Le secret de Martha - Solange Marie - E-Book

Le secret de Martha E-Book

Solange Marie

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  • Herausgeber: Publishroom
  • Kategorie: Krimi
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2022
Beschreibung

Qui est cette jeune et jolie femme retrouvée un matin d’été, apeurée, amnésique semble-t-il, par Xavier, un jeune infirmier libéral qui fait sa tournée de soins à domicile ?

C’est un mystère, que Xavier et le commandant Serval, vont tenter d’élucider.

Et Parallèlement, une tout aussi jolie jeune femme, Maud, vivant à Biarritz, qui essaie de comprendre pourquoi sa vie s’est brusquement si compliquée.

Entre son récent mariage, avec Dylan, un homme qui s’est révélé, dès le lendemain de ses noces, si déroutant, et Martha, sa tante qui adore sa nièce, mais qui semble avoir un secret que seul son notaire connaît. Pour Maud aussi, la vie n’est pas un long fleuve tranquille…


À PROPOS DE L'AUTEURE


Après deux années éprouvantes, j’ai enfin repris le chemin de l’écriture, et terminé mon quatrième livre qui aurait dû sortir courant 2020.
Mes trois premiers livres continuent leur chemin tranquillement mais sûrement. Je reste toujours passionnée par l’écriture et aussi la lecture. J’espère ne jamais m’en lasser.
J’espère aussi que mes lectrices et lecteurs, toujours fidèles, seront au rendez-vous. Et surtout qu’ils aimeront ce roman, que j’ai eu plaisir à écrire.


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SOLANGEMARIE

Le Secret de Martha

Roman

À mes enfants, ma famille et mes amisÀ tous ceux qui croient en moi.

1

Elle regarda autour d’elle, l’air hagard, ne sachant ni ce qu’elle faisait là, ni qui elle était. Elle se trouvait au milieu de nulle part, sur un chemin blanc avec des champs à perte de vue tout autour d’elle, sauf sur la gauche où un bois bien touffu masquait l’horizon à tous. Des arbres fruitiers, sans doute des pruniers, longeaient le chemin blanc, mélangés aux chênes. À droite, en face du bois, un grand champ de maïs, déjà bien haut, qui lui faisait penser qu’on était en été. D’ailleurs le soleil brillait de mille feux et la chaleur était impressionnante, sans doute était-ce la fin de matinée, ou l’après-midi !

Elle était plantée là, sans souvenirs, à la sortie du bois qui lui semblait hostile sans savoir pour quelle raison. Elle commença par s’en éloigner machinalement. Le soleil lui chauffait la peau déjà bien hâlée. Elle leva les yeux au ciel comme pour demander une aide : savoir où elle était et ce qu’elle faisait là. Puis elle baissa les yeux sur sa robe froissée et tachée de terre, sans comprendre, mais rien ne remonta jusqu’à son cerveau. Elle prit le parti de marcher le long du chemin blanc, que pourrait-elle faire d’autre ?

Tout à coup elle sursauta en entendant une voiture qui approchait sur le chemin, en soulevant de la poussière blanche. Elle se dirigea vers elle assez vite ce qui ne lui donna pas le temps de déguerpir, de toute façon elle n’en ressentait ni l’envie, ni la force. C’est une Clio rouge qui la dépassa, elle n’avait pas bougé d’un pouce, pétrifiée. Le conducteur, un homme apparemment jeune, tourna la tête vers elle au passage sans ralentir pour autant. Puis en voyant dans son rétroviseur qu’elle n’avait pas bougé, il se ravisa, ralentit, et fit marche arrière. Il s’arrêta à sa hauteur, baissa la vitre et lui demanda :

–bonjour est-ce que ça va ? Vous avez l’air d’être perdue aux deux sens du terme !!

Elle ne répondit pas, elle était toujours d’une immobilité parfaite. Il réitéra sa question, il parut inquiet et curieux à la fois. Elle finit par ouvrir la bouche pour dire « je ne sais pas ».

–Alors vous êtes vraiment perdue ! fit-il

–je ne sais pas, dit-elle de nouveau

–voulez-vous que je vous dépose quelque part, vous avez l’air mal en point, dit le jeune homme gentiment.

–Je ne sais pas, dit-elle encore

L’homme commençait à ne plus savoir quoi dire et semblait déconcerté. Que faisait cette fille plutôt jolie, blonde, avec une tristesse infinie sur son visage, et dans ses yeux d’un bleu profond, sur ce chemin. Elle était seule, amorphe, apeurée et apparemment amnésique. Il reprit doucement son interrogation.

–Comment vous appelez vous ?

–Je ne sais pas, dit-elle

–mais enfin ! dit le jeune homme tout en descendant de voiture et en s’approchant d’elle, que puis-je faire pour vous aider ?

En le voyant approcher, elle recula lentement, elle semblait avoir peur. Il tendit la main sans brusquerie et parla doucement comme on parle à un enfant pour l’amadouer.

–N’ayez crainte, je ne vous veux aucun mal, au contraire, je veux vous aider, mais dites-moi qui vous êtes et ce qui vous est arrivé.

Elle regarda la main tendue et sembla hésiter, toujours immobile, l’air hagard. Elle ouvrit la bouche pour dire :

–je ne sais pas où je suis ni ce que je fais là, je ne me souviens de rien, j’ai beau chercher, je ne sais pas… et elle se mit à pleurer.

Le jeune homme s’avança encore vers elle et lui dit de ne pas pleurer qu’il allait s’occuper d’elle. Il lui demanda de monter dans la voiture, et lui dit qu’il allait l’emmener à l’hôpital.

