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Henri Bergson

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Beschreibung

Le rire : essai sur la signification du comique est un ouvrage du philosophe Henri Bergson paru le 1er mai 1900.
Comme Bergson le dit dans sa préface de 1924, son essai se concentre plus exactement sur « Le rire spécialement provoqué par le comique. » La thèse défendue dans l’ouvrage est que ce qui provoque Le rire est le placage de la mécanique sur du vivant. Le rire y est considéré comme une punition de la société envers les êtres qui s’écartent de la norme.
Il identifie cinq procédés principaux :
« Le diable à ressort » : « Passons alors au théâtre. C’est par celui de Guignol que nous devons commencer.
« Le pantin à ficelles » : c'est une scène de comédie où un personnage croit parler et agir librement alors qu'il n'est qu'un simple jouet entre les mains d'un autre.
« La répétition » : la même scène ou situation se déroule plusieurs fois.
« L'effet boule de neige » : c'est une accumulation, un engrenage d'actions involontaires.
« L'inversion » : C'est « l'arroseur arrosé » ou « le voleur volé »
 

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SOMMMAIRE

PRÉFACE 1

CHAPITRE PREMIER

Du comique en général. — Le comique des formes et le comique des mouvements. — Force d’expansion du comique.

I

II

III

IV

V

CHAPITRE II

Le comique de situation et le comique des mots.

I

II

CHAPITRE III

Le comique de caractère.

I

II

III

IV

V

APPENDICE DE LA VINGT TROISIÈME ÉDITION.

Notes

HENRI BERGSON

LE RIRE

Essai sur la signification du comique

Félix Alcan | 1938

Raanan Éditeur

Livre numérique 498 | édition 2

PRÉFACE 1

Ce livre comprend trois articles sur le Rire (ou plutôt sur le rire spécialement provoqué par le comique) que nous avions publiés jadis dans la Revue de Paris 2 . Quand nous les réunîmes en volume, nous nous demandâmes si nous devions examiner à fond les idées de nos devanciers et instituer une critique en règle des théories du rire. Il nous parut que notre exposition se compliquerait démesurément, et donnerait un volume hors de proportion avec l’importance du sujet traité. Il se trouvait d’ailleurs que les principales définitions du comique avaient été discutées par nous explicitement ou implicitement, quoique brièvement, à propos de tel ou tel exemple qui faisait penser à quelqu’une d’entre elles. Nous nous bornâmes donc à reproduire nos articles. Nous y joignîmes simplement une liste des principaux travaux publiés sur le comique dans les trente précédentes années.

D’autres travaux ont paru depuis lors. La liste, que nous donnons ci-dessous, s’en trouve allongée. Mais nous n’avons apporté aucune modification au livre lui-même 3 . Non pas, certes, que ces diverses études n’aient éclairé sur plus d’un point la question du rire. Mais notre méthode, qui consiste à déterminer les procédés de fabrication du comique, tranche sur celle qui est généralement suivie, et qui vise à enfermer les effets comiques dans une formule très large et très simple. Ces deux méthodes ne s’excluent pas l’une l’autre ; mais tout ce que pourra donner la seconde laissera intacts les résultats de la première ; et celle-ci est la seule, à notre avis, qui comporte une précision et une rigueur scientifiques. Tel est d’ailleurs le point sur lequel nous appelons l’attention du lecteur dans l’appendice que nous joignons à la présente édition.

H. B.

Paris, janvier 1924.

 

Hecker, Physiologie und Psychologie des Lachens und des Komischen, 1873.

Dumont, Théorie scientifique de la sensibilité, 1875, p. 202 et suiv. Cf., du même auteur, Les causes du rire, 1862.

Courdaveaux, Études sur le comique, 1875.

Philbert, Le rire, 1883.

Bain (A.), Les émotions et la volonté, trad. fr., 1885, p. 249 et suiv.

Kraepelin, Zur Psychologie des Komischen (Philos. Studien, vol. II, 1885).

Spencer, Essais, trad. fr., 1891, vol. I, p. 295 et suivantes : Physiologie du rire.

Penjon, Le rire et la liberté (Revue philosophique, 1893, t. II).

Mélinand, Pourquoi rit-on ? (Revue des Deux-Mondes, février 1895).

Ribot, La psychologie des sentiments, 1896, p. 342 et suiv.

Lacombe, Du comique et du spirituel (Revue de métaphysique et de morale, 1897).

Stanley Hall and A. Allin, The psychology of laughting, tickling and the comic (American journal of Psychology, vol. IX, 1897).

Meredith, An essay on Comedy, 1897.

Lipps, Komik und Humor, 1898. Cf., du même auteur, Psychologie der Komik (Philosophische Monatshefte, vol. XXIV, XXV ).

Heymans, Zur Psychologie der Komik (Zeitschr. f. Psych. u. Phys. der Sinnesorgane, vol. XX, 1899).

Ueberhorst, Das Komische, 1899.

Dugas, Psychologie du rire, 1902.

