Le sceau du Pendragon - Tome 1 - Douglas Brid - E-Book

Le sceau du Pendragon - Tome 1 E-Book

Douglas Brid

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Beschreibung

Au cœur d’un royaume plongé dans l’incertitude depuis la disparition du Haut Roi Uther Pendragon, le chevalier Ysgarran et sa compagnie se lancent dans une quête périlleuse pour affronter les ténèbres qui menacent un paisible village du comté méridional. Leur épopée les confrontera à des épreuves déchirantes, des adversaires redoutables et des mystères envoûtants, le tout dans les décors ensorcelants du Sud de Logres. Cela façonne une histoire unique et captivante au sein de cet univers légendaire.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Douglas Brid est un voyageur de l’imaginaire. Ses premiers pas dans cet univers se sont faits à travers la lecture, puis les jeux de rôle ont amplifié sa passion pour la création de mondes fictifs. Il est devenu un conteur, un créateur d’épopées, en puisant son inspiration dans la fantasy, la fiction et les légendes arthuriennes. Ces dernières ont façonné son écriture et donné vie à son premier roman.

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Douglas Brid

Le sceau du Pendragon

Tome I

La malédiction des Champs Jaunis

Roman

© Lys Bleu Éditions – Douglas Brid

ISBN : 979-10-422-1456-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Manassan avait marché pendant des heures à travers les sous-bois sombres et tortueux de la forêt, où les ombres jouaient avec les derniers rayons du soleil déclinant. Chaque pas était un supplice pour ses pieds nus, meurtris par les pierres acérées et les racines noueuses qui parsemaient le sol. Mais il ne pouvait se permettre de faiblir, pas maintenant. Il avait reçu un message de la plus haute importance, une convocation au cœur du pouvoir, présageant des événements captivants et intrigants à venir. Progressant à travers la forêt dense, ses pensées tournaient autour de la mission qui lui avait été confiée : faciliter l’invasion des Corniques, déstabiliser le domaine Galehaut, détruire le village des Champs Jaunis et éliminer Ultan… Tout cela semblait clair, mais les apparences pouvaient être trompeuses, et il sentait intuitivement que quelque chose d’important, un enjeu caché, se dissimulait sous la surface. Pourquoi avait-il été choisi pour cette mission ? Quel était le véritable objectif derrière tout cela ?

Soudain, son pied heurta une racine sournoise qui dépassait à peine du sol, le faisant trébucher. Manassan grogna de douleur en se massant le pied, maudissant la tradition qui l’obligeait à parcourir ces bois pieds nus. Mais il savait qu’il ne pouvait se permettre de perdre du temps en se lamentant sur son sort. Il s’assit sur une souche moussue à proximité, reprenant son souffle et recentrant son esprit. Il devait faire bonne impression lors de cette entrevue cruciale, car il pressentait que son avenir était en jeu. Peut-être qu’un des trois n’était plus là, peut-être qu’il pourrait prendre sa place dans la triade. Cette idée le fit sourire un instant, mais il reprit aussitôt son sérieux. Il ne pouvait pas se permettre de laisser transparaître la moindre faiblesse devant les puissants qui allaient bientôt le recevoir.

L’homme se redressa fièrement. Grand et élancé, sa silhouette était un mélange habile de puissance et de grâce. Malgré son âge avancé, il dégageait une énergie vive et animée, comme s’il était toujours prêt à affronter le monde entier. Son visage creusé de rides profondes témoignait de sa longue vie, mais il était loin d’être émacié. Au contraire, il avait une apparence saine et robuste, presque virile. Sa barbe poivre et sel, parfaitement taillée, encadrait sa mâchoire, donnant à son visage une allure à la fois sage et farouche. Ses yeux, d’une couleur indéfinissable entre le gris et le vert, étaient intenses et pénétrants, comme s’ils étaient capables de scruter les secrets les plus enfouis de l’âme humaine. Ils reflétaient une sagesse et une profondeur qui inspiraient le respect et la crainte à la fois, révélant la force d’un homme qui avait traversé bien des épreuves, et qui était prêt à en affronter encore davantage.

Sa tenue était simple mais élégante, comme si elle avait été choisie avec soin pour souligner sa dignité. Il portait une grande toge de lin brune, qui tombait en plis fluides jusqu’à ses pieds nus. Sa besace de cuir tannée, ornée de motifs étranges et mystérieux, semblait avoir été confectionnée à la main avec soin et expertise. Une simple cordelette était nouée autour de sa taille, accentuant la finesse de sa silhouette. À celle-ci, une dague de métal gravé était suspendue, attendant patiemment le moment où elle serait nécessaire. Enfin, le médaillon qu’il portait autour du cou, suspendu à une chaîne d’argent, attirait l’attention. Sa surface lisse et brillante contrastait avec le métal noir et le symbole étrange gravé dessus, comme un reflet d’un monde lointain et mystérieux.

Encore quelques pas, et nous y voilà, pensa-t-il, ses pieds foulant avec respect la mousse verdoyante qui tapissait le sol de cette forêt ancienne.

Au cœur de cette dense forêt cambrienne, dissimulé dans ses entrailles les plus profondes, se dressait un sanctuaire aux allures féériques, énigmatique et rempli de secrets. C’était une perle rare, d’une beauté inestimable, que seules quelques personnes avaient le privilège de découvrir. Manassan en était bien conscient, lui qui n’était venu ici qu’une dizaine de fois, malgré sa proximité avec le pouvoir en place. Les arbres qui l’entouraient semblaient former une voûte sombre et menaçante, où la lumière avait bien du mal à se frayer un chemin. On aurait dit que la forêt gardait jalousement ce lieu sacré, et que chaque branche, chaque feuille, chaque écorce en étaient les gardiens zélés, veillant sur cet endroit avec ferveur, tels les protecteurs d’un trésor inestimable.

Il s’arrêta un bref instant, laissant ses yeux arpenter la lisière, parcourant les pierres taillées qui s’alignaient en cercle, tels des soldats immuables, marquant la frontière entre le monde des profanes et celui des dévots. Une limite fragile, certes, mais infranchissable pour ceux qui n’en possédaient pas la clé secrète.

Pénétrant le seuil du sanctuaire, il avançait, plongeant dans un monde mystique où la magie opérait en douceur, enveloppant tout sur son passage. Une clairière féérique s’ouvrait devant lui, baignée d’une lumière tamisée qui évoquait les contes les plus enchanteurs. Les grands arbres majestueux se dressaient en périphérie, telles des sentinelles puissantes, veillant sur les podiums de pierre qui s’élevaient en silence, prêts à dévoiler les secrets les plus enfouis depuis des temps ancestraux.

Son regard déambula sur les autels, ornés d’objets hétéroclites : coquillages, plumes, ossements, feuilles séchées, formant une explosion de couleurs et de textures. Tout autour, la puissance et la beauté du monde semblaient capturées dans ces ornements. Les motifs, dessinés avec une précision remarquable à la craie ou avec des pigments naturels sur le sol, représentaient des animaux totémiques, des astres, des paysages et des esprits. Leur présence captivante donnait l’impression qu’ils s’animaient sous son regard émerveillé, dévoilant un monde fascinant et mystérieux.

L’espace d’un soupir, Manassan éprouva une brève envie pour les quelques âmes dévouées qui menaient une existence recluse dans ce site vénérable. Ils étaient à la fois prisonniers de cet endroit et ses gardiens, s’occupant de maintenir la flamme de la vie qui animait ces lieux. Pourtant, ils étaient condamnés à ne plus jamais en sortir. Cette pensée fugace traversa son esprit, lui laissant l’impression fugitive d’un instant de liberté envolé dans les méandres du destin.