À ces mots elle lève la tête et dit :

–A l’hôpital, pourquoi à l’hôpital, je n’ai rien ! En disant ça, elle touche ses bras, son corps, ses jambes… je n’ai rien répète-t-elle »

–oui c’est vrai apparemment on dirait que vous n’avez rien, mais vous êtes terrifiée et amnésique, et il y a forcément une raison. Je ne peux pas vous laisser comme ça. Il doit y avoir des gens, de la famille, des amis qui s’inquiètent pour vous. On peut aussi aller voir la police si vous préférez et que vous n’êtes pas blessée. Je ferais comme vous voulez, n’ayez pas peur de moi, je ne vous veux aucun mal.

–Vous êtes gentil de vous préoccuper de moi fini-telle par dire en levant les yeux sur lui… Elle le trouva charmant, la trentaine sans doute et il n’avait pas l’air méchant.

–Ah ! Au fait, je m’appelle Xavier Marchand, j’habite à Anglet. Je suis infirmier à domicile, je prends souvent ce chemin blanc pour aller voir mes patients qui sont isolés sur la falaise. C’est la première fois que je rencontre quelqu’un de perdu dans ce coin. Il y a peu de monde, d’habitude je croise plutôt un chien qui s’est éloigné de son maître, un chasseur, ou alors un petit chevreuil qui traverse le champ de maïs et m’oblige à freiner brutalement. Mais une jolie femme c’est bien la première fois, dit-il en souriant et en la regardant de coin.

Elle sourit à son tour, alors il prit sa main et l’aida à monter dans la voiture. C’est seulement là qu’il remarqua sa robe froissée et souillée de terre. Il ne dit rien, mais pensa qu’elle avait dû subir quelque chose de traumatisant, pour être dans cet état. Il ne fallait surtout pas la brusquer, aussi avant de démarrer, il se pencha et prit une petite bouteille d’eau. Il lui tendit la bouteille en disant :

–tenez, buvez un peu d’eau, ça vous fera du bien.

–Merci dit-elle faiblement

Xavier la regarda à la dérobée, elle paraissait si lasse, si triste. Elle avait les cheveux longs, blonds, ondulés, des yeux bleu intense. Son joli visage ovale ne présentait pas de défaut à son avis, elle était très jolie, pas très grande… elle avait déjà fermé les yeux soit pour dormir un peu, soit pour éviter les questions, et ça le fit sourire. Il démarra en se demandant :

«  Pauvre fille, qu’a-t-il bien pu lui arriver pour qu’elle se retrouve dans cet état ? Encore une agression sexuelle si ça se trouve. Il en voyait avec son métier, et cela le mettait toujours aussi en colère après ces hommes qui se permettaient de violenter leur femme et de les agresser sexuellement, ainsi que tous ces malades qui couraient les rues.

Ils étaient maintenant sur la route départementale et se dirigeaient vers l’hôpital. La jeune femme n’avait pas réouvert les yeux et il restait silencieux pour ne pas la déranger.

Xavier venait de garer la Clio devant l’hôpital. La jeune femme avait ouvert les yeux et ne fit aucune difficulté pour le suivre à l’intérieur de l’hôpital. Il la fit assoir pour aller parler avec la personne qui se trouvait à l’accueil. Après avoir expliqué ce qui venait de se passer, et désigné du doigt la jeune femme assise sur une chaise les yeux dans le vague, Xavier revint vers elle pour la conduire vers un bureau que lui avait indiqué l’infirmière en lui disant qu’il y trouverait un médecin qui examinerait son “amie”.

–Venez avec moi, lui dit-il, on va voir un médecin »

Elle se laissa conduire sans dire un mot. Un jeune médecin les reçut avec un sourire et leur demanda, en leur indiquant des chaises. : « Alors de quoi s’agit-il ? »

Xavier regarda la jeune fille, et en voyant son désarroi dit : « Je vais tout vous expliquer docteur ». Et il raconta tout ce qu’il avait constaté. Le médecin écouta attentivement Xavier et se tourna vers la jeune fille en lui demandant :

–Alors, mademoiselle, pouvez-vous me dire ce qui vous arrive ? Avez-vous mal quelque part ?

–Non, répondit-elle ? »

–Et quel est votre nom, vous vous souvenez de votre nom, ou de votre prénom

–Non je ne sais pas.

–Bon je vais l’examiner dit-il en se tournant vers Xavier

Celui-ci opina de la tête en signe d’assentiment. Le médecin demanda à la jeune fille de bien vouloir venir avec lui dans la pièce contiguë et de monter sur la table pour un examen. Celle-ci ne fit aucune objection et s’exécuta. Avant de monter sur la table d’examen, le médecin lui demanda d’ôter sa robe.

Elle sembla un peu apeurée, mais elle enleva la robe qu’elle laissa tomber à terre. Le médecin la regardait attentivement et se baissa pour ramasser la robe qu’il posa sur le dossier de la chaise. Il commença son auscultation, et il semblait qu’à part quelques bleus et égratignures, elle ne présentait aucun signe de coups violents. En lui faisant soulever la tête, cependant il la vit faire la grimace. Il la regarda et lui demanda si elle ressentait une douleur. Elle lui indiqua avec la main le bas de sa tête vers la nuque. « Là, fit-elle ». Effectivement il constata une grosseur de la taille d’une petite mandarine, quand même, sans doute due à un coup donné intentionnellement à la tête, ou à une chute où la tête aurait cogné sur quelque chose dedur.

Il voulut alors faire un examen génital, mais là, la jeune fille se mit à gesticuler et même à crier. Il la calma et appela tout de suite une collègue femme pour faire l’examen.

Il revint pendant ce temps vers Xavier qui était inquiet, et lui dit que l’examen clinique n’était pas catastrophique, restait à voir si elle avait été violée. Il apparaissait important qu’elle avait dû subir un très gros traumatisme qui l’avait rendue amnésique.

–On fera un scanner pour être plus précis, fit-il en regardant Xavier.

Ce dernier répondit par un signe affirmatif de latête.

