Le roi aux yeux de rêve - Delly - E-Book

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Delly

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Beschreibung

Extrait
| I
Elles s’en allaient à pas pressés, dans le sentier qui longeait la lande, les deux toutes petites filles presque de la même taille : Claire Sibreux et sa cousine, Luz Talmez. Claire, blonde, bien potelée ; Luz, brune à la peau ambrée, aux grands yeux noirs pleins de vivacité et de malice. Elles avaient six ans et, tout en se disputant assez fréquemment, elles s’entendaient fort bien pour faire de nombreuses sottises. Ainsi en était précisément ce matin-là. Hier, Luz avait dit à sa cousine :
– Mathurin annonce qu’il va geler cette nuit. Te rappelles-tu comme l’étang était joli, l’année dernière, avec cette glace dessus ? Demain, ce sera la même chose. Veux-tu que nous allions le voir ?
Mollement, Claire avait objecté :
– Mais c’est défendu. On nous punira.
– Non, puisqu’on ne le saura pas. Nous irons pendant que Mademoiselle donnera à Albert sa leçon de latin. Et ce sera bien plus amusant que d’être avec les grandes personnes qui nous empêchent de nous approcher.
Claire n’avait plus opposé de résistance. Et voilà pourquoi les deux cousines se trouvaient en ce matin de décembre sur le chemin de l’étang de Penbaol, où jamais encore elles ne s’étaient aventurées seules.
Cette liberté les grisait, et en particulier Luz, plus vibrante que Claire. Elle bavardait, bavardait...
– Tiens, regarde ces corbeaux, Clairette ! Qu’ils sont gros ! Ah ! là-bas, c’est le père Le Miro, avec sa chèvre et son vieux chien ! Pourvu qu’il n’aille pas dire qu’il nous a vues ! Ah ! le petit garçon de Kerlozo !
Claire demanda :
– Où ça ?
– Là... Tu ne vois pas ? Dans le chemin.
– Ah ! oui, oui ! Qu’il est mal habillé ! On dirait un petit pauvre.
Et Claire plissa dédaigneusement ses lèvres...|

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Veröffentlichungsjahr: 2020

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SOMMMAIRE

PREMIÈRE PARTIE

I

II

III

IV

V

DEUXIÈME PARTIE

I

II

III

IV

V

LE ROI AUX YEUX DE RÊVE

DELLY

LE ROI AUX YEUX DE RÊVE

roman

Raanan Editeur

Livre 648 | édition 1

PREMIÈRE PARTIE

I

Elles s’en allaient à pas pressés, dans le sentier qui longeait la lande, les deux toutes petites filles presque de la même taille : Claire Sibreux et sa cousine, Luz Talmez. Claire, blonde, bien potelée ; Luz, brune à la peau ambrée, aux grands yeux noirs pleins de vivacité et de malice. Elles avaient six ans et, tout en se disputant assez fréquemment, elles s’entendaient fort bien pour faire de nombreuses sottises. Ainsi en était précisément ce matin-là. Hier, Luz avait dit à sa cousine :

– Mathurin annonce qu’il va geler cette nuit. Te rappelles-tu comme l’étang était joli, l’année dernière, avec cette glace dessus ? Demain, ce sera la même chose. Veux-tu que nous allions le voir ?

Mollement, Claire avait objecté :

– Mais c’est défendu. On nous punira.

– Non, puisqu’on ne le saura pas. Nous irons pendant que Mademoiselle donnera à Albert sa leçon de latin. Et ce sera bien plus amusant que d’être avec les grandes personnes qui nous empêchent de nous approcher.

Claire n’avait plus opposé de résistance. Et voilà pourquoi les deux cousines se trouvaient en ce matin de décembre sur le chemin de l’étang de Penbaol, où jamais encore elles ne s’étaient aventurées seules.

Cette liberté les grisait, et en particulier Luz, plus vibrante que Claire. Elle bavardait, bavardait...

– Tiens, regarde ces corbeaux, Clairette ! Qu’ils sont gros ! Ah ! là-bas, c’est le père Le Miro, avec sa chèvre et son vieux chien ! Pourvu qu’il n’aille pas dire qu’il nous a vues ! Ah ! le petit garçon de Kerlozo !

Claire demanda :

– Où ça ?

– Là... Tu ne vois pas ? Dans le chemin.

– Ah ! oui, oui ! Qu’il est mal habillé ! On dirait un petit pauvre.

Et Claire plissa dédaigneusement ses lèvres.

Dans le chemin bas que surplombait le sentier où marchaient les petites filles s’avançait un garçonnet d’une douzaine d’années. Il allait dans la même direction que Claire et Luz, mais en flânant. Elles le dépassèrent bientôt. En entendant le bruit léger de leurs pas sur le sol rocailleux, il leva la tête et leur jeta un coup d’œil distrait. Dans son visage aux traits fins, hâlé par le vent et le soleil, rêvaient de grands yeux à la nuance changeante, bleus ou verts, selon le moment. Sa chevelure blonde, longue et embroussaillée, tombait sur son front en mèches folles. Il était vêtu d’une culotte rapiécée, en étoffe de coton bleu fort déteinte, et d’une petite veste en drap râpé, verdâtre, trouée aux coudes, qui enserrait son corps maigre et nerveux. Ses pieds chaussés de gros bas de laine déchirés s’enfonçaient dans des sabots. Les mains dans ses poches, il s’en allait, le regard perdu dans le rêve, l’allure souple et singulièrement élégante. En dépit de sa mise pauvre, il n’avait aucunement l’apparence d’un campagnard. Et, de fait, un sang très aristocratique coulait dans ses veines. Il s’appelait Hoël de Pendeguy, et ses ancêtres avaient été, jadis, les seigneurs de tout le pays. Maintenant, il ne restait plus au marquis de Pendeguy, chef de nom et d’armes, que son vieux château de Kerlozo, en partie ruiné, et quelques landes où paissaient une demi-douzaine de moutons.

Le père d’Hoël, officier, avait épousé une jeune fille sans fortune. Quand Hoël, à sept ans, se trouva orphelin, il n’avait guère, comme ressource, que sa pension d’enfant de militaire. Le marquis de Pendeguy, son grand-oncle paternel, le recueillit à Kerlozo. Le vieillard vivait là, dans la solitude, avec une seule servante, presque aussi âgée que lui. Il ne sortait guère, sinon pour aller jeter un coup d’œil sur ce qu’il appelait pompeusement « ma bergerie », laquelle se composait de six moutons maigres que suffisait à garder un vieux chien hargneux et pelé, à demi aveugle. Le reste du temps, M. de Pendeguy consultait les anciennes chroniques de sa maison, prenait des notes, se promenait pendant des heures à travers les ruines de sa demeure, en marmottant et en faisant de grands gestes. Dans le pays, on le croyait un peu fou. Cependant, il avait le regard très lucide et conversait de façon sensée, quand, par hasard, il daignait adresser la parole à quelqu’un. Il se disait très pauvre et portait des vêtements minables qui semblaient avoir reçu toutes les pluies du ciel breton, depuis un demi-siècle. Certains le prétendaient surtout avare. Mais le vieux marquis, sans s’inquiéter de ces jugements, continuait son existence frugale et solitaire, que ne vint changer en rien la présence du petit Hoël