Le Scandale Reddington - Renee Rose - E-Book

Le Scandale Reddington E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

Quand le beau-frère de Phoebe surprend Lord Fenton, un débauché notoire, chez lui tard le soir, à demi dévêtu et sur le point de s’enfuir, il entre dans une rage folle. Désirant à tout prix éviter un bain de sang, Phoebe prétend être la maîtresse de Fenton, l’obligeant ainsi à l’épouser pour lui épargner un scandale.
 
Consciente qu’un coureur de jupons tel que Teddy Fenton ne pourra jamais lui être fidèle, Phoebe a l’intention de résister à ses charmes plutôt que de tomber amoureuse. Son bel et élégant époux respecte sa décision de ne pas consommer leur union, mais son côté dominateur se manifeste de bien d’autres façons.
 
Note de l’Éditeur : Le Scandale Reddington comporte des fessées et des scènes de sexe. Si de tels contenus vous offensent, veuillez ne pas acheter ce livre.

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Veröffentlichungsjahr: 2025

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LE SCANDALE REDDINGTON

RENEE ROSE

Traduction parAGATHE M

Copyright © 2018 The Reddington Scandal et Le Scandale Reddington par Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Renee Rose® est une marque déposée de Wilrose Dream Ventures.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Formaté avec Vellum

TABLE DES MATIÈRES

Livre gratuit de Renee Rose

Le Scandale Reddington

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Révolte chez le Tailleur

L’Incident Darlington

La Bratva de Chicago

Livre gratuit de Renee Rose

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

LIVRE GRATUIT DE RENEE ROSE

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LE SCANDALE REDDINGTON

Quand le beau-frère de Phoebe surprend Lord Fenton, un débauché notoire, chez lui tard le soir, à demi dévêtu et sur le point de s’enfuir, il entre dans une rage folle. Désirant à tout prix éviter un bain de sang, Phoebe prétend être la maîtresse de Fenton, l’obligeant ainsi à l’épouser pour lui épargner un scandale.

Consciente qu’un coureur de jupons tel que Teddy Fenton ne pourra jamais lui être fidèle, Phoebe a l’intention de résister à ses charmes plutôt que de tomber amoureuse. Son bel et élégant époux respecte sa décision de ne pas consommer leur union, mais son côté dominateur se manifeste de bien d’autres façons.

Note de l’Éditeur : Le Trilogie Westerfield comporte des fessées et des scènes de sexe. Si de tels contenus vous offensent, veuillez ne pas acheter ce livre.

CHAPITRE UN

Londres, 1835

Pelotonnée dans son lit, Phoebe lisait à la lueur d’une lampe. Il lui fallut un moment pour remarquer les bruits qui émanaient de la chambre voisine, celle de sa sœur.

Qu’est-ce... ? Serait-il possible... ?

L’on aurait dit que de la chair frappait de la chair. Elle entendit les gloussements de protestation de sa sœur et réalisa dans un sursaut que son amant devait être en train de la fesser. Cela faisait plusieurs nuits que Maud accueillait dans sa chambre Lord Fenton, débauché notoire, tandis que Lord Reddington, son odieux époux, était en déplacement. Et à en juger par les sons qu’ils produisaient, Lord Fenton avait présentement l’ascendant sur elle.

— Allez au coin jusqu’à ce que vous appreniez à ne plus être aussi égoïste, l’entendit-elle ordonner.

Elle rit presque dans sa barbe, car en effet, sa sœur était incroyablement nombriliste. Le constat de Fenton le faisait monter dans son estime. C’était une belle prise pour Maud, même si compte tenu de la réputation de Fenton, elle ne le garderait pas longtemps. C’était le trophée que toutes les jeunes dames célibataires tentaient en vain de remporter, car il avait tout pour plaire : il était beau, avec un charme un peu juvénile, riche, titré et célibataire. Mais il ne faisait jamais la cour aux prétendantes au mariage ; il semblait leur préférer les dames déjà mariées ou veuves.

Phoebe ne l’aurait jamais avoué à qui que ce soit, mais même elle en pinçait pour lui. Sauf que dans son cas, ce n’était ni l’argent, ni le charme, ni le titre de noblesse de Lord Fenton qui l’attiraient, mais plutôt une conversation qu’elle avait surprise entre lui et sa sœur quelques années plus tôt. Maud et Reddington avaient donné un bal de Noël et elle avait aperçu un beau jeune homme et une belle jeune fille dans le couloir. Au début, elle les avait pris pour un couple cherchant quelques instants d’intimité, et elle s’était retirée pour les laisser. Puis elle avait réalisé que la jeune fille pleurait.