Au bout d’un peu plus de vingt minutes, la collègue du médecin revint et lui dit que cette femme n’avait pas eu des rapports sexuels récents et qu’il ne semblait pas qu’elle ait été violée… elle ajouta qu’elle ne se rappelait rien et ne pouvait donc pas donner d’autres renseignements. Le médecin hocha la tête et remercia sa collègue, qui après avoir salué les deux hommes quitta la pièce. Pendant ce temps la jeune fille n’avait pas bougé de la table. Le médecin retourna vers elle, l’aida à descendre de la table, et lui donna sa robe, qu’elle enfila rapidement. Puis il la ramena s’assoir à côté de Xavier.

–Bon, votre amie n’a apparemment pas subi de sévices sexuels, mais elle présente un petit traumatisme crânien et au vu des bleus et des égratignures, elle a dû soit être poursuivie, soit s’être enfuie. Elle a dû tomber aussi et sa tête est entrée en contact avec une pierre ou un tronc de bois. En fait on ne peut pas savoir puisqu’elle-même ne peut pas nous donner des détails. J’aimerais lui faire faire quelques examens supplémentaires, dont un scanner, et pour cela il me faudrait la garder jusqu’à demain. A-t-elle un endroit où aller par la suite ?

Xavier hésita à peine un instant et répondit :

–Oui bien sûr, chez moi. Je suis moi-même infirmier libéral et j’habite tout près à Anglet. Je vais m’occuper d’elle jusqu’à ce qu’elle recouvre la mémoire.

Puis comme pour couper court aux questions que pouvait se poser le médecin, il rajouta :

–Je vis avec ma sœur Cécile dans une petite maison laissée par nos parents, elle va bien s’occuper d’elle, et ne sera pas seule.

–Peut-être devriez-vous en parler avec la police ? dit le médecin

Au mot « police », la jeune fille sembla se réveiller et dit : « Oh ! Non pas la police, s’il vous plait »

Les deux hommes se regardèrent, et le médecindit :

–Vous vous souvenez de quelque chose, mademoiselle ? »

Elle secoua la tête en signe de négation, et une larme coula sur sa joue. Celle-ci fit une trace que Xavier essuya doucement avec un mouchoir qu’il lui laissa dans les mains.

–Ne vous inquiétez pas Docteur, je vais m’occuper d’elle. Je vais lui expliquer qu’elle doit rester à l’hôpital cette après-midi et cette nuit, puis que je viendrais la chercher avec ma sœur demain quand vous me le direz. Il sera toujours temps d’aller voir la police, si jamais j’apprends quelque chose de nouveau. Merci de vous être occupé d’elle. Sur ces mots il regarda le médecin d’un air entendu. Bien sûr qu’il l’emmènerait voir la police dès le lendemain après une nuit de repos, si cela était possible.

–Très bien, et n’hésitez pas à revenir me voir si besoin. Ce serait bien que je la revoie si c’est possible d’ici 4 à 5 jours pour faire un bilan. Son amnésie peut durer quelques jours comme quelques mois, sachez-le.

–Pas de soucis répondit Xavier. Docteur ?

–Je suis le docteur Philippe Pons, dit-il en lui tendant la main

Xavier serra la main du médecin en le remerciant et en lui disant qu’il allait lui expliquer et la laisser aux soins de l’infirmière qui se tenait déjà devant la porte.

Il pressa l’épaule de la jeune femme pour qu’elle le regarde et il s’accroupit devant elle en lui expliquant patiemment ce qui allait se passer. Elle ne dit rien, mais une larme coula encore sur son joli visage défait par les évènements. Il la rassura en lui promettant d’être là dès que le docteur lui ferait signe et qu’il l’emmènerait chez lui, dans sa maison où il vivait avec sa sœur Cécile et qu’ils s’occuperaient bien d’elle jusqu’à ce qu’elle aille mieux. La jeune fille sourit à ces mots qui la réconfortaient. Puis il lui demanda de se lever. Ce qu’elle fit sans problème, comme si elle le connaissait depuis toujours. Il l’accompagna jusqu’à l’infirmière qui attendait toujours et lui dit au revoir en lui disant à demain. Sagement elle suivit l’infirmière dans les couloirs de l’hôpital pour rejoindre une chambre.

Le docteur Pons avait suivi, curieux et attentif, ce dialogue, et ils se firent un signe amical.

Xavier sortit de l’hôpital pour rejoindre sa voiture et rentrer chezlui.

***

Une fois chez lui, il se remémora cette journée incroyable. Il se demandait ce qui avait pu arriver à cette jeune femme. Il allait parler à sa sœur ce soir et ils géreraient ensemble.

En attendant Cécile, il commença à préparer le repas. Depuis la mort de ses parents, ils vivaient tous les deux dans la maison familiale. Cécile avait toujours veillé sur son frère plus jeune qu’elle, et n’avait jamais fait sa vie. Elle était si gentille. Xavier aurait aimé qu’elle ait une vie heureuse, avec un gentil mari et des enfants, mais elle disait toujours qu’elle n’avait pas besoin de ça pour être heureuse, qu’elle aimait sa vie et qu’il ne devait pas s’en faire. Elle savait qu’un jour, lui ferait sa vie, et qu’elle se retrouverait seule. Mais elle occultait tout ça et vivait au jour lejour.

Sur le coup des 20 heures, elle entra en criant un joyeux :

–Coucou petit frère, ça va, bonne journée ?

–Oui répondit-il sur le même ton, ettoi ?

–Comme d’hab. … faut pas se plaindre ! Hum ! mais ça sent bonici !

Elle arriva près de lui et l’embrassa sur la joue, tout en soulevant le couvercle de la casserole, d’où s’échappa l’odeur du bourguignon qu’il faisait réchauffer.

–On va se régaler ! Dis donc, tu me sembles bien peu bavard et un peu soucieux. Quelque chose qui ne vapas ?