L’air était saturé d’une odeur envoûtante de fumée d’encens, qui se mêlait aux senteurs de la terre, des plantes et des fleurs, créant une harmonie olfactive qui transportait l’arrivant dans un autre monde. Les sons de l’environnement, telle une symphonie sacrée, s’entremêlaient en un rythme envoûtant : les chants d’oiseaux, les craquements des feuilles sous le vent, le murmure de l’eau qui coulait dans la rivière voisine. Cette ambiance mélodieuse et complexe évoquait la présence des esprits de la forêt et enivrait les sens.

Ici, la nature déployait sa puissance palpable et infinie. Manassan pouvait ressentir cette énergie mystique qui reconnectait les âmes au monde et les protégeait. C’était une force transcendante, qui dépassait les limites du temps et de l’espace, une essence qui s’entrelaçait avec les fils du destin. Plus grande que tout ce que l’on pouvait imaginer. C’était un lieu unique où les croyances se mêlaient à la magie, donnant naissance à un monde où tout était possible, où l’histoire des hommes et des êtres mystiques fusionnait en une fresque enchanteresse et captivante.

En traversant une volute de fumée, il pénétra au cœur de ce lieu enchanté. La grotte venteuse s’étendait devant lui, ses parois rocheuses noires se dressant tels des gardiens silencieux dans l’obscurité, figées comme d’antiques sentinelles veillant sur un secret intemporel. Le vent soufflait en continu, créant un grondement sinistre qui résonnait dans ses oreilles, faisant naître en lui une sensation de mystère et d’inquiétude. On aurait dit que la caverne respirait, inspirant et expirant à un rythme régulier, comme si elle était dotée d’une vie propre.

Au fond de la grotte, un brasier ardent projetait des ombres mouvantes sur les murs de pierre, telles des silhouettes dansantes, invoquées par une force surnaturelle. Les flammes s’élevaient haut, cherchant à atteindre le plafond en une quête insatiable, dévorant l’obscurité environnante. La chaleur du feu contrastait avec la fraîcheur de l’air ambiant, engendrant une sensation d’opposition saisissante, telle une lutte éternelle entre les éléments.

À proximité du foyer se trouvait une source d’eau limpide, jaillissant d’un ruisseau étroit. Elle s’écoulait doucement sur le sol de la cavité, produisant un son apaisant et rafraîchissant, chant mélodieux de la nature. Les reflets du feu dansaient sur la surface de l’eau, créant une atmosphère mystique et captivante, tissant un voile d’illusion qui semblait dérober les secrets les plus enfouis de ce lieu.

Au centre de la grotte aux quatre éléments, trois trônes étaient disposés en demi-cercle, faisant face à l’entrée. Les sièges, taillés dans la pierre brute, étaient ornés de symboles mystiques et de runes anciennes qui semblaient briller d’une lumière surnaturelle, vibrant d’un pouvoir immémorial. Sur ces trônes de pierre siégeaient trois individus aux visages marqués par le temps, leurs yeux froids et perçants, leurs expressions imprégnées d’une autorité implacable et insondable.

Le premier des trois, assis sur le trône de gauche, était un homme grand et mince, au teint pâle et aux cheveux noirs ébouriffés, telle une crinière de lion sombre. Il portait une longue robe noire, ornée de motifs ésotériques et de symboles magiques qui semblaient luire d’une aura sinistre, tissant un réseau d’ombres et de mystères autour de lui. Dans ses mains, il tenait un sceptre sculpté dans une pierre noire, qui pulsait d’une énergie ténébreuse.

Sur le trône de droite siégeait une femme au visage sévère et austère, dont les traits trahissaient l’expérience d’innombrables années. Ses cheveux grisonnants et ses yeux perçants, tels des éclats d’obsidienne, tranchaient avec l’éclatante pureté de sa robe blanche immaculée. Celle-ci était ornée de broderies argentées et de runes sacrées, tissant des motifs complexes et mystérieux. Entre ses mains, elle tenait un épais grimoire relié de cuir rouge, dont les pages renfermaient les secrets de la magie la plus ancienne et la plus obscure, insaisissable pour la plupart des mortels.

Sur le trône central, un homme au visage stoïque et impénétrable régnait en maître. Ses cheveux gris, coupés courts, encadraient un visage aux traits durs, accentués par une barbe taillée en pointe. Il portait une tunique verte, finement brodée de feuilles d’or, dont les reflets dansaient à la lueur des flammes. Dans sa main gauche, ornée d’un sceau, il tenait un bâton de chêne, serti de pierres précieuses aux multiples couleurs, qui pulsait d’une énergie naturelle et sauvage, à l’image de la force élémentaire qu’il représentait.

Ces trois êtres empreints de puissance semblaient être les gardiens du pouvoir magique de la grotte venteuse, les dépositaires d’un savoir millénaire et incommensurable. Leur présence était intimidante, leur pouvoir énigmatique et redoutable. On pouvait sentir leur aura sombre et menaçante, planant sur la caverne comme un orage imminent. Le nouvel arrivant, bien que fort de ses compétences après des années de pratique, s’inclina profondément pour témoigner de sa soumission et de son respect avant de prendre la parole.

— Mes seigneurs, c’est un grand honneur pour moi de me tenir en votre présence.

— Assez, l’interrompit sèchement l’homme au sceptre, sa voix résonnant dans la caverne comme un coup de tonnerre. Tu es ici pour recevoir des ordres, pas pour bavarder. Ta mission est de veiller à ce que l’homme meure et que la confusion règne dans cette région. Maintenant, va-t’en, je ne veux plus entendre ta voix.

L’invité sembla tiraillé entre l’envie de répondre et celle d’obéir. Il hocha la tête en signe d’acceptation, fit demi-tour, mais s’arrêta après un pas pour faire de nouveau face aux trois trônes, tout en restant légèrement incliné pour ne pas affronter les regards pesants sur lui.

— Sans vouloir vous offenser, mes seigneurs, je suis venu ici dans l’espoir de pouvoir échanger quelques mots avec vous. J’avais déjà mes ordres, et les entendre répéter ne les rend pas plus clairs. Je pense avoir déjà prouvé ma loyauté et mon efficacité.

— Certes, certes, relève la tête, répondit la femme en souriant, sa voix mêlant chaleur et fermeté, telle une brise caressant les braises d’un feu mourant.

Manassan s’exécuta alors qu’elle poursuivait :

— Nous t’avons fait venir pour nous assurer que tu étais toujours celui que nous connaissions et qui ne nous a jamais déçu, et je suis persuadée que c’est le cas. Comme tu le sais, notre conseil est responsable de la chute du dernier roi. Uther n’est plus, et aujourd’hui nous nous employons à réduire en ruine les vestiges du royaume de Logres.

— Le chaos règne désormais en maître, poursuivit l’homme assis au centre, d’une voix grave et implacable. Le royaume se meurt, lentement mais sûrement. Les nobles se déchirent pour le pouvoir, tandis que les Saxons, tels des charognards, débarquent de l’Est. Les Pictes multiplient les raids dans le Nord, et parfois même les Irlandais, tels des loups affamés, envahissent les côtes. Pour parfaire le tout, ces derniers temps, nous avons œuvré pour préparer l’assaut des Corniques dans le sud. Ce que nous désirons, c’est sceller à jamais le destin de ce royaume, tel un marteau assénant le coup fatal qui brise les chaînes de son existence.

— Nous avons décidé de t’envoyer là-bas, reprit d’une voix sèche et cassante celui qui avait donné les ordres, car ce guerrier nous a déjà contrariés à plusieurs reprises et il est temps qu’il paie pour cela. De plus, le seigneur qui gouverne ces terres s’est montré bien plus ingénieux et résilient qu’il ne le devrait. Si son domaine est à feu et à sang, il ne pourra plus se préoccuper de ce qui se passe autour. Voilà pourquoi tu es là, tu connais désormais les enjeux, ne nous déçois pas et tu obtiendras ta part de la récompense à venir.

