusieurs années : toutes les couleurs politiques prennent pour un temps les rênes du pouvoir, mais aucune ne parvient à le garder. Ce n’est qu’en 1958, avec l’instauration de la Ve République, qui accroît le rôle du président, que la situation du pays se stabilise. C’est Charles de Gaulle (1890-1970) qui est élu à la tête de l’État, jusqu’en 1969.
Parallèlement, après la guerre, la justice française se lance dans une violente épuration, attaquant toute personne ayant collaboré de près ou de loin avec l’occupant. On recherche les coupables et les personnalités publiques, qu’elles soient issues du milieu politique ou culturel, font l’objet de grands procès. Cependant, face à l’impossibilité de juger toutes les personnes ayant collaboré, nombreuses sont celles à être finalement amnistiées. Cette relative impunité ne fait que renforcer la suspicion qui règne encore au début des années cinquante.
Enfin, le sentiment de doute est encore augmenté par la guerre froide (1945-1990) qui fait rage entre l’URSS et les États-Unis et qui impacte toutes les relations politiques internationales. La France est directement touchée par ce conflit, puisque, en adhérant à l’OTAN en 1949, elle affirme son soutien aux États-Unis.
D’un point de vue économique, la France entre dans l’époque bénie des Trente Glorieuses (1946-1975). Au lendemain de la guerre, alors que la croissance est nulle, le pays doit pourtant être reconstruit. Le salut provient à nouveau des États-Unis qui, par l’intermédiaire du plan Marshall (1948-1952), soutiennent la reconstruction de l’Europe en lui apportant une aide financière. Ainsi, de grands chantiers voient le jour, offrant du travail à de nombreux ouvriers, et les industries tournent à plein régime, d’où une importante croissance économique. Mais, évidemment, les effets de cette évolution ne sont pas immédiats : la population doit encore supporter le rationnement jusqu’en 1949 et attendre plusieurs mois avant de bénéficier des retombées positives du plan Marshall.