–Oui j’ai à te parler, j’ai eu une drôle de journée. Mets-toi à table et je vais te raconter.

Il lui narra tout ce qui s’était passé. Cécile l’écouta avec attention sans l’interrompre. Quand il eut fini, elle s’exclama :

–Quelle histoire ! Tu sembles vraiment bouleversé Xavier, çava ?

–Oui ça va, ne t’inquiète pas ! mais je dois dire que cette fille m’a beaucoup ému et puis ce n’est pastout.

–Ah ! qu’est-ce que tu veux dire, par ce n’est pas tout !

–Et bien le docteur m’a demandé si je savais où elle irait en sortant de l’hôpital, et machinalement je lui ai dit « chez moi », en précisant que je vivais avec ma sœur et que nous veillerions sur elle le temps qu’il faudrait.

–D’accord ! mais tu sais quand même que c’est une grosse responsabilité. On ne sait rien d’elle et elle ne peut même pas nous dire qui elleest.

–C’est provisoire, petite sœur… demain lorsque le docteur m’appellera, j’irai la chercher à l’hôpital et si elle va bien je l’emmènerai direct à la gendarmerie. Puis elle viendra chez nous, si tu veux bien. Il faudra lui trouver des vêtements propres et le nécessaire de toilette, on s’occupera d’elle le temps que la police trouve quelque chose à son sujet. Juste quelques jours quoi !

–Bon je vois que tu as tout planifié et j’espère que tout ira bien. Ne t’en fais pas je serai là pour toi et pour elle. Mais on va devoir s’arranger pour éviter de la laisser seule. Demain je dois absolument aller chez Madame Baptiste comme chaque mercredi, sinon elle va me faire un « caca nerveux ».

Elle rit

–Oui et moi j’ai des prises de sang, et la visite à Madame Beynat comme chaque jour. J’irai de bonne heure pour être rentré lorsque toi tu iras voir Madame Baptiste, et ensuite j’irai m’occuper de la demoiselle si tout va bien pour elle. J’ai pris du retard ce matin, car j’ai dû me faire remplacer, pour emmener la jeune femme à l’hôpital.

–C’est bon Xavier, on va s’arranger, ne t’inquiète pas. Lorsque je l’aurai vu, j’irai lui chercher des vêtements à sa taille, et pour la brosse à dents, pas de soucis, j’ai ce qu’il faut… Elle rit de nouveau.

Xavier aimait son rire cristallin. Il se leva et en passant derrière sa chaise, il l’entoura de ses bras et l’embrassa. Sa petite sœur était une belle personne. Ils finirent de diner et chacun rejoint sa chambre pour une nuit calme ou agitée, suivant les protagonistes.

***

Le lendemain, dès l’aube, Xavier prit son café en pensant à cette jeune fille, si belle, qu’il avait trouvée hier, complètement démunie et traumatisée. Elle l’avait ému, touché. Il espérait pouvoir lui venir en aide de son mieux.

Il allait s’en aller faire ses visites quand Cécile fit son apparition dans le salon.

–Alors, grand frère, as-tu bien dormi ?

–Moyennement, ce qui s’est passé hier m’a un peu perturbé.

–Oui je te comprends. Tu me tiendras au courant lorsque tu auras vu le médecin, pour que je m’organise !

–Oui, ne t’en fais pas. Il est possible qu’elle ait encore des examens à passer ce matin et dans ce cas ne sorte que cet après-midi. Dès que j’aurai des nouvelles je te bip… Allez j’y vais, j’ai des prises de sang à faire à jeun, je dois me dépêcher pour garder du temps cet après-midi.

–D’accord à plus, bonne journée Xavier !

Sa matinée terminée, Xavier rentra chez lui. Il n’avait pas de nouvelles de l’hôpital, malgré lui, il s’inquiétait. En arrivant, il croisa sa sœur qui partait s’occuper de sa patiente qui l’attendait pour le déjeuner. Elle lui demanda des nouvelles, lui dit de positiver, que tout allait bien se passer. Elle l’embrassa en lui disant : « à ce soir, pas de bonne heure, je pense ».

Xavier était en train de préparer son repas lorsque le téléphone sonna. C’était le docteur Pons :

–Allo, monsieur Marchand, le docteur Pons au téléphone. Vous allez pouvoir venir chercher la jeune femme que vous avez amenée hier. Physiquement elle va bien, elle n’a pas de séquelles importantes. Juste des hématomes, des griffures, puis cette bosse à la tête assez importante cependant. Pour son amnésie, je pense au traumatisme qu’elle a subi, nous ne savons pas lequel exactement. Donc à mon avis la mémoire va lui revenir de la même façon qu’elle est partie. Ça peut durer plusieurs jours.

–D’accord, docteur, donc je peux venir la chercher cet après-midi ?

–Oui tout à fait, je vous ferais signer une décharge. Vous allez aussi me promettre d’aller au commissariat le plus rapidement possible. Peut-être pas dès cet après-midi, car suivant l’heure à laquelle vous allez venir la chercher, il serait bon qu’elle se repose. Mais dès demain matin ce serait bien.

–Il n’y a pas de problème, je vais faire suivant vos instructions.

–Dernière chose monsieur Marchand, amenez-lui une robe et de quoi se changer, car ses vêtements sont très tachés, il faudra aussi les donner à la police. De plus vous me la ramenez s’il y a quelque chose qui cloche, de toute façon d’ici deux jours pour consulter.

–Pas de soucis, docteur ! Pour les vêtements ma sœur doit lui en procurer, mais en attendant je vais lui ramener une robe lui appartenant. Merci pour toutes vos explications, à bientôt.

–Au revoir Monsieur Marchand, prenez bien soin d’elle.

–Au revoir docteur, merci pourtout.