— Considérez votre homme comme déjà mort, répondit Manassan en hochant la tête d’un air déterminé, et je donnerai suffisamment d’occupation à ce seigneur pour qu’il ne soit plus un obstacle à vos plans. Merci pour votre confiance.

— Tu peux disposer, ajouta alors le premier individu d’une voix tranchante, laissant planer un voile d’autorité incontestable.

Manassan s’inclina respectueusement avant de quitter la grotte en direction de sa mission, laissant derrière lui un silence lourd et pesant, imprégné d’ombres et de murmures. L’atmosphère était empreinte d’une aura sinistre, comme si la grotte elle-même retenait son souffle, attendant de libérer des secrets insidieux et des complots ténébreux. Puis, après un moment, la voix glaciale de celui qui avait donné les ordres brisa le calme avec une déclaration qui sonna comme une condamnation à mort :

— Notre plan pour la Cornouaille suit son cours, Manassan est le plus doué de mes apprentis.

Les deux autres individus échangèrent un regard complice, leurs yeux perçants reflétant une lueur malveillante et calculatrice.

— Il était temps de s’occuper de l’ancien compagnon de ma chère Ashlyn, déclara la femme d’une voix sinistre et envoûtante, telle une mélopée mortifère.

Le premier individu ajouta avec un soupçon de regret dans la voix, comme s’il pleurait la perte d’un instrument de destruction précieux :

— Oui, c’est dommage. Elle était puissante et aurait été un atout indéniable pour nous si elle avait choisi de nous rejoindre.

— C’est certain, ajouta le dernier des trois, parlant comme un maître de cérémonie déclamant un sombre rituel, sans elle cela fait longtemps que tout serait fini. Elle nous a fait perdre un temps précieux en nous résistant plutôt qu’en nous rejoignant, mais ses efforts ont été vains. Elle n’est plus parmi nous, et bientôt son compagnon, ce satané guerrier qui a trop souvent été une épine dans notre pied, ne le sera plus non plus. Tout va donc pour le mieux, la destruction peut reprendre son cours !

Sa voix, froide et sinistre, résonna telle une funeste prophétie pour le royaume de Logres, annonçant la fin imminente d’une ère de grandeur et de prospérité jadis célébrée. Un sourire malsain, presque reptilien, s’étira sur les visages des trois comparses, conscients que leur machination avait mené à cette chute inéluctable. Mais ils savaient également qu’ils devaient rester vigilants, conscients de l’existence d’une légende ancienne qui prédisait l’avènement d’un roi dont ils ne voulaient pas entendre parler. Ils se délectaient néanmoins de leur triomphe actuel, telles des créatures démoniaques satisfaites de la destruction qu’elles avaient semée, mais ils savaient que tant que le royaume de Logres existerait, une menace subsisterait. Leurs âmes étaient déjà maudites pour l’éternité, et ils étaient trop corrompus pour ressentir la moindre culpabilité. Leur victoire était presque totale. Leur plan machiavélique était sur le point d’aboutir, et ils se réjouissaient, tels des dieux déchus prêts à gouverner un monde agonisant et en déclin.

Chapitre 1

Une tempête de rumeurs

Les rumeurs s’étaient propagées à travers la campagne telle une tempête grondant à l’horizon, laissant dans son sillage une traînée de peur et d’inquiétude. Les murmures incessants s’étaient insinués dans l’esprit des villageois, semant la terreur et l’effroi sur leur passage. Les récits les plus sombres et effrayants se propageaient rapidement, pareils à un incendie vorace dévorant tout sur son passage. Le village des Champs Jaunis avait été abandonné, laissant derrière lui des champs en friche, des animaux apeurés et des maisons désertes. Les portes se tenaient closes comme des boucliers face à un ennemi invisible, les fenêtres barricadées témoignant d’une fuite aussi soudaine qu’inexpliquée. Personne ne savait exactement ce qui s’était passé, mais des fables évoquaient des événements étranges et inexplicables qui avaient frappé le petit bourg. Les histoires les plus folles circulaient, mentionnant des phénomènes surnaturels, des apparitions fantomatiques et des maladies foudroyantes.

Telle une brume glaciale s’insinuant dans les champs de blé, la peur avait infiltré les cœurs des résidents des villages voisins. Les histoires effrayantes étaient racontées dans les chaumières, éclairées par la lueur tremblotante de bougies vacillantes. Certains prétendaient entendre des cris lugubres la nuit, tandis que d’autres disaient avoir vu des ombres étranges se glisser dans les bois. La rumeur se répandait comme un poison, intoxiquant l’âme des plus faibles et exacerbant la méfiance des plus suspicieux. Les aînés se remémoraient les contes de sorcellerie et de magie noire transmis de génération en génération, craignant que ces récits ne deviennent réalité. Les plus jeunes se gaussaient des légendes du passé, mais leurs rires étaient forcés et leurs yeux trahissaient une inquiétude latente. Dans ce climat de tension et de suspicion, les rumeurs se propageaient comme une traînée de poudre, alimentant l’imaginaire collectif et faisant frissonner les plus courageux. Les récits se mélangeaient, se transformaient, prenaient vie, jusqu’à ce qu’il devienne impossible de distinguer le vrai du faux.

Ces rumeurs avaient voyagé sur les ailes du vent, portées par la brise capricieuse jusqu’aux murs du manoir de Blaen Galehaut, banneret de ces terres du Sud. C’était un homme imposant, dont la carrure massive et la musculature puissante s’accordaient parfaitement avec son courage et sa force de caractère. Ses yeux brillaient d’une lueur indomptable, tandis que les rides profondes de son visage témoignaient des épreuves qu’il avait endurées pour protéger son domaine. Il ne pouvait tolérer les insinuations malveillantes qui circulaient sur ses terres, mais il était également conscient de la souffrance de ses sujets. Il savait qu’il devait agir rapidement et efficacement pour découvrir la vérité. La lourdeur du destin pesait sur ses épaules, tissant un manteau invisible de fardeau et de responsabilité.

Pour accomplir cette mission, Galehaut avait choisi son meilleur éclaireur, un homme aguerri aux épreuves de la nature et des hommes, rompu à l’art de la dissimulation et à la connaissance des chemins secrets. Sans hésiter, celui-ci s’était lancé à travers les collines sauvages et les forêts denses, bravant tous les dangers pour atteindre le village abandonné. Des kilomètres durant, il avait marché d’un pas assuré et rapide, scrutant les moindres signes de vie ou de présence, ses sens aiguisés percevant chaque bruissement, chaque mouvement furtif dans les ombres.

Mais lorsqu’il revint de son long périple, nul ne pouvait reconnaître l’homme qui avait quitté le manoir quelques jours auparavant. Son visage, autrefois fier et énergique, était désormais marqué par les cicatrices d’un combat sans merci contre des ennemis invisibles. Ses yeux étaient hantés par des visions terrifiantes et ses paroles étaient à peine audibles, soufflées comme des murmures venant d’au-delà des ténèbres. Il raconta alors une histoire d’horreur, une épopée de souffrance et de terreur qui laissa le banneret et son conseiller sans voix, leur cœur serré par la crainte et l’effroi.

Il parla du hameau ravagé par des abominations innommables, où certaines portes de maisons étaient closes, d’autres grandes ouvertes, les cheminées éteintes et les meubles renversés. Un voile de fumée, rouge comme l’aurore sanglante, stagnait dans les allées, donnant au panorama une teinte macabre. Pas une âme n’était en vue, aucun signe de vie dans le périmètre. Le silence qui enveloppait le village était profond et glacé, comme si un sortilège maléfique avait étouffé toute trace de vie et de lumière. Seuls les cris des victimes résonnaient encore, témoignant de la brutalité et de la cruauté des forces qui avaient anéanti ce lieu autrefois paisible. Tremblant, il continua de relater le cauchemar qu’il avait vécu, les combats désespérés qu’il avait menés et les sacrifices qu’il avait dû faire pour échapper à la mort.