— Ce n’est rien. Mais personne ne m’invite jamais à danser, et...

— Sèche tes larmes, Wynnie. Tiens, avait-il dit en lui tendant un mouchoir. C’est uniquement parce que tu ne bats pas des cils en racontant des inepties et que tu ne participes pas à leurs jeux susceptibles de causer des scandales. Honnêtement, je suis fier de toi. Si tu te comportais avec la même frivolité que ces jeunes dames, je te donnerais une fessée.

— Oh, Teddy, avait-elle répondu sans prêter attention à sa menace. Que sais-tu de la séduction ? Tu n’es jamais sérieux dans tes intentions.

— Viens là, dit-il en l’enlaçant. Je sais que tu es belle et intelligente, et que quand l’homme qu’il te faut te rencontrera, il verra que tu es un vrai joyau. Allez, retournons-y. Je danserai avec toi, moi.

— Danser avec mon frère ne risque pas d’améliorer mes perspectives ! s’exclama la jeune fille.

Elle riait, toutefois, et il était évident que son frère lui avait remonté le moral. Il glissa un bras autour de ses épaules pour la mener au bout du couloir.

— Dans ce cas, je t’enverrai un gentilhomme.

— Non, je t’en prie. Je ne veux pas de ta pitié.

Phoebe était sortie de sa cachette et les avait salués avant qu’ils réalisent qu’elle avait suivi leur échange.

— Qui est-ce ? avait-elle demandé à Maud une fois dans la salle de bal.

— Lord Fenton. Ne t’approche pas de lui, Phoebe. Il s’intéresse seulement aux femmes s’il est susceptible de les mettre dans son lit au plus vite.

— Non... ce gentilhomme, là-bas ? avait-elle insisté, convaincue que sa sœur faisait erreur.

— Oui, cet homme superbe est Lord Fenton.

Sa sœur s’était éclipsée, et Phoebe était restée bouche bée, incapable de faire le lien entre la tendre compassion à laquelle elle venait d’assister et le comportement scandaleux décrit par sa sœur. Jamais un membre de sa famille ne l’avait traitée aussi chaleureusement que Lord Fenton l’avait fait avec Wynnie. Durant les deux années qui suivirent, elle était restée fascinée et avait continué de se demander quel genre d’homme il pouvait bien être, et sa conquête récente par Maud la rendait plus jalouse qu’elle aurait voulu l’admettre.

Le son d’une calèche devant leur demeure londonienne n’attira pas particulièrement son attention, car ils vivaient dans une rue animée, mais lorsqu’elle entendit la porte d’entrée s’ouvrir, elle s’assit brusquement dans son lit.

— Maud ! siffla-t-elle en direction de la chambre voisine.

Mais sa sœur avait visiblement entendu la même chose qu'elle, car les voix se turent et un bruit sourd retentit, comme si quelqu’un avait bondi hors du lit. Pourquoi Reddington rentrait-il à cette heure-ci, lui qui devait rester absent deux nuits de plus ? Elle quitta son propre lit avec précipitation et enfila sa robe de chambre avant de sortir sur le seuil pour faire diversion, si nécessaire. En vouloir à Maud d’avoir choisi un tel amant était une chose, mais elle ne la laisserait pas subir les foudres de son mari.

Lord Fenton se glissa hors de la chambre de sa sœur, son foulard dénoué et sa veste et son gilet sortis de son pantalon. Il se déplaçait avec calme et efficacité, renouant son foulard tout en balayant les alentours des yeux à la recherche d’une issue. Maud se glissa derrière lui en ajustant sa robe de chambre.

— Par là, chuchota-t-elle en indiquant l’escalier de service, mais il était trop tard.

— Que se passe-t-il ? tonna Reddington en montant les marches quatre à quatre.

Il avait un pistolet à la main, comme s’il s’attendait à trouver son épouse en compagnie d’un amant.

— Fenton, grogna-t-il. J’aurais dû me douter que c’était vous qui vous serviez dans mon lit !

Phoebe eut un étourdissement. Reddington allait tuer Fenton, et Dieu seul savait quel sort il réserverait à Maud.

Réfléchissant en toute hâte, elle s’agrippa au bras de Fenton d’un geste possessif.

— Personne ne se sert dans votre lit, Monsieur. Il était avec moi !

Les yeux exorbités, Reddington sembla se mettre encore plus en colère, si cela était possible. Elle savait qu’il la voyait comme l’une de ses possessions, au même titre que sa sœur. D’ailleurs, dès qu’ils se retrouvaient seuls, il tentait d’abuser d’elle.

— Vous ? demanda-t-il, incrédule. Non. Pas vous.

— Si, murmura-t-elle.