Xavier prit son repas, puis appela sa sœur pour lui demander la permission de lui emprunter une robe pour amener à la jeune femme de l’hôpital. Cécile lui répondit qu’elle était chez la voisine en haut de la rue, donc elle allait venir lui préparer ce qu’il lui fallait. Demain elle irait acheter d’autres vêtements pour sa protégée. Il acquiesça, puis raccrocha pour aller se préparer.

En moins de temps qu’il faut pour le dire, Cécile claquait la porte derrière elle en criant

–C’estmoi !

Xavier sourit en entendant sa sœur. Elle était toujours comme ça : gaie comme un pinson, on pouvait toujours compter sur elle. Il sortit de la salle de bain pour aller l’embrasser et luidit :

–Tu vas bien petite sœur ? Ça ne t’a pas trop dérangée de te déplacer ? J’aurais pu fouiller dans tes affaires, tu sais ?

–Oui, oui, je sais et mettre le bazar aussi, répondit-elle en riant. Et puis tu n’aurais pas su quoi lui amener. Je vais te donner une robe, des dessous et des chaussures, ça devrait aller… Elle n’est pas trop mince au moins sinon elle va nager dans ma robe ! Elle rit encore.

–Heu, non, enfin elle est très belle !! Oh ne fait pas cette tête, tu es très belle aussi, hum !!!

–Oui c’est ça, rattrape-toi vite… allez ce n’est pas grave, je verrai ce soir. Tiens je t’ai tout mis dans un sac, je dois retourner chez ma petite mamie, avant qu’elle ne me licencie. À ce soir petit frère !

–À ce soir Cécile !

Elle avait à peine fermé la porte, que Xavier avait récupéré le sac de vêtements, pris sa sacoche, et claqué la porte. Il rejoignit sa Clio garée plus haut dans la rue. Il opéra un demi-tour, la rue étant en sens unique, et se rendit à l’hôpital.

Arrivé sur place, il se dirigea vers l’accueil pour demander où il devait aller pour récupérer la jeune femme. Après vérification, la secrétaire demanda le docteur Pons pour savoir où Xavier devait aller récupérer la dame amnésique entrée hier. Une fois tous les renseignements en tête, Xavier prit l’ascenseur pour se rendre au deuxième étage, chambre 202.

Une fois arrivé, il frappa à la porte, comme personne ne répondait, il poussa la porte doucement. Elle était assise sur le lit, elle pleurait. Il s’approcha, mit sa main sur son épaule. Elle ne le repoussa pas, il se dit qu’elle l’avait reconnu.

–Ça ne va pas ! Vous voulez que j’appelle l’infirmière ?

–Non ce n’est pas la peine, dit-elle ! Je ne me souviens toujours de rien !

–Ce n’est pas grave, ça va revenir, le docteur Pons me l’a dit, et vous n’avez rien de grave physiquement. C’est une bonne chose,non ?

–Oui fit-elle, excusez-moi !

–Allez levez-vous ! Je vous ai apporté des vêtements propres pour vous changer, vous allez mettre vos vêtements souillés dans un sac. Demain nous l’emmènerons au commissariat, ils en auront besoin pour les recherches d’ADN.

Il lui tendit le sac de vêtements, elle le remercia et fila dans la salle debain.

–Ensuite, après avoir vu l’infirmière et signé les papiers pour votre sortie, nous irons chez moi où vous ferez connaissance avec ma sœur, Cécile. Vous resterez chez nous le temps que vous retrouviez la mémoire.

–Merci fit-elle, merci beaucoup.

–De rien, vous allez voir tout va bien se passer.

Il la laissa se préparer, retourna dans le couloir pour voir s’il voyait l’infirmière. Elle arriva sur ces entrefaites, des papiers dans la main. Elle fit un signe de la main à Xavier qui répondit par un sourire.

–Bonjour, vous êtes monsieur Xavier Marchand ?

Il fit oui de latête.

–Le docteur Pons m’a remis des papiers pour vous et la demoiselle. Ordonnances, quelques conseils sur ce feuillet, les papiers de sortie que vous devez me remplir et signer. Pour les noms et prénoms, adresse, etc., vous ne mettez rien bien sûr. Par contre, il a rajouté ceci à remplir impérativement avec vos noms, prénoms, adresse, téléphone, enfin la totale, puisque vous allez la loger, je crois ! finit-elle en souriant.

–Merci répliqua Xavier, je vous fais ça de suite. Il s’assit devant la petite table qui se trouvait près de la fenêtre et entreprit de remplir la paperasse administrative.

La jeune femme apparut alors à la porte de la salle d’eau, avec les vêtements de Cécile, un peu trop grands pour elle. Ce qui amena un léger sourire sur le visage de Xavier.

Il remit les papiers à l’infirmière, la salua, prit le bras de la jeune femme, puis se dirigea vers l’ascenseur.

Ils sortirent de l’hôpital, la Clio les attendait sur le parking. Xavier aida la jeune fille à monter en voiture, attacher sa ceinture, puis monta à son tour. Il démarra, il semblait soucieux, on le serait à moins. Il se posait des tas de questions. Comment allait-il expliquer la présence de la jeune femme dans sa maison, et comment allait-il gérer tout ça. Il se dit qu’il allait voir tout ça avec sa sœur et qu’ils prendraient les décisions ensemble.

Il la regarda, elle gardait le silence et regardait droit devant elle. Il lui demanda : « Ça va ? »

–Oui, répondit-elle doucement

Ils arrivèrent dans la petite ville d’Anglet, près de l’église, dans la petite rue sans issue, où Xavier et sa sœur vivaient. Il mit sa voiture sur letrottoir. Ils descendirent, se dirigèrent vers une petite maison, avec un étage et des volets bleus, entourée d’un petit jardin luxuriant. Il y avait des fleurs partout. Xavier qui tenait la jeune femme par le coude, lui dit :

–Nous sommes arrivés chez moi ! il introduisit la clef dans la serrure du petit portail qui s’ouvrit. Il la poussa doucement vers l’entrée. Elle regardait autour d’elle, rien ne semblait l’étonner ni la choquer, elle suivait docilement le jeune homme. Ils montèrent les quelques marches du perron de la maison.