Le récit de l’éclaireur résonnait dans l’esprit de Galehaut, telle une sombre prémonition du danger menaçant son fief. Il sentait la lourde responsabilité peser sur ses épaules, en tant que gardien du village des Champs Jaunis. Les cris déchirants des villageois attaqués hantaient son esprit comme s’il avait été présent, un rappel cruel de l’horreur de la guerre. Cette dernière avait accompagné sa vie sans relâche, et il se souvenait avec précision des innombrables batailles qu’il avait menées pour en arriver là, des sacrifices consentis et des efforts déployés pour parvenir à cette position.

Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander qui était à l’origine de cette attaque brutale et pourquoi. Son esprit s’agitait, cherchant des réponses dans les méandres de sa mémoire, là où résonnaient les échos des légendes ancestrales et des mythes de forces maléfiques rôdant dans les ténèbres, guettant la moindre faiblesse pour frapper. Il avait toujours cru que ces histoires étaient de simples fables pour effrayer les enfants. Mais aujourd’hui, face à l’adversité, il ne savait plus quoi en penser.

Son regard se posa sur la carte de ses terres, étalée sur la table devant lui. Il y chercha les points les plus vulnérables, les endroits où l’ennemi pourrait frapper à nouveau. Des frissons lui parcouraient l’échine alors qu’il prenait conscience de l’ampleur de la menace potentielle. Les ombres du passé semblaient prendre forme, tissant un voile obscur sur l’avenir incertain.

Cet assaut surprenant ne constituait, pourtant, que l’une des multiples énigmes qui tourmentaient son esprit. Galehaut ne pouvait s’empêcher de soupçonner une stratégie encore plus machiavélique, orchestrée par des adversaires qui, tapis dans l’ombre, n’étaient que plus redoutables. Des indices prémonitoires avaient pris place, nichés à l’orée de son royaume, aux confins des terres des Corniques. Des forces mystérieuses, tantôt subtiles, tantôt imposantes, avaient été aperçues rôdant aux marges de son domaine, sondant ses défenses avec une froideur et une méprise qui glaçaient le sang.

Les gardes de la frontière avaient été mis à rude épreuve, leurs nerfs à vif, prêts à déclencher l’étincelle d’une guerre fratricide à la moindre provocation. L’inquiétante présence d’émissaires inconnus était d’autant plus troublante que le suzerain du banneret restait muet depuis un temps qui semblait interminable. Si une invasion se tramait, elle menaçait de déborder les défenses.

Il y a quelques semaines à peine, Galehaut avait ainsi invité son banneret voisin, le noble Cadwyn de Volvire, à une rencontre d’une gravité inédite. Ensemble, ils avaient pris conscience de l’urgence d’une intervention concertée, avant que la situation ne dégénère irrémédiablement. Avec leurs conseillers, ils avaient scruté toutes les alternatives possibles, mais aucune n’avait su les convaincre.

Le vieux dicton du père de Galehaut lui revenait sans cesse à l’esprit :

— Sans informations fiables, point de décisions judicieuses.

Et une fois encore, ces paroles résonnaient avec une vérité implacable. Les seigneurs étaient cruellement démunis en termes d’informations, mais l’inaction ne pouvait être envisagée, sous peine d’un destin tragique. Le seigneur avait donc résolu d’envoyer la majorité de ses troupes, menées par son frère Conall, un guerrier aussi fidèle qu’inébranlable. Deux autres frères joignaient leurs forces à ce déploiement, leurs objectifs étant d’apaiser les tensions grondantes à la frontière. Toutefois, dans le fond de leurs cœurs, ils étaient tous parfaitement conscients que même cette manœuvre ne serait pas suffisante pour dissuader des envahisseurs résolus.

Chaque nouvelle information ne faisait que confirmer les soupçons de Galehaut sur la nature véritable de la menace qui pesait sur son territoire. Ces rumeurs de créatures monstrueuses et de malédictions pourraient n’être qu’un subterfuge de ses ennemis pour l’épuiser dans une quête infructueuse.

Malgré ses appréhensions, le noble ne pouvait demeurer impassible face à l’urgence de la situation qui mettait en péril la sécurité de ses sujets. Il se retrouvait néanmoins avec un nouveau problème à gérer et peu d’options pour faire face à cette menace grandissante.

En ce sens, il avait convoqué son cadet, Ysgarran, le dernier de ses frères encore présent sur les terres familiales, pour un conseil restreint afin d’examiner de près cette situation. Les deux hommes avaient grandi ensemble et entretenaient un lien fraternel solide depuis leur plus tendre enfance. Mais la gravité de la situation qui les attendait ne pouvait être sous-estimée et les décisions à prendre s’annonçaient difficiles, voire périlleuses. Il était impératif d’agir rapidement et avec fermeté, car les enjeux étaient trop importants pour attendre des temps meilleurs.

Chapitre 2

La quête d’Ysgarran

La vaste salle du manoir, empreinte d’une solennité presque tangible, semblait pétrifiée dans une éternité immuable. Les murs de pierre brute, ornés de rares tapisseries dépeignant des scènes de chasse, narraient silencieusement les siècles d’histoire qui les avaient engendrés. La lumière tamisée, filtrant à travers les étroites et hautes fenêtres, faisait danser la poussière ambiante d’une chorégraphie mystique, renforçant l’aura ensorcelante qui enveloppait la pièce. Au centre trônait une longue table en bois massif, entourée de bancs robustes, tandis qu’en arrière-plan, une cheminée imposante répandait une chaleur réconfortante, invitant les convives à se lover dans les fauteuils moelleux disposés devant elle.

Blaen Galehaut, déjà installé dans l’un de ces sièges, observa l’entrée de son frère Ysgarran avec un regard appréciateur. Le jeune chevalier, de taille moyenne et aux épaules larges, possédait un visage bien proportionné. Ses yeux noisette vif et son menton carré contribuaient à son charme viril, tandis que sa barbe taillée de près accentuait les contours nets de son visage. Paré d’une armure de mailles et d’une épée longue et fine, il dégageait une aura de hardiesse et de fierté sereine. D’un pas assuré, il vint prendre place en face de son banneret, qui plongea son regard dans le sien avant de s’adresser à lui d’une voix grave et solennelle.

— Mon frère Ysgarran, vous n’êtes point sans ignorer les rumeurs qui circulent au sujet du village des Champs Jaunis. J’ai dépêché notre meilleur éclaireur, Padraig, pour enquêter sur cette affaire, mais hélas, le pauvre homme a perdu la raison à son retour. Il est donc de la plus haute importance que des mesures soient prises. Toutefois, comme vous le savez, nos frères et la plupart de nos troupes ont été mobilisés pour une mission d’envergure suite à notre réunion avec de Volvire. Le manoir se trouve donc cruellement en sous-effectif et, pour ma part, des obligations pressantes m’empêchent de m’y rendre en personne.

Son regard se fit plus intense, soulignant l’importance du rôle qu’il allait confier à son interlocuteur.

— C’est pour cette raison que je me tourne vers vous, Ysgarran, et vous confie cette tâche cruciale. Occupez-vous du village des Champs Jaunis, emmenez avec vous nos meilleurs hommes encore disponibles et toutes les ressources nécessaires pour mener à bien cette mission. Je compte sur vous.

Ysgarran se tenait droit sur son siège, le regard fixé sur son frère, témoignant de la gravité de la situation. Ses yeux se teintèrent d’une lueur étrange et singulière, tandis qu’il laissait ses mains courir avec une grâce inattendue sur les accoudoirs de son fauteuil, se laissant submerger par l’excitation grandissante qui s’emparait de lui. Il savait que cette charge était empreinte de noblesse, exigeant courage et volonté en abondance.

Prenant une profonde inspiration, il se leva lentement, laissant échapper un soupir empreint de résolution. Il serra fermement la main de son hôte, répondant avec assurance :

— Par ma foi, mon frère, je ne vous décevrai point. Quels sont donc les guerriers les plus redoutables que je puisse rallier à ma cause pour cette tâche ?