Elle tremblait tant que ses cuisses s’entrechoquaient. Fenton dut s’en apercevoir, car il glissa un bras autour de sa taille et la serra contre lui. Sentir le geste protecteur d’un homme était inédit et très satisfaisant.

S’il s’était abstenu, la gifle de Reddington l’aurait sûrement projetée au sol. Des taches noires envahirent son champ de vision tandis que la douleur explosait sur la partie gauche de son visage. Un bras puissant l’empêchait de tomber. Quand elle recouvra la vue, elle vit les deux hommes se rouler par terre. Fenton semblait avoir l’avantage, en dépit du pistolet de Reddington. Il abattit le poignet de ce dernier sur le sol afin de faire voltiger l’arme, puis s’assit sur lui et abattit le poing sur son visage.

Vengée par l’agression de Fenton sur Reddington, elle songea à ce qu’impliquerait le fait d’avoir prétendu qu’il était son amant. Reddington la jetterait sans doute dehors, et sa réputation serait fichue. Si Fenton ne veillait pas sur elle – et elle doutait qu’un débauché tel que lui ait ce genre de scrupules –, sa vie serait anéantie. Elle ramassa le pistolet et le pointa sur les deux hommes.

— Ça suffit !

Ils ne l’écoutèrent pas. Elle bondit en avant et agita le canon de l’arme entre leurs têtes pour qu’ils la voient.

— Arrêtez, sinon je vous tire dessus !

Ses mains tremblaient si violemment qu’elle craignait d’appuyer sur la gâchette par mégarde. Fenton se redressa lentement, les mains en l’air.

— Doucement, ma belle, dit-il d’une voix apaisante. Donnez-moi ce pistolet.

Comme elle ne bougeait pas, il saisit le canon de l’arme et la tira doucement à lui. Elle résista, au début, puis le laissa ôter le pistolet de sa paume moite, surprise lorsqu’il l’enlaça de nouveau.

— J’exige d’être dédommagé, souffla Reddington.

Il s’était levé à son tour, le visage rougeaud et les yeux exorbités.

— Il va m’épouser, se surprit-elle à déclarer, la voix tremblante et comme distante.

C’était sa seule chance. Elle ne lui demanderait rien, mis à part son nom, mais sans cette union, elle serait perdue. Elle osa jeter un regard dans la direction de Fenton, qui devait être horrifié à l’idée d’épouser une femme qu’il ne connaissait même pas.

Il soutint son regard. Il n’y avait ni peur ni colère dans ses yeux. D’ailleurs, elle n’y lisait que de la compassion, ce qui lui rappela la scène entre sa sœur et lui, au bal.

— Oui. En effet. J’ai l’intention de l’épouser, affirma-t-il, suivant son exemple.

Elle déglutit, incapable de se détourner des yeux bruns et chaleureux plantés dans les siens.

— Je compte publier les bans demain.

Phoebe surprit l’expression scandalisée de sa sœur, et elle réalisa que le titre de Lady Fenton était convoité par toutes les jeunes femmes de Londres, qu’elles soient célibataires, mariées ou veuves, aussi bien pour la richesse que pour l’homme qui allaient de pair avec cette union, même si lorsqu’elle lui avait forcé la main, elle n’y avait pas songé. Elle voyait Maud bouillir de jalousie, et de façon perverse, cela lui fit plaisir. Pour une fois dans sa vie, elle aurait quelque chose que Maud ne possédait pas. Mais plus que cela, plus que tout, elle désirait quitter la demeure de Reddington à jamais. Une union avec Lord Fenton ne pouvait pas être pire que ce qu’elle subissait ici.

— J’en doute fortement, rétorqua Reddington d’un ton moqueur.

— Oh, vraiment ?

Avec un sourire canaille, Fenton surprit Phoebe en l’embrassant à pleine bouche, l’enlaçant de telle manière qu’elle se retrouva cambrée contre lui. Comme il s’agissait de son premier baiser, elle se figea, puis se souvint qu’elle devait se montrer convaincante et passa un bras derrière sa nuque.

Les lèvres de Fenton étaient étonnamment souples, et elles s’ouvrirent, changèrent de position, et l’embrassèrent sous un autre angle. Son baiser était assuré, raffiné. C’était un homme qui avait dû embrasser un millier de femmes, mais en cet instant, elle s’imagina qu’il ne voyait qu’elle. Elle huma son odeur, un mélange de savon épicé et de laine, avec une pointe du parfum de Maud.

— Ça suffit ! tonitrua Reddington.