Il ouvrit la porte, fit entrer la jeune femme en premier, puis entra à son tour. Il se précipita dans le séjour pour ôter de-ci de-là, un pull, une chemise restée sur le dos d’un fauteuil, puis il fit assoir la jeune femme dans un fauteuil.

–Voilà, lui dit-il, vous êtes ici chez moi, et vous ne risquez rien. Je pense que vous êtes très fatiguée alors je vais vous donner ce qu’il faut pour prendre une douche si vous en avez envie, et vous préparer un thé.

–Merci dit-elle, pour la douche je veux bien, mais pas de thé, ni rien d’autre pour le moment.

–D’accord, je vais vous mettre tout ça dans la salle de bain qui se trouve au bout du couloir, vous voyez ! Je vais m’occuper de vos vêtements, les mettre dans la machine pour les laver. Demain nous nous organiserons. Pour ce soir vous allez coucher dans la chambre d’amis. Ma sœur qui s’appelle Cécile ne va pas tarder à rentrer, elle est aide à domicile et en ce moment elle est chez une personne âgée qu’elle aide à prendre ses repas et doit la coucher. Je l’ai prévenue de votre présence chez nous, elle va vous trouver d’autres vêtements…

Elle ne répondit pas, elle semblait ailleurs. Il secoua la tête, et lui indiqua donc la salle de bain. Puis il entreprit de lui préparer la chambre, et lorsqu’il revint dans le séjour avec l’intention de faire un petit repas pour son hôte, celle-ci s’était endormie profondément sur le canapé. Il prit une couverture dans le placard et la déposa délicatement sur son invitée.

Il sourit, et se demanda comment une aussi jolie jeune femme avait pu se retrouver comme ça et ne plus se souvenir de rien. À moins qu’elle ne simulât pour oublier je ne sais quoi.

Il se dirigea alors vers la salle de bain avec le sac de vêtements et s’apprêta à les mettre dans la machine à laver, lorsque conscient qu’il y avait peut-être eu une agression, il se ravisa, attrapa la poche plastique et remit les vêtements à l’intérieur. Demain il faudrait se rendre au commissariat, c’était une évidence. Il ne voulait pas être accusé d’avoir détruit une preuve. Il ne savait pas ce qui lui était arrivé, il l’avait recueillie, amenée à l’hôpital, mais après une bonne nuit il faudrait bien aller faire une déposition.

Il retourna dans le salon où la jeune femme dormait toujours. Il la regarda plus attentivement. Elle était vraiment belle malgré les marques de son agression. Une mèche de cheveux blonds tombait sur son œil droit. Tout doucement il souleva la mèche pour la ramener en arrière. Sa bouche esquissa un léger sourire. Il se demanda ce qui avait bien pu lui arriver.

Il se reprit, regagna la cuisine où il se servit un petit en-cas. Puis après avoir remonté la couverture sur les frêles épaules de la jeune inconnue, il se dit qu’il n’allait pas la réveiller et la laisser dormir sur le canapé, qui ma foi était très confortable.

Il se rendit dans sa chambre pour lire un peu avant de se coucher. Il appela sa sœur pour lui dire qu’il allait se coucher, que sa protégée s’était endormie exténuée sur le canapé, qu’il n’avait pas voulu la réveiller, qu’elle devait donc faire attention en rentrant.

Lorsqu’il se leva au petit matin, elle était déjà debout devant la baie vitrée du salon. À son arrivée elle se retourna. Elle était si triste. Il vit des larmes couler sur son beau visage.

Il s’approcha et fraternellement la prit par les épaules en lui disant : « Ça va aller, ça va aller !! Ma sœur est là, nous allons nous occuper de vous.

Elle secoua la tête en signe d’assentiment. Il lui dit alors :

–Ce matin vous allez vous assoir et prendre un bon petit déjeuner. Il vous faut prendre des forces. Quoiqu’il vous soit arrivé, il ne sert à rien de vous laisser aller. Vous n’êtes pas seule !

–Merci, fit-elle timidement !

Ils prirent le petit déjeuner comme de vieux amis, il arriva même à la faire sourire.

Sur ces entrefaites, Cécile pointa son nez, elle sourit en les voyant tous les deux. Elle embrassa son frère, et vint serrer affectueusement la main de la jeune femme, qui lui répondit par un sourire. Xavier fit les présentations, Cécile s’installa face à elle, pour prendre son petit déjeuner. Elle regarda la jolie fille en face d’elle, vêtue de ses vêtements trop grands pour elle, lui sourit.

Elle la rassura très vite en lui disant de ne pas s’inquiéter, qu’elle allait bien s’occuper d’elle pendant l’absence de son frère, qui devait partir travailler. Elle lui dit aussi qu’elle travaillait plutôt le soir, qu’ainsi il y aurait toujours quelqu’un avec elle. Puis elle se leva pour aller chercher les vêtements fraîchement repassés, qu’elle lui avait ramenés, ainsi que des produits de toilette, une brosse à dents et une brosse à cheveux. La jeune femme la remercia d’un signe de tête, puis se dirigea vers la salle de bain.

Pendant ce temps, Xavier entreprit de parler avec sa sœur… Cécile écouta son frère avec attention, et lui conseilla d’aller rapidement voir la police avec la jeune femme. Peut-être que cette dernière aurait des choses à lui apprendre. Après s’il voulait se charger de la jeune femme en temps qu’infirmier, le temps qu’elle retrouve la mémoire, cela pouvait être bien pour elle, mais poursuivit-elle la police devait être au courant. Xavier acquiesça, car il savait que sa sœur avait raison.