— Emmène ces deux jeunes chevaliers qui résident ici en ce moment, ainsi que tout le matériel dont tu pourrais avoir besoin. Toutefois, assure-toi de partir dès demain, au plus tard.

— Il en sera fait ainsi. Je partirai avec eux et ferai quérir Erwin pour qu’il nous prête main-forte. Nous quitterons le manoir demain aux premières lueurs de l’aube.

Le jeune homme s’inclina avec déférence devant son aîné avant de s’en aller, les yeux rivés sur l’horizon incertain qui se profilait devant lui. D’un pas assuré, il se dirigea vers une cour annexe, dissimulée à l’arrière du manoir. Cet espace en plein air, ceinturé de murs de pierre et d’arbustes méticuleusement taillés, était couvert de dalles régulières, disposées avec soin pour former un motif géométrique impeccable. Au centre trônait une modeste fontaine de pierre, alimentée par une source souterraine qui insufflait une douceur apaisante à l’ensemble. C’est en ce lieu serein qu’il devait rejoindre ses deux compagnons d’aventure, les deux vaillants qui se tiendraient à ses côtés lors de sa quête périlleuse.

Le premier d’entre eux était Sir Yon, un homme à la stature élancée et au port altier, irradiant la noblesse de son lignage. Son visage dégageait une beauté singulière, ses traits, bien que rudes, étaient adoucis par une expressivité vibrante et authentique. Les cheveux noirs, coupés courts, encadraient son front dégagé, donnant à son regard une intensité particulière. Sa haute stature était accentuée par son armure étincelante, une demi-plaque peu commune en ces contrées, qui témoignait de la richesse de sa famille acquise au fil des batailles lointaines. Les rayons dorés du soleil se reflétaient sur sa surface polie, enveloppant sa silhouette d’une aura de puissance et de majesté. Malgré sa jeunesse et son probable manque d’expérience, nul ne pouvait nier qu’il était le choix idéal pour cette mission périlleuse. Ses yeux, d’un gris profond et intense, semblaient brûler d’une volonté inébranlable. Ses traits dévoilaient une force cachée, une puissance inattendue, prête à se déployer dans l’obscurité de l’adversité.

Le second, Sir Siegfried, se distinguait par son allure imposante. Sa haute stature et sa carrure musclée attestaient de sa force et de sa vigueur. Son visage était encadré par une épaisse chevelure couleur châtain, tombant en boucles épaisses sur ses épaules. Ses yeux, d’un vert profond, semblaient refléter la forêt qui entourait le manoir. On pouvait y lire la détermination et le courage qui animaient le jeune homme. Bien que sa lignée ne se reflétât point sur son blason, on murmurait qu’il avait été anobli pour un exploit extraordinaire. Les rumeurs contaient qu’il avait combattu seul contre une bande de brigands, armé seulement d’un poignard et qu’à cette occasion il avait été remarqué par le seigneur local, qui avait décidé de faire de lui un chevalier. Ysgarran ne put s’empêcher de remarquer la ténacité ardente qui émanait de ses yeux, ainsi que l’aura de mystère qui le recouvrait tel un manteau. Peut-être que cette expédition serait pour lui l’occasion de démontrer sa vaillance de manière irréfutable.

Les deux combattants semblaient prêts à tout pour mener à bien cette aventure. Leurs regards étaient rivés sur le frère du banneret, à l’écoute de ses paroles. Le ton grave de sa voix résonnait dans l’air comme un écho solennel.

— Mes chers pairs, nous sommes confrontés à une mission des plus périlleuses. Le village des Champs Jaunis se trouve sous l’emprise d’un péril dont nous ne savons que peu. Des rumeurs évoquent des monstres et des catastrophes, sans que nous puissions en discerner la réalité. Notre noble banneret, qui est également mon frère, a dépêché son éclaireur le plus émérite pour enquêter sur cette situation, mais hélas, il est revenu dément. Il nous incombe donc, mes chers compagnons, de mener cette investigation à son terme, de mettre au jour la nature véritable de cette menace et de la contrer avant qu’elle ne se propage davantage.

Il marqua une pause, laissant à ses auditeurs le temps d’assimiler l’information.

— Malheureusement, reprit-il, nos forces sont affaiblies en ce moment, mes frères et la plupart de nos troupes ayant été mobilisés pour une assignation importante. Mais nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette menace grandissante. Nous sommes tenus d’agir vite, avec initiative et prudence. Nous devrons faire face à des dangers inconnus, à des ennemis peut-être plus redoutables que tout ce que nous n’avons jamais affronté. Mais je suis convaincu que, si nous restons unis et si nous faisons preuve de courage, nous pourrons surmonter tous les obstacles et réussir dans notre mission.

Il jeta un regard assuré aux deux hommes.

— Alors compagnons, conclut-il avec véhémence, êtes-vous prêts à relever ce défi ? Êtes-vous prêts à affronter l’inconnu, à faire face aux pires dangers pour protéger nos terres et nos sujets ?

— Mais comment pouvons-nous être sûrs que cette menace est réelle ? rétorqua Siegfried en fronçant les sourcils, l’air soucieux. Si votre éclaireur a perdu l’esprit, cela pourrait être un simple délire de sa part.

— Je suis d’accord avec Siegfried, ajouta Yon en hochant la tête avec gravité, cette situation est inquiétante, mais nous ne pouvons pas nous précipiter sans avoir plus d’informations. Nous devons procéder avec prudence et stratégie, tel un général qui planifie la meilleure tactique de bataille.

— Je comprends vos doutes, répondit Ysgarran, qui entendait bien leur préoccupation tout en étant pressé par le temps, mais nous ne pouvons pas ignorer cette menace potentielle. Si nous attendons, il pourrait être trop tard. Nous devons agir avec précaution, bien sûr, mais nous devons aussi être prêts à faire face à l’adversité. Certes, nous ne savons pas précisément ce qui nous attend là-bas, mais nous ne pouvons pas rester inactifs.

— Très bien, ajouta Yon, nous te suivrons dans cette aventure. Après tout, qui refuserait une mission dans laquelle monstres et malédictions sont de la partie ? Ces mots sont de ceux qui s’accordent parfaitement avec gloire et bravoure, tels les chevaliers d’antan qui se battaient pour l’honneur. C’est un leitmotiv qui me suffit.

— Tu parles avec sagesse, fit Siegfried d’un ton approbateur. Tes paroles reflètent mes pensées, et je suis également de ton avis. Nous te suivrons.

— Fort bien, répondit Ysgarran avec un accent solennel. Si tel est le cas, nous sommes en accord. Préparez-vous dès à présent, rassemblez vos effets personnels et soyons prêts à partir dès demain. Car l’avenir du domaine repose entre nos mains !

Puis, Ysgarran leur adressa un sourire courtois. Il se détourna lentement, sans un mot de plus, laissant les deux chevaliers plongés dans leur discussion passionnée sur les armes et les armures, telle une joute verbale. Leurs voix résonnaient dans la cour, s’élevant parfois jusqu’à un ton plus élevé lorsque les arguments de l’un contredisaient ceux de l’autre, mais Ysgarran savait qu’il pouvait leur faire confiance pour se préparer au mieux à ce qui les attendait.