Fenton se recula avec un sourire satisfait, soulignant ce que Phoebe savait déjà : ce baiser était pour Reddington, pas pour elle. Mais il continuait de la serrer avec possessivité contre lui, le muscle ferme de sa cuisse contre son ventre, et sa protection lui donnait de la force.

Fenton leva le pistolet d’un geste gracieux et le pointa sans trembler en direction de la tête de Reddington, obligeant l’homme à se figer.

— Si vous touchez à un seul de ses cheveux pendant qu’elle sera sous votre toit, je vous tuerai.

Elle faillit défaillir. Reddington eut un rictus, mais ne répondit pas.

— Je peux vous l’assurer, ajouta Fenton.

 

* * *

 

En partant, Teddy emporta le pistolet de Reddington, non parce qu’il estimait avoir des droits dessus, mais parce qu’il se méfiait de cet homme. Reddington était fou de rage lorsqu’il avait frappé la petite sœur de Maud, et il n’avait pas envie de lui laisser une arme. D’ailleurs, il envisageait même de soudoyer un magistrat afin que l’union ait lieu sans avoir à publier les bans.

Cette jeune femme avait fait preuve d’un courage remarquable en endossant les agissements de sa sœur. Elle lui avait sauvé la vie, et peut-être même celle de sa sœur. Il avait beau n’avoir jamais désiré se marier – il avait assisté à l’union sinistre entre ses parents –, il réalisait qu’il lui était nécessaire d’offrir sa main à sa petite sauveuse. Il n’avait pas l’intention de détruire la réputation d’une jeune femme innocente.

Une fois de retour chez lui, son valet l’aida à se dévêtir et il se mit au lit, où il songea à sa jeune fiancée. Il ne connaissait même pas son nom. Elle était ravissante, encore plus que sa sœur. Elle avait les mêmes cheveux blonds ondulés, qui cascadaient sur ses épaules comme un manteau de soie pâle. Ses yeux étaient écartés et d’une nuance de bleu différente de celle de Maud : couleur de bleuet et cerclés de violet. Il y avait lu de l’intelligence, mais pas la ruse de sa grande sœur ; quelque chose d’innocent, d’ingénu. Elle avait éveillé le protecteur qui sommeillait en lui, un rôle qu’il jouait rarement auprès des femmes.

À son réveil, il fit envoyer un message au magistrat et alla prendre son petit-déjeuner avec Wynn, sa petite sœur.

— Bonjour, dit-elle d’un ton joyeux.

Elle ne fit pas de commentaire sur son retour tardif de la veille, car elle connaissait bien ses habitudes.

— Eh bien, je suis heureux de t’informer que tu auras bientôt une belle-sœur avec qui acheter des robes.

— Comment ? s’exclama Wynn, rayonnante. Qui ? Attends...

Son air ravi céda la place à la confusion tandis qu’elle réalisait probablement qu’il ne faisait la cour à personne, sauf si l’on comptait les dames mariées qu’il fréquentait.

— Que se passe-t-il ?

— J’ai fait quelque chose de terrible, Wynnie, admit-il, bien qu’il gardât un ton enjoué.

Elle prit une expression sérieuse.

— Est-elle enceinte ? Mariée ? Qui est-ce ?

— C’est encore pire.

Il observa le visage anxieux de sa sœur, réalisant combien il devrait se reposer sur elle pour mettre son épouse à l’aise. Leurs rôles s’inverseraient. Lui qui avait six ans de plus qu’elle, il lui servait de tuteur et de chaperon lors de ses saisons à Londres. Mais le mariage... le mariage n’était pas une chose qu’il saurait gérer seul. Il fut soudain soulagé qu’elle loge avec lui. Elle pourrait arrondir les angles une fois que cette jeune femme qu’il ne connaissait même pas s’installerait avec eux.

— Je ne l’avais jamais fréquentée. Pour être honnête, je ne sais même pas comment elle s’appelle.

Wynn reposa sa fourchette, les yeux ronds.

— Tu plaisantes ? Que s’est-il passé, Teddy ? Dis-le-moi, avant que je devienne folle !

— Te souviens-tu que je fréquentais Lady Reddington ?

Lorsqu’elle hocha la tête, il poursuivit :

— Eh bien, cette nuit, il y a eu un terrible incident. Lord Reddington m’a surpris chez eux.

— Teddy, non !

— Si. Il a brandi un pistolet et semblait prêt à m’abattre sans avertissement.

— Oh, Teddy ! s’exclama-t-elle d’un ton réprobateur.

— Mais il se trouve que la sœur cadette de Lady Reddington se trouvait également sur le seuil où il nous avait surpris, également vêtue d’une chemise de nuit et d’une robe de chambre. Elle nous a sauvé tous les deux en jurant que j’étais avec elle.