Sully (James), An essay on laughter, 1902 (Trad. fr. de L. et A. Terrier : Essai sur le rire, 1904).

Martin (L.-J.), Psychology of Aesthetics : The comic (American Journal of Psychology, 1905, vol. XVI, p. 35-118).

Freud (Sigm.), Der Witz und seine Beziehung zum Unbewussten, 1905 ; 2e édition, 1912.

Cazamian, Pourquoi nous ne pouvons définir l’humour (Revue germanique, 1906, p. 601-634).

Gaultier, Le rire et la caricature, 1906.

Kline, The psychology of humor (American Journal of Psychology, vol. XVIII, 1907, p. 421-441).

Baldensperger, Les définitions de l’humour (Études d’histoire littéraire, 1907, vol. I).

Bawden, The Comic as illustrating the summation-irradiation theory of pleasure-pain (Psychological Review, 1910, vol. XVII, p. 336-346).

Schauer, Ueber das Wesen der Komik (Arch. f. die gesamte Psychologie, vol. XVIII, 1910, p. 411-427).

Kallen, The aesthetic principle in comedy (American Journal of Psychology, vol. XXII, 1911, p. 137-157).

Hollingworth, Judgments of the Comic (Psychological Review, vol. XVIII, 1911, p. 132-156).

Delage, Sur la nature du comique (Revue du mois, 1919, vol. XX, p. 337-354).

Bergson, À propos de « la nature du comique ». Réponse à l’article précédent (Revue du mois, 1919, vol. XX, p. 514-517). Reproduit en partie dans l’appendice de la présente édition.

Eastman, The sense of humor, 1921.

 

CHAPITRE PREMIER

Du comique en général. — Le comique des formes et le comique des mouvements. — Force d’expansion du comique.

Que signifie le rire ? Qu’y a-t-il au fond du risible ? Que trouverait-on de commun entre une grimace de pitre, un jeu de mots, un quiproquo de vaudeville, une scène de fine comédie ? Quelle distillation nous donnera l’essence, toujours la même, à laquelle tant de produits divers empruntent ou leur indiscrète odeur ou leur parfum délicat ? Les plus grands penseurs, depuis Aristote, se sont attaqués à ce petit problème, qui toujours se dérobe sous l’effort, glisse, s’échappe, se redresse, impertinent défi jeté à la spéculation philosophique.

Notre excuse, pour aborder le problème à notre tour, est que nous ne viserons pas à enfermer la fantaisie comique dans une définition. Nous voyons en elle, avant tout, quelque chose de vivant. Nous la traiterons, si légère soit-elle, avec le respect qu’on doit à la vie. Nous nous bornerons à la regarder grandir et s’épanouir. De forme en forme, par gradations insensibles, elle accomplira sous nos yeux de bien singulières métamorphoses. Nous ne dédaignerons rien de ce que nous aurons vu. Peut-être gagnerons-nous d’ailleurs à ce contact soutenu quelque chose de plus souple qu’une définition théorique, — une connaissance pratique et intime, comme celle qui naît d’une longue camaraderie. Et peut-être trouverons-nous aussi que nous avons fait, sans le vouloir, une connaissance utile. Raisonnable, à sa façon, jusque dans ses plus grands écarts, méthodique dans sa folie, rêvant, je le veux bien, mais évoquant en rêve des visions qui sont tout de suite acceptées et comprises d’une société entière, comment la fantaisie comique ne nous renseignerait-elle pas sur les procédés de travail de l’imagination humaine, et plus particulièrement de l’imagination sociale, collective, populaire ? Issue de la vie réelle, apparentée à l’art, comment ne nous dirait-elle pas aussi son mot sur l’art et sur la vie ?

Nous allons présenter d’abord trois observations que nous tenons pour fondamentales. Elles portent moins sur le comique lui-même que sur la place où il faut le chercher.

I

Voici le premier point sur lequel nous appellerons l’attention. Il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme ou une expression humaine. On rira d’un chapeau ; mais ce qu’on raille alors, ce n’est pas le morceau de feutre ou de paille, c’est la forme que des hommes lui ont donnée, c’est le caprice humain dont il a pris le moule. Comment un fait aussi important, dans sa simplicité, n’a-t-il pas fixé davantage l’attention des philosophes ? Plusieurs ont défini l’homme « un animal qui sait rire ». Ils auraient aussi bien pu le définir un animal qui fait rire, car si quelque autre animal y parvient, ou quelque objet inanimé, c’est par une ressemblance avec l’homme, par la marque que l’homme y imprime ou par l’usage que l’homme en fait.