Il quitta le lieu, sachant que ses compagnons d’armes étaient résolus à faire face à l’adversité qui les attendait. Il émergea ensuite sur le côté de la bâtisse, laissant derrière lui la quiétude des murs de pierre et la fraîcheur des ombres. Il s’avança dans la cour principale, baignée de la lumière dorée du matin. Sous ses pas, le sol pavé de pierres plates était impeccablement entretenu, balayé et nettoyé, comme pour mieux accueillir les visiteurs. Des fleurs sauvages et odorantes poussaient en touffes autour d’une fontaine désormais éteinte, leur parfum sucré embaumait l’air, faisant oublier pour un instant les craintes qui l’habitaient. De l’autre côté de la cour, des arbres fruitiers étaient plantés en rangées soigneusement alignées, leurs branches bourgeonnant sous les prémices du printemps. Les rayons du soleil jouaient à cache-cache entre les feuilles, conférant à l’ensemble un aspect bucolique. Mais le jeune combattant n’avait guère le loisir de contempler la beauté de ce jardin. Une tâche ardue l’attendait, mettant en péril sa vie, celle de ses compagnons et celle de ceux qu’il chérissait.

Au fond de la cour se dressait la grande porte en bois massif, ornée d’entrelacs de fer forgé, qui permettait de clore cet espace en cas de défense nécessaire. Auprès de celle-ci se tenait un jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, qui se tourna vers le chevalier approchant et s’avança à sa rencontre. Sa silhouette était frêle, ses longs cheveux flottant au gré du vent, son visage émacié et sa peau pâle. Il avait le port humble et le regard vif, signe qu’il était prêt à tout pour servir son maître.

— Cadfannan, nous partons à l’aube, prépare les montures et tout le nécessaire. Assure-toi également que les deux écuyers des jeunes chevaliers s’en occupent, car ils seront du voyage. Les rumeurs qui courent semblent être plus qu’insignifiantes, déclara Ysgarran avec gravité.

— Bien sûr, mon seigneur, répondit Cadfannan d’un ton respectueux. Je vais immédiatement m’occuper de tout cela et m’assurer que tout soit prêt pour notre départ.

— Je compte sur toi. Cette mission est de la plus haute importance, et nous devons être prêts à affronter tous les dangers qui se présentent à nous.

— Vous pouvez compter sur moi, mon seigneur. Je ne laisserai rien au hasard et je m’assurerai que tout soit parfaitement organisé pour notre départ.

— Très bien, je te fais confiance pour cela. Et n’oublie pas de prendre soin des jeunes chevaliers et de leurs écuyers. Ils auront besoin de toute l’aide et du soutien que nous pouvons leur offrir.

— Je ne les laisserai pas tomber, mon seigneur, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour qu’ils soient prêts pour ce service.

— Je n’en doutais pas un instant, Cadfannan. Maintenant, il faut que je fasse envoyer un message au camp des Irlandais. Nous nous reverrons ce soir pour finaliser les préparatifs.

— Très bien, mon seigneur, répondit l’écuyer en s’inclinant respectueusement. Je serai prêt à votre retour.

Puis, sans se laisser distraire, Ysgarran se dirigea d’un pas résolu vers un bâtiment de garde discret, niché à l’extrémité de la cour. Il avait l’espoir d’y débusquer une personne pouvant lui fournir ce dont il avait besoin. Pénétrant l’espace confiné, il fut accueilli par une décoration sobre qui respirait néanmoins un certain confort. Au centre, une table en bois massif trônait, parsemée de quelques fruits juteux et de couteaux aux lames brillantes. Des chaises se dressaient autour, semblant inviter les visiteurs à s’y installer. Un jeune homme, vêtu de l’étoffe sombre ornée des armoiries locales, se prélassait sur l’une d’elles, perdu dans ses songes. Au bruit de l’entrée du chevalier, son regard fut arraché à ses pensées et il se releva d’un geste vif.

— Salutations, noble chevalier. Que puis-je faire pour vous venir en aide ? demanda-t-il avec déférence.

— J’ai besoin que vous fassiez convoquer Erwin pour une réunion urgente demain matin à l’aube. Assurez-vous qu’il soit présent de bonne heure et qu’il soit informé de la gravité de la situation, répondit Ysgarran d’un ton solennel.

— Ce sera fait, ne vous inquiétez pas, monseigneur, acquiesça le jeune homme, empressé.

Puis, sans accorder plus de temps au garde qui partait au pas de course, Ysgarran erra un moment en observant les préparatifs en cours. Son esprit vagabonda vers le passé, se remémorant les souvenirs d’une époque où la paix régnait encore sur ces terres verdoyantes. Il se demandait comment tout avait pu dégénérer si rapidement, comment cette menace insidieuse avait pu prendre racine dans leur monde jadis pacifique. Cependant, il chassa rapidement ces pensées de son esprit, se concentrant à nouveau sur la tâche qui l’attendait. Il savait que sur ses épaules reposait le destin de sa famille et de son peuple. Il ne pouvait se permettre la moindre erreur, la moindre faiblesse. Il devait être fort, inébranlable, car la réussite de cette mission dépendait de lui et de ses compagnons d’armes.

Chapitre 3

L’appel d’Erwin

Au cœur de la lande sauvage et indomptée, un campement hors du commun avait été érigé, se dissimulant habilement aux yeux des curieux et des importuns. Des demeures modestes, construites en un temps étonnamment court, se dressaient fièrement sur le sol rocailleux et ingrat, témoignant de la ténacité inébranlable de leurs bâtisseurs. Les murs rugueux de pierre, solides et rassurants, semblaient se fondre dans l’environnement, évoquant la dureté de la terre qui était désormais peuplée par des Irlandais laborieux. Les toits de chaume, touffus et ondoyants, s’élevaient majestueusement vers le ciel, tandis que de rares cheminées fumantes émergeaient de quelques bâtisses, exhalant l’odeur caractéristique du feu de tourbe qui réchauffait les cœurs.

À l’intérieur de ce havre de paix, les sons cadencés des marteaux et des outils résonnaient, s’activant avec l’aube naissante. Des hommes et des femmes robustes, aux mains calleuses, ainsi que des enfants, avaient tous laissé derrière eux leur terre natale et travaillaient aujourd’hui main dans la main, avec l’ardeur de ceux qui savent que leur survie dépend de leur capacité à affronter les dangers qui les guettent. La communauté qui s’était réunie ici pour bâtir cet endroit était constituée essentiellement du clan Mac Kingsley, et son esprit solidaire et fraternel était plus fort que tout.

Au centre du campement, la place s’ouvrait telle une toile immaculée, laissant entrevoir la promesse de moments à venir emplis de joie et de camaraderie. Les hommes et les femmes, drapés de leur kilt aux couleurs chatoyantes, s’y étaient rassemblés, telle une assemblée éphémère évoluant au milieu d’un terrain parsemé de cailloux et de souches, témoins de leur persévérance. Les arbres en périphérie encadraient le terrain rocailleux, leurs branches noueuses s’étirant vers le ciel en un tableau vivant. Leur présence créait une atmosphère vibrante d’espoir, renforcée par la mélodie envoûtante des cloches de la chapelle voisine qui se mêlait à la douce brise caressant les visages.

Au cœur de la foule, un homme se tenait, véritable âme de cette communauté sans être pour autant son chef. Le guerrier arborait un port altier et fier, avec assurance. Sa carrure athlétique, sculptée par des années de combats et d’entraînements acharnés, témoignait de son agilité et de sa force. Il était vêtu d’une légère cotte de mailles, qui protégeait son torse sans pour autant l’entraver, alors qu’une épée légèrement courbée pendait à sa ceinture, prête à être dégainée à tout moment. Le kilt caractéristique de son peuple ondulait autour de ses jambes, témoignant de son appartenance à cette communauté fière et soudée. Son visage buriné par le soleil, marqué par les épreuves du temps et des batailles, portait les stigmates de ses multiples combats. Mais ses yeux, d’un bleu intense, dégageaient une énergie féroce et une résolution sans faille. Erwin prit alors la parole d’une voix tonitruante pour que tout le monde puisse l’entendre.