–Ne t’en fais pas Xavier, je suis d’accord pour qu’on l’héberge le temps qu’elle se souvienne un peu de ce qui lui est arrivé. Nous avons la maison à nous deux avec nos appartements privés séparés. C’est super, elle va prendre la chambre d’amis « chez moi ».

Elle se mit à rire, Xavier lui sourit. Elle avait raison bien sûr c’était la bonne solution.

La jeune femme réapparut toute pimpante malgré son regard triste et lointain. Xavier lui annonça qu’il allait se préparer, faire ses visites, puis qu’à son retour ils iraient ensemble au commissariat. Elle opina de la tête pour dire qu’elle était d’accord. Xavier se rendit alors à son tour dans la salle de bain, pendant que Cécile rangeait la vaisselle du petit déjeuner. Elle adressa un sourire à la jeune femme en lui disant :

–Ça va aller, ne vous inquiétez pas ! Mon frère est un gentil garçon, il va bien s’occuper de vous. Et moi-même je serai là pour vous aider à passer ce cap de votre vie. Je vais vous laisser un moment pour aller chez la voisine de mon frère chez qui je fais une heure de ménage deux fois par semaine. Je reviens vite, tenez si vous voulez vous avez des revues là sur l’étagère ! À tout à l’heure !

La jeune femme répond :

–Oui merci pour tout madame !

–De rien, répondit-elle, appelez-moi Cécile ce sera plus sympa que madame.

Elle referma la porte sur ces mots, laissant la jeune femme qui avait pris une revue sur l’étagère, et s’était assise sur le canapé. Elle se mit à tourner les pages sans même les regarder, encore moins les lire. Ça bouillonnait dans sa tête, elle ne se souvenait vraiment de rien, et n’arrivait pas à savoir qui elle était. Elle entendit l’eau de la douche couler et se dit qu’elle avait bien de la chance que l’homme qui se trouvait derrière la porte soit aussi gentil avec elle. Sa sœur avait l’air très gentille elle aussi, elle était bien tombée en les trouvant sur son chemin.

Xavier qui avait pris sa douche, était parti s’habiller, passer aussi quelques coups de téléphone pour son boulot. Il avait en effet réfléchi. Il avait décidé d’aller dès ce matin au commissariat avec la jeune femme. Il l’en informa avant de rejoindre sa chambre. Il la laissa sur le canapé avec sa revue ouverte sur les genoux.

Elle leva les yeux de sa revue, et son regard se posa alors sur un piano tout blanc, ouvert. Elle se leva, s’approcha lentement vers lui, posa délicatement sa main droite sur les touches. Elle repoussa du pied le tabouret qui se trouvait devant, prit place dessus. Ses doigts se mirent à parcourir les touches du clavier, et la musique emplit la pièce d’une douce mélodie.

Le son du piano éveilla la curiosité de Xavier qui sortit de sa chambre en pensant que sa sœur s’était laissé aller à quelques notes en rentrant de chez la voisine. Mais en entrant dans le salon, il fut stupéfait en voyant la jeune femme devant le piano jouant du Chopin, avec beaucoup de dextérité ma foi. Il allait ouvrir la bouche pour parler lorsqu’il aperçut sa sœur qui venait de rentrer de chez la voisine et qui alertée par le son du piano arrivait à pas de loup le doigt sur sa bouche en direction de son frère, lui faisant signe de ne rien dire.

Elle jouait les yeux mi-clos sans se rendre compte de la présence de Xavier et de Cécile, étonnés et admiratifs par son jeu.

Quand ses doigts se détachèrent du clavier, elle releva la tête, un sourire esquissé sur les lèvres. Elle vit le frère et la sœur qui la regardaient bouche bée. Le rouge lui monta au visage, elle s’excusa en balbutiant un « Pardon, j’ai vu le piano, je ne sais pas ce qu’il m’a pris, mais j’ai posé les mains sur les touches… Je suis désolée ».

–Ne le soyez surtout pas, vous jouez merveilleusement Mademoiselle ! dit Cécile

–Oui en effet, on dirait même que le piano n’a aucun secret pour vous ! dit à son tour Xavier

–Je ne sais pas, répondit-elle, mais oui je dois savoir en jouer apparemment. J’ai été attirée comme un aimant par l’instrument, sans y penser je me suis mise à jouer. Je ne me souviens pas si je jouais avant.

–Je pense que oui, lui répondit Xavier, au vu de la dextérité avec laquelle vous jouez, il est sûr que vous avez déjà joué de cet instrument. Une chose au moins que nous apprenons sur vous. Vous pouvez en jouer autant que vous voulez.

–Qui sait vos souvenirs reviendront peut-être plus vite ! précisa-t-il en souriant. Allez, en attendant, nous allons partir pour le commissariat tous les deux.

Elle eut un petit sourire triste, presque un rictus, et hocha la tête. Elle se tourna vers Cécile comme pour lui demander si elle venait aussi. Cette dernière lui fait signe que non, elle devait aller faire des courses, elle serait là lorsqu’ils reviendraient du commissariat.

Cécile embrassa son frère, puis donna une tape amicale à la jeune femme en leur disant « Bonne chance à tout à l’heure »

2

Quelques mois auparavant

Maud juste mariée à Dylan se réveillait en s’étirant. Quelle heure pouvait-il être ? Elle allongea son bras et tâta doucement la place à côté d’elle, mais ne rencontra aucune résistance : personne ! Dylan devait donc être levé. Elle sourit, un peu déçue de ne pas le trouver près d’elle ce matin, mais l’odeur du café qui arrivait jusqu’à ses narines la rassura.