— Je vois. Tu es donc contraint de l’épouser, dit Wynn avec douceur, le visage pâle et sérieux.

— En effet.

— Miss Fletcher. Elle s’appelle Phoebe Fletcher. Je l’ai rencontrée, une fois. Elle a fait son entrée dans le monde, mais elle assiste rarement aux bals. Je crois que Lady Reddington est peu désireuse d’être éclipsée.

— Phoebe, répéta-t-il, savourant la façon dont son prénom roulait sur sa langue ; cela lui allait bien. Oui, sa beauté surpasse nettement celle de sa sœur, n’est-ce pas ?

Wynn plissa les yeux.

— Peut-être finiras-tu par l’aimer ? demanda-t-elle, dubitative.

Elle savait qu’il avait hérité du côté coureur de jupons de leur père, incapable de se satisfaire d’une seule femme plus de quelques mois. C’était pour cela qu’il ne s’était jamais marié. Il se pensait incapable de rester fidèle, et il ne voulait pas faire subir à une dame les tourments endurés par leur mère.

Une pointe de culpabilité lui serra la poitrine.

— Peut-être finira-t-elle par m’aimer, répliqua-t-il d’un ton léger pour masquer son malaise.

— Elles t’aiment toutes. Le problème n’est pas là, si ?

Il frotta ses favoris.

— Je ferai de mon mieux pour la rendre heureuse.

Wynn hocha la tête et saisit de nouveau sa fourchette, avant de se figer.

— Teddy... ils n’auraient pas mis tout cela en scène, si ? Je veux dire, pour te contraindre à épouser Phoebe ? Ils étaient peut-être tous les trois de mèche. La fortune des Fenton est convoitée par bien des familles.

Il réfléchit, puis secoua la tête en se remémorant l’agression brutale de Reddington et la façon dont la jeune femme avait frémi contre lui.

— Non, c’était bien réel.

Il quitta la table.

— Je vais tenter de la ramener ici dès aujourd’hui.

— Aujourd’hui ? Avant le mariage ? Mais ce n’est pas convenable, voyons !

— Je l’épouserai devant le magistrat, si je le peux.

— Mais Teddy, cela causerait un scandale !

— J’ai toujours couru après les scandales, non ? dit-il avec un sourire ironique.

Lorsque sa sœur se renfrogna, il ajouta :

— Il n’y a pas d’autre solution, Wynn. Un mariage précipité ne fait pas bonne impression, mais au moins il n’y aura pas de grossesse pour alimenter les ragots.

— Très bien, dans ce cas je viens avec toi, déclara-t-elle en levant le menton.

Il lui adressa un sourire plein de gratitude.

— Bien entendu.

Après avoir obtenu l’accord du magistrat, Wynn et lui se rendirent en calèche chez les Reddington. Il s’attendait à moitié à se voir refuser l’entrée par le majordome, mais on les accueillit, et Lady Reddington se joignit à eux, accompagnée de Miss Fletcher. Il fut de nouveau frappé par la beauté de la jeune femme. Elle était exquise, avec son teint sans défauts et ses traits parfaitement formés et proportionnés. Ses yeux semblaient presque violets. Elle fit la révérence, lui octroyant sans le vouloir une vue ensorcelante sur son décolleté. Maud se plaça devant sa sœur et lui tendit la main.

— Lord Fenton, dit-elle d’un ton ravi. Comme vous êtes bon de nous rendre visite.

Il marqua un arrêt avant de saisir sa main, se demandant comment il avait pu supporter cette malapprise. S’il avait cru que les deux sœurs avaient comploté pour l’obliger à épouser la plus jeune, ses doutes se seraient aussitôt envolés. Au lieu d’être reconnaissante envers sa sœur qui avait mis sa vie en péril pour empêcher Reddington de découvrir leur infidélité, Maud était manifestement très jalouse d’elle.

Il lâcha la main de Maud et jeta un regard derrière elle.

— Phoebe, je suis venu vous chercher pour vous emmener devant le magistrat aujourd’hui même, sauf si vous avez changé d’avis.

Phoebe se remit vite de sa surprise.

— Je n’ai pas changé d’avis. Je vais préparer mes bagages.

— Il en est hors de question, intervint Reddington d’un ton sec en apparaissant sur le seuil. Vous n’emporterez rien que vous ayez acquis sous ma tutelle.

Phoebe serra les mâchoires, mais elle lui fit une révérence.

— Comme il vous siéra, Monsieur.

— Ne vous en faites pas, Phoebe. Je vous fournirai tout ce que vous désirerez, dit-il en toisant Reddington, qui plissa les yeux.