— Mes frères et mes sœurs, membres du clan Mac Kingsley, je viens à vous aujourd’hui pour vous parler de la mission qui m’a été confiée. Comme vous le savez, notre communauté est jeune, et nous avons dû faire face à de nombreux défis depuis que nous avons quitté notre terre natale. Mais nous avons surmonté chaque épreuve grâce à notre solidarité et à notre travail acharné. Aujourd’hui, j’ai l’opportunité de représenter notre clan et de prouver notre valeur. Je suis appelé à rejoindre le frère du Banneret lui-même, pour une expédition qui dépasse le cadre de notre petit village. Cette affaire, je le sais, est dangereuse et risquée, mais elle est essentielle. Elle peut faire la différence pour notre clan et pour notre avenir. Je pars avec la conviction que je suis prêt à mener à bien cette mission, grâce à la force et à la persévérance que j’ai acquise en tant que membre de notre communauté. Je pars avec votre soutien, celui de tous ceux qui sont ici aujourd’hui, et je reviendrai avec la satisfaction de vous avoir représenté dignement. Je compte sur vous, mes frères et mes sœurs, pour continuer à travailler dur et pour maintenir notre solidarité, notre esprit d’équipe, et notre foi en notre avenir. Nous avons enfin trouvé où nous établir après des temps difficiles, les autochtones ont été bons avec nous, à nous de l’être avec eux. Nous sommes un groupe fort et uni, et nous sommes prêts à faire face à tout ce qui se présentera à nous. À bientôt mes amis !

Erwin prit soin de saluer chaque personne présente avec une solennité empreinte d’émotion, comme s’il leur offrait une poignée de main pour sceller une promesse de retour. Il étreignit sa sœur avec force, savourant chaque instant de leur dernier adieu. Puis, il se détourna lentement dans la brume matinale, laissant derrière lui une aura de confiance et de sérénité, comme si son départ n’était qu’une étape temporaire avant qu’ils ne soient tous réunis à nouveau. Les émotions étaient palpables et le poids de la responsabilité qui pesait sur ses épaules était immense, mais il gardait la tête haute. Il savait que son clan était derrière lui et que leur soutien lui donnerait la force de surmonter tous les obstacles qui se dresseraient sur sa route. En cet instant, il se sentait comme un éclaireur, prêt à affronter l’inconnu pour le bien de tous. Même s’il devait faire face à des défis, il était certain qu’il reviendrait un jour pour revoir les siens. Malgré leurs inquiétudes, les Irlandais observaient avec une certaine fierté leur frère d’armes partir avant de se remettre à la tâche.

Habitué aux grandes marches, Erwin parcourait la région comme s’il s’agissait de son propre jardin. Chaque champ traversé, chaque sentier emprunté, chaque bosquet, chaque cours d’eau, tout lui était familier. Les paysages changeants de la région étaient pour lui une source d’émerveillement sans fin, des vastes plaines fertiles aux collines escarpées, des forêts profondes aux ruisseaux chantants. Tout cela avait été gravé dans sa mémoire à force de les parcourir, à force de les découvrir. Et c’est avec un cœur léger qu’il marchait, à l’écoute des sons qui l’entouraient : le bruissement des feuilles, le clapotis de l’eau, le cri des oiseaux, le sifflement du vent.

Bien qu’originaire de la verte Erin, il avait appris à aimer cette terre de Logres, avec ses paysages variés et son climat plus tempéré. Les siens ayant finalement trouvé leur place dans ce nouveau foyer, s’étant joints au service du banneret local qui leur avait offert en retour une parcelle de terre pour s’établir.

Erwin atteignit finalement sa destination, le petit village niché au cœur du domaine Galehaut. Les habitants, affairés à leurs tâches quotidiennes, l’accueillirent avec des sourires chaleureux et des salutations amicales, démontrant la convivialité qui régnait en ces lieux. Il s’arrêta devant la cour du manoir seigneurial et contempla les chevaux fraîchement amenés, leur pelage lisse et leur souffle régulier témoignant de leur bon état. Il se mit alors en quête du banneret qui gouvernait ces terres fertiles.

Un garde, harnaché d’une armure de cuir et de maille et équipé d’une longue lance, remarqua Erwin et l’informa que le seigneur de ces lieux était en train de discuter avec des chevaliers dans la bâtisse imposante qui trônait au centre du village. Sans perdre un instant, Erwin le remercia et se dirigea vers le manoir. Ce dernier n’était plus tout à fait neuf, mais il conservait une fière allure, ses murs en pierre massive semblant avoir été construits pour résister à toutes les attaques. Les armoiries de la famille seigneuriale flottaient au sommet de la tour principale, témoignant de la fierté et du courage qui caractérisaient ses membres.

L’Irlandais gravit les marches menant à l’entrée principale, puis, avec un soupir de satisfaction, ajusta sa tenue avant de franchir la lourde porte en chêne sculpté qui séparait la cour extérieure du domaine de la chaleureuse demeure. À l’intérieur, une odeur alléchante de pain fraîchement cuit et de viande rôtie chatouillait ses narines. Il sentait que son estomac gargouillait, mais n’était pas là pour satisfaire ses besoins corporels. À cet instant précis, il fut accueilli par un vieil homme vêtu d’une tunique rouge et or, qu’il avait déjà rencontré auparavant. Ce dernier se présenta une nouvelle fois comme étant le conseiller Andas. Malgré son âge avancé, il était resté d’une prestance remarquable, sa silhouette droite et élégante reflétant toute l’expérience qu’il avait acquise au fil des ans. Erwin sentit immédiatement une chaleur amicale émaner de l’homme, qui lui offrit un sourire rassurant. Il semblait savoir pourquoi le guerrier était là, comme s’il avait eu vent de sa visite bien avant son arrivée.

Les deux hommes traversèrent les vastes couloirs du manoir, leurs pas résonnant sur les dalles de pierre. Andas semblait connaître chaque recoin de l’endroit, tandis qu’Erwin observait attentivement les portraits des anciens seigneurs accrochés aux murs comme autant de témoins de la longue histoire de la région. Enfin, ils atteignirent la grande salle où le conseiller le pria de rentrer, lui-même, se retirant discrètement. Une fois à l’intérieur, il fut immédiatement enveloppé d’une douce chaleur émanant de l’âtre. Les flammes crépitaient joyeusement, dansant dans un rythme hypnotique, et les braises rougeoyantes semblaient transmettre un message subtil d’encouragement à leur invité.

Ysgarran, le frère cadet du banneret, s’avança avec empressement pour accueillir Erwin. Dès les premiers instants, le guerrier ressentit la bienveillance de son hôte et une profonde gratitude envers lui. Il comprit l’importance de sa présence pour le clan et se sentit prêt à tout pour défendre cette nouvelle patrie qui l’accueillait.

— Erwin, déclara-t-il d’une voix chaleureuse, je vous souhaite la bienvenue au domaine. Je suis heureux de vous voir ici. Toutes les rumeurs que nous avons entendues semblent avoir un fond de vérité. Nous avons besoin de votre expérience pour mener à bien cette expédition. Permettez-moi de vous présenter mes compagnons de quête.

Le regard d’Ysgarran se porta sur le premier noble, un chevalier au port altier, vêtu d’une armure impressionnante.

— Sir Yon est un chevalier de noble lignée, originaire d’Occitanie, par-delà les mers du Sud, déclara-t-il d’un ton respectueux.

Le chevalier salua Erwin d’un signe de tête avant d’ajouter :

— Bonjour soldat, j’imagine que nous ne serons pas de trop pour ce qui nous attend.

— Je suis ici pour servir vos seigneuries, répondit Erwin avec assurance, mes compétences sont à votre disposition.

— Sir Siegfried, poursuivit Ysgarran en désignant le second chevalier, est un guerrier émérite doté d’une force et d’une détermination sans faille, son aide dans cette aventure sera la bienvenue aussi.

Erwin observa le deuxième chevalier, un homme imposant aux cheveux châtains et aux yeux verts, qui dégageait une aura de puissance et de confiance en soi. Il hocha la tête en direction de l’Irlandais, sans vouloir ajouter quoi que ce soit.