Hum ! Comme ça sentait bon. Elle hésita à sauter du lit. Dylan devait sans doute lui réserver une surprise, il allait apparaître sur le pas de la porte avec un plateau et lui amener le petit déjeuner au lit. Ce serait bête de lui ôter ce plaisir de lui faire une surprise. Alors elle ramena le drap sur son corps dénudé et frêle, puis attendit en fermant les yeux, savourant ce répit avant de se lever. Mais elle eut beau attendre, rien ne se produisit. Que faisait donc Dylan ? Aucun bruit ne lui parvenait de la cuisine, encore moins du couloir qui conduisait à la chambre. Elle ouvrit les yeux, parcourut la chambre du regard. C’était une très belle chambre, à l’image de la maison sur la falaise. Cette magnifique maison devait dater des années 1880 à peu près. Elle trônait sur la falaise avec un beau perron qui donnait sur un jardin luxuriant, bien fleuri et odorant. De grands arbres diffusaient de l’ombre à volonté, ils étaient tous aussi beaux les uns que les autres. La chambre était meublée sobrement, mais avec beaucoup de goût. Maud se dit qu’elle allait quand même lui donner un petit coup de jeune et de gaieté. Car elle lui semblait triste, trop sombre à son goût. Elle fit la moue, un peu dépitée, puis se leva, enfila une belle chemise de nuit et son déshabillé assorti, cadeau de Dylan. Cadeau qu’elle trouvait aussi un peu vieillot, ça la fit sourire. Elle se dirigea vers la fenêtre et l’ouvrit en grand. Le soleil entra dans la chambre, ce qui lui donna tout de suite un peu plus de vie. Comme c’était beau se dit-elle !

La grande maison de son mari dominait la mer, le village aussi. Quel spectacle !! Elle se pencha doucement, le parfum des rosiers qui parsemaient le jardin lui procurait un divin plaisir. Un vent doux soufflait dans ses cheveux blonds comme une caresse, il lui ramenait aussi l’odeur de la mer. Cela la ramena au café. Comment se faisait-il que Dylan ne soit pas monté avec le café ? Un papillon blanc se posa sur le bord de la fenêtre et elle sourit de nouveau. Il doit faire bon vivre ici.

Elle descendit lentement l’escalier pour rejoindre la cuisine et… Dylan. Elle entra, l’odeur du café était toujours là, mais pas Dylan. Elle se retourna, appela « Dylan », puis « Dylan mon amour, où es-tu ? » Mais elle n’obtint aucune réponse.

« Mais où est-il ? » Pour un lendemain de mariage, quelle déception ! Son mari n’était même pas là pour l’accueillir. Elle se retourna vers la cuisine, se servit un café, prit un petit pain dans la panière qui était posée sur la table. Elle était perplexe « Que pouvait-il bien se passer ? » Pourquoi son mari l’avait-il plantée là le lendemain de son mariage ?

Maud, après avoir pris son café, se leva et se dirigea vers l’évier pour laver sa tasse. Elle rangea un peu la cuisine. Elle était toujours perplexe au sujet de Dylan. Où était-il passé enfin !!

Elle s’apprêtait à remonter à l’étage lorsqu’elle entendit le vrombissement de sa voiture : une Porsche, rien que ça !! Elle sourit…

Il entra l’air contrarié. Sans faire aucune remarque, elle lui sourit et il lui rendit son sourire en disant :

–Bien dormi ma chérie ? Il s’approcha pour lui déposer un baiser discret sur les lèvres.

–Oui, bien dormi, merci, répondit-elle ! Mais je m’attendais à te trouver là près de moi ce matin !

–J’ai dû m’absenter un moment, j’avais un rendez-vous important, je n’ai absolument pas pensé à t’en parler hier vu que c’était notre mariage. Du coup ce matin, je suis parti tôt, je n’ai pas voulu te réveiller.

Maud lui trouvait un air absent, bizarre même, mais ne dit rien.

–D’accord je comprends. Ce n’est pas grave, nous allons nous rattraper, dit-elle en s’avançant lascivement vers lui en lui tendant les bras. Mais Dylan au lieu de l’étreindre, de la prendre dans ses bras pour l’embrasser, se détourna sans un mot pour se diriger vers son bureau tout au fond du couloir.

Maud resta sans voix. Sincèrement, elle ne comprenait rien à son attitude. Elle le suivit lentement et le rejoignit dans son bureau. Il était penché sur un courrier qui semblait être d’une importance capitale, au vu de son air agacé.

–Ça ne va pas mon amour, un problème avec ton travail ? dit-elle doucement.

Il ne répondit pas de suite, toujours préoccupé par sa lecture, Maud commençait sérieusement à s’inquiéter de son comportement.

Au bout d’un moment qui lui sembla une éternité, il leva la tête de son bureau pour la regarder. Il avait devant lui la plus jolie fille qui soit. Blonde, les cheveux longs retombant en cascade sur ses épaules nues, des yeux bleus magnifiques, une ligne parfaite qui ferait pâlir toutes les autres femmes, un sourire à tomber. En voyant cela, il sourit et son visage reprit un peu d’humanité.

–J’ai eu un gros souci ce matin, mais ça va s’arranger ne t’en fais pas. Tu es très belle ma chérie, dit-il en se levant enfin pour la prendre dans ses bras et l’embrasser amoureusement.

Maud sourit, rassurée et lui rendit son baiser. Puis il lui dit :

–Va vite te faire belle, s’il est possible que tu puisses être plus belle encore qu’à présent. Je t’emmène en ville et nous allons déjeuner avec un de mes amis.

–D’accord fit-elle en l’embrassant encore. Je vais faire au plus vite.

Elle remonta dans sa chambre, déçue et un peu irritée. C’était quand même le lendemain de leurs noces, qu’y avait-il de plus important que ça !! Son mari semblait presque un autre homme…

Tout en prenant sa douche et en se préparant pour ce repas impromptu, elle se remémora leur rencontre et leur envie précipitée de se marier aussi vite.

***

La rencontre avec Dylan