Signalons maintenant, comme un symptôme non moins digne de remarque, l’insensibilité qui accompagne d’ordinaire le rire. Il semble que le comique ne puisse produire son ébranlement qu’à la condition de tomber sur une surface d’âme bien calme, bien unie. L’indifférence est son milieu naturel. Le rire n’a pas de plus grand ennemi que l’émotion. Je ne veux pas dire que nous ne puissions rire d’une personne qui nous inspire de la pitié, par exemple, ou même de l’affection : seulement alors, pour quelques instants, il faudra oublier cette affection, faire taire cette pitié. Dans une société de pures intelligences on ne pleurerait probablement plus, mais on rirait peut-être encore ; tandis que des âmes invariablement sensibles, accordées à l’unisson de la vie, où tout événement se prolongerait en résonance sentimentale, ne connaîtraient ni ne comprendraient le rire. Essayez, un moment, de vous intéresser à tout ce qui se dit et à tout ce qui se fait, agissez, en imagination, avec ceux qui agissent, sentez avec ceux qui sentent, donnez enfin à votre sympathie son plus large épanouissement : comme sous un coup de baguette magique vous verrez les objets les plus légers prendre du poids, et une coloration sévère passer sur toutes choses. Détachez-vous maintenant, assistez à la vie en spectateur indifférent : bien des drames tourneront à la comédie. Il suffit que nous bouchions nos oreilles au son de la musique, dans un salon où l’on danse, pour que les danseurs nous paraissent aussitôt ridicules. Combien d’actions humaines résisteraient à une épreuve de ce genre ? et ne verrions-nous pas beaucoup d’entre elles passer tout à coup du grave au plaisant, si nous les isolions de la musique de sentiment qui les accompagne ? Le comique exige donc enfin, pour produire tout son effet, quelque chose comme une anesthésie momentanée du cœur. Il s’adresse à l’intelligence pure.

Seulement, cette intelligence doit rester en contact avec d’autres intelligences. Voilà le troisième fait sur lequel nous désirions attirer l’attention. On ne goûterait pas le comique si l’on se sentait isolé. Il semble que le rire ait besoin d’un écho. Écoutez-le bien : ce n’est pas un son articulé, net, terminé ; c’est quelque chose qui voudrait se prolonger en se répercutant de proche en proche, quelque chose qui commence par un éclat pour se continuer par des roulements, ainsi que le tonnerre dans la montagne. Et pourtant cette répercussion ne doit pas aller à l’infini. Elle peut cheminer à l’intérieur d’un cercle aussi large qu’on voudra ; le cercle n’en reste pas moins fermé. Notre rire est toujours le rire d’un groupe. Il vous est peut-être arrivé, en wagon ou à une table d’hôte, d’entendre des voyageurs se raconter des histoires qui devaient être comiques pour eux puisqu’ils en riaient de bon cœur. Vous auriez ri comme eux si vous eussiez été de leur société. Mais n’en étant pas, vous n’aviez aucune envie de rire. Un homme, à qui l’on demandait pourquoi il ne pleurait pas à un sermon où tout le monde versait des larmes, répondit : « je ne suis pas de la paroisse. » Ce que cet homme pensait des larmes serait bien plus vrai du rire. Si franc qu’on le suppose, le rire cache une arrière-pensée d’entente, je dirais presque de complicité, avec d’autres rieurs, réels ou imaginaires. Combien de fois n’a-t-on pas dit que le rire du spectateur, au théâtre, est d’autant plus large que la salle est plus pleine ? Combien de fois n’a-t-on pas fait remarquer, d’autre part, que beaucoup d’effets comiques sont intraduisibles d’une langue dans une autre, relatifs par conséquent aux mœurs et aux idées d’une société particulière ? Mais c’est pour n’avoir pas compris l’importance de ce double fait qu’on a vu dans le comique une simple curiosité où l’esprit s’amuse, et dans le rire lui-même un phénomène étrange, isolé, sans rapport avec le reste de l’activité humaine. De là ces définitions qui tendent à faire du comique une relation abstraite aperçue par l’esprit entre des idées, « contraste intellectuel », « absurdité sensible », etc., définitions qui, même si elles convenaient réellement à toutes les formes du comique, n’expliqueraient pas le moins du monde pourquoi le comique nous fait rire. D’où viendrait, en effet, que cette relation logique particulière, aussitôt aperçue, nous contracte, nous dilate, nous secoue, alors que toutes les autres laissent notre corps indifférent ? Ce n’est pas par ce côté que nous aborderons le problème. Pour comprendre le rire, il faut le replacer dans son milieu naturel, qui est la société ; il faut surtout en déterminer la fonction utile, qui est une fonction sociale. Telle sera, disons-le dès maintenant, l’idée directrice de toutes nos recherches. Le rire doit répondre à certaines exigences de la vie en commun. Le rire doit avoir une signification sociale.

Marquons nettement le point où viennent converger nos trois observations préliminaires. Le comique naîtra, semble-t-il, quand des hommes réunis en groupe dirigeront tous leur attention sur un d’entre eux, faisant taire leur sensibilité et exerçant leur seule intelligence. Quel est maintenant le point particulier sur lequel devra se diriger leur attention ? à quoi s’emploiera ici l’intelligence ? Répondre à ces questions sera déjà serrer de plus près le problème. Mais quelques exemples deviennent indispensables.