À cet instant, le guerrier s’inclina humblement devant les nobles, leurs armures étincelantes étant sublimées par les lueurs vacillantes des torches, leur conférant une aura encore plus impressionnante.

— Je suis honoré de pouvoir vous accompagner, mes seigneurs, déclara-t-il d’une voix assurée, son cœur palpitant d’excitation et d’appréhension. Je jure de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour soulager les souffrances des villageois des Champs Jaunis.

D’un geste protecteur, il caressa la poignée de son épée, fièrement dressée à ses côtés, prête à être dégainée à tout moment.

— Si vous le permettez, je vais rejoindre vos hommes pour mettre la dernière main aux préparatifs de notre expédition. En tant que guerrier, je sais que chaque minute compte et je suis impatient de commencer.

Ysgarran acquiesça lentement.

— Très bien, allez trouver Cadfannan et assurez-vous que tout est en ordre. Il se trouve à l’écurie avec les autres écuyers.

L’Irlandais salua une dernière fois avant de quitter la pièce, résolu à être prêt pour l’aventure qui les attendait. Sa cape de voyage flottait derrière lui tel un étendard alors qu’il traversait les couloirs du manoir, passant le bonjour aux gardes qu’il croisait en chemin.

Lorsqu’il arriva à l’écurie, Cadfannan était déjà en train de s’affairer avec acharnement aux soins des chevaux, épaulé par deux autres personnes. Sans s’attarder, il leur adressa un bref salut avant de se plonger dans les préparatifs avec minutie. Il examina scrupuleusement chaque sangle, inspecta avec attention chaque harnais et s’assura que chaque monture était pourvue en provisions pour le périple qui les attendait. Après avoir effectué toutes les vérifications nécessaires, il était enfin prêt. D’un geste assuré, il fit signe aux écuyers de se préparer pour le départ imminent.

Erwin se dirigea vers la sortie, l’esprit focalisé sur sa mission de traquer la créature qui terrorisait le village des Champs Jaunis.

 

 

 

 

 

Chapitre 4

Le chemin vers l’inconnu

 

 

 

Le soleil montait avec majesté dans le ciel, déversant sa lumière dorée sur la campagne endormie. Erwin suivait le jeune frère du banneret, flanqué de deux nobles cavaliers et leurs écuyers qui avançaient avec assurance. La petite troupe, fière et solennelle, était précédée par un pisteur taciturne, dont le devoir était de les guider à travers les méandres de ces terres sauvages vers leur destination finale. Les chevaux avançaient d’un pas ferme et rapide, le bruit régulier de leurs sabots martelant le sol faisait écho aux chants mélodieux des oiseaux et aux murmures apaisants du vent. La symphonie naturelle qui en résultait était des plus plaisante.

L’Irlandais était captivé par la splendeur qui s’étendait devant lui, ces grands espaces où la nature régnait en maître, imposant son empreinte souveraine. Il ne pouvait s’empêcher de se perdre dans la contemplation des paysages qui défilaient sous ses yeux, se laissant enivrer par les couleurs chatoyantes et la douce brise qui caressait son visage.

Après plusieurs heures de chevauchée, le groupe longea un petit cours d’eau serpentant paisiblement, guidé par la main invisible de la nature, jusqu’à un guet. En surplomb, une colline couverte d’une végétation luxuriante offrait une vue imprenable sur les alentours. Les arbres, majestueux et touffus, étendaient leurs branches protectrices au-dessus de la rivière, créant des zones d’ombre rafraîchissantes où il faisait bon se reposer. Les oiseaux chantaient dans les buissons, les insectes bourdonnaient dans l’air, ajoutant à l’atmosphère paisible et sereine du lieu. C’était l’endroit rêvé pour marquer une pause.

Tranchant avec la sérénité du site, les chevaliers échangèrent des mots brefs, prodiguant des instructions à leurs aides de camp dans une atmosphère tendue, chacun se focalisant sur l’objectif imminent.

L’Irlandais, bavard et jovial de nature, ne pouvait rester muet pendant longtemps. Il aimait parler, raconter des histoires, plaisanter et rire. C’est pourquoi il profita de l’occasion offerte par la pause que leur accorda l’éclaireur pour tenter de nouer le dialogue avec lui. Le jeune homme avait une petite vingtaine d’années, un corps souple et musclé, une barbe naissante qui lui donnait un air sérieux et déterminé, et des yeux bleu brillant d’une intelligence vive et curieuse. Sa cape de cuir marron, qui avait dû être de qualité, était maintenant rapiécée et décolorée par les intempéries. Il avait un arc court en bois de frêne attaché à sa ceinture ainsi qu’un carquois rempli de flèches, prêts à être utilisés en cas de besoin.

— Salutations, cher ami, entama le guerrier d’une voix pleine de prestance. Tu es bien silencieux. Je m’attendais à ce que Padraig prenne les rênes de cette expédition, étant donné qu’il est souvent notre guide dans les situations délicates.

— Il ne peut plus remplir ce rôle, répondit son interlocuteur, d’une voix sereine, empreinte de mélancolie. Le seigneur Andas, bras droit du banneret, l’a envoyé pour confirmer les rumeurs alarmantes qui circulaient. Et il a perdu la tête en chemin. C’est pour cela que c’est moi qui suis là aujourd’hui.

Erwin se pencha en avant, curieux.

— Et quel est ton nom ? demanda-t-il, détaillant l’arc que portait l’homme. Tu as l’air de savoir t’en servir.

Un sourire apparut sur ses lèvres alors qu’il répondait d’une voix douce et assurée.

— Je m’appelle Drust, dit-il. Et oui, je sais manier l’arc, même si je ne pense pas qu’il sera nécessaire pour le moment. Je m’en sers principalement pour la chasse.

L’Irlandais approuva, conscient de l’importance de la chasse pour la survie en milieu sauvage. Il s’approcha de l’éclaireur, désireux d’en savoir plus.

— As-tu déjà exploré cette région ? demanda-t-il, cherchant à connaître son expérience.

Une légère moue passa sur le visage de son vis-à-vis alors qu’il secouait la tête.

— Pas récemment si telle est ta question, c’est Padraig qui s’en est occupé, répondit-il. Toutefois, j’ai déjà parcouru ces terres par le passé, bien avant l’émergence de ces rumeurs et je pourrais vous guider sans la moindre difficulté.

Un sourire sincère se dessina sur le visage du guerrier.

— Je suis Erwin, se présenta-t-il. Nous devons tout faire pour que le jeune Galehaut rentre chez lui en toute sécurité, fier de son exploit.

Il regarda Drust avec confiance, persuadé qu’il serait un atout précieux dans cette mission risquée.

 

Sous l’étreinte ardente du soleil de midi, les chevaliers étanchaient leur soif après avoir puisé de l’eau fraîche du ruisseau voisin. Tandis que ses compagnons se prélassaient, Ysgarran se dirigea vers son écuyer. Ce dernier, vêtu d’un pantalon de toile robuste, d’une tunique en cuir sombre et d’une cape émeraude enroulée autour de son cou, se tenait un peu à l’écart. Connaissant le talent de son fidèle serviteur, Ysgarran avait décidé de lui confier une mission. À présent, leur destination finale approchait, et il était temps de trouver des indices.

Fort de son expérience, Cadfannan était l’homme de la situation, un fin limier capable de se mouvoir en toute discrétion dans les sous-bois, d’échapper aux embuscades et aux pièges. Sa famille avait en effet une longue tradition de chasseurs et de traqueurs de proies redoutables, et il avait appris dès son plus jeune âge à déchiffrer les signes de la nature, à décrypter les empreintes de pattes ou les marques de griffes. Les rumeurs racontaient qu’il avait même des liens avec les fées, mais ce qui était certain, c’est qu’il était le mieux placé pour trouver les indices dont le chevalier avait besoin. Profitant de cette halte, le chevalier chargea donc son aide de camp de fouiller les environs.